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Des sols vivants aussi en espaces verts urbains !

Fin mai dernier j’avais animé une formation auprès des agents d’espace vert de la communauté d’agglomération de Val Maubuée à Marne la Vallée (77). Lors de cette journée,  nous avions entre autre visité un site arboré où l’herbe commençait à avoir du mal pousser. Les responsables du site souhaitaient mettre en valeur par des plantation de vivaces d’ornement appréciant l’ombrage de l’endroit (pervenches…) cet automne.

Après discussion avec les agents techniques nous avons convenu du protocole suivant à mettre en oeuvre pour préparer le sol sans le travailler, les travaux ont été réalisé au début de l’été (les photos m’ont été transmise par le directeur des services espaces verts) :

– paillage directement sur l’herbe avec des cartons, afin de faciliter le désherbage.

– puis paillage avec une épaisse couche de foin:

– en enfin pour des raison d’esthétique et surtout de risque d’incendie du foin par des mégots de cigarettes, le tout a été repaillé avec quelques centimètres de BRF:

Voilà pour cette petite galerie, j’espère que l’expérience sera concluante et que ce type de pratique se verra de plus en plus dans nos villes de France et de Navarre !

Cela montre que les pratique sol vivant que nous développons au potager sont aussi à expérimenter dans d’autres domaines, comme les vergers ou les espaces vert urbains comme ici!

Si vous avez aussi des expériences de ce type de mise en place de vivaces sans travail du sol (du moins pour la préparation, car il faudra bien creuser un trou pour la plantation 😉 ), je vous invite à les partager dans les commentaires ci-dessous!

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Cap vers le Finistère pour découvrir le petit jardin de Claire et Nico dans les Monts d’Arrée

Notre Petit Potager…

Voici notre jardin! Nous sommes situés dans un petit village des Monts d’ Arrée, dans le Finistère. L’altitude est d’ environ 300 mètres, le quart de la superficie communale est constitué de crêtes schisteuses, landes et tourbières, nous vivons a 2km d’une carrière de kaolin.

Nous essayons de gagner en autonomie avec peu de temps, car nous avons des enfants en bas âge, peu de moyens et peu de connaissances de la terre et des végétaux….

Nous aimerions présenter ici la façon dont nous avons procédé pour préparer 2 petits bouts de terre à accueillir un potager modeste cette année, et apprendre « sur le tas » pour nous adapter l’an prochain et continuer nos expériences sur une plus grande surface, en l’occurrence une parcelle de bois prêtée gracieusement par une voisine curieuse de cette façon de faire…!

La terre n’avait pas été cultivée depuis 5 ans, elle est surtout argileuse… Il y a beaucoup de vers de terre et il y pousse surtout du rumex et de l’euphorbe. Elle a été bêchée l’an passé et passe cette année au jardinage sol vivant.

Vue générale du jardin cet hiver

Le petit bout de terrain a droite des noisetiers, ajouté ensuite, est a l’abandon depuis plus de 30 ans…

La culture sur butte a été choisie car nous espérions pouvoir récolter un peu cette année. Elle a été montée en janvier, pas très haute, composée d’une couche d’humus, de feuille morte et tonte de pelouse. Dès février, des oignons ont été plantés sur la butte et des fraises sur les pentes pour structurer et éviter l’érosion et apporter un couvert permanent, conserver l’humidité et de ce fait, nous dispenser d’un arrosage trop important.

Un apport de 5cm de brf a été fait début mars, puis un paillage quelques jours plus tard. Puis, toujours dans notre démarche « récup », nous avons nettoyé un bout de terrain derrière chez nous, récupéré beaucoup d’ardoises que nous avons disposé sur les côtés des buttes pour apporter de la chaleur.

En procédant ainsi, nous voulions essayer de palier le manque d’azote du brf la 1ere année par l’apport d’humus. Nous avons pensé que la plante pourrait se développer dans les couches inférieures au brf.

la serre bricolée en noisetier

Tous les semis ont été faits en godets, en serre bricolée en noisetier. Les salades, haricots, betteraves, navets, épinards, céleri, chicorée ont été semés en place sur la butte disposée en carré ou au centre de ce carré, dans lequel ont été ajouté selon les cultures quelques bâches noires, ou un paillage de tonte de pelouses ou un paillage en carton pour nos « expériences »…

Nous avons monté des tours à pomme de terre, solution trouvée pour pallier au manque de place… puis comme nous avons récupéré un petit bout de roncier que nous souhaitions cultiver, nous avons essayé de planter des pommes de terre sur cartons.

