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Enregistrement de la conférence du 14 mai « fertilisation et amendement organique au printemps »

Voilà, ça y est, j’ai enfin fini le montage et la mise en ligne de ma conférence de mardi intitulée « fertilisation et amendement organique au printemps », je vous invite à visionner le replay ici :

Concernant les références citées dans l’article :

– Le rapport des suédois sur l’utilisation de l’urine comme fertilisant : http://www.ecosanres.org/pdf_files/EcoRanRes_Urine_Guide_FRENCH_111026.pdf

– les articles de ce blog évoqués à propos du compost, du risque de pertes de nitrates à l’automne, ou encore celui sur la faim d’azote en début de printemps.

– et, comme plusieurs personnes me l’ont demandé, voici le mini diaporama de la conférence à télécharger, au format pdf, sans les animations ou au format diaporama PowerPoint, avec les animations.

 

 

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Jardinons

Le mythe de la butte de permaculture par Christophe Gatineau

Je reproduis avec l’aimable autorisation de Christophe Gatineau, cet article qu’il vient de publier dans son blog le jardin vivant. Si je reproduis à l’identique cet article (je crois que c’est la première fois que je fais cela) c’est pour plusieurs raisons :

– Tout d’abord il m’a consulté et posé quelques questions avant de le poster (je suis d’ailleurs cité dans l’article) ;

– Ensuite parce qu’il pose ici des questions qui ne sont pas assez débattues, à mon sens dans le jardinage bio et la permaculture où la butte commence à s’ériger en dogme.

Il y a quelques années, je vous avais posé la question jardinez vous sur butte ?, Question à laquelle vous avez été nombreux à me répondre et suite à laquelle  Jacques Subra avait écrit cet article très instructif : Un jardin, oui, mais lequel ?

Là encore, je vous invite à partager en bas de cet article, votre expérience et votre point de vue par rapport à ce qu’écrit Christophe dont je partage le point de vue sur ce sujet.

Je la laisse la parole à Christophe :

La butte de culture ou la culture sur buttes est devenue une figure de la permaculture en France, comme un signe de reconnaissance et d’appartenance à une tribu ; un symbole si fort que beaucoup d’adeptes croient que la culture sans but, c’est cultiver contre la nature !

Et on peut lire sur le web : « La culture sur buttes est un principe fondamental en permaculture. »

Ou sous la plume du journaliste de Rue89, Thibaut Schepman : « La butte, une combine épatante du jardinier bio et paresseux. »

Vue en coupe d’une butte contenant du bois. Mark, Flickr, Creative Commons.

À ce sujet, Claude Bourguignon explique dans une vidéo :

Les buttes, c’est beaucoup de travail. Alors pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple en déposant la matière organique à la surface… C’est plus reposant !

Faire des buttes, c’est bien en zone sahélienne, mais chez nous, il faut vraiment avoir envie de se casser les reins pour rien…

Quant à Moilamain, un des phares de la permaculture en France, il soutient que les buttes ont été greffées par hasard à la permaculture par Emilia Hazelip dans le courant des années 80 !

En parallèle à ses activités de maraîchage, Émilia dispensait des stages d’introduction à la permaculture pendant lesquels son jardin en butte servait de support à l’illustration des principes de la permaculture (sol non travaillé, fertilité créée par les plantes…)

Et l’amalgame permaculture = culture sur butte est sûrement né dans ce contexte.

Et quand je lui pose la question : la butte élève-t-elle la permaculture ?

Clairement : non ! Très sincèrement, la culture sur butte est un détail de peu d’importance pour ceux qui ont une bonne connaissance du concept de permaculture « inventé » par Bill Mollison.

Beaucoup réalisent des buttes façon Forrer qu’ils appellent butte de permaculture… Mais ils ne connaissent pas grand-chose aux mécanismes du sol et de la fertilité. Ils réalisent des buttes bourrées de matières organiques sur des terrains déjà fertiles… Et l’amalgame perdure, renforcé par une vidéo présentant la méthode de Philip Forrer qui enterre du bois pourri dans ses buttes.

Claude Bourguignon renchérit aux 2èmes assises de la biodiversité en 2012.

La grande bêtise de l’agriculture, c’est de labourer et mettre la matière organique sous les racines. Donc le temps que les racines arrivent, c’est minéralisé.

Première leçon : ne jamais enfouir de la matière organique dans un sol, la nature nous le dit.

Et que fait-on dans une butte de permaculture ?
On enfouit la matière organique.

Lydia Bourguignon dans profil de la vie du sol, une vidéo Brin de paille Alsace 2014 :

La technique du labour consiste à mettre la matière organique dans le sous-sol et on ne peut pas avoir de décomposition de la matière végétale en profondeur parce qu’il faut de l’oxygène.

Traditionnellement, les buttes de culture étaient nourries par l’apport régulier de matière organique fraîche déposée à leur surface. À l’inverse, elle est enfouie profondément en permaculture comme dans un labour.
De plus, ces buttes modernes sont édifiées sur des bois de récupération type palettes, bois vert, bois pourri ou troncs d’arbres alors que traditionnellement, le bois était proscrit parce qu’une butte auto-fertile imite l’écosystème forestier.
Observons le fonctionnement d’une forêt.

La matière organique tombe sur le sol puis est transformée en humus par les organismes de surface avant d’être entraînée dans les profondeurs du sol par les eaux pluviales, où les éléments nutritifs seront aspirés au passage par les racines des arbres pour se nourrir. (À noter qu’ils se nourrissent de leurs propres déchets transformés !)

Mais quand les éléments nutritifs sont déjà dans les profondeurs du sol, ils sont entraînés par les eaux encore plus profondément dans le sol, hors d’atteinte des racines des plantes !

 

La butte de culture, cette technique agricole ancestrale et universelle pour cultiver les zones humides est un pur produit du bon sens paysan, détournée aujourd’hui par l’ignorance et ses croyances.

Ainsi, quand j’ai vu de mes yeux une enseignante internationale en permaculture me montrer sur photos qu’elle avait fait couper des arbres avant de faire recouvrir leurs troncs de terre avec un bulldozer au Moyen-Orient, pour faire en toute bonne foi, des buttes fertiles… c’est con, y’a pas d’autres mots, c’est une connerie sans nom.

Pour commencer, la butte est toujours une réponse esthétique ou mécanique au milieu. Et pour continuer, la construction de la butte dégrade toujours le sol en mélangeant tous les horizons. Après, il faut le temps d’aggrader ce qui est dégradé par l’apport de matière organique à sa surface.

