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« Peut-on se passer du travail du sol », une vidéo-interview de Mon Potager Plaisir

En novembre dernier, Didier de la chaîne youtube Mon Potager Plaisir, a profité d’assister à une de mes formations sur le maraîchage sur sol vivant pour m’interviewer sur la réduction du travail du sol. Ceci a été tourné en une seule prise juste avant de démarrer la formation entre 8h45 et 9h, rapide, mais efficace !

Et bien sûr, c’est l’occasion de découvrir l’excellente chaîne youtube de Didier qui est également maraîcher dans le magnifique département du Cantal.

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Jardiniers-reporters

Le jardin du Hérons dans les Cévennes par Jaille Bartas

Je vous partage aujourd’hui le témoignage d’un jardinier qui met en culture depuis plus de 20 ans la terre sablonneuse des Cévennes gardoises dans un esprit tout à fait convergeant avec l’approche que je propose dans ce blog.

Vie du sol et amendement 

Le sol est  un organisme vivant. Je ne le travaille pas, c’est lui qui le fait, il se régénère perpétuellement. Par l’ajout de sa propre biomasse due à l’ensoleillement et l’eau.

Les  micro-organismes, champignons:

Je les nourris avec du compost de broussaille et fumier de mouton régulièrement, minimum 2 fois par ans, ce qui permet à tous les levains, levures est spores d’être toujours à fond et particulièrement l’été et de nourrir à leur tour les bactéries, qui nourrissent les vers de terre. Je fais balader ces laboureurs  d’un endroit à l’autre en déplaçant régulièrement des tas de mulch. Laissant la place aux plantations.

De ce fait tous les vers de terre, scarabées labourent et les taupes leur courent derrière.

En surface beaucoup d’araignées, d’escargots, limaces et autres se nourrissent du compost frais produit sur place et empêchent les attaques sur légumes ou du moins les restreignent. Je couvre aussi les semis avec un voile.

Il m’arrive d’arroser en février si le temps est trop sec, pour garder toujours un levain actif.

Plantation de pomme de terre et travail du sol 

J’arrache à 4 pattes la culture précédente, souvent navets ou crucifères qui viennent de fleurir, pour les abeilles; je range à droite et à gauche le mulch et crée un labyrinthe. Ensuite, je creuse un trou de 20 cm (à deux c’est mieux), car je ne butte pas les pommes de terre, et avant qu’il ne se  referme, mon fils y jette une patate germée (tous les 40cm, les allées font 60 cm). Ensuite je me repose.

Trois semaines plus tard, je sarcle un peu la terre autour des pieds et là je ramène le mulch aux cols des patates. En règle générale, je n’ai plus besoin d’y revenir jusqu’à la récolte, sauf pour quelque grande herbe quand les patates sont en fleurs, ce qui permet d’aérer la terre un dernier coup.

Je sème une inter-culture (pois, maïs ou tournesol), souvent des haricots, à 10 cm de profondeur à la place du mulch, ce qui limite l’arrosage et permet à la plante de se nourrir profondément sans buttage, dans une terre qui est restée propre grâce au couvert et bourrée de micro éléments.

Ils naissent à l’ombre des patates  et se mettent en concurrence d’ensoleillement, ce qui active les deux plantes. Et quand ils commencent la fructification à trois mois, il est temps d’arracher les patates, qui elles sont pratiquement en surface et qui ont consommé les résidus de navet. C’est là que je vois la trame du sous-sol créée par les taupes avec qui je travaille.

Leurs galeries sont énormes en fait c’est la seule fois de l’année où je vais en profondeur dans la terre, toujours à 4 pattes, sans outil ou juste une bineuse pour ne pas abîmer les patates.

Selon l’inter-culture, j’en remets une autre à la place (radis, navets, carottes…) En fait étant fainéant de nature, je ne travaille jamais la terre. Elle est toujours en production ou couverte.

Si je me fais gagner par une soit disant mauvaise herbe l’hiver, sur les terrains sans navet ou culture:

Eh bien, je suis content quand il y en a beaucoup car je mets une bâche noire 3 semaines et là quand je la retire tout est brûlé et j’arrache toujours à la main au col les plantes. Je dit que « j’arrache la moquettes ».

Ce qui permet au système racinaire de l’ex mauvaise herbe de rester en place et tenir une structure du sol parfaite.

La culture suivante  prend la place des racines précédentes. Imagine un peu, c’est comme des autoroutes de nourriture pour la prochaine plantation.

Souvent quand je retire la bâche des germes de patates « blancs » de l’année d’avant sont présents et eux n’ont pas brulé, car la patate est en profondeur. Alors là super! Je laisse pousser 3 semaines, puis petit coup de griffe pour lever les adventices, je mulche avec l’herbe cramée et c’est reparti comme avant, je remets une inter-culture.

Paillage avec la laine de mouton issue de tonte fraîche.

Souvent le berger ne trouve pas preneur pour sa laine et en échange d’un coup de main je lui débarrasse et m’en sert de paillage aux jardins. Le résultat est époustouflant sur adventice cela brûle tout au bout de trois semaines due certainement à l’urée, suint et crottes collés à la laine et le manque de lumière.

Ensuite j’écarte un peu et repique des semis à port haut à l’intérieur. Les légumes deviennent énormes et avec le temps s’installe du mycélium sous la laine et une vie très dynamique. Aussi non je m’en sers comme paillage après la levée des semis et du premier binage. Cela est très agréable à mettre en place et très jolie.

La laine retiens beaucoup d’eau et de chaleur un peu comme un pull .au bout de 5 ans elle a disparu est laisse as la place une structure du sol « gluante argileuse » alors que je suis en terre acide sur sable granitique .que du bonheur !

 

L’arrosage

J’arrose le matin bonne heures étant au couchant par un système d’aspersion sans moteur à l’eau de source souvent je rajoute dans mon bassin des purins d’ortie en début de culture ou autre apport azotés je ne crains pas le mildiou étant en altitude est souvent ventés. Merci mamie

Disposition des cultures

Alors là comme pour le reste je me prend pas trop la tête.je respecte quelques règles du a la topographie des terres Cévenoles qui sont sur (cantou, faïsse ou bancel)c’est-à-dire avec des murs en pierres sèches bâtis sur roche mère. En haut des jardins j’ai 10cm de terre en bas jusqu’à trois mètres .alors vous l’aurais compris toutes les plantes hautes styles maïs, tournesol ou coureuses genre courge courgettes sont sur sol profond ce qui me permet de remonter de la matière organique qui rejoindrons les pieds de mur .Elles  crées de l’ombre pour les plantes plus petites. J’aime bien aussi les mettre en concurrence ce qui oblige les plantes à se battre pour leur survie est les dynamise d’autant.

