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Découvrons le jardin de Loïc à Rouen

Je jardine depuis quelques années sur le modelé de mon père et de mon grand-père. C’est-à-dire le potager traditionnel avec une terre a nue et un désherbage régulier. Je vis dans une petite maison de ville juste à côté de Rouen.

Mon prénom c’est Loïc, j’ai 40 ans et je suis informaticien dans le domaine des réseaux et serveurs. J’ai déménagé dans cette maison de ville, il y a 3 ans et je suis passé de 2000m2 en campagne à 200m2 en ville. J’ai tenté de déménager mes méthodes de jardinage aussi, mais sans succès. La différence la plus frappante est au niveau de la terre, j’ai considérablement perdu en qualité, je suis passé d’une terre riche et fertile a une sorte de remblai sablonneux et complètement stérile. A l’œil on devine déjà que pas grand-chose ne poussera dessus. Vous pouvez creuser vous ne trouverai pas un ver.

Mes 2 premières années de culture ont été des échecs, il suffit d’oublier d’arroser un jour, pour que les graines semées crèvent le jour suivant. Et quand bien même vous arriviez à faire lever quelques choses, les légumes devenaient vite malades et chétifs.

L’année dernière j’avais installé 4 carrés de potager pour expérimenter un peu la technique et j’ai remarqué une légère amélioration. Il faut dire que j’avais au préalable apporté un peu de compost.

Seulement mon problème de sécheresse restait entier. C’est depuis cette année, après avoir fait des recherches sur internet, que j’ai découvert la méthode de Soltner. J’ai appliqué ses méthodes en les adaptant un peu à ma sauce et depuis mes planches et carrés de culture sont largement couverts de diffèrent paillage.

Mon potager en carré est couvert d’un paillage fait maison en récupérant un peu tous ce qui me tombe sous la main.

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J’ai un jardin en lasagne couvert de paille et un autre couvert de feuille.

Le paillage a parfaitement réglé mon problème de sécheresse, la terre reste constamment humide et légère. Même en ce moment où le manque d’eau est important, je parviens à maintenir la terre fraiche.

Seulement le paillage a soulevé un problème au niveau des semis. J’ai donc mené quelques expériences de levée de radis sur différents paillages.

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Expérience de semis sur différents paillage.

Pour ma première tentative de semis, j’ai simplement dégagé le paillage pour semer, et replacer une couche plus mince de cette couverture faite maison. Après quelques jours, la levée était plutôt bonne, malheureusement j’ai rencontré un autre problème dû au paillage : l’invasion des limaces, du coup j’ai quasiment tout perdu..

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Ensuite j’ai essayé de semer directement sur le paillage. Je précise que sur mon potager en carré, le paillage fait au moins 7 cm. Pour résumer cette tentative, je dirais que le résultat est quasi nul si vous semer juste sur le paillage. Par contre, le simple fait de tapoter le paillage pour faire descendre les graines a amélioré le résultat. Mais il reste moins bon que dans la première méthode.

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Pour ma 3eme tentative, j’ai semé sur un paillage constitué uniquement de feuille morte. En ramassant le tas de feuille morte qui était reste tout l’hiver en place, j’ai remarqué que sous les premières feuilles de surface, qui entaient très sèches, l’intérieur du tas était bien humide. D’ailleurs les noyaux des prunes tombés dedans commençaient à germer. Je me suis dit que mes radis pourraient germer aussi, et je trouve que le résultat était plutôt bon. J’ai l’impression que les feuilles gardent mieux l’humidité et même si la graine n’atteint pas la terre, elle germe dans les feuilles et sa racine fini par descendre jusqu’à la terre.

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Les 3 expériences de semis sur paillage restent peu concluantes dans l’ensemble face à la levée de graine de radis sous mini serre. Les mini serres offrent tous les avantages, elles augmentent la température, elles gardent mieux l’humidité et elles protègent les jeunes plans des limaces gloutonnes.

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Mon objectif sur le long terme.

J’envisage de transformer mon terrain de 200m2 en une arche de Noé pour le vivant. Étant situé en pleine ville, j’aimerais pouvoir offrir un refuge a toutes les bestioles du coin. J’ai commencé par soigner mon sol, en lui apportant du fumier et du compost. J’ai pris soin de couvrir mon sol avec les déchets verts ramassés sur les trottoirs.

Aujourd’hui je regarde ma ville d’un autre œil : il y a quelques jours le service espace vert élagué les arbres d’une avenue, j’ai de suite saisi l’occasion de ramasser 2 remorques des jeunes branchages pour faire du BRF maison.

