Catégories
Jardiniers-reporters

Les trois incontournables au jardin sol vivant par Jacques Subra

Un nouvel article de Jacques Subra qui vous parle cette fois-ci de plantes à avoir dans tous jardin en raison des services qu’elles peuvent rendre !

Je viens vous parler aujourd’hui de trois plantes compagnes qui sont pour moi indispensables dans le jardin

L’Ortie

Plante aux mille vertus, en cuisine, en extrait fermenté, ( purins ) en paillage,à la ferme autrefois on la hachait menu pour nourrir canetons et oisons mélangée à du son et des pommes de terre cuites écrasées. C’est une plante rudérale, elle aime la proximité des humains et colonise les ruines et les friches. Hélas pour elle, son handicap, elle est piquante et l’homme n’a de cesse de la détruire. S’il savait, l’ignorant, que sous ses dehors agressifs elle cache des trésors infinis!

Je l’ai installée dans mon jardin depuis de nombreuses années, et certains visiteurs doutent de ma santé mentale quand je leur en fait part !

Une coccinelle sur des feuilles d'orties.
Une coccinelle sur des feuilles d’orties.

La Consoude

Produit une végétation abondante que l’on peut faucher plusieurs fois par an. Sa racine puissante peut descendre à plus d’un mètre pour puiser les éléments minéraux profonds. Je l’utilise beaucoup en couverture du sol. Les premières années, je la hachais, maintenant je pose les tiges entières sur le sol entre les rangs de légume, elle se décompose rapidement et enrichit le sol. Sa teneur en potasse est importante.

L’extrait fermenté s’utilise comme l’ortie, souvent je mélange les deux en arrosage.

En cuisine j’en met dans les soupes, avec des blettes et de l’arroche rouge elle remplace avantageusement les épinards. Il faut veiller à ne pas en consommer trop souvent et en trop grande quantité car elle contient un alcaloïde qui peut être toxique à haute dose pour le foie.

Les bourdons adorent ses fleurs. Certains, qui ne peuvent atteindre le nectar car leur trompe est trop courte, percent un trou sur le coté de la fleur pour pouvoir butiner.

Planche de consoude en pleine floraison (fleurs violette)
Planche de consoude en pleine floraison (fleurs violette)

La Bourrache

Elle illumine le jardin avec ses fleurs bleues en étoile, les abeilles l’adorent, au printemps c’est une véritable ruche qui envahit le jardin. Pour moi elle sert d’engrais vert spontané, il y en a partout. Quand elle gêne, il suffit de la couper au raz du sol et la laisser sur place en couverture. Elle est envahissante mais facile à maîtriser. Sa tige creuse gorgée d’eau produit une masse importante de matière organique et en se décomposant sa racine attire de nombreux vers de terre.

Certains consomment les fleurs, j’utilise les jeunes feuilles dans la soupe ou en mélange avec les épinards.

J’espère que se petit résumé vous donnera envie d’en savoir plus et d’accueillir ces nouvelles amie dans votre jardin.

?
Bourrache en fleurs
Catégories
Jardiniers-reporters

La biodiversité au-delà du jardin par Jacques Subra

Voici un nouvel article de Jacques Subra

Depuis toujours je suis convaincu que le jardin potager doit être un lieu de biodiversité. Si la production de légumes et de fruits est sa principale raison d’être, tout doit être mis en œuvre pour inclure le maximum de plantes, y compris celles que l’on appelle à tort « mauvaises herbes » elles ont leur utilité et reflètent souvent les carences du sol. A ce titre le jardin en sol vivant doit être le modèle à suivre pour le jardinier.

Mais au-delà du jardin on doit veiller dans la mesure du possible a préserver l’environnement en établissant avec l’accord des riverains ce que j’appelle un «  périmètre de sécurité » Je suis situé dans un village de 350 habitants en zone de culture intensive de maïs et d’élevage laitier.Mon habitation est dans un lotissement de 7 lots ou les terrains font entre 2500 et 4700 m2 et nous sommes trois jardiniers, les autres ont des pelouses, quelques arbres et arbustes et des fleurs. Situation de mon terrain : A l’est la départementale, au nord une habitation » pelouse «  a l’ouest une prairie ou paissent une jument et une ânesse et au sud, le chemin communal, et une prairie d’un agriculteur éleveur. Je suis donc relativement protégé des pollutions agricoles. L’agriculteur en face des chez moi avait l’habitude de désherber chimiquement les abords de sa prairie et je l’ai convaincu de ne plus sulfater sur mon coté, en échange j’entretiens le fossé et le talus par une fauche quand l’herbe est à maturité.

