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Un peu de théorie

L’art de la trogne par Alain Bremond (partie 1)

I PREAMBULE

2020 est l’année de la trogne. Surnommée « le pétrole des campagnes », « baril de pétrole », on comprend que son rôle a été important jusqu’à l’arrivée des énergies fossiles, fin du 19° siècle.

Son aire géographique est mondiale ; on en trouve de partout ; et à toutes les époques : des trognes fossilisées de plus de 3000 ans ont été découvertes en Angleterre.

Parfois nommée arbre têtard, son aspect se retrouve dans le mot « trogne », pour un visage épanoui, buriné, aux traits saillants. C’est dire sa popularité. Popularité bien affaiblie jusqu’à la fin des années 90, jusqu’à son retour en grâce la faveur à la fois de la crise énergétique et climatique et la popularité du BRF et des plaquettes de chauffage.

II DEFINITION

LA TROGNE : c’est un feuillu qui est conduit à mi hauteur, afin d’obtenir, par des coupes régulières de la biomasse : feuilles, bois ; sans couper le tronc. On parle de taillis suspendus.

Le spécialiste : D Mansion. Son expérience est reconnue au niveau européen. Et ses aquarelles de trognes sont magnifiques.

La trogne, un art ?

Nous verrons plus loin que l’art s’est emparé de ce thème depuis longtemps.

Mais trogner un arbre s’apparente à de la sculpture ! On ressent une grande satisfaction à observer l’arbre, imaginer comment il doit être « sculpté » ; il faut continuellement combiner les opérations pour arriver à concilier impératifs biologiques, beauté des coupes et efficacité du geste. Tout cela dans la plus grande sécurité.

Ensuite en prenant du recul, on peut observer le résultat qui n’est jamais répétitif : il y a bien une créativité issue de l’operateur mais aussi de l’arbre !!! Voir ci-dessus « l’insecte vous regardant » !

III EXEMPLE DE CREATION D’UNE TROGNE

Créaton d’une trogne à partir d’un baliveau, illustration issue de Mansion, D. « La trogne, l’arbre au mille usages », Ouest France 2014

IV HISTORIQUE DE LA TROGNE

Les premiers à avoir créé des trognes sont les animaux : castor, chevreuil cerfs etc. Les tempêtes, la foudre, la neige sont aussi à l’origine de trognes. L’homme, en observant la nature, en a saisi l’intérêt.

Des preuves de trognes remontent à – 3400 ans en Grande-Bretagne.

Des trognes vivantes de 1000 ans et plus, sont présentes en Angleterre, en France en Grèce etc.

Age d’or : jusqu’en 1960. L’arbre têtard, a des vocations multiples : « arbre fourrage », fagots pour le boulanger et le chauffage, bois d’œuvre pour les charpentiers, bois d’œuvre pour la marine…

Jusqu’au XIXe siècle, il est un élément essentiel de l’économie d’autosubsistance des campagnes européennes.

L’arbre têtard sert aussi de repères culturels et cultuels : lieu de rencontre religieuse, de rencontres festives, jeux d’enfants, mythes etc. sans oublier le rôle de bornes de limites entre les différentes parcelles.

Des arbres têtards véritables ou factices ont servi de postes d’observation pendant la guerre 14-18 dans les tranchées !

Le remembrement des années 60, la fin de la sériciculture (ver à soie), ainsi que la mécanisation de l’agriculture, les font quasi disparaitre.

V LA TROGNE EN PRATIQUE

LA TAILLE : attention DANGER

La coupe à hauteur des yeux ou en hauteur est dangereuse ! Choisir le bon outil, et le bon échafaudage !!!

Quand ? : Automne, hiver ET printemps-été (fourrage, vers à soie).

Donc, selon les lieux, les besoins, les essences d’arbres, la trogne peut se conduire à tout moment dans l’année.

Pour ma part, j’ai testé des trognes de frêne en avril, mai, juin, juillet, août, septembre etc.

Les repousses ont été dynamiques dans tous les cas.

Périodicité :    1 an 2 ans : fourrage et ensilage, vannerie, boutures

                        3 à 5 ans : fourrage, piquets, buches moyennes

                        5 à 15-20 ans : bois d’œuvre, chauffage

ATTENTION : jeunes sujets = taille plus fréquente.

Cas des vieilles trognes : attention aux chênes : tailler progressivement, sur x années + tire sève conservé.