Souvent des semences de l’an passée germent et là c’est cadeaux je laisse faire.

Le tournesol me sert à nourrir les mésanges l’hiver sur ma terrasse ce qui remplace la télé et ensuite elles vont manger les insectes aux jardins. Quand il fait froid minette en mange une. C’est en libre-service s’il y’as trop de taupe minette m’en ramène aussi sur la terrasse en échange de bonne nourriture

Le maïs sert de tuteur pour les haricots grimpants.

Ensuite je sème ou repique ou de la place se libères mon jardins est en perpétuel mouvement les carrées et autre rectangle de culture évolue au fil du temps.

 

 

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Jardinons

Les sols argileux : corrigeons certaines idées reçues !

Le 6 février dernier, Elisabeth Vérame de l’Observatoire des Sol Vivants et moi même étions invité de Patrick Mioulane sur RMC. Je vous partage ce petit moment radiophonique ici.

Voici le lien si vous souhaitez l’écouter : http://rmc.bfmtv.com/mediaplayer/audio/rmc-0602-votre-jardin-7h-8h-301815.html

Cela me fait très plaisir d’être ainsi invité sur un grand média national. Toutefois, j’avoue que je suis un peu resté sur ma fin, car j’ai eu l’impression de devoir faire des réponses « twitter » en 140 caractères avec impossibilité de développer quoi que ce soit. Bon j’exagère un peu car j’ai un peu développer avec la question du premier auditeur.

Et surtout j’ai été très frustré de ne pas avoir la parole lorsque Patrick Mioulane a établi une « ordonnance » pour la culture des sols argileux (voir l’émission entre les minutage 18′ et 19’50 »).  Mais je me dis en même temps que s’il a affirmé tout cela, c’est ce que ce sont des croyances répandues dans le monde du jardinage. Je profite donc de la tribune que je me suis créé à travers  ce blog pour y répondre, même si j’ai déjà écrit récemment au sujet de ce sols, lors de la sortie du livre de Nicolas Larzillière.

Voici (en italique) les prescriptions que Patrick Mioulane propose à l’auditrice et ce que j’en pense (en graphie normale)

Si le sol est marécageux, il faut drainer. Oui, en effet, d’ailleurs les fameuses buttes permanentes sont une façon de réaliser cela, mais il n’y a aucun rapport entre marécage et sol argileux, on peut tout à fait avoir un sol sableux et marécageux.

– Avantages : garde bien les éléments nutritifs. Tout à fait vrai !

– Apports organiques pour aérer la terre et conserver les éléments. Je suis d’accord avec cela, cela dit une réflexion sur les matières à apporter est nécessaires. Personnellement ma préférence va aux apports de foin ou autre matière fraîche riche en cellulose et susceptible de faire le bonheur des vers de terre. Quant au fait que les matières organiques aident à garder les éléments nutritifs, là encore, c’est vrai, mais dans un sol argileux, ils sont de toute façon bien retenus, cette propriété est donc surtout intéressante en terre sableuse.

– Les sols argileux sont généralement acides donc chaulage tous les 2/3 ans. Là, je sais pas d’où ça sort. Au contraire, les terres qui donnent des sols argileux sont des roches de type marne, molasse, calcaire… qui sont toutes des roches calcaires ! Bien sûr, il existe des argiles acides, je pense notamment aux argiles dites « de décarbonatation » issues à l’origine de roches calcaires et dans lesquelles le calcaire a été entièrement dissous et évacué en profondeur. Mais ce n’est pas la majorité des cas, très loin de là. En général, les sols acides se développent sur des alluvions sableuses, des granits, des gneiss… qui donnent des sols plus ou moins sableux, et en aucun cas des sols argileux ! Cette affirmation est donc fausse.

– Apports de sable grossier. Bon là, il faut reprendre le triangle des textures :

triangle2textures

 

Que voit-on sur ce schéma :

  • Tout d’abord l’énorme zone hachurée qui prend à peu près tout la moitié supérieure du triangle et qui représente les textures considérées comme argileuses, donc collantes, lourdes… Notons que cela correspond aux terres contenant grosso-modo plus de 30% d’argiles.
  • A l’opposé les textures sableuses n’occupent qu’un petit triangle bleu en bas à gauche… En mélange avec des limon, il faut au moins 70% de sable pour avoir une texture sableuse (ou plus exactement sablo-limoneuse) et il en mélange avec des argiles, c’est plus de 85% qu’il faut pour avoir une telle texture !

Qu’est ce que cela signifie ?

Eh bien tout simplement que l’argile influe beaucoup plus la texture d’un sol que le sable. Donc en amenant du sable dans un sol très lourd, il faudrait en amener des quantités énormes pour avoir un effet sensible.

Prenons un exemple : Nous avons un sol de 50 cm de profondeur qui a une texture correspondant au point rouge sur le triangle des texture On part donc d’une terre argileuse qui a 40% d’argiles, 30% de limon et 30% de sables. Quel quantité de sable faudrait-il apporter pour l’amener au point orange de texture dite équilibrée ? Ici, 50 l de sable par m² suffiront, soit 5 m3 pour un potager de 100m², bon ça fait déjà une sacré quantité, tout cela pour avoir finalement une texture quand même encore très proche des textures argileuses. Et en plus, il faudra briefer les vers de terre pour qu’ils ne nous amènent pas le moindre grain de sable en dessous de 50 cm, sinon gare ! et je n’ai aps parlé du chantier pour enfouir tout ce sable…

Bref, c’est un chantier pharaonique pour pas grand chose à l’arrivée, donc on évite, surtout si on veut cultiver un sol vivant !

– Fertilisation au phosphate naturel. Là encore, cela n’est pas propre aux terres argileuses. D’ailleurs les terres les plus pauvres en phosphore sont le plus souvent sableuses, comme les sables des Landes par exemple. Et certaines roches donnant des sols argileux sont parfois très riches en phosphores, comme les basaltes. Ceci est donc à voir au cas par cas et n’est pas si intéressant au final car un sol vivant et organique est tout à fait capable d’amener le phosphore aux plantes selon leurs besoin notamment via les mycorhizes.

– Travail profond. Bon, vous connaissez ma position sur ce thème, je vous fait pas un dessin… en plus, je rappelle que les terre argileuses sont les plus aptes à accueillir de fortes populations de vers anéciques qui travaillent le sol pour nous et bien mieux que nos outils. Notre action devrait donc se borner à leur faciliter la vie en préservant leur milieu de vie et en les nourrissant avec des résidus riches en cellulose !

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Observons

épisode cévenol, crues, érosion et sols vivants

Petit retour sur mon dernier voyage au Chili :

Vue du désert de l'Atacama (Chili) après 4 ans de sécheresse.
Vue du désert de l’Atacama (Chili) après 4 ans de sécheresse.