Quant aux bois enterrés, Gilles Domenech, microbiologiste et spécialiste du Sol-vivant, prévient :

Si le bois se trouve dans une zone mal oxygénée de la butte, il va participer à précipiter la chute du taux d’oxygène du fait de l’activité des micro-organismes décomposeurs, il y a localement un risque accru d’acidification et d’hydromorphie, ce qui n’est favorable ni à l’activité biologique ni à la fertilité…

Et d’ajouter :

Il serait intéressant de mesurer quelques années après le potentiel redox et le pH de ces buttes. Car si le bois est enfoui à 40 cm et plus, je crains qu’on arrive très vite à l’anoxie car la structure du sol n’est jamais grumeleuse sur une telle épaisseur… »

Claude Bourguignon :

L’humus est fabriqué en surface grâce au travail des champignons et de la faune épigée, et les argiles sont fabriquées en profondeur par l’attaque des racines des arbres au contact du monde minéral.

Parce que le sol, cette partie de la Terre où prospèrent les racines du monde végétal et que j’appelle la racino-sphère, n’était pas au départ de la Terre contrairement à une idée reçue ! Ce sol nourricier est né conjointement avec le développement du monde vivant.
Pour conclure, existe-t-il un seul avantage à enfouir la matière organique dans une butte comme dans un labour ?
Non : lire maj du 30 sept (en bas de page).

——

ÉPILOGUE
Les modes passent et les dégâts restent.

La butte est à la mode comme le labour profond pour des sols propres. Souvenons-nous que si aujourd’hui on laboure jusqu’à 40 cm de profondeur, pendant des millénaires et jusqu’au siècle dernier, on ne retournait pas la terre et le labourage se limitait à sa couche très superficielle.

Le BRF est également à la mode mais « si on continue, nous allons avoir plus de problèmes que de bénéfices. Ce n’est pas un paillage et, utilisé régulièrement, il intoxique les sols parce qu’il faut plusieurs années pour qu’ils le digèrent » dixit Lydia Bourguignon.

Aujourd’hui, nous connaissons les limites du BRF dont le but premier n’est pas de nourrir le sol mais de stimuler son activité biologique et sa flore mycologique ; le BRF étant du bois vert déchiqueté et mélangé à la couche très superficielle du sol pour offrir le gîte et le couvert aux champignons. Mais enterré et faute d’une teneur en oxygène suffisante, le BRF va intoxiquer le sol parce que les champignons ont besoin d’air pour respirer. Et dans les buttes de permaculture, le bois est enterré.

 


Mise à jour du 30 septembre 2015

Au sujet de l’analogie faite entre le labour et les buttes de permaculture.

Faut-il l’enfouir ou pas ?
C’est la seule question qui vaille
pour profiter au maximum de tous les bénéfices de la matière organique.

1 – Pendant des millénaires, le labour n’a pas retourné la terre = matière organique sur le sol. Et pour nourrir les buttes de culture = matière organique déposée à sa surface.

2 – Aujourd’hui, le labour retourne la terre = matière organique enfouie profondément dans le sol. Et les buttes de permaculture = matière organique enfouie profondément.

3 – Pour des sols vivants et une agriculture soutenable et écologique, la Recherche scientifique a prouvé que la matière organique devait rester sur le sol ou dans sa couche superficielle. C‘est dans cette perspective que j’ai utilisé l’image du labour.

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Un peu de théorie

Nourrir le sol pour nourrir la plante, est-ce vraiment juste ?

Je lis régulièrement, dans des articles consacrés au jardinage biologique, l’affirmation suivante qui semble érigée en vérité incontournable : « il faut nourrir le sol pour qu’il nourrisse à son tour la plante ».

Bon je comprends bien que ce que sous entends cette affirmation, c’est que contrairement à ce qui se passe dans un jardin « conventionnel » où les plantes sont directement nourries avec des nutriments apportés sous forme d’engrais solubles, ici on apporte des amendements organiques (compost, fumier, BRF…) qui, en effet, nourrissent le sol et permettent ainsi aux plantes de mieux pousser.

Mais est-ce pour autant le sol qui nourrit la plante ?

Oui, cela est vrai à quelques % (2 à 3% en général), soit la proportion de constituants de la matière sèche (MS) des végétaux qui ont été prélevés dans le sol et qui correspond aux très nombreux nutriments fournis par l’altération des minéraux, parmi ceux-ci on trouve en tête (les chiffres sont issus de « Le sol vivant » de Gobat et al. 2010) :

  •  le phosphore – 0,1 à 0,5% de la MS
  • le soufre – 0,05 à 0,5% de la MS
  • le potassium – 0,5 à 5% de la MS, restitué au sol après floraison
  • le calcium – 0,05 à 0,5% de la MS
  • le magnésium – 0,01 à 0,1% de la MS
  • le fer – 0,005 à 0,1% de la MS
  • le manganèse – 0,002 à 0,02% de la MS

Le reste, soit 97% à 98% de la MS provient directement ou indirectement de l’atmosphère, il s’agit du carbone (issu du Gaz carbonique), de l’oxygène et de l’hydrogène (issus de la vapeur d’eau) et de l’azote (issu du diazote et fixé par des bactéries dans les écosystèmes). Ce dernier, bien que d’origine atmosphérique n’est accessible à la plante que sous des formes minérales dans le sol (nitrates et ammonium, voir mon article sur l’azote dans tous ses états). Du coup, on pourrait le rajouter parmi les éléments que le sol amène à la plante, vu que les tissus végétaux en contiennent environ 5%, on peut dire que l’affirmation de départ est finalement vraie entre 7 et 9%, ce qui reste faible.

Que devient ensuite toute cette biomasse végétale créée à partir de l’air ?

Elle revient au sol, tout simplement. Donc modifie ses propriétés du fait de la décomposition de cette matière organique par les organismes du sol. Ce retour de matière organique se fait par les trois flux énergétiques que j’ai décrits dans l’article consacré à ce thème.

Du coup qui nourrit qui ? le sol amène à la plante 7 à 9% de sa biomasse et la plante restitue au sol 100% de cette biomasse dont plus de 90% provient directement de l’atmosphère. Donc finalement c’est bien la plante qui nourrit et même fabrique le sol ! c’est pourquoi la restitution des résidus de cultures, des herbes sarclées et des couverts végétaux est un outil agronomique d’importance majeure et à mon sens incontournable.

