Je pense qu’il est important de clarifier mon approche du jardinage. Je ne cherche pas à coller à telle ou telle école, ni à en créer une nouvelle. Je souhaite simplement vous proposer de découvrir ensemble comment mettre la vie du sol au centre de nos approche. Deux point techniques me semblent toutefois particulièrement importants pour être vraiment cohérent : le travail du sol et l’usage de certains pesticides.
Le travail du sol :
J’ai conscience qu’un non travail du sol absolu est une illusion en jardinage, il reste indispensable, ne serait-ce que pour réaliser des semis ou des plantations, ou encore pour récolter des légumes racines. Il faut donc faire la part des choses :
Je propose en effet de plus du tout travailler le sol avec des outils à socs : bonne nouvelle, vous pourrez gagner un peu d’argent en revendant votre motoculteur ! Et si vous n’en avez point, cette dépense est inutile. Évitez également les outils manuels de retournement du sol, comme la bêche.
Les outils à dents ont toutefois encore leur place, ne serait-ce que pour enfouir les semis à la volée ou incorporer du BRF au sol : les crocs à fumier restent très utiles, ainsi que le râteau pour des semis de petites graines. Mais il est clair que le travail reste extrêmement superficiel (3 ou 4 cm grand maximum !)
Que dire de la grelinette, cette outil si en vogue dans le jardinage bio actuel ? Je reconnais que je suis dans un sol très argileux où elle n’est pas bien adaptée, ce qui influence mon point de vue. Mais tout de même pour avoir utilisé cet outil, je trouve qu’il travaille le sol trop profondément et l’investissement (plus de 100€ tout de même !) ne me paraît pas justifié. En effet lorsqu’on sait qu’un vers de terre qui a la malchance de se balader proche de la surface (une quinzaine de centimètre) lorsque vous passez la grelinette n’a aucune chance de retrouver sa galerie et doit donc la reconstruire entièrement, vous comprenez que la perturbation pour la vie du sol est quand même intense, même s’il n’y a pas retournement…
Insecticides et Hélicides
Je me doute que la plupart d’entre vous sont des « bio » et que ce qui suit vous apparaîtra pour beaucoup comme une évidence. Mais il comme est tout fait possible d’avoir des pratiques très respectueuses sans pour autant être bio à 100%, je fais quelques précisions sur les pesticides : de tous les pesticides, les plus dangereux sont sans conteste les insecticides (y compris ceux qui furent longtemps autorisés en bio comme le pyrèthre ou la roténone !) qui tuent les insectes « ravageurs » mais aussi tous les autres, ainsi que les vers de terres et autres jardiniers de l’ombre, pour reprendre l’expression de Blaise Leclerc. Il est donc vital de sortir ces produits du potager sans quoi les chaînes alimentaires indispensables à un équilibre biologique ne pourront jamais se remettre en place. Il en va de même pour les anti-limaces (Hélicides), excepté l’orthophosphate de fer (commercialisé sous le nom de Ferramol), qui font des sacrés dégâts dans l’ensemble des chaînes de prédation de limaces !
Voilà, donc en conclusion tout jardinier qui travaille son sol le moins possible et qui n’applique ni insecticide, ni hélicide de synthèse, peut prétendre jardiner « sol vivant », même s’il n’est pas complètement bio ! Comme quoi, jardiner « Sol Vivant » va faire du vide dans de nombreuses cabanes de jardin !
depuis 2010 je ne travaille plus le sol et j’ai vendu ma motobineuse pour me pas être tenté . ne pas retourné le sol nécessite de la couvrir en permanence en hiver comme en été.je suis impressionné par le retour des vers de terre en si peu de temps . a+
Salut Pierre, intéressant ton témoignage, si tu as des photos, n’hésites pas à m’en envoyer!
Tout à fait d’accord avec la nécéssité de couviri!
comment couvrir? comment semer ?
Bonjour Caisso,
Peux-tu préciser tes questions:
Comment semer: à quel(s) semis penses-tu?
Comment couvrir: tu veux parler du paillis?
Je peux te donner quelques éléments: la terre étant travaillée par les organismes du sol, on dit « bioturbée », l’horizon de surface est naturellement ameublit fait office de lit de semence, il n’est donc pas utile de le préparer mécaniquement!
je couvre a l’automne avec des feuilles et l’été avec l’herbe du bac de la tondeuse . pour semer il faut écarter le mulch ou repiquer au travers . pour les graines fines il faut tout enlever et utiliser du compost . une couche de 3cm semer par dessus et recouvrir de compost . c’est ce que l’on nomme un semis sur compost .