Au fond de la serre ont été semés en février des carottes purple dragon, des laitues de printemps, des poireaux d‘été et de l’arroche, des betteraves, tomates, céleri.

Vue générale du jardin le 22 juin dernier

Ensuite, au fond du jardin on a le compost, la cabane à oiseaux et les bacs.. La terre est très meuble, elle a été amenée de la butte derrière. Dans ces bacs on a pour l’instant des radis, de la salade, les aromatiques.
A ce jour, en ce qui concerne la butte:

Positif:

Les radis semés dans le brf directement et dont les racines sont allées en dessous, super rendement, les choux aussi sont énormes… Les oignons, les fraises, les blettes, les choux de Bruxelles, malmenés par le climat se développent bien aussi. Les courges se plaisent même si leur croissance est lente mais nous avons décidé de ne pas arroser quotidiennement, et le climat n’a pas été à leur avantage, un mois et demi sans pluie ce printemps!

Moyen:

La salade sur butte a une croissance très lente, adaptation difficile… alors que celles plantées en même temps sur bâche noire ont été récoltées beaucoup plus tôt..

Négatif:

Les carottes sur butte n’ont même pas levé, avons essayé 2 variétés différentes. Les mulots ont aimé les carottes purple, au point de construire leur nid juste en dessous..

Quant aux adventices, rien n’arrête le rumex et l‘euphorbe (qui ceci dit a la réputation d‘éloigner les taupes et nous n‘en avons pas cette année).

Nous avons récolté il y a 15 jours les premières pommes de terre au sol, pas encore les tours a pomme de terre.

A la serre, un beau pied de tanaisie a l’entrée nous a évité des invasions de nuisibles!! Coté structure, malgré un hiver un peu rude ici, elle a tenu bon!

Les seuls semis qui ne sont pas partis sont les tagetes nématocides. Nous avons souvent eu recours au purin d’ortie (les tomates ont apprécié) et avons planté de la consoude et plusieurs variétés de fleurs à divers endroits du jardin, toujours dans une recherche de biodiversité.

Nous nous apprêtons a récolter nos graines de l’an passé.

Le jardin a été agrandi en avril d’un petit bout de roncier. Tout a été coupé et laissé sur place pour séchage et enlèvement d’un maximum de racines puis tassage au pied. Nous avons creusé pour créer une petite mare entre les 2 bouts de jardin et avons apporté la terre sur le tapis de ronces sèches, et enfin paillé.

En mai, nous y avons planté salades, carottes, céleri, pommes de terre sur carton, tomates, maïs, amarante et courges. Ces dernières ont eu du mal a partir mais tout pousse!

Dans la serre les tomates poussent vigoureusement

Bilan:

A ce jour, on est contents car le jardin prend forme et nous offre une petite récolte pour cette année.

Tous les plants, bâche, terre et brf sont issus de trocs avec des voisins jardiniers et a permis la naissance d’une idée, « jardiner ensemble » et que chacun fasse pousser ce qui se plait bien sur son terrain et puisse échanger avec son voisin ce qui s’y plait moins… cela a aussi donné lieu a des chantiers brf chez chacun avec les essences de son propre terrain pour ne pas avoir a déplacer la matière trop loin de son endroit d’origine.

Même réflexion pour l’humus que nous avons pu nous permettre de ramener car une voisine ayant une parcelle boisée non entretenue nous a permis d’y établir un projet de verger et l’implantation de serres plus résistantes et de buttes plus hautes et structurées; pour l’instant, les chèvres débroussaillent…

Pour conclure, nous dirions qu’il est possible de faire un potager varié et vivant avec très peu de place, de moyens financiers, de temps, si l’on pratique le jardinage sol vivant, si l’on s ‘adapte aux besoins des plantes et si l’on oriente nos efforts la première année non vers la rentabilité mais vers la mise en place d’un espace où la biodiversité est primordiale.

L’échange et le partage avec nos voisins est la plus belle récolte que nous puissions espérer..!

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Une séance de jardinage sous le soleil de mars

Que le jardinage sol vivant soit quelque chose de simple et pas fatigant, vous le savez déjà, j’illustre ici simplement ce propos en montrant ce qui peut se faire en une heure ou deux de jardinage tranquillou en profitant des premiers jours ensoleillés du mois de mars.

