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« Peut-on se passer du travail du sol », une vidéo-interview de Mon Potager Plaisir

En novembre dernier, Didier de la chaîne youtube Mon Potager Plaisir, a profité d’assister à une de mes formations sur le maraîchage sur sol vivant pour m’interviewer sur la réduction du travail du sol. Ceci a été tourné en une seule prise juste avant de démarrer la formation entre 8h45 et 9h, rapide, mais efficace !

Et bien sûr, c’est l’occasion de découvrir l’excellente chaîne youtube de Didier qui est également maraîcher dans le magnifique département du Cantal.

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actualité Lecture d'ouvrage

Sortie du livre « éloge du ver de Terre » de Christophe Gatineau

Il y a quelques mois, je relayai l’appel de Christophe Gatineau pour sauver le ver de terre, fin septembre, son livre sur le sujet vient de sortir : « Éloge du vers de terre, notre futur dépend de son avenir » paru chez Flammarion.

il s’agit ni plus ni moins que du premier livre de vulgarisation sur le sujet ! incroyable mais vrai ! (oui, je considère que le livre de Marcel Bouché paru en 2014 reste réservé à un public initié). Donc, je vous invite à le découvrir sans plus attendre !

Si vous voulez en savoir un petit plus, voici une petite vidéo de présentation par l’auteur lui même :

Et bien sûr, si vous souhaitez vous procurer l’ouvrage, je vous invite à le faire via la librairie permaculturelle via ce lien : https://librairie-permaculturelle.fr/essais/210-livre-eloge-du-ver-de-terre-christophe-gatineau.html?lpc-jsv3.

(si vous achetez à la librairie permaculturelle via mes liens, vous soutenez l’activité de mon blog, sans dépenser un centime de plus 😉 )

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Jaille Bartas illustre son agriculture du Hérons avec deux petites vidéos


Voilà, tout est dans le titre ! Jaille nous illustre ici ce qu’il pratique dans son jardin du Hérons et qu’il décrit dans son article précédent.

Voici une première vidéo sur sa culture des pommes de terre :

Et une seconde sur sa gestion des mulch :

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Jardinons

Les sols argileux : corrigeons certaines idées reçues !

Le 6 février dernier, Elisabeth Vérame de l’Observatoire des Sol Vivants et moi même étions invité de Patrick Mioulane sur RMC. Je vous partage ce petit moment radiophonique ici.

Voici le lien si vous souhaitez l’écouter : http://rmc.bfmtv.com/mediaplayer/audio/rmc-0602-votre-jardin-7h-8h-301815.html

Cela me fait très plaisir d’être ainsi invité sur un grand média national. Toutefois, j’avoue que je suis un peu resté sur ma fin, car j’ai eu l’impression de devoir faire des réponses « twitter » en 140 caractères avec impossibilité de développer quoi que ce soit. Bon j’exagère un peu car j’ai un peu développer avec la question du premier auditeur.

Et surtout j’ai été très frustré de ne pas avoir la parole lorsque Patrick Mioulane a établi une « ordonnance » pour la culture des sols argileux (voir l’émission entre les minutage 18′ et 19’50 »).  Mais je me dis en même temps que s’il a affirmé tout cela, c’est ce que ce sont des croyances répandues dans le monde du jardinage. Je profite donc de la tribune que je me suis créé à travers  ce blog pour y répondre, même si j’ai déjà écrit récemment au sujet de ce sols, lors de la sortie du livre de Nicolas Larzillière.

Voici (en italique) les prescriptions que Patrick Mioulane propose à l’auditrice et ce que j’en pense (en graphie normale)

Si le sol est marécageux, il faut drainer. Oui, en effet, d’ailleurs les fameuses buttes permanentes sont une façon de réaliser cela, mais il n’y a aucun rapport entre marécage et sol argileux, on peut tout à fait avoir un sol sableux et marécageux.

– Avantages : garde bien les éléments nutritifs. Tout à fait vrai !

