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Lecture d'ouvrage

« Les plantes malades des pesticides » de Francis Chaboussou, article de Bernard Jezequel

Cet été, Bernard avait laissé un commentaire dans la boutique de ce site pour nous faire découvrir un livre que je connaissait et qui en effet valoir son besant d’or: Les Plantes Malades des Pesticides de Francis Chaboussou. Je lui ai proposé de nous écrire un texte pour nous partager sa lecture de cet ouvrage et le voici:

Francis Chaboussou a déjà le mérite d’appeler un chat un chat.
Le titre de son ouvrage est particulièrement explicite et il ne se tortille pas en parlant de produits phytosanitaires. Non ! Chaboussou parle de pesticides.Ce qui est déjà beaucoup plus clair et met chacun devant ses responsabilités.

Chacun a déjà entendu parler des dégâts causés par les pesticides sur la santé humaine.
(Sinon il faut visiter le site « générations futures »).
Et ceci, malgré le tir de barrage des multinationales vendeuses de ces produits, appuyées trop souvent par les organismes nationaux ou européens censés veiller sur la santé des populations mais qui semblent bien éloignés de leur vraie mission(« Le déni de l’EFSA sur la perturbation endocrinienne est de notoriété publique comme l’a prouvé sa défense des usages alimentaires du Bisphénol A et de la dose journalière admissible (DJA) toujours en cours »,).

Ce qui se passe ces jours-ci autour du professeur Seralini et de ses recherches est tout à fait significatif.
Pas touche au grisbi.Et tout sera bon pour détruire un dossier et une réputation.

Mais le sol et les plantes aussi sont malades des pesticides ! Francis Chaboussou le démontre .

« Il montre,comme l’indique François Veillerette,que le recours massif aux pesticides crée des fragilités chez les plantes (et dans les sols) qui vont conduire …à augmenter encore l’usage des toxiques pour tenter de réduire les nouveaux dégâts causés par cette fragilité. »
Ca ne vous donne pas le vertige ?
Je provoque des dommages et j’ai la solution, je suis le sauveur (au moins pour un moment). Les alchimistes cherchent depuis toujours à transformer tout ce qu’ils touchent en or.Eh bien çà y est !! Les fabricants de pesticides ont trouvé la formule !!

Mais Francis Chaboussou nous apporte aussi beaucoup d’informations qui peuvent nous aider dans nos jardins et nos cultures sans avoir recours à ces poisons .
Il insiste sur la santé du sol, sur l’importance de le faire vivre correctement, sur l’alimentation adéquate de la plante par le sol (sans poisons chimiques) pour parvenir à obtenir des plantes et des récoltes saines, rejoignant ainsi les préoccupations des promoteurs et usagers de ce site.

Il y a plusieurs années que je recherchais ce livre qui est régulièrement cité par de nombreux auteurs.
Il vient d’être réédité. Lisez-le ! Il n’est pas nécessaire d’être ingénieur pour le faire.

Les Plantes Malades des Pesticides de Francis Chaboussou, Editions d’Utovie, 2011.

Et en post scriptum de cet article, je vous invite à regarder un des derniers TCS (n°68, juin juillet 2012), revue écrite par et pour des agriculteurs pourtant utilisateur de pesticides, le dossier sur le glyphosate avec des données qui vont exactement dans le même que ce que nous présente Bernard ici avec ce livre !

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Jardinons

Découvrons les « buttes lasagnes »

Une pratique de plus en plus prisée des jardiniers et en particulier de ceux qui comme vous sont sensibilisés à l’importance de la vie dans le sol est la butte Lasagne. Concrètement, il s’agit d’une butte composée non pas de terre, mais d’une succession de couches de matériaux divers et variés et pour la plupart organiques. L’intérêt d’une telle pratique consiste en la valorisation de toutes sortes de matières organiques qui sont souvent considérées comme des déchets et aussi de pouvoir mettre en culture des terre très peu fertile, voire complètement artificialisées (tassées, goudronnées, bétonnées…), ce qui est particulièrement intéressant dans un contexte urbain notamment, mais qui peut aussi tenter les jardinier ruraux !

La suite de cette article est écrite à partir de textes originaux de Jacques, que vous connaissez tous, et de Caroline, lectrice, collègue et amie qui fait son jardin sur les coteaux du Gers.

Cette technique, mise au point par Patricia Lanza, une jardinière Américaine qui, ne sachant comment se débarrasser des déchets de son restaurant et du jardin, eut l’idée de les empiler par couches successives en alternant matières brunes (carbone) et matières vertes (azote), sur une épaisseur d’environ trente centimètres, le tout abondamment arrosé pour créer une fermentation, et planter des légumes sur ce substrat.