Avec les années, les trognes se creusent : l’arbre est le seul être vivant à mourir de l’intérieur.

Les effets de la trogne :

                        Bourrelet de recouvrement qui se forme.

                        Bourgeons dormants qui se réveillent et des racines nouvelles apparaissent.

                        Radicelles plus nombreuses.

                        Augmente la longévité de l’arbre : il devient plus résistant aux  maladies : maladies des ormeaux, des frênes par exemple.

LES ETAPES D’UNE TAILLE EN TROGNE

1° : le contexte : murier blanc âgé de 100 ans environ, abandonné pendant 15 ans. Sans trognage, il risque de mourir par effondrement sous le poids de la neige par exemple. Saison : hiver 2017.
2°: la taille : attention danger !!! Les travaux sur échelle sont dangereux, à éviter et interdits par le code du travail ! J’ai acheté depuis une tronçonneuse sur perche, moins dangereuse.
A noter : coupes franches, inclinées pour éviter la stagnation de l’eau de pluie. Ne pas couvrir de mastic = nid à parasites. En zone très chaude on peut protéger la coupe le premier été, par une motte de terre, qui disparaitra naturellement à l’automne.
3 : la taille est finie. Noter la coupe d’une partie du tronc qui avait été endommagée. Les branches sont : coupées en buches pour les plus grosses, les autres sont recyclées sur place au pied du talus à droite de la photo, sous forme de haie sèche, afin de le protéger contre l’érosion provoquée par le passage du troupeau de moutons.
4° : le même arbre à la fin du printemps suivant, en 2018. Noter la vigueur des rejets ! L’ancêtre est sauvé. Il sera taillé à nouveau durant l’hiver 2021 ou 2022. Cette fois le bois de  taille sera transformé en BRF. Mes grands parents, sériciculteurs, (élevage du ver à soie), cueillaient les feuilles à cette époque de l’année. Et le murier était trogné en fin d’été, tous les 2 ans, tous les ans s’il était vigoureux.
Ils confectionnaient des fagots avec ces jeunes branches.
Astuce : ils trognaient un arbre sur deux ou ½ murier par moitié, pour avoir de la production toujours disponible.

VI LA TROGNE AUJOURD’HUI.

-UNE RENAISSANCE ?

2006 : la relance : 1° colloque européen de la trogne

Création de l’AFAF (Association Française Agroforesterie) en France : en 2007.

Aujourd’hui, de nombreuses formations prodiguées sur tout le territoire, laissent à penser que sa survie et son développement sont assurés. Il en est de même en Europe. (Congrès de la trogne au Portugal, en Angleterre…)

-LES NOUVEAUX ENJEUX DE LA TROGNE DANS L’AGROECOLOGIE

-les données à connaitre :

-AGROECOLOGIE :

Approche large : c’est « l’écologie des systèmes alimentaires »... (FRANCIS)

Approche concrète : on cultive AVEC le sol (et son environnement : haies, arbres…) vs sol SUPPORT de l’agriculture conventionnelle.

Le sol est un mileuVIVANT.

Donc, le sol respire et mange : de la matière organique.

La trogne va la lui en fournir de manière illimitée, sans transport et quasi gratuitement.

-L’AGROFORESTERIE : L’agroforesterie désigne les pratiques, nouvelles ou historiques, associant arbres, cultures et/ou animaux sur une même parcelle agricole, en bordure ou en plein champ. (AFAF).

-Gérer l’arbre, donc la trogne, dans un contexte d’agroforesterie :

Un sol vivant intéresse tous les types d’agriculture : jardin, maraîchage, céréales, fruitiers, vignes, élevages, grandes cultures … La trogne est une source majeure de matière organique proche.

La nourriture primordiale du sol vivant est le BRF : Bois Raméal Fragmenté.

Ce sont des rameaux et des branches qui sont broyés. La trogne est ainsi une source indéfiniment renouvelable de BRF !

Le BRF au sol, devient le siège d’une intense vie biologique, source d’azote pour le sol.

L’arbre têtard peut aussi structurer les haies. Dans ce cas le BRF proviendra à la fois de la haie et des arbres. (Voir mon prochain article sur les haies).

La trogne peut aussi être implantée en plein champ : agroforesterie intra-parcellaire.

Là aussi le BRF sera disponible sur place.

Tout le monde se souvient des pêchers de vigne !

