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Voici un nouvel article invité écrit par un de mes correspondants bretons: Gilles Bernard qui avait déjà contribué à mon blog cet été. Le voici de retour avec un article expliquant sa production de compost à basse température pour pour réaliser ses semis en godets.

En jardinage naturel, les pratiques sont variées, et à côté des puristes (comme Gilles 😉 ) qui limitent leurs apports organiques aux seuls compostages de surfaces, il y a ceux qui, ponctuellement,  « aident » la nature par quelques apports de compost.

Je fais partie de cette deuxième catégorie, et cet apport s’opère via les godets de plantation. Je privilégie en effet, chaque fois que possible, un semis en godets de compost pur opéré en mini-serre.

Le jardinage est toujours affaire de compromis : entre  le « laisser faire la nature » et risquer de voir les légumes céder le pas aux adventices et au prédateurs, et le « tout contrôler à tout prix » et risquer de créer un milieu de culture purement artificiel, j’ai opéré cet arbitrage consistant à mener la phase de démarrage des plants sous parfait contrôle en serre pour ensuite livrer la plante à son développement naturel sans la moindre intervention dans la phase de plein air.

Je vois dans cette pratique plusieurs avantages :

  • plantations précoces,
  • meilleur contrôle des prédateurs, limaces en particulier,
  • contrôle des adventices,
  • travail à hauteur
  • raccourcissement du cycle végétatif de plein air et donc possibilité d’enchaîner jusque 3 récoltes par an dans les carrés.

Du coup se pose pour moi la question de l’approvisionnement en compost, car pour 100m² de carrés potagers, il me faut garnir dans les 2000 godets, soit un besoin de 300 litres de compost bien mûr tamisé.

Je pratique le compostage en tas, et recycle tout ce qui peut me tomber sous la main.

Pas un article sur le compostage qui ne parle d’une forte montée en température dès les premiers jours, gage indiscutable d’un compost réussi. Des températures de 50 à 70° apparaissent comme un passage obligé : un beau tas de compost est un compost qui fume.

Pourtant, dans la nature, rien de semblable : imaginez une forêt dont le sous-sol monterait pareillement en température ! Adieu cèpes et girolles, adieu scarabées et salamandres… Il y aurait bien le tas de foin mouillé», ou le tas d’algues vertes sur les côtes bretonnes qui chauffent eux aussi très fort, mais rien de bien naturel dans ces situations, en tout cas pas de celles qu’on voudrait reproduire au jardin.

Pourtant le dogme est là : il faut que ça chauffe !

Très attaché à suivre ces préconisations académiques, je me suis moi-même employé, pendant des années, à réunir les conditions pour faire de mon compost une véritable « centrale thermique » : matières vertes à l’excès, humidité, aération.

Pourtant, un jour, un tas a « foiré », les températures restant désespérément basses. Arrosage, retournement, rien n’y a fait ! Délaissant ce tas de compost facétieux et retors, j’ai fini par l’oublier au fond du jardin. Puis vint le jour où me décidant à recycler ces matériaux, ne serait-ce que pour faire de la place, surprise, j’ai découvert un compost bien noir, mûr à souhait, à l’odeur d’humus prononcé.

Puis au fil des années, le phénomène s’est reproduit de façon fortuite, une fois, deux fois et chaque fois ce même résultat : l’un des plus beaux composts jamais obtenus.

D’où cette interrogation : ce dogme ne serait-il pas tout simplement le reflet d’une société où on doit à tout prix gagner du temps, reproduisant au jardin des réflexes de productivité qui n’y ont pas leur place !

les matériaux ont été rassemblés sur l’aire de compostage : végétaux aquatiques (ici, du cresson issu de ma mare), BRF (branches de pommiers et de figuiers récupérées chez un voisin ), litière de volaille peu chargée, algues (en bord de mer, la récolte des algues en échouage est une véritable aubaine pour les jardiniers), vieux compost

Si comme moi, vous pensez que le jardinage naturel c’est aussi la réappropriation du temps long, et pour peu que vous soyez tentés de reproduire le phénomène d’humification naturel vous déciderez peut être un jour de conduire votre tas de compost en basse température.

