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Une séance de jardinage sous le soleil de mars

Que le jardinage sol vivant soit quelque chose de simple et pas fatigant, vous le savez déjà, j’illustre ici simplement ce propos en montrant ce qui peut se faire en une heure ou deux de jardinage tranquillou en profitant des premiers jours ensoleillés du mois de mars.

  • Le sarclage des cultures d’hiver : ce premier sarclage est très important, même si les herbes ne sont pas encore très développées en ce début mars, les perturber maintenant permet à la culture (ici des fèves) de prendre un avantage décisif pour la suite de la saison. Dans les semaines qui viennent, les fèves qui ont déjà bien démarré leur croissance vont se développer et il sera plus difficile d’intervenir, alors autant le faire tout de suite !

  • Je vous ai déjà parlé de la préparation du sol avec des cartons, voici l’illustration en image. Ici, ce sont en fait des allées dont l’herbe grignotait les planches de cultures, alors nous avons matérialisé l’allée avec des planches de coffrages et le reste est préparé avec du carton. Notez que d’habitude, j’invite à épandre du BRF avant de poser les cartons, mais ici, le sol en a déjà reçu en 2009, donc pas la peine d’en remettre. Ensuite, il suffit de pailler copieusement avec du foin.

  • Et le foin, me direz vous, comment en trouver à cette saison, comme le soulignait Olivier Barbié dans un commentaire de l’article sur les BREF ? Et bien voici un élément de réponse, ici, je ratisse avec un croc une partie du jardin laissée en friche et qui nous sert de réserve de biodiversité et de biomasse. En l’occurrence, je prélève juste les herbes sèches de l’année écoulée. Cette pratique consistant à réaliser des fréquences de coupe différentes suivant les zones du jardin est une forme de gestion différenciée, je n’en ai pas encore parlé sur ce blog, mais j’y consacrerai certainement un article dans le courant du printemps.

  • La mise en place d’une planche de pois chiches, sur une idée de ma belle compagne, nous avons choisi de consacrer une planche préparée depuis l’automne avec des BREF et du foin à cette culture. Ci-dessous, pendant que je sarcle un rang de fèves, au fond mon père enlève les BREF en question. Ensuite, un petit coup de sarcloir pour enlever les quelques herbes qui commençaient à passer  au travers et puis semis des pois chiches incorporé au croc à fumier (ouh là là, c’est un travail du sol super intensif que nous avons fait là !). Le développement de la culture au mois de mai nous dira si nous la gardons en culture pure ou si nous l’associons à des cultures d’été.

  • En novembre dernier nous avions mis en place une planche de fénugrec (celle au premier plan sur la photo où mon père enlève les BREF). La levée avait été très bonne (voir photo ci-dessous prise le 20 décembre), mais ensuite la culture n’a pas passé l’hiver et seuls quelques semis commençaient à se développer au milieu de toutes sortes d’adventices (graminées, potentilles, gaillets…) alors nous avons sarclé tout ça et recommencé le semis, on verra bien… C’est a mère qui souhaitait faire cette culture pour faire du « purin » de fenugrec qui serait un traitement contre le mildiou de la vigne. Si début mai, la culture est suffisamment développée pour être fauchée, une fois cette opération réalisée, nous envisageons de laisser ce qui reste en place pour faire un couvert associé aux cultures d’été.

  • En enfin, pour finir, la mise en place de placettes expérimentales de lentilles qui serviront de couvert associé aux cultures d’été. Ici, c’est une toute petite placette où le couvert végétal s’est très peu développée que j’ai sarclé et semée de lentilles vertes. L’expérience a été répliquée à un autre endroit du jardin, là encore, nous verrons bien !

Voilà pour ce beau dimanche de jardinage ! La semaine prochaine, je continue à vous parler de notre jardin, avec cette fois-ci un topo sur les diverses expériences de couvert végétaux et cultures d’hiver mises en place début novembre.

Et en attendant, je vous lance une petite annonce : je recherche 2 ou 3 jardiniers ou maraîchers « sols vivants » qui seraient partant pour me faire un article de ce type tout les 2 ou 3 mois environ, ceci afin de vous proposer des suivis de jardins dans des contextes variés, eh oui, tout le monde n’est pas sur un coteaux argilo-calcaire du Gers. Alors si vous vous sentez la fibre jardinier-reporter, envoyez moi un message à gilles(AT)jardinonssolvivant.fr (remplacer le (AT) par @), décrivant votre situation géographique, votre sol, votre climat et expliquant ce que vous faites niveau jardinage, éventuellement en y joignant quelques photos. tout cela afin que je puisse sélectionner les contributeurs! Alors à vous !

