Difficile de rédiger un article pour décrire le jardin de l’Oasis. Il est à mon image comme j’imagine, derrière chaque jardin, se devine le caractère de la jardinière ou du jardinier. Je dirais un jardin en perpétuelle évolution aux sources d’inspirations diverses, influencé essentiellement par mes nombreuses lectures.
Imaginez, vous êtes au Sud, en zone méditerranéenne…, descendez encore plus au Sud, jusqu’au Portugal, à 100 km au-dessous de Lisbonne, en façade atlantique, à 10 km de l’océan à vol d’oiseau ce qui permet de bénéficier d’un climat un peu plus tempéré et clément, au cœur d’une forêt de chênes liège, protégé ainsi des vents maritimes, dans un val légèrement montagneux, le cycle des végétaux et donc la saison de culture y sont décalés de quelques semaines par rapport à la plaine.
C’est une ferme abandonnée depuis une vingtaine d’année, aménagée de terrasses comme on n’en fait plus aujourd’hui avec des murs de pierres de 2 à 3 m de hauteur, bien utiles pour y loger une foule d’auxiliaires : couleuvres, lézards, mille-pattes, orvets, salamandres. A l’époque de la dictature de Salazar, le propriétaire avait installé une orangeraie sur les terrasses. Lorsque nous sommes arrivés, les orangers suffoquant sous des ronces de 5 m de hauteur semblaient nous crier à l’aide ! Les ronces sont bio-indicatrices d’un terrain fertile et aident le sol. Une fois qu’elles ont été rabattues à la main et le résidu passé à la débroussailleuse, il reste sur le sol un « BRF de ronces », paillage pas très agréable à manipuler mais qui se transforme en une couche fine d’un beau noir humifère. Là où il n’y avait pas de ronces, c’était en début d’année, une pâture toute jaune des oxalis pieds de chèvre, indicateurs d’une érosion intense et d’un lessivage des sols laissés à nus l’hiver et l’été, peut-être une zone sur pâturée par les moutons du voisin qui avaient coutume d’y stationner ?
Les orangers envahis de roncesle BRF de ronce après débroussaillage des orangers
Nous avons installé le jardin potager au milieu des vieux orangers de la première terrasse l’année dernière. Au départ, ce qui nous a surpris, c’est de ne trouver aucun ver de terre, par contre de nombreuses fourmis qui, paraît-il aèrent et décompactent le sol, ainsi que de nombreux cloportes détritivores. Nous avons commencé par enlever à la pioche la plupart des racines de ronces (j’ai trouvé des souches agrémentées de racines de plusieurs mètres de long !) ce qui a permis dans un même temps de décompacter le sol, un passage initial à la grelinette (nous avions essayé sans sur la terrasse 2 l’année précédente avec des résultats catastrophiques, des légumes très forts en goûts mais lilipuciens, des carottes avec des racines aux technique variées lorsqu’elles arrivent sous la couverture au contact du sol : je fourche, je me courbe voire je remonte !) puis installation des plates-bandes couvertes de 3cm de BRF à l’automne, semées de légumineuses, puis couvertes au printemps lors de la mise en place des cultures d’été des fanes de légumineuses coupées et de de 10-15 cm de foin. Les plates-bandes seront ensuite tout le temps couvertes, le travail du sol s’avérant alors inutile ce qui permet de favoriser la biodiversité de la faune du sol et de bénéficier de tous les avantages d’un sol vivant.
Après épandage de « vrai » BRF à l’automne 2012légumineuses semées lors de l’épandage de BRF de l’automne 2012
Le fait d’être en zone méditerranéenne et de ne pratiquement pas avoir de pluie entre fin avril et début octobre nous oblige à une gestion intelligente de l’eau. Nous avons installé un bélier hydraulique pour avoir de l’eau au niveau du jardin. Cela nous permet de remonter de l’eau sur 30 m de hauteur et 115 m de longueur de tuyau. Cette année, nous mettons en place de la micro-irrigation basse pression (bidons d’eau surélevés de seulement 40 cm) et bien sûr la quantité d’eau nécessaire pour les cultures est réduite par l’utilisation de techniques appropriées (BRF et sol recouvert en permanence).
Cette année, j’ai semé de la Datura stramoine, belle vénéneuse qui pousse ici de façon spontanée et aléatoire avec une belle vigueur. Elle présente l’avantage à mes yeux de jardinière de faire partie de la famille des solanacées et j’aimerai bien tenter des greffes en vert de tomates, aubergines et poivrons. Vous imaginez, des tomates sans arrosage !!??