Bon, je dois être fatigué, je ne suis jamais allé au Chili (même si ce pays ne manque certainement pas d’attraits), cette photo a été prise en Ardèche méridionale, dans la vallée de la Claysse, et l’état de ce sol n’est pas dû à une sécheresse mais à une crue historique. En effet le 13 septembre 2015 nous est tombé sur la tête un déluge comme on n’avait pas vu depuis Noé ! Enfin, bon, de mémoire d’ancien, lé dernière crue comparable date de 1951, à part que là on est monté encore plus haut (Noé c’était il y a 4289 ans, donc j’exagère peut être un peu). Toujours est-il que voici ce que j’ai découvert le 14 au matin (outre le fait que je n’avais plus d’internet jusqu’à ce matin…) :

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La rivière encore en crue (visible au fond) et un champ quelque peu amoché par les flots torrentiels.

En gros 5 à 10 centimètre de terre « fertile » emportés qui révèle le niveau du dernier travail du sol réalisé (probablement le semis du blé en octobre 2014, semis effectué sur un sol humide, donc très sensible à la compation et à la formation de semelles d’outils). Un peu plus loin, on voit même les détails des manœuvres du tracteur lors de cette opération :

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la semelle de semis mise à jour par les flots de la Claysse.

Les racines de la haie qui longe le champ sont à présent à l’air libre !

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Les racine de la haie /ripisylve voisine mis à l’air.

Dans les vignobles, c’est le même topo, même si la terre sur le rang, sans doute mieux structurée et protégée par les ceps a mieux résisté :

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érosion par la crue dans un vignoble.

Et la terre « fertile » on la retrouve ça et là, par exemple dans ce chemin creux, qu’on devra désormais considérer comme un chemin creux comblé :

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Accumulation de terre dans un chemin creux.

D’ailleurs cette terre n’est pas perdue pour tout le monde, dans certains champ, elle s’est au contraire déposée, comme ici :

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Accumulation de terre en bordure d’un champ plus en aval.

Mais alors la question se pose : est-ce que certaines terres ont mieux résisté que d’autres à l’érosion due à cette crue ? Voyons ce qu’il en est d’un champ encore en culture à cette période de l’année.

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Champ de sorgho : pas mieux que la terre nue…

Bon, en fait, quand la terre est déstructurée, ça fait pas mieux lorsqu’elle est couverte que lorsqu’elle est nue… Voyons un peu plus loin, cette fois c’est un champ de tournesol envahi par l’ambroisie :

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Champ de Tournesol envahi par l’ambroisie : encore beaucoup d’érosion même si le couvert dense a un peu protégé la terre.

Là c’est à peine mieux, certes, le couvert végétal un peu plus dense (merci l’ambroisie) a un peu protégé le sol mais l’érosion est quand même encore très visible.

Juste à côté, voici une friche qui s’est développée sur une zone de travaux effectués il y a 3 ans pour la construction de digues :

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Érosion et dépôts de graviers dans la friche.

Là, dans les zones de terre nue, c’est toujours le même spectacle, sauf que quand même, dans les zones abritées par des touffes d’herbes, un peu de gravier s’est déposé à la fin de l’inondation, c’est toujours ça de gagné ; et dans les les zones enherbées de graminées, la terre semble avoir tenu.

Finissons ce petit tour par une prairie permanente :

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Prairie permanente une semaine après avoir été noyée sous plus d’un mètre de flots torrentiels.

Là c’est plus encourageant, les plantes ne sont pas déchaussées, à première vue, pas de trace de d’érosion, tout semble avoir tenu, regardons d’un peu plus près.

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Les turricules sont encore là !

Eh bien, les turricules de vers de terre qui tapissent la surface de cette prairie sont encore là, comme quoi lorsque le sol est vivant, même dans les quelques endroit où on a encore quelques centimètres carré de sol nu, ça a tenu malgré la violence de la crue ! Si vous doutiez de la résistance d’un sol vivant, voilà une belle illustration ! D’ailleurs, il me semble qu’autrefois les terres en bordure de cours d’eau étaient soit en forêt, soit en prairie, il y avait peut être une raison à cela…

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Un peu de théorie

Les terres argileuses, les meilleures de toutes ?

Vous le savez peut être, j’ai un goût prononcé pour les terres argileuses que pourtant bien des jardiniers trouvent difficiles.
En fait, j’ai fait mes premiers jardins sur des sols argileux et notamment le jardin que j’ai cultivé de 2007 à 2011 dans le Gers chez mes parents (ce jardins est toujours cultivé mais je ne peux plus m’y impliquer en habitant à 400 km…).

Je vous propose dans cet article de tordre le cou à certaines idées reçues et à comprendre pourquoi ils sont si intéressants !

Terre argileuse déstructurée qui colle aux bottes !
Terre argileuse déstructurée qui colle aux bottes !

Quelques idées reçues à leur sujet

On entends souvent à leur sujet toutes sortes d’affirmations qu’elles sont pauvres, compactes, difficiles à travailler…

Qu’elles soient pauvre, rien n’est plus faux, au contraire, l’argile retient très bien les éléments nutritifs, j’y reviendrai un peu plus bas !

Qu’elles soient compactes, ça peut arriver, mais cela arrive aussi aux autres terres. C’est un problème de structure lié aux méthodes culturales et non un défaut inhérent aux sols argileux. En plus on confond souvent compact et dur. Or, en été, il est normal qu’un sol argileux sec soit dur, cela ne veux absolument pas dire qu’il est compact !

Qu’elles soient difficiles à travailler, en revanche, c’est incontestable, mais c’est justement là l’intérêt de plus les travailler 😉 !

Une lourde terre gasconne labourée à l'automne 2014
Une lourde terre gasconne labourée à l’automne 2014

quelques reproches justifiés

Cela dit, je peux bien sûr concéder que les sols argileux représentent à certains point de vue des défis pour les jardiniers et les agriculteurs, en voici quelques-uns :

La texture argileuse est composée de grain de terre très petits qui tendent à coller très fort, c’est pourquoi ces sols sont lourds et difficiles à travailler, en plus si on les travaille au début du printemps ça fait des mottes ensuite impossibles à casser. Bref, ces sols lorsqu’on veut les travailler mécaniquement sont vite une galère, mais je me doute que cela ne concerne pas les lecteurs de mon blog qui savent cultiver sans travailler leur terre 😉 !

Ce sont des sols qui peuvent contenir beaucoup d’eau et la garder plus longtemps, c’est pourquoi ils se réchauffent plus difficilement au printemps qu’une terre plus légère.

Enfin, ce sont des sols qui sont très favorables aux limaces. Je ne reviens pas sur ce point déjà traité à maintes reprise dans les articles et commentaires de ce blog !

