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Un peu de théorie

Rôle agronomique n°1 : La transformation des matières organiques

Les végétaux injectent dans le sol toutes sortes de matière organiques par l’intermédiaire de nombreux processus : mort des parties aériennes (feuilles, tiges, branches…), mort des racines, exsudats racinaires… Ces matières organiques sont alors consommés par différents organismes. Voyons cela plus en détail en nous intéressant à tous ces composés du plus facile à consommer jusqu’aux plus difficiles :

– Les composés les plus facilement consommables par la vie des sols sont sans conteste les exsudats racinaires qui sont essentiellement des sucres que la plante libère dans la rhizosphère (le sol qui est au voisinage immédiat des racines vivantes). C’est ainsi que les exsudats racinaires et la mort pluriannuelle des racines les plus fines font surtout vivre des populations de bactéries, mais aussi de champignons, protozoaires, nématodes

– Les tissus tendres, comme les feuilles, les tiges tendres, ou encore les racines fines si elles sont également consommées par des bactéries, nourrissent aussi certains champignons et des petits animaux spécialisés, comme les collemboles, certains insectes, ou encore les vers de terre.

Collembole © Ph. Lebeaux http://www.lafaunedusol.com
Collembole © Ph. Lebeaux http://www.lafaunedusol.com

– Quant aux tissus ligneux, les plus durs, ils nécessitent l’intervention d’animaux aux pièces buccales suffisamment puissantes tels que certains acariens, des petits crustacés (cloportes), certains « mille pattes » (diplopodes) ou encore les larves de certains insectes, comme les termites. Tous ces animaux facilitent la colonisation des matières organiques par des champignons spécialisés (pourritures blanches, pourritures brunes et pourritures molles).

Un diplopode s'affairant sur du bois en décomposition. © Ph. Lebeaux http://www.lafaunedusol.com
Un diplopode s’affairant sur du bois en décomposition. © Ph. Lebeaux http://www.lafaunedusol.com
Les champignons de pourriture brune (ou cubique) consomment la cellulose contenue dans le bois qu'ils transforment en de petits cubes marrons et cassants

Les animaux (pédofaune et animaux de « surface ») fournissent également des apports significatifs de matière organique au sol, bien qu’en bien moins grande quantité que les végétaux, du fait de leurs déjections et de leurs cadavres. Ces composés sont alors consommées par des bactéries surtout, mais aussi des champignons, des insectes, des vers…

Tous ces organismes, appelés « détritivores » ou « saprotrophes » sont responsables de la transformation des résidus de culture, des feuilles tombées au sol, des fumiers… Leur présence assure donc la transformation de ces amendements, ce qui produit deux processus opposés :

  • un qui détruit ces composés organiques pour les transformer en éléments simples (nutriments, eau, gaz carbonique…) qui est appelé minéralisation, surtout dues à l’activité des bactéries ;
  • un autre qui les complexifie pour générer les humus qui nécessite en particulier l’action de champignons sur les tissus ligneux

Ces deux processus conduisent respectivement à la libération de nutriments dans le milieu environnant, et donc à la nutrition minérale des plantes, et à la structuration du sol, ce qui lie directement la transformation des matières organiques aux deux autres grands rôles agronomiques.

Dans le prochain article, je vous parlerai de la structuration du sol par nos amis !

.Les photos de la faune du sol présentées dans cet article proviennent du site de Philippe Lebeaux : www.lafaunedusol.com, dont je vous recommande vivement la visite !

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Un peu de théorie

Selon vous, quels sont les rôles agronomiques de la vie des sols ?

La semaine prochaine, je pars une dizaine de jours pour le Vietnam, à Ho Chi Minh Ville plus précisément, où je suis invité à faire découvrir à des agriculteurs, chercheurs et techniciens agricoles locaux la vie des sol et les BRF lors du colloque « productions agricoles : pour une réconciliation entre durabilité et rentabilité économique ». Je vous propose de vous faire profiter du travail que j’ai réalisé pour préparer ma conférence avec une série d’articles sur les rôles agronomiques de la vie des sols !

Dire que le sol est (ou est censé être) un milieu vivant extrêmement riche vous apparaîtra sans doute comme une évidence, mais sauriez vous expliquer en quoi exactement la vie des sols apporte des avantages agronomiques incontestables et directement profitable pour le jardinier et l’agriculteur ? C’est ce que je vous propose de découvrir ou d’approfondir à travers trois articles à venir. Mais avant cela, je vous met à contribution et vous invite à nous partager ci-dessous votre réponse à cette question, c’est à vous !