A la palette de mes outils de jardinière, je peux ajouter les extraits végétaux. Ils demandent plus de persévérance en zone méditerranéenne car ici, les orties ne courent pas les champs, j’ai même dû en semer en arrivant. Heureusement j’ai pu en trouver chez le voisin sur son potager ensemencé de fumier de mouton. Cette année, pour compléter la panoplie des extraits, j’ai implanté une consouderaie.
J’entretiens aussi un andain de vermicompost. J’ai trouvé cette formule la plus pratique pour réaliser sans trop de travail un compost de qualité en grande quantité. J’aimerais à terme supprimer les tas de compost et gérer les plates-bandes du jardin avec une rotation basée sur le compostage de surface et les besoins des plantes. Ainsi à tour de rôle chaque plate-bande serait temporairement transformée en compostage de surface/andain de vermicompost, recouverte de déchets de cuisine, cartons, foin, coupes de « mauvaises herbes », BRF, et éventuellement de fumier de cheval. J’y installerai ensuite consécutivement des plantes très gourmandes en compost puis moyennement puis peu pour enfin installer des plantes ne nécessitant aucun apport de compost.
Si vous avez continué la lecture de cet article jusqu’ici, avant de supprimer mes tas de compost, voire mon approvisionnement en fumier de cheval, j’aimerais avoir vos commentaires/ avis/ expériences. Y-a-t-il des jardiniers qui jardinent sans compost ?? Le seul point sur lequel je reste dubitative c’est la réussite des cucurbitacées (melons pastèques, eh oui c’est l’avantage d’être au Sud, concombre, courges et Cie), plantes gourmandes qui apprécient de pousser directement sur le compost ! Si des personnes ont des témoignages de réussite des courges sans apport de compost, je suis preneuse !
Endive du sud !
Pour terminer cette présentation du jardin de l’Oasis (désolée, c’est un peu long comme chaque fois que je commence à parler de jardin !), de nombreuses idées restent à expérimenter/ développer : les mycorhizes, installer une petite mare, une plate-bande spécifique pour les plante mellifères, les micro-organismes efficaces, le jus de compost à aération active, l’électroculture, les engrais verts en interculture (mais que c’est pénible d’enlever les couvertures des plates-bandes), les semis directement en place (quel boulot de semer en caissette ou en godets pour ensuite transplanter et quel stress pour la plante !).
Voilà, maintenant c’est à vous pour les commentaires et si vous voulez voir d’autres articles sur le jardin de l’Oasis ou venir nous visiter, c’est ici.
Murielle LEKIEN
Expérimentatrice en alimentation vivante & jardin vivant.
Oasis dos 3 sobreiros – Portugal
Site web : http://oasis-des-3-chenes.fr/
Contact : murielle(AT)oasis-des-3-chenes.fr (rempalcer (AT) par @) ; tél (+00 351 ) 927 738 016.
Depuis mars Murielle propose des séjours Alimentation Vivante au Portugal. Si vous souhaitez vous offrir un chouette séjour et de plus soutenir une jeune créatrice et le projet d’une Oasis, n’hésitez pas ! Le projet de l’Oasis, c’est entre autres : un inventaire floristique, la préservation des plantes sauvages locales, la préservation de semences potagères anciennes, la création d’un jardin sec, la mise en place d’un verger de fruitiers anciens…
Bonjour à tous. Récemment, j’avais demandé à Gilles s’il ne pouvait pas concocter un article sur le jardinage en climat méditerranéen, ayant moi-même eu l’occasion de mettre en place avec mon copain un potager dans la région des Vans (limite entre le Gard, Lozère et l’Ardèche, région sèche dans les contreforts des Cévennes). Mais pour amorcer la discussion, j’ai eu envie de partager avec vous le déroulement et les résultats de cette saison de jardinage 2011, ayant dans l’espoir de susciter chez vous quelques commentaires. (Photos sous licence cc by-sa 2.0, présentées dans un ordre non chronologique).
Situation et conditions locales
Vue sur le Chassezac
Un ami nous a permis ce printemps-été de mettre en place un potager sur son terrain gardois : une ancienne châtaigneraie en terrasses schisteuses, larges et relativement pentues, surplombant la rivière du Chassezac.
Ce terrain avait été défriché (châtaigniers abattus), puis ratissé et nettoyé de ses résidus de branches et de feuilles pour favoriser la repousse d’un couvert d’herbes spontanées. Ces terres à nu ont par la suite pas mal été malmenées par le climat aride de l’été et les fameux épisodes cévenols automnaux. Malgré une érosion importante, des plantes pionnières ont pu s’implanter, progressivement. Mais généralement, au cœur de l’été, cette végétation sèche, brûlée par le soleil.