L’agroforesterie nécessite quelques précautions : bien gérer l’enracinement, anticiper les largeurs des machines, choisir une densité et les espèces d’arbres adaptées…                     

Fin de la partie 1, la suite très prochainement…

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Première mission au Togo : qu’y ai-je observé ?


Cela fait bientôt un mois que je suis rentré de ma première mission au Togo et je n’avais pas encore pris le temps de faire un petit topo de ce qui j’y ai observé et qui pourrait bien intéressé tous ceux d’entre vous qui habitent en zone tropicale ou se sentent concerné par ce qui s’y passe !

Tout d’abord merci à tous ceux qui ont contribué via un don sur la plateforme helloasso à ce projet !

Ma première misse s’est déroulé du 4 au 14 mai et était une prise de contact avec l’équipe sur place, avec les partenaire et bien sûr avec les agriculteurs de la zone concernée.

Présentation du canton de Dawlotu et de son agriculture

Voici la situation du village de Tutu chef lieu de la zone d’étude, le canton de Dawlotu (vous pouvez cliquer sur la carte, zoomer, dézoomer vous déplacer…) :

La ville la plus proche est Adéta, à quelques kilomètre plus au Nord. C’est une région peuplée majoritairement de cultivateurs de l’ethnie Ewé. On y trouve aussi des cultivateurs Kabiè originaires du Nord (régio de Kara) et des éleveurs Peul semi nomades. La cohabitation entre éleveurs Peuls et cultivateurs Ewés et Kabiès pose souvent des problèmes.

J’ai visité une vingtaine d’agriculteurs pour découvrir les plantes qu’ils cultivent, leurs pratiques, leurs sols, leurs difficultés et leurs besoins.

Petit entretien-questionnaire avec un agriculteur d'Agoxoe avant de visiter sa parcelle.
Petit entretien-questionnaire avec un agriculteur d’Agoxoe avant de visiter sa parcelle.

Suite à ces visites, j’ai élaboré cette carte des parcelles visitées (cliquer sur la carte pour qu’elle soit plus lisible) :

 

Carte du canton de Dawlotu avec positionnement des parcelles visitées. Carte réalisée avec ABC-Map.
Carte du canton de Dawlotu avec positionnement des parcelles visitées. Carte réalisée avec ABC-Map.

La principale cultures menée dans les bas-fonds est le riz, généralement cultivé entre juillet et décembre et parfois toute l’année dans les périmètres irrigués autour de Tutu.

Périmètre de riziculture irrigué mis en place dans les années 70 aux abords immédiats de Tutu
Périmètre de riziculture irrigué mis en place dans les années 70 aux abords immédiats de Tutu

Sur les zones les plus sèches, sont cultivés couramment le maïs (généralement sur billons), l’igname (sur buttes), le haricot, le gombo, l’arachide, le manioc, le mil et le coton.

Association d'une culture d'ignames sur buttes avec des gombos.
Association d’une culture d’ignames sur buttes avec des gombos.

Association de maïs, haricots et ademe (plante locale utilisée pour cuisiner des sauces typiques de la cuisine togolaise.
Association de maïs, haricots et ademe (plante locale utilisée pour cuisiner des sauces typiques de la cuisine togolaise.

Culture de maïs dans un bas-fond.
Culture de maïs dans un bas-fond.

Le palmier à huile est très présent dans les exploitations, aussi bien dans les bas-fonds que sur les côteaux, souvent asocié à d’autres cultures en sous étage.

La culture du cacao se pratique sous forme d’agroforêts dans les bas-fonds aux abords de Tutu essentiellement.

Agroforêt dans laquelle cacaoyers et palmiers à huile sont cultuvés sous un e canopée de grands arbres de brousse (Kapokers, Terminalia, Albizia...)
Agroforêt dans laquelle cacaoyers et palmiers à huile sont cultuvés sous une canopée de grands arbres de brousse (Kapokiers, Terminalia, Albizia…)

Le maraîchage consiste surtout en la culture de piments verts, d’aubergines, de tomates, et d’herbes pour cuisiner les sauces typiques de la cuisine togolaise (ademe et gboma). Cette année 2016, du fait du manque de pluies en début de saison humide, peu de maraîchage a été mis en place.

Périmètres maraîchers associant aubergines et piments avec du bananier et des haies de manioc.
Périmètres maraîchers associant aubergines et piments avec du bananier et des haies de manioc.

