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Le jardin vivant de l’Oasis dos 3 sobreiros par Murielle Lekien

Difficile de rédiger un article pour décrire le jardin de l’Oasis. Il est à mon image comme j’imagine, derrière chaque jardin, se devine le caractère de la jardinière ou du jardinier. Je dirais un jardin en perpétuelle évolution aux sources d’inspirations diverses, influencé essentiellement par mes nombreuses lectures.
Imaginez, vous êtes au Sud, en zone méditerranéenne…, descendez encore plus au Sud, jusqu’au Portugal, à 100 km au-dessous de Lisbonne, en façade atlantique, à 10 km de l’océan à vol d’oiseau ce qui permet de bénéficier d’un climat un peu plus tempéré et clément, au cœur d’une forêt de chênes liège, protégé ainsi des vents maritimes, dans un val légèrement montagneux, le cycle des végétaux et donc la saison de culture y sont décalés de quelques semaines par rapport à la plaine.
C’est une ferme abandonnée depuis une vingtaine d’année, aménagée de terrasses comme on n’en fait plus aujourd’hui avec des murs de pierres de 2 à 3 m de hauteur, bien utiles pour y loger une foule d’auxiliaires : couleuvres, lézards, mille-pattes, orvets, salamandres. A l’époque de la dictature de Salazar, le propriétaire avait installé une orangeraie sur les terrasses. Lorsque nous sommes arrivés, les orangers suffoquant sous des ronces de 5 m de hauteur semblaient nous crier à l’aide ! Les ronces sont bio-indicatrices d’un terrain fertile et aident le sol. Une fois qu’elles ont été rabattues à la main et le résidu passé à la débroussailleuse, il reste sur le sol un « BRF de ronces », paillage pas très agréable à manipuler mais qui se transforme en une couche fine d’un beau noir humifère. Là où il n’y avait pas de ronces, c’était en début d’année, une pâture toute jaune des oxalis pieds de chèvre, indicateurs d’une érosion intense et d’un lessivage des sols laissés à nus l’hiver et l’été, peut-être une zone sur pâturée par les moutons du voisin qui avaient coutume d’y stationner ?

Les orangers envahis de ronces
Les orangers envahis de ronces
le BRF de ronce après débrousaillage des orangers
le BRF de ronce après débroussaillage des orangers

Nous avons installé le jardin potager au milieu des vieux orangers de la première terrasse l’année dernière. Au départ, ce qui nous a surpris, c’est de ne trouver aucun ver de terre, par contre de nombreuses fourmis qui, paraît-il aèrent et décompactent le sol, ainsi que de nombreux cloportes détritivores. Nous avons commencé par enlever à la pioche la plupart des racines de ronces (j’ai trouvé des souches agrémentées de racines de plusieurs mètres de long !) ce qui a permis dans un même temps de décompacter le sol, un passage initial à la grelinette (nous avions essayé sans sur la terrasse 2 l’année précédente avec des résultats catastrophiques, des légumes très forts en goûts mais lilipuciens, des carottes avec des racines aux technique variées lorsqu’elles arrivent sous la couverture au contact du sol : je fourche, je me courbe voire je remonte !) puis installation des plates-bandes couvertes de 3cm de BRF à l’automne, semées de légumineuses, puis couvertes au printemps lors de la mise en place des cultures d’été des fanes de légumineuses coupées et de de 10-15 cm de foin. Les plates-bandes seront ensuite tout le temps couvertes, le travail du sol s’avérant alors inutile ce qui permet de favoriser la biodiversité de la faune du sol et de bénéficier de tous les avantages d’un sol vivant.

Après épandage de "vrai" BRF à l'automne 2012
Après épandage de « vrai » BRF à l’automne 2012
légumineuses semées lors de l'épandage de BRF de l'automne 2012
légumineuses semées lors de l’épandage de BRF de l’automne 2012

Le fait d’être en zone méditerranéenne et de ne pratiquement pas avoir de pluie entre fin avril et début octobre nous oblige à une gestion intelligente de l’eau. Nous avons installé un bélier hydraulique pour avoir de l’eau au niveau du jardin. Cela nous permet de remonter de l’eau sur 30 m de hauteur et 115 m de longueur de tuyau. Cette année, nous mettons en place de la micro-irrigation basse pression (bidons d’eau surélevés de seulement 40 cm) et bien sûr la quantité d’eau nécessaire pour les cultures est réduite par l’utilisation de techniques appropriées (BRF et sol recouvert en permanence).
Cette année, j’ai semé de la Datura stramoine, belle vénéneuse qui pousse ici de façon spontanée et aléatoire avec une belle vigueur. Elle présente l’avantage à mes yeux de jardinière de faire partie de la famille des solanacées et j’aimerai bien tenter des greffes en vert de tomates, aubergines et poivrons. Vous imaginez, des tomates sans arrosage !!??
A la palette de mes outils de jardinière, je peux ajouter les extraits végétaux. Ils demandent plus de persévérance en zone méditerranéenne car ici, les orties ne courent pas les champs, j’ai même dû en semer en arrivant. Heureusement j’ai pu en trouver chez le voisin sur son potager ensemencé de fumier de mouton. Cette année, pour compléter la panoplie des extraits, j’ai implanté une consouderaie.
J’entretiens aussi un andain de vermicompost. J’ai trouvé cette formule la plus pratique pour réaliser sans trop de travail un compost de qualité en grande quantité. J’aimerais à terme supprimer les tas de compost et gérer les plates-bandes du jardin avec une rotation basée sur le compostage de surface et les besoins des plantes. Ainsi à tour de rôle chaque plate-bande serait temporairement transformée en compostage de surface/andain de vermicompost, recouverte de déchets de cuisine, cartons, foin, coupes de « mauvaises herbes », BRF, et éventuellement de fumier de cheval. J’y installerai ensuite consécutivement des plantes très gourmandes en compost puis moyennement puis peu pour enfin installer des plantes ne nécessitant aucun apport de compost.
Si vous avez continué la lecture de cet article jusqu’ici, avant de supprimer mes tas de compost, voire mon approvisionnement en fumier de cheval, j’aimerais avoir vos commentaires/ avis/ expériences. Y-a-t-il des jardiniers qui jardinent sans compost ?? Le seul point sur lequel je reste dubitative c’est la réussite des cucurbitacées (melons pastèques, eh oui c’est l’avantage d’être au Sud, concombre, courges et Cie), plantes gourmandes qui apprécient de pousser directement sur le compost ! Si des personnes ont des témoignages de réussite des courges sans apport de compost, je suis preneuse !