Si l’expérience vous tente, voici quelques conseils issus de plusieurs années de pratique :

  • Varier les matériaux : un tas de compost composé d’un seul élément devient rapidement ingérable et un assemblage de 5 matériaux différents me semble un bon compromis.
  • Combiner intelligemment déchets carbonés et déchets azotés. On associera en strates successives les matières carbonées (brunes, dures, et sèches telles que feuilles, vieux foins, pailles, litières peu chargées, BRF) et les matières azotées (vertes, molles, déchets ménagers, tontes, mauvaises herbes, plantes aquatiques…)

les matériaux sont assemblés en tas par couche successives de quelques centimètres d’épaisseur

  • Ne pas trop arroser, voire ne pas arroser du tout. La fermentation basse ne s’accompagne que d’une très faible évaporation d’eau, à la différence des fermentations hautes. De plus, un excès d’eau diminue la quantité d’air contenu dans le compost, et peut conduire au développement de processus anaérobie s’accompagnant de composés volatils nauséabonds (méthane, hydrogène sulfuré, ammoniac)
  • Aménager des zones tampons : prévoir de façon régulière une strate d’un matériau présentant une bonne inertie thermique : une couche constituée de quelques fourchées de vieux compost constitueront un obstacle à la « propagation » des hautes températures. Un BRF sec (obtenu à partir de fagots fanés, ou BRF vert étalé au grand air pendant quelques jours) jouera un rôle équivalent.
  • Aérer le tas : les japonais placent verticalement dans leur tas, au moment de l’assemblage, quelques bambous qui seront retirés après 2 ou 3 jours, constituant autant de cheminées d’aération.

le tas terminé fait une belle hauteur, il se tassera d’un bon tiers en 1 mois

Voici quelques éléments d’explication un peu plus techniques :

Dans un compostage à chaud, la rapide montée en température correspond à une multiplication rapide des bactéries mésophiles (aptes à vivre dans des températures de 30 à 50°) puis thermophiles (aptes à vivre dans des températures de 50 à 90°), bactéries qui dans le processus de dégradation de la matière organique vont rapidement s’attaquer aux composés les plus dégradables (glucoses, amidons…).

Suit, après quelques semaines, une deuxième phase dite de « maturation » : tandis que les températures se stabilisent entre 30 et 50°, une nouvelle génération de bactéries associée à des champignons et des actinomycètes va engager  la dégradation des composés les plus résistants (celluloses lignines…), et progressivement mettre en œuvre la biosynthèse des composés humiques.

Dans notre compost « raté », nous avons sauté la première étape, et les micro-organismes de la phase maturation ont assuré seuls le processus d’humification.

Pour conclure, je vous propose de balayer quelques objections « faciles » :

  • Objection n° 1 : les graines de mauvaises herbes habituellement détruites dans la phase de chauffe ne seront pas détruites dans le compostage à froid. Mon expérience personnelle me fait dire que quelles que soient les méthodes de compostage, le jardinier n’échappe pas au sarclage, malheureusement, et je n’ai pas remarqué que les adventices soient plus ou moins présents avec ce compost.
  • Objection n°2 : les éléments pathogènes habituellement détruits dans la phase de chauffe ne seront pas détruits dans le compostage à basse température. Hormis le cas d’incorporation de résidus de toilettes sèches qui appellent la plus grande prudence, et ce quelle que soit la technique de compostage utilisée, je ne vois pas quels éléments pathogènes pourraient être préoccupants.
  • Objection n°3 : le temps de compostage est singulièrement rallongé. En fait, pas tant que ça, et 6 mois suffisent pour obtenir un compost acceptable, 1 an de maturation étant quand même l’idéal

toute la basse-cour est très intéressée par l’opération!

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15 Responses to Compostage à froid : Le « mille-feuilles de BRF à la Bretonne » par Gilles Bernard

  1. Céline Caron dit :

    Excellent document! C’est comme cela que je procède depuis des années et je suis entièrement satisfaite. C’est beaucoup moins d’ouvrage. Je mets tous mes débris organiques dans la partie avant d’un grand enclos, incluant feuilles mortes à l’automne et une couche de BRF frais quand disponible. Les poules le travaillent le tout le jour. Nous prenons le compost dans la partie arrière de l’enclos qui est un peu plus basse.

  2. Gilles BERNARD dit :

    Je pratique aussi cette technique de compostage dans la cour des poules : c’est de très loin celui qui donne les meilleurs résultats.
    La technique est cependant un peu différente, car il n’y a pas vraiment de tas.
    C’est vraiment super de faire travailler les animaux à notre place, et en plus, les poules se font vraiment plaisir.
    Il y a un très bon article sur ce sujet sur un blog australien, malheureusement en anglais : http://milkwood.net/2011/05/18/gravity-chicken-run-design/
    Les photos sont assez parlantes : le parcours des poules étant pentu, les déchets sont placés en haut de parcours, et au fil du temps, sous l’action du travail des poules, les déchets se retrouvent an bas de l’enclos, parfaitement compostés.

