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Le jardin du Hérons dans les Cévennes par Jaille Bartas

Je vous partage aujourd’hui le témoignage d’un jardinier qui met en culture depuis plus de 20 ans la terre sablonneuse des Cévennes gardoises dans un esprit tout à fait convergeant avec l’approche que je propose dans ce blog.

Vie du sol et amendement 

Le sol est  un organisme vivant. Je ne le travaille pas, c’est lui qui le fait, il se régénère perpétuellement. Par l’ajout de sa propre biomasse due à l’ensoleillement et l’eau.

Les  micro-organismes, champignons:

Je les nourris avec du compost de broussaille et fumier de mouton régulièrement, minimum 2 fois par ans, ce qui permet à tous les levains, levures est spores d’être toujours à fond et particulièrement l’été et de nourrir à leur tour les bactéries, qui nourrissent les vers de terre. Je fais balader ces laboureurs  d’un endroit à l’autre en déplaçant régulièrement des tas de mulch. Laissant la place aux plantations.

De ce fait tous les vers de terre, scarabées labourent et les taupes leur courent derrière.

En surface beaucoup d’araignées, d’escargots, limaces et autres se nourrissent du compost frais produit sur place et empêchent les attaques sur légumes ou du moins les restreignent. Je couvre aussi les semis avec un voile.

Il m’arrive d’arroser en février si le temps est trop sec, pour garder toujours un levain actif.

Plantation de pomme de terre et travail du sol 

J’arrache à 4 pattes la culture précédente, souvent navets ou crucifères qui viennent de fleurir, pour les abeilles; je range à droite et à gauche le mulch et crée un labyrinthe. Ensuite, je creuse un trou de 20 cm (à deux c’est mieux), car je ne butte pas les pommes de terre, et avant qu’il ne se  referme, mon fils y jette une patate germée (tous les 40cm, les allées font 60 cm). Ensuite je me repose.

Trois semaines plus tard, je sarcle un peu la terre autour des pieds et là je ramène le mulch aux cols des patates. En règle générale, je n’ai plus besoin d’y revenir jusqu’à la récolte, sauf pour quelque grande herbe quand les patates sont en fleurs, ce qui permet d’aérer la terre un dernier coup.

Je sème une inter-culture (pois, maïs ou tournesol), souvent des haricots, à 10 cm de profondeur à la place du mulch, ce qui limite l’arrosage et permet à la plante de se nourrir profondément sans buttage, dans une terre qui est restée propre grâce au couvert et bourrée de micro éléments.

Ils naissent à l’ombre des patates  et se mettent en concurrence d’ensoleillement, ce qui active les deux plantes. Et quand ils commencent la fructification à trois mois, il est temps d’arracher les patates, qui elles sont pratiquement en surface et qui ont consommé les résidus de navet. C’est là que je vois la trame du sous-sol créée par les taupes avec qui je travaille.

Leurs galeries sont énormes en fait c’est la seule fois de l’année où je vais en profondeur dans la terre, toujours à 4 pattes, sans outil ou juste une bineuse pour ne pas abîmer les patates.

Selon l’inter-culture, j’en remets une autre à la place (radis, navets, carottes…) En fait étant fainéant de nature, je ne travaille jamais la terre. Elle est toujours en production ou couverte.

Si je me fais gagner par une soit disant mauvaise herbe l’hiver, sur les terrains sans navet ou culture:

Eh bien, je suis content quand il y en a beaucoup car je mets une bâche noire 3 semaines et là quand je la retire tout est brûlé et j’arrache toujours à la main au col les plantes. Je dit que « j’arrache la moquettes ».

Ce qui permet au système racinaire de l’ex mauvaise herbe de rester en place et tenir une structure du sol parfaite.

La culture suivante  prend la place des racines précédentes. Imagine un peu, c’est comme des autoroutes de nourriture pour la prochaine plantation.

Souvent quand je retire la bâche des germes de patates « blancs » de l’année d’avant sont présents et eux n’ont pas brulé, car la patate est en profondeur. Alors là super! Je laisse pousser 3 semaines, puis petit coup de griffe pour lever les adventices, je mulche avec l’herbe cramée et c’est reparti comme avant, je remets une inter-culture.