Endive du sud !
Endive du sud !

Pour terminer cette présentation du jardin de l’Oasis (désolée, c’est un peu long comme chaque fois que je commence à parler de jardin !), de nombreuses idées restent à expérimenter/ développer : les mycorhizes, installer une petite mare, une plate-bande spécifique pour les plante mellifères, les micro-organismes efficaces, le jus de compost à aération active, l’électroculture, les engrais verts en interculture (mais que c’est pénible d’enlever les couvertures des plates-bandes), les semis directement en place (quel boulot de semer en caissette ou en godets pour ensuite transplanter et quel stress pour la plante !).
Voilà, maintenant c’est à vous pour les commentaires et si vous voulez voir d’autres articles sur le jardin de l’Oasis ou venir nous visiter, c’est ici.
Murielle LEKIEN
Expérimentatrice en alimentation vivante & jardin vivant.
Oasis dos 3 sobreiros – Portugal
Site web : http://oasis-des-3-chenes.fr/
Contact : murielle(AT)oasis-des-3-chenes.fr (rempalcer (AT) par @) ; tél (+00 351 ) 927 738 016.

Depuis mars Murielle propose des séjours Alimentation Vivante au Portugal. Si vous souhaitez vous offrir un chouette séjour et de plus soutenir une jeune créatrice et le projet d’une Oasis, n’hésitez pas ! Le projet de l’Oasis, c’est entre autres : un inventaire floristique, la préservation des plantes sauvages locales, la préservation de semences potagères anciennes, la création d’un jardin sec, la mise en place d’un verger de fruitiers anciens…

perfection fractale
perfection fractale
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Jardinons

La récupération d’eau de pluie par Gabriel Martinez

Vous en avez assez d’utiliser l’eau potable du réseau ou de tirer sur la nappe phréatique ?
Les feuilles de vos plants n’apprécient guère le chlore ?
De plus, vous vous désespérez de voir l’eau de pluie descendre de votre toit pour aller directement au tout à l’égout…

Si tel est le cas, cet article est pour vous !

Avez-vous pensez à récupérer cette eau de pluie pour l’utiliser plus tard, lors des périodes sèches ?


Les solutions

– La cuve béton, enterrée ou aérienne : l’auto-construction est possible pour les expérimentés et courageux mais nécessitera des moyens lourds (pelle mécanique, toupie de béton), à moins de la maçonner à l’ancienne ! Certes, elle est couteuse à la fois pour le porte-monnaie et au niveau de son énergie grise mais elle à l’avantage de permettre l’autonomie en eau de bonne qualité pour la famille. Pour cela, il est conseillé de faire appel à un géobiologue pour la conception et l’implantation (forme, emplacement, radon…) et à un plombier pour la réalisation d’un circuit efficace.

– La cuve enterrée en polyéthylène : il en existe de toutes tailles jusqu’à plus de 40 m3. Si elles sont aux normes sanitaires, il est toutefois recommandé de rééquilibrer le PH de l’eau (ce qui se fait naturellement dans la cuve béton) pour la boisson ; et garder à l’esprit que ça reste du plastique…

– Dans la gamme des petites cuves aériennes, les grandes surfaces de bricolage et jardinage nous proposent un choix exhaustif de formes et coloris mais aux prix prohibitifs pour seulement quelques centaines de litres, et vous n’irez pas loin avec ça !

– Par contre, existe la tonne d’eau, cubique aux armatures métalliques, pas forcément jolie mais à quoi l’œil s’est habitué et dont la présence dans un coin du jardin confère une sensation de douce simplicité.
Se vendant d’occasion, ces cuves se marient bien aux petites bourses et permettent facilement une (quasi) autonomie en eau pour le jardin.


Description

L’installation que je vais vous présenter est composée de 3 cuves pour une récupération de 3 m3. Elles sont alimentés par plus de 100 m2 de toitures sur 2 pans.

J’ai d’abord réalisé un socle solide pouvant supporter 3 tonnes. D’un mètre de haut, il sert à surélever les cuves pour obtenir un pression convenable à l’arrosage.

Ensuite, il a fallu raccorder les descentes d’eau de deux pans de toiture.

Socle des récupérateurs d'eauRaccordement avec la descente d'eau pluviale

La première cuve reçoit le tuyau de collectage. Les trois cuves sont raccordées entre elles de sorte que chacune se remplie quand la précédente est pleine.

Un robinet placé sur la première cuve permet le remplissage d’un arrosoir ou l’alimentation d’un tuyau d’arrosage.
robinet cuve
Voici le rendu final.

Installation de récupération d'eau de pluie

L’esthétique n’est peut être pas au rendez-vous, mais le système fonctionne :

– Les cuves se remplissent totalement en 2 bonnes journées de pluie.