  3. christian londot dit :

    je travaille aussi de cette manière mais ne m’en sert que pour la culture final
    je ne l’utilise pas dans mes godets de semis car on ne peut évité les « mauvaises herbes » et poussent souvent plus rapidement que les graines semées

  4. cottet pierre dit :

    j’ai trois types de silos :avec des feuilles; du brf et des épluchures . le compost de feuilles ou de brf me sert pour les semis sur compost et les godets en mélange avec du sable et de la terre du jardin . le compost des épluchures me sert pour remplir les trous de plantations des courges ,des tomates enfin de tout ce que je replante après culture en pot ou godet car il y a énormément de repousse a partir des graines de courges ou de tomates qui ne sont pas détruites par le compostage . je pratique le retournement pour gagner du temps car la place me manque et il me faut du compost en attendant de retrouver un sol vivant après des années de sol retourné tous les ans avec soit la grelinette puis avec la motobineuse .

  5. Bonjour,

    j’ai lu avec intérêt le retour d’expérience de Gilles.
    je partage avec lui le fait qu’il ne faut faire un dogme de la montée en température, surtout que cela dépend aussi en partie de la saison de compostage.
    Mais je ne crois pas qu’il faille à contrario, chercher à l’éviter.
    Chacun sait que cette chauffe permet de réduire la capacité de germination de certaines graines indésirable, d’hygieniser un peu le compost contre quelques maladie cryptogamiques, et d’accélérer également le temps de compostage.

    Le compostage à froid a ses vertus et permet notamment de passer en lombricompostage les lombrics faisant alors aussi bien leur travail que les bactéries thermophiles.

    J’insisterai sur deux points cependant, la nécessité de veiller à une bonne aération du tas et à une bonne humidification.
    Comme le dis justement Gilles, le mélange d’au moins cinq éléments rend ces précautions bien plus facile à gérer.

    Enfin, je m’interroge sans en avoir un retour d’expérience suffisant, sur le fait de laisser le tas de compost sous les pluies battantes d’hiver, sans protection et d’attendre que les éléments soient complètement dégradés.

    Je ne suis pas sur qu’un compost complètement mur, et devenu très fin, et en partie minéralisé, voir lessivé par les eaux de pluie, soit des plus fertiles ?
    C’est par contre un très bon support physique pour les semis …

  6. Subra Jacques dit :

    @ Gilles Bernard
    2000 godets! Tu nourris tout le village! Je partage ton
    approche du compostage, sûrement notre longue expérience qui au fil des ans nous fait nous interroger sur certaines idées reçues. Mon aire de compostage est a la même place depuis plus de vingt ans, toute la faune et la flore nécessaire a la bonne dégradation des matières est sur place. Par contre les volailles et autres animaux sont interdits de séjour sur l’aire! La température des mes tas se situe entre 35 et 40° et je le retourne une fois. Quand le montage est terminé je le couvre de 10 a 15cm de paille, vieux foin ou fougères pour le protéger du soleil et de la pluie.
    Jamais de bâches,il doit pouvoir respirer. L’expérience de la Biodynamie m’a beaucoup appris sur le compostage, l’apport des préparation sert a vivifier le compost mais aussi a limiter la montée en température.
    Contrairement a toi, je privilégie le semis direct, je trouve que les plants sont plus résistants. Pour les légumes précoces,la serre de 45m2 est suffisante pour ma petite famille.
    Pour étayer ta réflexion sur la réappropriation du temps, je citerai cette phrase de Pierre Rabhi: » ON NE FAIT PAS POUSSER LES HARICOTS AVEC UNE MONTRE »
    Vive la biodiversité culturale et culturelle.

  7. Gilles BERNARD dit :

    Pour Christophe et Jacques : je retiens l’idée de protéger le tas pour éviet le lessivage.
    sans doute faut-il agencer la couverture de paille ou de fougère un peu comme un toit de chaume pour que l’eau s’écoule vers les extérieurs.
    Sur le nombre de godets : effectivement je distribue régulièrement des plants à repiquer à quelques amis jardiniers.
    Et même quand égoïstement je garde les plus beaux plants, il arrive que les amis est de plus beaux résultas que moi.
    Quand ça arrive, il n’y a pas que les légumes qui soient verts!

  8. Bonjour Gilles

    Intuitivement je n’aimais pas trop l’idée de faire chauffer le compost, j’avais l’impression de faire crever tous ce qu’il y a dedans. Et de toute facon c’est pas avec un jardin de 200m2 que je peux faire un tas suffisament important pour chauffer.

    Perso, je compost mes dechets verts en les déposant directement sur le sol. Mais effectivement j’aimerais bien avoir cette matiere premiere pour faire mes semis.

  9. Maurice dit :

    pourquoi cet ostracisme envers le compost issu de toilettes sèches ?

