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Les urodèles – salamandres et tritons – par Jacques Subra

Après les syrphes et les chrysopes et les crapauds, Jacques poursuit ses chroniques concernant les auxiliaires au jardin avec cette fois-ci les amphibiens Urodèles.

Je vous présente aujourd’hui deux hôtes de mon jardin de la famille des urodèles : La salamandre et le triton. Ils ont besoin impérativement d’un point d’eau pour se reproduire cela nécessite que vous ayez une mare ou un ruisseau à proximité.

La salamandre

On la distingue facilement par ses couleurs vives, jaune et noir, et sa peau luisante. De mœurs nocturne elle s’abrite sous des pierres, une planche ou dans la mousse humide ne sortant que la nuit pour chasser de petits mollusques, insectes et vers. Elle hiverne enfouie dans le sol ou dans des cavités à l’abri du froid et sort vers le mois de Mars. En Avril-Mai la femelle (vivipare) dépose dans l’eau 10 à 70 larves de 3cm avec 4 membres et des branchies externes. Après avoir séjourné dans l’eau plusieurs mois, les larves regagnent la terre ferme et peuvent atteindre 20 cm à l’âge adulte. Elles se reproduisent vers 4 ou 5 ans. Leur peau est couverte d’une sécrétion venimeuse inoffensive pour l’homme. Il existe une salamandre noire, plus petite, mais je n’en ai jamais rencontré. En France on ne la trouve que dans les Alpes.

Salamandre de la jungle humide des Baronnies dans les Pyrénées
Salamandre de la jungle humide des Baronnies dans les Pyrénées

Le triton

Il en existe plusieurs espèces, chez moi il y a le triton marbré de la taille d’une salamandre. La femelle pond une centaine d’œufs qu’elle accroche aux plantes aquatiques. Les tritons sortent de l’eau pour hiverner comme les salamandres. Ils se nourrissent de larves, petits mollusques, œufs de batraciens et même des larves de son espèce.

Triton marbré

Ces deux espèces d’urodèles sont à protéger car elles souffrent de la disparition de leur habitat, mares, zones humide, et sont victimes des voitures quand elles sortent la nuit par temps de pluie.

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Les crapauds par Jacques Subra

Jacques continue sa série sur les auxiliaires au jardin, après les syrphes et les Chrysopes, il nous parle ici des crapauds

Mardi 5 mars 2013, après midi printanière (18°) Je suis dans le jardin quand une animation inhabituelle venant de la mare attire mon attention. Je m’approche et aperçois deux crapauds mâle se disputant les faveurs d’une belle ( ?? ) « crapaude ».
Je vais chercher mon appareil photo pour fixer c’est instant et écrire ces quelques lignes pour partager avec vous. Je suis toujours, et cela ne fait qu’augmenter avec l’age, émerveillé par le miracle permanent de la Nature. Il suffit d’observer dès l’apparition des premiers signes du printemps, et c’est une explosion de vie qui surgit.

accouplement de crapauds communs
accouplement de crapauds communs

Revenons à nos crapauds

Que n’a-t-on pas raconté depuis des siècles sur ce malheureux anoure (anoure : sans queue) Il est absolument inoffensif pour l’homme, on peut le manipuler sans crainte, ses glandes venimeuses dorsales lui servent de défense en cas d’attaque de prédateurs et ne sont activées que s’il y a morsure.
Un jour que je présentais un crapaud aux enfants de l’école maternelle, il m’a pissé dans la main, ce qui les a bien fait rire ! Il y a plusieurs sortes de crapaud, je parle ici du crapaud commun, (Bufo bufo) le plus répandu sous nos climats avec le sonneur à ventre jaune. Chez le crapaud commun on distingue facilement le mâle de la femelle, celle-ci est d’une taille double voire parfois triple que le mâle. Si vous rencontrez un énorme crapaud dans vôtre jardin, c’est une « crapaude » !

Cet auxiliaire précieux pour le jardinier mérite d’être protégé.

Il se nourrit de mollusques, vers, chenilles et insectes divers . Il a besoin d’abris et de caches pour se protéger de la chaleur du jour, car il a des mœurs nocturnes. Un point d’eau ( mare même petite) pour se reproduire. La femelle pond des chapelets d’œufs (6 à 7000) qu’elle accroche aux plantes aquatiques ou aux algues. On ne peut les confondre avec ceux des grenouilles qui sont en paquets gélatineux. Les têtards sont plus gros que ceux de la grenouille, seul une dizaines arriveront à l’âge adulte. Autre particularité du crapaud : il revient sur son lieu de naissance pour ce reproduire, ne ramassez pas un crapaud dans la nature pour l’introduire chez vous, créez les conditions favorables et ils viendront.

œufs de crapauds communs : ce sont les chapelets noirs accrochés aux plantes aquatiques et aux algues au milieu de la photo.
œufs de crapauds communs : ce sont les chapelets noirs accrochés aux plantes aquatiques et aux algues au milieu de la photo.

Comme beaucoup d’animaux, c’est un marqueur du milieu

Il est très sensible à la pollution, sa présence indique un biotope sain. Malheureusement la disparition de mares et zones humide, plus les dangers liés aux voitures participe à sa disparition.
Pour en savoir plus, comment les attirer chez vous et les protéger, il y a d’excellents sites sur internet.

Jacques Subra

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Rongeurs et tourteau de ricin par Christian Lanthelme

Suite à l’article de Jacques sur les taupes, de nombreuses personnes m’ont questionné au sujet des rongeurs, bien plus problématiques au jardin que les tranquilles prédateurs que Jacques nous a décrit. Au cours de mes conférences et formations, j’ai plusieurs fois entendu des praticiens parler du tourteau de ricin comme solution adapté, j’ai donc proposé à mon collègue blogueur Christian Lanthelme, du blog conseil coaching jardinage, utilisateur de ce produit de nous en dire un peu plus.

Le ricin est une Euphorbiacée tropicale (ici spontanée en bord de route au Bénin) qui peut atteindre 2m de haut en une saison ! Elle est très utilisée en France en ornement. Dans les pays tropicaux, elle est cultivée dans de nombreux but : énergétique, cosmétique, pharmaceutique...
Le ricin est une Euphorbiacée tropicale (ici spontanée en bord de route au Bénin) qui peut atteindre 2m de haut en une saison ! Elle est très utilisée en France en ornement. Dans les pays tropicaux, elle est cultivée dans de nombreux but : énergétique, cosmétique, pharmaceutique…

Le tourteau de ricin est le reliquat de l’industrie de l’huile de ricin. Il se présente sous la forme d’une poudre assez grossière et quasiment sèche. Il s’agit du reste des graines de ricin broyées, écrasées, dont on a extrait l’huile. Le tourteau de ricin est vendu en jardinerie comme forme d’engrais de fond contenant principalement de l’azote (N).