La zone désherbée chimiquement par l'agriculteur voisin
La zone désherbée chimiquement par l’agriculteur voisin.
La fin de zone désherbée chimiquement e le chemin communal qui même chez moi.
La fin de zone désherbée chimiquement e le chemin communal qui même chez moi.

J’ai également demandé à l’employé de la voirie de ne pas passer le broyeur sur les bas-cotés du chemin, la aussi je me charge de faucher l’herbe. Ainsi sur 200 mètres, le long de mon terrain je conserve une zone refuge pour les insectes et la petite faune auxiliaire bien utile à l’équilibre de mon jardin.

Le chemin communal et ses bas-côté tondus une fois l'herbe à maturité.
Le chemin communal et ses bas-côté tondus une fois l’herbe à maturité.
Gros  plan sur le bas-côté.
Gros plan sur le bas-côté.
La suite du chemin ou je fais un passage de tondeuse pour les promeneurs.
La suite du chemin ou je fais un passage de tondeuse pour les promeneurs.

Je sais bien que cela n’est pas possible partout, mais notre « mission » à nous, jardinier, est d’essaimer et chaque mètre carré conquis est une victoire pour un environnement plus sain et porteur d’espoir !

Jacques

PS : Je recommande fortement de lire le livre de Gilles «  Jardiner sur sol Vivant » très bien documenté et surtout facile à lire ce qui n’est pas le cas de beaucoup d’autres livres, rébarbatifs et trop techniques pour les non initiés.

Catégories
Lecture d'ouvrage Un peu de théorie

Les insectes au jardin, un livre d’Eric Grissell

Au début de l’été il a été question d’insectes sur ce blog, notamment de guêpes et de cigales. Je vous propose d’aller un peu plus loin sur ce thème en vous présentant cet ouvrage de l’entomologiste américain d’Eric Grisell :  » Les insectes au jardin : En quête d’un jardin écologique  » Traduit et publié par les éditions du Rouergue en 2009 (édition originale « Insects and garden, In pursuit of a garden ecology », timber Press 2001).Cet ouvrage est en plus illustré par les magnifiques photos d’insectes de Carll Goodpasture.

Voici pour vous mettre en appétit la quatrième de couverture qui résume très bien l’esprit de l’ouvrage :

 » Un jardin en bonne santé est un espace où les populations d’insectes s’équilibrent. C’est l’une des leçons de ce livre passionnant qui nous fait découvrir la faune secrète de nos jardins. Pour bien des jardiniers, un bon insecte est un insecte mort. C’est oublier que, pollinisateurs, nettoyeurs, recycleurs, les insectes sont non seulement les auxiliaires du jardinier, mais les garants de la vie : sans eux, nous n’existerions plus. Persister à les chasser revient à entamer une guerre à la fois irréfléchie, impossible à remporter et absolument inutile. Dans ce livre accessible à tous et richement illustré, Eric Grissell nous fait découvrir les espèces qui peuplent nos jardins, ce qu’elles y font et comment les encourager à s’y établir durablement. On y apprend mille choses curieuses et fascinantes sur le monde des insectes. Or, les connaître, c’est apprendre à les apprécier comme une part irréductible de ces jardins que nous aimons et souhaitons protéger. En se fondant à la fois sur des données scientifiques et une longue expérience de jardinier, Eric Grissell nous invite à profondément modifier notre rapport aux insectes. Ce faisant, il dessine les contours d’une véritable écologie du jardin. »

Ce livre comporte trois partie qui peuvent être perçues comme trois livres plus ou moins indépendant, ce que je vous recommande vivement de faire car l’information contenue ici est très dense. Il me semble tout à fait possible de commencer par la partie que vous voulez.

La première partie nous fait découvrir les bases de l’entomologie : qu’est qu’un insecte ? Comment se développe-t-il ? comment sont-ils classifiés ?

La deuxième partie nous fait entrer dans le monde fascinant et extrêmement complexe des interactions entre ces insectes et entre les insectes et les plantes.

Et la troisième partie jette les bases, pratiques, théorique et surtout psychologiques d’un jardinage qui invite tous les insectes chez vous (pas seulement les papillons et les abeilles !).

Voilà un outil qui vous aidera certainement à mieux comprendre le monde des insectes et vous sentir plus à l’aise avec leur présence dans votre jardin, quelle que soit l’insecte en question !

Bonne lecture !

Catégories
video

La cigale ayant chanté tout l’été…

Puisque nous parlons d’insectes, je ne résiste pas au plaisir de vous partager cette très belle vidéo qui nous fait découvrir un insecte qui passe la plus grande partie de sa vie dans le sol : la cigale !
Les images sont superbes, le texte est passionnant et réhabilite un insecte si injustement calomnié par la célèbre fable 😉 !

