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Enregistrement de la conférence du 14 mai « fertilisation et amendement organique au printemps »

Voilà, ça y est, j’ai enfin fini le montage et la mise en ligne de ma conférence de mardi intitulée « fertilisation et amendement organique au printemps », je vous invite à visionner le replay ici :

Concernant les références citées dans l’article :

– Le rapport des suédois sur l’utilisation de l’urine comme fertilisant : http://www.ecosanres.org/pdf_files/EcoRanRes_Urine_Guide_FRENCH_111026.pdf

– les articles de ce blog évoqués à propos du compost, du risque de pertes de nitrates à l’automne, ou encore celui sur la faim d’azote en début de printemps.

– et, comme plusieurs personnes me l’ont demandé, voici le mini diaporama de la conférence à télécharger, au format pdf, sans les animations ou au format diaporama PowerPoint, avec les animations.

 

 

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Un peu de théorie

La faim d’azote du début de printemps

Je vous propose un nouvel article sur l’azote, j’ai déjà traité ce thème à l’automne, en vous expliquant les risques de fuites de nitrates à cette époque et les amendements à apporter alors.

Je vous propose aujourd’hui de regarder plus en détail ce qui se passe en ce moment dans nos sols.

A vrai dire, c’est exactement le contraire de ce qui se produit à l’automne : les sols restent froids au sortir de l’hiver et ce d’autant plus qu’ils sont humides, du coup, malgré l’humidité du sol, on a peu de minéralisation de la matière organiques et donc peu de libération de nitrates, ce qui fait que cet élément est peu disponible pour les plantes. Si vous avez en ce début de printemps dans votre potager des légumineuses comme des fèves, des pois… ou des plantes peu gourmandes, comme des laitues, des oignons… ce phénomène n’est pas trop gênant. Par contre pour des cultures plus gourmandes, cela peut poser quelques soucis.

Comment piloter l’azote au début du printemps ?

Cela peut se faire de plusieurs manières :

La première est d’apporter de l’azote minéral directement, par exemple en fertilisant vos plantes avec de l’urine diluée, c’est gratuit et ça marche aussi bien que l’azote chimique du commerce !

La seconde est de travailler le sol, c’est un peu contraire à l’éthique que je propose ici, mais pourquoi pas ? En effet, le travail du sol, en amenant de l’oxygène dans le sol, va favoriser l’oxydation des matières organiques et donc la libération de nitrates. C’est ce qui se passe lorsque vous montez des buttes en cette saison et explique pourquoi cette technique permet d’avoir des résultats spectaculaire dès la première année. Mais attention, vous fertilisez en détruisant par sur-oxydation le capital organique de votre sol, il faudra donc pensez à le reconstituer par des apports carbonés en conséquence ! Et si vous décidez de passer le motoculteur pour aérer votre sol, soyez très vigilants aux conditions d’intervention ! Si vous le passez sur un sol bien ressuyé, ça ira, par contre si le sol est humide, gare aux semelles de travail et aux dégâts sur les lombrics ! Suivant les années les conditions sont très variables, ici, en Ardèche, elles ont été bonnes pendant tout le mois de mars et le début avril en 2012, cette année, ce n’est même pas la peine d’y penser…

Il vous reste aussi la possibilité de faire avec les cycles naturels tels qu’ils sont, c’est-à-dire éviter les implantations de début de printemps, qui sont les plus délicates à réaliser et favoriser le plus possible des végétaux implantées à l’automne (cultures ou couverts végétaux) : il frappant de remarquer que ces dernières, non seulement ne souffrent pas de faim d’azote, mais en plus poussent de manière spectaculaire dès les températures augmentent et les jours deviennent plus longs que les nuits. Ces plantes ont passé tout l’hiver à développer tranquillement leur enracinement, à présent, elles sont prêtes pour ériger leurs parties aériennes. De plus, elles consomment une partie de l’eau du sol, ce qui facilite son réchauffement tout en le protégeant du rayonnement solaire et des précipitations.