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Lecture d'ouvrage

« Collaborez avec les bactéries et autres micro-organismes du sol » de J. Lowenfield et W. Lewis


En ce mois de janvier, j’ai envie de proposer une nouvelle forme d’article sur ce blog, en l’occurrence des lectures d’ouvrage et pour commencer le bal, je vous propose un très bon livre paru aux éditions du Rouergue en 2008 : « Collaborer avec les bactéries et autres microorganismes » par Jeff Lowenfield et Wayne Lewis et traduit de l’anglais par Jean René Dastugues. Le sous titre nous met d’ailleurs bien dans l’ambiance de ce livre passionnant : « Guide du réseau alimentaire du sol à destination des jardiniers ». Oh bien sûr, je ne suis pas à 100% d’accord avec les auteurs, loin de là, mais leur approche de la biologie des sols et leur manière de l’appliquer au jardinage m’apparaît très pertinente sur beaucoup de points. En plus de cela, je trouve le livre bien écrit et agréable à lire malgré le peu d’illustration et l’absence de second niveau de lecture.

Le contenu de l’ouvrage

Sa structure est formée d’une première partie consacrée à la description du sol, essentiellement sous l’angle de la biologie et d’une seconde à la description de pratiques de jardinage censées respecter et tirer partie de cette vie.

  • Première partie : La science de base

Cette première moitié de l’ouvrage est un véritable traité de pédologie, et plus particulièrement de pédobiologie, à destination d’un large public de jardinier pas forcément spécialiste en la matière. Pour autant, même des professionnels ont de quoi y trouver des informations utiles et des connaissances nouvelles en la matière.

Les auteurs entament l’ouvrage en jetant les bases de leur réflexion : les réseaux alimentaires du sol rassemblent des milliards d’organismes dans la moindre cuillère à café  de terre, en particuliers des bactéries et des champignons, mais aussi pléthore d’organismes unicellulaires, comme les algues et surtout les protozoaires et quelques animaux de plus grande taille, dont certains visibles à l’œil nu. Tous ces organismes interagissent et sont tous totalement dépendant de l’action des végétaux qui nourrissent ce petit monde via des exsudats racinaires au niveau de la rhizosphère, cette mince pellicule qui entoure les racines vivantes et qui est extrêmement riche en vie microbienne. Et cette vie microbienne en retour a divers effets positifs directement ou indirectement pour la plante : amélioration de la structure du sol, libération de nutriments, maîtrise des pathogènes, gestion de l’azote. Ce dernier point retient particulièrement l’attention des auteurs  qui mettent en parallèle la forme d’azote majoritaire (nitrates versus ammonium) avec les microbes dominants du système (bactéries vs champignons).

Forts de cette introduction, ils consacrent tout un chapitre à la description physico chimique des sols incluant les mécanismes de la pédogenèse, la texture, la structure…

S’en suivent une soixantaine de pages passionnantes consacrées à la description des différents habitants de nos sols en passant successivement en revue les bactéries, les champignons, les algues, les moisissures visqueuses (myxomycètes), les protozoaires, les nématodes, les arthropodes, les vers de terre, les gastéropodes, et les vertébrés. Impossible ici de résumé ces pages si denses en information. Je puis juste vous dire qu’elles justifient à elles seule la lecture de l’ouvrage, même si, comme c’est mon cas, vous avez déjà de bonnes bases en biologie des sols !

  • Seconde partie : Appliquer la science du réseau alimentaire du sol à l’entretien du jardin

Les auteurs basent leur approche sur la bipolarité évoquée en introduction : Bactéries/champignons et nitrates/ammonium. Dans la nature les écosystèmes pionnier, dominés par les herbacées portent des végétaux qui préfèrent les sols à dominante bactérienne et où l’azote se trouve majoritairement sous forme de nitrates. A l’inverses les écosystèmes très matures, de type forêt primaire portent des végétaux qui préfèrent les sols à dominante fongique où l’azote se trouve majoritairement sous forme ammoniacale. Ceci appliqué au jardin indique par exemple que les annuelles et les légumes préfèrent un ratio champignons/Bactéries (C/B) inférieur à 1, les arbres fruitiers un ratio de l’ordre de 10 à 50, alors que les conifères recherchent un ratio allant de 50 à 1000 suivant les espèces !

