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Lecture d'ouvrage Un peu de théorie

Les insectes au jardin, un livre d’Eric Grissell

Au début de l’été il a été question d’insectes sur ce blog, notamment de guêpes et de cigales. Je vous propose d’aller un peu plus loin sur ce thème en vous présentant cet ouvrage de l’entomologiste américain d’Eric Grisell :  » Les insectes au jardin : En quête d’un jardin écologique  » Traduit et publié par les éditions du Rouergue en 2009 (édition originale « Insects and garden, In pursuit of a garden ecology », timber Press 2001).Cet ouvrage est en plus illustré par les magnifiques photos d’insectes de Carll Goodpasture.

Voici pour vous mettre en appétit la quatrième de couverture qui résume très bien l’esprit de l’ouvrage :

 » Un jardin en bonne santé est un espace où les populations d’insectes s’équilibrent. C’est l’une des leçons de ce livre passionnant qui nous fait découvrir la faune secrète de nos jardins. Pour bien des jardiniers, un bon insecte est un insecte mort. C’est oublier que, pollinisateurs, nettoyeurs, recycleurs, les insectes sont non seulement les auxiliaires du jardinier, mais les garants de la vie : sans eux, nous n’existerions plus. Persister à les chasser revient à entamer une guerre à la fois irréfléchie, impossible à remporter et absolument inutile. Dans ce livre accessible à tous et richement illustré, Eric Grissell nous fait découvrir les espèces qui peuplent nos jardins, ce qu’elles y font et comment les encourager à s’y établir durablement. On y apprend mille choses curieuses et fascinantes sur le monde des insectes. Or, les connaître, c’est apprendre à les apprécier comme une part irréductible de ces jardins que nous aimons et souhaitons protéger. En se fondant à la fois sur des données scientifiques et une longue expérience de jardinier, Eric Grissell nous invite à profondément modifier notre rapport aux insectes. Ce faisant, il dessine les contours d’une véritable écologie du jardin. »

Ce livre comporte trois partie qui peuvent être perçues comme trois livres plus ou moins indépendant, ce que je vous recommande vivement de faire car l’information contenue ici est très dense. Il me semble tout à fait possible de commencer par la partie que vous voulez.

La première partie nous fait découvrir les bases de l’entomologie : qu’est qu’un insecte ? Comment se développe-t-il ? comment sont-ils classifiés ?

La deuxième partie nous fait entrer dans le monde fascinant et extrêmement complexe des interactions entre ces insectes et entre les insectes et les plantes.

Et la troisième partie jette les bases, pratiques, théorique et surtout psychologiques d’un jardinage qui invite tous les insectes chez vous (pas seulement les papillons et les abeilles !).

Voilà un outil qui vous aidera certainement à mieux comprendre le monde des insectes et vous sentir plus à l’aise avec leur présence dans votre jardin, quelle que soit l’insecte en question !

Bonne lecture !

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video

La cigale ayant chanté tout l’été…

Puisque nous parlons d’insectes, je ne résiste pas au plaisir de vous partager cette très belle vidéo qui nous fait découvrir un insecte qui passe la plus grande partie de sa vie dans le sol : la cigale !
Les images sont superbes, le texte est passionnant et réhabilite un insecte si injustement calomnié par la célèbre fable 😉 !

Lettre à Maitre Jean from samruf on Vimeo.

Et tant que nous y sommes, voici la fable revisitée par le célèbre entomologiste Pierre Henri Fabre :

« La cigale et la fourmi » revisitée from samruf on Vimeo.