Que dire du cas où vous avez suivi mes conseils de fin janvier dispensés dans l’article  « commencez un potager sur une parcelles enherbée grâce à un simple mulch » ? Il est clair que là, votre sol reste humide, qu’il est isolé du réchauffement dû au soleil, donc que la libération de nitrates est quasiment nulle. C’est une réalité, c’est pour cela que je propose en général d’attendre fin avril-début mai, voire plus tard, pour mettre en culture : le sol finit quand même par se réchauffer et permet la mise en place des cultures d’été. Si vous souhaitiez toutefois absolument tester des cultures dès à présent, vous pouvez toujours écarter le paillage jusqu’à voir le sol et y déposer les semences mélangées avec un terreau ou un compost de couleur sombre. La couleur sombre permet de mieux absorber le rayonnement solaire et donc de stimuler localement le réchauffement du sol, la libération de l’azote nécessaire aux plantes suivra très rapidement.

Donc pour résumer : soit vous attendez un peu plus que les voisins, soit vous semez dans du terreau ou du compost, soit vous semez à l’automne

Et vous, quelles sont vos expériences de début de printemps ? Travaillez-vous le sol ? Mettez-vous les cultures en place plutôt à l’automne ? Au printemps ?

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Un peu de théorie

Quels amendements organiques apporter à l’automne?

Ces dernières semaines, j’ai à plusieurs reprises été amené à parler du thème des apport de MO à l’automne et de ce qui peut se faire et ce qui ne devrait pas être fait. Ce thème semblant être une préocupation pour nombre d’entre vous j’y décidé d’y consacré ce nouvel article :

Minéralisation d’automne et fuite de nitrates

Avant d’entrer dans les détails, revoyons quelques éléments de théories développés plus en détail un article que j’ai publié il y a un an: minéralisation d’automne et fuite de nitrates.

En résumé, il en ressort qu’à l’automne les sols sont (généralement) chauds et humides, ce qui favorise l’activité microbienne et donc la minéralisation des matières organiques. Une des conséquence de cela est que l’azote contenu dans ces matières organiques se retrouve massivement libéré sous forme de nitrates qui risquent d’être lixiviés (donc perdus pour le sol et les cultures à venir) vers les nappes phréatiques, risquant en plus de polluer ces dernières (même si on est à 100% bio !).

Le travail du sol éventuel vient fortement aggraver le phénomène, l’automne n’est donc pas la bonne saison pour monter vos buttes permanentes si vous souhaitez cultiver ainsi !

En revanches deux solutions permettent de limiter, voire annuler ce phénomène : l’apport de MO très carbonée (BRF, paille, feuilles mortes…) ou la mise en place d’un couvert végétal capable de capter ces nitrates.

La première solution n’est rien d’autre que celle mise en oeuvre chaque année par nos forêts tempérées, la seconde est celle qui permet aux prairies et autres systèmes herbacés de conserver cet élément si précieux qu’est l’azote.

Revenons donc à nos amendement organiques : certains sont donc très intéressant à apporter maintenant car ils sont très riche en carbone et relativement peu en azote. D’autres en revanche, relativement riches en azote seront à proscrire maintenant et au contraire bienvenus au printemps! Les scientifiques parlent de rapport carbone/azote ou encore C/N. On pourrais discuter de la pertinence de cet indice, mais dans le cas qui nous intéresse ici, il donne des tendances relativement justes.

On considère généralement qu’un amendement organique au C/N situé aux alentours de 25-30 sera neutre du point de vue de la libération d’azote minéral (nitrates, ammonium…) dans le sol car les micro-organismes consomment 25 à 30 fois plus de carbone que d’azote.

En conséquence, en dessous de ce rapport C/N on favorise la libération d’azote et au dessus, au contraire on immobilise l’azote minéral du sol. C’est à cause de cela qu’un apport de BRF au printemps provoque une faim d’azote parfois très problématique !

Quant aux matières organiques du sol, elles ont un C/N de 10 à 12, et sont donc très vulnérable à la minéralisation d’automne : les cultures et couverts végétaux implantés en fin d’été et en automne n’ont donc pas besoin de fertilisation supplémentaire, l’azote fourni par la minéralisation de l’humus leur suffit !

Du coup, vous l’aurez compris, à l’automne, si vous n’avez plus de cultures en place, il faudra éviter les amendements organique au C/N inférieur à 25 et de préférence en choisir un parmi ceux dont le C/N est très largement supérieur.

Voici le C/N de quelques matières organique organiques que vous êtes susceptibles d’utiliser pour vous guider dans vos choix:

Engrais organiques : <5

Gazon et autre matières végétales vertes : 7 à 10

Déchets de cuisine : 10 à 25

Fumier de volailles : 10 à 15

Fumier peu pailleux : 15 à 20

Fumier pailleux : 20 à 30

Compost mûr de fumier : 10 à 15 uivant le type de fumier

Compost jeune de fumier : 15 à 25 suivant le type de fumier

Compost « maison » : 25 à 30

Foin : 25 à 35

Feuilles d’arbres : 40 à 80

pailles de céréales : 50 (avoine) à 150 (blé)

BRF : 50 à 150 suivant les essences et le diamètre des branches broyées

Sciures : > 150 et pouvant atteindre 1000 pour certains résineux.

