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épisode cévenol, crues, érosion et sols vivants

Petit retour sur mon dernier voyage au Chili :

Vue du désert de l'Atacama (Chili) après 4 ans de sécheresse.
Vue du désert de l’Atacama (Chili) après 4 ans de sécheresse.

Bon, je dois être fatigué, je ne suis jamais allé au Chili (même si ce pays ne manque certainement pas d’attraits), cette photo a été prise en Ardèche méridionale, dans la vallée de la Claysse, et l’état de ce sol n’est pas dû à une sécheresse mais à une crue historique. En effet le 13 septembre 2015 nous est tombé sur la tête un déluge comme on n’avait pas vu depuis Noé ! Enfin, bon, de mémoire d’ancien, lé dernière crue comparable date de 1951, à part que là on est monté encore plus haut (Noé c’était il y a 4289 ans, donc j’exagère peut être un peu). Toujours est-il que voici ce que j’ai découvert le 14 au matin (outre le fait que je n’avais plus d’internet jusqu’à ce matin…) :

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La rivière encore en crue (visible au fond) et un champ quelque peu amoché par les flots torrentiels.

En gros 5 à 10 centimètre de terre « fertile » emportés qui révèle le niveau du dernier travail du sol réalisé (probablement le semis du blé en octobre 2014, semis effectué sur un sol humide, donc très sensible à la compation et à la formation de semelles d’outils). Un peu plus loin, on voit même les détails des manœuvres du tracteur lors de cette opération :

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la semelle de semis mise à jour par les flots de la Claysse.

Les racines de la haie qui longe le champ sont à présent à l’air libre !

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Les racine de la haie /ripisylve voisine mis à l’air.

Dans les vignobles, c’est le même topo, même si la terre sur le rang, sans doute mieux structurée et protégée par les ceps a mieux résisté :

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érosion par la crue dans un vignoble.

Et la terre « fertile » on la retrouve ça et là, par exemple dans ce chemin creux, qu’on devra désormais considérer comme un chemin creux comblé :

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Accumulation de terre dans un chemin creux.

D’ailleurs cette terre n’est pas perdue pour tout le monde, dans certains champ, elle s’est au contraire déposée, comme ici :

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Accumulation de terre en bordure d’un champ plus en aval.

Mais alors la question se pose : est-ce que certaines terres ont mieux résisté que d’autres à l’érosion due à cette crue ? Voyons ce qu’il en est d’un champ encore en culture à cette période de l’année.

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Champ de sorgho : pas mieux que la terre nue…

Bon, en fait, quand la terre est déstructurée, ça fait pas mieux lorsqu’elle est couverte que lorsqu’elle est nue… Voyons un peu plus loin, cette fois c’est un champ de tournesol envahi par l’ambroisie :

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Champ de Tournesol envahi par l’ambroisie : encore beaucoup d’érosion même si le couvert dense a un peu protégé la terre.

Là c’est à peine mieux, certes, le couvert végétal un peu plus dense (merci l’ambroisie) a un peu protégé le sol mais l’érosion est quand même encore très visible.

Juste à côté, voici une friche qui s’est développée sur une zone de travaux effectués il y a 3 ans pour la construction de digues :

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Érosion et dépôts de graviers dans la friche.

Là, dans les zones de terre nue, c’est toujours le même spectacle, sauf que quand même, dans les zones abritées par des touffes d’herbes, un peu de gravier s’est déposé à la fin de l’inondation, c’est toujours ça de gagné ; et dans les les zones enherbées de graminées, la terre semble avoir tenu.

Finissons ce petit tour par une prairie permanente :

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Prairie permanente une semaine après avoir été noyée sous plus d’un mètre de flots torrentiels.

Là c’est plus encourageant, les plantes ne sont pas déchaussées, à première vue, pas de trace de d’érosion, tout semble avoir tenu, regardons d’un peu plus près.

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Les turricules sont encore là !