Pourquoi ces sols sont-ils si intéressants ?

Mais les sols argileux ont au contraire de nombreux atouts :

– ils gardent l’eau :

Cela est source de quelques ennuis (réchauffement plus lent, limaces…) mais c’est là une des principales propriétés des terres argileuses : elles peuvent contenir beaucoup plus d’eau que des terres plus légères dans un même volume de terre. Et comme cette eau est contenue des pores extrêmement fins, elle est fortement liée aux matières minérales et du coup elle reste plus longtemps en cas de période sèche. Le seul défaut de cette eau est qu’une partie est tellement liée au argiles qu’elle est inaccessible pour les plantes, mais cela n’empêche pas qu’un sol argileux est globalement moins sensible à la sécheresse qu’un sol sableux par exemple. Actuellement, je cultive un mini jardin sur sol argileux devant la maison et un plus grand sur sol sableux ailleurs et à climat très semblable, le sol argileux reste humide beaucoup plus longtemps !

Une terre argileuse peut contenir beaucoup d'eau et sèche lentement !
Une terre argileuse peut contenir beaucoup d’eau et sèche lentement !

– Ils conservent les éléments nutritifs :

Les argiles sont de toutes petites particules dont certaines sont chargés électriquement. Ces charges électriques permettent de retenir facilement tous les élément chargés positivement dont les principaux sont le potassium, le magnésium, l’ammonium (ammoniac dissous) et bien d’autres. Les pédologues disent que l’argile à une forte CEC (Capacité d’Echange Cationique).

Ces argiles peuvent aussi se lié aux particules organiques (en particulier l’humus) qui sont elles aussi chargés négativement. Cette liaison se fait par l’intermédiaire d’éléments contenu deux charges positives : une se lie à l’argile, l’autre à l’humus pour former le complexe argilo-humique. Ce complexe augmente encore la CEC par rapport à l’argile seule.

Cela explique pourquoi la richesse minérale d’une terre argileuse est souvent meilleure que celle d’une terre sableuse qui a du mal à retenir autant d’élément minéraux !

– Ils sont riches en vers de terre :

Venons en à présent à des points plus biologiques : les sols argileux sont très favorables aux vers de terre qui creusent facilement des galeries stables dans ces terres. Un sol argileux non travaillé est une maison de luxe pour ces bestioles ! Il suffit donc de les nourrir et le tour est joué : les vers de terre se chargent alors de structurer au mieux votre terre ! Génial, non ?

Une terre argileuse non perturbée est souvent très riche en vers de terre comme l'illustre ce profil de sol très riche en galeries !
Une terre argileuse non perturbée est souvent très bien pourvu en vers de terre comme l’illustre ce profil de sol percé de galeries de bas en haut !

– Ils se structurent facilement et durablement par voie biologique

La conséquence de cela est que ces sols se structurent donc facilement par voie biologique : vu qu’ils sont souvent encore bien pourvus en vers de terre, le travail du sol est facile à supprimer et à remplacer par le travail biologique, c’est pour cela que j’affirme que les sols argileux sont ceux qui réagissent le mieux au non travail du sol !

Un ebook sur la mise en culture de ces sols

Mon collègue blogueur jardinier Nicolas Larzillière vient de sortir un nouvel ebook justement consacré à la mise en culture d’un sol argileux. Ce livre a le mérite d’être très clair et très facile d’accès et facile à mettre en oeuvre. Je reconnais que j’ai parfois des points de vue différents de lui sur les techniques à mettre en oeuvre mais dans l’ensemble son travail me plaît car il va dans le même sens que le mien, c’est à dire vers le moins possible de travail mécanique et le plus possible de travail biologique, c’est pourquoi je n’hésite pas à vous le recommander :

(cliquez sur l’image pour plus d’information sur cet ebook)

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Un peu de théorie

Les cinq enseignements que j’aurais aimé recevoir de Charles Darwin pour favoriser les vers de terre dans mon jardin

Que vient faire Charles Darwin dans un blog sur le jardinage ? En effet cet immense savant, sans doute un des plus grands de tous les temps, est surtout connu pour ses travaux sur l’évolution des espèces. Mais ce n’est pas là sa seule contribution à l’avancée des connaissances : Il est aussi le tout premier à s’être intéresser à ces animaux à priori insignifiant que sont les vers de terre ! Il s’y est même intéressé dès les années 1830, même si son ouvrage sur le sujet ne paraît qu’en 1881. Il est donc le tout premier à avoir décrit ces animaux et surtout à avoir compris l’impact exceptionnel qu’ils ont sur le sol et son fonctionnement.

Avant d’entrer dans les enseignements que son travail apporte au jardin, je fais quelques petites précisions sur ces petites bêtes :
Il existe trois principaux de type de vers de terre dans nos jardins :
– Les vers de surface (aussi appelés vers de compost car ils prolifèrent dans les composts) ;
– Les vers endogés qui vivent uniquement sous terre dans des galeries horizontales ;
– Les vers anéciques qui vivent sous terre dans des galeries verticales et qui remontent en surface pour se nourrir.

Ce que je vais expliquer dans cet article concerne surtout les anéciques et, dans une moindre mesure, les endogés qui sont les seuls vers à creuser des galeries et à ingérer la terre. Je ne veux bien sûr pas dire là que les vers de surface sont sans intérêt, au contraire ! Il faut simplement comprendre que leur rôle est celui des recycleurs de la litière de surface, à l’instar de la grande majorité des autres animaux du sol (collemboles, acariens, mille pattes, cloportes, gastéropodes…)

Les cinq enseignements que je vous partage ici concernant ces vers souterrains sont les suivants :
– Ne plus travailler le sol ;
– Mettre à profit leurs galeries pour remplacer le travail du sol, optimiser l’irrigation et favoriser la prospection des racines ;
– Les nourrir en amenant de la cellulose ;
– Ramener au sol les matières vertes produites au jardin ;
– Mettre à profit leurs déjections pour optimiser la fertilisation des cultures.

Premier enseignement : ne plus travailler le sol

Les vers de terre vivent dans la terre, dans des galeries qu’ils ont eux-mêmes creusé en ingérant la terre située devant et en la rejetant derrière eux après avoir prélevée les nutriments qui les intéressent. Lorsqu’on bouleverse le sol, on vient détruire ces galeries et parfois même les vers de terre eux même. Les outils les plus destructeurs sont bien sûr les outils à socs, comme la charrue ou le motoculteur qui tuent les vers qui ont le malheur de se trouver sur leur passage et qui détruisent leur habitat et aussi le garde-manger de ceux d’entre qui remontent en surface pour se nourrir.
Ne plus travailler le sol permet donc tout simplement d’épargner la vie et l’habitat de ces petites bêtes.