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Jardiniers-reporters

Découvrons le jardin de Loïc à Rouen

Je jardine depuis quelques années sur le modelé de mon père et de mon grand-père. C’est-à-dire le potager traditionnel avec une terre a nue et un désherbage régulier. Je vis dans une petite maison de ville juste à côté de Rouen.

Mon prénom c’est Loïc, j’ai 40 ans et je suis informaticien dans le domaine des réseaux et serveurs. J’ai déménagé dans cette maison de ville, il y a 3 ans et je suis passé de 2000m2 en campagne à 200m2 en ville. J’ai tenté de déménager mes méthodes de jardinage aussi, mais sans succès. La différence la plus frappante est au niveau de la terre, j’ai considérablement perdu en qualité, je suis passé d’une terre riche et fertile a une sorte de remblai sablonneux et complètement stérile. A l’œil on devine déjà que pas grand-chose ne poussera dessus. Vous pouvez creuser vous ne trouverai pas un ver.

Mes 2 premières années de culture ont été des échecs, il suffit d’oublier d’arroser un jour, pour que les graines semées crèvent le jour suivant. Et quand bien même vous arriviez à faire lever quelques choses, les légumes devenaient vite malades et chétifs.

L’année dernière j’avais installé 4 carrés de potager pour expérimenter un peu la technique et j’ai remarqué une légère amélioration. Il faut dire que j’avais au préalable apporté un peu de compost.

Seulement mon problème de sécheresse restait entier. C’est depuis cette année, après avoir fait des recherches sur internet, que j’ai découvert la méthode de Soltner. J’ai appliqué ses méthodes en les adaptant un peu à ma sauce et depuis mes planches et carrés de culture sont largement couverts de diffèrent paillage.

Mon potager en carré est couvert d’un paillage fait maison en récupérant un peu tous ce qui me tombe sous la main.

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J’ai un jardin en lasagne couvert de paille et un autre couvert de feuille.

Le paillage a parfaitement réglé mon problème de sécheresse, la terre reste constamment humide et légère. Même en ce moment où le manque d’eau est important, je parviens à maintenir la terre fraiche.

Seulement le paillage a soulevé un problème au niveau des semis. J’ai donc mené quelques expériences de levée de radis sur différents paillages.

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Expérience de semis sur différents paillage.

Pour ma première tentative de semis, j’ai simplement dégagé le paillage pour semer, et replacer une couche plus mince de cette couverture faite maison. Après quelques jours, la levée était plutôt bonne, malheureusement j’ai rencontré un autre problème dû au paillage : l’invasion des limaces, du coup j’ai quasiment tout perdu..

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Ensuite j’ai essayé de semer directement sur le paillage. Je précise que sur mon potager en carré, le paillage fait au moins 7 cm. Pour résumer cette tentative, je dirais que le résultat est quasi nul si vous semer juste sur le paillage. Par contre, le simple fait de tapoter le paillage pour faire descendre les graines a amélioré le résultat. Mais il reste moins bon que dans la première méthode.

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Pour ma 3eme tentative, j’ai semé sur un paillage constitué uniquement de feuille morte. En ramassant le tas de feuille morte qui était reste tout l’hiver en place, j’ai remarqué que sous les premières feuilles de surface, qui entaient très sèches, l’intérieur du tas était bien humide. D’ailleurs les noyaux des prunes tombés dedans commençaient à germer. Je me suis dit que mes radis pourraient germer aussi, et je trouve que le résultat était plutôt bon. J’ai l’impression que les feuilles gardent mieux l’humidité et même si la graine n’atteint pas la terre, elle germe dans les feuilles et sa racine fini par descendre jusqu’à la terre.

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Les 3 expériences de semis sur paillage restent peu concluantes dans l’ensemble face à la levée de graine de radis sous mini serre. Les mini serres offrent tous les avantages, elles augmentent la température, elles gardent mieux l’humidité et elles protègent les jeunes plans des limaces gloutonnes.

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Mon objectif sur le long terme.

J’envisage de transformer mon terrain de 200m2 en une arche de Noé pour le vivant. Étant situé en pleine ville, j’aimerais pouvoir offrir un refuge a toutes les bestioles du coin. J’ai commencé par soigner mon sol, en lui apportant du fumier et du compost. J’ai pris soin de couvrir mon sol avec les déchets verts ramassés sur les trottoirs.

Aujourd’hui je regarde ma ville d’un autre œil : il y a quelques jours le service espace vert élagué les arbres d’une avenue, j’ai de suite saisi l’occasion de ramasser 2 remorques des jeunes branchages pour faire du BRF maison.