Eh bien, les turricules de vers de terre qui tapissent la surface de cette prairie sont encore là, comme quoi lorsque le sol est vivant, même dans les quelques endroit où on a encore quelques centimètres carré de sol nu, ça a tenu malgré la violence de la crue ! Si vous doutiez de la résistance d’un sol vivant, voilà une belle illustration ! D’ailleurs, il me semble qu’autrefois les terres en bordure de cours d’eau étaient soit en forêt, soit en prairie, il y avait peut être une raison à cela…

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La permaculture de 1978 à nos jours, le prochain livre de Christophe Gatineau

Notre ami Christophe Gatineau va bientôt sortir le deuxième livre de sa trilogie entamée l’année dernière avec « Aux sources de l’agriculture, la permaculture » voici comment il le présente :

Encore un livre sur la permaculture… – En effet, la littérature sur le sujet est nombreuse parce que le marché est porteur… Hormis quelques rares, tous racontent à peu prés la même chose !

Et le vôtre sera différent ! – J’ai attendu plus de 30 ans avant de publier sur le sujet parce que l’horloge de la Terre et de la Nature ne tourne pas à la même vitesse que la nôtre. Elle est très lente et pour nous les êtres humains, c’est difficile d’avoir du recul. Donc il faut pendre son temps parce que comme pour un bon vin, le temps affine et mature…

C’est un problème de manquer de recul ?Le recul permet d’avoir une vision globale :  c’est le seul bénéfice de l’âge ! De la même manière, quand vous êtes à vélo, il est conseillé de regarder autour de vous plutôt que de rouler la tête dans le guidon…

Brièvement, quel était l’objet du premier ? – L’objet du premier volume était de débroussailler le terrain et de contextualiser la permaculture par rapport aux sources de l’agriculture.

Aux sources de l’agriculture ! – La raison est simple : la permaculture est à sa naissance «  un système d’agriculture pérenne » dixit Bill Mollison ; même si aujourd’hui, elle a évolué. Et avec ce nouvel ouvrage (la permaculture de 1978 à nos jours), je m’étends de la naissance du mot à ces deux courants qui font la permaculture actuelle : l’historique appuyé sur la permanence de l’agriculture et le moderne basé la conception.

Est-ce important pour vous de publier sur ce sujet ? – Oui car c’est avant tout, la publication de mes travaux de recherche sur la permaculture et l’agriculture, mais également sur les savoirs anciens et indigènes. Mon intérêt pour cette discipline et les vieux savoirs remontent à la fin des années 70 quand j’étais encore au lycée agricole…

Quelle est l’erreur la plus courante en permaculture ? – Comme pour l’agriculture, s »imaginer que c’est facile. Qu’il suffit de prendre un livre de recettes pour reproduire… Sur le papier ça paraît très simple, c’est après que ça se complique, sur le terrain.

Quelle est votre plus grande joie ? – Des retours positifs et encourageants comme il y a quelques jours : recevoir un mail de Terre et Humanisme où l’un des auteurs du manuel des jardins agroécologiques m’écrit son enthousiasme et me dit qu’il n’a jamais autant ri à la lecture d’un livre sur le jardinage,

ou apprendre que mon livre a été cité comme une référence dans un lycée agricole, ou encore lorsqu’un lecteur m’écrit parce que j’ai bouleversé ses appris… Tout cela m’a encouragé à écrire ce second volume.

Edit du 4/05/2015 :

Le livre est désormais sorti, je l’ai mis sur la page des ouvrages auquel j’ai contribué. vous pouvez également visiter le blog de Christophe : lejardinvivant.fr.

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Parlons un peu du livre de Christophe Gatineau sur la permaculture !

Il y a quelques semaines, je vous annonçais la sortie du livre de Christophe Gatineau « Aux sources de l’agriculture, la permaculture« .

Je reconnais qu’en lisant ce livre, je n’ai pas vraiment compris à qui s’adressais l’auteur ni dans quel but. Je me suis senti un peu démuni en le refermant, comme si j’avais écouté une réflexion approfondie sur un thème sans que je puisse rien en faire… Pourtant la réflexion sur l’agriculture en général, son évolution, sur la place de la permaculture qui, selon Christophe, a toujours existé et qui est en fait une redécouverte de qu’a toujours été l’agriculture.

Je vous partage aujourd’hui deux vidéos qui donnent sur son livre un point de vue complémentaire de ce qu’il écrit dans le livre. En plus on voit aussi des images de son jardin !