Lettre à Maitre Jean from samruf on Vimeo.

Et tant que nous y sommes, voici la fable revisitée par le célèbre entomologiste Pierre Henri Fabre :

« La cigale et la fourmi » revisitée from samruf on Vimeo.

Catégories
Un peu de théorie

Les guêpes : mal-aimées mais précieuses auxiliaires de culture, par Antoine Rivière

Suite au dernier article de Christophe Gatineau sur la piéride du chou, et aux commentaires qu’il a suscité, j’ai contacté, sur le conseil de Bertrand Carlier, Antoine du blog guêpes et frelon. il nous fait ici une petite présentation du monde des guêpes, nos amies mal aimées :

On nous dit souvent que l’abeille c’est la gentille, l’image de Maya faisant son miel alors que la guêpe n’apporte que des ennuis… et si les guêpes étaient plus intéressantes qu’elles n’y paraissent ? Si nous prenions le temps ici, tout de suite, de rassembler quelques informations sur leur utilité en culture ? Au pays des guêpes, il y a les solitaires menant leur petite vie et les sociales construisant de vastes colonies. Toutes ont un rôle à jouer au sein de la biodiversité…

Les guêpes solitaires

L’intérêt des guêpes solitaires est déjà bien connu et les premiers manuscrits montrant leur utilisation datent de 1900. A l’époque, les larves de guêpes identifiées comme utiles étaient collectées dans les champs puis déposées dans les cultures. Plusieurs micro-espèces (genres Aphidius et Aphenilus) désormais élevées in-vitro s’attaquent avec une grande spécificité aux pucerons permettant une activité de destruction millimétrée. Leur utilisation dans l’horticulture s’est perfectionnée à partir des années 50 et ne cesse de progresser avec les enjeux environnementaux actuels.

Pucerons parasité par une guêpe de la famille des Aphelininae (couleur cuivrée) et puceron sains de couleur verte.
Pucerons parasité par une guêpe de la famille des Aphelininae (couleur cuivrée) et pucerons sains de couleur verte.

Mais de nombreux autres représentants de guêpes parasitoïdes (familles des Braconidae, Ichneumonidae…) se sont spécialisés dans le parasitisme des chenilles de papillons divers, tenthrèdes et coléoptères phytophages.

 

Les trichogrammes sont des guêpes parasitoïdes utilisées en lutte biologique contre la pyrale du maïs.
Les trichogrammes sont des guêpes parasitoïdes utilisées en lutte biologique contre la pyrale du maïs.

Ces guêpes solitaires ont chacune une action limitée mais la diversité des espèces dans un écosystème donné permet de maintenir efficacement les populations de parasites à des seuils acceptables. Le recul actuel de leurs populations est provoqué par l’utilisation intensive (ou même locale !) de pesticides et la disparition des zones de jachère (herbes hautes, haies sauvages…) Ainsi afin de favoriser leur présence au jardin il est important de maintenir des zones préservées et d’abolir l’utilisation de produits chimiques auxquels ces insectes sont très sensibles.

Les guêpes sociales

Les guêpes sociales ont un rôle moins connu mais beaucoup plus efficace dans leur zone d’intervention. En revanche, elles souffrent de leur mauvaise réputation souvent injustifiée d’autant plus que toutes les espèces ne sont pas « égales » en termes d’agressivité. L’homme reste de loin le principal facteur de destruction des nids et des populations.

– Les polistes

Guêpe de la famille des Polistes
Guêpe de la famille des Polistes

L’une des familles les plus représentées et les plus utiles au jardin est celle des polistes. Ces guêpes sont reconnaissables à leur silhouette très  allongée se terminant par 2 longues pattes arrière souvent visibles lors du vol. Elles construisent de petits nids sans enveloppe dépassant rarement 10cm de diamètre pour 30 à 50 individus actifs (mais souvent moins !). Les polistes sont de redoutables prédateurs dont l’alimentation des larves est essentiellement constituée de petites chenilles capturées par les adultes (pouvant représenter 80% des captures). Contrairement à la guêpe solitaire qui n’est que de passage dans un périmètre et reste isolée rendant son action limitée, la guêpe sociale installe son nid pour une saison et doit nourrir sa progéniture dans ce secteur. Elle chassera donc en continu, générations d’ouvrières après génération d’ouvrières éliminant beaucoup plus efficacement les parasites d’où l’intérêt de ne pas détruire son nid. Les polistes peuvent également chasser les grosses espèces de pucerons, les mouches et moustiques ainsi que les araignées mais leur proies restent de petite taille. Ces guêpes ont également un rôle dans la pollinisation de certaines espèces végétales comme le fenouil et de nombreuses ombellifères.

