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Le compostage de Surface par Jacques Subra

Voici un article de Jacques Subra qui a déjà écrit de nombreux article pour mon blog. Le thème d’aujourd’hui est le compostage de surface et fait référence en particulier à cet article sur le compost que j’avais écris en 2011.

Dans cet article je vous partage mon expérience du compostage en surface et couverture du sol. 

Ceux qui suivent régulièrement le blog de Gilles savent que je pratique un jardinage le plus naturel possible depuis plus de quarante ans mais je suis toujours en recherche d’amélioration et je m’efforce d’apprendre chaque jours. Il y a une quizaine d’année Évelyne Leterme, fondatrice et directrice du Conservatoire Végétal d’Aquitaine qui collecte et sauve les variétés anciennes de fruitiers m’a présenté Gilles Domenech, jeune pédologue. Nous avons rapidement sympathisé et beaucoup échangé sur la Vie du sol et de l’impact négatif ou positif selon les diverses façons culturales.

J’étais un inconditionnel du compostage et je ne compte plus les quantités de matières que j’ai brassées à la fourche pour élaborer des tonnes de compost et améliorer le maigre sol d’origine de mon jardin.

Et puis Gilles m’a parlé du compostage de surface, mettre directement sur le sol les matières à composter.

Je pratiquais déjà la couverture permanente avec un mulch ou des couverts végétaux mais continuais à composter. J’avoue que j’ai eu du mal à « changer mon logiciel »  mais j’ai tenté l’expérience et progressivement je l’ai adoptée. Outre que cela permet une meilleure absorption par le sol de tous les éléments nutritifs et moins de pertes dû au compostage en andain qui libère dans l’atmosphère des GES, de plus il y a une économie de travail non négligeable et comme j’avance en âge …Je joins quelques photos pour visualiser ce que je pratique.

Amendement d’une culture de poireaux par du compostage de surface

1. Des fanes de légumes sont déposées à même le sol entre deux rangées de poireaux fraîchement repiqués
2. Les fanes sont recouvertes avec des tontes.
3. Les poireaux améendés et paillés (notez ici que le tontes apportent également un amendement riche en éléments nutritifs)
4. Au bout de quelques semaines, tout est digéré et les poireaux se sont bien développés.

Compostage de surface sur une culture de courges

1. Des déchets de cuisine sont épandus au sol
2. comme précédemments, il sont recouverts de tontes.
3. Les courges sont repiquées au mileu des tontes à l’emplacement des pots renversés sur le sol (visibles sur les photos précédentes). Sur le haut de la photo on voit une partie amendée avec de la consoude, également en compostage de surface.
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question de lecteur

Compost envahi de larves de diptères : que faire ? par Brigitte Leyssenne

Note de Gilles : je vous propose ici de répondre à la question de Brigitte concernant l’état de son compost envahi de larves de tipules et ce qu’elle doit faire face à cette situation.

La semaine dernière, gonflée à bloc, ils faisait si beau que j’en ai profité pour travailler au jardin.
Toute heureuse de pouvoir enfin faire bénéficier mon jardin d’un beau compost, je me suis décidée à
l’utiliser pour quelques vivaces. Je ne sais plus quand, je l’avais vérifié, il était tout grumeleux et dans la
main il  » coulait « , bien foncé il sentait bon la forêt et de plus au printemps dernier je lui avais
ajouté du BRF bien mûr avec plein de filaments de mycélium.

Mon composteur est constitué de trois cases grillagées et le BRF de l’automne 2012 en sacs avait été jeté
dans une deuxième case tout à côté du compost. Actuellement à la place du BRF un autre compost est en route,
ils sont à chaque fois recouvert d’une bâche en plastique noire.

 

Le site de compostage
Le site de compostage

Et donc c’est avec joie que je commence à le découvrir, j’y glisse la main et avec horreur je perçois
une sorte de grouillement, en y regardant de plus près je découvre des petits vers marrons, plein de
petits vers, il y en a des centaines ! Toute la surface du compost en fait en est recouvert et ce n’est
pas une centaine mais des milliers !!!

Compost envahi de larves !
Compost envahi de larves !

L’année dernière ce fut des larves de cétoines que j’y avais trouvé et sur le net ils disaient qu’ils
sont d’une grande utilité au compost parce qu’ils participent avec les vers de terre à la transformation
des matières organiques. Je les avais donc remis dans le compost.

Larves de cétoines
Larves de cétoines observées l’année dernière

Et cette fois qu’est ce donc ces petits vers marrons ? cela m’inquiète car comment pourrais je tous les
enlever, il y en a beaucoup trop !

Je cours jusqu’à mon ordinateur pour lancer une recherche sur le net et j’apprends que ce sont des larves
de Diptères, peut être des tipules, les gros moustiques que nous appelons les cousins et je découvre qu’ils dévorent les racines
des plantes potagères, des graminées et du gazon…moi qui voulais en mettre aux pieds des vivaces ! je suis catastrophée
il y en a tellement que jamais je vais pouvoir tous les enlever !!!

Note de Gilles : suite aux commentaire ci-dessous, il semblerait que ce soient plutôt des mouches soldats.

