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La destruction des couverts végétaux

Pour ceux qui ont vu leurs couverts végétaux hivernaux résister au gel du mois de février qui fut exceptionnel dans de nombreuses régions de France, la question de la destruction commence désormais à se poser. Et en particulier quand et comment détruire ?

Quand ?

Si le calendrier cultural le permet, le mieux est d’attendre le plus longtemps possible, idéalement jusqu’à la floraison, voire un peu après. En effet, la plante est beaucoup plus vulnérable à ce moment, alors que si vous cherchez à la détruire plus tôt, elle a de plus grandes chances de repartir et donc de gêner la culture qui suit.

Cette règle amène à une date de destruction située entre la mi-avril et la mi-mai. Cela peut sembler très tardif, mais cela permet aussi de maximiser la production de biomasse par le couvert et donc les transferts d’énergie, de carbone, éventuellement d’azote provenant de l’atmosphère… des plantes vers le sol, l’effet fertilisant est donc ainsi maximisé. Le seul problème qui risque de se poser est le séchage du profil de sol si le printemps est sec. Si vous avez les moyens d’arroser abondamment à la mise en place des cultures suivantes, ce n’est pas trop gênant, mais si ce n‘est pas le cas, vous serez obligé de surveiller de près ce paramètre et donc de détruire prématurément le couvert peut être dès la mi-avril si la météo n’annonce pas d’eau dans la semaine qui suit. Le risque alors est que le couvert soit mal détruit et qu’il faille désherber manuellement les repousses, ce qui, à l’échelle d’un potager, demeure gérable.

Comment ?

Dans le cadre du jardinage sol vivant, je vous propose de proscrire la destruction par enfouissement et la destruction chimique. En effet, la première, outre le travail du sol qu’elle nécessite, risque d’accumuler des matières organiques dans le sol, provoquant un pic brutal d’activité bactérienne qui consomme tout l’oxygène présent, rendant ainsi le sol autour des débris en décomposition momentanément anaérobie. Quant à la seconde, si elle encore difficilement évitable en grandes cultures, elle peut être beaucoup plus facilement évitée en jardinage où un « loupé » sur la destruction aurait des conséquences gérables.

Parmi les solutions mécaniques qui nous sont accessibles, je vous propose d’explorer les suivantes :

  • Le sarclage
  • Le roulage
  • Le broyage
  • La fauche
  • Le bâchage

Le sarclage :

Passer le couvert à la binette est une possibilité acceptable sur quelques mètres carrés, au-delà ce travail devient vite très pénible et nécessite en plus un travail de l’horizon superficiel, ce qui peut être problématique si le sol est humide lors de l’intervention.

Destruction d\’un couvert végétal (Biomax) en avril 2010

Le roulage :

Rouler le couvert avec un rouleau à lames, type rolofaca serait l’idéal si un tel matériel existait pour les jardiniers, ce qui n’est malheureusement pas le cas. Il est toutefois possible de bricoler un appareil à l’action comparable : le « Crimp-o-matic » de John Hayden, composé d’une cornière, d’une planche de bois et de deux ficelles. Ces dernières permettent au jardinier de tenir la planche de bois sur laquelle il appuie de tout son poids pour écraser la végétation, la cornière, située sous la planche, blesse les plante et diminue ainsi leurs chance de repousse.

Le broyage :

Broyer le couvert, par exemple avec une tondeuse en position haute, ou un gyrobroyeur, si vous pouvez avoir accès à ce type de matériel, est une solution relativement simple à mettre en œuvre, à condition que le couvert soit au moins à floraison. Toutefois, il sera préférable d’attendre que celle-ci soit passée car le principal défaut de ce mode de destruction est son impact son les insectes qui vivent sur les plantes et en particulier les pollinisateurs.

La fauche :

Si vous savez vous servir d’une faux ou que vous disposez d’une motofaucheuse, la fauche est une alternative intéressante au broyage, mais la destruction risque d’être plus incomplète et ce mode de destruction n’est envisageable que sur un couvert bien développé.

Le bâchage :

Oui, avec un « â », pas avec un « ê » ! C’est un mode de destruction simple et efficace même sur un couvert jeune : cette technique consiste à faucher le couvert et y poser une bâche noire type bâche d’ensilage. Au printemps, d’après Laurent Welsch, maraîcher du Sud Ouest adepte de cette pratique, trois semaines suffisent pour détruire les plantes du couvert. Après cela la bâche peut être rangée jusqu’au printemps suivant. C’est vrai que l’esthétique n’est pas au rendez vous pendant ces trois semaines, mais cela fonctionne plutôt bien, le sol n’est pas perturbé et le début de décomposition des parties aériennes du couvert stimulé.

Voilà pour mon petit topo sur le sujet, je vous invite à le compléter avec vos expériences et connaissances dans les commentaires ci-dessous !