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Un peu de théorie

Les guêpes : mal-aimées mais précieuses auxiliaires de culture, par Antoine Rivière

Suite au dernier article de Christophe Gatineau sur la piéride du chou, et aux commentaires qu’il a suscité, j’ai contacté, sur le conseil de Bertrand Carlier, Antoine du blog guêpes et frelon. il nous fait ici une petite présentation du monde des guêpes, nos amies mal aimées :

On nous dit souvent que l’abeille c’est la gentille, l’image de Maya faisant son miel alors que la guêpe n’apporte que des ennuis… et si les guêpes étaient plus intéressantes qu’elles n’y paraissent ? Si nous prenions le temps ici, tout de suite, de rassembler quelques informations sur leur utilité en culture ? Au pays des guêpes, il y a les solitaires menant leur petite vie et les sociales construisant de vastes colonies. Toutes ont un rôle à jouer au sein de la biodiversité…

Les guêpes solitaires

L’intérêt des guêpes solitaires est déjà bien connu et les premiers manuscrits montrant leur utilisation datent de 1900. A l’époque, les larves de guêpes identifiées comme utiles étaient collectées dans les champs puis déposées dans les cultures. Plusieurs micro-espèces (genres Aphidius et Aphenilus) désormais élevées in-vitro s’attaquent avec une grande spécificité aux pucerons permettant une activité de destruction millimétrée. Leur utilisation dans l’horticulture s’est perfectionnée à partir des années 50 et ne cesse de progresser avec les enjeux environnementaux actuels.

Pucerons parasité par une guêpe de la famille des Aphelininae (couleur cuivrée) et puceron sains de couleur verte.
Pucerons parasité par une guêpe de la famille des Aphelininae (couleur cuivrée) et pucerons sains de couleur verte.

Mais de nombreux autres représentants de guêpes parasitoïdes (familles des Braconidae, Ichneumonidae…) se sont spécialisés dans le parasitisme des chenilles de papillons divers, tenthrèdes et coléoptères phytophages.

 

Les trichogrammes sont des guêpes parasitoïdes utilisées en lutte biologique contre la pyrale du maïs.
Les trichogrammes sont des guêpes parasitoïdes utilisées en lutte biologique contre la pyrale du maïs.

Ces guêpes solitaires ont chacune une action limitée mais la diversité des espèces dans un écosystème donné permet de maintenir efficacement les populations de parasites à des seuils acceptables. Le recul actuel de leurs populations est provoqué par l’utilisation intensive (ou même locale !) de pesticides et la disparition des zones de jachère (herbes hautes, haies sauvages…) Ainsi afin de favoriser leur présence au jardin il est important de maintenir des zones préservées et d’abolir l’utilisation de produits chimiques auxquels ces insectes sont très sensibles.

Les guêpes sociales

Les guêpes sociales ont un rôle moins connu mais beaucoup plus efficace dans leur zone d’intervention. En revanche, elles souffrent de leur mauvaise réputation souvent injustifiée d’autant plus que toutes les espèces ne sont pas « égales » en termes d’agressivité. L’homme reste de loin le principal facteur de destruction des nids et des populations.

– Les polistes

Guêpe de la famille des Polistes
Guêpe de la famille des Polistes

L’une des familles les plus représentées et les plus utiles au jardin est celle des polistes. Ces guêpes sont reconnaissables à leur silhouette très  allongée se terminant par 2 longues pattes arrière souvent visibles lors du vol. Elles construisent de petits nids sans enveloppe dépassant rarement 10cm de diamètre pour 30 à 50 individus actifs (mais souvent moins !). Les polistes sont de redoutables prédateurs dont l’alimentation des larves est essentiellement constituée de petites chenilles capturées par les adultes (pouvant représenter 80% des captures). Contrairement à la guêpe solitaire qui n’est que de passage dans un périmètre et reste isolée rendant son action limitée, la guêpe sociale installe son nid pour une saison et doit nourrir sa progéniture dans ce secteur. Elle chassera donc en continu, générations d’ouvrières après génération d’ouvrières éliminant beaucoup plus efficacement les parasites d’où l’intérêt de ne pas détruire son nid. Les polistes peuvent également chasser les grosses espèces de pucerons, les mouches et moustiques ainsi que les araignées mais leur proies restent de petite taille. Ces guêpes ont également un rôle dans la pollinisation de certaines espèces végétales comme le fenouil et de nombreuses ombellifères.

