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L’automne au jardin par Jacques Subra

Jacques reprends sa plume pour vous proposer un nouvel article tout à fait d’actualité sur ce blog !

Tous les articles de Jacques écrits pour mon blog sont disponibles sous ce lien : https://jardinonssolvivant.fr/tag/jacques-subra/

Un bon jardinier doit toujours anticiper, c’est donc en automne, les récoltes d’été terminées ( oignons, betteraves, haricots, tomates…etc ) qu’il faut penser à préparer son jardin à passer l’hiver en prévision des semis et plantations du printemps.

On s’imagine à tort que l’hiver est une période d’arrêt de la vie du sol. Il n’en est rien, si l’activité ralentit fortement elle ne s’arrête pas pour autant, sauf en cas de très fortes gelées.

Première constante en jardinage Sol Vivant, le sol ne doit jamais rester nu, sauf exception pour certains semis dont les graines sont trop petites pour traverser un couvert. Comme le dit Konrad Schreiber, spécialiste des sols et militant infatigable pour la promotion des couverts végétaux et la production de biomasse, un sol ne devrait jamais voir les rayons du soleil.

Mi octobre : sol paillé avec des feuilles et des tontes.
Mi octobre : sol paillé avec des feuilles et des tontes.
Mulch de feuilles mortes, le sol sous-jacent présente une belle couleur sombre et une structure grumeleuse et stable !
Mulch de feuilles mortes, le sol sous-jacent présente une belle couleur sombre et une structure grumeleuse et stable !

Au fur et à mesure des récoltes, je couvre le sol avec des tontes, paille, foin, fumier de cheval, feuilles… ou je sème un « engrais vert » un simple griffage superficiel du sol suffit sans travail en profondeur, les racines se chargent de décompacter le sol si celui-ci en a besoin. J’utilise beaucoup la moutarde pour plusieurs raisons, elle pousse très vite et couvre le sol en quelques jours. Elle a un pouvoir aseptisant grâce à ses racines et repousse les taupins et autres vers gris. Ses fleurs attirent de nombreux insectes pollinisateurs et elle fournit une importante biomasse. Je l’associe souvent aux féveroles qui enrichissent le sol en azote. En été j’utilise la phacélie et le sarrasin également très mellifères.

Mélange de fleur vivaces et bisanuelles implantées fin août et en place pour deux ans.
Mélange de fleur vivaces et bisanuelles implantées fin août et en place pour deux ans.
semis moutarde sous la serre (semsi septembre, photo prise le 14 octobre).
semis moutarde sous la serre (semsi septembre, photo prise le 14 octobre).
couvert de moutarde et féverole (semis septembre, photo prise le 14 octobre).
couvert de moutarde et féverole (semis septembre, photo prise le 14 octobre).

Au printemps pour les semis et les plantations il suffit d’écraser ou de hacher cette couverture végétale et semer ou planter au travers de ce tapis protecteur sans retourner le sol.

Sous cette couverture permanente, le organismes du sol continuent à s’activer et au printemps on retrouve celui-ci enrichi, meuble, prêt à recevoir toute les nouvelles plantations, ainsi le travail du jardinier est facilité, nos amies les « petites bêtes » ont travaillé gratuitement pour nous, plus besoin de motoculteur ( engin à proscrire absolument!).

Nombre d’entre vous, adeptes du « Sol Vivant » doivent avoir d’autres pratiques, faite part de vos expériences car

«  Seul on va plus vite, mais à plusieurs on va plus loin » Proverbe Africain.

 

Jacques SUBRA.