La première est une vidéo d’une interview réalisée par Moilamain, lui même formateur en permaculture à l’écocentre du Périgord :

La seconde est une vidéo courte et très professionnelle réalisée par l’éditeur :

Si vous avez lu l’ouvrage ou si vous le découvrez à travers ces vidéos, vos commentaires sont les bienvenus pour lancer le débat et continuer ici la discussion !

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« Les plantes malades des pesticides » de Francis Chaboussou, article de Bernard Jezequel

Cet été, Bernard avait laissé un commentaire dans la boutique de ce site pour nous faire découvrir un livre que je connaissait et qui en effet valoir son besant d’or: Les Plantes Malades des Pesticides de Francis Chaboussou. Je lui ai proposé de nous écrire un texte pour nous partager sa lecture de cet ouvrage et le voici:

Francis Chaboussou a déjà le mérite d’appeler un chat un chat.
Le titre de son ouvrage est particulièrement explicite et il ne se tortille pas en parlant de produits phytosanitaires. Non ! Chaboussou parle de pesticides.Ce qui est déjà beaucoup plus clair et met chacun devant ses responsabilités.

Chacun a déjà entendu parler des dégâts causés par les pesticides sur la santé humaine.
(Sinon il faut visiter le site « générations futures »).
Et ceci, malgré le tir de barrage des multinationales vendeuses de ces produits, appuyées trop souvent par les organismes nationaux ou européens censés veiller sur la santé des populations mais qui semblent bien éloignés de leur vraie mission(« Le déni de l’EFSA sur la perturbation endocrinienne est de notoriété publique comme l’a prouvé sa défense des usages alimentaires du Bisphénol A et de la dose journalière admissible (DJA) toujours en cours »,).

Ce qui se passe ces jours-ci autour du professeur Seralini et de ses recherches est tout à fait significatif.
Pas touche au grisbi.Et tout sera bon pour détruire un dossier et une réputation.

Mais le sol et les plantes aussi sont malades des pesticides ! Francis Chaboussou le démontre .

« Il montre,comme l’indique François Veillerette,que le recours massif aux pesticides crée des fragilités chez les plantes (et dans les sols) qui vont conduire …à augmenter encore l’usage des toxiques pour tenter de réduire les nouveaux dégâts causés par cette fragilité. »
Ca ne vous donne pas le vertige ?
Je provoque des dommages et j’ai la solution, je suis le sauveur (au moins pour un moment). Les alchimistes cherchent depuis toujours à transformer tout ce qu’ils touchent en or.Eh bien çà y est !! Les fabricants de pesticides ont trouvé la formule !!

Mais Francis Chaboussou nous apporte aussi beaucoup d’informations qui peuvent nous aider dans nos jardins et nos cultures sans avoir recours à ces poisons .
Il insiste sur la santé du sol, sur l’importance de le faire vivre correctement, sur l’alimentation adéquate de la plante par le sol (sans poisons chimiques) pour parvenir à obtenir des plantes et des récoltes saines, rejoignant ainsi les préoccupations des promoteurs et usagers de ce site.

Il y a plusieurs années que je recherchais ce livre qui est régulièrement cité par de nombreux auteurs.
Il vient d’être réédité. Lisez-le ! Il n’est pas nécessaire d’être ingénieur pour le faire.

Les Plantes Malades des Pesticides de Francis Chaboussou, Editions d’Utovie, 2011.

Et en post scriptum de cet article, je vous invite à regarder un des derniers TCS (n°68, juin juillet 2012), revue écrite par et pour des agriculteurs pourtant utilisateur de pesticides, le dossier sur le glyphosate avec des données qui vont exactement dans le même que ce que nous présente Bernard ici avec ce livre !

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politique

La loi sur les semences de ferme: une menace sur notre sécurité alimentaire!

Je n’ai pas l’habitude de tenir un discours de militant politique, mais l’actualité nous rattrape et une loi votée le 28 novembre dernier par le parlement français m’amène à écrire le texte qui suit.

Qui se doute que la loi sur les semences récemment voté aggravera le risque d’insécurité ? Cette loi est-elle en conformité avec les principes de durabilité que tout le monde est en droit de voir appliquer ? Il est fortement permis d’en douter !