– Avec 1m de haut, la pression est suffisante pour l’arrosage au tuyau aux pieds des plants (on n’utilise pas de méthode plus « évoluée » et ne peut rien dire à leur sujet).

– Le bois protège le plastique des rayons du soleil (pourrait se remplacer par une plante grimpante mais attention à ce quelle n’endommage pas les cuves en grandissant).


Dimensionnement

Pour savoir la quantité de volume de stockage vous avez besoin, il vous faut d’abord connaitre votre consommation d’eau pendant la période sèche la plus longue et vous renseigner sur les précipitations moyennes précédant cette période (http://www.meteociel.fr/climatologie/climato.php). Grâce à la surface de toit disponible, vous pourrez alors calculer la récupération possible et la comparer avec vos besoins.

Ex. : Vous habitez Montpellier et les pluies sont rares. Vous devez tenir les mois de juin et juillet quasiment secs avec les précipitations de mai qui représentent 30mm (0,03m). Vous avez 100 m2 de toiture en tuile (coefficient de récupération 0,9 pour la tuile), vous pouvez donc récupérer au maximum 0,03*100*0,9= 2,7 m3 en mai.
Cela vous suffit-il pour 2 mois d’arrosage ? Si oui, alors 3 cuves vous conviendront.
Si non, il en faudra plus pour profiter en été des pluies de l’hiver.


Conclusion

Pour 300 euros minimum (cuve à 60/70 euros), une installation comme celle-ci est un bon compromis Utilité/Investissement et peut être « remboursée » en 5/10 ans mais c’est avant tout et à mon sens un acte citoyen, prenant conscience des enjeux liés à l’eau.

Alors, qu’en pensez-vous ? Cela vaut-il le coup ?

La fiche de fabrication détaillée est disponible ici : https://jardinonssolvivant.fr/WordPress/wp-content/uploads/2020/08/fiche_de_fabrication_recuperateurs_d_eau.pdf

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Les urodèles – salamandres et tritons – par Jacques Subra

Après les syrphes et les chrysopes et les crapauds, Jacques poursuit ses chroniques concernant les auxiliaires au jardin avec cette fois-ci les amphibiens Urodèles.

Je vous présente aujourd’hui deux hôtes de mon jardin de la famille des urodèles : La salamandre et le triton. Ils ont besoin impérativement d’un point d’eau pour se reproduire cela nécessite que vous ayez une mare ou un ruisseau à proximité.

La salamandre

On la distingue facilement par ses couleurs vives, jaune et noir, et sa peau luisante. De mœurs nocturne elle s’abrite sous des pierres, une planche ou dans la mousse humide ne sortant que la nuit pour chasser de petits mollusques, insectes et vers. Elle hiverne enfouie dans le sol ou dans des cavités à l’abri du froid et sort vers le mois de Mars. En Avril-Mai la femelle (vivipare) dépose dans l’eau 10 à 70 larves de 3cm avec 4 membres et des branchies externes. Après avoir séjourné dans l’eau plusieurs mois, les larves regagnent la terre ferme et peuvent atteindre 20 cm à l’âge adulte. Elles se reproduisent vers 4 ou 5 ans. Leur peau est couverte d’une sécrétion venimeuse inoffensive pour l’homme. Il existe une salamandre noire, plus petite, mais je n’en ai jamais rencontré. En France on ne la trouve que dans les Alpes.

Salamandre de la jungle humide des Baronnies dans les Pyrénées
Salamandre de la jungle humide des Baronnies dans les Pyrénées

Le triton

Il en existe plusieurs espèces, chez moi il y a le triton marbré de la taille d’une salamandre. La femelle pond une centaine d’œufs qu’elle accroche aux plantes aquatiques. Les tritons sortent de l’eau pour hiverner comme les salamandres. Ils se nourrissent de larves, petits mollusques, œufs de batraciens et même des larves de son espèce.

Triton marbré

Ces deux espèces d’urodèles sont à protéger car elles souffrent de la disparition de leur habitat, mares, zones humide, et sont victimes des voitures quand elles sortent la nuit par temps de pluie.

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Un peu de théorie

La faim d’azote du début de printemps

Je vous propose un nouvel article sur l’azote, j’ai déjà traité ce thème à l’automne, en vous expliquant les risques de fuites de nitrates à cette époque et les amendements à apporter alors.

Je vous propose aujourd’hui de regarder plus en détail ce qui se passe en ce moment dans nos sols.

A vrai dire, c’est exactement le contraire de ce qui se produit à l’automne : les sols restent froids au sortir de l’hiver et ce d’autant plus qu’ils sont humides, du coup, malgré l’humidité du sol, on a peu de minéralisation de la matière organiques et donc peu de libération de nitrates, ce qui fait que cet élément est peu disponible pour les plantes. Si vous avez en ce début de printemps dans votre potager des légumineuses comme des fèves, des pois… ou des plantes peu gourmandes, comme des laitues, des oignons… ce phénomène n’est pas trop gênant. Par contre pour des cultures plus gourmandes, cela peut poser quelques soucis.

Comment piloter l’azote au début du printemps ?

Cela peut se faire de plusieurs manières :

La première est d’apporter de l’azote minéral directement, par exemple en fertilisant vos plantes avec de l’urine diluée, c’est gratuit et ça marche aussi bien que l’azote chimique du commerce !