  • Le sarclage des cultures d’hiver : ce premier sarclage est très important, même si les herbes ne sont pas encore très développées en ce début mars, les perturber maintenant permet à la culture (ici des fèves) de prendre un avantage décisif pour la suite de la saison. Dans les semaines qui viennent, les fèves qui ont déjà bien démarré leur croissance vont se développer et il sera plus difficile d’intervenir, alors autant le faire tout de suite !

  • Je vous ai déjà parlé de la préparation du sol avec des cartons, voici l’illustration en image. Ici, ce sont en fait des allées dont l’herbe grignotait les planches de cultures, alors nous avons matérialisé l’allée avec des planches de coffrages et le reste est préparé avec du carton. Notez que d’habitude, j’invite à épandre du BRF avant de poser les cartons, mais ici, le sol en a déjà reçu en 2009, donc pas la peine d’en remettre. Ensuite, il suffit de pailler copieusement avec du foin.

  • Et le foin, me direz vous, comment en trouver à cette saison, comme le soulignait Olivier Barbié dans un commentaire de l’article sur les BREF ? Et bien voici un élément de réponse, ici, je ratisse avec un croc une partie du jardin laissée en friche et qui nous sert de réserve de biodiversité et de biomasse. En l’occurrence, je prélève juste les herbes sèches de l’année écoulée. Cette pratique consistant à réaliser des fréquences de coupe différentes suivant les zones du jardin est une forme de gestion différenciée, je n’en ai pas encore parlé sur ce blog, mais j’y consacrerai certainement un article dans le courant du printemps.

  • La mise en place d’une planche de pois chiches, sur une idée de ma belle compagne, nous avons choisi de consacrer une planche préparée depuis l’automne avec des BREF et du foin à cette culture. Ci-dessous, pendant que je sarcle un rang de fèves, au fond mon père enlève les BREF en question. Ensuite, un petit coup de sarcloir pour enlever les quelques herbes qui commençaient à passer  au travers et puis semis des pois chiches incorporé au croc à fumier (ouh là là, c’est un travail du sol super intensif que nous avons fait là !). Le développement de la culture au mois de mai nous dira si nous la gardons en culture pure ou si nous l’associons à des cultures d’été.

  • En novembre dernier nous avions mis en place une planche de fénugrec (celle au premier plan sur la photo où mon père enlève les BREF). La levée avait été très bonne (voir photo ci-dessous prise le 20 décembre), mais ensuite la culture n’a pas passé l’hiver et seuls quelques semis commençaient à se développer au milieu de toutes sortes d’adventices (graminées, potentilles, gaillets…) alors nous avons sarclé tout ça et recommencé le semis, on verra bien… C’est a mère qui souhaitait faire cette culture pour faire du « purin » de fenugrec qui serait un traitement contre le mildiou de la vigne. Si début mai, la culture est suffisamment développée pour être fauchée, une fois cette opération réalisée, nous envisageons de laisser ce qui reste en place pour faire un couvert associé aux cultures d’été.

  • En enfin, pour finir, la mise en place de placettes expérimentales de lentilles qui serviront de couvert associé aux cultures d’été. Ici, c’est une toute petite placette où le couvert végétal s’est très peu développée que j’ai sarclé et semée de lentilles vertes. L’expérience a été répliquée à un autre endroit du jardin, là encore, nous verrons bien !

Voilà pour ce beau dimanche de jardinage ! La semaine prochaine, je continue à vous parler de notre jardin, avec cette fois-ci un topo sur les diverses expériences de couvert végétaux et cultures d’hiver mises en place début novembre.

Et en attendant, je vous lance une petite annonce : je recherche 2 ou 3 jardiniers ou maraîchers « sols vivants » qui seraient partant pour me faire un article de ce type tout les 2 ou 3 mois environ, ceci afin de vous proposer des suivis de jardins dans des contextes variés, eh oui, tout le monde n’est pas sur un coteaux argilo-calcaire du Gers. Alors si vous vous sentez la fibre jardinier-reporter, envoyez moi un message à gilles(AT)jardinonssolvivant.fr (remplacer le (AT) par @), décrivant votre situation géographique, votre sol, votre climat et expliquant ce que vous faites niveau jardinage, éventuellement en y joignant quelques photos. tout cela afin que je puisse sélectionner les contributeurs! Alors à vous !