Que s’est-il passé exactement le 28 novembre ?

Tout simplement le vote d’une loi qui oblige les agriculteurs français à se mettre en conformité d’un règlement européen datant de 1993. Celui-ci stipule que tout agriculteur qui réutilise une partie de sa récolte pour la ressemer, c’est-à-dire qui utilise de la « semence de ferme », devra payer une redevance, fixée pour le moment à 3€/ha et destinée à financer la recherche (comprendre : les multinationales de la semence). Plus précisément, cette redevance, dite « contribution volontaire obligatoire » (sic !) s’applique pour 21 espèces en plus du blé tendre (espèce pour laquelle elle était obligatoire depuis 2001), pour peu que la semence utilisée aie été sélectionnée depuis moins de 25 ans. Plus grave encore, en dehors de ces espèces, l’utilisation des semences de fermes est purement et simplement interdite (cas du soja et de la totalité des légumes), cette interdiction s’applique également pour les couverts végétaux, mettant ainsi en péril le développement de techniques extrêmement prometteuses mais encore mal maîtrisées. Cela risque de plus de retarder les objectifs de la directive nitrates qui demande une couverture des sols à 100% en période d’interculture. Le meilleur moyen de réussir cet objectif crucial pour la société ne consiste t-il pas à ce que l’agriculteur, dans sa phase d’apprentissage, ressème au moindre coût et en toute simplicité sa propre semence ?

Sur tout cela on ne peut rien, c’est voté et il faudra désormais s’y conformer ou être hors la loi ! Et inutile d’espérer quoi que ce soit d’une éventuelle alternance politique car l’opposition, pourtant forte de sa récente conquête du sénat n’a même pas été capable de faire contester un amendement du projet. Cela  aurait permit de renvoyer le texte dans cette dernière assemblée qui aurait alors pu le rejeter ! La seule solution est donc d’alerter au maximum l’opinion publique  dans toute sa diversité en expliquant au mieux le thème de la semence qui nous concerne tous, même ceux qui vivent toute l’année au milieu du béton des villes et ne mettent jamais les mains dans la terre ! Il s’agit là ni plus ni moins que de l’enjeu de notre sécurité alimentaire !

La sécurité alimentaire des peuples dépend des semences de fermes

Pour bien comprendre cela, je vous invite à vous pencher sur les différents types de semences qu’utilisent les agriculteurs :

–         Les semences de population sont des mélanges de plusieurs lignées. Elles sont la réserve de biodiversité des gènes. La culture des populations permet d’identifier des lignées performantes dans un milieu et un climat donné.

–         Les lignées sont des plantes d’une même espèce qui présentent un ensemble de caractères homogènes et stabilisés. Elles sont issues des populations, et sélectionnées pour répondre à une problématique précise. Il est possible d’améliorer la rusticité ou la sensibilité d’une plante aux maladies.  Une lignée se reproduit à l’infini par reproduction autogame. Une variété est une lignée sélectionnée à laquelle on a simplement donné un nom.Il est possible de facilement reproduire ces semences, elles peuvent être améliorées si l’on continue leur sélection.

–         Les hybrides F1 sont issus du croisement de deux lignées, ce sont en quelque sorte des « métis » végétaux, la grande différence entre eux et les lignées provient de l’homogénéité exceptionnelle de la 1ere génération hybride F1 qui bénéficie de surcroit de l’effet hétérosis qui améliore, selon les types de plantes, la production et la rusticité. Cependant, le semis des semences issues d’hybrides (2e génération  F2) exprime à nouveau l’hétérogénéité des lignées parentes, moins performantes (perte de l’effet d’hétérosis, lois de Mendel), supprimant l’intérêt de la  réutilisation des semences par l’agriculteur.

–         Enfin les OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) sont des plantes auxquelles on « colle » un gène au génome afin d’apporter une réponse rapide face à une problématique donnée. Les plantes OGM de première génération intègrent, dans la majorité des cas, un gène de résistance à un herbicide ou un ravageur.