Les principes de « construction » sont les suivants :

–  favoriser des sources de carbone variées pour apporter des sucres (tontes, épluchures…), de la cellulose (paille, carton, foin…) pour les lombrics, de la lignine (paille, BRF, sciure…)

– alterner le carbone et l’azote, ce dernier étant apporté par les tontes de gazon, les déchets de cuisine, les composts, le vermicompost…

– apporter des « inocula de faune et flore » divers et variés dans toutes la construction: compost (riche en micro-organismes), vermicompost (riche en micro-organismes eisenia à tous stades de développement), bois pourri (riche en champignons), purins de consoude ou autre (riche en micro-organismes) …

– on peut rajouter une poignée de basalte ou de cendres de cheminée pour booster la présence de sels minéraux

– penser à favoriser une structure aérée en plaçant des branches ça et là au fur et à mesure de la construction

– privilégier les matériaux locaux, qu’on a sous la main (ou on invite les voisins à déposer leurs tontes ou autres déchets verts qu’ils ont la méchante habitude de brûler)

– mieux vaut beaucoup de couches fines qu’une grosse couche trop épaisse (attention à l’excès de sciure qui peut « colmater » la butte)

– arroser (la butte doit être humide mais pas dégoulinante, comme une éponge dont on ne tirerait qu’une seule goutte si on l’essorait) et couvrir d’une bonne épaisseur de mulch (carton, paille, foin)

Voici par exemple ce qu’a réalisé cet été Caroline :

Dans une butte délimitée par vielles poutres de chêne, elle a disposé successivement directement sur l’herbe :

– Cartons ;

– Souche partiellement pourrie et branches de peuplier en décomposition (diam 5-10 cm) ;

–  Vieux foin (riche en carbone, cellulose) ;

–  Branches de haie fraîchement coupées, grosses adventices ligneuses (malvacées, bourraches en fin de floraison…) ;

– Déchets de cuisine (épluchures, marc de café, coquilles d’œufs… riches en azote et minéraux) ;

– Litière des lapins (50/50 carbone (paille)/azote (déjections animales))…

– Tontes fraîches (riches en azote) ;

– Copeaux/sciure de bois non traité en fines couches (très riche en carbone) ;

– Inoculum frais de compost ;

– Inoculum frais de vermicompost avec les eisenia encore présents ;

– Une avant-dernière couche plutôt humide (type déchets de cuisine ou adventices fraîchement arrachées) tout en haut, pour protéger les eisenias de la chaleur d’été ;

– Une bonne couche de mulch pour garder l’humidité de la lasagne (important pour le bon développement de la faune/flore du sol vivant): paille ou foin.

La lasagne a été bien arrosée entre chaque niveau de « construction » (eau de pluie, puits ou mare, de préférence). On peut aussi s’amuser à l’arroser avec un purin de consoude ou un autre type d’inoculum, ou même inviter les enfants et les visiteurs de passage à uriner dessus (excellente source d’azote) au grand bonheur de tous … on peut marcher dessus un peu pour tasser avec modération si l’on a mis beaucoup de branches.

Voici son récit de la mise en culture :

« Fin août, j’ai repiqué des plants de choux sur la butte expérimentale (qui ne fait plus que 20 cm de haut au lien de 40). La lasagne, après 2 mois sans arrosage malgré les fortes chaleurs gersoise de juillet et août et son exposition plein sud sans ombre, est « fraîche et humide ». Elle a l’aspect d’un terreau noir, à la consistance de semoule. Elle sent « bon » le sous-bois forestier (les champignons !).

Elle « grouille » tellement de vie (eisenia, cloportes) que je m’inquiète pendant 24 heures: toute cette faune va-t-elle se ruer sur les plants de choux et ne faire qu’une bouchée des racines, voire des parties aériennes ???


Fin septembre: les choux sont magnifiques, excellent développement foliaire, peu d’attaques de ravageurs malgré la conduite en bio sur une zone où la pression des altises est notoirement forte. Je ne les ai arrosés que 2 fois en 1 mois (une fois au repiquage puis une autre fois 2 semaines après): 1 L pour chaque plant à chaque fois »


De telles observation sont monnaie courante semble-t-il, Jacques a fait des observations semblables, du moins pour la première année, car la deuxième semble ne pas être aussi formidable. Voici le récit de son expérience et les réflexions qu’il en tire :

«  Avril 2011 : avec l’aide de l’employé municipal et des institutrices nous avons installé un mini jardin pédagogique à l’école maternelle de Séron (Hautes Pyrénées).  Je venais de lire le livre de Jean-Paul Collaert « l’art du jardin en lasagne ».

J’ai donc décidé de profiter de l’occasion pour tester la lasagne.

Le résultat a été extraordinaire  (voir photos ici : http://lagranderecree.asso-web.com/) légumes et fleurs se sont développés de façon spectaculaire, et cela sans arrosage. Ce résultat m’a tout de même laissé perplexe quand à la teneur en nitrates de ces légumes.

Avril 2012 la lasagne s’était affaissée de dix centimètres, j’ai rajouté du compost maison pour compenser la perte de matière, et nous avons fait de nouvelles plantations. Et la, première surprise, les légumes ont eu beaucoup de mal à démarrer, ont végété, le sol s’est rapidement desséché et il a fallu arroser. Au cours de l’été, le jardin n’a pas été régulièrement arrosé et les légumes ont très peu donnés.

Ce que je retire de cette expérience :

La lasagne est un milieu artificiel avec de très bons résultats la première année puis un épuisement rapide des éléments nutritifs.

Elle nécessite beaucoup de travail et il vaut mieux avoir tous les matériaux sur place.