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Jardinons

Des couverts végétaux à l’essai

Je pense que beaucoup d’entre vous en sont conscients, un des outils majeurs de l’agriculture du XXIème siècle sera et est déjà le couvert végétal, comme le montrent le travail des tenants de l’agriculture de conservation. Et au jardin, les couverts végétaux (souvent appelés aussi engrais verts) sont également très utile. Parmi leur nombreux rôles citons notamment :

  • Couvrir le sol en permanence avec des plantes vivantes ;
  • fixer l’azote ;
  • Produire in situ de matière organique ;
  • Implanter des plantes mellifères ;
  • Nourrir la vie du sol à longueur d’année ;
  • Favoriser la présence d’auxiliaires ;
  • Aider au contrôle de l’enherbement ;

a l’instar de beaucoup d’entre vous qui utilisent ces techniques depuis de nombreuses année, nous avons testé depuis l’année dernière plusieurs types de couvert hivernaux et je vous propose ici une petite synthèse de ces expériences.

Commençons par l’année dernière

Avant de vous parler des divers essais de cet hiver, voici d’abord une rétrospective de ce que nous avions fait en 2010.

Nous avions semé le couvert sur deux planches, cette photo prise le 23 avril, la floraison jaune de la moutarde indique la position de ces planches : une « petite » (à gauche, juste derrière le prunier) et une « grande » (à la droite de ce même arbre).

Le mélange semé était un « biomax » fournit par Yann Labuche de Terre d’Humus et contenant 8 espèces : avoine, vesce, fèverole, moutarde, radis fourrager, fénugrec, minette, lin,

Le semis avait été réalisé le 18 novembre 2009, donc très tard, mais la douceur de la fin novembre et du début décembre ont permit une bonne levée, voici quelques images du couvert sur la « grande » planche tout au long de son développement.

7 décembre 2009
23 mars 2010
18 avril 2010
25 avril 2010
25 avril 2010

Ce beau couvert a ensuite été détruit par sarclage le 25 avril. Je conseille pas cette façon de détruire le couvert qui est quand même éprouvante physiquement. Quand il n’y a que quelques mètres carré à faire, comme ici, ça va, mais s’il y en a ne serait-ce que quelques dizaines, ça commence à faire vraiment beaucoup ! Cette année, faute de rolo faca, j’essayerai sans doute le crimp-o-matic, facile à bricoler soi même.

J’ai choisi cette date pour la destruction car les quinze jours qui ont précédé ont été très sec et le sol commençait à devenir vraiment dur et sec sous le couvert, après ça il a plu 3 semaines… pfff ! J’aurais mieux fait d’attendre la mi mai et planter les cultures d’été au même moment. D’ailleurs voici l’état du sol le 21 mai, jour de plantation des tomates, courgettes et autres courges et aubergines :

Ce sol, non seulement était sombre et grumeleux, mais aussi très riche en vie, avec une surprise de taille, le présence en grand nombre de testacelles blanches, une limace carnivore prédatrice, entre autres, des limaces phytophages ! J’en reparlerai dans un prochain article !

Le couvert de la « petite » planche quand à lui a été maintenu jusqu’en juin, date à laquelle, ayant commencé à sécher, il a été très facile à détruire par simple fauchage. Il est à noter que la potentille, vivace très envahissante sur notre terrain a été complètement contrôlée par ce couvert très dense et détruit tardivement pour préparer une plantation de vivace à l’automne (artichauts, tanaisie, lavande).

Le « petit » couvert au mois de mai avec la magnifique floraison violette de la vesce

Au niveaux des espèces voici le bilan de ce premier essai :

moutarde, radis, vesce, fèverole et avoine : très bon développement, mais avoine un peu difficile à détruire.

fenugrec, lin et minette : très faible développement, ces plantes ont soit mal levé, soit été plus ou moins étouffés par leurs voisines.

Et cette année donc

fort de cette expérience très encourageante, j’ai imaginé cet automne plusieurs essais pour nos couverts hivernaux.

Tout d’abord au niveau des biomax : j’ai sélectionné les plantes qui avait bien fonctionné l’année passée en enlevant l’avoine et en ajoutant la phacélie, que l’avais envie d’essayer et, sur les conseils de Yann Labuche, le pois fourrager.

Ensuite, j’ai eu envie de tenter des essais de couvert associés à des cultures d’hiver : moutarde+ pois grimpant, triticale + pois grimpant (là encore sur les conseils de Yann) et chou branchu du Poitou + trèfle incarnat.