Une fois que vous avez fait connaissance avec les réseaux alimentaires de votre sol, il faut mettre en œuvre les techniques qui permettent de jardiner avec ce réseau et non contre lui en le détruisant à par le travail du sol, les engrais chimiques ou les pesticides. Pour cela les auteurs proposent trois outils : le compost, le mulch et les jus de compost.

Le compost, dont ils détaillent les processus de fabrication est vanté pour la quantité de micro-organismes qu’il contient et préconisé justement pour ensemencer le sol en ces organismes.

Le mulch est prescrit non seulement pour limiter l’évaporation et la pousse des herbes ou réguler la température du sol, mais aussi et surtout pout nourrir et abriter la vie du sol. Du coup, le choix de tel ou tel paillis influence le développement de tel ou tel organisme donc permet d’orienter vers des populations à dominante bactériennes ou fongiques suivant le type de culture pratiqué. C’est ainsi que les paillis « vert » (tontes de gazon par exemple) sont plutôt « bactériens » alors que les paillis « brun » (BRF, feuilles mortes…) sont plutôt « fongiques ». L’humidité du paillis entre aussi en ligne compte, puisque plus le paillis est humide plus est « bactérien ».

Les jus de compost sont en quelque sorte des concentrés d’organismes du compost et peuvent être utilisés aussi bien en pulvérisation sur les feuilles qu’en arrosage. L’objectif est ici d’amener les microorganismes bénéfiques le plus rapidement possible là où ils sont utiles. Ces jus sont élaborés à partir de compost ou de lombricompost mis à infuser dans une eau constamment brassés pendant plusieurs jours pour rester en aérobiose. Le jus est ensuite à appliquer dans les 3 jours qui suivent sont élaboration. Le non composteur que je suis a bien noté la petite phrase discrète qui dit que le compost peut être remplacé par des turricules de vers de terre.

Les derniers chapitres du livres sont ensuite des focalisations sur des applications des ces trois outils à la pelouse, dans un premier temps, puis aux vivaces, arbres et arbustes et enfin aux légumes et plantes annuelles.

Mon point de vue sur l’ouvrage

Tout d’abord au niveau des pratiques, j’apprécie beaucoup l’état d’esprit du travail de ces auteurs et dans lequel je me retrouve totalement. En effet, on est ici totalement dans le jardinage sol vivant avec un désir de compréhension des mécanismes biologiques à l’œuvre dans le sol et la mise en œuvre de techniques qui se basent sur la vie du sol pour cultiver des végétaux. En plus leur approche de ce type de jardinage est basée sur un formidable exposé sur la biologie des sols. Toutefois, au niveau des techniques proposées, même ce qu’ils proposent est intéressant je trouve l’exposé incomplet, la thématique couverts végétaux / engrais verts notamment est la grande absente de cet ouvrage.

Le point focal du livre est la bipolarité bactéries/champignons. Que faut-il en penser ? Je reconnais qu’elle m’apporte plus de questions que de réponses, ce qui est en soi très positif ! En effet, dans mon expérience personnelle du potager, je remarque que les techniques qui ont permis de basculer vers un potager productif sont des techniques de paillages cellulosiques qui ont probablement été favorables aux bactéries et ont donc été plus favorable aux légumes annuels que ne l’était le seul BRF. Alors qu’à quelques mètres de là, ce même BRF faisait merveille sur des arbres fruitiers. Toutefois, de nombreuses expériences montrent un apport très positif du BRF sur les légumes, observation difficiles à accorder au cadre théorique proposé dans l’ouvrage.

Toujours par rapport à cette bipolarité et les deux autres qui y sont rattachées : nitrates/ammonium et plantes annuelles/arbres, il est vraisemblable que le modèle soit très simplifié par rapport à ce qu’il est dans la nature où les limites me semblent beaucoup plus floues que ce qui est décrit ici. Sujet fort intéressant que je dois m’efforcer de creuser dans les semaines et les mois qui viennent !

En conlusion, je trouve que c’est un livre qui, malgré les limites probables de son approche, est un ouvrage de référence pour le jardinier « Sol Vivant ». En effet, la qualité de ses exposés sur la vie du sol et la proposition d’un modèle pour domestiquer les réseaux alimentaires du sol, enrichissent grandement nos réflexions sur ces sujets ! Je trouve que c’est un ouvrage à lire absolument !

