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Les semis en godet par Jacques Subra

Voici un nouvel article de Jacques Subra sur les semis en godet, sujet d’actualité s’il en est !

Aujourd’hui je vais vous parler d’une pratique que je tends à généraliser : les semis en godets sous tunnel d’un maximum de graines avant plantation en pleine terre. Plusieurs avantages à cela :

1e : la précocité, en effet cela permet de gagner plusieurs jours surtout en cas de printemps froid et humide comme c’est le cas cette année 2018. Mon jardin étant situé sur un plateau à 380m d’altitude et un terrain en légère pente orienté nord-ouest la végétation à 15 jours de retard par rapport à la plaine .

2e : la maîtrise des semis et le taux de réussite. En pleine terre, pour les haricots, le maïs, les petits pois…etc il faut attendre que le sol soit suffisamment réchauffé et ressuyé au risque de voir pourrir les gaines, ce qui est particulièrement le cas cette année avec un printemps froid et pluvieux. Pour exemple l’ail qui germe et pourrit par excès d’humidité.

3e: Avec les plants en godets la reprise est rapide, pas de stress donc moins attaqués par les prédateurs ( escargots, limaces, pucerons , merles, mulots…) J’en fait toujours en plus au cas ou il faudrait en remplacer ( mauvaise reprise ou mangé par les limaces).

4em : Pour les adeptes de la couverture du sol permanent, il est plus facile d’implanter des plants que des graines.Il suffit d’écarter le mulch à l’emplacement souhaité.

 

 

Plant prêt à être repiqué.
Plant prêt à être repiqué.
Repiquages de plants de fleurs sous un mulch de paille.
Repiquages de plants de fleurs sous un mulch de foin.
Ici les plants ont été repiqués sur une ligne centrale et paillés avec des orties.
Ici les plants ont été repiqués sur une ligne centrale et paillés avec des orties.

Je voudrais revenir sur un sujet que j’avais abordé en 2014 : les escargots et limaces ; je précise, car on parle toujours des limaces mais les escargots sont aussi gourmands sinon plus que les limaces. C’est la préoccupation première de la majorité des jardiniers, du moins ceux qui pratiquent un jardinage respectueux de la vie. J’ai appris au fil des ans à faire avec car il est impossible d’éviter les dégâts et les gastéropodes ont leur utilité dans la chaîne de la vie. Ils se nourrissent de plantes mais aussi de cadavres d’animaux , leurs déjections et leur mucus enrichissent le sol.

J’ai trois cannes coureur indiens que je lâche dans le jardin le matin quand le temps est humide,( en ce moment c’est tous les jours!) mais il faut les surveiller car elles aiment aussi les tendres plants de salades oignons et autres ! Il y a aussi tous les prédateurs naturels ( hérissons,carabes,oiseaux,crapauds…) mais cela ne suffit pas toujours, donc il m’arrive d’utiliser le ferramol pour les plants les plus exposés.

Le travail de la terre n’est pas une science exacte car soumis à de multiples aléas, et après 40ans de pratiques j’apprends encore chaque jours.

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Comment monter une couche chaude ? Par Jacques Subra

Les graines des légumes exigeants en chaleur ( tomates, poivrons, piments, aubergines…) ont besoin d’une température de 20 à 25° pour leur germination. Si l’on ne dispose pas d’une serre chauffée, il faut créer une zone chaude artificielle. Voici comment je procède pour monter une couche chaude :

Dans ma serre tunnel de 48m2 j’ai creusé une fosse de 1mx2m rehaussée par des planches pour obtenir une profondeur totale de 70cm.

préparation de la couche chaude : la fosse est comblée par un mélange
préparation de la couche chaude : la fosse est comblée par un mélange de déchets verts tassés.

Je remplis cette fosse de fumier de cheval pailleux mélangé à des déchets verts ( tontes + brf frais ) que je tasse pour provoquer une fermentation ensuite je termine par une épaisseur de 5cm du compost récupéré de la couche de l’année précédente.

ce mélange est ensuite recouvert par une couche de compost.
Ce mélange est ensuite recouvert par une couche de compost.

La température peut monter à 35-40°, quand elle se stabilise autour des 25° je pose mes godets de semis sur ce matelas chauffant, la température peut se maintenir plus d’un mois autour des 20°.

Lorsque que la température convient, on peut y installer les semis en godets !
Lorsque que la température convient, on peut y installer les semis en godets !

En cas de froid et la nuit une bâche plastique recouvre la couche pour protéger les semis.

Je monte la couche chaude vers la mi-mars, car chez moi, sur le plateau à 380m d ‘altitudes, on ne peut pas planter à l’extérieur sans risques avant le 15mai. Les plants sont repiqués une première fois dans la serre avant leur mise en place définitive en pleine terre.