La seconde est de travailler le sol, c’est un peu contraire à l’éthique que je propose ici, mais pourquoi pas ? En effet, le travail du sol, en amenant de l’oxygène dans le sol, va favoriser l’oxydation des matières organiques et donc la libération de nitrates. C’est ce qui se passe lorsque vous montez des buttes en cette saison et explique pourquoi cette technique permet d’avoir des résultats spectaculaire dès la première année. Mais attention, vous fertilisez en détruisant par sur-oxydation le capital organique de votre sol, il faudra donc pensez à le reconstituer par des apports carbonés en conséquence ! Et si vous décidez de passer le motoculteur pour aérer votre sol, soyez très vigilants aux conditions d’intervention ! Si vous le passez sur un sol bien ressuyé, ça ira, par contre si le sol est humide, gare aux semelles de travail et aux dégâts sur les lombrics ! Suivant les années les conditions sont très variables, ici, en Ardèche, elles ont été bonnes pendant tout le mois de mars et le début avril en 2012, cette année, ce n’est même pas la peine d’y penser…

Il vous reste aussi la possibilité de faire avec les cycles naturels tels qu’ils sont, c’est-à-dire éviter les implantations de début de printemps, qui sont les plus délicates à réaliser et favoriser le plus possible des végétaux implantées à l’automne (cultures ou couverts végétaux) : il frappant de remarquer que ces dernières, non seulement ne souffrent pas de faim d’azote, mais en plus poussent de manière spectaculaire dès les températures augmentent et les jours deviennent plus longs que les nuits. Ces plantes ont passé tout l’hiver à développer tranquillement leur enracinement, à présent, elles sont prêtes pour ériger leurs parties aériennes. De plus, elles consomment une partie de l’eau du sol, ce qui facilite son réchauffement tout en le protégeant du rayonnement solaire et des précipitations.

Que dire du cas où vous avez suivi mes conseils de fin janvier dispensés dans l’article  « commencez un potager sur une parcelles enherbée grâce à un simple mulch » ? Il est clair que là, votre sol reste humide, qu’il est isolé du réchauffement dû au soleil, donc que la libération de nitrates est quasiment nulle. C’est une réalité, c’est pour cela que je propose en général d’attendre fin avril-début mai, voire plus tard, pour mettre en culture : le sol finit quand même par se réchauffer et permet la mise en place des cultures d’été. Si vous souhaitiez toutefois absolument tester des cultures dès à présent, vous pouvez toujours écarter le paillage jusqu’à voir le sol et y déposer les semences mélangées avec un terreau ou un compost de couleur sombre. La couleur sombre permet de mieux absorber le rayonnement solaire et donc de stimuler localement le réchauffement du sol, la libération de l’azote nécessaire aux plantes suivra très rapidement.

Donc pour résumer : soit vous attendez un peu plus que les voisins, soit vous semez dans du terreau ou du compost, soit vous semez à l’automne

Et vous, quelles sont vos expériences de début de printemps ? Travaillez-vous le sol ? Mettez-vous les cultures en place plutôt à l’automne ? Au printemps ?

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Les crapauds par Jacques Subra

Jacques continue sa série sur les auxiliaires au jardin, après les syrphes et les Chrysopes, il nous parle ici des crapauds

Mardi 5 mars 2013, après midi printanière (18°) Je suis dans le jardin quand une animation inhabituelle venant de la mare attire mon attention. Je m’approche et aperçois deux crapauds mâle se disputant les faveurs d’une belle ( ?? ) « crapaude ».
Je vais chercher mon appareil photo pour fixer c’est instant et écrire ces quelques lignes pour partager avec vous. Je suis toujours, et cela ne fait qu’augmenter avec l’age, émerveillé par le miracle permanent de la Nature. Il suffit d’observer dès l’apparition des premiers signes du printemps, et c’est une explosion de vie qui surgit.

accouplement de crapauds communs
accouplement de crapauds communs

Revenons à nos crapauds

Que n’a-t-on pas raconté depuis des siècles sur ce malheureux anoure (anoure : sans queue) Il est absolument inoffensif pour l’homme, on peut le manipuler sans crainte, ses glandes venimeuses dorsales lui servent de défense en cas d’attaque de prédateurs et ne sont activées que s’il y a morsure.
Un jour que je présentais un crapaud aux enfants de l’école maternelle, il m’a pissé dans la main, ce qui les a bien fait rire ! Il y a plusieurs sortes de crapaud, je parle ici du crapaud commun, (Bufo bufo) le plus répandu sous nos climats avec le sonneur à ventre jaune. Chez le crapaud commun on distingue facilement le mâle de la femelle, celle-ci est d’une taille double voire parfois triple que le mâle. Si vous rencontrez un énorme crapaud dans vôtre jardin, c’est une « crapaude » !

Cet auxiliaire précieux pour le jardinier mérite d’être protégé.

Il se nourrit de mollusques, vers, chenilles et insectes divers . Il a besoin d’abris et de caches pour se protéger de la chaleur du jour, car il a des mœurs nocturnes. Un point d’eau ( mare même petite) pour se reproduire. La femelle pond des chapelets d’œufs (6 à 7000) qu’elle accroche aux plantes aquatiques ou aux algues. On ne peut les confondre avec ceux des grenouilles qui sont en paquets gélatineux. Les têtards sont plus gros que ceux de la grenouille, seul une dizaines arriveront à l’âge adulte. Autre particularité du crapaud : il revient sur son lieu de naissance pour ce reproduire, ne ramassez pas un crapaud dans la nature pour l’introduire chez vous, créez les conditions favorables et ils viendront.

œufs de crapauds communs : ce sont les chapelets noirs accrochés aux plantes aquatiques et aux algues au milieu de la photo.
œufs de crapauds communs : ce sont les chapelets noirs accrochés aux plantes aquatiques et aux algues au milieu de la photo.

