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Cet article est la suite de celui-ci publié en juin dernier. Je pensais publier la suite beaucoup plus vite, mais l’énorme travail demandé par le lancement de ma boutique et de ma gamme de semence m’a éloigné des publications d’article.

Vous y découvrirez toutes sortes d’histoires inédite et de témoignages uniques sur les trognes !

Bonne lecture !

VII QUELQUES TEMOIGNAGES.

 

Retour sur une pratique locale, pour le fagot fourrager,
dans la vallée du Jabron :

« La récolte de la
ramée (bois fourrage) se faisait de la fin août jusqu’à octobre.

Plusieurs méthodes
pouvaient être utilisées. Dans les quartiers qui étaient facilement déneigés
dans l’hiver (adrets) on conservait les fagots empilés contre le tronc d’un arbre.
La même technique que pour la conservation d’une meule de foin était utilisée
avec des fagots mis tête bêche pour que l’eau de pluie ne pénètre pas. Ils
étaient ensuite donnés au fur et à mesure des besoins en faisant venir les
troupeaux à proximité.

Pour beaucoup d’autres on
les ramenait à la ferme et on les donnait à manger aux bêtes en les accrochant
contre les murs de la bergerie pour les moutons, ou au plafond pour les
chèvres.

A Valbelle, on utilisait
des crochets de cytise, bois relativement imputrescible.

Lorsque les feuilles
avaient été consommées, on sortait ce qu’il restait, les fagots étaient empilés
et servaient pour le chauffage. Où étaient apportés au four à pain commun.

Cette pratique a perduré
jusque dans les années 1950. »

Extrait de l’interview de notre mémoire locale : M. Désiré Latil.

 
Dans la littérature contemporaine.

 

On doit dire ce qu’étaient les trognes, car on n’en parle pas assez.

G Lapouge, « le bois des amoureux ». A Michel. 2006.

Les trognes et la diversité.

 

[..]… Mais un des paramètres fondamentaux de la biodiversité forestière est la présence de vieux arbres et de gros bois mort !!

Promenez vous dans les forêts de notre région et vous ne verrez que des arbres de petit diamètre, en particulier en région méditerranéenne ou les coupes tous les 50 ans environ pour le bois de chauffage ne laissent pas aux arbres dépasser les 30 cm de diamètre, et vous constaterez la quasi absence de gros arbres morts sur pied ou tombés au sol. La coupe des arbres tous les 50 ans prive nos forêts de la présence d’arbres multi-centenaires et de bien plus d’un mètre de diamètre).

En bordure de champs, les vieilles trognes ont disparu.

Hors, on considère que 25 à 30% des espèces d’une forêt naturelle dépend du bois mort et des très vieux arbres, trognés ou non ! C’est dans le bois mort ou dépérissant que les pics creuseront leurs loges qui abriteront ensuite de nombreuses autres espèces d’oiseaux, de mammifères  (loir, chauves-souris…) et d’insectes dont le rare coléoptère pique prune (Osmoderma Eremita). Les différents types de cavités (de souche, de tronc, avec de l’eau, avec du compost…) qui se forment dans les vieux arbres abritent chacune une biodiversité spécifique.

Conservatoire d’Espaces Naturels PACA – Pôle Alpes du Sud.

Trognes et fleurs médicinales.

 

Quand j’étais jeune, mes grands parents me demandaient de monter sur la cime des tilleuls pour couper les branches chargées de fleurs. Mon faible poids (à l’époque !) me facilitait la tâche !!!

Mon grand père m’avait montré comment couper les branches sans qu’elles blessent l’arbre.

Chaque année cette taille entrainait un regain de vigueur des arbres et les fleurs magnifiques étaient nombreuses et denses.

Depuis 30 ans les tilleuls ne sont plus taillés : ils sont en train de mourir.

Témoignage d’AB.

Trogne de Polynésie.

Je vous disais ci-dessus, que la nature avait été la première à créer des trognes.

On en a un exemple avec celle-ci, de Polynésie.

A 25 m de l’océan pacifique, elle est un miracle de longévité, de résilience et de robustesse : voir le philosophe Taleb, ci-après.

Notre guide nous a indiqué qu’elle était là depuis au moins 90 ans, son père âgé, l’a toujours vue.

