Il y a un an et demi, je vous annonçais que je travaillais sur un nouvel ouvrage, « jardiner en terrain difficile aux éditions de Terran ». Bien que ce projet ait pris beaucoup de retard, je suis toujours dessus. J’ai déjà écris la première partie qui vise plus à déterminer si le terrain est vraiment difficile et à identifier ces difficultés. La seconde partie encore à écrire est plus pratique et vise à donner des exemples de méthodes de cultures sur terrains difficiles et des méthodes qui ont permit aux jardiniers de rendre leur sol plus propices aux cultures. A l’époque, je vous avais invité à vous manifester si vous aviez envie de témoigner pour cette seconde partie, j’ai donc déjà quelques adresses en réserve, et même, parmi ceux-ci des jardins que j’ai été visité. Mais si vous avez commencé à lire ce blog entre temps ou que vous vous sentez plus légitime pour témoigner qu’il y a un an et demi, je vous invite à le faire à présent en m’écrivant à terre.en.seve(AT)gmail.com.
Pour ce faire, je recherche des jardins un peu partout en zone tempérée ou méditerranéenne présentant une ou plusieurs des difficultés suivantes :
- Forte pente ;
- Sol (ou tout au moins enracinement) superficiel ;
- Hydromorphie ;
- Sols sableux ;
- Sols argileux (même si tous les sols argileux ne sont pas difficiles, loin de là !) ;
- Discontinuité texturale à faible profondeur (par exemple sable sur argile) ;
- Sols très caillouteux ;
- Problèmes de structure et problèmes associés (faible activité biologique, manque de matières organiques, compaction, semelle de labour, érosion…) ;
- Absence de vers de terre ;
- Sols acides ;
- Sols très calcaires ;
- Sols salés ;
- Climat froids ;
- Climats chauds et secs ;
- Autres (n’hésitez pas à me suggérer des difficultés auxquelles vous êtes confrontés et qui vous semblent ne pas figurer dans cette liste).
Peut importe que ces problèmes aient une cause « naturelle » ou artificielle (pratiques culturales passées, chantier de construction, remblaiement ou déblaiement du site…).
Et je demande également que vous puissiez me fournir des photos du jardin (idéalement depuis les débuts) et que vous ayez au moins 4 ou 5 ans d’expérience sur le site afin de valider que vos méthodes fonctionnent sur votre site, que ce n’est pas juste un coup de chance de débutant 😉 !
Bonjour Gilles,
j’aurais une question sur les légumineuses. Je suis un peu perdu. En effet, il y a plusieurs sons de cloche. Jusqu’à présent, c’était que la légumineuse enrichit le sol en azote. Tous les livres disaient ça. Depuis, j’ai vu les formations de Konrad Schreiber, où il annonce de manière catégorique que les légumineuses n’enrichissent pas du tout le sol en azote, qu’elles poussent grâce à des bactéries qui captent l’azote de l’air et donc sans azote du sol, mais qu’elles n’en fournissent pas au sol. Il faudrait donc les laisser en engrais vert, former un mulch en couchant la culture. Puis vient Hervé Coves qui nous dit que les légumineuses sont connectées aux plantes alentours par des mycorhizes et fournissent donc gratuitement de la sève azotée aux plantes proches via les champignons comme conduit. Alors qui a raison ? Si je plante des légumineuses est-ce que tout ce qui est autour va bénéficier de sa sève ? Ou bien faut-il un sol ultra vivant pour qu’il y ait ces fameuses mycorhizes ? Konrad voulait-il dire, lui qui travaille avec des céréaliers qui font des couverts QUE de légumineuses que ça ne laisse pas d’azote stocké dans le sol ? Merci de m’éclairer. Et merci pour votre précédent livre, vraiment bien fait et instructif. Bonne chance pour ces visites de jardin, qui m’apparaissent très utiles dans vos ouvrages, avoir un maximum d’itinéraires possibles en sol vivant est très important pour que les lecteurs puissent s’identifier. Ce serait aussi super d’avoir des fiches d’itinéraires légume par légume, celles de Maraîchage Sol Vivant sont vraiment trop peu nombreuses et trop peu détaillées pour le moment.
L’erreur courante est en effet que les légumineuses enrichissent le sol en azote de leur vivant. Ce n’est pas le cas car l’azote est immédaitement transféré à d’autres parties de la plante une fois fixé par les bactéries symbiotiques.
Par contre, il est certain que les légumineuses (sous réserve qu’elles aient pu exploiter l’azote de l’air) enrichissent le sol en azote à la mort des tissuss racinaires et surtout aérien qui la compose. C’est notamment ce qui se passe lors de la destruction d’un couvert végétal contenant des légumineuses. Je serais curieux que vous me mettiez des citations claires de Konrad, car à mon avis, il ne dit pas que la légumineuse n’enrichi pas le sol en azote mais peut être que la nodosité n’en contient pas (ce qui est exact) ou que la légumineuse n’enricht pas le sol en azote de son vivant (ce qui est exact également).