– Apports organiques pour aérer la terre et conserver les éléments. Je suis d’accord avec cela, cela dit une réflexion sur les matières à apporter est nécessaires. Personnellement ma préférence va aux apports de foin ou autre matière fraîche riche en cellulose et susceptible de faire le bonheur des vers de terre. Quant au fait que les matières organiques aident à garder les éléments nutritifs, là encore, c’est vrai, mais dans un sol argileux, ils sont de toute façon bien retenus, cette propriété est donc surtout intéressante en terre sableuse.

– Les sols argileux sont généralement acides donc chaulage tous les 2/3 ans. Là, je sais pas d’où ça sort. Au contraire, les terres qui donnent des sols argileux sont des roches de type marne, molasse, calcaire… qui sont toutes des roches calcaires ! Bien sûr, il existe des argiles acides, je pense notamment aux argiles dites « de décarbonatation » issues à l’origine de roches calcaires et dans lesquelles le calcaire a été entièrement dissous et évacué en profondeur. Mais ce n’est pas la majorité des cas, très loin de là. En général, les sols acides se développent sur des alluvions sableuses, des granits, des gneiss… qui donnent des sols plus ou moins sableux, et en aucun cas des sols argileux ! Cette affirmation est donc fausse.

– Apports de sable grossier. Bon là, il faut reprendre le triangle des textures :

triangle2textures

 

Que voit-on sur ce schéma :

  • Tout d’abord l’énorme zone hachurée qui prend à peu près tout la moitié supérieure du triangle et qui représente les textures considérées comme argileuses, donc collantes, lourdes… Notons que cela correspond aux terres contenant grosso-modo plus de 30% d’argiles.
  • A l’opposé les textures sableuses n’occupent qu’un petit triangle bleu en bas à gauche… En mélange avec des limon, il faut au moins 70% de sable pour avoir une texture sableuse (ou plus exactement sablo-limoneuse) et il en mélange avec des argiles, c’est plus de 85% qu’il faut pour avoir une telle texture !

Qu’est ce que cela signifie ?

Eh bien tout simplement que l’argile influe beaucoup plus la texture d’un sol que le sable. Donc en amenant du sable dans un sol très lourd, il faudrait en amener des quantités énormes pour avoir un effet sensible.

Prenons un exemple : Nous avons un sol de 50 cm de profondeur qui a une texture correspondant au point rouge sur le triangle des texture On part donc d’une terre argileuse qui a 40% d’argiles, 30% de limon et 30% de sables. Quel quantité de sable faudrait-il apporter pour l’amener au point orange de texture dite équilibrée ? Ici, 50 l de sable par m² suffiront, soit 5 m3 pour un potager de 100m², bon ça fait déjà une sacré quantité, tout cela pour avoir finalement une texture quand même encore très proche des textures argileuses. Et en plus, il faudra briefer les vers de terre pour qu’ils ne nous amènent pas le moindre grain de sable en dessous de 50 cm, sinon gare ! et je n’ai aps parlé du chantier pour enfouir tout ce sable…

Bref, c’est un chantier pharaonique pour pas grand chose à l’arrivée, donc on évite, surtout si on veut cultiver un sol vivant !

– Fertilisation au phosphate naturel. Là encore, cela n’est pas propre aux terres argileuses. D’ailleurs les terres les plus pauvres en phosphore sont le plus souvent sableuses, comme les sables des Landes par exemple. Et certaines roches donnant des sols argileux sont parfois très riches en phosphores, comme les basaltes. Ceci est donc à voir au cas par cas et n’est pas si intéressant au final car un sol vivant et organique est tout à fait capable d’amener le phosphore aux plantes selon leurs besoin notamment via les mycorhizes.

– Travail profond. Bon, vous connaissez ma position sur ce thème, je vous fait pas un dessin… en plus, je rappelle que les terre argileuses sont les plus aptes à accueillir de fortes populations de vers anéciques qui travaillent le sol pour nous et bien mieux que nos outils. Notre action devrait donc se borner à leur faciliter la vie en préservant leur milieu de vie et en les nourrissant avec des résidus riches en cellulose !