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En bonus : l’annexe 1 du livre

En guise de résumé de la seconde partie et de guide pour mieux comprendre la démarche des auteurs, voici l’annexe où sont listés les 20 principes « du jardinage avec le réseau alimentaire du sol » :

1. Certaines plantes préfèrent les sols dominés par les champignons, d’autres préfères ceux dominés par les bactéries.

2. La plupart des légumes, plantes annuelles et plantes grasses préfèrent avoir leur azote sous forme de nitrates et se portent mieux dans les sols à dominante bactérienne.

3. La plupart des arbres, arbustes, et plantes vivaces préfèrent avoir leur azote sous forme ammoniacale et se portent mieux dans les sols à dominante fongique.

4. Le compost peut être employé pour inoculer les microorganismes bénéfiques à la vie des sols de votre jardin et introduire, entretenir ou modifier le réseau alimentaire du sol.

5. Répandre du compost avec son réseau alimentaire du sol à la surface du sol va inoculer à ce dernier le même réseau alimentaire.

6. Les matériaux organiques bruns ou fanés soutiennent les champignons ; les matériaux organiques frais et verts soutiennent les bactéries.

7. Le paillis répandu en surface a tendance à être favorable aux champignons ; le paillis incorporé superficiellement a tendance à être favorable aux bactéries.

8. Si vous mouillez et broyez complètement le paillis, cela accélère la colonisation par les bactéries.

9. Les paillis plus grossiers et secs sont favorables à l’activité fongique.

10. Les sucres aident les bactéries à se multiplier et grandir ; les algues, les acides fulviques et humiques et la poussière de phosphate aident les champignons à pousser.

11. En choisissant votre compost au départ et les nutriments que vous allez y ajouter, vous pouvez faire des jus soit fongiques, soit bactériens, ou bien équilibrés.

12. Les jus de compost sont très sensibles à la présence de chlore et de conservateurs dans l’eau de brassage et dans les ingrédients.

13. L’utilisation industriels tue tout ou partie des microorganismes du sol.

14. N’utilisez pas d’additifs ayant de fort taux de NPK.

15. Après une vaporisation ou un arrosage du sol avec des produits chimiques, appliquez toujours du jus de compost

16. La plupart des conifères et des arbres à bois durs forment des symbioses avec des champignons EcM.

17. La plupart des légumes, des plantes annuelles, des plantes grasses, des arbustes, des arbres à bois tendre et des plantes vivaces forment des mycorhizes avec des champignons MA.

18. Le fait de retourner le sol et de déranger de manière excessive détruit ou endommage gravement le réseau alimentaire du sol.

19. Mélangez toujours des champignons MA avec les graines des plantes annuelles et des légumes au moment de les planter ou appliquez-en sur les racines au moment du repiquage.

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D’autres Jardins Sol Vivant en France et au Québec

Dans mon article précédent je vous ai décrit l’évolution d’un jardin sol vivant dans un contexte bien spécifique, en l’occurrence sur un coteau argileux du Gers. Mais soyons clair, je ne suis pas entrain de vous donner une méthode qui marchera partout, méfiez vous toujours des recettes toutes faites et inadaptées à la majorités des situations…

Pour illustrer cela, voyons un peu d’autres jardins qui fonctionnent sur les principes expliqués dans le deuxième article de blog mais qui sont très différents de ce que je fais.

Je vous en propose ici trois, deux en France et un au Québec avec des liens vers des sites internet ou des ouvrages pour approfondir votre connaissance des ces endroit et de ceux qui les cultivent.

Le Jardin Naturel de Jean Marie Lespinasse en Gironde

Cela fait 14 ans déjà que Jean Marie Lespinasse, retraité de l’INRA de Bordeaux et grand spécialiste des pommiers, cultive son jardin dans une orientation qui rejoint totalement le jardinage sol vivant que je propose. Ici, nous sommes en sol très sableux et acide (du moins à l’origine), tout le contraire de chez moi ! Il a choisi de travailler sur des buttes, qu’il appelle ados, suivant une terminologie locale, soutenues avec des planches, aplanies sur le dessus et semées de trèfle nain dans les allées. Ces ados sont maintenus en permanence couvert d’un mulch de quelques centimètres de BRF, plantés de poquets de luzernes permanents réparties sur toute la surface cultivée. Les cultures potagères sont mélangées de sorte que tout y côtoie tout (j’exagère un peu, il respecte quand même quelques règles). Le seul travail du sol reçu par ces buttes est effectué à la fourchette pour la mise en place des plants ! Il fait aussi grand usage de lombricompost et de jus de composts pour ensemencer le jardins en microorganismes utiles.