Nid de guêpes de la famille des polistes
Nid de guêpes de la famille des polistes

Pour favoriser le développement des polistes au jardin :

Conserver des recoins exposés en pleins soleil, abrités du vent et de l’humidité (dessous de tôle, de zinguerie, de tuile). Il est également possible de construire des nichoirs adaptés (On peut en faire avec de simples boîtes métalliques). Laisser à l’extérieur et au soleil quelques planches de contreplaqué grisées par le temps fournira le matériel nécessaire à la construction du nid ce qui, à défaut d’abriter un nid, pourra aider les colonies alentours. Au cœur de l’été, un point d’eau (une bassine suffit !) est souvent très apprécié par les polistes qui ont d’énormes besoins en eau pour réguler la température de leur nid contrairement aux autres espèces.

– Les guêpes communes (genre Vespula)

Guêpes du genre Vespula
Guêpes du genre Vespula

*

Ces guêpes sont les plus connues : celles qui construisent souvent des nids souterrains très populeux (plusieurs centaines d’individus). Plus grande population équivalent à plus grand rayon d’action, ces guêpes participent très activement à la contention des populations de parasites. Elles s’attaquent sans spécificité à toutes sortes d’insectes phytophage parfois plus gros qu’elles : grosses chenilles, sauterelles et criquets… En Août, un nid mature peut atteindre près de 10 entrées/sorties chaque seconde rapportant ainsi plusieurs dizaines de grammes d’insectes par jour pour alimenter le couvain (voir LIEN 4). Ces guêpes participent également à l’élimination des charognes et limitent ainsi le risque de contamination microbiologique aidant au passage le travail d’autres insectes nécrophages.

Pour favoriser le développement des guêpes communes au jardin :

Maintenir les fossés et talus herbeux. Favoriser la présence de conifères à aiguilles qui représentent une importante source de nourriture pour les hyménoptères sociaux. Ne pas détruire les nids alentours car leur principal prédateur reste l’homme !

– Le frelon européen (Vespa crabro)

Frelon européen
Frelon européen

Qui dit plus grosse espèce dit plus grosses proies et en plus grande quantité (estimée jusqu’à 200g/jour pour une colonie mature). Voici le chasseur par excellence qui peut dans certain écosystème être un super-prédateur (haut de la pyramide alimentaire). Le grand public est souvent effrayé par ce gros insecte inoffensif mais la cohabitation est très souvent moins compliquée que celles des guêpes (voir la cohabitation avec cette espèce dans mon grenier ou dans une salle de bain). Comparé aux guêpes, le frelon est un peu moins intéressant pour les cultures car il consomme essentiellement des mouches et taons mais il régule également à son tour les populations de guêpes ! Son régime alimentaire compte néanmoins une part non négligeable de phytophages (chenilles et sauterelles essentiellement) et xylophages (peu exploités par les autres espèces). Les mâles participent activement à la pollinisation du lierre en septembre et de quelques autres espèces végétales. Ainsi selon la taille de population liée à l’espèce voire même à la taille de l’espèce elle-même, le champ d’action sera plus ou moins étendu et les proies capturées seront différentes. D’où l’intérêt évident de conserver un équilibre entre les différentes espèces et de ne pas les détruire au risque de voir les populations de parasites exploser…

Pour favoriser le développement du frelon européen au jardin :

Conserver les souches et arbres creux, principaux sites de nidification de ce frelon. Les vieux greniers sont également très souvent utilisés et la hauteur des nids dans ces endroits évite tous problèmes. Des nichoirs à frelons peuvent être utilisés avec certaines règles. Laisser les fruits pourris au sol sous les arbres.