Le coté positif, est que cela permet de cultiver sur des sols pauvres, caillouteux, voire sur le béton ou le ciment. Ce peut être l’occasion de rassembler un groupe, travailler dans la convivialité et apprendre ainsi à recycler des matériaux destinés à la déchetterie. »

Quant à Caroline elle tire la conclusion suivante de son expérience :

« Même si ces lasagnes ne sont pas généralisables à l’échelle agricole, je pense qu’elles sont un bon exercice pédagogique pour identifier, localiser, et mettre en oeuvre des matériaux courants qui font réfléchir à la vie du sol, comprendre les grand principes agronomiques de l’azote/carbone, de la lignine/cellulose, de l’eau/air et de toute la belle vie qui s’installe là-dedans … et nous donne de belles récoltes en cadeau … et puis c’est ludique et même carrément libérant car c’est un vrai bazar (!), une cuisine qui n’est jamais la même en fonction des matériaux verts qu’on a sous la main (parties aériennes de vesces en juin, énormes verdures de courges en septembre). »

Voilà je vous invite à donner vos sentiments quant à ces deux témoignages et à nous partager vos expériences de buttes lasagnes et les réflexions que cette expérience vous inspire !

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Observons

Le trèfle incarnat: pas seulement une plante de couvert !

Cet article est écrit dans le cadre d’un carnaval d’articles organisé par le blog jardin de Jenny. Jenny souhaite recueillir l’avis d’un maximum de personnes sur leur plante, légume ou fleur fétiche ou sur leur recette de cuisine préférée. Lorsque les articles des internautes auront tous été rédigés vous pourrez  retrouver un résumé sur le blog de jenny (avec un lien vers l’article).

Dans un jardin, il y les plantes que l’on cultive pour le ravissement des yeux, d’autres pour les celui des papilles et d’autres encore pour aider les deux premières catégories à pousser : il peut s’agir de plantes qui attirent sur elles ou au contraire éloignent certains ravageurs ou encore des plantes qui améliorent le sol. Etant un spécialiste et amoureux des sols vivants, j’ai choisit une plante parmi ces dernières.

Les plantes qui améliorent le sol sont utilisées comme couvert végétal ou engrais vert. Parmi celles-ci nombreuses sont celles qui appartiennent à la famille des légumineuses et au sein de cette vaste famille, je vous propose de découvrir ici le trèfle incarnat !

photo issue du site naturellementmail.free.fr

Qui est-il ?

Cette petite plante annuelle fait partie du genre Trifolium qui regroupe tous les trèfles. Il est originaire des pelouses méditerranéennes sèches (comme chez moi en Ardèche méridionale où on le voit régulièrement au printemps). Il se caractérise par une magnifique floraison printanière au rouge éclatant qui le fait surnommer par Joseph Pousset, agriculteur bio en Normandie et consultant de renom, « l’or rouge » ! Et il faut bien reconnaitre que ce surnom est tout à fait légitime à la vue d’un champ de cette plante en pleine floraison ! Toutefois, il peut arriver, comme c’est le cas dans les pelouses autour de chez moi que l’on rencontre des formes plus discrète à la floraison blanche et rose.

C’est une plante qui se sème en fin d’été, pas plus tard car sa plantule fragile risquerait de trépasser dès les premières gelées. Il fleurit entre mi-avril et mi-juin.

Pourquoi est-il intéressant ?

Tout d’abord, il appartient à la famille des légumineuses et à l’instar de tous ses frères et sœurs, il abrite dans ses racines des bactéries capables de se nourrir de l’azote de l’air, ce qui lui permet, après sa mort, d’enrichir le sol en cet élément si précieux, à condition bien sûr de laisser sur place ses parties aériennes !

Son puissant système racinaire, capable de se développer fortement dès la fin de l’hiver lui permet aussi d’aérer le sol en profondeur !

Ensuite il est parmi les trèfles un des rares à être annuel. En effet les trèfles plus communs en France (trèfle blanc, trèfle violet…) sont généralement vivaces, ce qui est très intéressant pour des cultures fourragères, mais beaucoup moins dans un couvert végétal qui ne peut occuper le sol que quelques mois dans l’année. Cela le rend donc beaucoup plus facile à détruire si l’on doit mettre le sol en culture au printemps. Si on peut attendre l’été, c’est encore plus simple puisqu’il meurt naturellement après la floraison.

A l’instar des autres trèfles, il est également très mellifère.

Est-ce uniquement une plante de couvert végétal ?

Non, bien sûr ! Autrefois il était couramment pâturé ou utilisé comme fourrage, mais son cycle annuel le rend moins productif que des trèfles ou autres légumineuses vivaces ou bisannuelles (luzernes, sainfoin, lotier…). De sorte que malgré ses intérêts nutritionnels, sa culture a été plus ou moins abandonnée. Elle a toutefois tendance à revenir actuellement grâce au nouvel engouement pour les couverts végétaux.

Et puis aussi, même s’il n’est pas très utilisé à cette fin, sa magnifique floraison pourrait lui offrir une place de choix dans les massifs d’annuelles de nos villes et de nos jardins !

Donc au final : couvert végétal fixateur d’azote, décompacteur du sol, mellifère et qui cède sa place naturellement au bout de huit à dix mois, plante de fourrage et de pâturage et potentiellement plante qui illumine les massifs d’ornement, c’est plutôt complet comme tableau ! Il lui manque juste d’être comestible pour nous, mais consolons nous, il aide les cultures suivantes à produire plus sur un sol en meilleure santé !