Vous vous rappelez? La formulation des engrais se donne en N.P.K.

N c’est l’azote, P pour le phosphore et K pour la potasse. Pour le tourteau de ricin, la formule est N=5 à 6 %, P=2 à 3 % et K=1%. Ces données sont des chiffres moyens. Ils peuvent varier suivant la provenance du ricin. Donc le tourteau de ricin est équivalent à un engrais de type 6.3.1, à la différence près qu’il est à diffusion lente car il faut d’abord que les micro organismes du sol le dégradent avant que les éléments nutritifs puissent être disponibles pour la plante.

Vu son effet à moyen terme, il vaut donc mieux s’en servir comme engrais de fond. Mettez le 3 à 4 semaines avant vos plantations pour qu’elles puissent en profiter dès le départ. C’est un amendement qui n’acidifie pas le sol, son PH étant de l’ordre de 6 à 7 et son taux de M.O (matières organiques) avoisinant les 80% favorise la vie du sol.

Le tourteau de ricin est toxique

Attention le tourteau de ricin est très toxique pour les animaux et les hommes.

Les graines de ricin contiennent une substance appelée « ricine » qui  est un poison violent même à petites doses. Une  graine peut contenir de 0.2 à 5 % de ricine suivant sa provenance.

Pour une souris, la DL50 en voie orale est de l’ordre 20 – 30 mg ricine /kg de poids corporel. Pour ceux qui ne connaissent pas, la DL50 est La dose létale médiane, c’est un indicateur qui mesure la dose de substance causant la mort de 50 % d’une population animale donnée.

Si elles sont consommées, 3 graines peuvent être fatales à un enfant et 6 à 8 graines pour un adulte et même une seule pour un chien.

Toutefois le tourteau ayant été déshuilé, il peut être un peu moins toxique.

Prenez vos précautions

Manipulez le tourteau avec des gants. Lorsque vous en épandez dans votre jardin, enfouissez-le de suite à l’aide d’une griffe. S’il vous en reste dans votre sac, fermez celui-ci solidement et mettez-le hors de portée des enfants et animaux domestiques.

Cette toxicité est tout de même un atout majeur pour votre jardin.  Elle élimine ou chasse bon nombre de ravageurs. Le tourteau de ricin fait fuir ou tue les campagnols et mulots qui y goûtent et de même pour les vers blancs. Il  aurait également un pouvoir nématicide , mais cela est très difficile à constater dans son jardin, à moins d’avoir du matériel de laboratoire.

Pour ma part, j’incorpore 25 kilos de tourteau de ricin, tout les deux ans, en fin d’hiver, dans mon potager et je n’ai aucun souci de campagnols.

Si vous avez des problèmes avec des campagnols ou mulots dans un coin de votre jardin, préparez des pommes coupées en petits dés, mélangez avec du tourteau de ricin. Vous mettez cette préparation dans leurs galeries et vous rebouchez soigneusement le trou. La gourmandise de ces petits ravageurs va leur jouer un mauvais tour et vous en serez vite débarrassé.

Si vous voulez juste vous en servir comme engrais de fond sans prendre de risque avec la toxicité, sachez qu’il existe du tourteau de ricin détoxifié. C’est un tourteau qui sert en général pour l’alimentation animale. Ce tourteau a été passé dans une étuve durant 15 mn à 125°c et ainsi la toxine  est détruite. Malheureusement ce genre de tourteau détoxifié est difficile à trouver.

Normalement le tourteau utilisable comme engrais suit également ce processus, mais pour cet usage, le traitement par chauffage est souvent insuffisant ou tout simplement non effectué, si bien que ces engrais peuvent contenir plus ou moins de ricine.

Voilà, si vous décidez de mettre du tourteau de ricin classique dans votre jardin comme engrais de fond ou répulsif des ravageurs, gardez à l’esprit que c’est quelque chose de toxique pour vos enfants et animaux de compagnie.

N’ayez craintes, cette toxicité ne se transmet pas du tout aux plantes de votre jardin.

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Les Syrphes et les Chrysopes par Jacques Subra

Jacques, décidément très productif en ce moment nous propose aujourd’hui un article sur deux insectes auxiliaires parmi les plus précieux au jardin.

Je voudrais vous parler aujourd’hui de deux insectes auxiliaires très importants dans l’équilibre écologique du jardin : Les Syrphes et les Chrysopes

– Les Syrphes : Souvent confondues avec des guêpes car certaines ont l’abdomen rayé jaune et noir, mais ce sont des mouches avec une seule paire d’aile alors que les guêpes ont deux paires. Elles ont la particularité de voler par à-coup et de faire du sur-place. Elles pondent leurs œufs près des colonies de pucerons, la larve est vert clair et ressemble à un ver ou une petite chenille.

Syrphe adulte butinant une fleur de phacélie
Syrphe adulte butinant une fleur de phacélie

– Les Chrysopes : Magnifique insecte vert aux ailes transparentes, il a des mœurs plutôt nocturnes, on le voit quelquefois voleter à la tombée de la nuit. Il a la particularité de pondre ses œufs à l’extrémité d’un filament accroché sur les tiges ou les feuilles des plantes.

La chrysope adulte est magnifique insecte vert aux ailes transparentes

Les adultes de ces deux espèces se nourrissent de nectar et participent à la pollinisation des fleurs qu’ils fréquentent. Les larves, quant à elles, sont de redoutables prédatrices de pucerons, « araignées » rouges (acariens), cochenilles, thrips, petites chenilles…

Larve de syrphe dévorant des pucerons.
Plus de photos en cliquant sur l’image

Pour accueillir de tels alliés au jardin il faut leur fournir le gîte et le couvert. Des vieux arbres couvert de lierre (voir article lierre) font d’excellents abris mais aussi les haies champêtres, des fagots, un mur de pierres sèches , une haie ou un massif de buis, des abris artificiels. (vous trouverez des modèles sur internet ou encore dans l’ouvrage « mon jardin paradis » de Gilles Leblais)

Pour les nourrir, des fleurs (soucis calendula, pissenlits, phacélie, œillets d’indes, consoude, bourrache..) des aromatiques (romarin, thym, sarriette… ) et des arbustes à floraison printanière. Observez dans vôtre environnement les arbres et arbustes locaux pour les installer dans le jardin en fonction de la place dont vous disposez (aubépines, prunelier, noisetiers, pommiers malus, amandiers, noisetiers, saules…etc ).