Pour en savoir plus, voir son excellent ouvrage : « Le jardin naturel » aux éditions du Rouergue.

Le maraîchage expérimental de Pierre Besse en Haute Garonne

Pierre Besse est ingénieur agronome et maraîcher, expérimentateur dans l’âme, cela fait plus de 10 ans qu’il cultive ses parcelles dans la plaine alluviale de l’Ariège. Chaque année voit son lot d’expérimentations nouvelles. Il utilise entre autres des paillages divers et variés (résidus de culture, paille, BRF, cartons, plastique…), un travail du sol qui, s’il a lieu, est toujours très superficiel, et l’amendement régulier de certaines parcelles avec du BRF composté. Et depuis 2 ans il met en culture des andains de BRF entreposés là depuis une dizaine d’année et colonisés par les ronces. Il a fallu défricher avant la mise en place de pommes de terre dans un premier temps puis de diverses cultures maraîchères.

Il n’existe pas à ma connaissance d’ouvrages ou de site internet qui décrive le travail de Pierre. Vous pouvez toutefois visionner quelques photos de ses parcelles à cette adresse qui amène sur le diaporama qu’il a proposé aux participants du colloque BRF de Toulouse en juin 2010 :

http://colloquebrf.enfa.fr/diaporamas-brf/maraichage/Besse.pdf

Rangée de tomates plantée directement à travers un andain de résidus de cultures
Cultures maraîchères diverses récemment mises en place directement dans un andain de BRF qui évolue là depuis une dizaine d’années

 

Le jardin de Vivaces de Jacques Hébert, pionnier des BRF au Québec

S’il est un pionnier de l’utilisation de BRF, c’est bien Jacques Hébert. Depuis les années 80, il cultive une parcelle d’un peu plus d’un hectare consacrée à la culture de plant de vivaces d’ornement. Il a mis au point une façon bien à lui de cultiver sur butte. Tout d’abord, il prépare un « pré-compost », ou plutôt un terreau de BRF fabriqué par mise en tas de BRF mélangé à une proportion significative d’argile (25% en fin de processus). Le compostage dure un mois et la température est contrôlée de façon à rester en dessous des 40°C. Ensuite ce terreau est incorporé à des buttes et paillé avec du BRF frais. Les années qui suivent, la seule intervention sur le sol consiste à ramener du BRF frais là le paillage a disparu, c’est tout ! Il arrive ainsi à cultiver des buttes sans aucun autre apport pendant au moins 12 ans (âge des plus anciennes buttes) ! Et les résultats sont tout à fait spectaculaires puisqu’il arrive même à allonger la durée végétative de ses plantes, dont la vigueur est tout à fait remarquable, ce qui est appréciable dans une contrée froide comme le Québec.

Pour plus d’informations sur son travail, je vous invite à visiter son site internet : http://www.jardinsvivaces-livegardens.com/

Aperçu des buttes de Jacques avec un paillage de BRF jusque dans les allées.
coupe schématique d’une buttes façon Jacques Hébert. La partie grisée est celle où se trouve le « précompost ».

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Bien sûr, cet aperçu des jardins sol vivants, n’est qu’un échantillon de ce qui peut se faire. D’ailleurs, je vous invite à laisser un commentaire ci dessous pour faire part de vos expériences.

En attendant, pour nourrir l’imagination et découvrir d’autres façon de jardiner avec la vie du sol, voici quelques ouvrages :

« le guide du nouveau jardinage » de Dominique Soltner (Ed. Sciences et Techniques Agricoles) dans lequel il dévoile tout une myriade d’itinéraires cultures, techniques divers et astuces de jardinier qui permettent de cultiver « sans bêchage, ni fraisage, ni sarclage, ni binage », comme le dit le sous titre de l’ouvrage.

« Le génie du sol vivant » de Bernard Bertrand et Victor Renaud (Ed. Terran) où une partie des pratiques utilisées dans le jardin de la ferme de Terran est décrite en fin d’ouvrage (livreVI).

Et bien entendu « Le jardin naturel » de Jean Marie Lespinasse (Ed. du Rouergue) déjà évoqué précédemment !