Après avoir utilisé ,avec modération des pesticides,je ne veux plus en utiliser.C’est vrai que dans le jardin ce sont les insecticides et les hélicides qui font le plus de dégats dans les chaines .Mais les fongicides,herbicides sont loin d’être anodins.On les retrouve dans l’eau et ils se baladent dans l’air.Gare auux problèmes dermatologiques et respiratoires du jardinier,de ses voisins ou des buveurs d’eau!
Tu as tout à fait raison. Je me rend simplement compte que des agriculteurs en semis direct, mais pas bio (à cause surtout de l’usage des herbicides) ont d’excellents résultats quant à la qualité de leur sol. Quant à la pollution des eaux, elle est surtout liée à l’érosion des parcelles et à la non dégradation des produits due justement au manque d’activité biologique des sols sur lesquels ils sont épandus.
Cela dit, au niveau du jardin, je suis un inconditionnel du bio, il n’y a aucune ambiguïtés là dessus!
sur mon terrain qui était tondu soigneusement chaque année pour faire une pelouse bien nette j’ai laissé tout l hiver le sol recouvert des feuilles et des residus de tonte .que dois je faire de ces feuilles au printemps les mettre au compost ou les remettre sur mes semis(je suis désolée de poser des questions qui peuvent paraitre absurde aux spécialistes que vous êtes)
Ces feuilles et autres résidus doivent continuer à se décomposer sur le sol, réalise tes semis et plantations simplement en écartant le paillage. Pour découvrir plus en détail ces techniques, je t’invite à lire le livre de Dominique Soltner: le nouveau jardinage.
Bonjour,
Ma réponse sur la question 2.
Comme je ne retourne pas la terre je n’ai jamais eu de matériel mécanique (sauf tondeuse à gazon)
Par contre avec la bêche je remuai légèrement la terre (ce qui faisait sortir les vers de terres) ce que je vais supprimer.
Je n’utilise pas de pesticide. J’ai supprimé la bouillie bordelaise depuis 5 ans.
Moi aussi j’ai un sol très argileux. Et en plus il a été bien compacté par les passages d’engins pendant la construction de la maison. Je me demandais sur quelle épaisseur il est nécessaire de décompacter (10 cm ?).
Par ailleurs je suis étonné par ta remarque sur le ver de terre qui ne retrouve pas sa galerie, car je pensais qu’un vdt passait sa vie à creuser de nouvelles galeries.
Merci de m’éclairer !
La galerie du vers de terre, c’est sa maison, certes il peut l’agrandir en creusant de nouvelles galeries tout au long de sa vie, mais en cas de stress comme un retournement du sol, il se retrouve « à la rue » et doit tout recommencer à zéro!
Bonjour,
je suis passionné par les cultures et le jardinage sous couvert végétal ou mulch divers. Connaîtriez vous une méthode efficace pour lutter contre le chiendent et les graminées
Je suis aussi agriculteur en semis sous couvert (avec trés peu d’intrants )je n’utilise plus que des herbicides et je voudrais passer en agriculture bio sous couverts, connaissez vous des pratiquants dans cette technique
POur le chiendent, il y a le seigle en couvert long (au moins jusqu’en mai) ou en culture pendant deux ans.
A ce jour je ne connais pas de « SDiste » bio, mais il y a de plus en plus de bio qui ne travaillent le sol que très superficiellement. La revue TCS leur consacre d’ailleurs un article dans chaque numéro!
Oui je sais je suis abonné au TCS mais je veux passer en bio sous couvert afin de ne pas perturber la vie du sol, je crois que cette technique permettra de garder un meilleur rendement car elle permet de profiter de l’énergie du soleil au maximum.
j’implante des couverts variés avec 11 plantes différentes afin d’imiter la nature au maximum, j’essaie de travailler en synergie avec elle car la combattre est une lutte perdue d’avance
Merci du conseil pour le seigle. J’essaierais
A vendre:
5 kg d’engrais pour gazon avec anti-mousse.
10 ans de cave, bien conservé dans son emballage d’origine jamais ouvert.
Prix à débattre, mais gratuit pour un musée des « techniques de jardinage à proscrire ».
🙂
Bonjour, je suis formatrice en technique maraîchère pour un centre de formation pour adulte.