Il est encore temps de planter ces arbustes si vous n’en avez pas chez vous, quand aux fleurs on trouve d’excellents mélanges en jardinerie.

Ces deux espèces sont très sensibles aux insecticides même bio, veillez donc à ne les utiliser qu’en cas d’absolu nécessité.

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Comment gérer les taupes au jardin par Jacques Subra

Voici un nouvel article de notre ami Jacques, cette fois sur le thème des taupes qui concerne de nombreux jardinier :

taupe au travail

En ce moment,une taupe se promène dans la serre en bousculant mes semis de mâche et de salades.

Cela me donne l’occasion de faire une intervention sur le blog pour parler de ce petit animal discret et chassé depuis la nuit des temps par les paysans et les jardiniers. Que lui reproche-t-on ? De détruire nos semis et de décorer nos belles pelouses de petits tumulus disgracieux ? Un simple coup de râteau et le tour est joué. On peut récupérer la terre ainsi soulevée, elle est parfaite pour les plantes en pots ou pour les semis. En creusant des galeries à la recherche des vers et divers insectes du sol dont elle se nourrit , il lui arrive de sectionner quelques racines. Il y a quelques années je les piégeais quand elles s’approchaient trop près de mes cultures, maintenant je mes contente d’étaler la terre qu’elles soulèvent. Il faut dire que je n’en ai pas beaucoup, peut-être que le sous-sol caillouteux de mon jardin les découragent ?

Les taupes ont leur utilité dans l’écosystème, elles aèrent et drainent les sols. Si elles se nourrissent à 90% de lombrics, elles mangent aussi les taupins, les vers blancs et même des limaces.

Je me souviens d’une époque pas très lointaine, les taupes étant classées nuisibles, les agriculteurs faisaient une demande en mairie pour obtenir une autorisation d’achat de strychnine et préparer des appâts pour les détruire. Heureusement tout cela est maintenant interdit.

Si vraiment vous avez beaucoup de taupes et que cela devient un problème, la seule solution efficace est le piégeage. Cela demande une connaissance des mœurs de l’animal et une certaine technique. Il faut choisir le bon modèle de piège et le poser au bon endroit. Mieux vaut s’adresser a un piégeur confirmé, il doit bien y en avoir dans votre entourage.

Une croyance largement répandue dit que la taupe est hémophile : faux ! Inutile de mettre dans les galeries des tessons de bouteilles, lames de rasoir ou fil barbelés, cela ne servira à rien, au pire à blesser l’animal sans le tuer. Elle n’est pas non plus aveugle, mais ses yeux sont très petits et dissimulés sous une épaisse fourrure pour les protéger de la terre, par contre son odorat est très développé, elle peut détecter ses proies sous plusieurs centimètres de terre.

Autres astuces que j’ai testées sans grands succès : la grande euphorbe, des bouteilles plastiques posées sur des bâtons fichés en terre, des boules de naphtaline dans les galeries… elles on vite fait de contourner ces obstacles et continuer leur route.

Il existe dans le commerce des pièges à cartouche, je vous les déconseille vivement car il y a déjà eu des accident. Il y a également les gaz, mais seul les piégeurs professionnels sont habilités pour les utiliser.

Peut-être certains d’entre-vous on-t-il d’autres astuces pour éloigner les taupes ?

Note de Gilles : sur le même thème, je vous invite aussi à faire un petit tour sur cet article de Christian du blog conseil-coaching-jardinage.fr :  http://www.conseils-coaching-jardinage.fr/2011/11/eliminer-les-taupes-du-jardin/.

Un vrai réseau de galeries souterraines
Un vrai réseau de galeries souterraines
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Exemple de mise en oeuvre du BRF dans le Ségala Aveyronnais… Pas vraiment concluant !

Il y a un peu plus d’un an, Denis m’avait questionné en commentaire de l’article « le jardin bio de Jacques » sur l’application de BRF en suivant la « technique sylvagraire », celle développée par les Québecois et vulgarisée aujourd’hui en France par Jacky Dupéty. Malgré mon scepticisme sur cette approche, il a choisi de la suivre. Il a récemment laissé un commentaire sur la page d’accueil pour me faire part de ses déboires. J’en ai profité pour lui demander un article sur son expérience pour mieux comprendre ce qui s’est passé et vous le partager. Voici son témoignage :

Petit historique rapide du terrain :

C’est une parcelle qui a servi pendant une vingtaine d’années de parc à canards, donc toujours en prairie naturelle (je précise que sur ces parcs il y avait toujours de l’herbe, les canards disposaient de beaucoup d’espace) puis depuis une dizaine d’années, il n’y a plus eu de canards, ce sont des chevaux qui pâturaient.

Le sol

Il s’agit d’un sol de Ségala aveyronnais léger, souple, brun clair, se  desséchant facilement après une averse, facile à travailler mais peu profond (20 à 25 cm même moins par endroits) avec quelques pierres de schiste çà  et là.

L’épandage du BRF

Courant novembre 2011, avec le tracteur j’ai passé en croisé le cultivateur  pour casser la prairie .J’ai obtenu un sol bien aéré et souple. Le sol était bien séché pour le  travailler. Ensuite j’ai épandu manuellement du maërl et repassé le cultivateur pour le mélanger un peu à la terre. Fin décembre (c’était entre Noël et le 31 décembre), j’ai épandu le BRF sur une couche irrégulière épaisse en moyenne d’environ 5 cm. J’ai voulu mettre assez d’épaisseur pour éviter que l’herbe de la prairie ne repousse à travers le BRF (peut-être une erreur ?).

En ce qui concerne l’origine du BRF, il s’agit de branches de noisetiers pour l’essentiel ; mais aussi des frênes, chênes ou quelques autres essences (sureau, houx, hêtres ….).

J’ai laissé en place sans y toucher jusqu’en mars où j’ai repassé en croisé un vibroculteur (autre  appareil à dents) pour mélanger  le BRF au sol.

Mon souci était de le faire  pendant une période sèche (et je me souviens que les conditions ce jour-là étaient particulièrement favorables) car je voulais éviter de tasser le sol avec le tracteur

Après, ça se gâte !!

Fin  avril – début mai j’ai voulu procéder aux semis et plantations  et là, grosse surprise  j’ai découvert sous le BRF un sol tassé, complètement asphyxié, qui sentait même la vase !

