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Vous avez dit gestion différenciée ?

La gestion de la pelouse, loin d’être un simple histoire d’heures à passer derrière la tondeuse, est en réalité une des manières les plus simple de gérer votre environnement de façon à produire simultanément de la biomasse et de la biodiversité, tout ayant un véritable jardin et non à un terrain vague à l’abandon!
Cette approche s’appelle la gestion différenciée dans le jargon des technique des paysagistes et je vais vous parler ici de la façon dont nous l’abordons dans notre jardin gascon.
Il y a quelques années, alors que je n’habitait pas dans le Gers, mes parents ont commencé à faire cela suite à une panne de tondeuse au mauvais moment et ensuite il leur a fallu gérer comme ils pouvaient en se contentant de dégager quelques allées à la débroussailleuse afin de pourvoir circuler dans le jardin!
Et puis finalement ça leur a plu et ils ont gardé les allées au milieu de zone peu entretenues. Parallèlement à cela j’ai découvert les travaux de Gilles Clément et en particulier son livre Où en est l’herbe ? : Réflexions sur le Jardin Planétaire et j’ai bien vu l’intérêt écologique de ce que faisaient mes parents.
Depuis nous nous attachons à perfectionner le système et le rendre le plus performant possible tant en terme de production de biomasse que de biodiversité.
Jusqu’à l’année dernière, nous différencions deux zones: une laissée en friche et partiellement fauchée de temps à autre et une autre tondue régulièrement, façon « pelouse classique », comme cela est visible sur les photos suivantes:

……

La partie tondue permet de circuler aisément dans le jardin et de le maintenir entretenu, notez toutefois que la tonte est réalisée en position haute, ce qui épargne les plus petites fleurs, comme les pâquerettes qui sont toujours bien là et disponibles pour les pollinisateurs, malgré le passage de la tondeuse le jour même.

La friche quant à elle nous apporte de nombreux avantages, écologiques d’une part :

  • biodiversité faunistique (insectes, mammifères, reptiles…) incluant de nombreux auxiliaires de cultures (pollinisateurs, hérissons, carabes, araignées…);
  • biodiversité végétale avec l’apparition spontanée d’espèces ligneuses qui sont soit laissées en place, soit transplantées dans la haie;
  • économie évidente de carburant du fait de la diminution de la surface à tondre.

D’autre part, la friche nous fournit de grandes quantité de « foin » qui nous sert essentiellement comme paillage du potager, des arbres fruitiers et des jeunes plantations d’arbres. Ce « foin » peut être obtenu soit en fauchant quelques mètre carrés, soit en ratissant la végétation sèche de l’année passé, comme je le fais sur cette photo :

Toutefois l’évolution de la friche nous amené à observer qu’elle contenait de moins en moins de fleurs, et était par conséquent de moins en moins favorable aux pollinisateurs. Alors nous avons ajouté une zone intermédiaire qui n’est tondu que deux ou trois fois par an. Cette zone n’est pas visible sur les photos prises en mars, période à laquelle la première tonte vient à peine d’être effectuée, mais le sera dès le mois d’avril, une fois la seconde tonte réalisée. Je vous montrerai cela en temps voulu. En attendant, je tenais à vous parler de cela dès à présent pour donner des idées à ceux qui auraient envie de passer à ce type de gestion du jardin!
En plus, à l’instar de ce qui se fait dans les jardins en mouvement de Gilles Clément, vous pouvez modifier d’une année sur l’autre les surfaces occupées par chacune des zones et vous pouvez aussi enrichir la friche en espèce végétales de votre choix! Vous pouvez aussi faire non pas trois zones, mais quatre, cinq, six avec des régimes de tonte/fauches différents depuis la pelouse tondu toutes les 3 semaines jusqu’à des friches qui ne subissent aucune intervention pendant plusieurs années!
Alors, partant pour repenser le plan de votre pelouse?

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Une séance de jardinage sous le soleil de mars

Que le jardinage sol vivant soit quelque chose de simple et pas fatigant, vous le savez déjà, j’illustre ici simplement ce propos en montrant ce qui peut se faire en une heure ou deux de jardinage tranquillou en profitant des premiers jours ensoleillés du mois de mars.