Comme beaucoup d’animaux, c’est un marqueur du milieu

Il est très sensible à la pollution, sa présence indique un biotope sain. Malheureusement la disparition de mares et zones humide, plus les dangers liés aux voitures participe à sa disparition.
Pour en savoir plus, comment les attirer chez vous et les protéger, il y a d’excellents sites sur internet.

Jacques Subra

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Rongeurs et tourteau de ricin par Christian Lanthelme

Suite à l’article de Jacques sur les taupes, de nombreuses personnes m’ont questionné au sujet des rongeurs, bien plus problématiques au jardin que les tranquilles prédateurs que Jacques nous a décrit. Au cours de mes conférences et formations, j’ai plusieurs fois entendu des praticiens parler du tourteau de ricin comme solution adapté, j’ai donc proposé à mon collègue blogueur Christian Lanthelme, du blog conseil coaching jardinage, utilisateur de ce produit de nous en dire un peu plus.

Le ricin est une Euphorbiacée tropicale (ici spontanée en bord de route au Bénin) qui peut atteindre 2m de haut en une saison ! Elle est très utilisée en France en ornement. Dans les pays tropicaux, elle est cultivée dans de nombreux but : énergétique, cosmétique, pharmaceutique...
Le ricin est une Euphorbiacée tropicale (ici spontanée en bord de route au Bénin) qui peut atteindre 2m de haut en une saison ! Elle est très utilisée en France en ornement. Dans les pays tropicaux, elle est cultivée dans de nombreux but : énergétique, cosmétique, pharmaceutique…

Le tourteau de ricin est le reliquat de l’industrie de l’huile de ricin. Il se présente sous la forme d’une poudre assez grossière et quasiment sèche. Il s’agit du reste des graines de ricin broyées, écrasées, dont on a extrait l’huile. Le tourteau de ricin est vendu en jardinerie comme forme d’engrais de fond contenant principalement de l’azote (N).

Vous vous rappelez? La formulation des engrais se donne en N.P.K.

N c’est l’azote, P pour le phosphore et K pour la potasse. Pour le tourteau de ricin, la formule est N=5 à 6 %, P=2 à 3 % et K=1%. Ces données sont des chiffres moyens. Ils peuvent varier suivant la provenance du ricin. Donc le tourteau de ricin est équivalent à un engrais de type 6.3.1, à la différence près qu’il est à diffusion lente car il faut d’abord que les micro organismes du sol le dégradent avant que les éléments nutritifs puissent être disponibles pour la plante.

Vu son effet à moyen terme, il vaut donc mieux s’en servir comme engrais de fond. Mettez le 3 à 4 semaines avant vos plantations pour qu’elles puissent en profiter dès le départ. C’est un amendement qui n’acidifie pas le sol, son PH étant de l’ordre de 6 à 7 et son taux de M.O (matières organiques) avoisinant les 80% favorise la vie du sol.

Le tourteau de ricin est toxique

Attention le tourteau de ricin est très toxique pour les animaux et les hommes.

Les graines de ricin contiennent une substance appelée « ricine » qui  est un poison violent même à petites doses. Une  graine peut contenir de 0.2 à 5 % de ricine suivant sa provenance.

Pour une souris, la DL50 en voie orale est de l’ordre 20 – 30 mg ricine /kg de poids corporel. Pour ceux qui ne connaissent pas, la DL50 est La dose létale médiane, c’est un indicateur qui mesure la dose de substance causant la mort de 50 % d’une population animale donnée.

Si elles sont consommées, 3 graines peuvent être fatales à un enfant et 6 à 8 graines pour un adulte et même une seule pour un chien.

Toutefois le tourteau ayant été déshuilé, il peut être un peu moins toxique.

Prenez vos précautions

Manipulez le tourteau avec des gants. Lorsque vous en épandez dans votre jardin, enfouissez-le de suite à l’aide d’une griffe. S’il vous en reste dans votre sac, fermez celui-ci solidement et mettez-le hors de portée des enfants et animaux domestiques.

Cette toxicité est tout de même un atout majeur pour votre jardin.  Elle élimine ou chasse bon nombre de ravageurs. Le tourteau de ricin fait fuir ou tue les campagnols et mulots qui y goûtent et de même pour les vers blancs. Il  aurait également un pouvoir nématicide , mais cela est très difficile à constater dans son jardin, à moins d’avoir du matériel de laboratoire.

Pour ma part, j’incorpore 25 kilos de tourteau de ricin, tout les deux ans, en fin d’hiver, dans mon potager et je n’ai aucun souci de campagnols.

Si vous avez des problèmes avec des campagnols ou mulots dans un coin de votre jardin, préparez des pommes coupées en petits dés, mélangez avec du tourteau de ricin. Vous mettez cette préparation dans leurs galeries et vous rebouchez soigneusement le trou. La gourmandise de ces petits ravageurs va leur jouer un mauvais tour et vous en serez vite débarrassé.

Si vous voulez juste vous en servir comme engrais de fond sans prendre de risque avec la toxicité, sachez qu’il existe du tourteau de ricin détoxifié. C’est un tourteau qui sert en général pour l’alimentation animale. Ce tourteau a été passé dans une étuve durant 15 mn à 125°c et ainsi la toxine  est détruite. Malheureusement ce genre de tourteau détoxifié est difficile à trouver.

Normalement le tourteau utilisable comme engrais suit également ce processus, mais pour cet usage, le traitement par chauffage est souvent insuffisant ou tout simplement non effectué, si bien que ces engrais peuvent contenir plus ou moins de ricine.

Voilà, si vous décidez de mettre du tourteau de ricin classique dans votre jardin comme engrais de fond ou répulsif des ravageurs, gardez à l’esprit que c’est quelque chose de toxique pour vos enfants et animaux de compagnie.