Pour supprimer le chiendent, j’ai testé un semis serré de vesce et d’avoine à l’automne avec enfouissement des végétaux au printemps qui fonctionne très bien. la vesce libère une substance que le chiendent déteste et en meure. Je n’ai pas encore tester mais je pense qu’au lieu de l’enfouir, il serait tout aussi efficace de le tondre court et de le laisser sur place. sa décomposition apportera toujours de l’azote et libérera toujours également cette substance que le chiendent ne supporte pas. De plus cette technique rejoindra le « non travail du sol » qui est très sensé…
je crois qu’il est important que tout le monde sache qu’en matière d’herbicide, le Roundup n’est que le nom d’un produit. Pour mieux duper les acheteurs, vous trouverez des produits avec le nom de glyphosate qui est en fait la molécule qui est contenu dans le Roundup. Vous l’avez compris a ne surtout pas utiliser qu’il se nome Roundup ou glyphosate. Merci pour la planète.
Une fois encore un grand merci pour votre article. Chaque fois que j’en lis un,ainsi que ses commentaires, j’apprends quelque chose de nouveau.
Bonjour Gilles,
Depuis que j’ai mon potager à moi, j’ai essayé plusieurs techniques. Mais cela ne fait que 3 ans ce qui est très court pour avoir le recul nécessaire.
J’ai commencé comme la plupart des gens qui suivent le courant dominant, j’ai acheté une motobineuse et je me suis fatiguée à retourner mon potager. Comme ma terre est argilo-calcaire, donc difficile, j’ai remplacé ma motobineuse par un imposant motoculteur qui a fini de m’achever. J’ai eu la chance de ne jamais avoir d’accident.
Puis, comme je suis de nature feignante, je me suis renseignée. Google étant un bon ami à moi, il m’a indiqué plusieurs petites choses qui me sont apparues comme une évidence. Je n’ai pas douté une seconde et j’ai revendu mon engin capricieux et diabolique. D’autres se fatigueront à ma place, je passe mon tour.
De la même manière, après avoir retourné mon sol et avoir semé ou planté, une bonne partie de ce sol travaillé restait nu avec tous les désagréments que cela apportait. Je devais me faire violence pour désherber ces maudites graines qui poussaient mieux que mes pauvres plants maraîchers et je devais également passer 2 bonnes heures à arroser au plus chaud de l’été à partir du crépuscule, heure ou les escadrons de moustiques sont de sortie … Bref, que des contraintes !
Je songe sérieusement à faire l’acquisition de plusieurs centaines de mètres de tuyau microporeux ou de systèmes de goutte-à-goutte. Je ne suis pas encore capable de trancher en faveur de l’un ou de l’autre ou d’aucun des deux. Si quelqu’un peut me conseiller sur ce point, ça pourrait peut être me permettre de me décider.
Pareil, en me documentant sur ce qui avait été fait ailleurs et avant j’ai compris que mon salut ne viendrait que de la couverture. Je me suis mise à pailler frénétiquement. Toutes les tontes de pelouse y sont passées. J’ai même proposé aux amis de me donner leurs « déchets de tonte » qu’ils apportaient généralement à la déchèterie, quel gâchis.
J’ai vite senti le bénéfice de ma démarche. Les « mauvaises graines » non invitées ne poussent quasiment plus et j’arrose bien moins. Et cet hiver j’ai investi dans une balle de paille qui m’a permis de couvrir tout mon potager. J’aurais peut être du le faire avec du foin. Il était déjà trop tard pour semer un engrais vert mais j’ai ce qu’il faut pour l’an prochain. C’est dans les projets.
Le potager est redevenu un plaisir et en en faisant moins je suis encore plus récompensée.
J’ai essayé de me renseigner sur l’utilité d’une grelinette mais c’est un outils qui, comme vous l’avez dit, va à l’encontre du non travail du sol et dont le prix est assez élevé si on en veux une qui dure dans le temps. De plus, Est-ce utile ou n’Est-ce encore qu’un coup marketing ? Je me pose encore des questions et je repousse cet achat. Si quelqu’un peut me donner des informations complémentaires objectives et/ou basées sur plusieurs expériences personnelles, je serai ravie de les examiner avant de me décider pour un achat ou non.
Je taille également mes arbres et je passe les « déchets » à la broyeuse pour en tirer du BRF avec lequel je paille mes pieds de fraisiers qui en sont ravis ! Pareil pour mes rosiers. Cette découverte, même si cela met du temps pour voir les bénéfices, va me permettre tout doucement de redonner vie à mon sol qui a été « massacré » par nos prédécesseurs qui ne juraient que par le conventionnel.