Lorsque j’en soulevais une largeur avec la grelinette, cela faisait un seul bloc !

J’ai choisi de décompacter ce sol avec la grelinette, pour éviter le motoculteur afin de sauver les quelques vers de terre présents. Ce travail a été effectué uniquement sur la largeur de la grelinette et sur les rangs prévus pour semer ou planter.

Quelques remarques :

L’hiver, le printemps et l’été ont été particulièrement secs cette année. Par exemple, il n’y a pas eu de sortie de champignons sur le BRF ; ils sortent là maintenant depuis la fin octobre. J’ai d’ailleurs arrosé tout cet été !

Le 5 août gros orage de grêle qui a fait pas mal de dégâts.

Il y a eu aussi une bonne population de rats qui ont croqué une bonne part des patates et maintenant se sont attaquées aux carottes !!

Lorsque j’ai découvert ce problème de sol asphyxié, j’ai pensé dans un premier temps à un tassement par le tracteur au moment des différentes opérations.

Mais en bordure de parcelle le BRF n’a pas été arrêté de façon bien rectiligne, selon les godets cela faisait des sortes de « langues » .Lorsque je passais la grelinette, dès que j’attaquais une partie sans BRF je retrouvais un sol normal, alors qu’il avait été tassé de la même façon par le tracteur. C’est pour cela que j’en ai conclu qu’il s’agissait d’un effet que l’on pouvait  attribuer totalement au BRF.

Cet automne, j’ai mis un couvert végétal (mélange de seigle, vesce, phacélie) sur une partie du jardin après les récoltes de pommes de terre et haricots. Celui-ci a été semé le 23 octobre après avoir passé le cultivateur. Sur l’autre partie du jardin, il y a des cultures (framboisiers, fraisiers, navets, mâches, choux, carottes …) et je laisse les herbes qui poussent naturellement pour que les racines améliorent la structure du sol (du moins j’espère !)

fructification de champignons dans le BRF, c’est bon signe, la bio-transormation du BRF a repris son cours !

Je ne me contenterai bien sûr pas du facile : « je l’avais bien dit que cette technique ne fonctionnait pas ! ». Non, ce n’est pas si simple. A première vue, on est dans des conditions assez favorables pour un amendement avec du BRF : sol léger, aéré, bonnes conditions d’interventions.

Le premier souci que je perçois est sans doute l’épaisseur sans doute quelque peu excessive, mais ce n’est certainement pas le seul facteur.

Ensuite, je pense que l’opération d’incorporation a été en effet néfaste, voici une hypothèse quant à ce qui a pu se passer :

1)      Suite à cette opération et à l’immobilisation d’azote qui a probablement suivi, la végétation s’est très peu développée ;

2)      Les pluies printanières, fussent-elles rares, ont battu le sol ainsi dénudé et sensible à la battance de par sa nature, et sa surface s’est encroûté, limitant la diffusion de l’oxygène alors que ce gaz était fortement consommé les nombreux micro-organismes occupés à décomposer l’énorme quantité de BRF et les résidus de la prairie mis à leur disposition ;

3)      Des conditions plus ou moins anaérobies se sont ainsi mise en place, expliquant cette odeur de vase et les piètres résultats des cultures implantées sur la parcelle. Cela a peut-être aussi provoqué une acidification du sol.

Pendant ce temps la parcelle témoin n’a pas été perturbée, ni par un travail arrivant à un moment gênant le développement de la végétation, ni par un apport de matière organique ligneuse difficile à digérer pour le sol, du coup celle-ci était bien plus belle.

Je pense que le fait d’avoir implanté un couvert hivernal est une bonne solution : la présence en continue de racines dans le sol va permettre de l’aérer en permanence et d’injecter des composés organiques qui nourrissent en continu les micro-organismes. A présent, et tant que le BRF n’a pas été bien digéré, il me semble indispensable que ce sol porte toujours des plantes vivantes : cultures ou couverts végétaux.

Levée du semis de phacélie vesce seigle le 13 novembre. Cette photo montre aussi la tendance à la battance de cette terre, probablement à l’origine des déboires observés ce printemps !

Et vous que pensez vous de cette expérience ? Auriez vous d’autres interprétations quant aux raisons de ces déboires suite à l’épandage et l’incorporation de ce BRF ? Avez d’autres conseils à donner à Denis ?

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Les sols vivants au verger par Yann Labuche

Suite à une question posée par un de nos lecteurs communs à propos de la gestion des vergers avec paillage et enherbement, Yann Labuche, du site Terre d Humus, a écrit une réponse fort complète. J’ai eu envie de vous partager ici sa réflexion approfondie de la question et de la soumettre à vos réactions ! Ses idées n’ont pour l’instant pas été mises en pratiques, il les tient de lecture d’essais du GRAB (Groupe de Recherche en Agriculture Biologique), d’échanges avec des arboriculteurs, et d’observations sur son mini verger (2 pommiers, 1 mini poirier, 1 abricotier, 1 pêcher, …..). Les points soulevés concernent la gestion de l’eau, l’enherbement et l’utilisation de BRF. Voici les réflexions de Yann :

La gestion de l’eau et les paillages

Le risque de manque d’eau est en partie lié à la nature du porte greffe : Porte greffe faible = enracinement superficiel = pas d’autonomie de l’arbre en eau = Paillage indispensable

Il convient de rechercher la nature des portes greffes pour chacun des arbres. Pour simplifier les arbres sont vendus soit comme basse tige (mise à fruit rapide, arbre de petit développement, enracinement superficiel), soit comme plein vent (mise à fruit lente, arbre vigoureux, 5 à 8 m de haut pour le pommier, enracinement puissant, arbre autonome en eau, pas besoin de paillage après les 2 premières années) soit comme demi-tige (porte greffe M106 pour le pommier par exemple), au comportement intermédiaire.

L’enherbement

Il faut distinguer d’une part l’enherbement au pied de l’arbre et dans un rayon correspondant à celui exploré par les racines, et d’autre part l’enherbement entre les rangs d’arbres.

– Celui entre les rangs d’arbres est à laisser selon moi pousser naturellement. Entretien par rolofaca ou rouleau à gazon (en béton bien lourd)  quand il y a besoin d’accéder pour la récolte ou autre.