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Un peu de théorie

Le greffage : pourquoi ? Par Jacques Subra

Je reprend un article écris en 1993 pour la revue : Du Sol A La Table, en l’actualisant, pour définir les raisons du greffage et comment j’ai appris à greffer.

Dans mon enfance, le Mois de Mars venu, j’accompagnai mon Père le long des haies et dans les bois de notre Ferme Ariégeoise à la recherche de jeunes Francs d’arbres fruitiers pour les greffer. Principalement des merisiers, pommiers, pruniers.

Les chemins et allées de la Fermes étaient bordés d’arbres fruitiers dont nous vendions la production aux épiciers et primeurs des environs, ce qui nous procurait un complément de revenu non négligeable. A cette époque, les Fermes étaient souvent de petites surfaces, en polyculture élevage, et il fallait tirer profit de toutes les productions : animaux, légumes, fruits, céréales, bois…

Dans nos campagnes, beaucoup de savoir-faire, légué de génération en génération, s’est perdu. L’art du greffage en fait partie. Autrefois pratiqué par beaucoup de Paysans, il est de nos jours affaire de spécialistes ou d’amateurs passionnés.

L’hyper spécialisation de l’agriculture, les remembrements des propriétés entraînant la destruction du maillage de haies abritant beaucoup d’arbres fruitiers a fait disparaître quasiment tous les vergers familiaux.

Pourquoi greffer ? Si l’on sème un pépin ou un noyau de fruit, on a une chance infime de reproduire la variété fruitière désirée. Il faut donc greffer en prélevant sur l’arbre que l’on veut multiplier, un rameau de l’année que l’on insère sur un jeune sujet issu de semis ou de marcottage : le porte-greffe.

Il existe plusieurs techniques de greffage et différentes variétés de porte-greffes en fonction de la forme et la vigueur que l’on désire pour l’arbre.

Actuellement ou tout le monde parle de protection de l’environnement, pourquoi ne pas planter des forêts mixtes et des haies fruitières ? La faune sauvage aurait un garde-manger bien garni et le promeneur pourrait se régaler de quelques fruits naturel. La biodiversité serait ainsi enrichie pour le bien de tous.

Dans chaque région de France, il existe des associations pour la sauvegarde et la multiplication des anciennes variétés fruitières. La plus connue est l’Association de Croqueurs de Pommes.

Dans le Sud-ouest, nous avons le CVRA ( Conservatoire Végétal Régional d’Aquitaine) dont le siège et le verger conservatoire se situe a Montesquieu près d’Agen dans le Lot et Garonne. Je suis adhérent et bénévole depuis 1986.

Evelyne Leterme, la directrice et créatrice de ce conservatoire a écris plusieurs ouvrages sur le greffage, la taille, la plantation et l’entretien des arbres fruitiers de variétés anciennes. Divers stages sont également organisé.

Une haie fruitière au conservatoire d'Aquitaine

Depuis 1996, date à laquelle la première haie fruitière a été implantée au verger de Montesquieu, le Conservatoire aide et encourage leur multiplication. Plusieurs haies exclusivement composées de fruitier ont ainsi été implantées dans des vergers conservatoire départementaux ou chez des particuliers. Le principe est d’alterner arbres demi-tige et haute tige avec en intercalaire des fruitiers moins vigoureux que l’on rabat deux fois par ans à un mètre de haut. Les écartements entre arbres tige est de 4 à 5m, les plants de bourrage sont plantés tous les mètres. On utilise toutes les espèces disponible localement pour une biodiversité maximum. Ce genre de haie ne nécessite aucun traitement, l’équilibre parasites-prédateurs s’obtient par la diversité des espèces.

J’espère qu’après cette lecture vous aurez envie d’apprendre à greffer et planter des haies fruitières !

Jacques

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Observons

« ça fait pas propre »

« La notion de propreté dans un jardin, c’est ce qu’il y a de pire pour le jardin… Parce que c’est aussi anti-biologique, ça n’a pas de sens en réalité. Donc je suis partit du fait que ces question là n’avaient pas à être introduites dans un mode de gestion écologique »

Gilles Clément – extrait de la vidéo « la réitération des arbres » http://www.dailymotion.com/video/x46c6f_gilles-clement-la-reiteration-des-a_tech

J’ai trouvé cette phrase magnifique sur le blog d’une de mes lectrices, inutile de préciser que j’adhère sans réserve à cette approche !

Et j’ai envie de développer un peu la réflexion proposée par Gilles Clément en l’appliquant au potager, ce qui est un peu différent du thème exploré dans la vidéo.

Visitons un peu la considération des plantes spontanées au jardin : elles sont considérées comme « mauvaises herbes », les espaces qu’elles envahissent sont « sales », les agriculteurs parlent même de « salissement » pour parler de l’enherbement d’un champ !

A l’opposé, une terre nue entre des rangées de plantes cultivées bien alignées et toutes identiques est considérée comme « propre », peu importe que cette terre soit compactée par les passages, les pluies et l’irrigation, qu’elles soit sensible à l’érosion, appauvrie en vie et en matière organiques…

Bien entendu, l’amalgame entre la tenue d’une maison et celle d’un jardin est immédiate, mais la rigueur requise dans une maison l’est-elle aussi au jardin ?