 

Le travail intensif du sol a complètement éliminé les vers de terre de ce sol et sa qualité s’en ressent au vu de cette surface minérale durcie et presque imperméable à l’eau.
Le travail intensif du sol a complètement éliminé les vers de terre de ce sol et sa qualité s’en ressent au vu de cette surface minérale durcie et presque imperméable à l’eau.

 

Deuxième enseignement : mettre à profit leurs galeries pour remplacer le travail du sol, optimiser l’irrigation et favoriser la prospection des racines

Bien sûr, remplacer le travail des outils (bêche, motoculteur, grelinette…) n’est pas toujours si simple. Je renvoi pour cela à lecture d’article de mon blog qui traitent ce sujet plus spécifiquement, comme celui-ci ou celui-là. J’insiste ici seulement sur le fait qu’en forant le sol de part en part de leurs galeries, les vers de terre endogés et anéciques l’aèrent bien mieux et beaucoup plus en douceur que n’importe quel outil.
Ce travail du sol est ainsi répartit sur tout le profil du sol et consiste en des galeries de quelques millimètres de diamètre dans lesquels l’eau, l’air et les organismes du sol circulent aisément.
En cas de pluie, même très violente, l’eau s’infiltre très rapidement à travers ce réseau de drainage naturel, évitant ainsi le ruissellement et l’érosion en surface. Une fois que les galeries sont remplies d’eau, celle-ci se diffuse par capillarité à l’ensemble du sol. Les vers de terres nous aident donc à valoriser au mieux l’eau qui tombe du ciel, aussi bien que celle qui tombe de nos arrosoirs. Ils sont une aide précieuse pour optimiser l’irrigation. En plus le sol criblé de galeries s’humectant par le bas (au fur et à mesure que les galeries se remplissent), cela incite les racines à explorer le sol en profondeur.

Ce profil de sol montre l’importance des galeries de vers de terre dans l’aération du sol !
Ces galeries sont également de voies privilégiées pour le développement des racines des plantes qui se frayent ainsi un passage très facilité vers les couches de sol profond et plus humide que la surface.

Racine dans une galerie de ver de terre.
Racine dans une galerie de ver de terre.

Troisième enseignement : nourrir les vers de terre en amenant de la cellulose (foin, feuilles…)

La nourriture préférée des vers de terre se compose de matériaux riches en cellulose, comme de herbes ou des feuilles. Afin de les nourrir efficacement, il faut leur apporter cette nourriture en abondance, cela peut être facilement réalisé avec un apport de foin ou de feuilles mortes. En revanche, de la paille ou du BRF sont beaucoup plus ligneux et donc moins intéressant pour nourrir les vers de terre. Il se peut toutefois que vous observiez plus de vers de terre sur un sol paillé avec ces matériaux que sur un sol nu avoisinant, mais c’est plus dû à un meilleur maintien de l’humidité par ces matériaux qu’à leur capacité à être consommés par les vers.

Un mulch de foin : rien de tel pour nourrir notre élevage souterrain de vers de terre !
Un mulch de foin : rien de tel pour nourrir notre élevage souterrain de vers de terre !

Si ces matériaux naturels venaient à faire défaut chez vous, vous avez également la possibilité d’utiliser des papiers et des cartons (les choisir marron et sans inscription et en retirer les scotchs éventuels). Ces matériaux sont de la cellulose quasiment pure et peuvent donc nous aider à nourrir les vers de terre en plus de nous aider à limiter l’enherbement sans aucun travail du sol.

Quatrième enseignement : ramener au sol les matières vertes produites par le jardin

Bien sûr de telles matières riches en cellulose poussent directement dans le jardin, c’est ainsi que la plupart des résidus de culture, que ce soit au potager ou au jardin sont une nourriture de choix pour nos hôtes préférés ! Ramenez donc au sol toutes les matières végétales que vous ne récoltez pas !
En plus, vous pouvez aussi faire des cultures exprès pour les nourrir : ce sont les couverts végétaux qui, après destruction, ramènent une grande quantité de matières vertes au sol, les vers se délectent de celles-ci. Nourrir efficacement les vers de terre est donc un des multiples effets positifs des couverts.
En ramenant ainsi systématiquement au sol vos résidus de cultures et de couverts végétaux vous d’entretenez tout au long de l’année le garde-manger de nos amis souterrains ! C’est encore plus intéressant pour eux qu’un apport massif de foin une fois par an !

Un couvert végétal fin avril.
Un couvert végétal fin avril.
La végétation qu’il laisse au sol après destruction.
La végétation qu’il laisse au sol après destruction.
Le sol deux semaines plus tard : les dix premiers centimètres sont remplis de turricules de vers de terre…
Le sol deux semaines plus tard : les dix premiers centimètres sont remplis de turricules de vers de terre…

Cinquième enseignement : Mettre à profit leurs déjections pour optimiser la fertilisation des cultures

Les déjections des vers de terre sont un peu particulières, on les appelle turricules et c’est un mélange intime de terre (ils ingèrent de la terre pour creuser leurs galeries) et de matières organiques. Le tout très enrichit en micro-organismes (bactéries, protozoaires…).
Cette richesse en micro-organismes permet de rendre les éléments minéraux dont les plantes ont besoin d’être plus accessible dans les déjections des vers de terre que dans le sol environnant. En conséquence un sol riche en vers de terre permet de réduire la fertilisation des plantes ! Bien sûr il est très difficile de quantifier cet effet, mais il participe au fait que les jardiniers qui travaillent avec un sol vivant ont moins besoin de fertiliser que les autres !

Turricule de vers de terre.
Turricule de vers de terre.
Un ver de terre en train de déféquer : le début de la formation d’un turricule
Un ver de terre en train de déféquer : le début de la formation d’un turricule

En conclusion, ce cher Darwin avait donc vu juste : parmi les milliers d’animaux qu’il a étudiés, il a bien compris que ceux sont particulièrement importants dans le fonctionnement de nos sols et donc extrêmement utiles au cultivateur, qu’il soit céréalier ou jardinier sur quelques mètres carré ! Cela grâce au forage incessant du sol qu’ils réalisent et grâce à la richesse biologique et chimique de leurs déjections. Bien sûr pour bénéficier de tels effet, il faut respecter leur habitat en travaillant le moins possible le sol et les nourrir avec toutes sortes de matières riches en cellulose. Matières que l’on peut apporter ou bien produire sur place !

Je vous souhaite bonne mise en œuvre de ces conseils pour 2015 !

Pour aller plus loin sur les vers de terre :

Des vers de terre et des hommes : Découvrir nos écosystèmes fonctionnant à l’énergie solaire Par Marcel Bouché

Cet article participe à l’événement inter-blogs « Les 5 choses que j’aurais aimé que l’on me dise avant de commencer mon potager » organisé par le blog PotagerDurable.
Pour découvrir ce qu’ont écrit les autres blogueurs, cliquez sur ce lien :
Voir la liste des articles participants.