Découvertes récentes

Une publication scientifique récente (Cavalieri, 2013) montre que nous n’avons pas encore tout découvert sur leur rôle ! La levure de boulangerie Saccharomyces cerevisiae est utilisée pour la fermentation alcoolique par l’homme depuis 9000 ans. Dans la nature elle participe à la fermentation des fruits divers et indirectement à la fertilisation des sols. Cependant malgré la grande connaissance de ce micro-organisme, il n’a jamais été démontré l’existence d’un cycle permettant sa dissémination en dehors de l’environnement humain ni comment il pouvait survivre durant l’hiver en l’absence de sucres nécessaires à son développement (raisin). Cette étude montre le rôle des guêpes sociales (le frelon européen Vespa crabro et les guêpes Polistes) se nourrissant sur le raisin, habitat naturel de cette levure, en tant que vecteur de dissémination, d’évolution des populations et réservoir naturel permettant sa survie durant toutes les saisons. Il est expérimentalement montré dans ce travail que les guêpes fondatrices (reines) peuvent abriter la levure dans leur système digestif lors du repos hivernal puis les transmettre à la génération suivante. Des études génétiques sur des guêpes de différentes régions ont permis de montrer que la diversité des levures isolées reflète la variabilité géographique des souches isolées à partir de raisin, vins ou pain dans les régions données.

 

Par Antoine RIVIERE

Biologiste, Animateur et Webmaster de la communauté « Guêpes et Frelons » sur Internet

http://guepes_frelons.e-monsite.com/  &  http://guepes-frelons.forumgratuit.org  

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question de lecteur

Compost envahi de larves de diptères : que faire ? par Brigitte Leyssenne

Note de Gilles : je vous propose ici de répondre à la question de Brigitte concernant l’état de son compost envahi de larves de tipules et ce qu’elle doit faire face à cette situation.

La semaine dernière, gonflée à bloc, ils faisait si beau que j’en ai profité pour travailler au jardin.
Toute heureuse de pouvoir enfin faire bénéficier mon jardin d’un beau compost, je me suis décidée à
l’utiliser pour quelques vivaces. Je ne sais plus quand, je l’avais vérifié, il était tout grumeleux et dans la
main il  » coulait « , bien foncé il sentait bon la forêt et de plus au printemps dernier je lui avais
ajouté du BRF bien mûr avec plein de filaments de mycélium.

Mon composteur est constitué de trois cases grillagées et le BRF de l’automne 2012 en sacs avait été jeté
dans une deuxième case tout à côté du compost. Actuellement à la place du BRF un autre compost est en route,
ils sont à chaque fois recouvert d’une bâche en plastique noire.

 

Le site de compostage
Le site de compostage

Et donc c’est avec joie que je commence à le découvrir, j’y glisse la main et avec horreur je perçois
une sorte de grouillement, en y regardant de plus près je découvre des petits vers marrons, plein de
petits vers, il y en a des centaines ! Toute la surface du compost en fait en est recouvert et ce n’est
pas une centaine mais des milliers !!!

Compost envahi de larves !
Compost envahi de larves !

L’année dernière ce fut des larves de cétoines que j’y avais trouvé et sur le net ils disaient qu’ils
sont d’une grande utilité au compost parce qu’ils participent avec les vers de terre à la transformation
des matières organiques. Je les avais donc remis dans le compost.

Larves de cétoines
Larves de cétoines observées l’année dernière

Et cette fois qu’est ce donc ces petits vers marrons ? cela m’inquiète car comment pourrais je tous les
enlever, il y en a beaucoup trop !

Je cours jusqu’à mon ordinateur pour lancer une recherche sur le net et j’apprends que ce sont des larves
de Diptères, peut être des tipules, les gros moustiques que nous appelons les cousins et je découvre qu’ils dévorent les racines
des plantes potagères, des graminées et du gazon…moi qui voulais en mettre aux pieds des vivaces ! je suis catastrophée
il y en a tellement que jamais je vais pouvoir tous les enlever !!!

Note de Gilles : suite aux commentaire ci-dessous, il semblerait que ce soient plutôt des mouches soldats.

Gros plan sur une de ces larves
Gros plan sur une de ces larves de Diptère (sans doute mouche soldat)

Et il me revient en mémoire que j’en avais vu ailleurs au jardin au pied d’un cerisier mais j’étais si
préocupée à ce moment là que je n’avais pas réagi.
Les témoignages sur les forums, les blogs ne sont pas pour m’encourager parce que je n’y trouve pas de
moyens écologiques pour lutter…à part inoculer une bactérie (Steinernema feltiae) aux larves en diluant
des nématodes en poudre dans l’eau d’arrosage…il me faudra encore acheter ! N’y a t’il pas dans la nature,
une plante qui les feraient fuir ?
Ou bien une astuce quelconque ? je pensais épandre de la cendre de bois sur tout le terrain ?