N’ayez craintes, cette toxicité ne se transmet pas du tout aux plantes de votre jardin.

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Les Syrphes et les Chrysopes par Jacques Subra

Jacques, décidément très productif en ce moment nous propose aujourd’hui un article sur deux insectes auxiliaires parmi les plus précieux au jardin.

Je voudrais vous parler aujourd’hui de deux insectes auxiliaires très importants dans l’équilibre écologique du jardin : Les Syrphes et les Chrysopes

– Les Syrphes : Souvent confondues avec des guêpes car certaines ont l’abdomen rayé jaune et noir, mais ce sont des mouches avec une seule paire d’aile alors que les guêpes ont deux paires. Elles ont la particularité de voler par à-coup et de faire du sur-place. Elles pondent leurs œufs près des colonies de pucerons, la larve est vert clair et ressemble à un ver ou une petite chenille.

Syrphe adulte butinant une fleur de phacélie
Syrphe adulte butinant une fleur de phacélie

– Les Chrysopes : Magnifique insecte vert aux ailes transparentes, il a des mœurs plutôt nocturnes, on le voit quelquefois voleter à la tombée de la nuit. Il a la particularité de pondre ses œufs à l’extrémité d’un filament accroché sur les tiges ou les feuilles des plantes.

La chrysope adulte est magnifique insecte vert aux ailes transparentes

Les adultes de ces deux espèces se nourrissent de nectar et participent à la pollinisation des fleurs qu’ils fréquentent. Les larves, quant à elles, sont de redoutables prédatrices de pucerons, « araignées » rouges (acariens), cochenilles, thrips, petites chenilles…

Larve de syrphe dévorant des pucerons.
Plus de photos en cliquant sur l’image

Pour accueillir de tels alliés au jardin il faut leur fournir le gîte et le couvert. Des vieux arbres couvert de lierre (voir article lierre) font d’excellents abris mais aussi les haies champêtres, des fagots, un mur de pierres sèches , une haie ou un massif de buis, des abris artificiels. (vous trouverez des modèles sur internet ou encore dans l’ouvrage « mon jardin paradis » de Gilles Leblais)

Pour les nourrir, des fleurs (soucis calendula, pissenlits, phacélie, œillets d’indes, consoude, bourrache..) des aromatiques (romarin, thym, sarriette… ) et des arbustes à floraison printanière. Observez dans vôtre environnement les arbres et arbustes locaux pour les installer dans le jardin en fonction de la place dont vous disposez (aubépines, prunelier, noisetiers, pommiers malus, amandiers, noisetiers, saules…etc ).

Il est encore temps de planter ces arbustes si vous n’en avez pas chez vous, quand aux fleurs on trouve d’excellents mélanges en jardinerie.

Ces deux espèces sont très sensibles aux insecticides même bio, veillez donc à ne les utiliser qu’en cas d’absolu nécessité.

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Un peu de théorie

Mildious et autres Oomycètes : sont-ils des champignons ?

La sortie la semaine dernière du livre Anti Mildiou de Nicolas du blog potager durable (et qui sévit régulièrement sur ce blog sur le pseudo d’Asparagus) m’amène à écrire un article sur les Oomycètes, ces curieux micro-organismes qui ressemblent à s’y méprendre à des champignons et qui nous causent tant d’ennui au potager.

Faisons connaissance avec les Oomycètes

Pour répondre à la question du titre : eh bien non, malgré les apparences ! Le groupe des Oomycètes est même très éloigné, évolutivement parlant, de celui des Eumycètes (les champignons au sens strict). Cela a de quoi surprendre, car il y a en effet de nombreux point communs entre Oomycètes et Eumycètes : ils ont tous ces structures filamenteuse (hyphes) comme celles qui forment le mycélium des champignons, ils se reproduisent tous en libérant des spores dans l’environnement et sont tous des consommateurs de matières organiques. On trouve aussi dans les deux groupes divers mode de nutrition : certains se nourrissent de matières organiques en décomposition, d’autres sont des parasites de végétaux, d’animaux ou d’autres organismes. Et pourtant, évolutivement parlant, ils sont extrêmement éloignés. Un petit détail nous le montre : la paroi cellulaire des Oomycètes est composée de cellulose, à l’instar des végétaux. Les Oomycètes sont en fait en quelque sorte des algues qui ont perdu leurs capacités photosynthétiques au cours de l’évolution, c’est que confirme la classification phylogénétique (celle basée sur l’ADN et s’intéresse aux filiations des différentes espèces entre elles, voir schéma ci-dessous).

Arbre phylogénétique des Eucaryotes dit non raciné car on ne sais pas où sur cet arbre se situe l'ancêtre commun à tous ces organisme.Il apparaît ici très clairement que les champignons (Eumycètes) et les Oomycète sont ausi différents entre eux que nous ne le sommes des végétaux et des paramécie !Issu de Selosse, M.A. : Les Végétaux Insolite - Pour la Science, dossier n°77, octobre-novembre 2012
Arbre phylogénétique des Eucaryotes dit non raciné car on ne sais pas où sur cet arbre se situe l’ancêtre commun à tous ces organisme.
Il apparaît ici très clairement que les champignons (Eumycètes) et les Oomycètes sont aussi différents entre eux que nous ne le sommes des végétaux et des paramécies !
Issu de Selosse, M.A. : Les Végétaux Insolite – Pour la Science, dossier n°77, octobre-novembre 2012
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D’ailleurs leurs proches cousins que sont les algues brunes et les diatomées sont bien des algues. Les premières sont bien connues et faciles à trouver sur de nombreux littoraux sous des formes telles que fucus, laminaires, wakamé… et les secondes sont d’étranges algues microscopiques au squelette siliceux, on en dénombre aujourd’hui plus de 100000 espèces qui représentent 20 à 25% de la production photosynthétique des océans, elles sont aussi très présentes dans les eaux continentales.