Gros plan sur une de ces larves
Gros plan sur une de ces larves de Diptère (sans doute mouche soldat)

Et il me revient en mémoire que j’en avais vu ailleurs au jardin au pied d’un cerisier mais j’étais si
préocupée à ce moment là que je n’avais pas réagi.
Les témoignages sur les forums, les blogs ne sont pas pour m’encourager parce que je n’y trouve pas de
moyens écologiques pour lutter…à part inoculer une bactérie (Steinernema feltiae) aux larves en diluant
des nématodes en poudre dans l’eau d’arrosage…il me faudra encore acheter ! N’y a t’il pas dans la nature,
une plante qui les feraient fuir ?
Ou bien une astuce quelconque ? je pensais épandre de la cendre de bois sur tout le terrain ?

A force de tourner en rond, je me suis adressée à Gilles qui m’a proposé de venir vous en parler ici sur
son blog, peut être que parmi vous il y a eu quelqu’un qui a été confronté à cette invasion et qu’il a su
contourner le problème ?
Encore une fois, merci Gilles pour l’aide que tu m’apportes.

Ces vers aiment les terrains humides et ça ne m’étonnent pas d’en trouver parce que nous avons un hiver
très pluvieux et l’année dernière je n’en avais pas vu…

J’en suis à croiser les doigts parce que tous mes efforts pour couvrir mon jardin de matières végétales
me donnaient entièrement satisfaction : économie d’arrosage et une terre tellement plus souple dans un
sol argileux.

Brigitte


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Compostage à froid : Le « mille-feuilles de BRF à la Bretonne » par Gilles Bernard

Voici un nouvel article invité écrit par un de mes correspondants bretons: Gilles Bernard qui avait déjà contribué à mon blog cet été. Le voici de retour avec un article expliquant sa production de compost à basse température pour pour réaliser ses semis en godets.

En jardinage naturel, les pratiques sont variées, et à côté des puristes (comme Gilles 😉 ) qui limitent leurs apports organiques aux seuls compostages de surfaces, il y a ceux qui, ponctuellement,  « aident » la nature par quelques apports de compost.

Je fais partie de cette deuxième catégorie, et cet apport s’opère via les godets de plantation. Je privilégie en effet, chaque fois que possible, un semis en godets de compost pur opéré en mini-serre.

Le jardinage est toujours affaire de compromis : entre  le « laisser faire la nature » et risquer de voir les légumes céder le pas aux adventices et au prédateurs, et le « tout contrôler à tout prix » et risquer de créer un milieu de culture purement artificiel, j’ai opéré cet arbitrage consistant à mener la phase de démarrage des plants sous parfait contrôle en serre pour ensuite livrer la plante à son développement naturel sans la moindre intervention dans la phase de plein air.

Je vois dans cette pratique plusieurs avantages :

  • plantations précoces,
  • meilleur contrôle des prédateurs, limaces en particulier,
  • contrôle des adventices,
  • travail à hauteur
  • raccourcissement du cycle végétatif de plein air et donc possibilité d’enchaîner jusque 3 récoltes par an dans les carrés.

Du coup se pose pour moi la question de l’approvisionnement en compost, car pour 100m² de carrés potagers, il me faut garnir dans les 2000 godets, soit un besoin de 300 litres de compost bien mûr tamisé.

Je pratique le compostage en tas, et recycle tout ce qui peut me tomber sous la main.

Pas un article sur le compostage qui ne parle d’une forte montée en température dès les premiers jours, gage indiscutable d’un compost réussi. Des températures de 50 à 70° apparaissent comme un passage obligé : un beau tas de compost est un compost qui fume.

Pourtant, dans la nature, rien de semblable : imaginez une forêt dont le sous-sol monterait pareillement en température ! Adieu cèpes et girolles, adieu scarabées et salamandres… Il y aurait bien le tas de foin mouillé», ou le tas d’algues vertes sur les côtes bretonnes qui chauffent eux aussi très fort, mais rien de bien naturel dans ces situations, en tout cas pas de celles qu’on voudrait reproduire au jardin.

Pourtant le dogme est là : il faut que ça chauffe !

Très attaché à suivre ces préconisations académiques, je me suis moi-même employé, pendant des années, à réunir les conditions pour faire de mon compost une véritable « centrale thermique » : matières vertes à l’excès, humidité, aération.

Pourtant, un jour, un tas a « foiré », les températures restant désespérément basses. Arrosage, retournement, rien n’y a fait ! Délaissant ce tas de compost facétieux et retors, j’ai fini par l’oublier au fond du jardin. Puis vint le jour où me décidant à recycler ces matériaux, ne serait-ce que pour faire de la place, surprise, j’ai découvert un compost bien noir, mûr à souhait, à l’odeur d’humus prononcé.

Puis au fil des années, le phénomène s’est reproduit de façon fortuite, une fois, deux fois et chaque fois ce même résultat : l’un des plus beaux composts jamais obtenus.

D’où cette interrogation : ce dogme ne serait-il pas tout simplement le reflet d’une société où on doit à tout prix gagner du temps, reproduisant au jardin des réflexes de productivité qui n’y ont pas leur place !

les matériaux ont été rassemblés sur l’aire de compostage : végétaux aquatiques (ici, du cresson issu de ma mare), BRF (branches de pommiers et de figuiers récupérées chez un voisin ), litière de volaille peu chargée, algues (en bord de mer, la récolte des algues en échouage est une véritable aubaine pour les jardiniers), vieux compost

Si comme moi, vous pensez que le jardinage naturel c’est aussi la réappropriation du temps long, et pour peu que vous soyez tentés de reproduire le phénomène d’humification naturel vous déciderez peut être un jour de conduire votre tas de compost en basse température.