L’enherbement naturel est plus varié à terme que n’importe quel mélange artificiel et est parfaitement adapté au terrain. Il attire une faune auxiliaire précieuse (prédateurs des pucerons par exemple, et de l’ennemi public N°1 du pommier, le carpocapse)

Peut-être une seule fauche par an ou tous les deux ans pour éviter que des arbres semés par les oiseaux ne s’installent dans le verger (prunellier, ronces, aubépines, suivant la flore alentour)

– Celui au pied des arbres :

Porte greffe faible : ces arbres sont peu adaptés pour faire face à la concurrence de l’herbe et pour être autonome vis-à-vis de l’eau. Donc Pailler en permanence, varier les apports BRF paille gazon, feuilles. Attention à ne pas mettre trop épais, car les racines remonteraient et l’arbre risque de se déchausser. Je n’ai pas d’expérience sur la question pour donner un chiffre précis d’épaisseur. Je partirais sur 7 cm maxi de BRF ou la fauche de 5 à 10 fois la surface à pailler.
Il est primordial de faire des apports annuels pour maintenir constante l’épaisseur du paillage. Faute de quoi les racines qui malgré tout ont tendance à remonter se retrouveraient exposées au manque d’eau en période de sécheresse.

Porte greffe fort ou intermédiaire : je ne pense pas que l’enherbement concurrence les arbres, une fois ceux-ci installés, mais à la condition donc que le porte-greffe soit demi-tige ou plein vent.

Quant à la fauche, elle risque de créer une concurrence, en stimulant la repousse des graminées, gourmandes en eau et en azote.

Cela dit, les deux ou 3 premières années de l’installation de l’arbre, un paillage des arbres sur porte greffe fort ou intermédiaire est utile pour permettre à l’arbre de s’implanter et limiter la concurrence des herbes spontanées.

Il me semble utile au pied des arbres de favoriser la présence de légumineuses, qui limitent l’alternance : luzerne, trèfle blanc…

Mais je pense que des plantes avec des enracinements profonds comme la luzerne peuvent augmenter la pénétration de l’eau dans le sol. Je mettrais luzerne avec plein d’autres plantes car la luzerne seule risque d’amener trop d’azote et de maladies.

Attention : la zone explorée par les racines va souvent au delà de ce que l’on imagine et peut dépasser cinq mètres pour les arbres adultes demi-tiges, soit au minimum l’aplomb de la couronne, là où l’eau ruisselle pendant la pluie, tandis que le dessous de l’arbre est sec…..

Les BRF

Ils peuvent être utilisés pour enrichir la terre en humus. Les mettre en couche fine (1cm max en concentrant sur une couronne de deux mètres de large, là où sont les racines.). Faire un apport annuel ou tous les deux ans, pour augmenter en douceur le taux d’humus du sol.

…… et il est possible d’expérimenter s’il y a hésitation entre plusieurs approches. Faites un arbre d’une manière, un arbre de l’autre et observer. C’est ainsi par l’essai et l’observation que l’on apprend.

La vérité est dans les feuilles des arbres, pas dans celles des livres, dit un proverbe zen…

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Le lierre: un trésor méconnu par Jacques Subra

J’avais déjà évoqué le lierre dans ce blog en répondant à un commentaire, un de mes plus fidèles lecteurs et contributeurs de ce blog n’a pas hésité à prendre sa plume (ou plutôt son clavier) pour nous parler de cette plante merveilleuse et si injustement mal aimée! Je laisse la parole à Jacques :

Je voudrai réhabiliter une plante trop souvent combattue et détruite, car considérée comme un parasite, au même titre que l’ortie et autres plantes compagnes .

Le lierre est un véritable écosystème à lui seul car il abrite et nourrit un nombre incalculable d’insectes et animaux et participe à l’équilibre de l’environnement.

Ce n’est pas un parasite car il se fixe à un support ( mur ou arbre) par des ventouses non absorbantes, contrairement au gui qui pénètre l’écorce des arbres pour se nourrir de leur sève.

Ses racines sont superficielles et ne concurrencent pas celles des arbres qui elles, vont chercher plus profondément leur nourriture.

Il fait un couvre sol très efficace car il empêche la pousse de l’herbe, des ronces, et autres plantes indésirables. Il vaut quand même mieux attendre, avant de le laisser s’installer au pieds des arbres que ceux-ci soient assez vigoureux. ( 4 à 5 ans)

Contrairement à une idée reçue, il n’étouffe pas l’arbre qui lui sert de support, car il grimpe verticalement, ne s’enroule pas, et n’empêche pas l’arbre de grossir.

A l’Automne, quand le lierre est en fleur, à une période ou les floraisons sont rares ? c’est une véritable « ruche » avec des milliers d’abeilles, de guêpes, syrphes, papillons etc…qui viennent se nourrir de nectar et de pollen à ses fleurs minuscules. L’hiver et au début du printemps il sert de garde-manger aux oiseaux, car si ses baies sont toxiques pour l’homme elles sont un véritable régal pour eux.

Son feuillage persistant permet d’abriter une multitude d’auxiliaires et nombres d’oiseaux y nichent. ( rouge-gorge , roitelet, troglodyte, fauvettes)

Depuis trois ans, je laisse le lierre coloniser un pommier pour observer son comportement et voir si un équilibre auxiliaire-prédateur peut se créer.

Le lierre a aussi certaines vertus thérapeutiques et sert en pharmacologie.

Ma Grand-Mère utilisait les feuilles de lierres macérées dans l’eau-de-vie pour soigner ses cors aux pieds. Cent grammes de feuilles bouillies quelques minutes dans deux litres d’eau font un bon liquide vaisselle.

Faites-lui une place dans votre jardin, vous n’en retirerez que des avantages !!!

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Jardiner en climat méditerranéen par Léa Cambien

Bonjour à tous. Récemment, j’avais demandé à Gilles s’il ne pouvait pas concocter un article sur le jardinage en climat méditerranéen, ayant moi-même eu l’occasion de mettre en place avec mon copain un potager dans la région des Vans (limite entre le Gard, Lozère et l’Ardèche, région sèche dans les contreforts des Cévennes). Mais pour amorcer la discussion, j’ai eu envie de partager avec vous le déroulement et les résultats de cette saison de jardinage 2011, ayant dans l’espoir de susciter chez vous quelques commentaires. (Photos sous licence cc by-sa 2.0, présentées dans un ordre non chronologique).

Situation et conditions locales

Vue sur le Chassezac

Un ami nous a permis ce printemps-été de mettre en place un potager sur son terrain gardois : une ancienne châtaigneraie en terrasses schisteuses, larges et relativement pentues, surplombant la rivière du Chassezac.