Ensuite, est-ce que les légumineuse peuvent fournir de l’azote aux plantes alentours via le réseau mycorhizien, là je ne serais pas affirmatif. Il y a quelques années encore, je me souviens d’avoir eu un échange avec Marc André Selosse concluant que ce genre de transfert n’est pas clairement mis en évidence. Mais peut-être qu’Hervé a connaissance de travaux récents qui mettent cela en évidence, il vaudrait mieux lu poser directement la question.
Je vous invite également à lire les articles écrits par Chloé Paul Victor sur le sujet (https://jardinonssolvivant.fr/les-legumineuses-par-chloe-paul-victor-partie-12/ et https://jardinonssolvivant.fr/les-legumineuses-par-cloe-paul-victor-partie-22/) et éventuellement la contacter directement car c’est une biologiste meilleure spécialiste de la question que Konrad ou moi.
Bonjour,
merci de ta réponse Gilles, j’ai revu la vidéo d’Hervé, c’est ici : https://youtu.be/606fIOwR6t8?t=1211 Il dit que ce sont les travaux d’Elisa TASCHEN au CNRS. Je pense qu’il doit vouloir parler de cet article ou des travaux qui le suivent : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2452219817300265 car c’est le seul que je trouve d’Elisa en rapport avec les légumineuses. Mais elle ne parle pas de ce que dit Hervé, Hervé dit carrément qu’il y a 30 unités d’azote par hectare apporté par une légumineuse à sa mort, et 85 lors de sa vie purement grâce à ces échanges mycorhiziens de sève. Il y aurait donc trois fois plus d’azote apporté par une légumineuse lors de son cycle annuel pré floraison qu’à sa mort. Peut-être s’agit-il de travaux pas encore publiés, elle est désormais CR à l’INRA selon son profil, avant elle était thésard bossant sur la truffe, probablement comment elle a connu Hervé. Bref, à suivre.
Pour Konrad oui il ne dit pas que la légumineuse n’apporte pas du tout d’azote, juste que lors de sa vie elle n’enrichit pas le sol en azote contrairement à ce que tout le monde prétend. Et Hervé ne prétend pas ça non plus, il dit juste que ça profite aux plantes connectées par des mycorhizes. Donc c’est pas non plus de l’azote gratuit, mis dans l’humus ou minéralisé, il faut que la plante se connecte. Après y a-t-il des plantes qui ne peuvent pas se connecter, la plante utilise-t-elle vraiment pour elle et sa croissance cette sève enrichie… J’attends de voir ça étudié en détail, j’ai le sentiment qu’Hervé va un peu vite en besogne. Car j’ai jamais vu quelqu’un planter un basilic à côté de pois et qui disait « ah bah tiens mon basilic fait deux mètres ».
je suis jardinier amateur dans le cadre des jardins familiaux de Dijon (Jardins & vergers de la Chouette).
J’ai une parcelle très argileuse de sol rapporté (50-60 cm sur ancienne gravière.
Je cultive sans travail du sol en butte (je me suis inspiré des travaux de Jean-Marie Lespinasse et des conférences de Konrad Schrieber. Nous constatons que les jardins cultivés et « trad. » retiennent de moins en moins l’eau et que la maîtrise de l’enherbement .
Nous serions très preneurs de vos conseils. Je suis en train de finir un petit topo pour notre site web avec qqs photos. Je me propose de vous les faire suivre.
Cordialement
Salut,
Si tu fais des buttes par définition ça va retenir moins d’eau puisque c’est surélevé par rapport au reste du jardin. Ca peut être utile pour avoir un sol très drainant pour de l’ail, oignons etc… mais c’est pas nécessaire si tu fais du jardinage sol vivant avec apports de compost et surtout paillage. Jean Marie Lespinasse a un sol très caillouteux, où peu de choses poussent. Il préfère aussi avoir des buttes surélevées pour ne pas se baisser. Du coup faire des buttes remplies de matière organique peut avoir du sens chez lui. Moi j’ai un sol très argileux et je n’ai pas besoin de buttes, l’important est d’avoir beaucoup de paillage en saison de croissance, du printemps à l’automne, et en hiver des engrais verts en plus du paillage, les racines drainant l’eau hivernale en excès.
D’autre part, si tu as du sol que tu as apporté de l’extérieur, par pelleteuse et camion, c’est équivalent à plusieurs années de labour puisque la terre a été remuée dans tous les sens. Cette terre est donc très pauvre en matière organique, il faut bcp l’enrichir. Nous dans notre jardin partagé la Mairie a construit des merlons tout autour de la parcelle, en apportant de la terre extérieure. Ce sont les parties les plus pauvres du jardin : c’est compact, plein de cailloux, et malgré le BRF que j’ai mis c’est encore trop pauvre. Il faudrait je pense deux ou trois ans de couverts végétaux non stop et de compost pour que ça puisse produire de bons trucs comme des choux tomates ou courges. En revanche sur le sol natif du terrain, aucun souci après un an de compost/paillage épais, ça produit fort.
Bonjour Paul,
Merci pour ces témoignages ! Je suis preneur de tes photos bien entendus, quel est l’URL de ton blog ?