Je suis tellement contente de mon travail (sinon qui le serait ?) et je trouve qu’il y en a tellement à apprendre et à partager à ce sujet que je pourrai en parler pendant des heures. Mon seul problème est que j’ai du mal à trouver des personnes qui s’intéresse au jardinage ou pire encore de jardiniers qui ne prêchent pas que par le motoculteur et les produits phytos. Beaucoup ne sont pas tolérants à ce qui leur est montré (parfois même jaloux !) et ça tourne vite court. Dommage.
Merci pour ce que vous faites et pour ce que vous partagez avec nous.
Cordialement,
Aurélie.
J’espère finaliser mon projet de non utilisation de phytos en remplaçant les engrais par le compost, les purins et autres apports organiques. Pour les maladies, que ce soit sur les fruitiers ou les plants maraîchers, je tente ma chance sans rien ou presque. Je ne traite pas ma vigne mais je subis encore des attaques qui, certaines années, compromettent entièrement ma récolte de raisin de table. Mais un équilibrage du sol devrait, à mon avis, arranger la chose.
Pour le reste, je ne vais pas m’épancher plus sinon ça risque de devenir long. Je tiens à dire que j’aime mon potager et mon verger et j’essaye de les respecter pour tout ce qu’ils me donnent.
Et même si parfois je fais des erreurs, ils me pardonnent la majorité du temps (certaines bêtises sont impardonnables). Ils me rendent tout ce que je leur donne de manière amplifiée et bonifiée et c’est ça qui fait que j’aime ce loisir à la fois productif et ré(créatif).
Désolée pour ce pavé un peu décousu mais … ça fait plaisir.
Bonjour Aurélie, pas de soucis, tu as raison de t’exprimer ici 😉 !
Bravo pour tout ce que tu as essayé jusqu’à présent !
Concernant la grelinette, personnellement, je n’ai jamais fait l’investissement…
Concernant le système d’irrigation, C’est difficile de conseiller comme ça sans connaître l’endroit, il faudrait quelques indications :
– D’où vient l’eau (pompe, réseau, récupérateur d’eau de pluie…) ?
– Quelle longueur de tuyau entre le point d’eau et le potager ?
– Quelle surface / Combien de plants à arroser ?
Concernant la comparaison goutte à goutte / microporeux :
Ces deux systèmes fonctionnent à faible pression : dès 1 Bar pour le goutte à goutte voire moins avec certains goutteurs et dès 0,3 Bar pour le microporeux).
Le microporeux est très simple à installer (pas de goutteurs à monter) et arrose tout le long du tuyau, ce qui est intéressant, mais il peux se boucher facilement en sol calcaire (pour éviter cela il est important de le recouvrir de mulch).
Merci Gilles pour tes réponses et pour le courage que tu as eu de lire tout ce que j’avais écrit.
Je pense définitivement faire une croix sur la Grelinette et consœurs. Trop cher et en contradiction avec le non travail du sol.
Pour l’irrigation, mon terrain est à la base argilo-calcaire, il colle amoureusement l’hiver (ça glisse !) et devient dur comme le roc l’été (avec crevasse non optionnelles). J’ai cependant la chance de bénéficier d’apports massifs de terreau premium au printemps et à l’automne alors je ne me prive pas (ce qui fait pas mal râler le voisinou qui trouve que je triche). Je pourrais presque dire que je travaille en buttes mais pas tout à fait parce que le substrat s’affaisse au fil du temps.
Mon point d’eau actuel est l’eau du réseau (très calcaire et très froide même en été), c’est pas le mieux mais pour le moment je n’ai pas assez de bacs de récupération d’eau de pluie et ils sont encore plus loin du potager. C’est un projet auquel il va falloir que je m’attèle.
Ce point d’eau est à environ 40 mètres du point d’entrée du potager. Les derniers rangs sont 20 mètres plus loin.
Surface totale du potager entre 500 et 750 m² mais j’ai plein d’allées enherbées (c’est plus joli et moins salissant pour les bottes et puis comme ça on ne piétine pas là où on plante) donc on peut facilement diviser par 2 je pense ce qui fait 250 à 375 m² « utiles ».
En moyenne, mes rangs font autour de 35 mètres de long mais j’ai une légère pente et pas dans le bon sens pour 2/3 du potager. Il aurait fallu que je poste une photo ou un crobar pour éviter d’en faire une tartine. C’est à cause de cette pente que j’hésite pour le microporeux.
Je n’ai pas assez de BRF maison pour recouvrir généreusement tout le potager alors je ne fais que les fraisiers. Pour le reste, j’utilise la tonte en été et j’ai testé la paille cet hiver. A voir.