Algues brunes sur le littoral breton
Algues brunes sur le littoral breton
petit échantillon de la diversité des formes chez les diatomées, ces algues étranges au squelette siliceux.

Mais revenons à nos Oomycètes : à l’instar de leurs cousins que nous venons d’évoquer, ils vivent exclusivement dans l’eau, ceux qui vivent dans le sol sont donc dans l’eau du sol et ceux qui parasitent dans les plantes sont amenés le plus  souvent par les éclaboussures dues à la pluie ou à l’irrigation.

Parmi ces organismes, les plus connus sont ceux qui parasitent des végétaux, ce d’autant plus que ces parasites sont souvent redoutables, il s’agit par exemple des différents mildious causés chacun par plusieurs espèces d’Oomycètes : celui de la vigne est dû à Plasmopara viticola, celui de la pomme de terre et de la tomate à Phytophthora infestans, celui du rosier à Peronospora sparsa… La terrible maladie de l’encre qui décime les châtaigner dans de nombreuses régions de France est également dû à des Oomycètes, Phytophthora cambivora et Phytophthora cinnamomi, qui, comme leur nom de genre l’indique sont de proches cousins du mildiou des Solanacées. La « fonte des semis » qui peut ravager en quelques jours tous vos semis ou encore le pourrissement des gazons sont également dues à des Oomycètes, ceux-ci du genre Pythium.

fructifications du mildiou de la vigne.
fructifications du mildiou de la vigne.

Le mildiou de la tomate

Revenons plus particulièrement sur le mildiou de la tomate qui est celui est au cœur du livre de Nicolas. Il s’agit donc de l’espèce phytophtora infestans qui est également celle qui parasite les autres Solanacées et notamment les pommes de terre. Si aujourd’hui nous le percevons comme un parasite qui nous embête pour déguster les tomates de nos potager, cet Oomycète a causé par le passé des millions de morts, notamment en étant à l’origine de la grande famine européenne des années 1840 qui détruisit plus de 80% des cultures de pommes de terre en Irlande et dans les Highlands écossais et causa rien qu’en Irlande 1 million de morts ! Cela fait un peu froid dans le dos et n’est finalement pas si loin de nous…

Mais heureusement, grâce au travail de Nicolas, vous serez capable d’éviter de telles tragédies à vos proches ! Tout au moins sur les cultures de tomates.

Cet Oomycète se développe à partir de spore mobile (zoospores) à la surface les feuilles de son hôte qu’il pénètre en s’introduisant dans les stomates. Il se nourrit alors des tissus végétaux, pouvant entraîner parfois en seulement quelques jours la mort de la plante hôte et y produit des spores « immobiles » (oospores) qui passent l’hiver suivant dans les tissus végétaux morts. Ces oospores germent au printemps dans le sol pour donner les zoospores qui atteignent les feuilles grâce aux éclaboussures dues à la pluie et à l’arrosage.

Une des préconisations souvent proposées pour lutter contre le mildiou est d’arracher les pieds infectés et de les brûler pour limiter la propagation de l’agent pathogène. C’est vrai que ce que je viens d’expliquer invite franchement à faire cela, même si c’est assez contradictoire avec les pratiques que j’invite à adopter dans ce blog, notamment la restitution des résidus de culture. Cela dit dans mon expérience, je n’ai jamais remarqué d’infestation supérieure dans les planches où avaient été rassemblés les résidus de l’été précédent, et en plus on peut légitimement se demander dans quelle mesure cette préconisation est utile car pour qu’elle soit efficace, encore faudrait-il que la bestiole n’aie pas eu le temps libérer ses spores avant l’arrachage des plants. Quand on sait que dans de bonnes conditions une dizaine de jours lui suffit, on peut sérieusement en douter. Est-ce que ça vaut le coup de priver la vie du sol du carbone fixé par la tomate ? A vous de choisir, personnellement, je prends le risque de tout laisser au sol.

Et bien sûr, je vous invite à découvrir le livre de Nicolas :  Anti-mildiou, faites pousser des tomates sans maladies

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Jardiniers-reporters

Comment gérer les taupes au jardin par Jacques Subra

Voici un nouvel article de notre ami Jacques, cette fois sur le thème des taupes qui concerne de nombreux jardinier :

taupe au travail

En ce moment,une taupe se promène dans la serre en bousculant mes semis de mâche et de salades.

Cela me donne l’occasion de faire une intervention sur le blog pour parler de ce petit animal discret et chassé depuis la nuit des temps par les paysans et les jardiniers. Que lui reproche-t-on ? De détruire nos semis et de décorer nos belles pelouses de petits tumulus disgracieux ? Un simple coup de râteau et le tour est joué. On peut récupérer la terre ainsi soulevée, elle est parfaite pour les plantes en pots ou pour les semis. En creusant des galeries à la recherche des vers et divers insectes du sol dont elle se nourrit , il lui arrive de sectionner quelques racines. Il y a quelques années je les piégeais quand elles s’approchaient trop près de mes cultures, maintenant je mes contente d’étaler la terre qu’elles soulèvent. Il faut dire que je n’en ai pas beaucoup, peut-être que le sous-sol caillouteux de mon jardin les découragent ?

Les taupes ont leur utilité dans l’écosystème, elles aèrent et drainent les sols. Si elles se nourrissent à 90% de lombrics, elles mangent aussi les taupins, les vers blancs et même des limaces.