D’ailleurs que se passe-t-il dans la nature : au départ d’une surface minérale, on voit apparaître une végétation au départ très rase et fournissant peu de biomasse (parfois même uniquement des lichens, voire des cyanobactéries) cette biomasse en se décomposant crée peu à peu un terre végétale, prémices d’un sol qui se développe au fil des années, des décennies, des siècles en laissant venir des plantes de plus en plus développées : herbacées annuelles puis vivaces, puis ligneux jusqu’aux grand arbres si le climat le permet. L’article « construction d’un sol sur une dune littorale du Morbilhan » donne un exemple de ce type de dynamique.

Donc finalement, ce sont bien les plantes qui fabriquent le sol, donc d’accord pour nourrir le sol pour qu’il puisse à son tour nourrir les plantes, mais alors cultivons des plantes pour le nourrir 😉 !

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Un peu de théorie

La faim d’azote du début de printemps

Je vous propose un nouvel article sur l’azote, j’ai déjà traité ce thème à l’automne, en vous expliquant les risques de fuites de nitrates à cette époque et les amendements à apporter alors.

Je vous propose aujourd’hui de regarder plus en détail ce qui se passe en ce moment dans nos sols.

A vrai dire, c’est exactement le contraire de ce qui se produit à l’automne : les sols restent froids au sortir de l’hiver et ce d’autant plus qu’ils sont humides, du coup, malgré l’humidité du sol, on a peu de minéralisation de la matière organiques et donc peu de libération de nitrates, ce qui fait que cet élément est peu disponible pour les plantes. Si vous avez en ce début de printemps dans votre potager des légumineuses comme des fèves, des pois… ou des plantes peu gourmandes, comme des laitues, des oignons… ce phénomène n’est pas trop gênant. Par contre pour des cultures plus gourmandes, cela peut poser quelques soucis.

Comment piloter l’azote au début du printemps ?

Cela peut se faire de plusieurs manières :

La première est d’apporter de l’azote minéral directement, par exemple en fertilisant vos plantes avec de l’urine diluée, c’est gratuit et ça marche aussi bien que l’azote chimique du commerce !

La seconde est de travailler le sol, c’est un peu contraire à l’éthique que je propose ici, mais pourquoi pas ? En effet, le travail du sol, en amenant de l’oxygène dans le sol, va favoriser l’oxydation des matières organiques et donc la libération de nitrates. C’est ce qui se passe lorsque vous montez des buttes en cette saison et explique pourquoi cette technique permet d’avoir des résultats spectaculaire dès la première année. Mais attention, vous fertilisez en détruisant par sur-oxydation le capital organique de votre sol, il faudra donc pensez à le reconstituer par des apports carbonés en conséquence ! Et si vous décidez de passer le motoculteur pour aérer votre sol, soyez très vigilants aux conditions d’intervention ! Si vous le passez sur un sol bien ressuyé, ça ira, par contre si le sol est humide, gare aux semelles de travail et aux dégâts sur les lombrics ! Suivant les années les conditions sont très variables, ici, en Ardèche, elles ont été bonnes pendant tout le mois de mars et le début avril en 2012, cette année, ce n’est même pas la peine d’y penser…

Il vous reste aussi la possibilité de faire avec les cycles naturels tels qu’ils sont, c’est-à-dire éviter les implantations de début de printemps, qui sont les plus délicates à réaliser et favoriser le plus possible des végétaux implantées à l’automne (cultures ou couverts végétaux) : il frappant de remarquer que ces dernières, non seulement ne souffrent pas de faim d’azote, mais en plus poussent de manière spectaculaire dès les températures augmentent et les jours deviennent plus longs que les nuits. Ces plantes ont passé tout l’hiver à développer tranquillement leur enracinement, à présent, elles sont prêtes pour ériger leurs parties aériennes. De plus, elles consomment une partie de l’eau du sol, ce qui facilite son réchauffement tout en le protégeant du rayonnement solaire et des précipitations.

Que dire du cas où vous avez suivi mes conseils de fin janvier dispensés dans l’article  « commencez un potager sur une parcelles enherbée grâce à un simple mulch » ? Il est clair que là, votre sol reste humide, qu’il est isolé du réchauffement dû au soleil, donc que la libération de nitrates est quasiment nulle. C’est une réalité, c’est pour cela que je propose en général d’attendre fin avril-début mai, voire plus tard, pour mettre en culture : le sol finit quand même par se réchauffer et permet la mise en place des cultures d’été. Si vous souhaitiez toutefois absolument tester des cultures dès à présent, vous pouvez toujours écarter le paillage jusqu’à voir le sol et y déposer les semences mélangées avec un terreau ou un compost de couleur sombre. La couleur sombre permet de mieux absorber le rayonnement solaire et donc de stimuler localement le réchauffement du sol, la libération de l’azote nécessaire aux plantes suivra très rapidement.

Donc pour résumer : soit vous attendez un peu plus que les voisins, soit vous semez dans du terreau ou du compost, soit vous semez à l’automne

Et vous, quelles sont vos expériences de début de printemps ? Travaillez-vous le sol ? Mettez-vous les cultures en place plutôt à l’automne ? Au printemps ?

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Un peu de théorie

Quels amendements organiques apporter à l’automne?

Ces dernières semaines, j’ai à plusieurs reprises été amené à parler du thème des apport de MO à l’automne et de ce qui peut se faire et ce qui ne devrait pas être fait. Ce thème semblant être une préocupation pour nombre d’entre vous j’y décidé d’y consacré ce nouvel article :

Minéralisation d’automne et fuite de nitrates

Avant d’entrer dans les détails, revoyons quelques éléments de théories développés plus en détail un article que j’ai publié il y a un an: minéralisation d’automne et fuite de nitrates.

En résumé, il en ressort qu’à l’automne les sols sont (généralement) chauds et humides, ce qui favorise l’activité microbienne et donc la minéralisation des matières organiques. Une des conséquence de cela est que l’azote contenu dans ces matières organiques se retrouve massivement libéré sous forme de nitrates qui risquent d’être lixiviés (donc perdus pour le sol et les cultures à venir) vers les nappes phréatiques, risquant en plus de polluer ces dernières (même si on est à 100% bio !).

Le travail du sol éventuel vient fortement aggraver le phénomène, l’automne n’est donc pas la bonne saison pour monter vos buttes permanentes si vous souhaitez cultiver ainsi !

