Comment savoir si mon sol est acide ou basique ?
Dans ma boutique, j’indique pour certaines plantes qu’elles sont plus adaptées aux sol calcaires (donc basiques) ou aux sol acides, il s’agit notamment du lupin, du sainfoin et de la luzerne. Mais j’ai cru comprendre que ces notions de pédologie ne coulent pas forcément de source pour tout le monde, je vous propose donc d’explorer un peu plus en détail ces notions.
Qu'est ce qu'un sol acide ou basique
Ces notions font référence au pH du sol, qui est une grandeur qui s’exprime sur une échelle de 0 à 14.
Plus le pH est bas, plus le sol est acide, plus il est haut, plus il est basique.
Un pH aux alentour de 6,5 – 7 indique un sol neutre.
Comment savoir si mon sol est acide ou calcaire
1. Observer la roche mère
En général, en milieu tempéré, les sols basiques correspondent aux sols calcaires, c’est à dire développés sur des roches tels que le calcaire, la dolomie, les marnes, les molasses calcaires… En milieu tropical on va aussi trouver des sols basiques associés à de fortes teneurs en sel, ce qui rend la mise en culture compliquée.
Les sols acides sont souvent dévéloppés sur des matériaux tels que le granit, les grès, les schistes, les sables…
Si le sol est développé sur un basalte, il est probablement neutre.
Cela dit cette approche reste très approximative, en effet, certains grès peuvent contenir du calcaire, ou au contraire, certains sols calcaire suffisament évolués peuvent avoir vu tout le calcaire des horizons de surface dissous et évacué par les eaux d’infiltration, ces horizons sont alors légèrement acides.
Et sur certaines roches mère (ou plutôt matériaux parentaux), comme des alluvions par exemple, ce n’est pas très évident car ces alluvions sont souvent un mélange de plusieurs types de roches amenés et déposés par les cours d’eaux, dont certaines sont acides et d’autres basiques
2. Faire des test simples
Il existe aussi un test simple pour évaluer la présence ou non de calcaire, ce qui implique un sol basique : il suffit de verser quelques gouttes d’un acide (idéalement un acide fort comme l’acide chlorhydrique), si celui-ci se met à bouilloner, cela signifie qu’il y a présence de calcaire, présence d’autant plus importante que le bouillonnement est intense, et donc que le pH de votre sol est basique, probablement quelque part entre 7,5 et 9. Le sainfoin ou la luzerne seront alors tout à fait adaptés mais le lupin sera à proscrire.
Si au contraire, il n’y pas effervescence, le sol est non calcaire, donc d’un pH probablement inférieur à 7 (à moins d’être en présence d’un sol salé…), mais ne donne aucune information suplémentaire.
Si vous souhaitez un peu plus de précision, il y a aussi la possibilité de mesurer le pH, on trouve en jardinerie des bandelette pH permettant d’avoir une estimation de cette valeur, même la précision est modérée, cela est suffisant pour un jardinier.
Pour plus de précision, on peut aussi utiliser un pH mètre ou faire faire une analyse de sol. Mais cela n’est pas formécement très utilie pour le jardinier, par contre pour des maraîchers, l’analyse de terre est de toutes façons incontournable et mesure précisément le pH, souvent avec plusieurs procédés
3. Les plantes bioindicatrices
L’observation des végétaux spontanées est aussi une méthode relativement fiable. Certaines plantes sont des indicatrices de sols acides, par exemple la callune, le châtaignier, le chêne liège, le chêne tauzin, la fougère aigle, l’oxalis, la digitale pourpre… Alors que d’autres indiquent des sols basiques comme le cornouiller mâle, la viorne lantane, la clématite ou encore la coronille arbrisseau.
Attention cependant, pour ce faire, il faut identifier des végétaux sensibles au pH et la grande majorité des végétaux apprécient une gamme de pH plus ou moins larges autour de la neutralité et ne sont donc pas adaptés pour déterminer si notre sol est acide ou basique !