Depuis que chaque cm2 de mon sol est couvert, j’ai remarqué une améliorations de la fréquentation de mon terrains par les oiseaux. Je suis encore loin de la richesse du terrain de Jacques, mais j’y travaille et c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai pu prendre cette photo il y a quelques jours ! 🙂

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Le jardin bio de Jacques dans les Hautes Pyrénées

Bonjour, je m’appelle Jacques Subra, j’ai 67 ans et je suis retraité, après une formation de mécanicien, mon parcours professionnel a été assez diversifié.

Mécanicien, conducteur d’engins TP, artisan, quelques séjours a l’étranger, chef d’atelier en construction mécanique et pour finir, serrurier soudeur. Tout ceci m’a permis d’acquérir connaissances et ouverture d’esprit.

Gilles nous a proposé, a moi et d’autres jardiniers amateurs passionnés de participer a sa démarche de vulgarisation du jardinage « SOL VIVANT », ce que j’ai accepté avec plaisir car je pratique moi-même depuis une trentaine d’année en harmonie avec la nature et le respect du vivant.

En 1976 j’ai acquis un terrain de 5000m2 a Séron, commune rurale de 250 habitants dans les Hautes-Pyrénées, pour construire ma maison.

Situé sur un plateau , entre Tarbes et Pau a 380 mètres d’altitude le terrain est sur un versant exposé nord-ouest, le sol argileux-caillouteux n’avait jamais été cultivé. Couvert de fougères, genêts et ronces, la couche de terre végétale n’excédait pas quelques centimètres. Dès le début mon souhait a été de créer un espace de biodiversité avec un jardin cultivé en bio. En 1980 j’ai donc commencé à planter des arbres et arbustes divers, des haies et des fruitiers. Le jardin a commencé à prendre forme avec au début de piètres résultats vu la pauvreté du sol. Je me suis documenté et cherché une méthode de jardinage bio (je suis fils de paysan, ça aide !) Celle qui m’a paru la plus intéressante était la méthode Lemaire-Boucher a base d’algues (lithothamne) et d’extraits végétaux.

De bons résultats, mais obligation d’achat de produits extérieurs, alors que ma démarche était le moins d’intrants possible. Parallèlement j’ai commencé a composter avec tout ce que je pouvais récupérer de matières végétale et fumiers des fermes voisines. L’apport massif de compost a porté ses fruits et le sol s’est progressivement amélioré. En 1986 j’ai fait la connaissance d’agriculteurs biodynamiques, leur démarche m’a plu mais après cinq ans de pratique j’ai abandonné car trop complexe si l’on veut le faire correctement. Au fil des ans et d’ expériences mon jardinage actuel est basé sur le compost, la couverture permanente du sol avec de la paille, du foin, des tontes et divers engrais verts.

Il y a des buttes, des ados et des caisses. Légumes et fleurs sont mélangés et dispersés dans l’ensemble du jardin. Je prend grand soin de l’environnement et du bien-être des auxiliaires avec la présence de nichoirs pour les oiseaux et les insectes, en particulier pour les osmies ou abeilles maçonnes (cf. photo ci dessous : le nichoir à Osmies est au milieu et à gauche, un gros plan sur l’insecte) très utiles pour la pollinisation en période froide. Il est également important d’avoir une biodiversité végétale maximale.

Enfin une mare abrite grenouilles, tritons, salamandres et sert de lieu de pontes aux libellules.

Une serre-tunnel de 6 x 8m me permet certaines récoltes avec un mois d’avance , de faire les semis de printemps et de récolter tomates, piments et aubergines jusqu’en novembre .

En ce début avril, j’ai planté les pommes de terre, oignons ,salades, semé carottes, salade, persil… la serre est occupée par des pommes de terre a récolter fin mai, les tomates hâtives, les plants de tomates a mettre en place vers le 12 mai a l’extérieur et divers semis.

Depuis un an j’expérimente le BRF, les premiers essais n’ont pas été concluants

J’ai apporté le BRF fin février 2010, semé et planté en avril et mai, je n’ai quasiment pas eu de récolte sur ces essais. J’en ai déduit qu’il faut faire les apports beaucoup plus tôt (octobre ou novembre) pour laisser le temps au sol d’assimiler le BRF.

Voici quelques photos du jardin prises le 14 avril 2011:

« Jardin en caisses » : à Gauche ail + laitue feuille de chêne après des épinards d’hiver ( à noter deux batavias de semis spontané), et à droite fèveroles qui seront hachées et laissées sur place pour une plantation de tomates.