En revanches deux solutions permettent de limiter, voire annuler ce phénomène : l’apport de MO très carbonée (BRF, paille, feuilles mortes…) ou la mise en place d’un couvert végétal capable de capter ces nitrates.

La première solution n’est rien d’autre que celle mise en oeuvre chaque année par nos forêts tempérées, la seconde est celle qui permet aux prairies et autres systèmes herbacés de conserver cet élément si précieux qu’est l’azote.

Revenons donc à nos amendement organiques : certains sont donc très intéressant à apporter maintenant car ils sont très riche en carbone et relativement peu en azote. D’autres en revanche, relativement riches en azote seront à proscrire maintenant et au contraire bienvenus au printemps! Les scientifiques parlent de rapport carbone/azote ou encore C/N. On pourrais discuter de la pertinence de cet indice, mais dans le cas qui nous intéresse ici, il donne des tendances relativement justes.

On considère généralement qu’un amendement organique au C/N situé aux alentours de 25-30 sera neutre du point de vue de la libération d’azote minéral (nitrates, ammonium…) dans le sol car les micro-organismes consomment 25 à 30 fois plus de carbone que d’azote.

En conséquence, en dessous de ce rapport C/N on favorise la libération d’azote et au dessus, au contraire on immobilise l’azote minéral du sol. C’est à cause de cela qu’un apport de BRF au printemps provoque une faim d’azote parfois très problématique !

Quant aux matières organiques du sol, elles ont un C/N de 10 à 12, et sont donc très vulnérable à la minéralisation d’automne : les cultures et couverts végétaux implantés en fin d’été et en automne n’ont donc pas besoin de fertilisation supplémentaire, l’azote fourni par la minéralisation de l’humus leur suffit !

Du coup, vous l’aurez compris, à l’automne, si vous n’avez plus de cultures en place, il faudra éviter les amendements organique au C/N inférieur à 25 et de préférence en choisir un parmi ceux dont le C/N est très largement supérieur.

Voici le C/N de quelques matières organique organiques que vous êtes susceptibles d’utiliser pour vous guider dans vos choix:

Engrais organiques : <5

Gazon et autre matières végétales vertes : 7 à 10

Déchets de cuisine : 10 à 25

Fumier de volailles : 10 à 15

Fumier peu pailleux : 15 à 20

Fumier pailleux : 20 à 30

Compost mûr de fumier : 10 à 15 uivant le type de fumier

Compost jeune de fumier : 15 à 25 suivant le type de fumier

Compost « maison » : 25 à 30

Foin : 25 à 35

Feuilles d’arbres : 40 à 80

pailles de céréales : 50 (avoine) à 150 (blé)

BRF : 50 à 150 suivant les essences et le diamètre des branches broyées

Sciures : > 150 et pouvant atteindre 1000 pour certains résineux.

Lorsque viendra la printemps, ce sera tout le contraire : les matériaux à C/N élevé seront à éviter à cause de la faim d’azote qu’ils risque de provoquer, ou alors être utilisés uniquement en surface (paillage) alors que les matériaux à C/N bas seront à favoriser afin de libérer des nitrates qui aideront vos cultures printanières à démarrer.

Et pour ceux qui sont en milieu tropical (si, si, vous êtes nombreux à me lire depuis les tropiques), oubliez cet article car le problème ne se pose par pour vous : vos sols sont toujours chauds et les périodes humides correspondent à celles où le sol est cultivé, donc les nitrates libérés seront utilisés pour la croissance des cultures !

Quels amendements organiques apporter à l’automne,

Ces dernières semaines, j’ai à plusieurs reprises été amené à parler du thème des apport de MO à l’automne et de ce qui peut se faire et ce qui ne devrait pas être fait.

Avant d’entrer dans les détails, revoyons quelques éléments de théories développés plus en détail un article que j’ai publié il y a un an: minéralisation d’automne et fuite de nitrates

En résumé, il en ressort qu’à l’automne les sols sont (généralement) chauds et humides, ce qui favorise l’activité microbienne et donc la minéralisation des matières organiques. Une des conséquence de cela est que l’azote contenu dans ces matières organiques se retrouve massivment libéré sous forme de nitrates qui risquent d’être lixiviés (donc perdus pour le sol et les cultures à venir) vers les nappes phréatiques, risquant en plus de polluer ces dernières (même si on est à 100% bio !). Le travail du sol éventuel vient fortement aggraver le phénomène, l’automne n’est donc pas la bonne saison pour monter vos buttes permanentes si vous souhaitez cultiver ainsi ! En revanches deux solutions permettent de limiter, voire annuler ce phénomène : l’apport de MO très carbonée (BRF, paille, feuilles mortes…) ou la mise en place d’un couvert végétal capable de capter ces nitrates.

La première solution n’est rien d’autre que celle mise en oeuvre chaque année par nos forêts tempérées, la seconde est celle qui permet aux prairies et autres systèmes herbacés de conserver cet élément si précieux qu’est l’azote.

Revenons donc à nos amendement organiques : certains sont donc très intéressant à apporter maintenant car ils sont très riche en carbone et relativement peu en azote. D’autres en revanche, relativement riches en azote seront à proscrire maintenant et au contraire bienvenus au printemps! Les scientifiques parlent de rapport carbone/azote ou encore C/N. On pourrais discuter de la pertinence de cet indice, mais dans le cas qui nous intéresse ici, il donne des tendances relativement justes.

On considère généralement qu’un amendement organique au C/N situé aux alentours de 25-30 sera neutre du point de vue de la libération d’azote minéral (nitrates, ammonium…) dans le sol car les micro-organismes consomment 25 à 30 fois plus d’azote que de carbone.

En conséquence, en dessous de ce rapport C/N on favorise la libération d’azote et au dessus, au contraire on immobilise l’azote minéral du sol. C’est à cause de cela qu’un apport de BRF au printemps provoque une faim d’azote parfois très problématique !

Quant aux matières organiques du sol, elles ont un C/N de 10 à 12, et sont donc très vulnérable à la minéralisation d’automne : les cultures et couverts végétaux implantés en fin d’été et en automne n’ont donc pas besoin de fertilisation supplémentaire, l’azote fourni par la minéralisation de l’humus leur suffit !

Du coup, vous l’aurez compris, à l’automne, si vous n’avez plus de cultures en place, il faudra éviter les amendements organique au C/N inférieur à 25 et de préférence en choisir un parmi ceux dont le C/N est très largement supérieur.