Lorsque viendra la printemps, ce sera tout le contraire : les matériaux à C/N élevé seront à éviter à cause de la faim d’azote qu’ils risque de provoquer, ou alors être utilisés uniquement en surface (paillage) alors que les matériaux à C/N bas seront à favoriser afin de libérer des nitrates qui aideront vos cultures printanières à démarrer.

Et pour ceux qui sont en milieu tropical (si, si, vous êtes nombreux à me lire depuis les tropiques), oubliez cet article car le problème ne se pose par pour vous : vos sols sont toujours chauds et les périodes humides correspondent à celles où le sol est cultivé, donc les nitrates libérés seront utilisés pour la croissance des cultures !

Quels amendements organiques apporter à l’automne,

Ces dernières semaines, j’ai à plusieurs reprises été amené à parler du thème des apport de MO à l’automne et de ce qui peut se faire et ce qui ne devrait pas être fait.

Avant d’entrer dans les détails, revoyons quelques éléments de théories développés plus en détail un article que j’ai publié il y a un an: minéralisation d’automne et fuite de nitrates

En résumé, il en ressort qu’à l’automne les sols sont (généralement) chauds et humides, ce qui favorise l’activité microbienne et donc la minéralisation des matières organiques. Une des conséquence de cela est que l’azote contenu dans ces matières organiques se retrouve massivment libéré sous forme de nitrates qui risquent d’être lixiviés (donc perdus pour le sol et les cultures à venir) vers les nappes phréatiques, risquant en plus de polluer ces dernières (même si on est à 100% bio !). Le travail du sol éventuel vient fortement aggraver le phénomène, l’automne n’est donc pas la bonne saison pour monter vos buttes permanentes si vous souhaitez cultiver ainsi ! En revanches deux solutions permettent de limiter, voire annuler ce phénomène : l’apport de MO très carbonée (BRF, paille, feuilles mortes…) ou la mise en place d’un couvert végétal capable de capter ces nitrates.

La première solution n’est rien d’autre que celle mise en oeuvre chaque année par nos forêts tempérées, la seconde est celle qui permet aux prairies et autres systèmes herbacés de conserver cet élément si précieux qu’est l’azote.

Revenons donc à nos amendement organiques : certains sont donc très intéressant à apporter maintenant car ils sont très riche en carbone et relativement peu en azote. D’autres en revanche, relativement riches en azote seront à proscrire maintenant et au contraire bienvenus au printemps! Les scientifiques parlent de rapport carbone/azote ou encore C/N. On pourrais discuter de la pertinence de cet indice, mais dans le cas qui nous intéresse ici, il donne des tendances relativement justes.

On considère généralement qu’un amendement organique au C/N situé aux alentours de 25-30 sera neutre du point de vue de la libération d’azote minéral (nitrates, ammonium…) dans le sol car les micro-organismes consomment 25 à 30 fois plus d’azote que de carbone.

En conséquence, en dessous de ce rapport C/N on favorise la libération d’azote et au dessus, au contraire on immobilise l’azote minéral du sol. C’est à cause de cela qu’un apport de BRF au printemps provoque une faim d’azote parfois très problématique !

Quant aux matières organiques du sol, elles ont un C/N de 10 à 12, et sont donc très vulnérable à la minéralisation d’automne : les cultures et couverts végétaux implantés en fin d’été et en automne n’ont donc pas besoin de fertilisation supplémentaire, l’azote fourni par la minéralisation de l’humus leur suffit !

Du coup, vous l’aurez compris, à l’automne, si vous n’avez plus de cultures en place, il faudra éviter les amendements organique au C/N inférieur à 25 et de préférence en choisir un parmi ceux dont le C/N est très largement supérieur.