Nid de guêpes de la famille des polistes
Nid de guêpes de la famille des polistes

Pour favoriser le développement des polistes au jardin :

Conserver des recoins exposés en pleins soleil, abrités du vent et de l’humidité (dessous de tôle, de zinguerie, de tuile). Il est également possible de construire des nichoirs adaptés (On peut en faire avec de simples boîtes métalliques). Laisser à l’extérieur et au soleil quelques planches de contreplaqué grisées par le temps fournira le matériel nécessaire à la construction du nid ce qui, à défaut d’abriter un nid, pourra aider les colonies alentours. Au cœur de l’été, un point d’eau (une bassine suffit !) est souvent très apprécié par les polistes qui ont d’énormes besoins en eau pour réguler la température de leur nid contrairement aux autres espèces.

– Les guêpes communes (genre Vespula)

Guêpes du genre Vespula
Guêpes du genre Vespula

*

Ces guêpes sont les plus connues : celles qui construisent souvent des nids souterrains très populeux (plusieurs centaines d’individus). Plus grande population équivalent à plus grand rayon d’action, ces guêpes participent très activement à la contention des populations de parasites. Elles s’attaquent sans spécificité à toutes sortes d’insectes phytophage parfois plus gros qu’elles : grosses chenilles, sauterelles et criquets… En Août, un nid mature peut atteindre près de 10 entrées/sorties chaque seconde rapportant ainsi plusieurs dizaines de grammes d’insectes par jour pour alimenter le couvain (voir LIEN 4). Ces guêpes participent également à l’élimination des charognes et limitent ainsi le risque de contamination microbiologique aidant au passage le travail d’autres insectes nécrophages.

Pour favoriser le développement des guêpes communes au jardin :

Maintenir les fossés et talus herbeux. Favoriser la présence de conifères à aiguilles qui représentent une importante source de nourriture pour les hyménoptères sociaux. Ne pas détruire les nids alentours car leur principal prédateur reste l’homme !

– Le frelon européen (Vespa crabro)

Frelon européen
Frelon européen

Qui dit plus grosse espèce dit plus grosses proies et en plus grande quantité (estimée jusqu’à 200g/jour pour une colonie mature). Voici le chasseur par excellence qui peut dans certain écosystème être un super-prédateur (haut de la pyramide alimentaire). Le grand public est souvent effrayé par ce gros insecte inoffensif mais la cohabitation est très souvent moins compliquée que celles des guêpes (voir la cohabitation avec cette espèce dans mon grenier ou dans une salle de bain). Comparé aux guêpes, le frelon est un peu moins intéressant pour les cultures car il consomme essentiellement des mouches et taons mais il régule également à son tour les populations de guêpes ! Son régime alimentaire compte néanmoins une part non négligeable de phytophages (chenilles et sauterelles essentiellement) et xylophages (peu exploités par les autres espèces). Les mâles participent activement à la pollinisation du lierre en septembre et de quelques autres espèces végétales. Ainsi selon la taille de population liée à l’espèce voire même à la taille de l’espèce elle-même, le champ d’action sera plus ou moins étendu et les proies capturées seront différentes. D’où l’intérêt évident de conserver un équilibre entre les différentes espèces et de ne pas les détruire au risque de voir les populations de parasites exploser…

Pour favoriser le développement du frelon européen au jardin :

Conserver les souches et arbres creux, principaux sites de nidification de ce frelon. Les vieux greniers sont également très souvent utilisés et la hauteur des nids dans ces endroits évite tous problèmes. Des nichoirs à frelons peuvent être utilisés avec certaines règles. Laisser les fruits pourris au sol sous les arbres.

Découvertes récentes

Une publication scientifique récente (Cavalieri, 2013) montre que nous n’avons pas encore tout découvert sur leur rôle ! La levure de boulangerie Saccharomyces cerevisiae est utilisée pour la fermentation alcoolique par l’homme depuis 9000 ans. Dans la nature elle participe à la fermentation des fruits divers et indirectement à la fertilisation des sols. Cependant malgré la grande connaissance de ce micro-organisme, il n’a jamais été démontré l’existence d’un cycle permettant sa dissémination en dehors de l’environnement humain ni comment il pouvait survivre durant l’hiver en l’absence de sucres nécessaires à son développement (raisin). Cette étude montre le rôle des guêpes sociales (le frelon européen Vespa crabro et les guêpes Polistes) se nourrissant sur le raisin, habitat naturel de cette levure, en tant que vecteur de dissémination, d’évolution des populations et réservoir naturel permettant sa survie durant toutes les saisons. Il est expérimentalement montré dans ce travail que les guêpes fondatrices (reines) peuvent abriter la levure dans leur système digestif lors du repos hivernal puis les transmettre à la génération suivante. Des études génétiques sur des guêpes de différentes régions ont permis de montrer que la diversité des levures isolées reflète la variabilité géographique des souches isolées à partir de raisin, vins ou pain dans les régions données.