Voici le C/N de quelques matières organique organiques que vous ees susceptibles d’utiliser pour vous guider dans vos choix:

Engrais organiques : <5

Gazon et autre matières végétales vertes : 7 à 10

Déchets de cuisine : 10 à 25

Fumier de volailles : 10 à 15

Fumier peu pailleux : 15 à 20

Fumier pailleux : 20 à 30

Compost mûr de fumier : 10 à 15 uivant le type de fumier

Compost jeune de fumier : 15 à 25 suivant le type de fumier

Compost « maison » : 25 à 30

Foin : 25 à 35

Feuilles d’arbres : 40 à 80

pailles de céréales : 50 (avoine) à 150 (blé)

BRF : 50 à 150 suivant les essences et le diamètre des branches broyées

Sciures : > 150 et pouvant atteindre 1000 pour certains résineux.

Lorsque viendra la printemps, ce sera tout le contraire : les matériaux à C/N élevé seront à éviter à cause de la faim d’azote qu’ils risque de provoquer, ou alors être utilisés uniquement en surface (paillage) alors que les matériaux à C/N bas seront à favoriser afin de libérer des nitrates qui aideront vos cultures printanières à démarrer.

Et pour ceux qui sont en milieu tropical (si, si, vous êtes nombreux à me lire depuis les tropiques), oubliez cet article car le problème ne se pose par pour vous : vos sols sont toujours chauds et les périodes humides correspondent à celles où le sol est cultivé, donc les nitrates libérés seront utilisés pour la croissance des cultures !


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Découvrons les « buttes lasagnes »

Une pratique de plus en plus prisée des jardiniers et en particulier de ceux qui comme vous sont sensibilisés à l’importance de la vie dans le sol est la butte Lasagne. Concrètement, il s’agit d’une butte composée non pas de terre, mais d’une succession de couches de matériaux divers et variés et pour la plupart organiques. L’intérêt d’une telle pratique consiste en la valorisation de toutes sortes de matières organiques qui sont souvent considérées comme des déchets et aussi de pouvoir mettre en culture des terre très peu fertile, voire complètement artificialisées (tassées, goudronnées, bétonnées…), ce qui est particulièrement intéressant dans un contexte urbain notamment, mais qui peut aussi tenter les jardinier ruraux !

La suite de cette article est écrite à partir de textes originaux de Jacques, que vous connaissez tous, et de Caroline, lectrice, collègue et amie qui fait son jardin sur les coteaux du Gers.

Cette technique, mise au point par Patricia Lanza, une jardinière Américaine qui, ne sachant comment se débarrasser des déchets de son restaurant et du jardin, eut l’idée de les empiler par couches successives en alternant matières brunes (carbone) et matières vertes (azote), sur une épaisseur d’environ trente centimètres, le tout abondamment arrosé pour créer une fermentation, et planter des légumes sur ce substrat.

Les principes de « construction » sont les suivants :

–  favoriser des sources de carbone variées pour apporter des sucres (tontes, épluchures…), de la cellulose (paille, carton, foin…) pour les lombrics, de la lignine (paille, BRF, sciure…)

– alterner le carbone et l’azote, ce dernier étant apporté par les tontes de gazon, les déchets de cuisine, les composts, le vermicompost…

– apporter des « inocula de faune et flore » divers et variés dans toutes la construction: compost (riche en micro-organismes), vermicompost (riche en micro-organismes eisenia à tous stades de développement), bois pourri (riche en champignons), purins de consoude ou autre (riche en micro-organismes) …

– on peut rajouter une poignée de basalte ou de cendres de cheminée pour booster la présence de sels minéraux

– penser à favoriser une structure aérée en plaçant des branches ça et là au fur et à mesure de la construction

– privilégier les matériaux locaux, qu’on a sous la main (ou on invite les voisins à déposer leurs tontes ou autres déchets verts qu’ils ont la méchante habitude de brûler)

– mieux vaut beaucoup de couches fines qu’une grosse couche trop épaisse (attention à l’excès de sciure qui peut « colmater » la butte)

– arroser (la butte doit être humide mais pas dégoulinante, comme une éponge dont on ne tirerait qu’une seule goutte si on l’essorait) et couvrir d’une bonne épaisseur de mulch (carton, paille, foin)

Voici par exemple ce qu’a réalisé cet été Caroline :

Dans une butte délimitée par vielles poutres de chêne, elle a disposé successivement directement sur l’herbe :

– Cartons ;

– Souche partiellement pourrie et branches de peuplier en décomposition (diam 5-10 cm) ;

–  Vieux foin (riche en carbone, cellulose) ;

–  Branches de haie fraîchement coupées, grosses adventices ligneuses (malvacées, bourraches en fin de floraison…) ;

– Déchets de cuisine (épluchures, marc de café, coquilles d’œufs… riches en azote et minéraux) ;

– Litière des lapins (50/50 carbone (paille)/azote (déjections animales))…

– Tontes fraîches (riches en azote) ;

– Copeaux/sciure de bois non traité en fines couches (très riche en carbone) ;

– Inoculum frais de compost ;

– Inoculum frais de vermicompost avec les eisenia encore présents ;

– Une avant-dernière couche plutôt humide (type déchets de cuisine ou adventices fraîchement arrachées) tout en haut, pour protéger les eisenias de la chaleur d’été ;

– Une bonne couche de mulch pour garder l’humidité de la lasagne (important pour le bon développement de la faune/flore du sol vivant): paille ou foin.

La lasagne a été bien arrosée entre chaque niveau de « construction » (eau de pluie, puits ou mare, de préférence). On peut aussi s’amuser à l’arroser avec un purin de consoude ou un autre type d’inoculum, ou même inviter les enfants et les visiteurs de passage à uriner dessus (excellente source d’azote) au grand bonheur de tous … on peut marcher dessus un peu pour tasser avec modération si l’on a mis beaucoup de branches.

Voici son récit de la mise en culture :

« Fin août, j’ai repiqué des plants de choux sur la butte expérimentale (qui ne fait plus que 20 cm de haut au lien de 40). La lasagne, après 2 mois sans arrosage malgré les fortes chaleurs gersoise de juillet et août et son exposition plein sud sans ombre, est « fraîche et humide ». Elle a l’aspect d’un terreau noir, à la consistance de semoule. Elle sent « bon » le sous-bois forestier (les champignons !).