Si l’expérience vous tente, voici quelques conseils issus de plusieurs années de pratique :

  • Varier les matériaux : un tas de compost composé d’un seul élément devient rapidement ingérable et un assemblage de 5 matériaux différents me semble un bon compromis.
  • Combiner intelligemment déchets carbonés et déchets azotés. On associera en strates successives les matières carbonées (brunes, dures, et sèches telles que feuilles, vieux foins, pailles, litières peu chargées, BRF) et les matières azotées (vertes, molles, déchets ménagers, tontes, mauvaises herbes, plantes aquatiques…)

les matériaux sont assemblés en tas par couche successives de quelques centimètres d’épaisseur

  • Ne pas trop arroser, voire ne pas arroser du tout. La fermentation basse ne s’accompagne que d’une très faible évaporation d’eau, à la différence des fermentations hautes. De plus, un excès d’eau diminue la quantité d’air contenu dans le compost, et peut conduire au développement de processus anaérobie s’accompagnant de composés volatils nauséabonds (méthane, hydrogène sulfuré, ammoniac)
  • Aménager des zones tampons : prévoir de façon régulière une strate d’un matériau présentant une bonne inertie thermique : une couche constituée de quelques fourchées de vieux compost constitueront un obstacle à la « propagation » des hautes températures. Un BRF sec (obtenu à partir de fagots fanés, ou BRF vert étalé au grand air pendant quelques jours) jouera un rôle équivalent.
  • Aérer le tas : les japonais placent verticalement dans leur tas, au moment de l’assemblage, quelques bambous qui seront retirés après 2 ou 3 jours, constituant autant de cheminées d’aération.

le tas terminé fait une belle hauteur, il se tassera d’un bon tiers en 1 mois

Voici quelques éléments d’explication un peu plus techniques :

Dans un compostage à chaud, la rapide montée en température correspond à une multiplication rapide des bactéries mésophiles (aptes à vivre dans des températures de 30 à 50°) puis thermophiles (aptes à vivre dans des températures de 50 à 90°), bactéries qui dans le processus de dégradation de la matière organique vont rapidement s’attaquer aux composés les plus dégradables (glucoses, amidons…).

Suit, après quelques semaines, une deuxième phase dite de « maturation » : tandis que les températures se stabilisent entre 30 et 50°, une nouvelle génération de bactéries associée à des champignons et des actinomycètes va engager  la dégradation des composés les plus résistants (celluloses lignines…), et progressivement mettre en œuvre la biosynthèse des composés humiques.

Dans notre compost « raté », nous avons sauté la première étape, et les micro-organismes de la phase maturation ont assuré seuls le processus d’humification.

Pour conclure, je vous propose de balayer quelques objections « faciles » :

  • Objection n° 1 : les graines de mauvaises herbes habituellement détruites dans la phase de chauffe ne seront pas détruites dans le compostage à froid. Mon expérience personnelle me fait dire que quelles que soient les méthodes de compostage, le jardinier n’échappe pas au sarclage, malheureusement, et je n’ai pas remarqué que les adventices soient plus ou moins présents avec ce compost.
  • Objection n°2 : les éléments pathogènes habituellement détruits dans la phase de chauffe ne seront pas détruits dans le compostage à basse température. Hormis le cas d’incorporation de résidus de toilettes sèches qui appellent la plus grande prudence, et ce quelle que soit la technique de compostage utilisée, je ne vois pas quels éléments pathogènes pourraient être préoccupants.
  • Objection n°3 : le temps de compostage est singulièrement rallongé. En fait, pas tant que ça, et 6 mois suffisent pour obtenir un compost acceptable, 1 an de maturation étant quand même l’idéal

toute la basse-cour est très intéressée par l’opération!

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Découvrons le jardin de Loïc à Rouen

Je jardine depuis quelques années sur le modelé de mon père et de mon grand-père. C’est-à-dire le potager traditionnel avec une terre a nue et un désherbage régulier. Je vis dans une petite maison de ville juste à côté de Rouen.

Mon prénom c’est Loïc, j’ai 40 ans et je suis informaticien dans le domaine des réseaux et serveurs. J’ai déménagé dans cette maison de ville, il y a 3 ans et je suis passé de 2000m2 en campagne à 200m2 en ville. J’ai tenté de déménager mes méthodes de jardinage aussi, mais sans succès. La différence la plus frappante est au niveau de la terre, j’ai considérablement perdu en qualité, je suis passé d’une terre riche et fertile a une sorte de remblai sablonneux et complètement stérile. A l’œil on devine déjà que pas grand-chose ne poussera dessus. Vous pouvez creuser vous ne trouverai pas un ver.

Mes 2 premières années de culture ont été des échecs, il suffit d’oublier d’arroser un jour, pour que les graines semées crèvent le jour suivant. Et quand bien même vous arriviez à faire lever quelques choses, les légumes devenaient vite malades et chétifs.

L’année dernière j’avais installé 4 carrés de potager pour expérimenter un peu la technique et j’ai remarqué une légère amélioration. Il faut dire que j’avais au préalable apporté un peu de compost.

Seulement mon problème de sécheresse restait entier. C’est depuis cette année, après avoir fait des recherches sur internet, que j’ai découvert la méthode de Soltner. J’ai appliqué ses méthodes en les adaptant un peu à ma sauce et depuis mes planches et carrés de culture sont largement couverts de diffèrent paillage.

Mon potager en carré est couvert d’un paillage fait maison en récupérant un peu tous ce qui me tombe sous la main.

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J’ai un jardin en lasagne couvert de paille et un autre couvert de feuille.