 

Par Antoine RIVIERE

Biologiste, Animateur et Webmaster de la communauté « Guêpes et Frelons » sur Internet

http://guepes_frelons.e-monsite.com/  &  http://guepes-frelons.forumgratuit.org  

Catégories
Jardiniers-reporters

Héberger et protéger les oiseaux par Jacques Subra

Voici la nouvelle chronique de Jacques concernant les auxiliaires au jardin, cette fois il nous fait découvrir le vaste monde des oiseaux.

Quoi de plus agréable que de se lever le matin avec le chant des oiseaux ? Pour cela, ils faut qu’ils aient de bonnes raisons de s’installer chez vous. Vous devez donc leur offrir le gîte et le couvert.

La tendance actuellement est à l’installation généralisée de nourrisseurs, c’est un créneau dans lequel se sont engouffrées les jardineries qui proposent toutes une gamme de produits mais cela relève plus de l’intérêt commercial que du réel soucis de protection. A quoi sert de les nourrir si l’on ne maintient pas ou que l’on ne recrée pas leur biotope ? Si l’on ne se préoccupe pas de savoir ou vont-ils s’abriter et nicher ? A se donner bonne conscience ? Je ne suis pas favorable à trop d’assistanat car ils deviennent dépendant et si vous cessez de les nourrir ils risquent de ne plus être capables de trouver seuls leur pitance et peuvent mourir de faim. La sélection naturelle est indispensable à la survie des espèces sauvages. Chez moi je les aide seulement en cas de grands froids ou enneigement prolongé en maintenant des abreuvoirs hors gel et en dégageant la neige par endroit pour leur permettre de gratter le sol. Exceptionnellement je dispose des boules de graisse avec des graines. Pour s’installer durablement, ils ont besoin d’une flore variée, fleurs, graminées, arbustes à baies, arbres fruitiers, qui amène une faune riche en insectes, chenilles et vers de toute sortes. Pour les nicheurs précoces, comme les merles, des arbustes à feuilles persistantes (laurier, buis…) où ils sont à l’abri des prédateurs sont pertinents. Les cavernicoles (mésanges, sittelles torchepot) préfèrent des vieux arbres creux, des murs de pierres sèches ou des nichoirs artificiels.

sittelle torchepot maçonnant le trou d'envol d'un nichoir.
sittelle torchepot maçonnant le trou d’envol d’un nichoir.

Les rouges-gorge et troglodytes, aiment bien nicher dans les arbres colonisés par le lierre. Quand tout ces précieux auxiliaires sont installés, ils vous aident à réguler les chenilles, pucerons, petits mollusques et maintenir un équilibre au jardin. Ils participent aussi, de manière infime certes, au maintient d’un sol vivant par leurs déjections, plumes et cadavres. Chez moi nichent : pies, geais, tourterelles turques, merles, moineaux, pinsons, sittelles torche-pot, mésanges, fauvettes, rouges-gorge, rouges-queue, troglodytes.

nid de troglodyte dans un balais
nid de troglodyte dans un balais

Un couple de huppes fasciée revient tous les ans nicher a quelques centaines de mètres et nous rend visite régulièrement à la recherche d’insectes qu’elles trouvent sur le sol. Cette année je les ai aperçues pour la première fois le 20 mars. Tout se tient et interfère pour participer à un « Sol Vivant ».

Huppe fasciée
Huppe fasciée
Catégories
Jardiniers-reporters

Les crapauds par Jacques Subra

Jacques continue sa série sur les auxiliaires au jardin, après les syrphes et les Chrysopes, il nous parle ici des crapauds

Mardi 5 mars 2013, après midi printanière (18°) Je suis dans le jardin quand une animation inhabituelle venant de la mare attire mon attention. Je m’approche et aperçois deux crapauds mâle se disputant les faveurs d’une belle ( ?? ) « crapaude ».
Je vais chercher mon appareil photo pour fixer c’est instant et écrire ces quelques lignes pour partager avec vous. Je suis toujours, et cela ne fait qu’augmenter avec l’age, émerveillé par le miracle permanent de la Nature. Il suffit d’observer dès l’apparition des premiers signes du printemps, et c’est une explosion de vie qui surgit.

accouplement de crapauds communs
accouplement de crapauds communs

Revenons à nos crapauds

Que n’a-t-on pas raconté depuis des siècles sur ce malheureux anoure (anoure : sans queue) Il est absolument inoffensif pour l’homme, on peut le manipuler sans crainte, ses glandes venimeuses dorsales lui servent de défense en cas d’attaque de prédateurs et ne sont activées que s’il y a morsure.
Un jour que je présentais un crapaud aux enfants de l’école maternelle, il m’a pissé dans la main, ce qui les a bien fait rire ! Il y a plusieurs sortes de crapaud, je parle ici du crapaud commun, (Bufo bufo) le plus répandu sous nos climats avec le sonneur à ventre jaune. Chez le crapaud commun on distingue facilement le mâle de la femelle, celle-ci est d’une taille double voire parfois triple que le mâle. Si vous rencontrez un énorme crapaud dans vôtre jardin, c’est une « crapaude » !