Voici le C/N de quelques matières organique organiques que vous ees susceptibles d’utiliser pour vous guider dans vos choix:

Engrais organiques : <5

Gazon et autre matières végétales vertes : 7 à 10

Déchets de cuisine : 10 à 25

Fumier de volailles : 10 à 15

Fumier peu pailleux : 15 à 20

Fumier pailleux : 20 à 30

Compost mûr de fumier : 10 à 15 uivant le type de fumier

Compost jeune de fumier : 15 à 25 suivant le type de fumier

Compost « maison » : 25 à 30

Foin : 25 à 35

Feuilles d’arbres : 40 à 80

pailles de céréales : 50 (avoine) à 150 (blé)

BRF : 50 à 150 suivant les essences et le diamètre des branches broyées

Sciures : > 150 et pouvant atteindre 1000 pour certains résineux.

Lorsque viendra la printemps, ce sera tout le contraire : les matériaux à C/N élevé seront à éviter à cause de la faim d’azote qu’ils risque de provoquer, ou alors être utilisés uniquement en surface (paillage) alors que les matériaux à C/N bas seront à favoriser afin de libérer des nitrates qui aideront vos cultures printanières à démarrer.

Et pour ceux qui sont en milieu tropical (si, si, vous êtes nombreux à me lire depuis les tropiques), oubliez cet article car le problème ne se pose par pour vous : vos sols sont toujours chauds et les périodes humides correspondent à celles où le sol est cultivé, donc les nitrates libérés seront utilisés pour la croissance des cultures !


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Un peu de théorie

L’azote dans tous ses états

Dans mon article précédent, je vous ai parlé d’azote et de nitrate, mais comme il n’est pas forcément évident pour tout le monde ce que sont les différentes formes de l’azote dans le sol, les organismes vivant et l’atmosphère, je vous propose de faire connaissance un peu mieux avec cet élément si essentiel au vivant !

Tout d’abord une petite histoire sur l’origine du nom cet élément, qui signifie contraire à la vie animale (association « a » privatif et « zoos » animal). Ce qui est assez paradoxal quand on sait l’importance qu’il a dans le vivant ! Mais Lavoisier, savant français qui est à l’origine de nom ne connaissait pas les protéines, ni l’ADN et encore moins leurs rôles fondamentaux dans le fonctionnement du vivant.

Du point de la planète, l’azote est très peu présent dans les roches, mais est en revanche l’élément majoritaire de l’atmosphère, et, dans une moindre mesure, est présent dans les eaux, les sols et les organismes vivants.

Commençons donc par l’atmosphère : il y est surtout présent sous la forme diazote (N2), ainsi que sous d’autres formes extrêmement minoritaires telles que des oxydes (NO2, NO, N2O), de l’ammoniac (NH3)… Mais ces gaz, même si ils peuvent avoir une grande importance dans certains cas (notamment lorsqu’ils sont émis en excès par les activités humaines), sont quantitativement insignifiants devant le diazote qui représente à lui seul 78% de l’atmosphère terrestre. Le souci c’est que le diazote est très peu réactif, il ne se dissout pas dans l’eau, il ne s’oxyde pas spontanément, il n’est pas assimilable par les végétaux… bref, il est inerte !

Heureusement pour nous (et pour tous les autres animaux, champignons, et végétaux qui vivent à la surface de la terre), certaines bactéries ont inventé la fixation biologique du diazote. Ces bactéries sont issues des différentes lignées de ce domaine (cyanobactéries, protéobactéries, actinobactéries…), les rhizobium qui vivent en symbiose avec les légumineuses sont des exemples de ces bactéries. Elles possèdent des enzymes qui leur permettent de transformer le diazote en ammonium, une des multiples formes de l’azote dans le sol et les eaux.

Venons en donc à cet azote du sol et des eaux, on l’y trouve sous deux grands types : l’azote minéral et l’azote organique.

L’azote minéral, c’est surtout les nitrates (NO3), les nitrites (NO2) et l’ammonium (NH4+), ces composés sont tous forcément sous forme dissoutes dans l’eau (eau du sol, eau des rivières, eaux souterraines…). Si cette eau est riche en oxygène dissous, c’est plutôt la forme nitrates qui domine, sinon, c’est l’ammonium.

L’azote organique, c’est tout un monde car cet élément entre dans une kyrielle de composés différents. Il est toutefois particulièrement présent dans les acides aminés, brique de base des protéines, si importantes dans la constitution des tissus des animaux (entre autres), et aussi dans les bases nucléiques, qui sont les éléments constitutifs de l’ADN. Protéines et ADN… on  a vraiment affaire là à des composés essentiels au fonctionnement de l’ensemble des organismes vivant ! D’où l’importance de l’azote ! Il entre aussi dans la composition des composés humiques, de la chitine qui forme les parois cellulaires des champignons et la « peau » (tégument) des insectes ou encore de composés organiques simples tels que l’urée et l’acides uriques présents dans les urines des animaux. Afin de mieux comprendre les flux d’azote dans un écosystème, il est préférable de distinguer l’azote contenu dans les MO du sol et celui contenu dans le vivant (Cf. schéma ci-dessous), même si les composés présent dans ces deux compartiments sont en partie les mêmes.