On comprendra aisément que si la crasse, le désordre et la poussière sont des nuisance visuelles et sanitaire à l’intérieur des maisons, il n’en est pas de même au jardin ou les plantes spontanées apportent de nombreux intérêts : fleurs, biodiversité, biomasse, couverture du sol, fixation d’énergie solaire et de carbone atmosphérique… Bien sûr il est indispensable de les contrôler afin qu’elles ne défavorisent pas nos culture, en particulier en été pour la concurrence en eau, mais cela ne justifie en rien d’appliquer au jardin la « propreté » requise pour une paillasse de laboratoire !

Bien sûr, j’imagine que la plupart d’entre vous sont au moins en partie libérés d’une telle vision, mais je vous invite à aller un peu plus loin : Pourquoi ce besoin d’un jardin « propre » si présent dans notre société ? Qu’est ce que cela fait à l’esprit, les « mauvaises herbes » ?

Je n’ai évidement pas les réponses définitives à ces questions, mais je vous invite simplement à faire l’expérience de relier cela à la rupture que connais notre monde désormais très urbain d’avec la nature profonde, sauvage. En d’autres termes, ce besoin de propreté, ne serait-il pas une expression de la peur de la nature. Et donc, si l’on suit le raisonnement de François Terrason (auteur du formidable essai « la peur de la nature »), la peur de nos propres émotions ?

Je vous laisse la réflexion à ce stade pour ce soir, dites moi comment cela vous parle dans les commentaires !

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Jardinons

Des sols vivants aussi en espaces verts urbains !

Fin mai dernier j’avais animé une formation auprès des agents d’espace vert de la communauté d’agglomération de Val Maubuée à Marne la Vallée (77). Lors de cette journée,  nous avions entre autre visité un site arboré où l’herbe commençait à avoir du mal pousser. Les responsables du site souhaitaient mettre en valeur par des plantation de vivaces d’ornement appréciant l’ombrage de l’endroit (pervenches…) cet automne.

Après discussion avec les agents techniques nous avons convenu du protocole suivant à mettre en oeuvre pour préparer le sol sans le travailler, les travaux ont été réalisé au début de l’été (les photos m’ont été transmise par le directeur des services espaces verts) :

– paillage directement sur l’herbe avec des cartons, afin de faciliter le désherbage.

– puis paillage avec une épaisse couche de foin:

– en enfin pour des raison d’esthétique et surtout de risque d’incendie du foin par des mégots de cigarettes, le tout a été repaillé avec quelques centimètres de BRF:

Voilà pour cette petite galerie, j’espère que l’expérience sera concluante et que ce type de pratique se verra de plus en plus dans nos villes de France et de Navarre !

Cela montre que les pratique sol vivant que nous développons au potager sont aussi à expérimenter dans d’autres domaines, comme les vergers ou les espaces vert urbains comme ici!

Si vous avez aussi des expériences de ce type de mise en place de vivaces sans travail du sol (du moins pour la préparation, car il faudra bien creuser un trou pour la plantation 😉 ), je vous invite à les partager dans les commentaires ci-dessous!

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Jardinons

Jardinage debout pour jardinier malin, ebook de Loïc Vauclin

Je ne vous présente plus Loïc qui a écrit deux articles sur ce blog et co-écrit le livret « en symbiose avec son potager » :
Le potager, une source d’étonnement

Le jardin de Loïc à Rouen

En symbiose avec son potager

Courant juillet, il a mis en vente un livre électronique destiné aux jardinier qui souhaitent cultiver sur des planches surélevées que je vous présente ici.
Voici sa présentation de son travail :

Pour la plupart des jardiniers, c’est évident ! Il faut se baisser pour cultiver ses légumes. L’idée de mettre la terre à sa hauteur les fera bien rigoler.

Après avoir lu ce guide et construit votre potager surélevé c’est vous qui allez rire !

Vous aimez travailler au potager mais après une journée :
* Vous avez l’impression d’avoir vieilli de 10 ans.
* Vous vous tenez le dos pour vous redresser.

Vous êtes découragé car vous savez que :
* Il faudra recommencer tout le travail de nettoyage et désherbage.
* vous ne parvenez pas à éliminer les liserons et chiendents.

Vous adorez semer et récolter mais :
* Vous enragez contre les limaces qui dévorent tout.
* Vous chasser les chats qui prennent vos carrés de potager pour leur litière.
* La moutarde vous monte au nez quand les oiseaux viennent gratter dans vos semis.

Pourtant il existe un moyen de résoudre toutes ces difficultés, il faut simplement surélevé la terre et la poser sur 4 pieds.

Vous avez déjà vu ces bacs à jardiner dans le commerce mais :
* Ils vous semblent très chers. (comptez 140€ pour un bac de 120 cm par 60 cm)
* Leur conception vous paraît fragile.
* Ils ne sont pas connectés au sol.

Votre carré de potager surélevé prêt en une journée. (Ne vous levez pas à 11h !)

Après avoir travaillé des heures entières à concevoir un modèle de bac surélevé et réaliser plusieurs maquettes, je vous livre étape par étape avec des centaines de photos commentées le secret de sa conception. Ce modèle de bac n’est pas disponible sur le marché, vous allez le construire vous-même.
Ça vous fait peur, vous allez me dire :

* Je n’y connais rien en bricolage !
* J’ai deux mains gauches.
* Je n’ai pas d’outils.
* Je ne sais pas ce qu’il faut acheter !