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Un peu de théorie

Les cinq enseignements que j’aurais aimé recevoir de Charles Darwin pour favoriser les vers de terre dans mon jardin

Que vient faire Charles Darwin dans un blog sur le jardinage ? En effet cet immense savant, sans doute un des plus grands de tous les temps, est surtout connu pour ses travaux sur l’évolution des espèces. Mais ce n’est pas là sa seule contribution à l’avancée des connaissances : Il est aussi le tout premier à s’être intéresser à ces animaux à priori insignifiant que sont les vers de terre ! Il s’y est même intéressé dès les années 1830, même si son ouvrage sur le sujet ne paraît qu’en 1881. Il est donc le tout premier à avoir décrit ces animaux et surtout à avoir compris l’impact exceptionnel qu’ils ont sur le sol et son fonctionnement.

Avant d’entrer dans les enseignements que son travail apporte au jardin, je fais quelques petites précisions sur ces petites bêtes :
Il existe trois principaux de type de vers de terre dans nos jardins :
– Les vers de surface (aussi appelés vers de compost car ils prolifèrent dans les composts) ;
– Les vers endogés qui vivent uniquement sous terre dans des galeries horizontales ;
– Les vers anéciques qui vivent sous terre dans des galeries verticales et qui remontent en surface pour se nourrir.

Ce que je vais expliquer dans cet article concerne surtout les anéciques et, dans une moindre mesure, les endogés qui sont les seuls vers à creuser des galeries et à ingérer la terre. Je ne veux bien sûr pas dire là que les vers de surface sont sans intérêt, au contraire ! Il faut simplement comprendre que leur rôle est celui des recycleurs de la litière de surface, à l’instar de la grande majorité des autres animaux du sol (collemboles, acariens, mille pattes, cloportes, gastéropodes…)

Les cinq enseignements que je vous partage ici concernant ces vers souterrains sont les suivants :
– Ne plus travailler le sol ;
– Mettre à profit leurs galeries pour remplacer le travail du sol, optimiser l’irrigation et favoriser la prospection des racines ;
– Les nourrir en amenant de la cellulose ;
– Ramener au sol les matières vertes produites au jardin ;
– Mettre à profit leurs déjections pour optimiser la fertilisation des cultures.

Premier enseignement : ne plus travailler le sol

Les vers de terre vivent dans la terre, dans des galeries qu’ils ont eux-mêmes creusé en ingérant la terre située devant et en la rejetant derrière eux après avoir prélevée les nutriments qui les intéressent. Lorsqu’on bouleverse le sol, on vient détruire ces galeries et parfois même les vers de terre eux même. Les outils les plus destructeurs sont bien sûr les outils à socs, comme la charrue ou le motoculteur qui tuent les vers qui ont le malheur de se trouver sur leur passage et qui détruisent leur habitat et aussi le garde-manger de ceux d’entre qui remontent en surface pour se nourrir.
Ne plus travailler le sol permet donc tout simplement d’épargner la vie et l’habitat de ces petites bêtes.

 

Le travail intensif du sol a complètement éliminé les vers de terre de ce sol et sa qualité s’en ressent au vu de cette surface minérale durcie et presque imperméable à l’eau.
Le travail intensif du sol a complètement éliminé les vers de terre de ce sol et sa qualité s’en ressent au vu de cette surface minérale durcie et presque imperméable à l’eau.

 

Deuxième enseignement : mettre à profit leurs galeries pour remplacer le travail du sol, optimiser l’irrigation et favoriser la prospection des racines

