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Observons

Les effets d’un travail du sol même très léger et d’une absence de paillage, même très localisée…

Je vous propose aujourd’hui de vous partager une observation faite dans mon jardin sud-ardéchois sur une planche semée de pois gourmand et céréales (orge et triticale, comme tuteurs).

Vue générale de la planches de pois gourmands tells qu’elle se présentait le 13 janvier

Et en regardant de près le sol, voilà ce qu’il apparaît (cliquer sur l’image pour l’agrandir) :

La partie gauche est l’inter-rang dont j’ai dégagé le paillage pour la photo et la partie gauche est un rang de pois, à un endroit où ceux-ci ne sont pas sortis (Endroit choisi pour la clarté de la photo, mais c’est pareil partout ailleurs).

Il est flagrant que l’état de surface de l’inter-rang est de bien meilleure qualité que celui du rang. Quelles sont les différences de traitement entre les deux zones?

– L’inter-rang a été juste sarclé à la binette (travail du sol sur 1 ou 2 cm à peine) puis légèrement paillé avec les résidus du sarclage ;

– Le rang a été sarclé, puis j’y ai ouvert un sillon au transplantoir, réalisé le semis et enfin refermé le sillon et tassé avec le pied.

C’est pas bien violent comme travail et pourtant la surface apparaît aujourd’hui fermée, sans porosité et se voit coloniser par les algues vertes (pas les mêmes que celles des plages bretonnes, bien entendu 😉 !)…*

J’avais l’habitude des terres gasconnes bien argileuses et abritant des myriades de vers de terre et là ces derniers avaient de toute façon tôt fait de restructurer les légères perturbations dues au semis, mais ici, sur les sols sableux des gréseux du Sud-Ardèche, ça ne marche pas pareil… J’ai l’impression que le sol n’a pas aimé être tassé puis laissé tel quel. Alors, je retiens la leçons, sur un tel terrain, il est indispensable de pailler le moindre centimètre carré, fût-ce avec un paillage très léger ! Bon ça n’empêche pas les pois de pousser, mais quand même ça ne me plaît pas !

Avez vous des observation similaire ou contradictoires à nous partager? Alors rendez vous dans les commentaires ci-dessous!

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Un peu de théorie

Minéralisation d’automne et fuite de nitrates

Les pluies reviennent sur l’ensemble de la France et les sols encore chaud sont prêts à libérer dans le sol, voire dans les eaux souterraines, les nitrates qu’ils contiennent. Ce phénomène concerne tout le monde : jardinier ou agriculteur, bio ou non-bio !

De quoi s’agit-il exactement ?

Les sols encore chaud au sortir de l’été (même si l’air est déjà bien froid dans certaines régions) et s’humidifient avec les pluies d’automne, favorisant ainsi une stimulation de l’activité bactérienne du sol, ce qui a pour conséquences de détruire une partie de la matières organique du sol en ses composés minéraux simples (eau, gaz carbonique, azote minéral, phosphate…). Ce phénomène est justement appelé minéralisation et l’azote minéral est essentiellement sous forme de nitrates. La minéralisation d’automne libère en moyenne 60% des nitrates minéralisés dans l’année. En sol nu, ces nitrates sont en grande partie emportés par les eaux d’infiltration vers les nappes phréatiques et nous nous retrouvons avec un double handicap : perte d’une partie de l’azote du sol qui ne profitera pas aux cultures suivante et pollution des eaux souterraines…

Alors que faire pour éviter ce phénomène ?

Tout d’abord, comprendre ce qui le stimule : plus un sol reçoit d’oxygène, plus la minéralisation, et donc la libération de nitrates, est intense., c’est pourquoi les labours d’automne ont un impact terrible sur la fuite de nitrates vers les nappes phréatiques. C’est aussi pour cela que le travail du sol lié à la création de buttes stimule la libération de ces mêmes nitrates (ceci répond à la question contenue dans le commentaire n°24 de Claude dans l’article sur les buttes), surtout si elle est montée à l’automne. Mais même si elle est montée au printemps, remuer la terre stimule la minéralisation et la libération de nitrates, ce qui favorise alors la croissance de la culture.

Donc une fois de plus, le semis direct est une solution nécessaire. Cela dit, nécessaire, oui, mais pas suffisante, car même non travaillé, le sol minéralise, moins qu’un sol travaillé, mais il minéralise quand même ! Il nous faut donc des outils complémentaires pour limiter encore plus, voire supprimer les fuites de nitrates.