Ce terrain avait été défriché (châtaigniers abattus), puis ratissé et nettoyé de ses résidus de branches et de feuilles pour favoriser la repousse d’un couvert d’herbes spontanées. Ces terres à nu ont par la suite pas mal été malmenées par le climat aride de l’été et les fameux épisodes cévenols automnaux. Malgré une érosion importante, des plantes pionnières ont pu s’implanter, progressivement. Mais généralement, au cœur de l’été, cette végétation sèche, brûlée par le soleil.

Cette vallée est par ailleurs très exposée aux vents violents.

Une partie de ce terrain avait déjà été mise en culture depuis quelques années, un potager y était réalisé (sans paillage du sol) et donnait je crois des résultats assez moyens. Il faut dire que si le paysage est magnifique, le sol, quant à lui, est loin de faire rêver. Hyper léger, hyper caillouteux, hyper drainant, peu de terre.

Pour donner une idée d’une partie encore jamais cultivée. On voit sur la photo ce qu’on a dénommé « la poubelle à graines » : toutes les graines jugées périmées, surnuméraires ou non sélectionnées pour la semence sont semées sur une zone à peine travaillée puis paillée, rarement arrosée. Poussera ce qui voudra.

A partir de là, mon copain et moi avons eu envie d’essayer la butte. Lui avait déjà une bonne expérience de « potagiste » dans ces terres, mais la culture en butte c’était du nouveau. Ça présentait déjà l’avantage évident d’augmenter la profondeur de terre, mais ça permettait aussi de cultiver sur un terrain pentu (plus de pente en aval de la butte), ça pouvait limiter les phénomènes d’érosion et favoriser l’infiltration des pluies grâce à la rétention d’eau entre chaque butte.

A notre arrivée sur le terrain, à partir de fin avril, on a donc commencé la mise en place du potager sur les zones travaillées les années précédentes, réparties sur deux terrasses. Le montage des buttes s’est fait en trois sessions : la première fin avril-début mai, la deuxième sur une terrasse en dessous en mai, et la dernière fin juillet, à la suite d’une culture de seigle parvenue à terme.

Pour commencer, nous avons « grelinetté » le sol et réservé les maigres plantes arrachées (sedums, linaires, résédas entre autres) pour un paillage ultérieur. Après ça, pour la constitution des buttes, nous avons été plus ou moins méthodiques, et n’avons pas scrupuleusement respecté les différentes strates du sol. D’ailleurs, la terre en profondeur semblait davantage argileuse, les argiles ayant probablement été lessivées au fil du temps, et ça semblait intéressant de les ramener en surface pour constituer une terre plus rétentrice. On a rempli quantité de seaux avec les cailloux qu’on trouvait… les pierres ça peut parfois être utile, mais trop c’est trop si ça fait du sol une passoire.

Au final, les buttes n’étaient pas très hautes et moyennement larges (mois d’1,20 m), et les allées étroites.

Paillage

Puis, on a paillé tout ça… avec les mottes et les quelques plantes arrachées, avec des herbes sèches issues des débroussaillages de terrasses dans le hameau voisin, avec de la paille pourrissante abandonnée, avec des fougères, et avec du buis pour couvrir les allées. L’objectif n°1 était d’amener le maximum de matière trouvée dans les parages. Par contre, on n’a pas osé utiliser les feuilles de châtaignier, ressource pourtant la plus abondante localement : trop longues à la décomposition, trop grandes, trop légères et soumises au vent… mais on a peut-être eu tort de ne pas profiter de cette manne ?

Les épluchures de légumes allaient dorénavant directement aux buttes.

Paillage de seigle sur les buttes les plus récemment mises en place (courant juillet), repiquages de salades sur les pentes et semis en carrés sur les plats de buttes. Les buttes végétalisées au fond sur la deuxième photo sont les premières a avoir été montées, fin avril.

Semis et repiquages

Comme pour le paillage, un des objectifs lors des semis était de favoriser la constitution d’une forte biomasse, pour apporter toujours plus de matière aux buttes.

Avant de pailler certaines buttes, on a semé à la volée des graines de panais dont on ne croyait plus trop en la faculté germinative, des tournesols, de la phacélie. Aux bas des buttes, on a semé des poquets de luzerne tous les 50 cm, dans les allées aussi, à la volée, avec de la roquette (dont les graines ne manquaient pas).

Comme on a démarré le potager assez tard, on a au départ beaucoup repiqué de plants achetés ou qu’on avait eu la chance de recevoir en cadeaux (tomates surtout, mais aussi choux, blettes, courges, poireaux, œillets, fenouils, et quelques plants de salades). Dans le même temps, on a semé de tout, soit en poquets, soit en aménageant des carrés sans paillage (micro-parcelles à la JM Lespinasse) dans lesquels on effectuait les semis de radis, navets, carottes, betteraves, etc.

Pour les repiquages et les semis, la difficulté première était de protéger les plants et plantules d’un rayonnement solaire très intense. Des cagettes, des claies, des feuilles, des herbes… tout y passait pour ombrager pendant les heures chaudes… sinon c’était grillé. Les plantes bénéficiant de l’ombre fournie par quelques arbres disséminés sur le terrain (chêne vert et châtaignier) étaient à ce titre plutôt favorisées. L’agroforesterie prend à mon avis tout son sens dans ces régions très ensoleillées.

Ombre de châtaignier vs ensoleillement maximal. Des cagettes sont utilisées pour protéger les repiquages de salades ou jeunes semis

Les semis en micro-parcelles étaient déjà un peu trop exposés au soleil et à la sécheresse, les germinations étant inégales, et peut-être que des semis en ligne auraient été plus appropriés, bien que moins faciles à réaliser ?

Semis et repiquages ont été effectués sans utilisation de compost ou terreau puisqu’il n’y en avait pas de disponible.

Arrosages

De manière surprenante, on n’a pas eu à s’inquiéter de l’eau : elle est restée disponible tout l’été malgré une sécheresse inquiétante. Le ruisseau où s’effectuait le captage ne s’est jamais arrêté de couler. L’eau était stockée dans une cuve de 1000 litres quatre terrasses au-dessus du jardin, qui pourvoyait largement à nos arrosages quotidiens… avec de la pression en plus !

Tous les soirs on arrosait le jardin généreusement, au tuyau : on n’a pas trop fait à l’économie et on a préféré assurer le coup pour les plantes fragiles et les semis. Les tomates et cucurbitacées étaient arrosées au plus deux fois par semaine. On maintenait aussi le paillage humide pour éviter le dessèchement et accélérer sa décomposition. On utilisait aussi l’asperseur pour diminuer les temps d’arrosage sur les plantes qui ne craignaient pas d’avoir le feuillage mouillé.