Pas de panique, c’est tout l’intérêt de ce guide. C’est « un livre outil ». Vous allez enfin pouvoir dire c’est moi qui l’ai fait !

La conception de ce bac est simple et facile à réaliser, c’est la meilleure opportunité pour vous lancer dans votre premier bricolage.

Voilà pour en savoir plus sur ce guide, c’est ici : Jardinage debout pour jardinier malin

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Jardiniers-reporters

Les sols vivants au verger par Yann Labuche

Suite à une question posée par un de nos lecteurs communs à propos de la gestion des vergers avec paillage et enherbement, Yann Labuche, du site Terre d Humus, a écrit une réponse fort complète. J’ai eu envie de vous partager ici sa réflexion approfondie de la question et de la soumettre à vos réactions ! Ses idées n’ont pour l’instant pas été mises en pratiques, il les tient de lecture d’essais du GRAB (Groupe de Recherche en Agriculture Biologique), d’échanges avec des arboriculteurs, et d’observations sur son mini verger (2 pommiers, 1 mini poirier, 1 abricotier, 1 pêcher, …..). Les points soulevés concernent la gestion de l’eau, l’enherbement et l’utilisation de BRF. Voici les réflexions de Yann :

La gestion de l’eau et les paillages

Le risque de manque d’eau est en partie lié à la nature du porte greffe : Porte greffe faible = enracinement superficiel = pas d’autonomie de l’arbre en eau = Paillage indispensable

Il convient de rechercher la nature des portes greffes pour chacun des arbres. Pour simplifier les arbres sont vendus soit comme basse tige (mise à fruit rapide, arbre de petit développement, enracinement superficiel), soit comme plein vent (mise à fruit lente, arbre vigoureux, 5 à 8 m de haut pour le pommier, enracinement puissant, arbre autonome en eau, pas besoin de paillage après les 2 premières années) soit comme demi-tige (porte greffe M106 pour le pommier par exemple), au comportement intermédiaire.

L’enherbement

Il faut distinguer d’une part l’enherbement au pied de l’arbre et dans un rayon correspondant à celui exploré par les racines, et d’autre part l’enherbement entre les rangs d’arbres.

– Celui entre les rangs d’arbres est à laisser selon moi pousser naturellement. Entretien par rolofaca ou rouleau à gazon (en béton bien lourd)  quand il y a besoin d’accéder pour la récolte ou autre.

L’enherbement naturel est plus varié à terme que n’importe quel mélange artificiel et est parfaitement adapté au terrain. Il attire une faune auxiliaire précieuse (prédateurs des pucerons par exemple, et de l’ennemi public N°1 du pommier, le carpocapse)

Peut-être une seule fauche par an ou tous les deux ans pour éviter que des arbres semés par les oiseaux ne s’installent dans le verger (prunellier, ronces, aubépines, suivant la flore alentour)

– Celui au pied des arbres :

Porte greffe faible : ces arbres sont peu adaptés pour faire face à la concurrence de l’herbe et pour être autonome vis-à-vis de l’eau. Donc Pailler en permanence, varier les apports BRF paille gazon, feuilles. Attention à ne pas mettre trop épais, car les racines remonteraient et l’arbre risque de se déchausser. Je n’ai pas d’expérience sur la question pour donner un chiffre précis d’épaisseur. Je partirais sur 7 cm maxi de BRF ou la fauche de 5 à 10 fois la surface à pailler.
Il est primordial de faire des apports annuels pour maintenir constante l’épaisseur du paillage. Faute de quoi les racines qui malgré tout ont tendance à remonter se retrouveraient exposées au manque d’eau en période de sécheresse.

Porte greffe fort ou intermédiaire : je ne pense pas que l’enherbement concurrence les arbres, une fois ceux-ci installés, mais à la condition donc que le porte-greffe soit demi-tige ou plein vent.

Quant à la fauche, elle risque de créer une concurrence, en stimulant la repousse des graminées, gourmandes en eau et en azote.

Cela dit, les deux ou 3 premières années de l’installation de l’arbre, un paillage des arbres sur porte greffe fort ou intermédiaire est utile pour permettre à l’arbre de s’implanter et limiter la concurrence des herbes spontanées.

Il me semble utile au pied des arbres de favoriser la présence de légumineuses, qui limitent l’alternance : luzerne, trèfle blanc…

Mais je pense que des plantes avec des enracinements profonds comme la luzerne peuvent augmenter la pénétration de l’eau dans le sol. Je mettrais luzerne avec plein d’autres plantes car la luzerne seule risque d’amener trop d’azote et de maladies.

Attention : la zone explorée par les racines va souvent au delà de ce que l’on imagine et peut dépasser cinq mètres pour les arbres adultes demi-tiges, soit au minimum l’aplomb de la couronne, là où l’eau ruisselle pendant la pluie, tandis que le dessous de l’arbre est sec…..

Les BRF

Ils peuvent être utilisés pour enrichir la terre en humus. Les mettre en couche fine (1cm max en concentrant sur une couronne de deux mètres de large, là où sont les racines.). Faire un apport annuel ou tous les deux ans, pour augmenter en douceur le taux d’humus du sol.