Bien sûr, remplacer le travail des outils (bêche, motoculteur, grelinette…) n’est pas toujours si simple. Je renvoi pour cela à lecture d’article de mon blog qui traitent ce sujet plus spécifiquement, comme celui-ci ou celui-là. J’insiste ici seulement sur le fait qu’en forant le sol de part en part de leurs galeries, les vers de terre endogés et anéciques l’aèrent bien mieux et beaucoup plus en douceur que n’importe quel outil.
Ce travail du sol est ainsi répartit sur tout le profil du sol et consiste en des galeries de quelques millimètres de diamètre dans lesquels l’eau, l’air et les organismes du sol circulent aisément.
En cas de pluie, même très violente, l’eau s’infiltre très rapidement à travers ce réseau de drainage naturel, évitant ainsi le ruissellement et l’érosion en surface. Une fois que les galeries sont remplies d’eau, celle-ci se diffuse par capillarité à l’ensemble du sol. Les vers de terres nous aident donc à valoriser au mieux l’eau qui tombe du ciel, aussi bien que celle qui tombe de nos arrosoirs. Ils sont une aide précieuse pour optimiser l’irrigation. En plus le sol criblé de galeries s’humectant par le bas (au fur et à mesure que les galeries se remplissent), cela incite les racines à explorer le sol en profondeur.

Ce profil de sol montre l’importance des galeries de vers de terre dans l’aération du sol !
Ces galeries sont également de voies privilégiées pour le développement des racines des plantes qui se frayent ainsi un passage très facilité vers les couches de sol profond et plus humide que la surface.

Racine dans une galerie de ver de terre.
Racine dans une galerie de ver de terre.

Troisième enseignement : nourrir les vers de terre en amenant de la cellulose (foin, feuilles…)

La nourriture préférée des vers de terre se compose de matériaux riches en cellulose, comme de herbes ou des feuilles. Afin de les nourrir efficacement, il faut leur apporter cette nourriture en abondance, cela peut être facilement réalisé avec un apport de foin ou de feuilles mortes. En revanche, de la paille ou du BRF sont beaucoup plus ligneux et donc moins intéressant pour nourrir les vers de terre. Il se peut toutefois que vous observiez plus de vers de terre sur un sol paillé avec ces matériaux que sur un sol nu avoisinant, mais c’est plus dû à un meilleur maintien de l’humidité par ces matériaux qu’à leur capacité à être consommés par les vers.

Un mulch de foin : rien de tel pour nourrir notre élevage souterrain de vers de terre !
Un mulch de foin : rien de tel pour nourrir notre élevage souterrain de vers de terre !

Si ces matériaux naturels venaient à faire défaut chez vous, vous avez également la possibilité d’utiliser des papiers et des cartons (les choisir marron et sans inscription et en retirer les scotchs éventuels). Ces matériaux sont de la cellulose quasiment pure et peuvent donc nous aider à nourrir les vers de terre en plus de nous aider à limiter l’enherbement sans aucun travail du sol.

Quatrième enseignement : ramener au sol les matières vertes produites par le jardin

Bien sûr de telles matières riches en cellulose poussent directement dans le jardin, c’est ainsi que la plupart des résidus de culture, que ce soit au potager ou au jardin sont une nourriture de choix pour nos hôtes préférés ! Ramenez donc au sol toutes les matières végétales que vous ne récoltez pas !
En plus, vous pouvez aussi faire des cultures exprès pour les nourrir : ce sont les couverts végétaux qui, après destruction, ramènent une grande quantité de matières vertes au sol, les vers se délectent de celles-ci. Nourrir efficacement les vers de terre est donc un des multiples effets positifs des couverts.
En ramenant ainsi systématiquement au sol vos résidus de cultures et de couverts végétaux vous d’entretenez tout au long de l’année le garde-manger de nos amis souterrains ! C’est encore plus intéressant pour eux qu’un apport massif de foin une fois par an !

Un couvert végétal fin avril.
Un couvert végétal fin avril.
La végétation qu’il laisse au sol après destruction.
La végétation qu’il laisse au sol après destruction.
Le sol deux semaines plus tard : les dix premiers centimètres sont remplis de turricules de vers de terre…
Le sol deux semaines plus tard : les dix premiers centimètres sont remplis de turricules de vers de terre…

Cinquième enseignement : Mettre à profit leurs déjections pour optimiser la fertilisation des cultures

Les déjections des vers de terre sont un peu particulières, on les appelle turricules et c’est un mélange intime de terre (ils ingèrent de la terre pour creuser leurs galeries) et de matières organiques. Le tout très enrichit en micro-organismes (bactéries, protozoaires…).
Cette richesse en micro-organismes permet de rendre les éléments minéraux dont les plantes ont besoin d’être plus accessible dans les déjections des vers de terre que dans le sol environnant. En conséquence un sol riche en vers de terre permet de réduire la fertilisation des plantes ! Bien sûr il est très difficile de quantifier cet effet, mais il participe au fait que les jardiniers qui travaillent avec un sol vivant ont moins besoin de fertiliser que les autres !