Deux possibilités pour cela :

– La première c’est d’amener du carbone au sol pour fixer cet azote qui s’apprête à fuir, cette solution consiste tout simplement à amener des matières organiques riche en carbone, comme du BRF, mais aussi des pailles, ou encore des feuilles mortes. La décomposition de ces matières organique nécessite beaucoup d’azote qui se trouve justement en grandes quantité dans le sol en ce moment ! C’est une des raison pour lesquels on conseille d’apporter les BRF à ce moment sur le potager.

– La seconde c’est de mettre en place des plantes qui prélèvent cet azote au fur et à mesure qu’il est libéré, ces plantes sont tout simplement soit des cultures d’hiver, soit des couverts végétaux, cf. mon article précédent pour plus de détail sur le sujet. Ces outils sont décidément incontournable pour une gestion biologique de votre sol !

Alors bon BRF et bon semis de cultures et couverts hivernaux !

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Un peu de théorie

Rôle agronomique n°2 : la structuration des sols

L’activité incessante de la pédofaune, qu’il s’agisse des détritivores évoqués dans l’article précédent ou de leurs nombreux prédateurs (insectes, araignées, acariens, « mille pattes » de l’ordre des chilopodes, petits mammifères…) a un impact fondamental sur l’organisation du sol. La grande majorité de ces organismes vivant en surface, celle ci se retrouve fortement aérée par le brassage permanent effectué notamment par les petits animaux (vers, collemboles, acariens, insectes, « mille pattes »…). d’autres animaux circulent entre la surface et les profondeurs du sol, ils sont donc responsable de création de tout un réseau de galerie qui aère le sol sur toute sa profondeur et facilite l’infiltration des eaux de pluie, il s’agit surtout des vers de terre, des fourmis, des termites (surtout en milieu tropical), et des mammifères terricoles.

Observez la structure de ce sol forestier : la rondeur de ses agrégats, surtout dans la partie supérieure (la plus sombre) indique leur origine biologique.
Vu depuis la surface, un sol vivant présente de très nombreux pores en surface qui assurent une bonne infiltration de l’eau de pluie ou d’irrigation.

Les champignons ont également un impact majeur sur la structure du sol, en effet leur mycélium forme un réseau dense de filaments qui emprisonne des particules de terre, favorisant et stabilisant ainsi une structure aérée. De plus, ils sécrètent souvent des composés collant ont un rôle majeur dans la stabilisation de la structure du sol. C’est notamment le cas des champignons mycorhiziens, qui vivent symbiose avec les végétaux (lire l’article qui leur est consacré) et qui sécrètent une molécule appelée glomaline, reconnue comme responsable en grande partie de la stabilité de la structure des sols.

agrégat de terre « emprisonné » et stabilisé par le mycélium blanc bien visible sur la photo

Une structure aérée et stable couplée à tout un réseau de galerie est une caractéristique essentielle d’un sol fertile. En effet, l’aération de surface et les galeries facilitent l’infiltration de l’eau et donc l’alimentation hydrique des cultures, ceci a pour conséquences, non seulement de réduire la nécessité d’irriguer, mais aussi de diminuer le ruissellement de surface et donc la sensibilité du sol à l’érosion ! De plus la stabilité de la structure en surface évite la formation de croûte de battance sous l’effet des pluies violentes et de l’irrigation, ce qui, là encore, est favorable à la réduction du ruissellement. L’aération du sol facilite également la circulation de l’air et donc de l’oxygène, ce qui est favorable à la bonne santé des racines de végétaux, racine dont le développement est aussi plus facile dans un sol aéré !

Une belle structure « forestière » au potager, c’est possible! La preuve!

L’agriculture moderne a cherché à remplacer le travail de ses organismes par le travail de l’outil, mais les résultats sont souvent contraire aux attentes, car les tracteurs et les labours profonds compactent les sols en profondeur et l’aèrent à excès en surface, ce qui provoque une perte de matière de matière organique, une forte évaporation de l’eau, la mort de nombreux organismes du sol et une structure de moins en moins stable, donc de plus en plus sensible à l’érosion (hydrique et éolienne), à la battance et de moins en moins capable d’infiltrer l’eau et de porter des cultures en bonne santé. Le travail structurant des organismes du sol est irremplaçable !