A force de tourner en rond, je me suis adressée à Gilles qui m’a proposé de venir vous en parler ici sur
son blog, peut être que parmi vous il y a eu quelqu’un qui a été confronté à cette invasion et qu’il a su
contourner le problème ?
Encore une fois, merci Gilles pour l’aide que tu m’apportes.

Ces vers aiment les terrains humides et ça ne m’étonnent pas d’en trouver parce que nous avons un hiver
très pluvieux et l’année dernière je n’en avais pas vu…

J’en suis à croiser les doigts parce que tous mes efforts pour couvrir mon jardin de matières végétales
me donnaient entièrement satisfaction : économie d’arrosage et une terre tellement plus souple dans un
sol argileux.

Brigitte


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Jardiniers-reporters

Les Syrphes et les Chrysopes par Jacques Subra

Jacques, décidément très productif en ce moment nous propose aujourd’hui un article sur deux insectes auxiliaires parmi les plus précieux au jardin.

Je voudrais vous parler aujourd’hui de deux insectes auxiliaires très importants dans l’équilibre écologique du jardin : Les Syrphes et les Chrysopes

– Les Syrphes : Souvent confondues avec des guêpes car certaines ont l’abdomen rayé jaune et noir, mais ce sont des mouches avec une seule paire d’aile alors que les guêpes ont deux paires. Elles ont la particularité de voler par à-coup et de faire du sur-place. Elles pondent leurs œufs près des colonies de pucerons, la larve est vert clair et ressemble à un ver ou une petite chenille.

Syrphe adulte butinant une fleur de phacélie
Syrphe adulte butinant une fleur de phacélie

– Les Chrysopes : Magnifique insecte vert aux ailes transparentes, il a des mœurs plutôt nocturnes, on le voit quelquefois voleter à la tombée de la nuit. Il a la particularité de pondre ses œufs à l’extrémité d’un filament accroché sur les tiges ou les feuilles des plantes.

La chrysope adulte est magnifique insecte vert aux ailes transparentes

Les adultes de ces deux espèces se nourrissent de nectar et participent à la pollinisation des fleurs qu’ils fréquentent. Les larves, quant à elles, sont de redoutables prédatrices de pucerons, « araignées » rouges (acariens), cochenilles, thrips, petites chenilles…

Larve de syrphe dévorant des pucerons.
Plus de photos en cliquant sur l’image

Pour accueillir de tels alliés au jardin il faut leur fournir le gîte et le couvert. Des vieux arbres couvert de lierre (voir article lierre) font d’excellents abris mais aussi les haies champêtres, des fagots, un mur de pierres sèches , une haie ou un massif de buis, des abris artificiels. (vous trouverez des modèles sur internet ou encore dans l’ouvrage « mon jardin paradis » de Gilles Leblais)

Pour les nourrir, des fleurs (soucis calendula, pissenlits, phacélie, œillets d’indes, consoude, bourrache..) des aromatiques (romarin, thym, sarriette… ) et des arbustes à floraison printanière. Observez dans vôtre environnement les arbres et arbustes locaux pour les installer dans le jardin en fonction de la place dont vous disposez (aubépines, prunelier, noisetiers, pommiers malus, amandiers, noisetiers, saules…etc ).

Il est encore temps de planter ces arbustes si vous n’en avez pas chez vous, quand aux fleurs on trouve d’excellents mélanges en jardinerie.

Ces deux espèces sont très sensibles aux insecticides même bio, veillez donc à ne les utiliser qu’en cas d’absolu nécessité.