De gauche à droite : graines de radis fourrager, moutarde, phacélie et vesce

Les biomax

3 compositions différentes ont été testées avec les 6 plantes sélectionnées : moutarde+radis+phacélie+fèverole+pois (1), moutarde+radis+phacélie+fèverole+vesce (2) et moutarde+radis+phacélie+fèverole+pois+vesce (3) (en gras les espèces qui changent d’un mélange à l’autre, en l’occurrence la légumineuse grimpante)

Les semis ont eu lieu les 4 et 6 novembre 2010, la levée de toutes ces plantes a été très bonne, mais ensuite, des surprises :

  • les crucifères (moutarde et radis) et la vesce ont disparu de presque toutes les planches ;
  • la planche contenant le mélange 2 et une grande partie de celle qui porte le mélange 3 semblent avoir été grattés par un animal (nous soupçonnons les merles) de sorte que seule la fèverole est encore bien en place au milieu d’adventices diverse et variées et d’un peu de vesce qui a attendu le début mars pour vraiment commencer à se développer.
le 8 décembre, belle levée des crucifères (moutarde et radis) dans le mélange 1
Le même jour, un semis de vesce sort timidement entre trois turricules de vers de terre
Du mélange 2, début mars, il ne subsiste quasiment que la fèverole, et les adventices s’invitent en grand nombre!
Sur une extrémité du mélange 3 les crucifères sont bien là, mais dans tous les autres biomax, il n’en reste presque plus rien…

Des observations plus encourageantes tout de même :

  • la planche ensemencée avec le mélange 1 est vraiment très belle, malgré la disparition des crucifères, et promet un magnifique couvert bien dense pour le mois d’avril ;
  • Un couvert de vesce avoine que nous avons pas semé et qui est magnifique… Mais d’où sort-il ???? La seule explication que je vois est un re-semis des graines du « petit » couvert de l’an dernier qui était tout près mais il ne me semblait pas que la vesce et l’avoine étaient mûres lors de la destruction…
Le mélange 1 le 5 mars dernier
Un magnifique couvert de vesce avoine que nous n’avons même pas semé…

Les couverts associés

Parmi les couverts associés à des cultures là aussi les fortunes sont diverses :

Le chou et le trèfle incarnat (implantés début octobre, donc beaucoup trop tardivement) avaient bien levé, mais ils n’ont pas survécu longtemps, il n’y a rien eu sur cette planche de tout l’hiver.

14 octobre, belle levée des choux et des trèfles, mais ils n’iront pas plus loin dans leur développement

Dans L’association avec pois grimpant, mises en place comme les biomax le 4 novembre, là aussi tout est bien sorti, mais à présent, curieusement les pois ont totalement disparu de la planche avec moutarde, alors qu’ils sont encore bien là dans celle avec triticale : y aurait-il une incompatibilité entre pois et moutarde ?

La culture de pois grimpant associés à de la moutarde est devenue un couvert de moutarde pure
Par contre l’association avec le triticale semble bien fonctionner pour le moment

Et pour les cultures d’été nous avons déjà semé quelques mètres carrés de lentilles pour servir de couvert associé à des cultures d’été (tomates et courges), je vous raconterai !

Voilà donc pour ce petit point de fin d’hiver sur nos expériences de couverts. Et comme j’ai remarqué que beaucoup d’entre vous aiment participer à ce blog, je vous propose de m’envoyer un mail à gilles(AT)jardinonssolvivant.fr (remplacer le (AT) par @) pour me faire part de vos essais de couverts hivernaux ou d’une synthèse de ce que vous avez testé et observé depuis que vous en faites en me précisant votre situation géographique, votre sols et votre climat. Je ferai vers le mois de mai une synthèse de tout ce qui m’a été communiqué d’ici la mi avril !

Et pour toute remarque ou question concernant cette pratique ou notre expérience, les commentaires sont ouverts !