Je me souviens d’une époque pas très lointaine, les taupes étant classées nuisibles, les agriculteurs faisaient une demande en mairie pour obtenir une autorisation d’achat de strychnine et préparer des appâts pour les détruire. Heureusement tout cela est maintenant interdit.

Si vraiment vous avez beaucoup de taupes et que cela devient un problème, la seule solution efficace est le piégeage. Cela demande une connaissance des mœurs de l’animal et une certaine technique. Il faut choisir le bon modèle de piège et le poser au bon endroit. Mieux vaut s’adresser a un piégeur confirmé, il doit bien y en avoir dans votre entourage.

Une croyance largement répandue dit que la taupe est hémophile : faux ! Inutile de mettre dans les galeries des tessons de bouteilles, lames de rasoir ou fil barbelés, cela ne servira à rien, au pire à blesser l’animal sans le tuer. Elle n’est pas non plus aveugle, mais ses yeux sont très petits et dissimulés sous une épaisse fourrure pour les protéger de la terre, par contre son odorat est très développé, elle peut détecter ses proies sous plusieurs centimètres de terre.

Autres astuces que j’ai testées sans grands succès : la grande euphorbe, des bouteilles plastiques posées sur des bâtons fichés en terre, des boules de naphtaline dans les galeries… elles on vite fait de contourner ces obstacles et continuer leur route.

Il existe dans le commerce des pièges à cartouche, je vous les déconseille vivement car il y a déjà eu des accident. Il y a également les gaz, mais seul les piégeurs professionnels sont habilités pour les utiliser.

Peut-être certains d’entre-vous on-t-il d’autres astuces pour éloigner les taupes ?

Note de Gilles : sur le même thème, je vous invite aussi à faire un petit tour sur cet article de Christian du blog conseil-coaching-jardinage.fr :  http://www.conseils-coaching-jardinage.fr/2011/11/eliminer-les-taupes-du-jardin/.

Un vrai réseau de galeries souterraines
Un vrai réseau de galeries souterraines
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Commencez un potager « sol vivant » sur une parcelle enherbée grâce à un simple mulch !

Je vous propose dans cet article de revisiter les fondamentaux de mon approche technique du jardinage « sol vivant » et surtout de la première mise en place d’un tel jardin à partir d’un terrain enherbé.

Il y a de nombreuses manières de commencer un potager avec l’objectif de cultiver avec la vie des sols. De nombreux permaculteurs, par exemple sont inconditionnels des buttes, d’autres jardiniers du double bêchage, ce type de mise en place est tout à fait envisageable mais perturbe fortement le sol la première année. Je vous invite, surtout si vous partez d’un terrain déjà bien structurée par la végétation en place (prairie, pelouse, friche…) à perturber le moins possible le sol et le préparer sans travail du sol préalable.

Les techniques dont je vais vous parler sont comparables à celles exposés par Dominique Soltner dans son « guide du nouveau jardinage » que je vous recommande bien évidement !

Ce type de préparation consiste à déposer simplement une couche de matière organique directement sur le sol. Cette couche peut être composée de divers matériaux :

–          Feuilles mortes
–          Paille
–          Foin
–          BRF (éviter d’en mettre plus de 2 cm en sol argileux)
–          BREF
–          Cartons d’emballage (marrons, sans encres ni scotch)
–          …

Les cartons seront surtout intéressants pour ceux qui ne disposent pas de suffisamment de MO.

Idéalement la couche de MO à déposer doit être d’au moins 20 cm, sans quoi les herbes passeront vite au travers de ce mulch. Si vous ne disposez pas assez de MO, il sera préférable de mettre une sous-couche de carton d’emballage. Ceux-ci s’ils ne sont pas blanchis ou colorés ne présentent pas de danger pour l’environnement. Cette sous-couche permet de faire un écran à la lumière et sont donc un désherbant efficace tout en permettant les échanges entre le sol et le mulch disposé au-dessus (contrairement à une bâche plastique par exemple).

Ensuite, une fois venue la saison des plantations, vous pourrez y effectuer plantation et semis directement dans le sol à travers le mulch ! En ce qui concerne les semis, il sera préférable, du moins la première année de privilégier les grosses graines, mais on peut aussi tenter d’ouvrir un sillon ou des poquets pour les semis de petites graines.

Dans le sud-ouest la meilleure saison est à mon sens l’hiver, car si le mulch est disposé trop tôt il est consommé par la vie dès le début du printemps et on est obligé de remettre des MO pour tenir le sol désherbé jusqu’à la mise en culture. Dans des régions aux hivers froids et/ou secs, il probablement possible de faire cela dès l’automne, mais même dans ces condition, à mon sens, jusqu’à la fin mars il n’est pas trop tard pour commencer.

La série d’images suivante (issue de mon article « une séance de jardinage sous le soleil de mars » de mars 2011) montre les étapes de la disposition d’un mulch de carton + foin pour préparer une planche envahie par les graminées spontanées.

Un des principaux défauts de cette méthode est qu’elle ne permet pas au sol de se réchauffer rapidement au printemps, c’est une réalité, plus ou moins gênante suivant le climat dans lequel on se trouve, mais il ne s’agit que de la mise en place la première année, donc cette contrainte est tout à fait supportable, elle réduira simplement le choix des cultures à mettre en place cette année.

En revanches les avantages de cette méthode sont nombreux :
– Le sol n’est pas du tout perturbé
– Le sol est amendé avec les MO apportées
– Les racines et parties aériennes de herbe qui se décompose participent à enrichir le sol en MO facilement dégradable
– La structure du sol au mois de mai est souple et aérée, très agréable pour y repiquer les plants de cultures d’été !

Alors, intéressés ? C’est à vous !