Comment savoir si un végétal est sensible au pH ? Le plus simple est d’ouvrir un livre comme la Flore Forestière Française de Rameaux et al. et regarder « les données autoécologique » d’une plante. En voici quelques exemples :
Voici un exemple, celui de la prêle qu’une « légende rurale » associe aux sols acides.
En bas à droite de chaque fiche d’espèce dans le livre de la Flore Forestière Française, se trouve le petit schéma ci-contre qui décrit les exigences écologiques d’une espèce en fonction de l’humidité du sol en ordonnées (XX = très sec – xérophile, H = très humide – hydromorphe) et de son acidité en abcisse (AA = très acide, n = neutre, b = basique). On voit ici que la prêle apprécie les sols modérément humides à hydromorphe et basiques à légèrement acides. Ce n’est donc pas une plante biodindicatrice très intérssante pour ce qui nous préoccupe ici et certainement pas une plante indicatrice de terrains acides !
Bien qu’exceptionelement observée en terrain calcaire (écotype particulier de la régino de Châtillon sur Seine en Côte d’Or), la fougère aigle, si elle apprécie tout type d’humidité de sol est en revanche plus exigeante en terme de pH puisqu’elle préfère les sol de pH acide à très acide, elle est donc un bon indicateur dans ce qui nous intéresse ici.
L’oxalis, une plante souvent envahissante dans les jardins est surtout spécialisé dans les sols légèrement acides et moyennement humides, elle est donc une bonne plante bioindicatrice, aussi bien pour l’humidité du sol que pour son acidité.
Le cornouiller (Cornus mas) aux fruits comestibles est au contraire un assez bon indicateur de terrains neutres à basique, même s’il peut occasionnellement être observé dans des terrains légèrement acides.
En revanche et contrairement à une autre idée très répandue, les sols sous résineux ne sont pas forcément acide. J’ai moi même mesuré lorsque j’étais étudiant des pH dans une forêt de pins d’Alep… normal, elle se developpait sur un terrain calcaire aux sols peu évolués. La plupart des résineux se développent sur une large gamme de pH et ne renseigne donc en rien sur le pH du sol. Une exception toutefois parmi les résineux les plus communs, le pin maritime (ou pin des Landes) qui, ,lui est en effet un bon indicateur de terrains acides.
Voilà je crois qu’avec tout cela vous tout pour savoir si votre sol est acide, neutre ou basique et vous pourrez choisir en toute connaissance de cause du lupin dans un sol neutre ou acide ou du sainfoin dans un sol basique. En ce qui concerne la luzerne, elle préfère les sols basiques mais peut s’implanter en sol acide (pH < 6,5), il faut alors choisir la variété inoculée et enrobée de carbonate de calcium.
Merci Gilles pour cet article éclairant. Et un grand merci pour le généreux partage de ton savoir. Je puise pas mal de connaissances dans tes articles et vidéos pour mes conférences horticoles. Je dois juste adapter pour notre région du nord. Bonne continuation !!!
Éveline ! on se retrouve sur les mêmes sites 🙂
j’ai beaucoup de renoncules, de rumex…. acide ou basique
Iimpossible de répondre car il existe de nombreuses espèces de renoncule et de type. En plus la plupart de ces espèces s’accomode de ph allant de moyennement acide à légèrement basique. Donc pas les meilleures plantes indicateurs concernant cette notion.
Merci beaucoup pour cet éclairage !
J’avais un doute, peu sur mon jardinet, bien + grand sur son environnement direct…doute confirmé car il se trouve en frontière de plusieurs types de milieux…
Merci beaucoup pour les éclaircissements et aussi pour le partage des documents.
merci pour cet article très clair.
ex éclairants…
j’ai une question basique mais qui me « turlupine » !
où classer un terrain très argileux ????
merci par avance. Alain.
J’ai un sol très argileux. Après une bonne préparation du sol j’ai voulu mettre du kikuyu … Sauf qu’il n’a pas trop pris. Cela peut-il venir de la nature acide ou basique du sol ?
Bonjour, A ma connaissance, le kikuyu, du même que les autres graminées utilisées pour les gazons (fétuques, ray grass…) ne sont pas sensibles au pH, la raison vient d’ailleurs.