Le paillage a parfaitement réglé mon problème de sécheresse, la terre reste constamment humide et légère. Même en ce moment où le manque d’eau est important, je parviens à maintenir la terre fraiche.

Seulement le paillage a soulevé un problème au niveau des semis. J’ai donc mené quelques expériences de levée de radis sur différents paillages.

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Expérience de semis sur différents paillage.

Pour ma première tentative de semis, j’ai simplement dégagé le paillage pour semer, et replacer une couche plus mince de cette couverture faite maison. Après quelques jours, la levée était plutôt bonne, malheureusement j’ai rencontré un autre problème dû au paillage : l’invasion des limaces, du coup j’ai quasiment tout perdu..

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Ensuite j’ai essayé de semer directement sur le paillage. Je précise que sur mon potager en carré, le paillage fait au moins 7 cm. Pour résumer cette tentative, je dirais que le résultat est quasi nul si vous semer juste sur le paillage. Par contre, le simple fait de tapoter le paillage pour faire descendre les graines a amélioré le résultat. Mais il reste moins bon que dans la première méthode.

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Pour ma 3eme tentative, j’ai semé sur un paillage constitué uniquement de feuille morte. En ramassant le tas de feuille morte qui était reste tout l’hiver en place, j’ai remarqué que sous les premières feuilles de surface, qui entaient très sèches, l’intérieur du tas était bien humide. D’ailleurs les noyaux des prunes tombés dedans commençaient à germer. Je me suis dit que mes radis pourraient germer aussi, et je trouve que le résultat était plutôt bon. J’ai l’impression que les feuilles gardent mieux l’humidité et même si la graine n’atteint pas la terre, elle germe dans les feuilles et sa racine fini par descendre jusqu’à la terre.

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Les 3 expériences de semis sur paillage restent peu concluantes dans l’ensemble face à la levée de graine de radis sous mini serre. Les mini serres offrent tous les avantages, elles augmentent la température, elles gardent mieux l’humidité et elles protègent les jeunes plans des limaces gloutonnes.

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Mon objectif sur le long terme.

J’envisage de transformer mon terrain de 200m2 en une arche de Noé pour le vivant. Étant situé en pleine ville, j’aimerais pouvoir offrir un refuge a toutes les bestioles du coin. J’ai commencé par soigner mon sol, en lui apportant du fumier et du compost. J’ai pris soin de couvrir mon sol avec les déchets verts ramassés sur les trottoirs.

Aujourd’hui je regarde ma ville d’un autre œil : il y a quelques jours le service espace vert élagué les arbres d’une avenue, j’ai de suite saisi l’occasion de ramasser 2 remorques des jeunes branchages pour faire du BRF maison.

Depuis que chaque cm2 de mon sol est couvert, j’ai remarqué une améliorations de la fréquentation de mon terrains par les oiseaux. Je suis encore loin de la richesse du terrain de Jacques, mais j’y travaille et c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai pu prendre cette photo il y a quelques jours ! 🙂

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Le jardin bio de Jacques dans les Hautes Pyrénées

Bonjour, je m’appelle Jacques Subra, j’ai 67 ans et je suis retraité, après une formation de mécanicien, mon parcours professionnel a été assez diversifié.

Mécanicien, conducteur d’engins TP, artisan, quelques séjours a l’étranger, chef d’atelier en construction mécanique et pour finir, serrurier soudeur. Tout ceci m’a permis d’acquérir connaissances et ouverture d’esprit.

Gilles nous a proposé, a moi et d’autres jardiniers amateurs passionnés de participer a sa démarche de vulgarisation du jardinage « SOL VIVANT », ce que j’ai accepté avec plaisir car je pratique moi-même depuis une trentaine d’année en harmonie avec la nature et le respect du vivant.

En 1976 j’ai acquis un terrain de 5000m2 a Séron, commune rurale de 250 habitants dans les Hautes-Pyrénées, pour construire ma maison.

Situé sur un plateau , entre Tarbes et Pau a 380 mètres d’altitude le terrain est sur un versant exposé nord-ouest, le sol argileux-caillouteux n’avait jamais été cultivé. Couvert de fougères, genêts et ronces, la couche de terre végétale n’excédait pas quelques centimètres. Dès le début mon souhait a été de créer un espace de biodiversité avec un jardin cultivé en bio. En 1980 j’ai donc commencé à planter des arbres et arbustes divers, des haies et des fruitiers. Le jardin a commencé à prendre forme avec au début de piètres résultats vu la pauvreté du sol. Je me suis documenté et cherché une méthode de jardinage bio (je suis fils de paysan, ça aide !) Celle qui m’a paru la plus intéressante était la méthode Lemaire-Boucher a base d’algues (lithothamne) et d’extraits végétaux.

De bons résultats, mais obligation d’achat de produits extérieurs, alors que ma démarche était le moins d’intrants possible. Parallèlement j’ai commencé a composter avec tout ce que je pouvais récupérer de matières végétale et fumiers des fermes voisines. L’apport massif de compost a porté ses fruits et le sol s’est progressivement amélioré. En 1986 j’ai fait la connaissance d’agriculteurs biodynamiques, leur démarche m’a plu mais après cinq ans de pratique j’ai abandonné car trop complexe si l’on veut le faire correctement. Au fil des ans et d’ expériences mon jardinage actuel est basé sur le compost, la couverture permanente du sol avec de la paille, du foin, des tontes et divers engrais verts.