Cet auxiliaire précieux pour le jardinier mérite d’être protégé.

Il se nourrit de mollusques, vers, chenilles et insectes divers . Il a besoin d’abris et de caches pour se protéger de la chaleur du jour, car il a des mœurs nocturnes. Un point d’eau ( mare même petite) pour se reproduire. La femelle pond des chapelets d’œufs (6 à 7000) qu’elle accroche aux plantes aquatiques ou aux algues. On ne peut les confondre avec ceux des grenouilles qui sont en paquets gélatineux. Les têtards sont plus gros que ceux de la grenouille, seul une dizaines arriveront à l’âge adulte. Autre particularité du crapaud : il revient sur son lieu de naissance pour ce reproduire, ne ramassez pas un crapaud dans la nature pour l’introduire chez vous, créez les conditions favorables et ils viendront.

œufs de crapauds communs : ce sont les chapelets noirs accrochés aux plantes aquatiques et aux algues au milieu de la photo.
œufs de crapauds communs : ce sont les chapelets noirs accrochés aux plantes aquatiques et aux algues au milieu de la photo.

Comme beaucoup d’animaux, c’est un marqueur du milieu

Il est très sensible à la pollution, sa présence indique un biotope sain. Malheureusement la disparition de mares et zones humide, plus les dangers liés aux voitures participe à sa disparition.
Pour en savoir plus, comment les attirer chez vous et les protéger, il y a d’excellents sites sur internet.

Jacques Subra

Catégories
Jardiniers-reporters

Les Syrphes et les Chrysopes par Jacques Subra

Jacques, décidément très productif en ce moment nous propose aujourd’hui un article sur deux insectes auxiliaires parmi les plus précieux au jardin.

Je voudrais vous parler aujourd’hui de deux insectes auxiliaires très importants dans l’équilibre écologique du jardin : Les Syrphes et les Chrysopes

– Les Syrphes : Souvent confondues avec des guêpes car certaines ont l’abdomen rayé jaune et noir, mais ce sont des mouches avec une seule paire d’aile alors que les guêpes ont deux paires. Elles ont la particularité de voler par à-coup et de faire du sur-place. Elles pondent leurs œufs près des colonies de pucerons, la larve est vert clair et ressemble à un ver ou une petite chenille.

Syrphe adulte butinant une fleur de phacélie
Syrphe adulte butinant une fleur de phacélie

– Les Chrysopes : Magnifique insecte vert aux ailes transparentes, il a des mœurs plutôt nocturnes, on le voit quelquefois voleter à la tombée de la nuit. Il a la particularité de pondre ses œufs à l’extrémité d’un filament accroché sur les tiges ou les feuilles des plantes.

La chrysope adulte est magnifique insecte vert aux ailes transparentes

Les adultes de ces deux espèces se nourrissent de nectar et participent à la pollinisation des fleurs qu’ils fréquentent. Les larves, quant à elles, sont de redoutables prédatrices de pucerons, « araignées » rouges (acariens), cochenilles, thrips, petites chenilles…

Larve de syrphe dévorant des pucerons.
Plus de photos en cliquant sur l’image

Pour accueillir de tels alliés au jardin il faut leur fournir le gîte et le couvert. Des vieux arbres couvert de lierre (voir article lierre) font d’excellents abris mais aussi les haies champêtres, des fagots, un mur de pierres sèches , une haie ou un massif de buis, des abris artificiels. (vous trouverez des modèles sur internet ou encore dans l’ouvrage « mon jardin paradis » de Gilles Leblais)

Pour les nourrir, des fleurs (soucis calendula, pissenlits, phacélie, œillets d’indes, consoude, bourrache..) des aromatiques (romarin, thym, sarriette… ) et des arbustes à floraison printanière. Observez dans vôtre environnement les arbres et arbustes locaux pour les installer dans le jardin en fonction de la place dont vous disposez (aubépines, prunelier, noisetiers, pommiers malus, amandiers, noisetiers, saules…etc ).