Il m’a expliqué que lors des tempêtes tropicales elle perd 50 % de ses branches, tous les 5 ans env.

Ensuite il y a un cyclone 5 ans après et là, elle se retrouve avec un tronc nu !!! Tout est arraché. Là elle attend le prochain cyclone, dans 1 ou 2 ans.

Donc si on résume, elle est trognée plus ou moins sévèrement selon un rythme naturel, quinquennal, se rapprochant des pratiques paysannes !!!

Témoignage de notre guide Manoua.

Ma trogne ombrelle !

 

En 2016 j’ai remarqué que la fourmilière, au pied d’un frêne, était totalement vierge de couvert herbeux.

En 2017 je trogne le frêne voisin (à 30 cm de la fourmilière). En 2018 je note que les fourmis ont « semé » de la prairie pour se protéger du soleil. Je pense alors que c’est pour remplacer l’ombre du frêne ayant disparu.

En 2019, fin d’été, je remarque qu’une seule branche est penchée sur la fourmilière.

Question non résolue : les fourmis ont-elles « commandé » cette orientation qui les protège du soleil ?

Personne ne m’a apporté de réponse. La seule solution est de trogner à nouveau l’arbre et d’observe le résultat : si la branche est à nouveau penchée « en ombrelle » il faudra envisager que les fourmis ont un pouvoir assez particulier et qu’elles peuvent coopérer avec l’arbre ! Résultat dans 2 ou 3ans.

Témoignage d’AB

VIII LA TROGNE UN ART ?

-LA TROGNE DANS LA PEINTURE.

Images provenant du livre d’heures Les Très Riches Heures du duc de Berry (15°).

Conservé au musée Condé à Chantilly.

On trouve des trognes sur les tableaux de jean Desbrosses : La porteuse d’herbe. (1861)

Chez Kanamara Matsuri : Fête de l’arbre de fer (1977, Japon).

Chez Titien : Les 3 âges de l’homme (1572).

Une multitude de peintres, poètes, écrivains évoque les trognes.

DE MULTIPLES SCULPTURES DE TROGNES

se trouvent dans toutes les civilisations. Souvent elles ont des fonctions complémentaires : limites géographiques, de propriété, station de prières et dolmens ??

-LE CHEMIN DE COMPOSTELLE
Mon cousin Alain possède un murier trogné sur le bord du chemin de Compostelle.
Le même trogné. Vous noterez un aspect torturé, sculpté par les anciens brulis, les chocs de charrettes… Mais il vit ! Immortel !
Et un jour Alain découvre un poème laissé par un pèlerin !!!

Voici le texte intégral du POEME TROGNESQUE :

« Vous m’avez démembré, décapité et brûlé mais je vis.

Je ne crois ni en vos dieux ni en vos religions car la mienne c’est la vie.

Je n’ai pas de haine et dans vos pèlerinages, je vous guide encore.

Laissez-moi vivre le reste de mon temps, encore. »

Un pèlerin anonyme.

Nous allons terminer avec une approche philosophique.

 

Nicholas Taleb, philosophe, spécialisé dans les sciences du hasard, définit les êtres vivants selon 3 familles :

Les êtres fragiles. Les êtres robustes…

Et les êtres antifragiles : pour lui, c’est un être capable de résilience après de multiples traumatismes. La trogne semble correspondre en tout point à cette définition : chaque taille la renforce, aussi bien au niveau du tronc que de ses racines. Sa durée de vie est largement augmentée.

Et plus elle vieillit, plus elle devient source de biodiversité dans ses anfractuosités.

(Son livre : les bienfaits du désordre) 2013.

 

Sources :

https://www.zoom-nature.fr/bienvenue-chez-les-trognes/

http://www.maisonbotanique.com/

AFAF : http://www.agroforesterie.fr/index.php

Arbres et paysages 32 : https://www.ap32.fr/

Savoir l’essentiel sur le BRF : https://www.ap32.fr/pdf/page04/livret_BRF_AP32.pdf

Savoir l’essentiel sur la haie : https://www.ap32.fr/pdf/page02/livret_haie_champ_gasc.pdf

Les trognes : l’arbre paysan aux mille usages : D Mansion. Ed Ouest-France. (Nouvelle édition)

 

Savoir l’essentiel sur les trognes : http://www.ap32.fr/pdf/page08/Livret_Trognes_AP32.pdf

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