Jacques Subra


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Observons

Les effets d’un travail du sol même très léger et d’une absence de paillage, même très localisée…

Je vous propose aujourd’hui de vous partager une observation faite dans mon jardin sud-ardéchois sur une planche semée de pois gourmand et céréales (orge et triticale, comme tuteurs).

Vue générale de la planches de pois gourmands tells qu’elle se présentait le 13 janvier

Et en regardant de près le sol, voilà ce qu’il apparaît (cliquer sur l’image pour l’agrandir) :

La partie gauche est l’inter-rang dont j’ai dégagé le paillage pour la photo et la partie gauche est un rang de pois, à un endroit où ceux-ci ne sont pas sortis (Endroit choisi pour la clarté de la photo, mais c’est pareil partout ailleurs).

Il est flagrant que l’état de surface de l’inter-rang est de bien meilleure qualité que celui du rang. Quelles sont les différences de traitement entre les deux zones?

– L’inter-rang a été juste sarclé à la binette (travail du sol sur 1 ou 2 cm à peine) puis légèrement paillé avec les résidus du sarclage ;

– Le rang a été sarclé, puis j’y ai ouvert un sillon au transplantoir, réalisé le semis et enfin refermé le sillon et tassé avec le pied.

C’est pas bien violent comme travail et pourtant la surface apparaît aujourd’hui fermée, sans porosité et se voit coloniser par les algues vertes (pas les mêmes que celles des plages bretonnes, bien entendu 😉 !)…*

J’avais l’habitude des terres gasconnes bien argileuses et abritant des myriades de vers de terre et là ces derniers avaient de toute façon tôt fait de restructurer les légères perturbations dues au semis, mais ici, sur les sols sableux des gréseux du Sud-Ardèche, ça ne marche pas pareil… J’ai l’impression que le sol n’a pas aimé être tassé puis laissé tel quel. Alors, je retiens la leçons, sur un tel terrain, il est indispensable de pailler le moindre centimètre carré, fût-ce avec un paillage très léger ! Bon ça n’empêche pas les pois de pousser, mais quand même ça ne me plaît pas !

Avez vous des observation similaire ou contradictoires à nous partager? Alors rendez vous dans les commentaires ci-dessous!

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Compostage à froid : Le « mille-feuilles de BRF à la Bretonne » par Gilles Bernard

Voici un nouvel article invité écrit par un de mes correspondants bretons: Gilles Bernard qui avait déjà contribué à mon blog cet été. Le voici de retour avec un article expliquant sa production de compost à basse température pour pour réaliser ses semis en godets.

En jardinage naturel, les pratiques sont variées, et à côté des puristes (comme Gilles 😉 ) qui limitent leurs apports organiques aux seuls compostages de surfaces, il y a ceux qui, ponctuellement,  « aident » la nature par quelques apports de compost.

Je fais partie de cette deuxième catégorie, et cet apport s’opère via les godets de plantation. Je privilégie en effet, chaque fois que possible, un semis en godets de compost pur opéré en mini-serre.

Le jardinage est toujours affaire de compromis : entre  le « laisser faire la nature » et risquer de voir les légumes céder le pas aux adventices et au prédateurs, et le « tout contrôler à tout prix » et risquer de créer un milieu de culture purement artificiel, j’ai opéré cet arbitrage consistant à mener la phase de démarrage des plants sous parfait contrôle en serre pour ensuite livrer la plante à son développement naturel sans la moindre intervention dans la phase de plein air.

Je vois dans cette pratique plusieurs avantages :

  • plantations précoces,
  • meilleur contrôle des prédateurs, limaces en particulier,
  • contrôle des adventices,
  • travail à hauteur
  • raccourcissement du cycle végétatif de plein air et donc possibilité d’enchaîner jusque 3 récoltes par an dans les carrés.

Du coup se pose pour moi la question de l’approvisionnement en compost, car pour 100m² de carrés potagers, il me faut garnir dans les 2000 godets, soit un besoin de 300 litres de compost bien mûr tamisé.

Je pratique le compostage en tas, et recycle tout ce qui peut me tomber sous la main.

Pas un article sur le compostage qui ne parle d’une forte montée en température dès les premiers jours, gage indiscutable d’un compost réussi. Des températures de 50 à 70° apparaissent comme un passage obligé : un beau tas de compost est un compost qui fume.

Pourtant, dans la nature, rien de semblable : imaginez une forêt dont le sous-sol monterait pareillement en température ! Adieu cèpes et girolles, adieu scarabées et salamandres… Il y aurait bien le tas de foin mouillé», ou le tas d’algues vertes sur les côtes bretonnes qui chauffent eux aussi très fort, mais rien de bien naturel dans ces situations, en tout cas pas de celles qu’on voudrait reproduire au jardin.