Autour des habitations, on trouve souvent des jardins de cases comportant de nombreux arbres fruitiers : bananiers, papayers, agrumes… sous lesquels sont parfois cultivés des taros.

Culture de taro sous des arbres fruitiers dans un jardin de case à Tutu
Culture de taro sous des arbres fruitiers dans un jardin de case à Tutu.

Les champs sont majoritairement des monocultures avec quelques rares arbres de brousse (karités, rôniers…). Toutefois, il n’est pas rare de voir des agriculteurs qui mélangent plusieurs espèces sur la même parcelle, parfois sous forme d’agroforesterie, dans ce dernier cas, c’est souvent le palmier à huile qui est complanté avec  des cultures annuelles.

Cultures d'ignames et gombos sous des palmiers à huile
Cultures d’ignames et gombos sous des palmiers à huile

Les champs sont généralement préparés par le feu de brousse puis cultivés avec de nombreux intrants, en particulier des herbicides et des engrais minéraux (urée et NPK).

Notons toutefois que des initiatives locales ont permis de mettre en place un certain nombre de pratiques innovantes comme le système de riziculture intensive ou l’utilisation de biofertilisants.

Des sondages de sol ont effectués chez tous les agriculteurs interrogés pour avoir une idée des sols  cultivés et des contraintes éventuelles posées par ces sols. La plupart d’entre eux ont une texture limono-sableuse (parfois plus sablo-limoneuse, parfois un peu argileuse) de profondeur très variable. Les sols sont soit des sols peu évolués sur alluvions sableuses, soit des sols ferrugineux tropicaux.

Analyse d'un profil cultural chez un agriculteur du village d'Agoxoe.
Analyse d’un profil cultural chez un agriculteur du village d’Agoxoe.

Les difficultés constatées

Les principales difficultés exprimées par les agriculteurs sont :

Le manque d’eau.

La difficulté d’accès aux engrais, difficultés qui risque de s’aggraver avec la hausse spectaculaire des prix des engrais cette année.

Le manque de main d’œuvre pour les travaux des champs.

Mes observations me permettent de compléter cette liste avec les problèmes suivants :

Une forte dépendance à la chimie (herbicides et engrais notamment) avec un défaut d’information concernant la dangerosité des pesticides (protections insuffisantes des utilisateurs lors des épandages, traitements en bord de cours d’eau…) ;

Une absence de gestion de la matière organique: celle-ci est détruite par les feux de brousse et les pratiques culturales (travail du sol, fertilisation…) et n’est pas ou peu remplacée. Il n’y a pas de valorisation des effluents d’élevage car ces derniers sont souvent minuscules (quelques bêtes maximum par ferme – chèvres, volailles, parfois moutons), pas d’amendement des parcelles avec des amendements végétaux, pas de compostage. Le seul cas où j’ai observé une gestion de la matière organique est dans une culture d’arachide précédent un riz irrigué : toutes les fanes d’arachide sont épandues sur le sol avant la mise en place de la culture de riz.

Culture d'arachide précédant un riz. Les fanes d'arachide sont incorporée au sol avant la mise en place du riz.
Récolte d’une culture d’arachide précédant un riz. Les fanes d’arachide sont ensuite incorporée au sol avant la mise en place du riz. C’est un rares cas que j’ai observé d’amendement organique du sol.

petit élevage de chèvres nourries avec du mil dans une cour de ferme.
petit élevage de chèvres nourries avec du mil dans une cour de ferme.

Une perte des pratiques traditionnelles, qui utilisaient beaucoup les associations de cultures, au profit de monocultures. Ces associations traditionnelles sont perçues comme étant moins productives par la plupart des agriculteurs.

Sur les plateaux les sols sont souvent relativement superficiels (parfois à peine 20 cm de limon avant d’arriver sur des horizons caillouteux et souvent compacts) ;

Dans les bas-fonds, on observe parfois une compaction de l’horizon hydromorphe ;

Globalement peu d’activité biologique dans les sols. Seuls quelques turricules de vers de terre sont observables ça et là.

Turricule de vers de terre sur un sol à la surface encroûtée par la battance.
Turricule de vers de terre sur un sol à la surface encroûtée par la battance.

