Je suis l’heureux propriétaire d’un grand potager que je mène de façon assez classique en planches surélevées avec légumes en mélange et apport régulier de BRF. Seuls oignons et pommes de terre sont menés en culture à plat.
Le jardin, situé en bord de mer, bénéficie d’un climat doux océanique, qui nous permet de démarrer les cultures très tôt et de bénéficier en été d’une fraicheur bienveillante. En contrepartie, l’ensoleillement, parfois parcimonieux, pénalise certaines cultures et quelques pluies « salées » en tout début de printemps peuvent bruler les cultures. Je complète cette activité de jardinage d’une pratique de pêche en mer et je vise à assurer au maximum notre autonomie alimentaire.
Je voudrais vous faire découvrir les conditions de mise en culture d’une nouvelle parcelle, tel que nous l’avons vécu ce printemps.
Cette parcelle, bien que pâturée, n’avait pas été travaillée depuis 50 ans. En outre, quelques arbres, des peupliers tremble, encombraient la parcelle. Pour couronner le tout, une partie du terrain était gorgée d’eau !
La question dès lors était simple : comment mettre rapidement en culture, sans dessoucher, sans faire intervenir de gros engins et en respectant les principes du sol vivant chers à Gilles Domenech ?
L’objectif était rapidement arrêté : réaliser dès cette année deux buttes, deux plates bandes surélevées et implanter une serre. Voici le déroulé des travaux
Janvier :
Les arbres sont coupés et les souches laissées en place. Les branchages sont assemblés en fagots pour une fabrication de BRF sec ultérieure.
Février :
Les platebandes surélevées prennent place vaille que vaille entre les souches. Des cadres, en solides planches de sapin sont posés au sol, et le couvert végétal, laissé en place, est recouvert de cartons. Les cadres sont alors remplis à raison de 1/3 de terre prélevées dans les allées et 2/3 de broyat vert composté récupéré gratuitement sur une plateforme de compostage de déchets verts intercommunale.
Sur le même principe, trois autres platebandes sont installées à l’emplacement prévu pour la serre tunnel (la serre ne sera montée que plus tard, laissant ainsi au substrat le temps de se stabiliser).
Mars :
C’est alors aux buttes en lasagne de prendre place, là aussi entre les souches et sans aucun travail du sol, toujours avec cartons et broyat issu de plateforme de compostage de déchets verts.
Avril :
La serre est montée et vient recouvrir 3 plates bandes surélevées prévues à cet emplacement.
Dans les deux plates bandes extérieures, les cultures prennent place : fraises, framboises, cassis, groseilles, myrtilles, artichauts, asperges, ocas du Pérou, crambe maritime, rhubarbes, topinambours pour les cultures pérennes et quelques légumes à cycle court plantés en mélange.
Mai :
Dans la serre, le contenu des platebandes est retourné afin d’obtenir un amalgame correct entre terre des mottes et broyat composté. Le couvert végétal s’est déjà dégradé et les vers de terre se concentrent sur ces matériaux en décomposition.
Les légumes fruits sont mis en place dans la serre : melons, concombres, aubergines, poivrons, tomates. Les plants ont été démarrés en mini-serre dès le mois de mars.
Les buttes sont mises en culture : il nous fallait des plantes pionnières suffisamment puissantes pour exploiter le broyat peu décomposé et percer le carton, puis le couvert végétal en décomposition sous les buttes. Les cucurbitacées répondaient parfaitement à ces objectifs : potimarrons, courge musquée, pomme d’or, patisson, giraumon turban, bleu de Hongrie, butternut.
La couverture de BRF sec est mise en place et servira de paillis.
Juin :
On arrose, et on regarde pousser.
En conclusion :
Pari plutôt réussi.
Sans trop d’effort, et avec pour seuls engins motorisés une tronçonneuse et une tondeuse, nous avons mis en œuvre 120m² de cultures et déjà effectué les premières récoltes.
A part quelques déconvenues comme le carré d’artichauts gloutonné en une semaine par les campagnols, ou quelques attaques de limaces et de vers de la mouche sur les crucifères, les résultats sont très encourageants. Pas de maladies pour l’instant dans un milieu de culture pourtant très « artificiel ».
les jardins se suivent et se ressemblent . on oubli que certains retournent encore leur jardin ; tous les jours je me demande pourquoi je n’ai pas connu avant le jardinage sans travail du sol . je remercie internet et ceux qui ont diffusé cette pratique .
Exact. Internet est un outil formidable pour le partage des connaissances et donc la lutte contre l’ignorance. Nous reproduisons ce que nous avons vu faire et, sans grand moyen d’avoir connaissance d’autres méthodes, nous avons suivi les modes de pensées et de faire dominant.
