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Peut-on modifier la nature du sol profond ? par Jacques Subra

Note de Gilles : Jacques nous soulève ici une question intéressante sur la possibilité ou non d’améliorer le sol profond, je vous invite également à lire la page « le sol cet inconnu » pour mieux comprendre ce qu’est un sol de la surface à la roche dont il est issu.

Je me pose la question tout en connaissant la réponse, pour moi c’est non. Alors me direz-vous pourquoi la poser ? Simplement pour ouvrir un débat et confronter plusieurs points de vue et expériences de jardiniers.

Depuis plus de trente ans je m’efforce d’améliorer le sol de mon jardin-verger par apport de compost, de couverture permanente du sol, mulch et couverts végétaux. J’évite aussi de le retourner pour ne pas perturber la vie présente à tout les niveaux. J’aère à la fourche pour ameublir et griffe superficiellement avant de semer.

A l’origine, mon sol était très acide et le sol profond argileux et très très caillouteux. La couche superficielle n’excédait pas dix centimètres. Ce terrain, de mémoire de paysan du cru, n’avait jamais été cultivé car trop pauvre. La végétation était composée de genêts, fougères et ronces. Actuellement, le sol fertile atteint par endroit trente centimètres et la plupart des légumes poussent sans problèmes. Mais malgré tout, les inconvénients liés à la nature du sol profond persistent et en particulier une grande sensibilité à la sécheresse. En effet il suffit de quelques jours de soleil pour voir apparaître des crevasses même sur les buttes ou l’épaisseur de terre avoisine les quarante centimètres.

Sur les parcelles ou la couverture de mulch est assez épaisse, cela est moins visible, mais sur les cultures d’ail, d’oignons ou échalotes, qui ne supportent pas de paillage au risque de pourrir, c’est flagrant. Les légumes racines, carottes, salsifis, scorsonères, ont du mal à se développer et ont souvent des racines fourchues, ce qui m’oblige à les cultiver sur buttes. Je dois donc veiller à maintenir une bonne humidité en périodes sèches car ensuite, le sol est très difficile à réhydrater.

Voilà mon expérience, j’attends des retours d’autres jardiniers pour connaître leurs problématiques et trouver des solutions.

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Construction d’un sol sur une dune littorale du Morbilhan

Lors du dernier WE de l’ascencion, je me suis rendu en Bretagne, plus précisément sur la presqu’île de Quiberon, pour le mariage d’un ami. Ce voyage depuis ma lointaine Ardèche a été l’occasion de m’émerveiller devant la ténacité des végétaux à se développer et à créer du sol dans un milieu aussi hostile que des dunes de sable pur battues par les vents et les embruns salés et piétinées par les pas des promeneurs. Je vous ai préparé une petite sélection de photos que je trouve assez émouvante de ces végétaux qui usent de toute leur ingéniosité pour s’adapter à de telles conditions de vie. Étant peu familier des végétaux de cette région les noms sont assez approximatifs, j’invite les bretons qui me lisent à préciser ces derniers.
Si la plage est à peu près dépourvue de vie végétale, dès qu’on arrive sur la dune, même dans les zones les plus piétinées et ventées, des graminées (chiendent?) à rhizome occupent le terrain:

Sur cette photo le sable est colonisé par un réseau de graminées à rhizomes bien visible ici: les pieds de ces graminées sont alignés le long des rhizomes.
Lorsqu’on gratte légèrement le sable, on apperçoit le rhizome, tige souterraine depuis laquelle partent les pieds des graminées. Ce mode de développement a pour avantage de créer des réserves souterraines imporantes dans un support qui en est dépourvu et de tresser un réseau qui tend à stabiliser le sable.

Dans zones moins piétinées, on voit ensuite se développer une végétation tout à fait singulière : une sorte de lande à plantes vivaces et légèrement ligneuses qui ne s’élève à guère plus de 10cm au dessus du sol. Cette « lande » est peuplée de toutes sortes de plantes à la floraison de toute beauté en cette fin du mois du mai : asteracées (épervière?), plantes succulentes aux fleurs blanches et mauves semblables à un liseron, rosacées (sorte de minuscule églantier) :
….….….

A ce stade, le sable, encore très pauvre en matières organiques est parcouru par les racines sur une épaisseur encore modeste. On peut pas encore vraiment parler de sol à ce stade.

Dans des zones plus stabilisées et sans doute un peu mieux abritées des mouvements de sable dus au vent, la colonisation est plus avec une véritable prairie dominée par les graminées.

Cette prairie encore relativement éparse composée majoritairement de graminées et d’ombellifères (ici des panicauts) s’est stabilisée à la faveur un grillage qui réduit les mouvements de sable dus au vent.
derrière ce même grillage, dans une zone totalement épargnée par le piétinement, la prairie se fait nettement plus dense.
A ce stade le sable est colonisé par un chevelu racinaire dense, on peut commencer à vraiment parler de sol.

Enfin, stade ultime de la pédogénèse sur les zones les plus exposées aux vents marins, des petits bosquet arbustifs de tamaris (j’ignore s’ils sont venus tout seuls ou s’ils ont été plantés) permettent à des petits îlots de végétation de s’exprimer.

Dans des zones plus abritées, une végétation pré-forestière s’intalle, comme ce lierre à la faveur d’une dépression abritée du vent et hors des sentiers battus par les promeneurs.

Enfin, même si leur présence n’est peut être pas naturelle, des forêts de cyprès majestueux s’élèvent sur la côte est de la presqu’île en abritant un sous bois peuplé majoriatirement, du moins en cette saison, d’ombellifères.

Voilà pour ces exemples de formation de sol, aussi appelée pédogenèse, et d’écosystème dans un milieu assez difficile. J’aime particulièrement ces situation dans lesquelles les différentes étapes de la succession écologique sont bien visible pour peu qu’on prenne le temps de l’observer. Cela illustre également le travail à accomplir lorsqu’on souhaite cultiver « sol vivant » sur un une terre préalblement maltraité et pauvre en activité biologique et matière organique! A méditer, l’observation de la nature est une des meilleures écoles qui soit!