Il y a des buttes, des ados et des caisses. Légumes et fleurs sont mélangés et dispersés dans l’ensemble du jardin. Je prend grand soin de l’environnement et du bien-être des auxiliaires avec la présence de nichoirs pour les oiseaux et les insectes, en particulier pour les osmies ou abeilles maçonnes (cf. photo ci dessous : le nichoir à Osmies est au milieu et à gauche, un gros plan sur l’insecte) très utiles pour la pollinisation en période froide. Il est également important d’avoir une biodiversité végétale maximale.

Enfin une mare abrite grenouilles, tritons, salamandres et sert de lieu de pontes aux libellules.

Une serre-tunnel de 6 x 8m me permet certaines récoltes avec un mois d’avance , de faire les semis de printemps et de récolter tomates, piments et aubergines jusqu’en novembre .

En ce début avril, j’ai planté les pommes de terre, oignons ,salades, semé carottes, salade, persil… la serre est occupée par des pommes de terre a récolter fin mai, les tomates hâtives, les plants de tomates a mettre en place vers le 12 mai a l’extérieur et divers semis.

Depuis un an j’expérimente le BRF, les premiers essais n’ont pas été concluants

J’ai apporté le BRF fin février 2010, semé et planté en avril et mai, je n’ai quasiment pas eu de récolte sur ces essais. J’en ai déduit qu’il faut faire les apports beaucoup plus tôt (octobre ou novembre) pour laisser le temps au sol d’assimiler le BRF.

Voici quelques photos du jardin prises le 14 avril 2011:

« Jardin en caisses » : à Gauche ail + laitue feuille de chêne après des épinards d’hiver ( à noter deux batavias de semis spontané), et à droite fèveroles qui seront hachées et laissées sur place pour une plantation de tomates.

Culture sur ados. Échalotes plantées en novembre. Remarquez la différence entre les 4 pieds avec BRF mis en Mars 2010 et les suivants avec BRF mis a la plantation.

culture sur buttes. Bordure de consoude.

Je conclurai en remerciant Gilles pour son initiative, qui je l’espère fera se rencontrer un grand nombre de jardiniers soucieux d’un avenir plus sain pour l’Homme et la Nature

Jacques

http://lagranderecree.asso-web.com/

A Gauche ail + laitue feuille de chêne après des épinards d’hiver. ( à noter deux batavia de semis spontané)

A droite fèveroles qui seront hachées et laissées sur place pour une plantation de tomates.

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Un peu de théorie

Avons nous besoin de compost au jardin ?

Attention sujet polémique ! J’en avais déjà parlé dans l’article « Jardiner sol vivant : quelles techniques? » et dans les commentaire s’y rapportant. Alors le voici ce fameux article sur le compostage !

Tout d’abord, je vous donne mes deux principales sources bibliographiques d’ouvrage qui font la promotion du compost :


Collaborer avec les bactéries et autres micro-organismes : Guide du réseau alimentaire du sol à destination des jardiniers Par Jeff Lowenfield et Wayne Lewis, Ed. du Rouergue 2008
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Compostons ! : Pour redonner sa fertilité à la terre Par Jean Paul Collaert, Ed. de Terran 2008
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Ce sont deux très bon ouvrages que je vous recommande pour approfondir vos connaissances sur le sujet.

Composter, qu’est ce que cela veut dire ?

Commençons par clarifier ce qui se cache derrière cette notion, finalement assez vague de compostage. En effet il y a peu de chose en commun entre le « compostage » de surface et la production de composts (de déchets verts, de boues d’épuration…) en andains de plusieurs mètres de haut dans les stations de compostage. Je vais ici me contenter de parler des composts accessibles à l’échelle du jardin individuel.

Les composts peuvent être réalisés au jardin suivant des processus très variés impliquant ou non une montée en température. Voici un aperçu de ce qui peut se faire :

Le compostage en tas : Les ingrédients sont rassemblés en un tas formé le plus souvent en une seule fois. Ce type de compostage implique généralement une montée en température, qui idéalement doit atteindre 65°C. Le tas est régulièrement retourné pour homogénéiser les ingrédients et pour que la totalité du tas se retrouve à un moment donné dans les zones chaudes.

Compostage en conteneurs : Plus approprié en cas de petits apport réguliers de matières à composter (cas des déchets de cuisine). La montée en température est ici beaucoup plus faible.

Lombricompostage : Outre son intérêt pédagogique (voir l’article « pédofaune et lombricompost »), le lombricompost est une solution particulièrement adaptée à ceux qui vivent en appartement. Il a aussi l’avantage de fournir un jus qui est un très bon engrais organique.

« Compostage » de surface : Les guillemets autours du mot compostage sont là pour indiquer qu’on est là aux limites de la pertinence de ce terme. En effet, cette pratique consiste à disposer des matières organiques directement sur le sol à et à les laisser évoluer sur place, la nuance avec un paillage est assez floue. On a affaire ici à des processus similaires à la transformation d’une litière de feuilles mortes et de petits bois en forêt. C’est une pratique qui me semble incontournable lorsqu’on jardine sol vivant !

Quels sont les objectifs agronomiques du compostage ?

Les partisans du compostage vantent ses qualités sous différents angles. Le principal étant l’ensemencement en micro-organismes. Mais on peut aussi mettre en avant son rôle en tant que fertilisant et amendement. Revenons successivement sur ces trois fonctions :

Ensemencement en micro-organismes : Le compost permet de « cultiver » toutes sortes d’organismes depuis des bactéries jusqu’à des insectes ou des vers de terre qui font partie de la pédofaune et de la pédoflore. Amener un compost au sol permet donc d’y inoculer ces organismes. Cet avantage est aujourd’hui largement mis en avant et c’est le plus récurent dans les deux ouvrages cités en début d’article. Toutefois il est avéré que cet ensemencement n’est vraiment utile que dans un sol appauvrit en ces organismes. Dans un sol en bonne santé biologique, l’apport de compost sera superflu vis à vis de cette fonction.