Elle « grouille » tellement de vie (eisenia, cloportes) que je m’inquiète pendant 24 heures: toute cette faune va-t-elle se ruer sur les plants de choux et ne faire qu’une bouchée des racines, voire des parties aériennes ???


Fin septembre: les choux sont magnifiques, excellent développement foliaire, peu d’attaques de ravageurs malgré la conduite en bio sur une zone où la pression des altises est notoirement forte. Je ne les ai arrosés que 2 fois en 1 mois (une fois au repiquage puis une autre fois 2 semaines après): 1 L pour chaque plant à chaque fois »


De telles observation sont monnaie courante semble-t-il, Jacques a fait des observations semblables, du moins pour la première année, car la deuxième semble ne pas être aussi formidable. Voici le récit de son expérience et les réflexions qu’il en tire :

«  Avril 2011 : avec l’aide de l’employé municipal et des institutrices nous avons installé un mini jardin pédagogique à l’école maternelle de Séron (Hautes Pyrénées).  Je venais de lire le livre de Jean-Paul Collaert « l’art du jardin en lasagne ».

J’ai donc décidé de profiter de l’occasion pour tester la lasagne.

Le résultat a été extraordinaire  (voir photos ici : http://lagranderecree.asso-web.com/) légumes et fleurs se sont développés de façon spectaculaire, et cela sans arrosage. Ce résultat m’a tout de même laissé perplexe quand à la teneur en nitrates de ces légumes.

Avril 2012 la lasagne s’était affaissée de dix centimètres, j’ai rajouté du compost maison pour compenser la perte de matière, et nous avons fait de nouvelles plantations. Et la, première surprise, les légumes ont eu beaucoup de mal à démarrer, ont végété, le sol s’est rapidement desséché et il a fallu arroser. Au cours de l’été, le jardin n’a pas été régulièrement arrosé et les légumes ont très peu donnés.

Ce que je retire de cette expérience :

La lasagne est un milieu artificiel avec de très bons résultats la première année puis un épuisement rapide des éléments nutritifs.

Elle nécessite beaucoup de travail et il vaut mieux avoir tous les matériaux sur place.

Le coté positif, est que cela permet de cultiver sur des sols pauvres, caillouteux, voire sur le béton ou le ciment. Ce peut être l’occasion de rassembler un groupe, travailler dans la convivialité et apprendre ainsi à recycler des matériaux destinés à la déchetterie. »

Quant à Caroline elle tire la conclusion suivante de son expérience :

« Même si ces lasagnes ne sont pas généralisables à l’échelle agricole, je pense qu’elles sont un bon exercice pédagogique pour identifier, localiser, et mettre en oeuvre des matériaux courants qui font réfléchir à la vie du sol, comprendre les grand principes agronomiques de l’azote/carbone, de la lignine/cellulose, de l’eau/air et de toute la belle vie qui s’installe là-dedans … et nous donne de belles récoltes en cadeau … et puis c’est ludique et même carrément libérant car c’est un vrai bazar (!), une cuisine qui n’est jamais la même en fonction des matériaux verts qu’on a sous la main (parties aériennes de vesces en juin, énormes verdures de courges en septembre). »

Voilà je vous invite à donner vos sentiments quant à ces deux témoignages et à nous partager vos expériences de buttes lasagnes et les réflexions que cette expérience vous inspire !

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Observons

Construction d’un sol sur une dune littorale du Morbilhan

Lors du dernier WE de l’ascencion, je me suis rendu en Bretagne, plus précisément sur la presqu’île de Quiberon, pour le mariage d’un ami. Ce voyage depuis ma lointaine Ardèche a été l’occasion de m’émerveiller devant la ténacité des végétaux à se développer et à créer du sol dans un milieu aussi hostile que des dunes de sable pur battues par les vents et les embruns salés et piétinées par les pas des promeneurs. Je vous ai préparé une petite sélection de photos que je trouve assez émouvante de ces végétaux qui usent de toute leur ingéniosité pour s’adapter à de telles conditions de vie. Étant peu familier des végétaux de cette région les noms sont assez approximatifs, j’invite les bretons qui me lisent à préciser ces derniers.
Si la plage est à peu près dépourvue de vie végétale, dès qu’on arrive sur la dune, même dans les zones les plus piétinées et ventées, des graminées (chiendent?) à rhizome occupent le terrain:

Sur cette photo le sable est colonisé par un réseau de graminées à rhizomes bien visible ici: les pieds de ces graminées sont alignés le long des rhizomes.
Lorsqu’on gratte légèrement le sable, on apperçoit le rhizome, tige souterraine depuis laquelle partent les pieds des graminées. Ce mode de développement a pour avantage de créer des réserves souterraines imporantes dans un support qui en est dépourvu et de tresser un réseau qui tend à stabiliser le sable.

Dans zones moins piétinées, on voit ensuite se développer une végétation tout à fait singulière : une sorte de lande à plantes vivaces et légèrement ligneuses qui ne s’élève à guère plus de 10cm au dessus du sol. Cette « lande » est peuplée de toutes sortes de plantes à la floraison de toute beauté en cette fin du mois du mai : asteracées (épervière?), plantes succulentes aux fleurs blanches et mauves semblables à un liseron, rosacées (sorte de minuscule églantier) :
….….….

A ce stade, le sable, encore très pauvre en matières organiques est parcouru par les racines sur une épaisseur encore modeste. On peut pas encore vraiment parler de sol à ce stade.

Dans des zones plus stabilisées et sans doute un peu mieux abritées des mouvements de sable dus au vent, la colonisation est plus avec une véritable prairie dominée par les graminées.

Cette prairie encore relativement éparse composée majoritairement de graminées et d’ombellifères (ici des panicauts) s’est stabilisée à la faveur un grillage qui réduit les mouvements de sable dus au vent.
derrière ce même grillage, dans une zone totalement épargnée par le piétinement, la prairie se fait nettement plus dense.
A ce stade le sable est colonisé par un chevelu racinaire dense, on peut commencer à vraiment parler de sol.

Enfin, stade ultime de la pédogénèse sur les zones les plus exposées aux vents marins, des petits bosquet arbustifs de tamaris (j’ignore s’ils sont venus tout seuls ou s’ils ont été plantés) permettent à des petits îlots de végétation de s’exprimer.

Dans des zones plus abritées, une végétation pré-forestière s’intalle, comme ce lierre à la faveur d’une dépression abritée du vent et hors des sentiers battus par les promeneurs.