Depuis que chaque cm2 de mon sol est couvert, j’ai remarqué une améliorations de la fréquentation de mon terrains par les oiseaux. Je suis encore loin de la richesse du terrain de Jacques, mais j’y travaille et c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai pu prendre cette photo il y a quelques jours ! 🙂

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Un peu de théorie

Les flux d’énergie au jardin : une nouvelle approche de la fertilisation

L’énergie au jardin… Quel est donc cet étrange concept ? Vous avez tous entendu parler de la fertilisation sous ses différentes formes, de la nécessité d’apporter au sol des éléments nutritifs, de la matière organique… Mais de l’énergie, c’est beaucoup moins évident !

En fait une approche énergétique du jardinage ou de l’agriculture est tout bonnement une autre approche de la fertilisation. Dans cette approche, les plantes sont perçues comme un capteur solaire qui transforme l’énergie lumineuse du soleil en énergie chimique, c’est à dire l’énergie qui lie  entre eux les atomes de carbone, hydrogène, oxygène, azote et bien d’autre dans toutes les molécules qui les composent : sucres, protéines, cellulose, lignine, polyphénols…. Et les matières organiques du sol sont simplement le mode de stockage de cette énergie dans le sol. Qu’est ce que cela apporte au niveau pratique ? C’est ce que je vais vous expliquer un peu plus loin, détaillons d’abord un peu plus les flux d’énergie au jardin.

Cette énergie : d’où vient-elle, comment se transforme-t-elle ?

Votre jardin, comme toute surface de terre recouverte de végétation est un véritable capteur solaire ! Je vous disais juste au dessus que les végétaux, grâce à la photosynthèse, captent l’énergie solaire et la transforment en énergie chimique. Ensuite cette énergie est transmise à tous les organismes qui se nourrissent directement de tissus végétaux vivant ou en décomposition. Cette transmission suit des voies aussi différentes que la consommation d’exsudat racinaires par des champignons, bactéries et animaux du sol, la chute des feuilles, la mort des racines fines, le broutage par les herbivores, les symbioses racinaire (mycorhizes et bactériorhizes), le parasitisme des plantes par des champignons, insectes, nématodes…

Cette énergie est ensuite transmise aux prédateurs de ces organismes et ainsi de suite. Mais bien sûr à chaque étape une grande partie de l’énergie est perdue sous forme de chaleur du fait du métabolisme des êtres vivants par lesquels elle transite. C’est ainsi que les quelques microgrammes de la puce qui parasitent le lion ont nécessité beaucoup plus de photosynthèse que ceux du cloporte qui se nourrit directement de végétaux en décomposition !

Voici un schéma (très) simplifié des flux d’énergie dans un écosystème naturel (cliquer sur l’image pour l’agrandir) :

Cela amène à deux conclusions directement pratiques pour le jardinier : l’utilisation en préférence de matières organiques d’origine végétales et la couverture permanente des sols.

Les matières organiques d’origine végétales :

Lorsque vous apportez au sol du fumier de vache, le carbone qu’il contient a d’abord été fixé par une plante, puis été mangé par la vache et enfin seulement rejeté sous forme de bouse. Une grande partie du carbone, donc de l’énergie solaire fixée par la plante est partie sous forme de chaleur dans le métabolisme de la vache. Et je ne parle même pas de ce qui est éventuellement perdu par compostage, souvent nécessaire dans ce type de situation.

A l’inverse un couvert végétal détruit directement après avoir produit plusieurs kilogrammes de matière sèche au m², fait profiter directement de toute sa biomasse au sol. C’est ainsi qu’il aura fallu beaucoup plus de végétaux pour fertiliser votre sol avec du fumier qu’avec le couvert végétal ! Cela vient contredire le mythe de la complémentarité agriculture-élevage encore prépondérant en agriculture bio. En effet, une approche énergétique indique que la fertilisation la plus efficace passe directement par les végétaux et non par les tubes digestifs des animaux !

Cela ne signifie pas que vous ne devez pas utiliser d’excrément animaux pour fertiliser votre jardin, il est évident que si vous avez des animaux, il serait vraiment dommage de gaspiller la formidable ressource que constitue leurs excréments. Mais si vous n’en avez pas ou pas assez pour fertiliser votre parcelle, il est inutile de battre la campagne pour aller chercher du fumier, il y a beaucoup mieux à faire !

L’année dernière, j’avais vu dans le film de Coline Serreau « Solutions locales pour un désordre global » (film qui contient par ailleurs de très bonnes idées) un passage sur la fertilisation du riz dans le sud de l’Inde à partir d’un mélange de divers ingrédients, dont du lait de vache… Après ce qui précède, je pense que vous aurez compris que si utiliser des sous produit d’élevage est peu efficace d’un point de vue énergétique, utiliser un produit comme le lait est un véritable non sens ! Je regrette qu’une cette pratique soit proposée comme une solution, cela nuit à la crédibilité du film, c’est dommage.