Il est encore temps de planter ces arbustes si vous n’en avez pas chez vous, quand aux fleurs on trouve d’excellents mélanges en jardinerie.

Ces deux espèces sont très sensibles aux insecticides même bio, veillez donc à ne les utiliser qu’en cas d’absolu nécessité.

Catégories
Jardiniers-reporters Observons

Le lierre: un trésor méconnu par Jacques Subra

J’avais déjà évoqué le lierre dans ce blog en répondant à un commentaire, un de mes plus fidèles lecteurs et contributeurs de ce blog n’a pas hésité à prendre sa plume (ou plutôt son clavier) pour nous parler de cette plante merveilleuse et si injustement mal aimée! Je laisse la parole à Jacques :

Je voudrai réhabiliter une plante trop souvent combattue et détruite, car considérée comme un parasite, au même titre que l’ortie et autres plantes compagnes .

Le lierre est un véritable écosystème à lui seul car il abrite et nourrit un nombre incalculable d’insectes et animaux et participe à l’équilibre de l’environnement.

Ce n’est pas un parasite car il se fixe à un support ( mur ou arbre) par des ventouses non absorbantes, contrairement au gui qui pénètre l’écorce des arbres pour se nourrir de leur sève.

Ses racines sont superficielles et ne concurrencent pas celles des arbres qui elles, vont chercher plus profondément leur nourriture.

Il fait un couvre sol très efficace car il empêche la pousse de l’herbe, des ronces, et autres plantes indésirables. Il vaut quand même mieux attendre, avant de le laisser s’installer au pieds des arbres que ceux-ci soient assez vigoureux. ( 4 à 5 ans)

Contrairement à une idée reçue, il n’étouffe pas l’arbre qui lui sert de support, car il grimpe verticalement, ne s’enroule pas, et n’empêche pas l’arbre de grossir.

A l’Automne, quand le lierre est en fleur, à une période ou les floraisons sont rares ? c’est une véritable « ruche » avec des milliers d’abeilles, de guêpes, syrphes, papillons etc…qui viennent se nourrir de nectar et de pollen à ses fleurs minuscules. L’hiver et au début du printemps il sert de garde-manger aux oiseaux, car si ses baies sont toxiques pour l’homme elles sont un véritable régal pour eux.

Son feuillage persistant permet d’abriter une multitude d’auxiliaires et nombres d’oiseaux y nichent. ( rouge-gorge , roitelet, troglodyte, fauvettes)

Depuis trois ans, je laisse le lierre coloniser un pommier pour observer son comportement et voir si un équilibre auxiliaire-prédateur peut se créer.

Le lierre a aussi certaines vertus thérapeutiques et sert en pharmacologie.

Ma Grand-Mère utilisait les feuilles de lierres macérées dans l’eau-de-vie pour soigner ses cors aux pieds. Cent grammes de feuilles bouillies quelques minutes dans deux litres d’eau font un bon liquide vaisselle.

Faites-lui une place dans votre jardin, vous n’en retirerez que des avantages !!!

Catégories
Jardiniers-reporters

Le potager : une source d’étonnement – par Loïc Vauclin

Article invité écrit par Loïc Vauclin du blog mon potager en carré.

Comme je vous l’ai déjà évoqué dans la présentation de mon potager en carré, ma terre était plutôt du genre stérile et très sableuse. Les 2 premières années de culture traditionnelle à plat m’ont plutôt découragées. Seulement l’échec est un moteur chez moi, j’aime bien contourner les problèmes et les solutionner. C’est l’expérimentation qui permet de trouver des solutions. Expérimenter c’est aussi prendre des risques. Seulement il faut bien admettre que les risques pris en tant que jardinier sont plutôt réduits. Le principal est celui de travailler au jardin sans obtenir la moindre récolte. Mais parfois on fait des découvertes intéressantes. En voici quelques une qui me concernent.

Un légume se ressème ?

En appliquant les conseils que j’ai glanés sur internet, j’ai étalé la totalité de mon bac à compost sur mes carrés de potager et sur quelques planches de culture. Ma surprise fut de récolter des pommes de terre genre vitelotte et des tomates sans avoir semé quoique ce soit. Je ne sais pas pourquoi mais j’avais l’à priori que l’on ne pouvait pas utiliser les graines de ses propres légumes pour faire des semis. A vrai dire je n’avais même jamais pris le temps d’y réfléchir. Et chaque année je ne manque pas de faire chauffer ma carte bleue dans les jardineries pour acheter des graines.  Aujourd’hui je me demande bien comment ce genre d’idée a pu germer dans ma tête. Surtout que je ne suis pas le seul dans ce cas ! Y aurait-il un travail de lobbying là derrière ?