…… et il est possible d’expérimenter s’il y a hésitation entre plusieurs approches. Faites un arbre d’une manière, un arbre de l’autre et observer. C’est ainsi par l’essai et l’observation que l’on apprend.

La vérité est dans les feuilles des arbres, pas dans celles des livres, dit un proverbe zen…

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L’ambroisie, une plante à éradiquer, vraiment ?

Depuis le mois de mai, je cultive avec ma compagne un jardin de 200m2 sur la commune de Chandolas en Ardèche méridionale, sur les rives du Chassezac, principal affluent de l’Ardèche. C’est un terrain sableux pauvre en activité biologique et en matières organiques, autrement dit, un terrain très intéressant pour expérimenter des pratiques visant à cultiver sur un sol vivant ! Comme toujours il est très instructif d’observer les plantes spontanées sur la parcelle, or ici, la principale d’entre elles est, et de loin, la terrible ambroisie (Ambrosia artemisiifolia L., voir photo ci-dessous).



Pourquoi terrible ?

Tout d’abord elle fait partie de ces plantes exotiques très bien adaptées aux conditions qu’elles trouvent chez nous, les plantes dites « invasives », comme le buddléia, l’ailante, la renouée du Japon et bien d’autres. Ces plantes posent problème en ce sens qu’elle prennent la place des plantes et modifient profondément les écosytèmes, de sorte que de nombreuses espèces végétales et animales se retrouvent peu à peu exclues de leur biotope naturel. Sur ce thème, je vous recommande au passage l’ouvrage délicieusement politiquement incorrect de Gilles Clément « Eloge des vagabondes ».
L’ambroisie (à laquelle Gilles Clément consacre bien entendu un chapitre) est originaire des déserts d’Amérique du Nord et s’implante sur la plupart des sols mis à nus et déstructurés par des travaux d’aménagement ou des pratiques agricoles.

Ensuite son pollen est fortement allergène, d’où les campagnes menées pour l’éradiquer. Voir par exemple le site ambroisie info pour plus d’informations.

Et enfin, terrible par le diagnostic qu’elle nous permet de réaliser, voici ce que Gérard Ducerf en dit dans son encyclopédie des plantes bio-indicatrices :

« l’ambroisie, plante annuelle, pousse naturellement dans les zones désertiques. Sa présence permet de comprendre les modifications du sol cultivé ou modelé par des pratiques humaines. La germination de la graine d’ambroisie est due à la perte d’humus, à la déstructuration des argiles par les intrants chimiques, qui provoque la perte de cohésion des sols réduits en poussière. L’ambroisie nous dit : « Vous fabriquez un désert artificiel » ».

Très intéressant, ma foi ! Cela signifie que nous sommes sur un sol en très mauvais état, cela me plaît bien finalement. Mais alors se pose la question : que faire avec cette plante embarrassante : d’un côté, nous sommes tenu de faire ce que nous pouvons pour empêcher sa prolifération (allez on y croit !), d’un autre, je suis toujours aussi peu enclin à faire du jardin propre où la nature ne doit pas avoir sa place. Or vu le contexte, laisser de la place à la nature, c’est laisser une place à l’ambroisie.

Et si on utilisait l’ambroisie à notre propre avantage ?

J’avoue qu’en arrivant sur ce terrain, je n’avais jamais vu cette plante, même si j’en connaissais le nom depuis des nombreuses années. Je ne me suis donc pas méfié… Et lui ai trouvé plein d’attraits : tout d’abord sa vigueur végétative nous permet d’avoir en permanence tout plein de biomasse à faucher pour pailler le jardin, ensuite sa tige ligneuse en fin de cycle me semble très intéressante pour réamorcer l’enrichissement en matières organiques stables un sol qui en est fort peu pourvu !

Et en plus, il s’agit d’une annuelle, donc d’une plante assez facile à contrôler par simple sarclage : pas de rhizome ou pivot vivace résistant au désherbage manuel.

Finalement, je ne suis pas si traumatisé d’être envahi par une si merveilleuse mauvaise herbe…

Voici donc ma proposition pour ceux qui, comme moi, doivent faire face à cette plante :

Au lieu de chercher à l’arracher systématiquement, vous pouvez vous contenter de la faucher avant floraison, afin d’éviter le problème du pollen allergène, et de laisser la biomasse au sol pour que celle-ci participe à l’amélioration du sol. Peut être que d’année en année, le sol s’améliorera et que la plante disparaîtra d’elle même, comme dans les prairies voisines où elle est totalement absente… Si c’est votre potager qui est envahi, c’est formidable, vous avez un couvert végétal d’été tout trouvé, même pas besoin de le semer !

Le produit de la fauche peut être aussi utilisé exporté comme paillage, mais dans ce cas, on ne permet pas le retour de matière organique au sol qui pourrait permettre à moyen terme la disparition de la plante si redoutée.