  10. Miren dit :

    Excellent article: en fait je n’ai jamais constaté de montée en température de mon compost, mais n’étant pas perfectionniste, j’en ai pris mon parti: je me suis contentée de constater qu’en six mois, effectivement, j’avais un humus bien noir et riche en vers de terre. J’alterne deux silos à compost et de temps en temps, quand ça me passe par la tête, je donne quelques coups de fourche pour mélanger et aérer. Il faut juste faire attention à ne pas entasser les tontes de pelouse qui fabriquent très vite un matelas qui se décompose mal. J’alterne avec des feuilles sèches récoltées à l’automne quand il fait beau, et sinon les résidus végétaux de la cuisine toute l’année. J’y mets aussi les pommes qui ont pourri au fruitier et n’ai jamais constaté que ça répandait des maladies. Et puis des orties coupées quand je les arrache car elles envahissent, et même chose avec la consoude qui pousse sauvagement dans le jardin: c’est beau mais ça prendrait facilement toute la place!
    J’ai ainsi toujours du compost disponible pour mon potager.
    Je viens de me mettre au BRF pour surfacer les carrés, et je compte bien effectivement démarrer mes plantes en serre dans des godets de compost qui ne viendront en terre qu’au moment le plus propice.

  11. Gilles BERNARD dit :

    Pour Miren : d’accord sur la difficulté à gérer les tontes de pelouses, même problème chez moi.
    Je pense que les silos à compost que l’on remplit progressivement sont peu exposés au risque de montée brutale en température. Je faisais plutôt référence à des tes de compost montée en une seule fois par apport massif de matériaux divers.
    Pour Maurice : j’ai sans doute été un peu radical dans mon propos. Il y a eu pas mal de polémiques sur ce sujet à une époque et aujourd’hui encore de nombreux auteurs suggèrent de réserver ce compost à un usage au pied des fruitiers ou dans les massifs de fleurs. D’autres suggèrent de conserver ce compost pendant 2 ans avant usage.
    Tout ceci témoigne d’un certain embarras, sans doute motivé par des préoccupations plus ‘psycho-affectives » que réellement fondées.
    Moi, j’aurais personnellement une réticence néanmoins liée à la possible présence de résidus médicamenteux : comment s’assurer que nous disposons de selles parfaitement bio pour alimenter notre compost quand plusieurs personnes utilisent les toilettes sèches? Les résidus de traitements contraceptifs sont tout particulièrement visés dans mon propos.

  12. Maurice dit :

    De l’avantage de la solitude…je réponds de la qualité de ma production 😉
    Il doit exister de la littérature sur l’utilisation de ce matériau, des études historiques seraient éclairantes, reste à les découvrir.
    Je suis épaté par la facilité de réalisation, je me contente d’entasser sans aucune autre manipulation; la composition, aussi, est remarquablement équilibré par l’adjonction de copeaux de bois.

  13. Gandon dit :

    Une réponse? Avec plaisir! Le « ton » de cette communication est épatant. Simple et joyeux. Et les conseils sont… appétissants, encourageants, comme tous ceux que je trouve dans Jardinons sol vivant d’ailleurs, et pour lesquels je remercie tous et particulièrement le chef de blog. A moi qui ne réussis pas trop bien jusque-là, mais qui tente déjà d’aggrader mon sol comme il faut avec les moyens du bord,en suivant les conseils, ça donne envie de poursuivre l’effort jardinier. Les godets direct sur compost en demi-serre, c’est faisable pour moi, qui n’arrive au bord de mon petit potager de moyenne montagne (Murat-sur-Vèbre, 842mètres)) qu’en avril, juste avant le grelinettage auquel je procède avec tout le respect possible, c’est-à-dire en aérant la terre bien moins profond que la longueur des dents de la grelinette, a minima. Cette année, j’ai abandonné ma petite terre fin janvier, après l’avoir recouverte d’un mixe très épais (30cm) de feuilles,de compost un peu « jeune » et de branchettes brf grossièrement broyées à la main.
    A Murat, on « sème » les pommes de terre… début mai, et ça marche. Mais depuis qques années, les saisons ne se ressemblent pas. L’an dernier, ne tuant personne du petit peuple qui fréquente le jardin, les limaces m’ont eue, aucune des astuces connues n’a marché. J’aimerai bien les éviter autant que possible cette année, mais sans recours au metaldéhyde (alias « grains bleus) que me conseillent mes voisins.
    Si mes godets sont prêts, je me lance, pas pour les « trufos », mais pour le reste.
    Merci de cette communication bretonne et de l’organisation du blog qui l’, qui l’est si utile.

  14. benoit dit :

    bonjour,
    Je me suis fait livrer 5 a 10 m3 de brf de petite branche, je veux le faire composter car je n’ai pas de parcelle pour l’épandre.
    Cela fait une semaine et il chauffe pas mal , est ce que je dois absolument le retourner? l’empeché de monter trop haut en temperature?, le melanger a d’autre materiaux plus vert ?
    Je ne sais pas quoi faire et je serais embeté de gacher un si beau broyat . Merci

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