Culture sur ados. Échalotes plantées en novembre. Remarquez la différence entre les 4 pieds avec BRF mis en Mars 2010 et les suivants avec BRF mis a la plantation.
culture sur buttes. Bordure de consoude.

Je conclurai en remerciant Gilles pour son initiative, qui je l’espère fera se rencontrer un grand nombre de jardiniers soucieux d’un avenir plus sain pour l’Homme et la Nature

Jacques

http://lagranderecree.asso-web.com/

A Gauche ail + laitue feuille de chêne après des épinards d’hiver. ( à noter deux batavia de semis spontané)

A droite fèveroles qui seront hachées et laissées sur place pour une plantation de tomates.

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Un défi au jardin pour 2011

2011, une nouvelle année débute et avec elle son lot de résolutions diverses et variées sur tous les plans de nos vies : professionnelle, amoureuses, familiales… Et pour le jardin ? Que diriez vous aussi de faire de bonnes résolutions pour avoir jardinage encore plus « sol vivant » qu’en 2010 ?

Plutôt que de résolution, je vous propose un défi : je vous invite à choisir un (au moins) défi à réaliser au jardin cette année. Oh ce il ne s’agira pas de se mettre en tête de cultiver 2000m² de plus qu’en 2010, non soyons raisonnables, et puis ce n’est peut être pas ce qu’il y a de plus pertinent…

Voici quelques exemples d’objectif que vous pouvez vous donner :

  • faire 10m² de potager sans aucun travail du sol ;
  • réussir les carottes bleues du Cameroun que vous n’avez jamais réussi jusqu’à présent, ou jamais essayé ;
  • réaliser vos semis de tomates tahitiennes en godets au lieu d’aller acheter des plans sur le marché ;
  • réaliser en semis en pleine terre les betteraves que vous avez réussie l’année dernière avec des plans achetés (ça c’est un de mes objectifs pour cette année 😉 ) ;
  • faire votre premier purin d’orties ou de consoude ;
  • tenter de limiter l’irrigation à un arrosage par semaine, même au plus chaud de l’été ;
  • commencer un élevage de castor pour qu’ils vous fassent du BRF avec les tailles de vos fruitiers ;

Bref, les idées ne manquent pas et je suis sûr que vous en trouverez une à mettre en œuvre pour la première fois en 2011. Et pour vous impliquer encore plus, je vous invite à m’en faire part avant le 31 janvier. De mon côté, je me fixe le défi de vous fournir une aide, si vous en exprimez le besoin, pour réaliser cet objectif. C’est à dire que si j’ai une réponse à vous proposer, je vous la propose et si je n’en ai pas, je m’engage à trouver une source bibliographique ou webographique susceptible de vous aider. Et bien sûr, si la réponse de vous satisfait pas, vous avez l’autorisation de me harceler jusqu’à ce que je vous donne une indication qui vous convienne !

Partant pour ce petit jeu ? Alors à vous, j’attends vos messages ou vos commentaires (oui, c’est encore plus impliquant si vous mettez votre objectif en commentaire ci-dessous) !

Et en attendant, bonne année 2011 !

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D’autres Jardins Sol Vivant en France et au Québec

Dans mon article précédent je vous ai décrit l’évolution d’un jardin sol vivant dans un contexte bien spécifique, en l’occurrence sur un coteau argileux du Gers. Mais soyons clair, je ne suis pas entrain de vous donner une méthode qui marchera partout, méfiez vous toujours des recettes toutes faites et inadaptées à la majorités des situations…

Pour illustrer cela, voyons un peu d’autres jardins qui fonctionnent sur les principes expliqués dans le deuxième article de blog mais qui sont très différents de ce que je fais.

Je vous en propose ici trois, deux en France et un au Québec avec des liens vers des sites internet ou des ouvrages pour approfondir votre connaissance des ces endroit et de ceux qui les cultivent.

Le Jardin Naturel de Jean Marie Lespinasse en Gironde

Cela fait 14 ans déjà que Jean Marie Lespinasse, retraité de l’INRA de Bordeaux et grand spécialiste des pommiers, cultive son jardin dans une orientation qui rejoint totalement le jardinage sol vivant que je propose. Ici, nous sommes en sol très sableux et acide (du moins à l’origine), tout le contraire de chez moi ! Il a choisi de travailler sur des buttes, qu’il appelle ados, suivant une terminologie locale, soutenues avec des planches, aplanies sur le dessus et semées de trèfle nain dans les allées. Ces ados sont maintenus en permanence couvert d’un mulch de quelques centimètres de BRF, plantés de poquets de luzernes permanents réparties sur toute la surface cultivée. Les cultures potagères sont mélangées de sorte que tout y côtoie tout (j’exagère un peu, il respecte quand même quelques règles). Le seul travail du sol reçu par ces buttes est effectué à la fourchette pour la mise en place des plants ! Il fait aussi grand usage de lombricompost et de jus de composts pour ensemencer le jardins en microorganismes utiles.