Pourtant le dogme est là : il faut que ça chauffe !

Très attaché à suivre ces préconisations académiques, je me suis moi-même employé, pendant des années, à réunir les conditions pour faire de mon compost une véritable « centrale thermique » : matières vertes à l’excès, humidité, aération.

Pourtant, un jour, un tas a « foiré », les températures restant désespérément basses. Arrosage, retournement, rien n’y a fait ! Délaissant ce tas de compost facétieux et retors, j’ai fini par l’oublier au fond du jardin. Puis vint le jour où me décidant à recycler ces matériaux, ne serait-ce que pour faire de la place, surprise, j’ai découvert un compost bien noir, mûr à souhait, à l’odeur d’humus prononcé.

Puis au fil des années, le phénomène s’est reproduit de façon fortuite, une fois, deux fois et chaque fois ce même résultat : l’un des plus beaux composts jamais obtenus.

D’où cette interrogation : ce dogme ne serait-il pas tout simplement le reflet d’une société où on doit à tout prix gagner du temps, reproduisant au jardin des réflexes de productivité qui n’y ont pas leur place !

les matériaux ont été rassemblés sur l’aire de compostage : végétaux aquatiques (ici, du cresson issu de ma mare), BRF (branches de pommiers et de figuiers récupérées chez un voisin ), litière de volaille peu chargée, algues (en bord de mer, la récolte des algues en échouage est une véritable aubaine pour les jardiniers), vieux compost

Si comme moi, vous pensez que le jardinage naturel c’est aussi la réappropriation du temps long, et pour peu que vous soyez tentés de reproduire le phénomène d’humification naturel vous déciderez peut être un jour de conduire votre tas de compost en basse température.

Si l’expérience vous tente, voici quelques conseils issus de plusieurs années de pratique :

  • Varier les matériaux : un tas de compost composé d’un seul élément devient rapidement ingérable et un assemblage de 5 matériaux différents me semble un bon compromis.
  • Combiner intelligemment déchets carbonés et déchets azotés. On associera en strates successives les matières carbonées (brunes, dures, et sèches telles que feuilles, vieux foins, pailles, litières peu chargées, BRF) et les matières azotées (vertes, molles, déchets ménagers, tontes, mauvaises herbes, plantes aquatiques…)
les matériaux sont assemblés en tas par couche successives de quelques centimètres d’épaisseur
  • Ne pas trop arroser, voire ne pas arroser du tout. La fermentation basse ne s’accompagne que d’une très faible évaporation d’eau, à la différence des fermentations hautes. De plus, un excès d’eau diminue la quantité d’air contenu dans le compost, et peut conduire au développement de processus anaérobie s’accompagnant de composés volatils nauséabonds (méthane, hydrogène sulfuré, ammoniac)
  • Aménager des zones tampons : prévoir de façon régulière une strate d’un matériau présentant une bonne inertie thermique : une couche constituée de quelques fourchées de vieux compost constitueront un obstacle à la « propagation » des hautes températures. Un BRF sec (obtenu à partir de fagots fanés, ou BRF vert étalé au grand air pendant quelques jours) jouera un rôle équivalent.
  • Aérer le tas : les japonais placent verticalement dans leur tas, au moment de l’assemblage, quelques bambous qui seront retirés après 2 ou 3 jours, constituant autant de cheminées d’aération.
le tas terminé fait une belle hauteur, il se tassera d’un bon tiers en 1 mois

Voici quelques éléments d’explication un peu plus techniques :

Dans un compostage à chaud, la rapide montée en température correspond à une multiplication rapide des bactéries mésophiles (aptes à vivre dans des températures de 30 à 50°) puis thermophiles (aptes à vivre dans des températures de 50 à 90°), bactéries qui dans le processus de dégradation de la matière organique vont rapidement s’attaquer aux composés les plus dégradables (glucoses, amidons…).

Suit, après quelques semaines, une deuxième phase dite de « maturation » : tandis que les températures se stabilisent entre 30 et 50°, une nouvelle génération de bactéries associée à des champignons et des actinomycètes va engager  la dégradation des composés les plus résistants (celluloses lignines…), et progressivement mettre en œuvre la biosynthèse des composés humiques.

Dans notre compost « raté », nous avons sauté la première étape, et les micro-organismes de la phase maturation ont assuré seuls le processus d’humification.