Lorsque ces matières organiques sont minéralisées par des micro-organismes, elles libèrent une partie de leur azote sous forme minérale, en l’occurrence en ammonium. Cet ammonium peut ensuite, si les conditions le permettent (milieu riche en oxygène), être transformé en nitrites puis en nitrates par des bactéries spécifiques dites nitrifiantes. C’est ensuite ces nitrates, qui sont l’azote préféré de la majorité des végétaux. Les plantes intègrent alors cet azote dans leurs constituants, et plus particulièrement sous forme d’acides aminées (protéines) et bases nucléiques (ADN).

Les nitrates synthétisés par les bactéries nitrifiantes peuvent ensuite être transformés en diazote par des bactéries dites dénitrifiantes. Ce phénomène de dénitrification a lieu dans des conditions de milieu pauvre en oxygène.

Bon, fixation biologique, assimilation par les végétaux, nitrification, dénitrification… Cela fait peut être beaucoup si vous n’êtes pas familiers de ces processus, voici un petit schéma récapitulatif :

Schéma très simplifié (si, si !) du cycle de l’azote dans un écosystème. Les flèches rouges indiquent des processus d’origine microbienne (champignons et surtout bactéries), les flèches vertes les échanges entre les plantes et le sol, les flèches bleues impliquent l’ensemble des organismes du sol et les flèches grises correspondent à des processus physico-chimiques.

Pour ceux qui veulent aller plus loin dans la compréhension des flux d’azote, je ne saurai que trop vous conseiller le sol vivant de Gobat et al., même si le niveau de l’ouvrage est relativement élevé !

Note : cet article a été écrit suite à la demande d’une de mes nouvelles lectrices, alors si vous voulez que je traite un sujet en particulier, n’hésitez pas, je suis là pour cela !

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Un peu de théorie

Minéralisation d’automne et fuite de nitrates

Les pluies reviennent sur l’ensemble de la France et les sols encore chaud sont prêts à libérer dans le sol, voire dans les eaux souterraines, les nitrates qu’ils contiennent. Ce phénomène concerne tout le monde : jardinier ou agriculteur, bio ou non-bio !

De quoi s’agit-il exactement ?

Les sols encore chaud au sortir de l’été (même si l’air est déjà bien froid dans certaines régions) et s’humidifient avec les pluies d’automne, favorisant ainsi une stimulation de l’activité bactérienne du sol, ce qui a pour conséquences de détruire une partie de la matières organique du sol en ses composés minéraux simples (eau, gaz carbonique, azote minéral, phosphate…). Ce phénomène est justement appelé minéralisation et l’azote minéral est essentiellement sous forme de nitrates. La minéralisation d’automne libère en moyenne 60% des nitrates minéralisés dans l’année. En sol nu, ces nitrates sont en grande partie emportés par les eaux d’infiltration vers les nappes phréatiques et nous nous retrouvons avec un double handicap : perte d’une partie de l’azote du sol qui ne profitera pas aux cultures suivante et pollution des eaux souterraines…

Alors que faire pour éviter ce phénomène ?

Tout d’abord, comprendre ce qui le stimule : plus un sol reçoit d’oxygène, plus la minéralisation, et donc la libération de nitrates, est intense., c’est pourquoi les labours d’automne ont un impact terrible sur la fuite de nitrates vers les nappes phréatiques. C’est aussi pour cela que le travail du sol lié à la création de buttes stimule la libération de ces mêmes nitrates (ceci répond à la question contenue dans le commentaire n°24 de Claude dans l’article sur les buttes), surtout si elle est montée à l’automne. Mais même si elle est montée au printemps, remuer la terre stimule la minéralisation et la libération de nitrates, ce qui favorise alors la croissance de la culture.

Donc une fois de plus, le semis direct est une solution nécessaire. Cela dit, nécessaire, oui, mais pas suffisante, car même non travaillé, le sol minéralise, moins qu’un sol travaillé, mais il minéralise quand même ! Il nous faut donc des outils complémentaires pour limiter encore plus, voire supprimer les fuites de nitrates.