Les deux premiers types de semences (populations et lignées) existent depuis les débuts de l’agriculture et peuvent être reproduits sans difficultés par les agriculteurs. Ils doivent cependant maintenir la qualité des semences et les améliorer constamment. Ce travail de maintient et de développement de la diversité génétique se réalise aussi bien par l’industrie semencière que par les agriculteurs. Ces semences permettent, dans tous les cas, de répondre rapidement à un besoin alimentaire. Elles garantissent la compétitivité, la réactivité et la performance économique de l’agriculteur en même temps que la sécurité alimentaire pour la société. En effet, en cas de pénurie de semences, la mise en culture est immédiate et les résultats garantis.

Les deux autres types (hybrides F1 et OGM) sont issus du travail de développement de l’industrie semencière depuis 100 ans environ. Ces semences permettent d’améliorer la production globale. Elles améliorent aussi l’offre de diversité génétique. Leur obtention nécessite un long travail de sélection, difficile et parfois aléatoire, que rémunère le prix. Leur production doit être renouvelée tous les ans. Ce travail spécifique de production de semence peut être aléatoire car soumis au climat. Les semences de mauvaises qualités, non conformes, ne peuvent alors plus être commercialisées. Un risque de pénurie existe bel et bien. Même si ces semences s’avèrent très performantes, notamment les hybrides, elles sont soumises aux stratégies commerciales des firmes. Elles ne peuvent donc pas constituer l’essentiel de la stratégie de développement autour de la sécurité alimentaire.

Il y a là une problématique non évoquée et non résolue par la loi.

Comment avoir une stratégie d’agriculture durable qui garantisse l’approvisionnement et la sécurité alimentaire des peuples ?

Le regard porté sur les différentes semences montre qu’il serait suicidaire pour une société de s’en remettre aux seules ingénieries commerciales de brevetage du vivant. Les technologies sont actuellement déjà rémunérées par les règles commerciales. Une stratégie d’agriculture durable implique que l’agriculteur puisse avoir accès sans restriction à son patrimoine génétique traditionnel, c’est-à-dire aux semences de populations et de lignées. Cet accès au semis sans restriction doit être un véritable service public compte tenu du service rendu au public par les agriculteurs. La sécurité alimentaire impose un accès sans conditions à ces semences.  Ces semences hébergent le meilleur potentiel de réactivité !

Quelle est la réalité d’un système commercial en cas de problème majeur, une crise économique, une catastrophe ou un conflit ? Que se passerai-t-il si les multinationales détenant le monopole de la semence venaient à faire faillite ? Il est aisé de comprendre que la technologie n’est sans doute pas apte à répondre au souci élémentaire de réactivité et de sécurité.

Imposer le paiement de taxes sur ces semences semble être un bien mauvais choix. Ce système de mutualisation ne permet en aucune sorte de garantir la sélection de semences de qualité par les obtenteurs. Un simple regard sur les pratiques de sélection ayant entrainé une perte de rusticité des semences pour accroitre la dépendance des agriculteurs à la phytopharmacie durant les 20 dernières années montrerait aisément les dérives et les complicités passées.

Comment continuer ?

S’il semble acquit qu’une taxe ne résoudra pas le problème que pose le devoir de durabilité, il faut bien organiser la préservation et la sélection des semences de population et de lignées.

Il faudra inventer un nouveau modèle de sélection et de production. La régionalisation et l’adaptation des semences aux différentes situations, semble être la meilleure solution. La sélection locale permet l’adaptation locale et, en même temps, une très forte diversité compte tenu des nombreux territoires existants. Cette réserve et cette diversité génétique profiteront aussi bien aux agriculteurs qu’aux semenciers. Ceux-ci n’auront qu’à piocher dans le fond génétique développé afin de proposer de nouvelles solutions technologiques encore plus performantes aux clients visés. La durabilité est une question de responsabilité.  Ainsi, il semble logique que les semenciers, principaux bénéficiaires des lignées pour leur technologie, en financent aussi le développement. Mais cette proposition comporte en contre partie que les innovations puissent se développer en toute sérénité conformément aux règles sanitaires édictées.

La société doit mener ce débat. Il en va de sa sécurité alimentaire !

Vous pouvez reproduire ce texte à volonté pour faire connaître ce problème autour de vous, en espérant que l’opinion publique amène ce débat au devant de la scène politique