Par exemple, récemment, alors que j’avais été invité à parler BRF à une journée de formation à l’école d’horticulture de Lullier près de Genève, un des intervenants, Jacques Fuchs, spécialiste du compostage et qui a lui aussi largement insisté sur cet aspect « inoculum », nous a montré des résultats indiquant que chez un maraîcher en bio depuis de nombreuses années l’apport de compost n’avait pas de résultats marquant en terme de régulation biologique des ravageurs alors que cet effet était flagrant dans des serres où le sol avait été préalablement stérilisé.

Amendement : Le compost amène au sol beaucoup de matière plus ou moins humifiées qui participent à la structuration du milieu et fournissent un habitat aux organismes du sol.

Rôle fertilisant : L’activité biologique du compost consomme une partie du carbone que contiennent les matières fraîches initiales et donc concentre les nutriments, le compost a ainsi un léger effet engrais organique. Effet qui est toutefois beaucoup plus faible qu’avec un engrais organique proprement dit.

Compost versus matière fraîches

Le compost est toujours issus de matières organiques fraîches qui peuvent être très variées : excréments animaux, WC secs, feuilles mortes, tontes de gazon, sciures, épluchures de légumes… Je ne reviens pas sur l’intérêt évident de composter les matières d’origine animale pour les assainir. Si vous avez chez vous des WC sec ou des bêtes dont vous récupérez le fumier pour le potager, le compostage me paraît incontournable. En revanche pour les composés d’origine végétales, c’est moins évident. Deux raisons principales à cela :

  • Le compostage détruit les composés les plus faciles à consommer pour la vie du sol. Et à la fin, il ne reste donc que des composés stables et difficilement attaquable : les organismes du compost se sont servis et n’ont pas laissé grand chose pour ceux du sol… Dommage. Bien sûr cela sera moins vrai si vous utilisez un compost jeune ou réalisé à basse température, mais quand même pourquoi vouloir absolument composter alors que la grande majorité des matières organiques sont applicables directement au sol pour le plus grand bonheur des champignons, vers de terres, cloportes et autres collemboles de votre potager ?
  • De plus le compostage libère une grande partie du carbone contenu dans les matériaux initiaux sous forme de gaz carbonique, voire de méthane si le compostage se déroule dans de mauvaises conditions (anaérobiose). Ce carbone aurait pourtant pu être transformé in-situ et intégré aux matières organiques du sol ou avoir participé au métabolisme de notre cheptel souterrain avant de partir dans l’atmosphère !

Vous l’aurez compris, je ne suis pas du tout un adepte du compostage, je suis même assez réservé sur son utilité agronomique, et je lui préfère d’une façon générale l’application de matières organiques fraîches. Par exemple si vous avez un grand potager paillé avec du foin ou de la paille vous pouvez mettre vos déchets de cuisine directement sous le paillage, sans passer par le composteur. Par contre, il est important alors de les mettre sous le paillage pour deux raisons : esthétique tout d’abord, ce n’est pas très agréable de voir un jardin avec plein de déchets en train de pourrir un peu partout ; agronomique ensuite, car en maintenant l’humidité des déchets, le paillage va faciliter leur minéralisation.

Un autre reproche que je fait au compostage est qu’il oblige à aller chercher de grosses quantité de matières qui n’auraient pas eu besoin d’être compostées pour être valorisées. En effet, l’équilibre matières brune / matières vertes implique d’aller chercher des quantité importantes de feuilles, pailles, BRF… pour équilibrer le compost, alors que ces matières sont utiles soit sur leur lieu de production (cas des feuilles dont la décomposition est très importante pour la santé des arbres dont elles sont issues) soit directement en paillage du jardin.

J’ai bien conscience de bousculer en écrivant tout cela et surtout d’aller à l’encontre d’un des piliers du jardinage bio classique. Je conclue en résumant ma pensée en trois points :

  • Je ne pars en croisade contre le compostage, mais je cherche juste à le remettre à sa juste place : celui d’une très bonne méthode de traitement des déchets organiques que l’on peut pas valoriser autrement.
  • Les composts peuvent tout à fait faire partie des techniques utilisées dans un jardin sol vivant, comme le montre par exemple l’expérience de Jean Marie Lespinasse. Leur intérêt est d’autant plus net que le sol est pauvre en activité biologique.
  • Sur un sol vivant, il est préférable d’utiliser les ingrédients du compost directement en frais au jardin en « compostage » de surface.

Et si vous êtes un adepte du compostage, je vous invite à vous demander pour chaque ingrédient de votre compost, pourquoi l’y mettez et pourquoi vous pensez avoir besoin de compost au jardin et à m’en faire part dans en commentaire ci-dessous ! Que le débat nous enrichisse mutuellement pour des sols toujours plus vivants dans nos jardins !

A tout de suite et au plaisir de vous lire !