Sol dégradé par un travail du sol inadapté : la partie inférieure (claire et compacte) est une semelle de labour, alors que l’horizon supérieur est structuré uniquement mécaniquement et présente des agrégats anguleux et instables
L’impact des gouttes de pluies sur un sol à la structure instable créé une croûte superficielle dite de battance. L’eau pénètre mal à travers cette croûte et tend à ruisseler voire à provoquer de l’érosion. Un sol structuré biologiquement est moins sensible à ce type de problème qu’un sol structuré mécaniquement et pauvre en activité biologique.
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Jardinons

C’est le moment d’installer les BREF !

Chers jardiniers « sol vivant » !

Après un début de semaine glacial, voilà que février présente désormais des allures de printemps, du moins sur mes riants coteaux gascons ! Alors c’est le moment d’aller un peu au jardin et de faire ce que Dominique Soltner appelle le BREF (Bois Raméal Entassé Foulé) pour préparer certaines parcelles pour le printemps.

C’est ce que nous avons fait ce week end avec des rameaux issus de tailles de lauriers du Caucase (alias laurier cerise, alias laurière, alias laurier palme…) et de laurier noble. Notons au passage que malgré leur nom de laurier ces deux plantes sont extrêmement éloignées sur le plan botanique. Ici leur seul point commun est d’être à feuille persistantes et c’est ce qui nous intéresse ici ! En d’autres endroits, suivant la végétation disponible, nous aurions pu utiliser du chêne vert, du chêne liège, de l’arbousier, du houx…

Un chat vient vérifier que les BREF ont été bien installés! Au premier plan un andain de Laurier noble et au fond un andain de laurier du Caucase.

En quoi cela consiste-t-il ?

On positionne un petit andain de branche directement sur le sol enherbé. Ici dans le Gers, la période idéale semble être justement février pour le faire. Ensuite, il n’y a plus qu’à attendre : l’herbe va être étouffée par les branchages feuillés et va se décomposer, les feuilles vont peu à peu se dessécher et tomber des rameaux. Tout cela va alimenter la vie du sol, l’ameublir et fin avril nous enlèveront ces branches pour les remplacer par un paillage de foin et aurons alors une parcelle toute prête à accueillir des cultures d’été type tomate, courgettes, courges, aubergines…

Voilà une des techniques les plus prometteuses pour préparer un terrain sans se fatiguer et commencer à cultiver directement sur un sol riche et bien vivant ! Alors, à vous de jouer, vous me direz ensuite comment ça a marché chez vous ! Et si vous avez déjà expérimenté le BREF, dites nous en commentaire ci dessous quelles sont les périodes et les essences qui vous semble les plus adaptés à votre climat et à votre sol !

Vous pouvez voir le résultat de cet essai sur l’article posté au mois d’août sur le même thème !

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Un peu de théorie

Jardiner Sol Vivant : Qu’es aquo ?

Je pense qu’il est important de clarifier mon approche du jardinage. Je ne cherche pas à coller à telle ou telle école, ni à en créer une nouvelle. Je souhaite simplement vous proposer de découvrir ensemble comment mettre la vie du sol au centre de nos approche. Deux point techniques me semblent toutefois particulièrement importants pour être vraiment cohérent : le travail du sol et l’usage de certains pesticides.

Le travail du sol :

J’ai conscience qu’un non travail du sol absolu est une illusion en jardinage, il reste indispensable, ne serait-ce que pour réaliser des semis ou des plantations, ou encore pour récolter des légumes racines. Il faut donc faire la part des choses :

Je propose en effet de plus du tout travailler le sol avec des outils à socs : bonne nouvelle, vous pourrez gagner un peu d’argent en revendant votre motoculteur ! Et si vous n’en avez point, cette dépense est inutile. Évitez également les outils manuels de retournement du sol, comme la bêche.

Les outils à dents ont toutefois encore leur place, ne serait-ce que pour enfouir les semis à la volée ou incorporer du BRF au sol : les crocs à fumier restent très utiles, ainsi que le râteau pour des semis de petites graines. Mais il est clair que le travail reste extrêmement superficiel (3 ou 4 cm grand maximum !)