Cette vallée est par ailleurs très exposée aux vents violents.
Une partie de ce terrain avait déjà été mise en culture depuis quelques années, un potager y était réalisé (sans paillage du sol) et donnait je crois des résultats assez moyens. Il faut dire que si le paysage est magnifique, le sol, quant à lui, est loin de faire rêver. Hyper léger, hyper caillouteux, hyper drainant, peu de terre.
Pour donner une idée d’une partie encore jamais cultivée. On voit sur la photo ce qu’on a dénommé « la poubelle à graines » : toutes les graines jugées périmées, surnuméraires ou non sélectionnées pour la semence sont semées sur une zone à peine travaillée puis paillée, rarement arrosée. Poussera ce qui voudra.
A partir de là, mon copain et moi avons eu envie d’essayer la butte. Lui avait déjà une bonne expérience de « potagiste » dans ces terres, mais la culture en butte c’était du nouveau. Ça présentait déjà l’avantage évident d’augmenter la profondeur de terre, mais ça permettait aussi de cultiver sur un terrain pentu (plus de pente en aval de la butte), ça pouvait limiter les phénomènes d’érosion et favoriser l’infiltration des pluies grâce à la rétention d’eau entre chaque butte.
A notre arrivée sur le terrain, à partir de fin avril, on a donc commencé la mise en place du potager sur les zones travaillées les années précédentes, réparties sur deux terrasses. Le montage des buttes s’est fait en trois sessions : la première fin avril-début mai, la deuxième sur une terrasse en dessous en mai, et la dernière fin juillet, à la suite d’une culture de seigle parvenue à terme.
Pour commencer, nous avons « grelinetté » le sol et réservé les maigres plantes arrachées (sedums, linaires, résédas entre autres) pour un paillage ultérieur. Après ça, pour la constitution des buttes, nous avons été plus ou moins méthodiques, et n’avons pas scrupuleusement respecté les différentes strates du sol. D’ailleurs, la terre en profondeur semblait davantage argileuse, les argiles ayant probablement été lessivées au fil du temps, et ça semblait intéressant de les ramener en surface pour constituer une terre plus rétentrice. On a rempli quantité de seaux avec les cailloux qu’on trouvait… les pierres ça peut parfois être utile, mais trop c’est trop si ça fait du sol une passoire.
Au final, les buttes n’étaient pas très hautes et moyennement larges (mois d’1,20 m), et les allées étroites.
Paillage
Puis, on a paillé tout ça… avec les mottes et les quelques plantes arrachées, avec des herbes sèches issues des débroussaillages de terrasses dans le hameau voisin, avec de la paille pourrissante abandonnée, avec des fougères, et avec du buis pour couvrir les allées. L’objectif n°1 était d’amener le maximum de matière trouvée dans les parages. Par contre, on n’a pas osé utiliser les feuilles de châtaignier, ressource pourtant la plus abondante localement : trop longues à la décomposition, trop grandes, trop légères et soumises au vent… mais on a peut-être eu tort de ne pas profiter de cette manne ?
Les épluchures de légumes allaient dorénavant directement aux buttes.
Paillage de seigle sur les buttes les plus récemment mises en place (courant juillet), repiquages de salades sur les pentes et semis en carrés sur les plats de buttes. Les buttes végétalisées au fond sur la deuxième photo sont les premières a avoir été montées, fin avril.
Semis et repiquages
Comme pour le paillage, un des objectifs lors des semis était de favoriser la constitution d’une forte biomasse, pour apporter toujours plus de matière aux buttes.
Avant de pailler certaines buttes, on a semé à la volée des graines de panais dont on ne croyait plus trop en la faculté germinative, des tournesols, de la phacélie. Aux bas des buttes, on a semé des poquets de luzerne tous les 50 cm, dans les allées aussi, à la volée, avec de la roquette (dont les graines ne manquaient pas).
Comme on a démarré le potager assez tard, on a au départ beaucoup repiqué de plants achetés ou qu’on avait eu la chance de recevoir en cadeaux (tomates surtout, mais aussi choux, blettes, courges, poireaux, œillets, fenouils, et quelques plants de salades). Dans le même temps, on a semé de tout, soit en poquets, soit en aménageant des carrés sans paillage (micro-parcelles à la JM Lespinasse) dans lesquels on effectuait les semis de radis, navets, carottes, betteraves, etc.