Paillage avec la laine de mouton issue de tonte fraîche.

Souvent le berger ne trouve pas preneur pour sa laine et en échange d’un coup de main je lui débarrasse et m’en sert de paillage aux jardins. Le résultat est époustouflant sur adventice cela brûle tout au bout de trois semaines due certainement à l’urée, suint et crottes collés à la laine et le manque de lumière.

Ensuite j’écarte un peu et repique des semis à port haut à l’intérieur. Les légumes deviennent énormes et avec le temps s’installe du mycélium sous la laine et une vie très dynamique. Aussi non je m’en sers comme paillage après la levée des semis et du premier binage. Cela est très agréable à mettre en place et très jolie.

La laine retiens beaucoup d’eau et de chaleur un peu comme un pull .au bout de 5 ans elle a disparu est laisse as la place une structure du sol « gluante argileuse » alors que je suis en terre acide sur sable granitique .que du bonheur !

 

L’arrosage

J’arrose le matin bonne heures étant au couchant par un système d’aspersion sans moteur à l’eau de source souvent je rajoute dans mon bassin des purins d’ortie en début de culture ou autre apport azotés je ne crains pas le mildiou étant en altitude est souvent ventés. Merci mamie

Disposition des cultures

Alors là comme pour le reste je me prend pas trop la tête.je respecte quelques règles du a la topographie des terres Cévenoles qui sont sur (cantou, faïsse ou bancel)c’est-à-dire avec des murs en pierres sèches bâtis sur roche mère. En haut des jardins j’ai 10cm de terre en bas jusqu’à trois mètres .alors vous l’aurais compris toutes les plantes hautes styles maïs, tournesol ou coureuses genre courge courgettes sont sur sol profond ce qui me permet de remonter de la matière organique qui rejoindrons les pieds de mur .Elles  crées de l’ombre pour les plantes plus petites. J’aime bien aussi les mettre en concurrence ce qui oblige les plantes à se battre pour leur survie est les dynamise d’autant.

Souvent des semences de l’an passée germent et là c’est cadeaux je laisse faire.

Le tournesol me sert à nourrir les mésanges l’hiver sur ma terrasse ce qui remplace la télé et ensuite elles vont manger les insectes aux jardins. Quand il fait froid minette en mange une. C’est en libre-service s’il y’as trop de taupe minette m’en ramène aussi sur la terrasse en échange de bonne nourriture

Le maïs sert de tuteur pour les haricots grimpants.

Ensuite je sème ou repique ou de la place se libères mon jardins est en perpétuel mouvement les carrées et autre rectangle de culture évolue au fil du temps.

 

 

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Utiliser les plantes à biomasse au jardin par Gérard Menou

Dernièrement, je vous invitais à m’envoyer des photos pour le livre que je suis en train de finaliser, j’ai reçu plusieurs dizaines de réponses ! Merci à tous pour cela ! Parmi les réponses, celle de Gérard a été à l’origine d’un échange de mail concernant nos utilisations respectives des plantes à biomasse. Je lui ai finalement proposé de nous écrire un article sur ce sujet, ce qu’il a fait sans tarder ! Je lui laisse la parole :

Vous avez dit biomasse ?

Je me présente brièvement. J’ai 66 ans, marié, et retraité. Plusieurs vies dont 30 ans maraîcher puis jardinier. de loin la plus passionnante … et dure parfois. Trente ans déja que nous avons quitté la ville avec les premiers « quatre saisons », « l’arbre et la haie »  et autres publications sous le bras. Nous vivons dans le sud Morvan.

Nous avons acheté notre nouvelle maison il y a trois ans environ, planté en priorité des haies  en mélange comme partout où nous sommes passés : noisetiers aulnes à feuilles en coeur, … bref de la ressource pour plus tard.

J’ai, comme beaucoup, utilisé d’abord le maïs doux : c’est excellent, on récolte peu, on rend beaucoup. On découvrait à l’époque les trois soeurs ! Maïs-haricot potimarron. Nous sommes fidèles et utilisons toujours cette association même si elle profite peu aux haricots.