Turricule de vers de terre.
Turricule de vers de terre.
Un ver de terre en train de déféquer : le début de la formation d’un turricule
Un ver de terre en train de déféquer : le début de la formation d’un turricule

En conclusion, ce cher Darwin avait donc vu juste : parmi les milliers d’animaux qu’il a étudiés, il a bien compris que ceux sont particulièrement importants dans le fonctionnement de nos sols et donc extrêmement utiles au cultivateur, qu’il soit céréalier ou jardinier sur quelques mètres carré ! Cela grâce au forage incessant du sol qu’ils réalisent et grâce à la richesse biologique et chimique de leurs déjections. Bien sûr pour bénéficier de tels effet, il faut respecter leur habitat en travaillant le moins possible le sol et les nourrir avec toutes sortes de matières riches en cellulose. Matières que l’on peut apporter ou bien produire sur place !

Je vous souhaite bonne mise en œuvre de ces conseils pour 2015 !

Pour aller plus loin sur les vers de terre :

Des vers de terre et des hommes : Découvrir nos écosystèmes fonctionnant à l’énergie solaire Par Marcel Bouché

Cet article participe à l’événement inter-blogs « Les 5 choses que j’aurais aimé que l’on me dise avant de commencer mon potager » organisé par le blog PotagerDurable.
Pour découvrir ce qu’ont écrit les autres blogueurs, cliquez sur ce lien :
Voir la liste des articles participants.

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Recensons les vers de terre de nos jardins !

Je viens tout juste de recevoir cet appel plutôt sympa émanent de la chaîne de télévision ARTE:
il s’agit ni plus ni moins que de participer à la deuxième campagne de cartographie des vers de vers de terre! Plus précisément, il s’agit de recenser les vers de terre de nos jardin, forêts, prairies… de les identifier grosso modo et d’envoyer des photos.
Pour ce faire, il suffit de se rendre sur le site des missions de printemps d’ARTE et de s’y inscrire, nous avons jusqu’au 31 mars pour partager nos observations.

La fiche de cette mission est disponible à cette adresse:
http://missionsprintemps.arte.tv/system/pdf/01_fiche_protocole_VersdeterreOK.pdf
et la fiche de détermination est ici:
http://missionsprintemps.arte.tv/system/pdf/fiche_determination_versdeterre.pdf
Je me suis déjà inscrit, j’espère pouvoir y participer, mais pour cela, il faudrait que le ciel se décide quand même à humidifier notre terre sud-ardéchoise, c’est pas gagné…
Je vous invite bien entendu à faire de même et à partager vos observations aussi ici, dans les commentaires ci dessous! Et là, bien sûr, pas de limite de date pour les poster!
Alors bonne mission vers de terre!

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Un peu de théorie

Rôle agronomique n°2 : la structuration des sols

L’activité incessante de la pédofaune, qu’il s’agisse des détritivores évoqués dans l’article précédent ou de leurs nombreux prédateurs (insectes, araignées, acariens, « mille pattes » de l’ordre des chilopodes, petits mammifères…) a un impact fondamental sur l’organisation du sol. La grande majorité de ces organismes vivant en surface, celle ci se retrouve fortement aérée par le brassage permanent effectué notamment par les petits animaux (vers, collemboles, acariens, insectes, « mille pattes »…). d’autres animaux circulent entre la surface et les profondeurs du sol, ils sont donc responsable de création de tout un réseau de galerie qui aère le sol sur toute sa profondeur et facilite l’infiltration des eaux de pluie, il s’agit surtout des vers de terre, des fourmis, des termites (surtout en milieu tropical), et des mammifères terricoles.