Une fois fauchée, la biomasse laissée au sol permet d’améliorer celui-ci: cela incitera-t-il l’ambroisie à déménager de cette parcelle? réponse dans quelques années!
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Un peu de théorie

Limaces et compagnie… Par Jacques Subra

Jacques subra nous fait une fois de plus l’honneur d’un de ses articles, traitant cette fois des limaces qui sont considérées comme un problème majeur pour la plupart des jardiniers! Il est amusant de voir que Yann Labuche de Terre d’Humus a lui aussi publié un article sur le même thème au momoent même où Jacques me le proposait (faut croire que ce printemps humide est favorable à ces bestioles 😉 ). Il traite le sujet un peu différemment de Jacques, je vous invite à lire son article à cette adresse: « Quand la limace s’agace » . Mais je laisse la parole à Jacques :

C’est en feuilletant un livre oublié depuis plusieurs années au fond de ma bibliothèque que m’est venu l’idée de traiter d’un problème récurrent pour tout jardinier et en particulier pour nous, adeptes de la couverture permanente du sol :

Les limaces et escargots. Par la couverture permanente nous leurs fournissons les conditions idéales pour s’abriter et se reproduire. Je n’ai pas,hélas, ou heureusement ? trouvé le remède miracle, sinon ma fortune serait faite, mais depuis tant d’années que j’essaie de limiter leurs dégâts, j’ai adopté un compromis qui, s’il n’est pas parfait, m’évite d’avoir recours systématiquement aux appâts empoisonnés.

Le livre en question que je viens de relire : « Les limaces sous contrôle »
De Claudia Graber et Henri Suter paru chez Terre Vivante en Avril 1991, énumère toutes les stratégies respectueuses de l’environnement pour limiter ces prédateurs de nos chères salades !!!

Dans ce livre beaucoup de techniques efficaces, mais testées en jardin laboratoire par des spécialistes qui y consacrent tout leur temps, pas évidentes à appliquer en situation réelle par un jardinier lambda qui n’est pas en permanence dans son jardin et en ce qui me concerne avec une superficie de près de 1000m2. Cet ouvrage est très intéressant car il décrit la biologie des divers gastéropodes, permet de mieux les connaître et donc de s’en protéger. Chacun peut y trouver des idées à adapter à sa situation.

J’ai essayé : la bière, efficace mais a renouveler tous les jours. La cendre : qui perd son pouvoir dissuasif quand il pleut ou après un arrosage. Le purin de limace : une puanteur à faire fuir un renard et qui peut s’avérer toxique ! La clôture de cuivre : valable sur de toutes petites surfaces. Le ramassage de nuit : la nuit je dors ! Les poules : trop de dégâts Etc etc….

Une partie de la solution, c’est encore et toujours la biodiversité. Plus vôtre jardin sera riche en biodiversité et moins vous aurez de problèmes de prédation par les mollusques et autres parasites.

Les prédateurs des limaces, escargots et de leurs œufs sont nombreux : oiseaux, hérissons, taupes, musaraignes, crapauds, grenouilles, salamandres, orvets, carabes, staphylins, milles-pattes, lampyres et bien d’autres… il faut dons leur fournir des abris et des conditions favorables à leur reproduction.

Si vôtre jardin est assez grand, laissez quelques îlots de « friches », des abris – tas de branches (hérissons, orvets) – des pierres (carabes, staphylins) tuiles (crapauds) et bien sûr des arbustes pour les oiseaux, une haie champêtre, et des nichoirs .

Une mare, même petite est indispensable pour la reproduction des grenouilles, crapauds, salamandres…

J’ai beaucoup d’oiseaux, en particulier des merles qui fouillent en permanence dans le mulch à la recherche de vers, œufs et petites limaces. Ils occasionnent quelques dégâts sur les cultures, en particulier sur les semis que je suis obligé de protéger par des grillages, mais le jardinage tel que nous le concevons est une recherche permanente d’un équilibre parasite-prédateur avec pour finalité produire sainement sans nuire à la Terre. Il faut donc accepter un certain pourcentage de perte.

Pour résumer, outre cette recherche de régulation naturelle, quand je le juge nécessaire je protège les plants repiqués par un cordon de cendre, je pose des « pièges » planches et tuiles posés sur le sol ou les limaces et escargots se réfugient, un coup d’opinel et le tour est joué.

Après une pluie, le soir, je fais une visite et je ramasse ou coupe sur place tous ce que je trouve.

En dernier ressort, pour protéger les semis des minuscules limaces difficiles à piéger, j’emploie du Ferramol (granulés de phosphate ferrique non toxique pour les animaux domestiques et la faune sauvage). J’ai acheté un paquet de 800grammes au printemps 2010, je pense en avoir assez pour finir l’année. Je n’en abuse pas !

Comme tous les prédateurs, les limaces et escargots obéissent à la loi universelle du moindre effort, ils s’attaquent en priorité aux plantes fragilisées soit après repiquage, excès d’azote ou arrosage trop important. J’ai remarqué par exemple que les plants à racines nues étaient plus souvent leur cible que les plant en mottes ou en godets. Ces derniers souffrent moins et démarrent plus vite du fait que leurs racines ne sont pas perturbées au moment de la plantation.

Et n’oublions pas que si les gastéropodes existent c’est qu’ils ont leur utilité ! Ce sont les premiers fossoyeurs de la nature, ils se nourrissent de végétaux en décomposition, de cadavres de petits animaux et même des cadavres de leurs congénères ! Ils participent donc à la formation de l’humus, base de la fertilité du sol. Régulons-les mais ne cherchons pas à les exterminer.