Ces façons de faire sont encouragées par toutes les industries qui veulent vendre leurs produits chimiques et il faudra sans doute du temps pour renverser la tendance.
Dans le bulletin municipal de ma commune ce mois ci, j’ai lu que des imbéciles (si, si je suis poli, j’ai envie d’utiliser d’autres termes) empoisonnent des fruits pour tuer les oiseaux qui viennent grapiller dans les jardins.
Bonjour Gilles
J’ai lu avec attention et intérêt ton article, beau travail!! J’essai moi aussi de tendre vers une autonommie alimentaire maxi, mais je n’ai pas la chance de vivre prés de la mer car j’adore le poisson!!! alors je fais avec poules et lapins…
Le mot de la fin m’a fortement interpellé » ARTIFICIEL »
En plus de mon jardin « classique » je fais moi aussi des essais en caisse avec mélange de terre et de broyat de plateforme de compostage. Des » lasagnes » façon Paticia Lanza, le résultat est souvent spectaculaire et la croissance explosive, surtout pour les légumes » feuilles » ( salades, choux, persil…) par contre les oignons et aulx n’aiment pas et pourrissent souvent.
Une question me taraude l’esprit et tu me permet de la formuler: quelle valeur nutritive ont ces légumes poussé sur un substrat » artificiel » ? ne sont-il pas gorgés d’eau et de nitrates?? Quelle différence avec des légumes élevés sur un » sol vivant »?? J’aimerais avoir l’avis de Gilles ( Domenech)sur la question
Voila, le débat est lancé….en toute sérénité bien sûr!
Amitiés jardinieres
Jacques
Pour Jacques
Merci d’avoir ouvert ce débat : Gilles Domenech est en effet attendu sur le sujet!
J’ai employé le terme « artificiel » à dessin, car, même si nous essayons de reproduire des schémas naturels, nous n’en restons pas moins des expérimentateurs, et nos carrés et buttes ressemblent parfoir à des cultures en pot sur des balcons d’immeubles!
Il y a quelques temps encore, j’aurais essayé de relativiser en prétextant de la durée de vie de ces carrés et en mettant en avant que le milieu n’est vraiment artificiel que la première année.
Quelques expériences menées cette année sur deux carrés vieux de 5 ans me font revoir ma copie : dans l’un des carrés, j’ai cassé le bel équilibre naissant en enlevant en début d’hiver une brouettée de terre aussitôt remplacée par une brouettée de broyat frais et j’ai apporté une couverture de BRF sec au printemps. Dans l’autre, je n’ai fait que l’apport supreficiel de BRF sec au printemps.
Résultat: le jour et la nuit entre les 2 carrés avec un net avantage pour le carré artificialisé; plants plus beaux, plus forts, croissance rapide et sans maladie, tout juste limaces et chenilles plus nombreuses.
Est-ce à dire que nous aurions à gagner à organiser le déséquilibre? Ces légumes ne risquent-ils pas d’être gorgés en nitrates? Si c’est le cas, quid de la prétendue fin d’azote de première année?
Effectivement, vos remarques sont très juste: lorsqu’on remue le sol (mise en place d’une butte, labour…) on stimule la minéralisation de l’humus, donc la libération d’azote minéral et essentiellement de nitrates. Idem lorsqu’on amène au sol des produits tels que: excréments animaux, composts jeunes, ou encore déchets de cuisine. Dans ce second cas, pas de soucis, on a juste amené quelque chose en plus, il n’y pas de raison que cela nuise au sol. Par contre dans le premier, on fonctionne sur la destruction de l’humus, c’est un système qui peut perdurer des années, voire des décennies sur des sols riches, mais tôt ou tard, va se poser le problème de la reconstitution du stock d’humus, autant s’en préoccuper tout de suite!
Dans ton expérience, Gilles, le BRF Sec n’était peut être pas l’apport le plus pertinent, sans doute trop peu réactif sur le plan biologique, peut être que des tontes, des feuilles ou de la paille auraient été meilleures.
Quant à la problématique d’excès de nitrates dans les végétaux, elle peut tout à fait se produire dans des culture sur sol vivant si trop d’aazote est amené dans le système, comme cela s’est vu dans les expériences du réseau BASE (encore des bretons!) sur le Blé en semis direct avec apports de BRF: au bout de quelques années, le système biologique recyclait tellement bien l’azote que le blé en avait en excès et montrait des problèmes de verse!
Dites moi si ça vous convient comme explication!
d’après dominique soltner le compost de végétaux ne contient qu’un pour cent d’azote et en plus il se décompose lentement ce qui permet une meilleur assimilation par les légumes ; pour l’eau il faut arroser quand la plante est en demande voir jamais pour les plus téméraires . avoir des légumes en bonne santé c’est le but a atteindre et le sol vivant le permet car la plante y trouve ce dont elle a besoins sans excès.