Observez la structure de ce sol forestier : la rondeur de ses agrégats, surtout dans la partie supérieure (la plus sombre) indique leur origine biologique.
Vu depuis la surface, un sol vivant présente de très nombreux pores en surface qui assurent une bonne infiltration de l’eau de pluie ou d’irrigation.

Les champignons ont également un impact majeur sur la structure du sol, en effet leur mycélium forme un réseau dense de filaments qui emprisonne des particules de terre, favorisant et stabilisant ainsi une structure aérée. De plus, ils sécrètent souvent des composés collant ont un rôle majeur dans la stabilisation de la structure du sol. C’est notamment le cas des champignons mycorhiziens, qui vivent symbiose avec les végétaux (lire l’article qui leur est consacré) et qui sécrètent une molécule appelée glomaline, reconnue comme responsable en grande partie de la stabilité de la structure des sols.

agrégat de terre « emprisonné » et stabilisé par le mycélium blanc bien visible sur la photo

Une structure aérée et stable couplée à tout un réseau de galerie est une caractéristique essentielle d’un sol fertile. En effet, l’aération de surface et les galeries facilitent l’infiltration de l’eau et donc l’alimentation hydrique des cultures, ceci a pour conséquences, non seulement de réduire la nécessité d’irriguer, mais aussi de diminuer le ruissellement de surface et donc la sensibilité du sol à l’érosion ! De plus la stabilité de la structure en surface évite la formation de croûte de battance sous l’effet des pluies violentes et de l’irrigation, ce qui, là encore, est favorable à la réduction du ruissellement. L’aération du sol facilite également la circulation de l’air et donc de l’oxygène, ce qui est favorable à la bonne santé des racines de végétaux, racine dont le développement est aussi plus facile dans un sol aéré !

Une belle structure « forestière » au potager, c’est possible! La preuve!

L’agriculture moderne a cherché à remplacer le travail de ses organismes par le travail de l’outil, mais les résultats sont souvent contraire aux attentes, car les tracteurs et les labours profonds compactent les sols en profondeur et l’aèrent à excès en surface, ce qui provoque une perte de matière de matière organique, une forte évaporation de l’eau, la mort de nombreux organismes du sol et une structure de moins en moins stable, donc de plus en plus sensible à l’érosion (hydrique et éolienne), à la battance et de moins en moins capable d’infiltrer l’eau et de porter des cultures en bonne santé. Le travail structurant des organismes du sol est irremplaçable !

Sol dégradé par un travail du sol inadapté : la partie inférieure (claire et compacte) est une semelle de labour, alors que l’horizon supérieur est structuré uniquement mécaniquement et présente des agrégats anguleux et instables
L’impact des gouttes de pluies sur un sol à la structure instable créé une croûte superficielle dite de battance. L’eau pénètre mal à travers cette croûte et tend à ruisseler voire à provoquer de l’érosion. Un sol structuré biologiquement est moins sensible à ce type de problème qu’un sol structuré mécaniquement et pauvre en activité biologique.
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La pédofaune et le lombricompost

La vie du sol… Mais qui donc se cache sous ce terme générique ? Beaucoup de monde en fait : bactéries, algues, protozoaires, champignons, animaux. A notre échelle, les plus faciles à observer sont les plus gros, donc ces derniers.

Pour mieux faire la connaissance de ces animaux du sol qui sont regroupés sous le terme de pédofaune, je vous invite à  vous éloigner des sols de vos potager pour vous rapprocher d’un objet de plus en plus fréquent dans nos jardins, caves, ou même maisons et appartements : le lombricomposteur. En effet, les animaux au travail dans ce dispositif sont tous des animaux du sol, mais ils sont beaucoup plus facile à observer ici que dans leur milieu naturel. Allons donc à la rencontre des lombrics épigés, des enchytréides, des collemboles et autres acariens si fondamentaux dans le fonctionnement des sols et si facile à observer sur le plastique noir du lombricomposteur.