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Un jardin sol vivant au cœur de la Gascogne

Histoire que vous me connaissiez un peu mieux, voici un petit historique du jardin de mes parents que nous cultivons depuis 2007 sur un coteau argileux du Gers. Et quand je dis argileux, c’est très très argileux,

septembre 2007 : Récolte symbolique de tomate sur l'embryon du potager actue

bien lourd, quoi ! Pendant des années ma mère s’est cassé le dos à bêcher cette terre pour préparer de quoi faire deux rangées de fèves, elle avait fini par laisser tomber. Puis j’ai découvert les BRF en 2004 et l’idée à fait son chemin et en janvier 2007 elle a épandu du BRF sur une petite parcelle de pelouse préalablement sarclée à la houe, c’est là que commence notre histoire :

En 2007, c’était vraiment pas ça, les tomates sont restées rachitiques et ont peu donné, le sol est resté compact, les carottes n’ont jamais levé et les radis sont restés minuscules, bref pas de quoi pavoiser… Quoique, certaines tomates apéritives étaient vraiment délicieuses, peu abondantes, certes, mais vraiment délicieuses ! Allez c’est déjà ça ! Bon, je vous l’accorde, il y a eu un soucis dès le départ, j’étais en voyage lorsque ma mère est allé chercher le BRF, du coup elle en a beaucoup trop mis (10cm !), sur un sol lourd comme le notre cela ne pardonne pas, surtout avec un printemps pluvieux comme celui de 2007. Et pourtant, malgré cette erreur, nous n’avons presque pas eu de mildiou même dans l’arrière saison alors que tous les voisins en étaient envahis… Tiens donc, il s’est quand même passé des choses intéressantes…


2008 : pendant l’hiver, sous les conseils d’Éléa, co-auteure du « Livre BRF », nous avons agrandit le potager en couvrant l’herbe de cartons et de foin. Et comme je n’avais pas assez de place pour mettre les tomates sur le potager de 2007, j’en ai planté quatre directement à travers ces cartons. Et là surprise, sans aucune fertilisation complémentaires, ces tomates buissonnantes se sont développées très rapidement et ont donné des récoltes tout à fait correctes. Alors on retient la leçon et on refait la même chose pour agrandir le potager en 2009.

mai 2008 : Les plants de tomates viennent d'être mis en place à travers cartons (non visibles) et paillage de foin. Cette parcelle révèlera d'agréables surprises...

2009 : Trois nouvelles planches de culture sont inaugurées avec BRF (1 à 2 cm directement sur l’herbe) des cartons et du foin (produit dans les zones « en friche » du jardin). Là encore, des résultats intéressants, mais l’hiver humide avait décomposé les cartons et il a fallu tout enlever et sarcler la potentille avant de mettre les tomates, les courgettes et les courges. Là encore, on retient la leçon, il n’est pas forcément pertinent de mettre les cartons trop tôt, février est largement suffisant !


Été 2009 : Le jardin commence à ressembler à un vrai potager, et cela, quasiment sans travail du sol !

Été 2009 : La planche de tomates et courgettes, à gauche, a été implanté sur un sol préparé dès le mois de janvier avec un paillage de BRF, cartons et foin posé directement sur l'herbe

2010 : Cette fois, ça y est, le potager est vraiment productif et nous permet même de faire des conserves de fèves d’abord, puis de tomates, nous sommes sur la bonne voie et les pratiques se sont diversifiées : mise en place couvert de type « biomax » en novembre sur une des planches : l’essai est plus que concluant, en 2011, c’est toutes les planches sans culture d’hiver qui auront droit à ce traitement. Une autre expérience est tout à fait remarquable : ma mère avait entassé en février des branches de laurière sur la pelouse pour que je les broie, je ne l’ai jamais fait… Du coup en avril elle a tout récupéré pour en faire des fagots d’allumage et des bûchettes et là surprise : le sol là dessous était souple et sombre. Pas d’hésitation, on y fait un nouveau potager, léger sarclage et paillage de foin ont suffit à produire les plus beaux plant de tomate et courgettes du jardin, bon là encore on retient la leçon, l’année prochaine, plus de cartons, mais des rameaux feuillés d’arbustes à feuilles persistantes : arbousiers, laurier noble, voire résineux (soyons fous, la nature nous réserve tellement de surprises !).