Enfin, même si leur présence n’est peut être pas naturelle, des forêts de cyprès majestueux s’élèvent sur la côte est de la presqu’île en abritant un sous bois peuplé majoriatirement, du moins en cette saison, d’ombellifères.

Voilà pour ces exemples de formation de sol, aussi appelée pédogenèse, et d’écosystème dans un milieu assez difficile. J’aime particulièrement ces situation dans lesquelles les différentes étapes de la succession écologique sont bien visible pour peu qu’on prenne le temps de l’observer. Cela illustre également le travail à accomplir lorsqu’on souhaite cultiver « sol vivant » sur un une terre préalblement maltraité et pauvre en activité biologique et matière organique! A méditer, l’observation de la nature est une des meilleures écoles qui soit!

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Un peu de théorie

L’azote dans tous ses états

Dans mon article précédent, je vous ai parlé d’azote et de nitrate, mais comme il n’est pas forcément évident pour tout le monde ce que sont les différentes formes de l’azote dans le sol, les organismes vivant et l’atmosphère, je vous propose de faire connaissance un peu mieux avec cet élément si essentiel au vivant !

Tout d’abord une petite histoire sur l’origine du nom cet élément, qui signifie contraire à la vie animale (association « a » privatif et « zoos » animal). Ce qui est assez paradoxal quand on sait l’importance qu’il a dans le vivant ! Mais Lavoisier, savant français qui est à l’origine de nom ne connaissait pas les protéines, ni l’ADN et encore moins leurs rôles fondamentaux dans le fonctionnement du vivant.

Du point de la planète, l’azote est très peu présent dans les roches, mais est en revanche l’élément majoritaire de l’atmosphère, et, dans une moindre mesure, est présent dans les eaux, les sols et les organismes vivants.

Commençons donc par l’atmosphère : il y est surtout présent sous la forme diazote (N2), ainsi que sous d’autres formes extrêmement minoritaires telles que des oxydes (NO2, NO, N2O), de l’ammoniac (NH3)… Mais ces gaz, même si ils peuvent avoir une grande importance dans certains cas (notamment lorsqu’ils sont émis en excès par les activités humaines), sont quantitativement insignifiants devant le diazote qui représente à lui seul 78% de l’atmosphère terrestre. Le souci c’est que le diazote est très peu réactif, il ne se dissout pas dans l’eau, il ne s’oxyde pas spontanément, il n’est pas assimilable par les végétaux… bref, il est inerte !

Heureusement pour nous (et pour tous les autres animaux, champignons, et végétaux qui vivent à la surface de la terre), certaines bactéries ont inventé la fixation biologique du diazote. Ces bactéries sont issues des différentes lignées de ce domaine (cyanobactéries, protéobactéries, actinobactéries…), les rhizobium qui vivent en symbiose avec les légumineuses sont des exemples de ces bactéries. Elles possèdent des enzymes qui leur permettent de transformer le diazote en ammonium, une des multiples formes de l’azote dans le sol et les eaux.

Venons en donc à cet azote du sol et des eaux, on l’y trouve sous deux grands types : l’azote minéral et l’azote organique.

L’azote minéral, c’est surtout les nitrates (NO3), les nitrites (NO2) et l’ammonium (NH4+), ces composés sont tous forcément sous forme dissoutes dans l’eau (eau du sol, eau des rivières, eaux souterraines…). Si cette eau est riche en oxygène dissous, c’est plutôt la forme nitrates qui domine, sinon, c’est l’ammonium.

L’azote organique, c’est tout un monde car cet élément entre dans une kyrielle de composés différents. Il est toutefois particulièrement présent dans les acides aminés, brique de base des protéines, si importantes dans la constitution des tissus des animaux (entre autres), et aussi dans les bases nucléiques, qui sont les éléments constitutifs de l’ADN. Protéines et ADN… on  a vraiment affaire là à des composés essentiels au fonctionnement de l’ensemble des organismes vivant ! D’où l’importance de l’azote ! Il entre aussi dans la composition des composés humiques, de la chitine qui forme les parois cellulaires des champignons et la « peau » (tégument) des insectes ou encore de composés organiques simples tels que l’urée et l’acides uriques présents dans les urines des animaux. Afin de mieux comprendre les flux d’azote dans un écosystème, il est préférable de distinguer l’azote contenu dans les MO du sol et celui contenu dans le vivant (Cf. schéma ci-dessous), même si les composés présent dans ces deux compartiments sont en partie les mêmes.

Lorsque ces matières organiques sont minéralisées par des micro-organismes, elles libèrent une partie de leur azote sous forme minérale, en l’occurrence en ammonium. Cet ammonium peut ensuite, si les conditions le permettent (milieu riche en oxygène), être transformé en nitrites puis en nitrates par des bactéries spécifiques dites nitrifiantes. C’est ensuite ces nitrates, qui sont l’azote préféré de la majorité des végétaux. Les plantes intègrent alors cet azote dans leurs constituants, et plus particulièrement sous forme d’acides aminées (protéines) et bases nucléiques (ADN).

Les nitrates synthétisés par les bactéries nitrifiantes peuvent ensuite être transformés en diazote par des bactéries dites dénitrifiantes. Ce phénomène de dénitrification a lieu dans des conditions de milieu pauvre en oxygène.

Bon, fixation biologique, assimilation par les végétaux, nitrification, dénitrification… Cela fait peut être beaucoup si vous n’êtes pas familiers de ces processus, voici un petit schéma récapitulatif :

Schéma très simplifié (si, si !) du cycle de l’azote dans un écosystème. Les flèches rouges indiquent des processus d’origine microbienne (champignons et surtout bactéries), les flèches vertes les échanges entre les plantes et le sol, les flèches bleues impliquent l’ensemble des organismes du sol et les flèches grises correspondent à des processus physico-chimiques.

Pour ceux qui veulent aller plus loin dans la compréhension des flux d’azote, je ne saurai que trop vous conseiller le sol vivant de Gobat et al., même si le niveau de l’ouvrage est relativement élevé !

Note : cet article a été écrit suite à la demande d’une de mes nouvelles lectrices, alors si vous voulez que je traite un sujet en particulier, n’hésitez pas, je suis là pour cela !

