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« ça fait pas propre »

« La notion de propreté dans un jardin, c’est ce qu’il y a de pire pour le jardin… Parce que c’est aussi anti-biologique, ça n’a pas de sens en réalité. Donc je suis partit du fait que ces question là n’avaient pas à être introduites dans un mode de gestion écologique »

Gilles Clément – extrait de la vidéo « la réitération des arbres » http://www.dailymotion.com/video/x46c6f_gilles-clement-la-reiteration-des-a_tech

J’ai trouvé cette phrase magnifique sur le blog d’une de mes lectrices, inutile de préciser que j’adhère sans réserve à cette approche !

Et j’ai envie de développer un peu la réflexion proposée par Gilles Clément en l’appliquant au potager, ce qui est un peu différent du thème exploré dans la vidéo.

Visitons un peu la considération des plantes spontanées au jardin : elles sont considérées comme « mauvaises herbes », les espaces qu’elles envahissent sont « sales », les agriculteurs parlent même de « salissement » pour parler de l’enherbement d’un champ !

A l’opposé, une terre nue entre des rangées de plantes cultivées bien alignées et toutes identiques est considérée comme « propre », peu importe que cette terre soit compactée par les passages, les pluies et l’irrigation, qu’elles soit sensible à l’érosion, appauvrie en vie et en matière organiques…

Bien entendu, l’amalgame entre la tenue d’une maison et celle d’un jardin est immédiate, mais la rigueur requise dans une maison l’est-elle aussi au jardin ?

On comprendra aisément que si la crasse, le désordre et la poussière sont des nuisance visuelles et sanitaire à l’intérieur des maisons, il n’en est pas de même au jardin ou les plantes spontanées apportent de nombreux intérêts : fleurs, biodiversité, biomasse, couverture du sol, fixation d’énergie solaire et de carbone atmosphérique… Bien sûr il est indispensable de les contrôler afin qu’elles ne défavorisent pas nos culture, en particulier en été pour la concurrence en eau, mais cela ne justifie en rien d’appliquer au jardin la « propreté » requise pour une paillasse de laboratoire !

Bien sûr, j’imagine que la plupart d’entre vous sont au moins en partie libérés d’une telle vision, mais je vous invite à aller un peu plus loin : Pourquoi ce besoin d’un jardin « propre » si présent dans notre société ? Qu’est ce que cela fait à l’esprit, les « mauvaises herbes » ?

Je n’ai évidement pas les réponses définitives à ces questions, mais je vous invite simplement à faire l’expérience de relier cela à la rupture que connais notre monde désormais très urbain d’avec la nature profonde, sauvage. En d’autres termes, ce besoin de propreté, ne serait-il pas une expression de la peur de la nature. Et donc, si l’on suit le raisonnement de François Terrason (auteur du formidable essai « la peur de la nature »), la peur de nos propres émotions ?

Je vous laisse la réflexion à ce stade pour ce soir, dites moi comment cela vous parle dans les commentaires !