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actualité

Restitutions de la journée « maraîchage sur sol vivant » du 4 décembre 2012

Le 4 décembre dernier ont eu lieu à Auch (32) la première journée nationale de rencontres et d’échange sur le « maraîchage sur sol vivant » organisée par Terre en Sève, ma société, l’organisme de formation gersois Gaia 32 et François Mulet, paysan maraîcher en semis direct dans l’Eure (27) avec les partenariats du GABB32, d’arbre et paysage 32 et le l’AFAF.

Certains d’entre vous étaient présent ce 4 décembre et pour en faire profiter tout le monde, je vous partage les restitutions de cette journée, disponibles sur le site de Gaia 32: http://gaia32.com/rencontre-nationale-maraichage-sur-sol-vivant-la-restitution/.

Pour ceux qui souhaitent être informés des suites données à ces rencontres, je vous invite à vous inscrire à liste du réseau national naissant mais déjà dynamique « maraîchage sur sol vivant », vous trouverez le formulaire d’inscription ici:
http://www.terre-en-seve.fr/maraichage-sur-sol-vivant/.

Et prime, spécialement pour vous, voici le compte rendu de notre ami Jacques Subra (j’ai inséré une diapo de chaque conférence dans son exposé) :

La matinée à été consacrée à la présentation par des intervenants de ces différentes techniques.

Gilles Domenech nous a parlé des flux de carbone, de l’agradation des sols vivants, du rôle agronomique de la vie des sols, de la structuration des sols grâce a la transformation des matières organiques apportées par les résidus des cultures ou de BRF, ou mieux encore par les couvertures permanentes de cultures a forte production de masse carbonée (appelées couramment engrais vert) Pour exemple, le maïs laisse 18t/ha de matière organique, alors qu’une culture de tomates ne laisse que 0,2t/ha. Il a également abordé la rhizodéposition : sécrétion par les racines de composés organiques favorisant la nutrition des plantes voisines d’où l’avantage qu’il y a de faire des cultures associées.
En conclusion, les trois piliers de l’aggradation sont : Apport de matières organiques, Production de biomasse, Réduction voire suppression du travail du sol.

Bernard Bertrand : Agriculteur, écrivain, créateur des éditions du Terran nous a conté son parcours de paysan du piémont Pyrénéen et son évolution vers une agriculture responsable et respectueuse de l’environnement. Son expérience de jardinage sur friches, sans désherbage et sans arrosage, simplement en maîtrisant la pousse des adventices quand celles-ci concurrencent les légumes, prouve que, dans certaines conditions il est possible de produire des légumes avec un minimum de travail.
Si un jour vous avez l’occasion de passer près de Toulouse, faite un détour par Saingouagnet , Annie-Jeanne Bertrand se fera un plaisir de vous faire visiter son jardin des sortilèges ou sont répertoriées plus de 1000 plantes et légumes pour certains tombés dans l’oubli.

Pierre Besse : AMAP de la Digue (31) Maraîcher près de Toulouse, pratique la couverture permanente du sol avec du BRF et des tontes de gazon récupérés auprès de municipalités et d’entreprises d’espaces verts. J’ai été surpris de voir les quantités de broyât qu’il utilise. Sur certaines cultures (cucurbitacées) il n’hésite pas à mettre 10 cm et plus, d’épaisseur avec des résultats probants.

François Mulet : Jaedin des Peltiers à Breteuil (27) a « bricolé » et détourné de son utilisation d’origine du matériel agricole réformé pour mécaniser le paillage du sol. Dans le domaine du maraîchage en sol vivant, sans labour ni travail du sol en profondeur, tout est à inventer en matière d’outillage. Il est des pionniers comme François partout en France. Le but de cette journée était de les faire se rencontrer pour créer un réseau et mutualiser les compétence, merci aux organisateurs.

Laurent Welsch : AMAP de Latoue (31) Maraîcher atypique, plein d’humour et d’auto-dérision, englobe dans son travail une dimension spirituelle. Son jardin est un joyeux mélange de légumes, fleurs et céréales. Son lieu de travail est aussi source de bonheur et d’épanouissement personnel.
Pratiquant la culture sous couverts végétaux, il détruit ceux-ci par bâchage sous plastique recyclable qu’il laisse en place 10 à15 jours. En serre, tous les résidus de légumes restent en place sans broyage préalable, il utilise des bâches perforées qui lui permettent de planter directement les cultures suivantes sans retirer celles-ci.

Après un délicieux repas bio végétarien, l’après midi était consacré à divers ateliers, en participation libre selon les thèmes choisis et possibilité pour les participants de circuler entre les ateliers. Organisés sur le modèle des forum ouvert ou chacun peut s’exprimer, présenter ses propres expériences ou proposer des idées, cette apparente joyeuse pagaille fait émerger des idées qui sont ensuite collectionnées, triées par thèmes et synthétisées pour servir de base à un travail commun.

Le succès de cette journée est la preuve qu’un mouvement se dessine, porteur d’espoir dans une nouvelle pratique d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement. Sans dogmes et à priori, oubliant les querelles de chapelles, nous devons, ensemble, trouver la voie qui conduira à la régénération des sols, priorité absolu pour assurer l’avenir des générations futures. Pour cela, Mesdames et Messieurs les organisateurs, nous vous remercions.

Fait à Séron le 5 Décembre 2012
Jacques SUBRA

Je vous laisse sur cette belle conclusion ! A bientôt sur ce nouveau réseau !


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Jardiniers-reporters

Exemple de mise en oeuvre du BRF dans le Ségala Aveyronnais… Pas vraiment concluant !

Il y a un peu plus d’un an, Denis m’avait questionné en commentaire de l’article « le jardin bio de Jacques » sur l’application de BRF en suivant la « technique sylvagraire », celle développée par les Québecois et vulgarisée aujourd’hui en France par Jacky Dupéty. Malgré mon scepticisme sur cette approche, il a choisi de la suivre. Il a récemment laissé un commentaire sur la page d’accueil pour me faire part de ses déboires. J’en ai profité pour lui demander un article sur son expérience pour mieux comprendre ce qui s’est passé et vous le partager. Voici son témoignage :

Petit historique rapide du terrain :

C’est une parcelle qui a servi pendant une vingtaine d’années de parc à canards, donc toujours en prairie naturelle (je précise que sur ces parcs il y avait toujours de l’herbe, les canards disposaient de beaucoup d’espace) puis depuis une dizaine d’années, il n’y a plus eu de canards, ce sont des chevaux qui pâturaient.