Pour en savoir plus, voir son excellent ouvrage : « Le jardin naturel » aux éditions du Rouergue.

Le maraîchage expérimental de Pierre Besse en Haute Garonne

Pierre Besse est ingénieur agronome et maraîcher, expérimentateur dans l’âme, cela fait plus de 10 ans qu’il cultive ses parcelles dans la plaine alluviale de l’Ariège. Chaque année voit son lot d’expérimentations nouvelles. Il utilise entre autres des paillages divers et variés (résidus de culture, paille, BRF, cartons, plastique…), un travail du sol qui, s’il a lieu, est toujours très superficiel, et l’amendement régulier de certaines parcelles avec du BRF composté. Et depuis 2 ans il met en culture des andains de BRF entreposés là depuis une dizaine d’année et colonisés par les ronces. Il a fallu défricher avant la mise en place de pommes de terre dans un premier temps puis de diverses cultures maraîchères.

Il n’existe pas à ma connaissance d’ouvrages ou de site internet qui décrive le travail de Pierre. Vous pouvez toutefois visionner quelques photos de ses parcelles à cette adresse qui amène sur le diaporama qu’il a proposé aux participants du colloque BRF de Toulouse en juin 2010 :

http://colloquebrf.enfa.fr/diaporamas-brf/maraichage/Besse.pdf

Rangée de tomates plantée directement à travers un andain de résidus de cultures
Cultures maraîchères diverses récemment mises en place directement dans un andain de BRF qui évolue là depuis une dizaine d’années

 

Le jardin de Vivaces de Jacques Hébert, pionnier des BRF au Québec

S’il est un pionnier de l’utilisation de BRF, c’est bien Jacques Hébert. Depuis les années 80, il cultive une parcelle d’un peu plus d’un hectare consacrée à la culture de plant de vivaces d’ornement. Il a mis au point une façon bien à lui de cultiver sur butte. Tout d’abord, il prépare un « pré-compost », ou plutôt un terreau de BRF fabriqué par mise en tas de BRF mélangé à une proportion significative d’argile (25% en fin de processus). Le compostage dure un mois et la température est contrôlée de façon à rester en dessous des 40°C. Ensuite ce terreau est incorporé à des buttes et paillé avec du BRF frais. Les années qui suivent, la seule intervention sur le sol consiste à ramener du BRF frais là le paillage a disparu, c’est tout ! Il arrive ainsi à cultiver des buttes sans aucun autre apport pendant au moins 12 ans (âge des plus anciennes buttes) ! Et les résultats sont tout à fait spectaculaires puisqu’il arrive même à allonger la durée végétative de ses plantes, dont la vigueur est tout à fait remarquable, ce qui est appréciable dans une contrée froide comme le Québec.

Pour plus d’informations sur son travail, je vous invite à visiter son site internet : http://www.jardinsvivaces-livegardens.com/

Aperçu des buttes de Jacques avec un paillage de BRF jusque dans les allées.
coupe schématique d’une buttes façon Jacques Hébert. La partie grisée est celle où se trouve le « précompost ».

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Bien sûr, cet aperçu des jardins sol vivants, n’est qu’un échantillon de ce qui peut se faire. D’ailleurs, je vous invite à laisser un commentaire ci dessous pour faire part de vos expériences.

En attendant, pour nourrir l’imagination et découvrir d’autres façon de jardiner avec la vie du sol, voici quelques ouvrages :

« le guide du nouveau jardinage » de Dominique Soltner (Ed. Sciences et Techniques Agricoles) dans lequel il dévoile tout une myriade d’itinéraires cultures, techniques divers et astuces de jardinier qui permettent de cultiver « sans bêchage, ni fraisage, ni sarclage, ni binage », comme le dit le sous titre de l’ouvrage.

« Le génie du sol vivant » de Bernard Bertrand et Victor Renaud (Ed. Terran) où une partie des pratiques utilisées dans le jardin de la ferme de Terran est décrite en fin d’ouvrage (livreVI).

Et bien entendu « Le jardin naturel » de Jean Marie Lespinasse (Ed. du Rouergue) déjà évoqué précédemment !