Bref, c’est tellement facile de récolter ses graines que je ne vais plus m’en priver. Cette idée m’a ouvert de nouveau horizon. J’ai découvert qu’il y avait une volonté de préserver le patrimoine légume. Des jardinier luttent pour préserver des variétés anciennes, comme notamment de choux de saint Saëns,près de chez moi. J’ai pris conscience que le travail de sélection des jardiniers amateurs mérite d’être conservé, surtout quand on voit la vitesse de propagation des variétés hybrides. J’ai décidé de travailler avec des variétés fixées et de me lancer dans la sexualité des plantes .

La capacité de la nature à se régénérer

Mes actions pour favoriser la biodiversité dans mon potager restent facileà entreprendre et à la portée de tous. Je suis néanmoins surpris de voir comment de petites actions peuvent amener de grands changements. Voici quelques-unes de ces actions :

Planter quelques fleurs mellifères et laisser quelques fleurs sauvage se développer permet de voir les insectes recoloniser votre jardin. Bien que je sois en pleine ville j’ai pu voir des insectes vraiment impressionnant. En laissant une place plus grande à la spontanéité de la nature, j’ai pu ainsi découvrir une nouvelle fleur : l’onagre. Elle a quasiment recouvert tout mon jardin, et je me dis qu’il y a surement une bonne raison à cela.

Le retour des champignons fut aussi une découverte agréable. Depuis longtemps chaque saison je vais chercher des cèpes en forets et systématiquement je jette les épluchures dans mon jardin. Seulement je n’ai jamais vu un cèpe pousser. Par contre depuis que j’utilise le BRF, non seulement un réseau important de mycélium a colonisé le terrain, mais je vois aussi des champignons pousser çà et là.

Pailler le sol avec mes déchets verts et ma poubelle à épluchure ont considérablement modifié mon jardin. Avant je ne voyais par un ver, aujourd’hui il suffit que j’écarte un peu le mulch pour voir quantité de vers se recroqueviller. Le paillage offre un environnement propice au développement de la faune du sol. Aujourd’hui mon sol grouille de vie et le développement de mes légumes a progressé.

Les vers ne sont pas les seuls à investir le paillage, il y a aussi des bestioles moins sympas comme les limaces. Forcement ma première réaction de jardinier était de sortir le tue limace. J’avais quand même pris soins de rendre le poison inaccessible pour les autres animaux.

Après quelques sorties nocturne pour tenter de pulvériser mon ennemie, j’ai fini par renoncer, enlever mes pièges et me dire je laisse faire on verra bien.

Le laisser faire au potager.

Ce n’est pas facile de laisser ses salades se faire bouffer. Mais j’ai fini par me dire que cette quantité impressionnant de gastéropode allez bien finir par intéresser quelqu’un. Au bout de quelques mois, j’ai vu les premiers carabes courir dans le potager. Un hérisson aussi à pointé son nez. Je ne dis pas que la population des limaces est déjà maintenue sous pression, mais la nature fait son travail et je suis sûr d’aller vers un équilibre. J’essaie de mettre en pratique les principes de l’agriculture sauvage.

J’adopte cette politique pour tous maintenant, et je subi des pertes. Je ne vous dis pas mes pieds de tomates cette année. Mais j’ai quand même pu en profiter. Le mildiou a tout ravagé mi-aout avec le fort taux d’humidité. J’ai refusé de traiter a la bouilli bordelaise car son action sur les champignons n’est pas ciblé. Je n’ai même pas pris le soin de brûler les pieds contaminés. Je les ai laissé sécher sur place puis passé au broyeur. Je vous dirais l’été prochain comment se portent mes tomates. Je risque peut être de déchanter mais j’ai la conviction que plus mon jardin sera riche en biodiversité plus fortes seront mes cultures.

Apparence du potager naturel.

Depuis que je laisse la nature un peu plus libre je découvre une nouvelle réaction de mon entourage.

–         Ba alors t’as laissé tomber ton jardin !

–         Mais c’est la brousse chez toi

–         Ba dit ! C’est pas très bien entretenu ton potager.

Notre vision du jardin est bien formatée, dans l’esprit de bon nombre de jardinier, un potager entretenu c’est un potager avec une terre totalement nu et découverte. C’est des légumes planté au cordeau et regroupé. Tout le contraire de ce qu’il faudrait faire ! Mais d’où nous vient cette pratique ? Comment a-t-on réussit à nous convaincre de procéder ainsi ? Sans vouloir imaginer le complot partout, j’imagine quand même que notre héritage de jardinier vient bien de quelque part. Qu’en pensez-vous ?  Croyez-vous que nos méthodes de jardinages sont le résultat du travail du marketing des industriels de la chimie ?