Le sol

Il s’agit d’un sol de Ségala aveyronnais léger, souple, brun clair, se  desséchant facilement après une averse, facile à travailler mais peu profond (20 à 25 cm même moins par endroits) avec quelques pierres de schiste çà  et là.

L’épandage du BRF

Courant novembre 2011, avec le tracteur j’ai passé en croisé le cultivateur  pour casser la prairie .J’ai obtenu un sol bien aéré et souple. Le sol était bien séché pour le  travailler. Ensuite j’ai épandu manuellement du maërl et repassé le cultivateur pour le mélanger un peu à la terre. Fin décembre (c’était entre Noël et le 31 décembre), j’ai épandu le BRF sur une couche irrégulière épaisse en moyenne d’environ 5 cm. J’ai voulu mettre assez d’épaisseur pour éviter que l’herbe de la prairie ne repousse à travers le BRF (peut-être une erreur ?).

En ce qui concerne l’origine du BRF, il s’agit de branches de noisetiers pour l’essentiel ; mais aussi des frênes, chênes ou quelques autres essences (sureau, houx, hêtres ….).

J’ai laissé en place sans y toucher jusqu’en mars où j’ai repassé en croisé un vibroculteur (autre  appareil à dents) pour mélanger  le BRF au sol.

Mon souci était de le faire  pendant une période sèche (et je me souviens que les conditions ce jour-là étaient particulièrement favorables) car je voulais éviter de tasser le sol avec le tracteur

Après, ça se gâte !!

Fin  avril – début mai j’ai voulu procéder aux semis et plantations  et là, grosse surprise  j’ai découvert sous le BRF un sol tassé, complètement asphyxié, qui sentait même la vase !

Lorsque j’en soulevais une largeur avec la grelinette, cela faisait un seul bloc !

J’ai choisi de décompacter ce sol avec la grelinette, pour éviter le motoculteur afin de sauver les quelques vers de terre présents. Ce travail a été effectué uniquement sur la largeur de la grelinette et sur les rangs prévus pour semer ou planter.

Quelques remarques :

L’hiver, le printemps et l’été ont été particulièrement secs cette année. Par exemple, il n’y a pas eu de sortie de champignons sur le BRF ; ils sortent là maintenant depuis la fin octobre. J’ai d’ailleurs arrosé tout cet été !

Le 5 août gros orage de grêle qui a fait pas mal de dégâts.

Il y a eu aussi une bonne population de rats qui ont croqué une bonne part des patates et maintenant se sont attaquées aux carottes !!

Lorsque j’ai découvert ce problème de sol asphyxié, j’ai pensé dans un premier temps à un tassement par le tracteur au moment des différentes opérations.

Mais en bordure de parcelle le BRF n’a pas été arrêté de façon bien rectiligne, selon les godets cela faisait des sortes de « langues » .Lorsque je passais la grelinette, dès que j’attaquais une partie sans BRF je retrouvais un sol normal, alors qu’il avait été tassé de la même façon par le tracteur. C’est pour cela que j’en ai conclu qu’il s’agissait d’un effet que l’on pouvait  attribuer totalement au BRF.

Cet automne, j’ai mis un couvert végétal (mélange de seigle, vesce, phacélie) sur une partie du jardin après les récoltes de pommes de terre et haricots. Celui-ci a été semé le 23 octobre après avoir passé le cultivateur. Sur l’autre partie du jardin, il y a des cultures (framboisiers, fraisiers, navets, mâches, choux, carottes …) et je laisse les herbes qui poussent naturellement pour que les racines améliorent la structure du sol (du moins j’espère !)

fructification de champignons dans le BRF, c’est bon signe, la bio-transormation du BRF a repris son cours !

Je ne me contenterai bien sûr pas du facile : « je l’avais bien dit que cette technique ne fonctionnait pas ! ». Non, ce n’est pas si simple. A première vue, on est dans des conditions assez favorables pour un amendement avec du BRF : sol léger, aéré, bonnes conditions d’interventions.

Le premier souci que je perçois est sans doute l’épaisseur sans doute quelque peu excessive, mais ce n’est certainement pas le seul facteur.

Ensuite, je pense que l’opération d’incorporation a été en effet néfaste, voici une hypothèse quant à ce qui a pu se passer :

1)      Suite à cette opération et à l’immobilisation d’azote qui a probablement suivi, la végétation s’est très peu développée ;

2)      Les pluies printanières, fussent-elles rares, ont battu le sol ainsi dénudé et sensible à la battance de par sa nature, et sa surface s’est encroûté, limitant la diffusion de l’oxygène alors que ce gaz était fortement consommé les nombreux micro-organismes occupés à décomposer l’énorme quantité de BRF et les résidus de la prairie mis à leur disposition ;

3)      Des conditions plus ou moins anaérobies se sont ainsi mise en place, expliquant cette odeur de vase et les piètres résultats des cultures implantées sur la parcelle. Cela a peut-être aussi provoqué une acidification du sol.

Pendant ce temps la parcelle témoin n’a pas été perturbée, ni par un travail arrivant à un moment gênant le développement de la végétation, ni par un apport de matière organique ligneuse difficile à digérer pour le sol, du coup celle-ci était bien plus belle.

Je pense que le fait d’avoir implanté un couvert hivernal est une bonne solution : la présence en continue de racines dans le sol va permettre de l’aérer en permanence et d’injecter des composés organiques qui nourrissent en continu les micro-organismes. A présent, et tant que le BRF n’a pas été bien digéré, il me semble indispensable que ce sol porte toujours des plantes vivantes : cultures ou couverts végétaux.

Levée du semis de phacélie vesce seigle le 13 novembre. Cette photo montre aussi la tendance à la battance de cette terre, probablement à l’origine des déboires observés ce printemps !

Et vous que pensez vous de cette expérience ? Auriez vous d’autres interprétations quant aux raisons de ces déboires suite à l’épandage et l’incorporation de ce BRF ? Avez d’autres conseils à donner à Denis ?

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Un peu de théorie

Les trois piliers de l’aggradation d’un sol

Petit avant-propos

Cet article fait l’objet d’un événement inter-jardiniers organisé par Yannick du blog Au potager bio. Il souhaite réaliser un e-book sur les différentes méthodes d’enrichir la terre pendant l’hiver. Tout le monde peut y participer, que vous soyez amateur, professionnel, possédant un blog ou non. Vous trouverez tous les renseignements directement sur le site page événement inter-jardiniers.

J’ai bien sûr répondu avec joie à cette invitation de Yannick. Le seul petit soucis que j’ai eu est que ce sujet a été largement évoqué dans mon article du Biocontact de ce mois-ci. Cela dit, cet article me permet d’insister sur les trois piliers de la gestion de la fertilité du sol d’une autre manière que dans l’article en question et de plus focaliser sur les applications au jardin de ces principes. J’y ai aussi inséré des liens qui permettrons aux nouveaux venus (particulièrement nombreux ce mois-ci, Biocontact oblige) d’être guidés dans la découverte de ce blog. Bonne lecture !