C’est surtout sur les lazagnes que j’ai constaté une végétation « explosive » çà s’explique par le fait que l »on supperpose des couches de broyats, fumiers,et tontes de gazons trés riches en azote, et que l’on sature en eau la lazagne.Je continue les expériences de BRF, aprés deux ans je n’ai pas encore constaté la supériorité du BRF sur le Compost. Je l’explique par le fait que le compost est beaucoup plus facile a » digérer » par le sol que le BRF.
Mais c’est une opinion personnelle!
Ce blog est trés intéressant, car il permet de comparer et confronter des expériences diverses.Ce qui nous nous caractérise, c’est que nous sommes tous des » pionniers » et nous poursuivons un seul but, SOIGNER LA TERRE.
Pour DIDIER
A un journaliste qui lui posait la question: Que pensez vous de la bêtise humaine, le Général De GAULLE aurait répondu: Vaste programme!!!. Personnellement je crois plus a l’éducation qu’à la répression. Peut être ces gens-la ne connaissent-ils pas l’importance des oiseaux et de la faune sauvage en général dans notre écosystème? Il faudrait leur expliquer. Mais peut-être aussi sont-ils incurables!!!!
Bonjour Gilles
Votre article est si intéressant et votre réussite donne beaucoup d,espoir a tout autre qui désirerait faire son potager et surtout vos descriptions a travers les photos sont rassurantes.
Bien a vous
Gilbert
L’explication me va bien!
S’agissant de l’utilisation du BRF sec, je la place dans le cadre d’une expérimentation comme simple couverture du sol comme on le ferait d’une bache en plastique. Très blanc, il renvoit les rayons du soleil, tout poarticulièrement dans la serre. Il limite l’évapo-transpiration et c’est à peu près tout.
Accessoirement, il aura donné lieu dans la serre à une éclosion de bébés grillons assez extraordinaire avec plusieurs miliers de grillons très en colère à chaque arrosage!
A l’automne seulement, ce BRF sec sera mélangé à la couche superficielle du sol, et à ce moment là seulement, il commencera à jouer son rôle biologique de reconstitution de l’humus.
Je me dis qu’il en va ainsi en forêt et que les feuilles et branchages passent un certain temps à ne servir que de couverture.
Le processus de dégradation est du coup plus long d’un an, mais au jardin, le temps c’est ce qui nous manque le moins.
Bonsoir tous le monde! excusez_moi pour cette réponse un peu tardive…
Je voulais demander à Gilles Bernard pourquoi avait-il coupé, ces arbres, dont la fonction était de pomper l’eau du sol ?
De plus ils sont une source d’humus pérenne (chute des feuilles, brindilles), modèrent le micro-climat etc …
Pourquoi, cet apport de matière organique, dans une proportion double de celle de la quantité de terre ? derrière prairie le sol ne devrait pas être trop épuisé.
Toutes ces pratiques ne sont t’elles pas un peu productivistes, sont-elles « durables »?
Pour Natacha :
tout simplement parce que je ne sais pas faire pousser des tomates ou des aubergines en sous-bois : leurs besoins d’ensoleillement sont importants et sous la frondaison des peupliers trembles, le rayonnement solaire est quasi inexistant.
En supposant ce problème règlé par une coupe partielle permettant au soleil de parvenir au sol, resterait la pauvreté de l’humus en place. En effet, l’humus dans un bois de peupliers est très pauvre et souvent gagné par l’herbe, les orties, le houblon ou les ronces : rien à voir avec un humus de forêt sous chènes, chataigniers ou charmes.
Donc en résumé : j’ai gardé les chataigniers greffés sur le côté ouest de la parcelle, ainsi que les feuillus en mélange sur le talus côté nord. Pour compenser la disparition des peupliers trembles, j’ai planté une douzaine de fruitiers en milieu de parcelle (pruniers et pêchers en 2 rangs orientés nord-sud et dont je pourrai contrôler le développement) et planté 4 chènes côté sud qui seront menés en têtard avec une coupe des rameaux tous les 5 ans pour alimenter mon BRF ou récolter des rames.
[…] un nouvel article invité écrit par un de mes correspondants bretons: Gilles Bernard qui avait déjà contribué à mon blog cet été. Le voici de retour avec un article expliquant sa […]
salut on est en bretagne et on cherche du brf si t’as des pistes merci de partager bye patrice
Pour Patrice
Désolé, j’ai cherché un bon moment et j’ai fini par me résoudre à acheter un broyeur thermique de 8 cv d’occas à 500€