Semis spontanés

Des cultures des années précédentes se sont ressemées : cosmos, shiso (basilic japonais) et aneth. Les adventices qui poussaient sur les buttes faisaient l’objet d’un désherbage sélectif : j’aimais bien laisser les pissenlits, chénopodes, et quelques plantes indéterminées que je laissais fleurir pour voir ce qu’elles avaient à offrir. Des matricaires ont d’ailleurs fait une intervention assez musclée sur une des buttes, mais ont été conservées (tant qu’elles n’empiétaient pas trop sur les cultures) pour leur belle floraison, le cortège d’insectes qui en bénéficiaient, et la prolificité du feuillage qui pouvait ultérieurement fournir un paillage des plus appréciables.

Invasion de matricaire

Résultats sur les cultures

Un des gros échecs, ça a été les salades, dont la reprise après repiquage était toujours très difficile : protection indispensable contre le soleil au repiquage, puis développement des plants très lent, pour une montaison à graines très rapide. Même avec un semis direct, le résultat n’était pas souvent fameux. En revanche, les plants en mottes achetés sur le marché prenaient beaucoup mieux. J’imagine qu’on avait tendance à repiquer trop tôt, et qu’il fallait surtout éviter les racines nues. Le sol étant particulièrement séchant, un apport de terreau ou compost aurait probablement facilité la reprise.

Du côté des salades un peu moins conventionnelles, les mizuna japonaises (différentes de la roquette) se sont parfaitement acclimatées et ont rapidement fourni quantité de feuilles tout au long de l’été. Vu qu’on les sentait très à leur aise, on en a repiqué beaucoup et on a profité de cette abondance de feuilles pour pailler d’autres légumes.

La mizuna, une brassicacée à déguster en salade composée, ou à cuire
Paillage de plants de salades en difficulté avec des feuilles de mizuna

Les haricots nains, mange-tout et à écosser, ont bien marché. Les Contender ont produit toute la saison, les Coco Blanc et surtout les Black Turtle ont été très prolifiques, fournissant de surcroît une masse verte abondante. De bons apports pour un sol bien appauvri.

Les haricots nains avaient tendance à empiéter sur les allées, ayant été semés un peu bas sur les buttes, et certains ont dû pâtir de déplacement trop brutaux.

Les haricots à rames, par contre, n’ont pas réussi à grimper sur les jolies installations qu’on leur avait préparées en bambous et longues branches de châtaigniers. On ne les a pas trop aidés en les semant en plein couloir venté, le vent décrochant sans cesse les tiges qui cherchaient à s’agripper aux supports. On les avait semés entre des lignes de maïs, en bordure de terrasse, sur une zone très caillouteuse et jamais travaillée, « grelinettée » et paillée avec de la fougère. Autant dire que ça n’a pas été un grand succès. Mais une fois de plus, ça aura eu le mérite d’apporter de la matière sur une zone nouvellement cultivée.

Lorsque les semis ont bien démarré, on a eu de jolis radis, navets, carottes et betteraves. Bon, ce n’était pas du gros calibre, mais des racines généralement bien saines. Ont particulièrement bien poussé le radis rond (énorme), un gros radis d’été dit fourrager mais qui se mange très bien  (le Raifort d’Ardèche), et un radis japonais du type daïkon.

Les choux cabus repiqués dans les zones ombragées par les arbres (sur des buttes montées sur une ancienne zone de compost) ont très bien marché, et ont pommé. Ceux repiqués ailleurs se sont moins plus.

Pour les tomates, on les avait repiquées en sommet de buttes, sans tuteurage et sans taille. Pour les tomates cerise, ce n’était pas franchement une bonne idée puisqu’elles envahissaient littéralement l’espace et les allées. On a pensé qu’il valait mieux en fait les tuteurer (ou les planter en bas de bute et les faire monter), parce que les tiges avaient tendance à descendre vers le bas des buttes (mauvaise irrigation en sève des fruits?), ou à casser quand il y avait des vents forts. Au final, le nombre de pieds a pallié une productivité moyenne. Pas mal de tomates se gâtaient rapidement (zones de pourrissement), mais les récoltes sont restées plutôt bonnes, avec toutefois des tomates pas super « goûtues ».

Pour les cucurbitacées, constat très mitigé. Au démarrage, la végétation et la production ont explosé pour les courgettes. Et puis, au bout d’un mois, une courgette par ci une autre par là… plus grand-chose. On a pu observer un gros ralentissement de la fructification, les courgettes en formation coulaient rapidement. Peut-être avons-nous eu tendance à ramasser les courgettes trop grosses.

Pour les arrosages de cucurbitacées, on a opté pour le matin, avant le lever du soleil, deux fois par semaine.

Contre l’oïdium, début août, on a fait deux traitements au soufre : ça a bien un peu ralenti sa progression au début mais après c’était plus la peine. Petit à petit, à la mi-août, l’oïdium s’est un peu généralisé au jardin : les navets, radis, mizuna, consoude, ont tous pris le blanc. J’associe ça à un coup de mou généralisé au potager. Je me dis qu’après avoir été bien remué pour faire les buttes, le sol avait dû relarguer de l’azote, puis progressivement s’appauvrir au fil des mois, à défaut de nouveaux apports rapidement assimilables.

Mais le temps de cet été a probablement aussi bien joué : très sec, souvent un peu nuageux (ce qui a pu retarder certaines mises à fruits), de grosses cagnes en août, des vents parfois très violents avec quelques gros orages qui ont laissé derrière eux une atmosphère humide.

Avant d’être ravagée, voilà à quoi ressemblait une butte mixte courgettes-courges, ces dernières étant supposées aller se balader dans les maïs et haricots à rames.

Petite synthèse

Si je devais comparer les cultures à plat et celles en buttes, je dirais que ces dernières ont incontestablement été les mieux réussies. Il faut dire que les buttes ont été plus soigneusement épierrées, et que la terre y a davantage été remuée en profondeur (les surfaces plates ont simplement été « grelinettées »). Sur le plat, les rendements ont été quasi nuls.

Par ailleurs, il m’a semblé que le paillage avec les mottes d’herbes arrachées était beaucoup moins approprié que le paillage à la paille ou au foin. La butte essentiellement paillée avec des mottes a eu un rendement très faible comparé aux autres. Mon impression est que ce type de paillage était trop dense et ne permettait pas une bonne respiration du sol et une bonne infiltration de l’eau. Seuls les tournesols semés avant de pailler ont poussé normalement.

