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La pédofaune et le lombricompost

La vie du sol… Mais qui donc se cache sous ce terme générique ? Beaucoup de monde en fait : bactéries, algues, protozoaires, champignons, animaux. A notre échelle, les plus faciles à observer sont les plus gros, donc ces derniers.

Pour mieux faire la connaissance de ces animaux du sol qui sont regroupés sous le terme de pédofaune, je vous invite à  vous éloigner des sols de vos potager pour vous rapprocher d’un objet de plus en plus fréquent dans nos jardins, caves, ou même maisons et appartements : le lombricomposteur. En effet, les animaux au travail dans ce dispositif sont tous des animaux du sol, mais ils sont beaucoup plus facile à observer ici que dans leur milieu naturel. Allons donc à la rencontre des lombrics épigés, des enchytréides, des collemboles et autres acariens si fondamentaux dans le fonctionnement des sols et si facile à observer sur le plastique noir du lombricomposteur.

Cliquez sur les images ci-dessous pour les agrandir, il y en a bien besoin pour voir les petites bêtes dont je parle ici !

Sur cette première photo, on voit bien évidement l’animal qui donne son nom au lombricompost, c’est à dire un ver de terre. Toutefois, ce n’est pas lui qui, dans les sols, brasse inlassablement la terre de bas en haut en laissant en surface ces fameux « tortillons » de terre, ou « turricules », dont la composition est beaucoup plus riche que le sol environnant. Non, celui ci se contente de vivre dans la litière, au milieux des matières organiques plus ou moins fraîches, il se classe parmi les vers de terre dit « épigées », ceux vivant tout le temps en surface. Leur rôle dans le sol est de brasser et fragmenter ces matières organiques, facilitant ainsi leur transformation par les champignons ou les bactéries (dans le cas du lombricompost, il s’agit plutôt de bactéries). D’ailleurs les rôles des autres animaux que je présente ci dessous sont tout à fait similaires, et pour cause, nous sommes dans un milieu plein de matières fraîches, riches en plein début de biotransformation.

Les petits vers blanc et allongés visibles en grand nombre sur cette photo sont des cousins des précédents, comme eux, ils font partie de l’embranchement des vers annélides. Il s’agit d’enchytréides. Dans les sols, ils sont surtout présents dans des litières relativement acides dans lesquelles l’activité biologique est réduite et dominée par les champignons. Au potager, ils sont très marginaux, par contre, ils sont très présents dans certaines forêts, en particulier sous résineux et en climats plutôt froids.

La photo est légèrement floue, je vous pris de m’excuser, mais ce n’est pas facile de prendre des photos nettes sans flash dans la cave obscure et exigüe de ma charmante compagne. Ici deux animaux apparaissent à la surface de ce sac en papier emplit de déchets de cuisine : les collemboles et les acariens.

Les collemboles sont les petits points blanc allongés. Il s’agit d’arthropodes proches des insectes. En fait, ces animaux sont des sortes d’insectes archaïques qui existent depuis au moins 380 millions d’années. A l’instar des insectes, ils ont 3 paires de pattes, mais contrairement à eux ils ne présentent pas de forme larvaires et aucune espèce n’est pourvue d’ailes… Par contre de nombreuses espèces de collemboles possèdent une « furca », sorte de catapulte situé à l’arrière de leur corps et grâce à laquelle ils peuvent faire des sauts de plusieurs centimètres et ainsi échapper à des prédateurs. Ils sont parmi les animaux les plus nombreux dans un sol riche en matières organiques en décomposition (typiquement : la litière forestière). De nombreux collemboles sont fongivores (se nourrissent de champignons), mais d’autres sont carnivores ou encore détritivores (se nourrissent de matière organique en décomposition) comme ici.

Les acariens sont un vaste ordre voisin des araignées. Ils partagent avec ces dernières le fait d’avoir 4 paires de pattes, mais leur corps n’est pas segmenté : les araignées ont une « tête » (céphalothorax) et un abdomen bien distinct, ce qui n’est pas le cas des acariens. De plus, si les araignées sont toutes carnivores, les acariens présentent des types biologiques beaucoup plus diversifiés : carnivores, bien sûr, mais aussi herbivores, comme les fameuses « araignées » rouges que connaissent bien les jardiniers, parasites, comme les tiques, ou encore détritivores, comme les petites bêtes brun rouges que l’on distingue ça et là sur la photo ci dessus et aussi sur la photo précédente où on en voit des petits amas se blottir dans les trous du couvercle du lombricomposteur.

Bien sûr le portrait de la pédofaune que je dresse ici est très partiel, il y manque les autres vers de terres, ceux qui creusent le sol de leurs galeries, les cloportes, les mille pattes, les araignées, les nématodes et bien d’autres. J’y reviendrai plus en détail dans un prochain article. En attendant, je vous propose d’observer votre lombricomposteur, votre compost, votre sol à la recherche des animaux que je viens de vous présenter afin de mieux les apprivoiser dans votre quotidien.

A très bientôt et bon noël !