Avril 2010 : Implanté en novembre 2009 pour préparer les culture de l'été 2010, notre premier couvert est un franc succès tant du fait de son beaux développement que son action sur le sol !
Septembre 2010 : Voici la petite parcelle préparée involontairement avec des branches de laurière entassées entre février et avril... Joli pousse pour une terre ni travaillée ni fertilisée !

Et pour 2011, je me ferai un plaisir de partager avec vous nos expériences, et de découvrir ensemble comment améliorer encore et encore ces systèmes !

A bientôt

Gilles

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Le Jardinage Sol Vivant : Quelles Techniques ?

J’ai définit dans mon article précédent ce qui me paraît incompatible avec le jardinage « sol vivant », il est donc grand temps de vous parler des pratiques qui vont dans le sens de la formation d’un sol roche en humus, en bactéries, champignons et animaux divers et variés qui s’occupent de fertiliser, aérer, brasser, structurer… votre sol tant chéri ! La liste que je propose ici est certainement incomplète, mais ce sont les pratiques qui me semblent à ce jour les plus pertinentes : Les couverts végétaux, les paillages, les Bois Raméaux Fragmenté, les extraits végétaux, la création d’un environnement favorable.

Les couverts végétaux

Ne jamais laisser un sol nu, voici un mot d’ordre capital dans le jardinage « sol vivant » ! Alors le meilleur moyen c’est d’intercaler entre deux cultures un bon couvert végétal (alias engrais vert dans certains cas ou CIPAN pour Culture Intermédiaire Piège à Nitrates dans d’autres). En effet, aucun paillage n’est aussi efficace la présence d’une couverture végétale vivante ! La biomasse produite in situ, l’azote fixé par les Rhizobium des légumineuses, la structuration du sol, la libération de sucres et autres composés carbonés par les racines sont des alliés indispensables des organismes du sol !

Floraison de la vesce dans un couvert de type « biomax » composé de multiples espèces (avoine, fèverole, fénugrec, moutarde, radis fourrager…)

Les paillages

 

Là encore indispensables pour économiser les arrosages, mais aussi pour apporter de la matière organique au sol et de la nourriture à nos chères bactéries, champignons et animaux souterrains, les paillages sont très nombreux. Je ne cite ici que ceux qui peuvent être produit dans le jardin ou fabriqués à partir de déchets faciles d’accès : foin, feuilles mortes, cartons d’emballage, tontes de gazon, déchets de cuisines… Bien entendu les rayons des jardineries allongent largement cette liste !

Les Bois Raméaux fragmentés

Ben oui, quand même, à la base c’est là ma spécialité, fallait bien que j’en parle tôt ou tard ! Il s’agit tout simplement de branches broyés à utiliser comme paillage, mais aussi comme amendement pour améliorer le sol et nourrir des chaînes alimentaires très spécifiques (champignon spécialisés et leurs prédateurs). On enrichit ainsi la biodiversité du sol et complète les apports des couverts végétaux vivants et des paillages.

Jeunes fèves sous paillage de BRF
Le « purin » d’orties… Un jeu d’enfant !

Les extraits végétaux

Bien sûr les insectes et les maladies sont quand même là, il faut bien faire quelque chose, les extraits végétaux qui agissent plus sur la physiologie de la plante que sur les parasites et ravageurs me semblent être le meilleur

moyen, alors vive les« purins d’Orties et Compagnies » ! Et un pied de nez au passage à l’industrie agro-pharmaceutique qui décidément ne sert… à rien !

L’environnement

S’il est incontournable de chérir votre sol, vos efforts seront encore mieux récompensés si l’environnement est favorable aux auxiliaires de culture et à la mise en place d’un micro-climat favorable, cela passe par la présence d’arbres et arbustes champêtres (isolés ou sous formes de haies ou de bosquets), de mares, de rocailles…

Chez Jacques Hébert, pépiniériste et pionnier des BRF au Québec, l’amélioration de l’environnement avec mares et haies a autant d’importance que la gestion du sol !

Si vous restez sur votre faim, je vous rassure tout de suite, tous ces thèmes feront l’objet d’articles à venir, il y a tant et tant à écrire sur eux ! Par contre certains se disent déjà (si, si je vous entends penser très fort) : « Mais quel étourdit, il a oublié les composts ! ». Et bien non, je les ai pas oublié, je n’ai rien contre leur usage, mais si je n’en ai pas parlé ici c’est qu’il n’y aucune raison d’en faire une clé de voûte de notre système… A suivre !