  • Le sarclage des cultures d’hiver : ce premier sarclage est très important, même si les herbes ne sont pas encore très développées en ce début mars, les perturber maintenant permet à la culture (ici des fèves) de prendre un avantage décisif pour la suite de la saison. Dans les semaines qui viennent, les fèves qui ont déjà bien démarré leur croissance vont se développer et il sera plus difficile d’intervenir, alors autant le faire tout de suite !

  • Je vous ai déjà parlé de la préparation du sol avec des cartons, voici l’illustration en image. Ici, ce sont en fait des allées dont l’herbe grignotait les planches de cultures, alors nous avons matérialisé l’allée avec des planches de coffrages et le reste est préparé avec du carton. Notez que d’habitude, j’invite à épandre du BRF avant de poser les cartons, mais ici, le sol en a déjà reçu en 2009, donc pas la peine d’en remettre. Ensuite, il suffit de pailler copieusement avec du foin.

  • Et le foin, me direz vous, comment en trouver à cette saison, comme le soulignait Olivier Barbié dans un commentaire de l’article sur les BREF ? Et bien voici un élément de réponse, ici, je ratisse avec un croc une partie du jardin laissée en friche et qui nous sert de réserve de biodiversité et de biomasse. En l’occurrence, je prélève juste les herbes sèches de l’année écoulée. Cette pratique consistant à réaliser des fréquences de coupe différentes suivant les zones du jardin est une forme de gestion différenciée, je n’en ai pas encore parlé sur ce blog, mais j’y consacrerai certainement un article dans le courant du printemps.

  • La mise en place d’une planche de pois chiches, sur une idée de ma belle compagne, nous avons choisi de consacrer une planche préparée depuis l’automne avec des BREF et du foin à cette culture. Ci-dessous, pendant que je sarcle un rang de fèves, au fond mon père enlève les BREF en question. Ensuite, un petit coup de sarcloir pour enlever les quelques herbes qui commençaient à passer  au travers et puis semis des pois chiches incorporé au croc à fumier (ouh là là, c’est un travail du sol super intensif que nous avons fait là !). Le développement de la culture au mois de mai nous dira si nous la gardons en culture pure ou si nous l’associons à des cultures d’été.

  • En novembre dernier nous avions mis en place une planche de fénugrec (celle au premier plan sur la photo où mon père enlève les BREF). La levée avait été très bonne (voir photo ci-dessous prise le 20 décembre), mais ensuite la culture n’a pas passé l’hiver et seuls quelques semis commençaient à se développer au milieu de toutes sortes d’adventices (graminées, potentilles, gaillets…) alors nous avons sarclé tout ça et recommencé le semis, on verra bien… C’est a mère qui souhaitait faire cette culture pour faire du « purin » de fenugrec qui serait un traitement contre le mildiou de la vigne. Si début mai, la culture est suffisamment développée pour être fauchée, une fois cette opération réalisée, nous envisageons de laisser ce qui reste en place pour faire un couvert associé aux cultures d’été.

  • En enfin, pour finir, la mise en place de placettes expérimentales de lentilles qui serviront de couvert associé aux cultures d’été. Ici, c’est une toute petite placette où le couvert végétal s’est très peu développée que j’ai sarclé et semée de lentilles vertes. L’expérience a été répliquée à un autre endroit du jardin, là encore, nous verrons bien !

Voilà pour ce beau dimanche de jardinage ! La semaine prochaine, je continue à vous parler de notre jardin, avec cette fois-ci un topo sur les diverses expériences de couvert végétaux et cultures d’hiver mises en place début novembre.

Et en attendant, je vous lance une petite annonce : je recherche 2 ou 3 jardiniers ou maraîchers « sols vivants » qui seraient partant pour me faire un article de ce type tout les 2 ou 3 mois environ, ceci afin de vous proposer des suivis de jardins dans des contextes variés, eh oui, tout le monde n’est pas sur un coteaux argilo-calcaire du Gers. Alors si vous vous sentez la fibre jardinier-reporter, envoyez moi un message à gilles(AT)jardinonssolvivant.fr (remplacer le (AT) par @), décrivant votre situation géographique, votre sol, votre climat et expliquant ce que vous faites niveau jardinage, éventuellement en y joignant quelques photos. tout cela afin que je puisse sélectionner les contributeurs! Alors à vous !