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Lecture d'ouvrage

« Collaborez avec les bactéries et autres micro-organismes du sol » de J. Lowenfield et W. Lewis


En ce mois de janvier, j’ai envie de proposer une nouvelle forme d’article sur ce blog, en l’occurrence des lectures d’ouvrage et pour commencer le bal, je vous propose un très bon livre paru aux éditions du Rouergue en 2008 : « Collaborer avec les bactéries et autres microorganismes » par Jeff Lowenfield et Wayne Lewis et traduit de l’anglais par Jean René Dastugues. Le sous titre nous met d’ailleurs bien dans l’ambiance de ce livre passionnant : « Guide du réseau alimentaire du sol à destination des jardiniers ». Oh bien sûr, je ne suis pas à 100% d’accord avec les auteurs, loin de là, mais leur approche de la biologie des sols et leur manière de l’appliquer au jardinage m’apparaît très pertinente sur beaucoup de points. En plus de cela, je trouve le livre bien écrit et agréable à lire malgré le peu d’illustration et l’absence de second niveau de lecture.

Le contenu de l’ouvrage

Sa structure est formée d’une première partie consacrée à la description du sol, essentiellement sous l’angle de la biologie et d’une seconde à la description de pratiques de jardinage censées respecter et tirer partie de cette vie.

  • Première partie : La science de base

Cette première moitié de l’ouvrage est un véritable traité de pédologie, et plus particulièrement de pédobiologie, à destination d’un large public de jardinier pas forcément spécialiste en la matière. Pour autant, même des professionnels ont de quoi y trouver des informations utiles et des connaissances nouvelles en la matière.

Les auteurs entament l’ouvrage en jetant les bases de leur réflexion : les réseaux alimentaires du sol rassemblent des milliards d’organismes dans la moindre cuillère à café  de terre, en particuliers des bactéries et des champignons, mais aussi pléthore d’organismes unicellulaires, comme les algues et surtout les protozoaires et quelques animaux de plus grande taille, dont certains visibles à l’œil nu. Tous ces organismes interagissent et sont tous totalement dépendant de l’action des végétaux qui nourrissent ce petit monde via des exsudats racinaires au niveau de la rhizosphère, cette mince pellicule qui entoure les racines vivantes et qui est extrêmement riche en vie microbienne. Et cette vie microbienne en retour a divers effets positifs directement ou indirectement pour la plante : amélioration de la structure du sol, libération de nutriments, maîtrise des pathogènes, gestion de l’azote. Ce dernier point retient particulièrement l’attention des auteurs  qui mettent en parallèle la forme d’azote majoritaire (nitrates versus ammonium) avec les microbes dominants du système (bactéries vs champignons).

Forts de cette introduction, ils consacrent tout un chapitre à la description physico chimique des sols incluant les mécanismes de la pédogenèse, la texture, la structure…

S’en suivent une soixantaine de pages passionnantes consacrées à la description des différents habitants de nos sols en passant successivement en revue les bactéries, les champignons, les algues, les moisissures visqueuses (myxomycètes), les protozoaires, les nématodes, les arthropodes, les vers de terre, les gastéropodes, et les vertébrés. Impossible ici de résumé ces pages si denses en information. Je puis juste vous dire qu’elles justifient à elles seule la lecture de l’ouvrage, même si, comme c’est mon cas, vous avez déjà de bonnes bases en biologie des sols !

  • Seconde partie : Appliquer la science du réseau alimentaire du sol à l’entretien du jardin

Les auteurs basent leur approche sur la bipolarité évoquée en introduction : Bactéries/champignons et nitrates/ammonium. Dans la nature les écosystèmes pionnier, dominés par les herbacées portent des végétaux qui préfèrent les sols à dominante bactérienne et où l’azote se trouve majoritairement sous forme de nitrates. A l’inverses les écosystèmes très matures, de type forêt primaire portent des végétaux qui préfèrent les sols à dominante fongique où l’azote se trouve majoritairement sous forme ammoniacale. Ceci appliqué au jardin indique par exemple que les annuelles et les légumes préfèrent un ratio champignons/Bactéries (C/B) inférieur à 1, les arbres fruitiers un ratio de l’ordre de 10 à 50, alors que les conifères recherchent un ratio allant de 50 à 1000 suivant les espèces !

Une fois que vous avez fait connaissance avec les réseaux alimentaires de votre sol, il faut mettre en œuvre les techniques qui permettent de jardiner avec ce réseau et non contre lui en le détruisant à par le travail du sol, les engrais chimiques ou les pesticides. Pour cela les auteurs proposent trois outils : le compost, le mulch et les jus de compost.

Le compost, dont ils détaillent les processus de fabrication est vanté pour la quantité de micro-organismes qu’il contient et préconisé justement pour ensemencer le sol en ces organismes.

Le mulch est prescrit non seulement pour limiter l’évaporation et la pousse des herbes ou réguler la température du sol, mais aussi et surtout pout nourrir et abriter la vie du sol. Du coup, le choix de tel ou tel paillis influence le développement de tel ou tel organisme donc permet d’orienter vers des populations à dominante bactériennes ou fongiques suivant le type de culture pratiqué. C’est ainsi que les paillis « vert » (tontes de gazon par exemple) sont plutôt « bactériens » alors que les paillis « brun » (BRF, feuilles mortes…) sont plutôt « fongiques ». L’humidité du paillis entre aussi en ligne compte, puisque plus le paillis est humide plus est « bactérien ».

Les jus de compost sont en quelque sorte des concentrés d’organismes du compost et peuvent être utilisés aussi bien en pulvérisation sur les feuilles qu’en arrosage. L’objectif est ici d’amener les microorganismes bénéfiques le plus rapidement possible là où ils sont utiles. Ces jus sont élaborés à partir de compost ou de lombricompost mis à infuser dans une eau constamment brassés pendant plusieurs jours pour rester en aérobiose. Le jus est ensuite à appliquer dans les 3 jours qui suivent sont élaboration. Le non composteur que je suis a bien noté la petite phrase discrète qui dit que le compost peut être remplacé par des turricules de vers de terre.