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Un peu de théorie

Minéralisation d’automne et fuite de nitrates

Les pluies reviennent sur l’ensemble de la France et les sols encore chaud sont prêts à libérer dans le sol, voire dans les eaux souterraines, les nitrates qu’ils contiennent. Ce phénomène concerne tout le monde : jardinier ou agriculteur, bio ou non-bio !

De quoi s’agit-il exactement ?

Les sols encore chaud au sortir de l’été (même si l’air est déjà bien froid dans certaines régions) et s’humidifient avec les pluies d’automne, favorisant ainsi une stimulation de l’activité bactérienne du sol, ce qui a pour conséquences de détruire une partie de la matières organique du sol en ses composés minéraux simples (eau, gaz carbonique, azote minéral, phosphate…). Ce phénomène est justement appelé minéralisation et l’azote minéral est essentiellement sous forme de nitrates. La minéralisation d’automne libère en moyenne 60% des nitrates minéralisés dans l’année. En sol nu, ces nitrates sont en grande partie emportés par les eaux d’infiltration vers les nappes phréatiques et nous nous retrouvons avec un double handicap : perte d’une partie de l’azote du sol qui ne profitera pas aux cultures suivante et pollution des eaux souterraines…

Alors que faire pour éviter ce phénomène ?

Tout d’abord, comprendre ce qui le stimule : plus un sol reçoit d’oxygène, plus la minéralisation, et donc la libération de nitrates, est intense., c’est pourquoi les labours d’automne ont un impact terrible sur la fuite de nitrates vers les nappes phréatiques. C’est aussi pour cela que le travail du sol lié à la création de buttes stimule la libération de ces mêmes nitrates (ceci répond à la question contenue dans le commentaire n°24 de Claude dans l’article sur les buttes), surtout si elle est montée à l’automne. Mais même si elle est montée au printemps, remuer la terre stimule la minéralisation et la libération de nitrates, ce qui favorise alors la croissance de la culture.

Donc une fois de plus, le semis direct est une solution nécessaire. Cela dit, nécessaire, oui, mais pas suffisante, car même non travaillé, le sol minéralise, moins qu’un sol travaillé, mais il minéralise quand même ! Il nous faut donc des outils complémentaires pour limiter encore plus, voire supprimer les fuites de nitrates.

Deux possibilités pour cela :

– La première c’est d’amener du carbone au sol pour fixer cet azote qui s’apprête à fuir, cette solution consiste tout simplement à amener des matières organiques riche en carbone, comme du BRF, mais aussi des pailles, ou encore des feuilles mortes. La décomposition de ces matières organique nécessite beaucoup d’azote qui se trouve justement en grandes quantité dans le sol en ce moment ! C’est une des raison pour lesquels on conseille d’apporter les BRF à ce moment sur le potager.

– La seconde c’est de mettre en place des plantes qui prélèvent cet azote au fur et à mesure qu’il est libéré, ces plantes sont tout simplement soit des cultures d’hiver, soit des couverts végétaux, cf. mon article précédent pour plus de détail sur le sujet. Ces outils sont décidément incontournable pour une gestion biologique de votre sol !

Alors bon BRF et bon semis de cultures et couverts hivernaux !

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Un peu de théorie

Rôle agronomique n°1 : La transformation des matières organiques

Les végétaux injectent dans le sol toutes sortes de matière organiques par l’intermédiaire de nombreux processus : mort des parties aériennes (feuilles, tiges, branches…), mort des racines, exsudats racinaires… Ces matières organiques sont alors consommés par différents organismes. Voyons cela plus en détail en nous intéressant à tous ces composés du plus facile à consommer jusqu’aux plus difficiles :

– Les composés les plus facilement consommables par la vie des sols sont sans conteste les exsudats racinaires qui sont essentiellement des sucres que la plante libère dans la rhizosphère (le sol qui est au voisinage immédiat des racines vivantes). C’est ainsi que les exsudats racinaires et la mort pluriannuelle des racines les plus fines font surtout vivre des populations de bactéries, mais aussi de champignons, protozoaires, nématodes

– Les tissus tendres, comme les feuilles, les tiges tendres, ou encore les racines fines si elles sont également consommées par des bactéries, nourrissent aussi certains champignons et des petits animaux spécialisés, comme les collemboles, certains insectes, ou encore les vers de terre.

Collembole © Ph. Lebeaux http://www.lafaunedusol.com
Collembole © Ph. Lebeaux http://www.lafaunedusol.com

– Quant aux tissus ligneux, les plus durs, ils nécessitent l’intervention d’animaux aux pièces buccales suffisamment puissantes tels que certains acariens, des petits crustacés (cloportes), certains « mille pattes » (diplopodes) ou encore les larves de certains insectes, comme les termites. Tous ces animaux facilitent la colonisation des matières organiques par des champignons spécialisés (pourritures blanches, pourritures brunes et pourritures molles).

Un diplopode s'affairant sur du bois en décomposition. © Ph. Lebeaux http://www.lafaunedusol.com
Un diplopode s’affairant sur du bois en décomposition. © Ph. Lebeaux http://www.lafaunedusol.com
Les champignons de pourriture brune (ou cubique) consomment la cellulose contenue dans le bois qu'ils transforment en de petits cubes marrons et cassants

Les animaux (pédofaune et animaux de « surface ») fournissent également des apports significatifs de matière organique au sol, bien qu’en bien moins grande quantité que les végétaux, du fait de leurs déjections et de leurs cadavres. Ces composés sont alors consommées par des bactéries surtout, mais aussi des champignons, des insectes, des vers…

Tous ces organismes, appelés « détritivores » ou « saprotrophes » sont responsables de la transformation des résidus de culture, des feuilles tombées au sol, des fumiers… Leur présence assure donc la transformation de ces amendements, ce qui produit deux processus opposés :

  • un qui détruit ces composés organiques pour les transformer en éléments simples (nutriments, eau, gaz carbonique…) qui est appelé minéralisation, surtout dues à l’activité des bactéries ;
  • un autre qui les complexifie pour générer les humus qui nécessite en particulier l’action de champignons sur les tissus ligneux

Ces deux processus conduisent respectivement à la libération de nutriments dans le milieu environnant, et donc à la nutrition minérale des plantes, et à la structuration du sol, ce qui lie directement la transformation des matières organiques aux deux autres grands rôles agronomiques.

Dans le prochain article, je vous parlerai de la structuration du sol par nos amis !

.Les photos de la faune du sol présentées dans cet article proviennent du site de Philippe Lebeaux : www.lafaunedusol.com, dont je vous recommande vivement la visite !

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