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Lecture d'ouvrage

« Mon Jardin Paradis » de Gilles Leblais

Je n’avais pas encore refais de chronique sur la lecture d’un ouvrage depuis celle de cet hiver sur « collaborez avec les bactéries et autres micro-organismes du sol » de Lowenfield et Lewis. Alors je corrige un peu cette lacune en vous présentant un très beau livre sortit cette année : « Mon Jardin Paradis » de Gilles Leblais, paru aux éditions Terre vivante.

Ce qui apparaît en premier à la lecture de ce livre c’est la beauté des textes et des photos. En effet, l’auteur, photographe naturaliste et observateur sensible de la nature n’a de cesse d’exprimer son amour des animaux et des milieux naturels qui l’entoure, que ce soit à travers l’objectif de son appareil photo ou à travers sa plume d’écrivain poète. En plus, non content de nous révéler un beau livre, il nous propose un contenu passionnant que je vous invite à découvrir brièvement ici.

Il nous amène d’abord dans les différents milieux que Gilles Leblais constitue dans ses jardin afin d’attirer la faune sauvage pour le plus grand bonheur du naturaliste qu’il est. C’est ainsi qu’il nous fait visiter successivement ses haies et bosquets, ses vieux bois, sa mare, les vieux murs et le cabanon du jardin, la pelouse fleurie et enfin son compost et son potager. Pour chacun de ses milieux, il nous explique les animaux qu’il attire, leur rôle dans l’écosystème de son jardin et des conseils pour créer et entretenir ces milieux.

De tous ces milieux les premiers que nous visitons avec lui sont ses formation arborées (haies et bosquets) composées de préférence d ‘essences locales et qui représentent à la fois un habitat et un garde manger pour de nombreux animaux tels que des oiseaux, des mammifères, des insectes… Le choix des essences est bien entendu primordial, de même que la plantation qui doit être soignée. L’auteur nous propose de nombreuses indications à ces propos (si vous souhaitez approfondir encore plus le sujet, vous pouvez vous référer au livre de Bernard Gambier  » Haies champêtres : La nature au jardin «  aux éditions De Vecchi).

Au sein même de ces formations arborées, un milieu est tellement important qu’il mérite un chapitre à lui tout seul, il s’agit des vieux bois, des bois morts et des branchages, vous savez, ceux qu’on brûle dans la plupart des jardins parce qu’il paraît que ça fait sale… Pour le jardinier « sol vivant », il est bien évident que le bois mort sous toutes ses formes a sa place dans le jardin puisque les arbres creux sont un habitat qui attire les pics, les chouettes… que les tas de branches sont un abri pour de nombreux mammifères (hérisson, musaraignes…) et insectes…

Ces deux premiers milieux de vie ont l’avantage de se former tout seuls avec la présence des arbres, il n’en est pas de même avec la mare qui est pourtant un habitat d’une grande importance dans un jardin vivant puisqu’il abrite toute sorte d’animaux dont de nombreux auxiliaires de culture (crapauds, grenouilles, tritons, libellules, couleuvres…) qui consomment les ravageurs de votre jardin. Les oiseaux apprécient aussi particulièrement la présence d’eau qui leur permet de désaltérer et de se baigner. En plus il s’agit d’un élément particulièrement esthétique du jardin à condition que les plantes qui l’habillent soient choisies et implantées avec soin. Là encore l’auteur vous accompagne dans cette création (il a d’ailleurs également écrit l’année dernière un livre spécifiquement dédié à ce thème : « j’aménage ma mare naturelle », également aux éditions Terre Vivante).

Que dire des vieux murs et du cabanon de jardin ? Sinon qu’il s’agit encore de milieux particulièrement propice à certains animaux. Les vieux murs et les tas de pierre attirent toutes sortes d’animaux qui apprécient les milieux secs, comme certaines araignées, lézards et de nombreux oiseaux et mammifères. L’hermine par exemple apprécie les murets comme poste d’observation pour guetter ses proies. Quant au cabanon, il voit s’inviter oiseaux qui y nichent comme les hirondelles, les troglodytes, ou les rouges-gorges. Les mammifères (hérissons, musaraignes, martres, et même renard) apprécient également ce refuge et y élisent facilement domicile !