Enrichir son sol… Très intéressant bien sûr ! Mais qu’est ce qu’un sol riche exactement, que doit-il contenir? Cette question pourrait nous amener très loin dans des considérations sur les propriétés physiques et chimiques du sol (porosité, densité apparente, azote, Eh, pH, matières organiques, CEC, phosphore, oligo-éléments…). Je ne vais pas entrer ici dans de telles considérations théoriques. Je vous propose simplement d’aborder le sol comme un ensemble de matières minérales, de matières organiques et d’êtres vivants.

le sol est un ensemble de matières minérales, de matières organiques et d’êtres vivants.

Mon approche propose de prendre les matières minérale comme elles sont sans chercher à agir dessus par des chaulages, apports de sable, argiles… mais par contre à agir fortement sur les matières organiques et les êtres vivants, afin de favoriser ce que le Pr Lemieux avait appelé l’aggradation des sols (contraire de dégradation). Les trois piliers de mon approche sont la suppression du travail du sol, l’amendement organique et la production de biomasse, voyons cela de plus près :

Supprimer le travail du sol

Avant de penser à l’enrichir, il faudrait peut être penser à ne pas l’appauvrir !

Comment appauvrit-on un sol ? Simplement en introduisant des pratiques qui génèrent la perte de matière organique par minéralisation excessive ou par érosion avec pour conséquence par exemple la perte de l’azote du sol par lixiviation des nitrates.

Ces pratiques destructrices sont essentiellement liées au travail du sol donc le premier point à bien comprendre avant de penser à enrichir est de réduire le travail du sol et si possible le supprimer, surtout à des périodes où la MO est fortement minéralisée, comme à l’automne.

Amener des amendements organiques

A présent que cela est posé, intéressons nous enfin à comment l’enrichir. La première solution, celle à laquelle la plupart des jardiniers pensent en premier est l’amendement, en l’occurence l’amendement organique avec des produits tels que fumiers, composts, BRF…

En ce qui me concerne, j’ai une nette préférence pour les amendement d’origine végétale, faciles à trouver dans la plupart des jardins, et utilisés frais, sans compostage préalable. Pour mieux comprendre ce point de vue, je vous invite à (re)découvrir mes articles sur le compost ou les flux d’énergie au jardin. Il peut s’agir aussi bien d’amendement d’origine herbacés, tels que le foin ou la paille, ou ligneux, tel que le BRF, ou encore les feuilles qui se détachent de mes BREF.

Ces amendements sont simplement déposés sur le sol, en paillis. Les organismes du sol s’en nourrissent et le mélangent à la terre sans que je n’ai rien d’autre à faire que de déposer tout ça en surface.

Amender le sol n’est pas indispensable, mais c’est une aide qui permet d’accélérer fortement l’enrichissement du sol d’un jardin !

Produire de la biomasse

Enfin, le troisième et dernier pilier est la production de biomasse au sein même du jardin. Cela peut certes paraître paradoxal, puisqu’il est bien connu que cultiver des plantes appauvrit le sol ! Or cette affirmation est fausse, ce n’est pas la culture des végétaux qui appauvrit le sol, mais leur récolte ! Si l’on parvient à faire produire à une parcelle beaucoup plus de matière végétale qu’on en récolte, on peut la fertiliser uniquement avec les plantes qui y poussent !

Comment cela ?

Tout simplement en restituant directement au sol toutes les parties non récoltées des plantes cultivées, comme ça, directement sur le sol, même si elles sont malades (ce qui est très souvent le cas pour les cultures en fin de saison). Pour améliorer le retour de matière organique au sol, je vous invite à choisir des plantes qui produisent le plus possible de biomasse afin d’apporter le plus possible de matières organiques au sol !

Toutefois, certaines cultures, par nature, restituent très de peu de matières organiques au sol: il s’agit des légumes racines (carottes, pommes de terre, betteraves…) et des légumes feuilles (épinard, poireaux, salades…). Il n’est donc pas possible de compter seulement sur les apports de cultures pour enrichir le sol, le recours à une autre méthode est donc indispensable…

Cette autre méthode, tout aussi importante, est de mettre en place des couverts végétaux (alias engrais verts) dès qu’une planche se libère et qu’on ne la recultive pas tout de suite ! Ces couverts permettent non seulement de produire de la matière organique en fixant du carbone issus du CO2 atmosphérique et de l’énergie solaire, mais aussi de fixer de l’azote issus de l’air (si le couvert contient des légumineuses), d’attirer des pollinisateur grâces aux fleurs, de concurrencer l’enherbement…

En plus un autre avantage de fertiliser avec les plantes que l’on fait pousser sur place est qu’elle participent à structurer le sol grâce à l’action mécanique de leurs racines et de l’enrichir grâce à la rhizodéposition. D’ailleurs à ce sujet le récent et excellent livre de Guylaine Goulfier « La révolution au Potager » est un des rares, voire le seul livre grand public sur le jardinage à mettre en avant l’importance de ce phénomène. Je me permet de vous le recommander.

Donc au final, c’est plutôt simple d’enrichir un sol : il suffit de ne pas le travailler, de l’amender et de le cultiver en permanence que ce soit avec des cultures destinées à être récoltées ou des couverts végétaux cultivés uniquement dans des buts d’améliorer la fertilité du sol !

Et vous comment enrichissez vous votre sol ?
Retrouvez l’ensemble de ce carnaval d’article ici : http://au-potager-bio.com/resume-de-levenement-enrichir-sa-terre/


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Lecture d'ouvrage

Jardinons Sol Vivant dans Biocontact !

Ce mois-ci le magazine biocontact (n°229, novembre 2012) publie un article que j’ai écrit à leur demande et intitulé Sol vivant et zéro labour ! Alors si vous avez possibilité de vous le procurer, je vous invite à le lire et à me laisser vos commentaires ici !
Ce magazine est gratuit et diffusé dans la plupart des magasins bio de France !
Sinon, vous pouvez en télécharger l’article ici (avec l’aimable autorisation de la revue) :
https://jardinonssolvivant.fr/WordPress/wp-content/uploads/2012/11/BC229_DOMENECH.pdf
ou bien le fichier avec seulement le texte (version plus facilement imprimable) :
https://jardinonssolvivant.fr/WordPress/wp-content/uploads/2012/11/F-Gilles-Domenech-Zéro-labour.pdf

Juste une petite précision: le dossier de ce numéro est consacré à la biodynamie mais mon article n’en fait pas partie, je connais très mal les travaux de Steiner et n’ai pas de connaissances particulières en biodynamie et anthroposophie !