Après cette saison de jardinage, le paillage nous a donc paru vraiment indispensable : pour conserver un peu d’humidité au sol, pour réduire les phénomènes d’érosion et pour attirer et favoriser le développement d’une faune sous le sol et en surface.

Sur ce type de terrain, il semble important de travailler sur les espèces et variétés cultivées, au moins pendant le temps de la mise en place d’un système plus fertile (principalement dépendant de la structure du sol, je dirais). Miser sur ce qui marche, produire et apporter de la matière pour enrichir le sol en humus et l’aider à mieux retenir l’eau et les éléments fertilisants. Ce sol ne paraît pas encore tout à fait prêt à accueillir décemment de jeunes salades.

Par ailleurs, l’ombrage de certaines cultures (salades notamment) aux heures chaudes reste indispensable… et pour ça, rien ne vaut quelques arbres dispersés dans le potager.

Vue générale des buttes du bas
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Trucs et astuces pour réduire son empreinte écologique au jardin Par Jacques Subra

Pour débuter 2012 sur de bonnes résolutions, Jacques, désormais un invité habitué de ce blog, nous partages ses trucs et astuces pour réduire son empreinte écologique au jardin, alors faisons le plein de bonnes idées!

Je voudrais aborder dans cette chronique un autre aspect de notre démarche commune, nous tous, animateurs et lecteurs du blog « jardinons sol vivant » et ouvrir le débat sur nôtre Empreinte écologique.

Nous sommes tous très attentifs à soigner notre sol, le nourrir de façon naturelle selon différentes techniques, tendre vers la pratique du non labour, ne pas employer de produits issu de la chimie..etc

Dans notre conduite quotidienne, nous devons en permanence nous poser certaines questions : quel est l’impact sur l’environnement ? Combien çà coute ? Y a-t-il une autre démarche possible ? Bien sûr, cela ne doit pas devenir obsessionnel, mais avec le temps cela devient si naturel que nous le faisons sans réfléchir, comme par exemple trier nos déchets.

Chez les jardiniers « sol vivant » nous sommes tous d’accord sur le fait que les intrants extérieurs doivent être réduits au strict nécessaire. Les coûts de production de nos légumes et fruits doivent être le plus bas possible. Sinon mieux vaut les acheter!

Mes visites dans les jardineries se limitent au strict minimum, les tentations sont grandes devant ces rayons surchargés de fournitures en grande partie inutiles au jardinier.

Dans certains cas, on ne peut échapper à leur utilisation, mais leur emploi ne doit pas être systématique.

Pour ma part j’utilise en cas de besoin et à faible dose, la bouillie bordelaise, le souffre, le savon noir et quand les attaques par les limaces et escargots sur les semis deviennent insupportables, du ferramol.

Ceci bien sûr en complément des décoctions de plantes.

Jamais aucun amendement du commerce.

Le jardinier doit développer son sens de la débrouille, de la « récup ». Le matériel et les objets doivent avoir plusieurs vies.

Personnellement, je bricole beaucoup, donc je récupère tout ce qui me semble pouvoir resservir un jour. Cela prend un peu de place mais les économies réalisées sont substantielles.

Certains gestes qui paraissent anodins, mis bout à bout, deviennent importants pour la protection de l’environnement.

J’ai un terrain de 5000m2 avec jardin et verger+ un bois de 3500m2, cela demande un certain outillage à moteur thermique ( motoculteur, tronçonneuse, taille-haie, débroussailleuse, tondeuse, broyeur à BRF, atomiseur pour les traitements des arbres fruitiers et un mini tracteur pour le transport du bois, fumiers, terre…)

Les moteurs de ces matériels sont très polluants, et je dois dire que je culpabilise à les employer. Mais comment faire?

J’ai déjà supprimé depuis plusieurs années le motoculteur, vu que je pratique le non labour il ne m’est plus utile. J’ai aussi réduit considérablement l’emploie du taille haie. Un coupe branche et une bonne cisaille font l’affaire, et le travail est plus propre.

La tondeuse est une auto-tractée et j’ai très peu de vraie «pelouse », quelques dizaines de m2 autour de la maison. Le reste est en prairie que je fauche après floraison.

Comme je fais mon bois, j’utilise la tronçonneuse, elle est incontournable.

L’atomiseur sert 2 à 3 fois par an pour les traitements des fruitiers à l’argile.

J’essaie donc de réduire au maximum l’emploi de ces matériels et je porte mes efforts d’économie sur d’autres postes

Il y a bien sûr l’incontournable récupérateur d’eau. Tout jardinier digne de ce nom doit récupérer un maximum d’eau de pluie ( chez moi la réserve est de 3000L ).

Les toilettes sèches, installées au jardin, sont aussi source d’économie d’eau. Sait-on que près de 20% de l’eau potable part dans les toilettes ? Et que cela représente 60% du retraitement en stations d’épuration? Le compost produit ( en composteur séparé ) sert à fertiliser les arbres et arbustes.

Pour la fabrication de nos toilettes sèches, seuls l’abattant et quatre charnières sont du commerce, tout le reste est de la « récup ».

Tous mes piquets et tuteurs sont en bambous et servent plusieurs années.

Je récupère les ficelles des bottes de foin et paille pour les liens et pour faire grimper les tomates en serre ( seulement celles en sisal, pas les plastiques)

Pour les liquides destinés aux pulvérisation, les collants de dames sont des filtres efficaces.

Ce sont aussi d’excellents liens pour attacher les jeunes arbres aux piquets lors de la plantation.

Les étiquettes pour les semis et plantations sont découpées dans des cageots de bois récupérés en grande surface. Elles peuvent ensuite partir au compost.

Les godets me sont fournis par des amis qui ne les réutilisent pas.

Pour attacher – tomates, poivrons, aubergines… – je découpe dans les vieux tee-shirt en coton

des bandelettes de 2cm de large. Le coton étant biodégradable tout part au compost.

Quand je ramasse les légumes, je les lave au jardin avec l’eau de pluie dans un bac destiné à cet effet. Ainsi je récupère la terre que je restitue au jardin.

Une partie des bois de tailles font du BRF, avec le reste je fais des fagots qui servent à chauffer le four à pain.

Voilà quelques trucs et astuces pour réduire les coûts et impacter le moins possible l’environnement.

Je compte sur vous tous pour nous donner les vôtres et ainsi faire profiter au plus grand nombre.

Jacques Subra

http://lagranderecree.asso-web.com/34+jardin-bio-de-jacques.html