La pelouse en prairie fleurie, nous en avons bien sûr déjà parlé sur ce blog (voir article sur la gestion différenciée) et bien sûr, il s’agit là d’un point commun entre Gilles Leblais, moi et la plupart d’entre vous ! Il nous apprend ici que les hautes herbes sont le refuge d’araignées remarquables (argiopes, épeires, pisaures). Contrairement à mon approche dans laquelle je me contente de gérer ce qui pousse, l’auteur nous propose ici également d’ensemencer la pelouse-prairie avec des espèces de fleurs champêtres qui nous semblent manquer.

A propos du potager, l’auteur nous amène directement visiter son tas de compost en nous indiquant comment le réaliser. Un des aspects qu’il aime dans le compost est sa capacité à attirer toute une vie microbienne bien sûr, mais aussi animale, jusqu’à des crapauds et des couleuvres, ces dernières venant y pondre leurs œufs. Dans le potager proprement dit, où il fait grand usage des extraits de plantes (macérations et infusion), il cultive avec les légumes tout un mélange de fleurs aux qualités tant ornementales qu’utilitaire en raison de leur action répulsive sur certains ravageurs.

La suite de l’ouvrage vous amène plus en détail à la découvertes des hôtes de son jardin et de possibles aménagements pour les attirer. Les oiseaux tout d‘abord, Gilles Leblais étant ornithologue depuis plus de trente ans, il est bien normal qu’ils soient les premiers à être mis en avant ! Les oiseaux ont deux grand types d’alimentation principaux : insectivores, comme les pics, les mésanges, les roitelets, les merles et les grives ou granivores et frugivores, comme les pinsons, les verdiers ou les chardonnerets. Les granivores et frugivores de l’hiver sont souvent aussi insectivores à la belle saison.

Toute sorte de « bêtes à poil », occupent son jardin, il s’agit du monde des mammifères : musaraignes, hérissons, mulots, écureuil, hermine, fouine, martre, blaireau, renard et même chevreuil, sanglier, lapins et lièvre qui sont pourtant souvent fort mal considérés par les jardiniers. En revanche, d’après l’auteur, chien et chats n’ont pas leur place dans son jardin vivant en raison de la prédation excessive qu’ils effectuent sur certains mammifères, oiseaux, reptiles et papillons.

Les reptiles dans toute leur diversité sont également les bienvenus : les lézards bien sûr (lézard des murailles, lézard vert, orvet…) mais aussi les serpents. Parmi ceux-ci les différentes couleuvres de nos régions (couleuvre à collier, couleuvre d’esculape, coronelle…) sont parfois observées dans son jardin, ainsi que, mais de façon exceptionnelle, des vipères (il a observé une seule fois une vipère aspic en de très nombreuses années de jardinage).

Il nous fait ensuite visiter le monde fascinant des insectes : les papillons, qu’il surnomme joliment les chorégraphes de l’azur, les abeilles sociales ou solitaires (comme les osmies chères à Jacques 😉 ) , les bourdon, les syrphes, mais aussi les mal-aimés guêpes et frelons, qui sont pourtant les bienvenus dans son jardin.

Vient alors ce qu’il nomme le petit peuple de l’herbe, il s’agit là de toute une cohorte d’insectes divers et variés (coléoptères, fourmis, criquets, grillons, sauterelles, mantes religieuses…), d’araignées et aussi de notre chère pédofaune qui m’est bien plus familière !

La nuit, enfin, son jardin devient le domaine de chauves souris et des rapaces nocturnes, y compris les fascinants hibou grand duc et chouette effraie (la dame blanche).

Pour tous ces animaux, l’auteur nous propose de nombreux plan pour leur confectionner des nichoirs, des abris… avis aux bricoleurs !

Voilà donc pour la succincte présentation de ce livre qui donne du baume au cœur tant il est empli de l’amour du vivant et tant il nous offre d’idée pour prendre soin de la nature au quotidien, dans son jardin ! Une belle leçon d’humanité au final !


Gilles Leblais 2011, mon jardin paradis. Ed. Terre Vivante: lien d’achat