Et enfin de grosses difficultés de cohabitation entre les agriculteurs Ewé et Kabiè d’une part et les éleveurs Peuls d’autre part. La divagation des troupeaux entraînant parfois la destruction des cultures et empêchant généralement la mise en place de culture ou de couverts végétaux en saison sèche.

Troupeau de magnifiques vache appartenant ) des peuls. La divagation de ces troupeaux pose de gros problèmes de cohabitation entre éleveurs et cultivateurs.
Troupeau de magnifiques vaches appartenant à des peuls. La divagation de ces troupeaux pose de gros problèmes de cohabitation entre éleveurs et cultivateurs.

Les pratiques à mettre en oeuvre

Pour la suite du projet, j’envisage de proposer aux agriculteurs plusieurs axes techniques à développer :

L’utilisation de l’urine

Afin de remplacer les engrais chimiques, je vais leur proposer l’urine. Contrairement à mes craintes, l’utilisation d’urine humaine comme fertilisant semble tout à fait acceptable pour les agriculteurs de cette région. J’ai même rencontré un agriculteur d’Adéta qui utilise l’urine en engrais foliaire (je suis d’ailleurs quelque peu surpris par cette manière de procéder).

Le rapport du Stockholm Environment Institute de 2011 nous sera d’une aide précieuse.

Améliorer la gestion de la matière organique

Les effluents d’élevage n’étant pas (ou très peu) disponibles, le couvert arboré à préserver, les résidus de cultures broutés par les troupeaux divagant, le choix pour apporter des matières organiques est limité. La ressource la plus prometteuse me semble être des graminées sauvages à croissance rapide dès le début de la saison de pluies (Panicum…). En plus un tel amendement très riche en cellulose serait un met de choix pour nos amis les vers de terre qui font globalement défaut dans les champs…

Au premier plan touffe de Panicum qui pourrait être régulièrement fauchée pour servir d'amendement organique.
Au premier plan, touffe de Panicum qui pourrait être régulièrement fauchée pour servir d’amendement organique.

Planter des haies pour protéger les parcelles des troupeaux

La mise en place de haies denses pour protéger les parcelles des troupeaux permettrait de lettre en culture certaines parcelles beaucoup plus tôt en tout début de saison des pluies (vers février-mars). En plus de cela, la haie diversifierait les productions des agriculteurs (fruits, bois de feu, fourrage…) et présente des avantages agro-environnementaux très intéressants (effet brise-vent, stimulation de la faune auxiliaire, apport de matière organique via les feuilles et les racines…).

De telles haies existent déjà mais se cantonnent à clôturer les habitation ou des champs à l’intérieur des villages.

haie de Glyricidia sepium entourant un champ dans le village de tutu. Les branches de cet arbre sont régulièrement élaguées pour servir de fourrage aux animaux. Notons qu’ici la très faible densité des arbres a obligé à compléter la protection par une barrière de bambous, une plantation beaucoup plus dense (20 à 30 cm seulement entre chaque plant, comme cela se voit souvent autour des habitations) aurait permis d’éviter cela.
Haie de Glyricidia sepium entourant un champ dans le village de tutu. Les branches de cet arbre sont régulièrement élaguées pour servir de fourrage aux animaux. Notons qu’ici la très faible densité des arbres a obligé à compléter la protection par une barrière de bambous. Une plantation beaucoup plus dense (20 à 30 cm seulement entre chaque plant, comme cela se voit souvent autour des habitations) aurait permis d’éviter cet aménagement supplémentaire.

Remise en place de culture associées

Afin d’optimiser l’exploitation de l’eau et des nutriments du sol par les cultures, remettre au goût du jour les cultures associées sera un axe de communication important. J’ai vu des agriculteurs qui continuent d’associer les cultures comme le faisaient leurs parents, mais la plupart a abandonné cette pratique malheureusement. L’agroforesterie, qui est une forme de culture associée, en l’occurrence étagée, est également une voie à explorer, là encore en se basant sur les agriculteurs qui continuent à pratiquer cela, notamment avec le palmier à huile.

Alignements de palmiers à huile à proximité de Tutu dans une rizière qui sera mise en culture en juillet (malheureusement, comme nous pouvons le voir ici, les lignes d'arbres sont désherbées chimiquement.
Alignements de palmiers à huile à proximité de Tutu dans une rizière qui sera mise en culture en juillet. Malheureusement, comme nous pouvons le voir ici, les lignes d’arbres sont désherbées chimiquement.