Que dire de la grelinette, cette outil si en vogue dans le jardinage bio actuel ? Je reconnais que je suis dans un sol très argileux où elle n’est pas bien adaptée, ce qui influence mon point de vue. Mais tout de même pour avoir utilisé cet outil, je trouve qu’il travaille le sol trop profondément et l’investissement (plus de 100€ tout de même !) ne me paraît pas justifié. En effet lorsqu’on sait qu’un vers de terre qui a la malchance de se balader proche de la surface (une quinzaine de centimètre) lorsque vous passez la grelinette n’a aucune chance de retrouver sa galerie et doit donc la reconstruire entièrement, vous comprenez que la perturbation pour la vie du sol est quand même intense, même s’il n’y a pas retournement…

Insecticides et Hélicides

Je me doute que la plupart d’entre vous sont des « bio » et que ce qui suit vous apparaîtra pour beaucoup comme une évidence. Mais il comme est tout fait possible d’avoir des pratiques très respectueuses sans pour autant être bio à 100%, je fais quelques précisions sur les pesticides : de tous les pesticides, les plus dangereux sont sans conteste les insecticides (y compris ceux qui furent longtemps autorisés en bio comme le pyrèthre ou la roténone !) qui tuent les insectes « ravageurs » mais aussi tous les autres, ainsi que les vers de terres et autres jardiniers de l’ombre, pour reprendre l’expression de Blaise Leclerc. Il est donc vital de sortir ces produits du potager sans quoi les chaînes alimentaires indispensables à un équilibre biologique ne pourront jamais se remettre en place. Il en va de même pour les anti-limaces (Hélicides), excepté l’orthophosphate de fer (commercialisé sous le nom de Ferramol), qui font des sacrés dégâts dans l’ensemble des chaînes de prédation de limaces !

Voilà, donc en conclusion tout jardinier qui travaille son sol le moins possible et qui n’applique ni insecticide, ni hélicide de synthèse, peut prétendre jardiner « sol vivant », même s’il n’est pas complètement bio ! Comme quoi, jardiner « Sol Vivant » va faire du vide dans de nombreuses cabanes de jardin !

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Un peu de théorie

Travailler avec la vie du sol

Que signifie Jardiner « Sol vivant » ? En fait je vous en fait la confidence, c’est une expression que j’ai inventée. J’aurai pu appeler ce blog jardin « sans travail du sol » mais ça me plaisait pas de définir par la négative un thème aussi passionnant.

Pourquoi donc vouloir supprimer le travail du sol ? C’est quand même bien connu qu’il est IMPOSSIBLE de cultiver un jardin sans bêcher, passer le motoculteur, biner… Qu’est ce que je vais donc vous dire ? Que c’est affirmation séculaire est fausse ? Eh bien oui, c’est ce que je vous affirme. Je vous l’accorde cela demande une certaine technicité et pas mal d’essai, pour ne pas dire d’échec, avant de trouver un système qui fonctionne sur chaque sol, chaque culture, mais c’est possible ! Non seulement c’est possible, mais en plus cela permet de mieux gérer la fertilisation, l’irrigation, la santé des plantes, la qualité du sol…

Pour mieux comprendre cela, imaginez que 90% de la vie est dans les 10 premiers centimètres du sol ! Il apparaît alors clair que tout travail, même peu profond la perturbe profondément. Or qui mieux que les vers de terre travaillent le sol en creusant tout un réseau de galeries qui structurent et aèrent jour après jour, nuit après nuit la terre que nous cultivons ? Qui, mieux que les champignons mycorhiziens aident les plantes à se nourrir en utilisant le plus efficacement possible les ressources en eau et nutriments qui lui sont difficiles d’accès ? Qui, mieux que les animaux du sol peuvent recycler les matières organiques pour créer une fumure idéale pour nourrir nos cultures ? Qui mieux que les légumineuses et les bactéries qu’elles abritent dans leur racines sait fixer l’azote de l’air pour l’amener dans le sol ?

Vous l’aurez compris, je propose de remplacer le travail de l’outil par celui des organismes du sol. Des articles à venir vous feront découvrir plus en détail ce monde vivant, fascinant et complexe mais aussi des pratiques de jardinages adaptées, des expériences de praticiens, des critiques d’ouvrages spécialisés, des videos, des interviews…

Que vous soyez ou non familier de telles pratiques, je vous invite à me laisser un commentaire ci dessous pour me partager votre expérience, me livrer vos doutes sur ce que j’écris, ou encore à me poser une question à laquelle je répondrai dans un prochain article…

A très bientôt

Gilles