Les derniers chapitres du livres sont ensuite des focalisations sur des applications des ces trois outils à la pelouse, dans un premier temps, puis aux vivaces, arbres et arbustes et enfin aux légumes et plantes annuelles.

Mon point de vue sur l’ouvrage

Tout d’abord au niveau des pratiques, j’apprécie beaucoup l’état d’esprit du travail de ces auteurs et dans lequel je me retrouve totalement. En effet, on est ici totalement dans le jardinage sol vivant avec un désir de compréhension des mécanismes biologiques à l’œuvre dans le sol et la mise en œuvre de techniques qui se basent sur la vie du sol pour cultiver des végétaux. En plus leur approche de ce type de jardinage est basée sur un formidable exposé sur la biologie des sols. Toutefois, au niveau des techniques proposées, même ce qu’ils proposent est intéressant je trouve l’exposé incomplet, la thématique couverts végétaux / engrais verts notamment est la grande absente de cet ouvrage.

Le point focal du livre est la bipolarité bactéries/champignons. Que faut-il en penser ? Je reconnais qu’elle m’apporte plus de questions que de réponses, ce qui est en soi très positif ! En effet, dans mon expérience personnelle du potager, je remarque que les techniques qui ont permis de basculer vers un potager productif sont des techniques de paillages cellulosiques qui ont probablement été favorables aux bactéries et ont donc été plus favorable aux légumes annuels que ne l’était le seul BRF. Alors qu’à quelques mètres de là, ce même BRF faisait merveille sur des arbres fruitiers. Toutefois, de nombreuses expériences montrent un apport très positif du BRF sur les légumes, observation difficiles à accorder au cadre théorique proposé dans l’ouvrage.

Toujours par rapport à cette bipolarité et les deux autres qui y sont rattachées : nitrates/ammonium et plantes annuelles/arbres, il est vraisemblable que le modèle soit très simplifié par rapport à ce qu’il est dans la nature où les limites me semblent beaucoup plus floues que ce qui est décrit ici. Sujet fort intéressant que je dois m’efforcer de creuser dans les semaines et les mois qui viennent !

En conlusion, je trouve que c’est un livre qui, malgré les limites probables de son approche, est un ouvrage de référence pour le jardinier « Sol Vivant ». En effet, la qualité de ses exposés sur la vie du sol et la proposition d’un modèle pour domestiquer les réseaux alimentaires du sol, enrichissent grandement nos réflexions sur ces sujets ! Je trouve que c’est un ouvrage à lire absolument !

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En bonus : l’annexe 1 du livre

En guise de résumé de la seconde partie et de guide pour mieux comprendre la démarche des auteurs, voici l’annexe où sont listés les 20 principes « du jardinage avec le réseau alimentaire du sol » :

1. Certaines plantes préfèrent les sols dominés par les champignons, d’autres préfères ceux dominés par les bactéries.

2. La plupart des légumes, plantes annuelles et plantes grasses préfèrent avoir leur azote sous forme de nitrates et se portent mieux dans les sols à dominante bactérienne.

3. La plupart des arbres, arbustes, et plantes vivaces préfèrent avoir leur azote sous forme ammoniacale et se portent mieux dans les sols à dominante fongique.

4. Le compost peut être employé pour inoculer les microorganismes bénéfiques à la vie des sols de votre jardin et introduire, entretenir ou modifier le réseau alimentaire du sol.

5. Répandre du compost avec son réseau alimentaire du sol à la surface du sol va inoculer à ce dernier le même réseau alimentaire.

6. Les matériaux organiques bruns ou fanés soutiennent les champignons ; les matériaux organiques frais et verts soutiennent les bactéries.

7. Le paillis répandu en surface a tendance à être favorable aux champignons ; le paillis incorporé superficiellement a tendance à être favorable aux bactéries.

8. Si vous mouillez et broyez complètement le paillis, cela accélère la colonisation par les bactéries.

9. Les paillis plus grossiers et secs sont favorables à l’activité fongique.

10. Les sucres aident les bactéries à se multiplier et grandir ; les algues, les acides fulviques et humiques et la poussière de phosphate aident les champignons à pousser.

11. En choisissant votre compost au départ et les nutriments que vous allez y ajouter, vous pouvez faire des jus soit fongiques, soit bactériens, ou bien équilibrés.

12. Les jus de compost sont très sensibles à la présence de chlore et de conservateurs dans l’eau de brassage et dans les ingrédients.

13. L’utilisation industriels tue tout ou partie des microorganismes du sol.

14. N’utilisez pas d’additifs ayant de fort taux de NPK.

15. Après une vaporisation ou un arrosage du sol avec des produits chimiques, appliquez toujours du jus de compost

16. La plupart des conifères et des arbres à bois durs forment des symbioses avec des champignons EcM.

17. La plupart des légumes, des plantes annuelles, des plantes grasses, des arbustes, des arbres à bois tendre et des plantes vivaces forment des mycorhizes avec des champignons MA.

18. Le fait de retourner le sol et de déranger de manière excessive détruit ou endommage gravement le réseau alimentaire du sol.

19. Mélangez toujours des champignons MA avec les graines des plantes annuelles et des légumes au moment de les planter ou appliquez-en sur les racines au moment du repiquage.