Pour conclure, je vous propose de balayer quelques objections « faciles » :

  • Objection n° 1 : les graines de mauvaises herbes habituellement détruites dans la phase de chauffe ne seront pas détruites dans le compostage à froid. Mon expérience personnelle me fait dire que quelles que soient les méthodes de compostage, le jardinier n’échappe pas au sarclage, malheureusement, et je n’ai pas remarqué que les adventices soient plus ou moins présents avec ce compost.
  • Objection n°2 : les éléments pathogènes habituellement détruits dans la phase de chauffe ne seront pas détruits dans le compostage à basse température. Hormis le cas d’incorporation de résidus de toilettes sèches qui appellent la plus grande prudence, et ce quelle que soit la technique de compostage utilisée, je ne vois pas quels éléments pathogènes pourraient être préoccupants.
  • Objection n°3 : le temps de compostage est singulièrement rallongé. En fait, pas tant que ça, et 6 mois suffisent pour obtenir un compost acceptable, 1 an de maturation étant quand même l’idéal
toute la basse-cour est très intéressée par l’opération!
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Un peu de théorie

A propos de l’utilisation du marc de café au jardin

Il y a quelques semaines, j’avais fait appel à vos contributions pour répondre à une question de mon ami et fidèle lecteur Carlos Maricato à propos des possibilités de valorisation du marc de café au jardin. S’en est suivit un nombre incalculable de réponses qui ont demandé un peu de temps à Carlos pour en faire la synthèse. Et la voici donc à votre disposition, je laisse la parole à Carlos à propos des divers usages que l’on peut faire de cet apport :

Effet répulsif

Les limaces ne semblent pas apprécier.

Le marc fait fuir ou empêche l’installation des pucerons. Il faut en mettre au pied des végétaux concernés.

Il favoriserait la floraison.

Eric Petiot (auteur du livre « les soins naturels aux arbres », 2010) signale l’infusion de café en pulvérisation comme un bon répulsif à limaces. Possibilité de pulvériser dans ce but du café au lait, le lait permettant une meilleure adhérence du café sur la végétation à protéger.

D’après Hollingsworth R. G. et Al. (Annals of applied Ecology 142: 91-97, 2005), la caféine agit à la fois comme répulsif et comme produit toxique contre les escargots et limaces. Remarque : l’extrait de piment de Cayenne est aussi un bon répulsif!

Semis

Bien sec, il se mélange aux graines fines pour bien répartir les semis

Paillage

Marc de café en paillage de protection du sol.

Lombricompostage

Le marc de café est très bon pour l’élevage des lombrics. Voir le livre « lombricompost pour tous » de Jean Paul Collaert, 2009, Editions de Terran. Pour cet usage, il faut mélanger le café avec de la cellulose (carton, papier) et ajouter du calcaire (coquilles d’oeuf…)

Engrais

Source :

http://www.sunset.com/garden/earth-friendly/starbucks-coffee-compost-test-00400000016986/

Composition:

Azote: 2.28 %

Phosphore: 0.06 %

Potassium: 0.6 %

Rapport C/N = 24 correct pour engager les processus de décomposition et d’incorporation au sol. Pour info, l’herbe est autour de 15 et le fumier entre 15 et 30.

PH: 6.2

220 kg de matière organique au m3 (442 lbs. organic matter per cubic yard)

L’intérêt du marc de café réside d’abord dans sa teneur importante en potassium et magnésium immédiatement assimilables, puis dans celle également importante de phosphore et de cuivre qui sont pour moitié immédiatement assimilable.

En revanche, il est trop pauvre en calcium, zinc, manganèse et fer pour compenser des carences de ces éléments.

Il contient pas mal d’azote, mais non immédiatement assimilable. Cet azote n’est libéré que progressivement, lors de la dégradation. A noter : seul 0.09% est directement disponible! Le reste est « lié ».

Il représente enfin une source importante de matière organique à court et long terme.

Il peut être utilisé comme d’autres amendements organiques en quantité comparables, soit des apports de 25 à 35 %.

Plantes carnivores

Les américains ont eu beaucoup de succès ces derniers temps en fertilisant des espèces du genre Nepenthes avec du café, peut être en raison de la richesse nutritive de cet amendement.

Conclusion

De nombreux atouts en jardinage en tant qu’ingrédient pour le compostage, ou pour le lombricompostage. Sa richesse en élément nutritifs est intéressante (azote 3%, potassium…)

Il peut servir pour réaliser les semis de petites graines, avec l’avantage d’avoir une densité (rapport poids/volume) sensiblement identique aux graines d’où un bon mélange des graines avec le marc.

Il peut avoir des propriétés répulsives face aux limaces et escargots.

Au final, une matière organique qu’il conviendrait de collecter….

Documents d’intérêt:

Le CTIFL et la station régionale de la SERAIL prés de Lyon ont réalisé une étude sur les amendements organiques.

La Chambre Régionale d’Agriculture Languedoc Roussillon va sortir un guide sur le même sujet cet été.

Carlos Maricato

www.overfield.fr

www.stagescourts.site-coop.org/spip6/spip.php?article4 (sous internet explorer)