Deux possibilités pour cela :

– La première c’est d’amener du carbone au sol pour fixer cet azote qui s’apprête à fuir, cette solution consiste tout simplement à amener des matières organiques riche en carbone, comme du BRF, mais aussi des pailles, ou encore des feuilles mortes. La décomposition de ces matières organique nécessite beaucoup d’azote qui se trouve justement en grandes quantité dans le sol en ce moment ! C’est une des raison pour lesquels on conseille d’apporter les BRF à ce moment sur le potager.

– La seconde c’est de mettre en place des plantes qui prélèvent cet azote au fur et à mesure qu’il est libéré, ces plantes sont tout simplement soit des cultures d’hiver, soit des couverts végétaux, cf. mon article précédent pour plus de détail sur le sujet. Ces outils sont décidément incontournable pour une gestion biologique de votre sol !

Alors bon BRF et bon semis de cultures et couverts hivernaux !

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Un peu de théorie

Rôle agronomique n°1 : La transformation des matières organiques

Les végétaux injectent dans le sol toutes sortes de matière organiques par l’intermédiaire de nombreux processus : mort des parties aériennes (feuilles, tiges, branches…), mort des racines, exsudats racinaires… Ces matières organiques sont alors consommés par différents organismes. Voyons cela plus en détail en nous intéressant à tous ces composés du plus facile à consommer jusqu’aux plus difficiles :

– Les composés les plus facilement consommables par la vie des sols sont sans conteste les exsudats racinaires qui sont essentiellement des sucres que la plante libère dans la rhizosphère (le sol qui est au voisinage immédiat des racines vivantes). C’est ainsi que les exsudats racinaires et la mort pluriannuelle des racines les plus fines font surtout vivre des populations de bactéries, mais aussi de champignons, protozoaires, nématodes

– Les tissus tendres, comme les feuilles, les tiges tendres, ou encore les racines fines si elles sont également consommées par des bactéries, nourrissent aussi certains champignons et des petits animaux spécialisés, comme les collemboles, certains insectes, ou encore les vers de terre.

Collembole © Ph. Lebeaux http://www.lafaunedusol.com
Collembole © Ph. Lebeaux http://www.lafaunedusol.com

– Quant aux tissus ligneux, les plus durs, ils nécessitent l’intervention d’animaux aux pièces buccales suffisamment puissantes tels que certains acariens, des petits crustacés (cloportes), certains « mille pattes » (diplopodes) ou encore les larves de certains insectes, comme les termites. Tous ces animaux facilitent la colonisation des matières organiques par des champignons spécialisés (pourritures blanches, pourritures brunes et pourritures molles).

Un diplopode s'affairant sur du bois en décomposition. © Ph. Lebeaux http://www.lafaunedusol.com
Un diplopode s’affairant sur du bois en décomposition. © Ph. Lebeaux http://www.lafaunedusol.com
Les champignons de pourriture brune (ou cubique) consomment la cellulose contenue dans le bois qu'ils transforment en de petits cubes marrons et cassants

Les animaux (pédofaune et animaux de « surface ») fournissent également des apports significatifs de matière organique au sol, bien qu’en bien moins grande quantité que les végétaux, du fait de leurs déjections et de leurs cadavres. Ces composés sont alors consommées par des bactéries surtout, mais aussi des champignons, des insectes, des vers…

Tous ces organismes, appelés « détritivores » ou « saprotrophes » sont responsables de la transformation des résidus de culture, des feuilles tombées au sol, des fumiers… Leur présence assure donc la transformation de ces amendements, ce qui produit deux processus opposés :

  • un qui détruit ces composés organiques pour les transformer en éléments simples (nutriments, eau, gaz carbonique…) qui est appelé minéralisation, surtout dues à l’activité des bactéries ;
  • un autre qui les complexifie pour générer les humus qui nécessite en particulier l’action de champignons sur les tissus ligneux

Ces deux processus conduisent respectivement à la libération de nutriments dans le milieu environnant, et donc à la nutrition minérale des plantes, et à la structuration du sol, ce qui lie directement la transformation des matières organiques aux deux autres grands rôles agronomiques.

Dans le prochain article, je vous parlerai de la structuration du sol par nos amis !

.Les photos de la faune du sol présentées dans cet article proviennent du site de Philippe Lebeaux : www.lafaunedusol.com, dont je vous recommande vivement la visite !

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