Note du 2 mai: Pour des informations complémentaire sur le sujet, je vous invite à visiter l’article de Yann Labuche de Terre d’Humus sur le même sujet: http://www.terredhumus.fr/-actualits-19/104-28avr12-detruire-ses-engrais-verts

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Une séance de jardinage sous le soleil de mars

Que le jardinage sol vivant soit quelque chose de simple et pas fatigant, vous le savez déjà, j’illustre ici simplement ce propos en montrant ce qui peut se faire en une heure ou deux de jardinage tranquillou en profitant des premiers jours ensoleillés du mois de mars.

  • Le sarclage des cultures d’hiver : ce premier sarclage est très important, même si les herbes ne sont pas encore très développées en ce début mars, les perturber maintenant permet à la culture (ici des fèves) de prendre un avantage décisif pour la suite de la saison. Dans les semaines qui viennent, les fèves qui ont déjà bien démarré leur croissance vont se développer et il sera plus difficile d’intervenir, alors autant le faire tout de suite !

  • Je vous ai déjà parlé de la préparation du sol avec des cartons, voici l’illustration en image. Ici, ce sont en fait des allées dont l’herbe grignotait les planches de cultures, alors nous avons matérialisé l’allée avec des planches de coffrages et le reste est préparé avec du carton. Notez que d’habitude, j’invite à épandre du BRF avant de poser les cartons, mais ici, le sol en a déjà reçu en 2009, donc pas la peine d’en remettre. Ensuite, il suffit de pailler copieusement avec du foin.

  • Et le foin, me direz vous, comment en trouver à cette saison, comme le soulignait Olivier Barbié dans un commentaire de l’article sur les BREF ? Et bien voici un élément de réponse, ici, je ratisse avec un croc une partie du jardin laissée en friche et qui nous sert de réserve de biodiversité et de biomasse. En l’occurrence, je prélève juste les herbes sèches de l’année écoulée. Cette pratique consistant à réaliser des fréquences de coupe différentes suivant les zones du jardin est une forme de gestion différenciée, je n’en ai pas encore parlé sur ce blog, mais j’y consacrerai certainement un article dans le courant du printemps.

  • La mise en place d’une planche de pois chiches, sur une idée de ma belle compagne, nous avons choisi de consacrer une planche préparée depuis l’automne avec des BREF et du foin à cette culture. Ci-dessous, pendant que je sarcle un rang de fèves, au fond mon père enlève les BREF en question. Ensuite, un petit coup de sarcloir pour enlever les quelques herbes qui commençaient à passer  au travers et puis semis des pois chiches incorporé au croc à fumier (ouh là là, c’est un travail du sol super intensif que nous avons fait là !). Le développement de la culture au mois de mai nous dira si nous la gardons en culture pure ou si nous l’associons à des cultures d’été.

  • En novembre dernier nous avions mis en place une planche de fénugrec (celle au premier plan sur la photo où mon père enlève les BREF). La levée avait été très bonne (voir photo ci-dessous prise le 20 décembre), mais ensuite la culture n’a pas passé l’hiver et seuls quelques semis commençaient à se développer au milieu de toutes sortes d’adventices (graminées, potentilles, gaillets…) alors nous avons sarclé tout ça et recommencé le semis, on verra bien… C’est a mère qui souhaitait faire cette culture pour faire du « purin » de fenugrec qui serait un traitement contre le mildiou de la vigne. Si début mai, la culture est suffisamment développée pour être fauchée, une fois cette opération réalisée, nous envisageons de laisser ce qui reste en place pour faire un couvert associé aux cultures d’été.

  • En enfin, pour finir, la mise en place de placettes expérimentales de lentilles qui serviront de couvert associé aux cultures d’été. Ici, c’est une toute petite placette où le couvert végétal s’est très peu développée que j’ai sarclé et semée de lentilles vertes. L’expérience a été répliquée à un autre endroit du jardin, là encore, nous verrons bien !

Voilà pour ce beau dimanche de jardinage ! La semaine prochaine, je continue à vous parler de notre jardin, avec cette fois-ci un topo sur les diverses expériences de couvert végétaux et cultures d’hiver mises en place début novembre.

Et en attendant, je vous lance une petite annonce : je recherche 2 ou 3 jardiniers ou maraîchers « sols vivants » qui seraient partant pour me faire un article de ce type tout les 2 ou 3 mois environ, ceci afin de vous proposer des suivis de jardins dans des contextes variés, eh oui, tout le monde n’est pas sur un coteaux argilo-calcaire du Gers. Alors si vous vous sentez la fibre jardinier-reporter, envoyez moi un message à gilles(AT)jardinonssolvivant.fr (remplacer le (AT) par @), décrivant votre situation géographique, votre sol, votre climat et expliquant ce que vous faites niveau jardinage, éventuellement en y joignant quelques photos. tout cela afin que je puisse sélectionner les contributeurs! Alors à vous !