Un mélange que j’utilise également maîs- tournesol-sorgho :

maïs-tournesol-sorgho
Association de Maïs, Tournesol et Sorgho

-Une vue d’ensemble de notre « jardin du bas ». A l’arrière plan, le jardin de départ.  A l’avant plan, c’était de la prairie l’an passé. Il me reste de la toile hors-sol de 1,50 m que j’utilise  à la place du « traditionnel »  bêchage.  En alternance, engrais verts juste semé, toile hors sol recouverte. A droite une ligne de sorgho plantée en juillet, puis la haie.

Vue d’ensemble du « jardin du bas »
Jardin du bas en période de végétation
Jardin du bas en pleine végétation

Par rapport au maïs, le sorgho est moins exigeant en eau mais plus en chaleur. Je le sème principalement en avril dans des plaques irriguées puis planté en mai ce qui me permet de récupérer de la semence … sauf cette année car j’ai planté bien plus tard. J’ai adopté pour l’instant la variété « black amber ». Elle est assez précoce et monte facilement à 2 m.  Je l’utilise aussi dans les mélanges d’engrais verts d’automne.

L’an prochain je compte semer également des variétés censées monter à 3 m : sorgho à balais (merci Gilles ! ), rox orange, tarahumara.

 

Une nouveauté cet année : 3 rangs de 20 m de miscanthus giganteus plantés fin avril. Le terrain (de la prairie) avait été préparé en septembre comme sur la photo du haut : même si on ne les voit pas, après avoir mis du fumier pailleux sur le sol, j’ai recouvert avec de la toile hors sol puis de la tonte. Débâchage en avril, passage au croc à l’emplacement des 3 rangs pour me donner bonne conscience et plantation à 0,40mX1m. Comme la première année la pousse était censée être relativement modeste, j’ai planté en bordure quelques pommes de terre et entre les rangs des patates douces, des haricots et du maïs à pop corn. Finalement tout ce beau monde a poussé relativement bien : 1,6 à 2 m pour le miscanthus, la récolte de patates douces semble prometteuse malgré la relative fraicheur d’août. celle de pommes de terre correcte. C’est parti pour 15 ans de biomasse en bordure de jardin !

Association de Miscanthus giganteus, de patates douces et de pommes de terre
Association de Miscanthus giganteus, de patates douces et de pommes de terre

Les 3 rangs de miscanthus, du ricin, la toile hors sol recouverte de tonte sèche :

Miscanthus giganteus
Miscanthus giganteus, ricin et toile hors sol

Je ne les ai pas cultivés pour la biomasse, mais ces topinambours fuseau font environ 3 m de hauteur :

topinambours fuseaux de 3m de haut !
topinambours fuseaux de 3m de haut !

Je cultive également un peu d’amarante à grains (variété mercado) qui fait presque  2 m cette année. Une fois les graines récoltées, il reste pas mal de biomasse. A l’endroit où j’en ai cultivé l’an passé, il reste encore dela paille non décomposée.

Amarante mercado
Amarante mercado de 2m de haut !

 

… d’autres amarantes dont  de la népalaise (rouge) :

Amarante népalaise et autres plantes.
Amarante népalaise et autres plantes.

Et voilà le petit tour sommaire est pratiquement fini pour aujourd’hui au moins !

Les plantes à biomasse occupent au environ un quart du jardin.

Quelques infos supplémentaires  :

Les plantes ont un mécanisme de photosynthèse  C3 ou C4, le dernier étant plus performant.

Alors, voici le quizz du jour (répondre C3 ou C4)

-maïs : C4

-sorgho : C4

– miscanthus :

– amaranthe : …. à vous de chercher !

… à enrichir.

 

Copié-collé Wikipedia :

« Les plantes en C4 représentent aujourd’hui environ 5 % de la biomasse végétale et 3 % des espèces de plantes connues. En dépit de leur relative rareté, elles sont cependant responsables d’environ 30 % de la fixation du carbone sur Terre. »

Bon, ma chère et tendre épouse me « murmure fortement » : pendant que tu fais du sol les carrelages ne se font pas …. j’y retourne.

Amicalement

Gérard