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Un jardin sol vivant au cœur de la Gascogne

Histoire que vous me connaissiez un peu mieux, voici un petit historique du jardin de mes parents que nous cultivons depuis 2007 sur un coteau argileux du Gers. Et quand je dis argileux, c’est très très argileux,

septembre 2007 : Récolte symbolique de tomate sur l'embryon du potager actue

bien lourd, quoi ! Pendant des années ma mère s’est cassé le dos à bêcher cette terre pour préparer de quoi faire deux rangées de fèves, elle avait fini par laisser tomber. Puis j’ai découvert les BRF en 2004 et l’idée à fait son chemin et en janvier 2007 elle a épandu du BRF sur une petite parcelle de pelouse préalablement sarclée à la houe, c’est là que commence notre histoire :

En 2007, c’était vraiment pas ça, les tomates sont restées rachitiques et ont peu donné, le sol est resté compact, les carottes n’ont jamais levé et les radis sont restés minuscules, bref pas de quoi pavoiser… Quoique, certaines tomates apéritives étaient vraiment délicieuses, peu abondantes, certes, mais vraiment délicieuses ! Allez c’est déjà ça ! Bon, je vous l’accorde, il y a eu un soucis dès le départ, j’étais en voyage lorsque ma mère est allé chercher le BRF, du coup elle en a beaucoup trop mis (10cm !), sur un sol lourd comme le notre cela ne pardonne pas, surtout avec un printemps pluvieux comme celui de 2007. Et pourtant, malgré cette erreur, nous n’avons presque pas eu de mildiou même dans l’arrière saison alors que tous les voisins en étaient envahis… Tiens donc, il s’est quand même passé des choses intéressantes…


2008 : pendant l’hiver, sous les conseils d’Éléa, co-auteure du « Livre BRF », nous avons agrandit le potager en couvrant l’herbe de cartons et de foin. Et comme je n’avais pas assez de place pour mettre les tomates sur le potager de 2007, j’en ai planté quatre directement à travers ces cartons. Et là surprise, sans aucune fertilisation complémentaires, ces tomates buissonnantes se sont développées très rapidement et ont donné des récoltes tout à fait correctes. Alors on retient la leçon et on refait la même chose pour agrandir le potager en 2009.

mai 2008 : Les plants de tomates viennent d'être mis en place à travers cartons (non visibles) et paillage de foin. Cette parcelle révèlera d'agréables surprises...

2009 : Trois nouvelles planches de culture sont inaugurées avec BRF (1 à 2 cm directement sur l’herbe) des cartons et du foin (produit dans les zones « en friche » du jardin). Là encore, des résultats intéressants, mais l’hiver humide avait décomposé les cartons et il a fallu tout enlever et sarcler la potentille avant de mettre les tomates, les courgettes et les courges. Là encore, on retient la leçon, il n’est pas forcément pertinent de mettre les cartons trop tôt, février est largement suffisant !


Été 2009 : Le jardin commence à ressembler à un vrai potager, et cela, quasiment sans travail du sol !

Été 2009 : La planche de tomates et courgettes, à gauche, a été implanté sur un sol préparé dès le mois de janvier avec un paillage de BRF, cartons et foin posé directement sur l'herbe

2010 : Cette fois, ça y est, le potager est vraiment productif et nous permet même de faire des conserves de fèves d’abord, puis de tomates, nous sommes sur la bonne voie et les pratiques se sont diversifiées : mise en place couvert de type « biomax » en novembre sur une des planches : l’essai est plus que concluant, en 2011, c’est toutes les planches sans culture d’hiver qui auront droit à ce traitement. Une autre expérience est tout à fait remarquable : ma mère avait entassé en février des branches de laurière sur la pelouse pour que je les broie, je ne l’ai jamais fait… Du coup en avril elle a tout récupéré pour en faire des fagots d’allumage et des bûchettes et là surprise : le sol là dessous était souple et sombre. Pas d’hésitation, on y fait un nouveau potager, léger sarclage et paillage de foin ont suffit à produire les plus beaux plant de tomate et courgettes du jardin, bon là encore on retient la leçon, l’année prochaine, plus de cartons, mais des rameaux feuillés d’arbustes à feuilles persistantes : arbousiers, laurier noble, voire résineux (soyons fous, la nature nous réserve tellement de surprises !).

Avril 2010 : Implanté en novembre 2009 pour préparer les culture de l'été 2010, notre premier couvert est un franc succès tant du fait de son beaux développement que son action sur le sol !
Septembre 2010 : Voici la petite parcelle préparée involontairement avec des branches de laurière entassées entre février et avril... Joli pousse pour une terre ni travaillée ni fertilisée !

Et pour 2011, je me ferai un plaisir de partager avec vous nos expériences, et de découvrir ensemble comment améliorer encore et encore ces systèmes !

A bientôt

Gilles