Mise en place de couvert végétaux

Et enfin, même si c’est probablement ce qui demandera le plus de technicité encore très peu connue des paysans locaux, il faudra explorer les couverts végétaux pour renforcer la fertilité du sol. Pour cela, je m’appuierai sur certains travaux menées par le CIRAD ou d’autres organismes dans des pays voisins. Je trouve par exemple ce travail très intéressant et réalisé dans un contexte similaire à celui de la zone d’intervention : Promotion des systèmes de semis-direct sous couverts végétaux au Bénin : état des lieux, travaux de terrain et perspectives.

Suites à donner au projet

Lors de ma prochaine visite, l’idée sera d’aller à nouveau à la rencontre des agriculteurs pour leur présenter les différentes techniques énumérées ci-dessus, de recenser les agriculteurs volontaire pour mettre en place l’une ou l’autre de ces techniques et ensuite de les accompagner. Cet accompagnement se fera bien sûr avec l’aide des structures partenaires locales (ANVD Togo, ICAT, OCDI).

Et bien sûr, comme les financements sont encore difficiles à obtenir, nous continuons à solliciter votre aide, même un petit don est important, merci d’avance !

https://www.helloasso.com/utilisateurs/oraassociation/collectes/accompagnement-de-groupements-paysans-togolais-vers-l-agro-ecologie

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Observons

Du maraîchage sous les Oliviers au Maroc

Dans les commentaires de l’article « un potager sous les oliviers » que j’avais posté début novembre, Christian, un de mes lecteurs, avait évoqué dans un commentaire des cultures maraîchères sous des oliviers observées depuis une montgolfière dans la région de Marrakech, au pied du Haut Atlas. Il a cherché à en savoir plus, mais l’enquête s’est révélé difficile et il n’a pas réussi à obtenir de détails sur les techniques culturale de ces paysans marocains. Alors je propose juste ces fameuses photos, assez saisissante à mon sens avec ces cultures sous olivier au beau milieu d’un paysage semi-aride :


Et bien sûr si vous avez des infos sur ce type d’agroforesterie, je suis preneur. Je sais qu’il a un nombre significatif d’entre vous qui habite au Maghreb, alors votre savoir nous intéresse !


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question de lecteur

Un potager sous les Oliviers ?

Cet article est une question d’Eve, une de mes lectrices, qui souhaite être conseillée sur la mise en place d’un potager sous des Oliviers. Voici sa présentation et sa question:

 

« Je suis en train d’acheter une culture d’oliviers (160 pieds) sur un hectare, pas loin de Salon de Provence, bénéficiant de l’appellation AOC Baux de Provence (mélange spécifique de 4 variétés d’oliviers).
Mais à mon grand désarroi, je suis suissesse et le climat méditerranéen m’est… étranger.
Sans être une jardineuse émérite, j’ai de bonnes bases.En fait, je voudrais intégrer des coins de potager parmi les oliviers (il y a de l’eau sur le terrain), et si possible faire ma propre huile d’olive (et autres préparations) avec le moins de pesticides possible.

Les oliviers en question ont été un peu délaissés cette année et je voudrai leur donner un bon coup de pouce pour la prochaine… Donc, pour résumer:

– quels conseils comme « engrais » pour les arbres (production d’olives)?
– quelles plantes et légumes sont compatibles avec les oliviers?

Bref, tous conseils et mises en gardes seront les bienvenus! »

Je reconnais que je connais mal la cohabitation entre olivier et cultures potagères, même je sais qu’il y a des systèmes agroforestiers en milieu méditerranéens qui réalisent ce type d’association, je ne sais par contre pas précisément avec quelles cultures ni comment elles sont conduites.
Cette question permet d’aborder le thème de l’agroforesterie, du jardin étagé, voire du « forest gardening », thématiques que je connais mal mais que je pense très porteuses. Alors, fans de permacultures, d’agriculture naturelle étagée et autre agroforesterie, c’est à vous! Merci de répondre de répondre dans les commentaires ci-dessous et non par mail afin qu’Eve et tous mes lecteurs puissent lire votre conseil, mise en garde, suggestion… !

Notez aussi que ce thème sera abordé dans les ateliers de la journée « maraichage sur sol vivant » du 4 décembre 2012 dont je participe à l’organisation.

Culture de choux sous des Olivier – photo issue de la phototèque du site agroforesterie.fr