Pour les repiquages et les semis, la difficulté première était de protéger les plants et plantules d’un rayonnement solaire très intense. Des cagettes, des claies, des feuilles, des herbes… tout y passait pour ombrager pendant les heures chaudes… sinon c’était grillé. Les plantes bénéficiant de l’ombre fournie par quelques arbres disséminés sur le terrain (chêne vert et châtaignier) étaient à ce titre plutôt favorisées. L’agroforesterie prend à mon avis tout son sens dans ces régions très ensoleillées.
Ombre de châtaignier vs ensoleillement maximal. Des cagettes sont utilisées pour protéger les repiquages de salades ou jeunes semis
Les semis en micro-parcelles étaient déjà un peu trop exposés au soleil et à la sécheresse, les germinations étant inégales, et peut-être que des semis en ligne auraient été plus appropriés, bien que moins faciles à réaliser ?
Semis et repiquages ont été effectués sans utilisation de compost ou terreau puisqu’il n’y en avait pas de disponible.
Arrosages
De manière surprenante, on n’a pas eu à s’inquiéter de l’eau : elle est restée disponible tout l’été malgré une sécheresse inquiétante. Le ruisseau où s’effectuait le captage ne s’est jamais arrêté de couler. L’eau était stockée dans une cuve de 1000 litres quatre terrasses au-dessus du jardin, qui pourvoyait largement à nos arrosages quotidiens… avec de la pression en plus !
Tous les soirs on arrosait le jardin généreusement, au tuyau : on n’a pas trop fait à l’économie et on a préféré assurer le coup pour les plantes fragiles et les semis. Les tomates et cucurbitacées étaient arrosées au plus deux fois par semaine. On maintenait aussi le paillage humide pour éviter le dessèchement et accélérer sa décomposition. On utilisait aussi l’asperseur pour diminuer les temps d’arrosage sur les plantes qui ne craignaient pas d’avoir le feuillage mouillé.
Semis spontanés
Des cultures des années précédentes se sont ressemées : cosmos, shiso (basilic japonais) et aneth. Les adventices qui poussaient sur les buttes faisaient l’objet d’un désherbage sélectif : j’aimais bien laisser les pissenlits, chénopodes, et quelques plantes indéterminées que je laissais fleurir pour voir ce qu’elles avaient à offrir. Des matricaires ont d’ailleurs fait une intervention assez musclée sur une des buttes, mais ont été conservées (tant qu’elles n’empiétaient pas trop sur les cultures) pour leur belle floraison, le cortège d’insectes qui en bénéficiaient, et la prolificité du feuillage qui pouvait ultérieurement fournir un paillage des plus appréciables.
Invasion de matricaire
Résultats sur les cultures
Un des gros échecs, ça a été les salades, dont la reprise après repiquage était toujours très difficile : protection indispensable contre le soleil au repiquage, puis développement des plants très lent, pour une montaison à graines très rapide. Même avec un semis direct, le résultat n’était pas souvent fameux. En revanche, les plants en mottes achetés sur le marché prenaient beaucoup mieux. J’imagine qu’on avait tendance à repiquer trop tôt, et qu’il fallait surtout éviter les racines nues. Le sol étant particulièrement séchant, un apport de terreau ou compost aurait probablement facilité la reprise.
Du côté des salades un peu moins conventionnelles, les mizuna japonaises (différentes de la roquette) se sont parfaitement acclimatées et ont rapidement fourni quantité de feuilles tout au long de l’été. Vu qu’on les sentait très à leur aise, on en a repiqué beaucoup et on a profité de cette abondance de feuilles pour pailler d’autres légumes.
La mizuna, une brassicacée à déguster en salade composée, ou à cuire
Paillage de plants de salades en difficulté avec des feuilles de mizuna
Les haricots nains, mange-tout et à écosser, ont bien marché. Les Contender ont produit toute la saison, les Coco Blanc et surtout les Black Turtle ont été très prolifiques, fournissant de surcroît une masse verte abondante. De bons apports pour un sol bien appauvri.
Les haricots nains avaient tendance à empiéter sur les allées, ayant été semés un peu bas sur les buttes, et certains ont dû pâtir de déplacement trop brutaux.
Les haricots à rames, par contre, n’ont pas réussi à grimper sur les jolies installations qu’on leur avait préparées en bambous et longues branches de châtaigniers. On ne les a pas trop aidés en les semant en plein couloir venté, le vent décrochant sans cesse les tiges qui cherchaient à s’agripper aux supports. On les avait semés entre des lignes de maïs, en bordure de terrasse, sur une zone très caillouteuse et jamais travaillée, « grelinettée » et paillée avec de la fougère. Autant dire que ça n’a pas été un grand succès. Mais une fois de plus, ça aura eu le mérite d’apporter de la matière sur une zone nouvellement cultivée.