Cliquez sur les images ci-dessous pour les agrandir, il y en a bien besoin pour voir les petites bêtes dont je parle ici !

Sur cette première photo, on voit bien évidement l’animal qui donne son nom au lombricompost, c’est à dire un ver de terre. Toutefois, ce n’est pas lui qui, dans les sols, brasse inlassablement la terre de bas en haut en laissant en surface ces fameux « tortillons » de terre, ou « turricules », dont la composition est beaucoup plus riche que le sol environnant. Non, celui ci se contente de vivre dans la litière, au milieux des matières organiques plus ou moins fraîches, il se classe parmi les vers de terre dit « épigées », ceux vivant tout le temps en surface. Leur rôle dans le sol est de brasser et fragmenter ces matières organiques, facilitant ainsi leur transformation par les champignons ou les bactéries (dans le cas du lombricompost, il s’agit plutôt de bactéries). D’ailleurs les rôles des autres animaux que je présente ci dessous sont tout à fait similaires, et pour cause, nous sommes dans un milieu plein de matières fraîches, riches en plein début de biotransformation.

Les petits vers blanc et allongés visibles en grand nombre sur cette photo sont des cousins des précédents, comme eux, ils font partie de l’embranchement des vers annélides. Il s’agit d’enchytréides. Dans les sols, ils sont surtout présents dans des litières relativement acides dans lesquelles l’activité biologique est réduite et dominée par les champignons. Au potager, ils sont très marginaux, par contre, ils sont très présents dans certaines forêts, en particulier sous résineux et en climats plutôt froids.

La photo est légèrement floue, je vous pris de m’excuser, mais ce n’est pas facile de prendre des photos nettes sans flash dans la cave obscure et exigüe de ma charmante compagne. Ici deux animaux apparaissent à la surface de ce sac en papier emplit de déchets de cuisine : les collemboles et les acariens.

Les collemboles sont les petits points blanc allongés. Il s’agit d’arthropodes proches des insectes. En fait, ces animaux sont des sortes d’insectes archaïques qui existent depuis au moins 380 millions d’années. A l’instar des insectes, ils ont 3 paires de pattes, mais contrairement à eux ils ne présentent pas de forme larvaires et aucune espèce n’est pourvue d’ailes… Par contre de nombreuses espèces de collemboles possèdent une « furca », sorte de catapulte situé à l’arrière de leur corps et grâce à laquelle ils peuvent faire des sauts de plusieurs centimètres et ainsi échapper à des prédateurs. Ils sont parmi les animaux les plus nombreux dans un sol riche en matières organiques en décomposition (typiquement : la litière forestière). De nombreux collemboles sont fongivores (se nourrissent de champignons), mais d’autres sont carnivores ou encore détritivores (se nourrissent de matière organique en décomposition) comme ici.

Les acariens sont un vaste ordre voisin des araignées. Ils partagent avec ces dernières le fait d’avoir 4 paires de pattes, mais leur corps n’est pas segmenté : les araignées ont une « tête » (céphalothorax) et un abdomen bien distinct, ce qui n’est pas le cas des acariens. De plus, si les araignées sont toutes carnivores, les acariens présentent des types biologiques beaucoup plus diversifiés : carnivores, bien sûr, mais aussi herbivores, comme les fameuses « araignées » rouges que connaissent bien les jardiniers, parasites, comme les tiques, ou encore détritivores, comme les petites bêtes brun rouges que l’on distingue ça et là sur la photo ci dessus et aussi sur la photo précédente où on en voit des petits amas se blottir dans les trous du couvercle du lombricomposteur.

Bien sûr le portrait de la pédofaune que je dresse ici est très partiel, il y manque les autres vers de terres, ceux qui creusent le sol de leurs galeries, les cloportes, les mille pattes, les araignées, les nématodes et bien d’autres. J’y reviendrai plus en détail dans un prochain article. En attendant, je vous propose d’observer votre lombricomposteur, votre compost, votre sol à la recherche des animaux que je viens de vous présenter afin de mieux les apprivoiser dans votre quotidien.

A très bientôt et bon noël !