Lorsque les semis ont bien démarré, on a eu de jolis radis, navets, carottes et betteraves. Bon, ce n’était pas du gros calibre, mais des racines généralement bien saines. Ont particulièrement bien poussé le radis rond (énorme), un gros radis d’été dit fourrager mais qui se mange très bien (le Raifort d’Ardèche), et un radis japonais du type daïkon.
Les choux cabus repiqués dans les zones ombragées par les arbres (sur des buttes montées sur une ancienne zone de compost) ont très bien marché, et ont pommé. Ceux repiqués ailleurs se sont moins plus.
Pour les tomates, on les avait repiquées en sommet de buttes, sans tuteurage et sans taille. Pour les tomates cerise, ce n’était pas franchement une bonne idée puisqu’elles envahissaient littéralement l’espace et les allées. On a pensé qu’il valait mieux en fait les tuteurer (ou les planter en bas de bute et les faire monter), parce que les tiges avaient tendance à descendre vers le bas des buttes (mauvaise irrigation en sève des fruits?), ou à casser quand il y avait des vents forts. Au final, le nombre de pieds a pallié une productivité moyenne. Pas mal de tomates se gâtaient rapidement (zones de pourrissement), mais les récoltes sont restées plutôt bonnes, avec toutefois des tomates pas super « goûtues ».
Pour les cucurbitacées, constat très mitigé. Au démarrage, la végétation et la production ont explosé pour les courgettes. Et puis, au bout d’un mois, une courgette par ci une autre par là… plus grand-chose. On a pu observer un gros ralentissement de la fructification, les courgettes en formation coulaient rapidement. Peut-être avons-nous eu tendance à ramasser les courgettes trop grosses.
Pour les arrosages de cucurbitacées, on a opté pour le matin, avant le lever du soleil, deux fois par semaine.
Contre l’oïdium, début août, on a fait deux traitements au soufre : ça a bien un peu ralenti sa progression au début mais après c’était plus la peine. Petit à petit, à la mi-août, l’oïdium s’est un peu généralisé au jardin : les navets, radis, mizuna, consoude, ont tous pris le blanc. J’associe ça à un coup de mou généralisé au potager. Je me dis qu’après avoir été bien remué pour faire les buttes, le sol avait dû relarguer de l’azote, puis progressivement s’appauvrir au fil des mois, à défaut de nouveaux apports rapidement assimilables.
Mais le temps de cet été a probablement aussi bien joué : très sec, souvent un peu nuageux (ce qui a pu retarder certaines mises à fruits), de grosses cagnes en août, des vents parfois très violents avec quelques gros orages qui ont laissé derrière eux une atmosphère humide.
Avant d’être ravagée, voilà à quoi ressemblait une butte mixte courgettes-courges, ces dernières étant supposées aller se balader dans les maïs et haricots à rames.
Petite synthèse
Si je devais comparer les cultures à plat et celles en buttes, je dirais que ces dernières ont incontestablement été les mieux réussies. Il faut dire que les buttes ont été plus soigneusement épierrées, et que la terre y a davantage été remuée en profondeur (les surfaces plates ont simplement été « grelinettées »). Sur le plat, les rendements ont été quasi nuls.
Par ailleurs, il m’a semblé que le paillage avec les mottes d’herbes arrachées était beaucoup moins approprié que le paillage à la paille ou au foin. La butte essentiellement paillée avec des mottes a eu un rendement très faible comparé aux autres. Mon impression est que ce type de paillage était trop dense et ne permettait pas une bonne respiration du sol et une bonne infiltration de l’eau. Seuls les tournesols semés avant de pailler ont poussé normalement.
Après cette saison de jardinage, le paillage nous a donc paru vraiment indispensable : pour conserver un peu d’humidité au sol, pour réduire les phénomènes d’érosion et pour attirer et favoriser le développement d’une faune sous le sol et en surface.
Sur ce type de terrain, il semble important de travailler sur les espèces et variétés cultivées, au moins pendant le temps de la mise en place d’un système plus fertile (principalement dépendant de la structure du sol, je dirais). Miser sur ce qui marche, produire et apporter de la matière pour enrichir le sol en humus et l’aider à mieux retenir l’eau et les éléments fertilisants. Ce sol ne paraît pas encore tout à fait prêt à accueillir décemment de jeunes salades.
Par ailleurs, l’ombrage de certaines cultures (salades notamment) aux heures chaudes reste indispensable… et pour ça, rien ne vaut quelques arbres dispersés dans le potager.