A l’opposé si vous amenez au sol du BRF, vous injectez directement dans le sol l’énergie solaire fixée par l’arbre sous forme de cellulose, de lignine, de polyphénols… Un reproche souvent fait à ce type de pratique est la grande quantité de matière première nécessaire pour avoir un effet probant. L’approche énergétique que je propose ici nous donne un élément de solution : pour diminuer la nécessité d’apporter du BRF, il faut améliorer la fixation d’énergie au sein même du jardin, ce qui est très facile à réaliser en couvrant en permanence le sol avec des plantes vivantes !

La couverture permanente des sols :

L’air de rien, cette approche énergétique change complètement le regard porté aux matières organiques du sol. C’est du carbone, certes, mais c’est aussi et surtout de l’énergie solaire stocké dans le sol ! Et les plantes, quelles qu’elle soient, sont comme des panneaux solaire. Vu comme cela, que dire d’un sol nu au début du printemps ? Sinon que cela équivaut à des panneaux solaire recouverts d’une bâche opaque. Pendant des mois comme avril et mai au cours desquels les journées sont longues et souvent ensoleillées, comme cette année, quel gâchis ! Or en traversant nos riantes régions de France et de Navarre, que de sols encore à nu en cette fin avril 2011, tant dans les jardins que dans les champs… Qui dit sol nu, dit déficit d’énergie solaire fixée par les plantes, donc déficit de matière organique crée in situ et donc de matière organiques apportée au sol… Du coup, il faut en amener par un autre moyen (fumier, BRF, paille…).

Vous l’aurez compris, je trouve primordial de laisser le potager toujours couvert et de préférence avec des plantes vivantes ! C’est pourquoi je conserve mes couverts végétaux au moins jusque fin avril, voire début mai et pourquoi je trouve indispensable de consacrer une bonne partie du potager aux cultures d’hiver et si possible d’enchaîner tout de suite derrière avec une culture d’été !

Voici pour cette brève approche énergétique du jardinage qui a pour but de proposer une compréhension de la fertilisation qui au lieu d’être basée sur la mise à disposition de nutriments (par des apports chimique ou organique) est basé sur la quantité de carbone atmosphérique et donc d’énergie solaire fixée par la végétation et ramenée directement au sol ! Que vous soyez ou non déjà familier de type d’approche, je vous invite à laisser ci-dessous votre commentaire ou vos questions.

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Jardiniers-reporters

Le jardin bio de Jacques dans les Hautes Pyrénées

Bonjour, je m’appelle Jacques Subra, j’ai 67 ans et je suis retraité, après une formation de mécanicien, mon parcours professionnel a été assez diversifié.

Mécanicien, conducteur d’engins TP, artisan, quelques séjours a l’étranger, chef d’atelier en construction mécanique et pour finir, serrurier soudeur. Tout ceci m’a permis d’acquérir connaissances et ouverture d’esprit.

Gilles nous a proposé, a moi et d’autres jardiniers amateurs passionnés de participer a sa démarche de vulgarisation du jardinage « SOL VIVANT », ce que j’ai accepté avec plaisir car je pratique moi-même depuis une trentaine d’année en harmonie avec la nature et le respect du vivant.

En 1976 j’ai acquis un terrain de 5000m2 a Séron, commune rurale de 250 habitants dans les Hautes-Pyrénées, pour construire ma maison.

Situé sur un plateau , entre Tarbes et Pau a 380 mètres d’altitude le terrain est sur un versant exposé nord-ouest, le sol argileux-caillouteux n’avait jamais été cultivé. Couvert de fougères, genêts et ronces, la couche de terre végétale n’excédait pas quelques centimètres. Dès le début mon souhait a été de créer un espace de biodiversité avec un jardin cultivé en bio. En 1980 j’ai donc commencé à planter des arbres et arbustes divers, des haies et des fruitiers. Le jardin a commencé à prendre forme avec au début de piètres résultats vu la pauvreté du sol. Je me suis documenté et cherché une méthode de jardinage bio (je suis fils de paysan, ça aide !) Celle qui m’a paru la plus intéressante était la méthode Lemaire-Boucher a base d’algues (lithothamne) et d’extraits végétaux.

De bons résultats, mais obligation d’achat de produits extérieurs, alors que ma démarche était le moins d’intrants possible. Parallèlement j’ai commencé a composter avec tout ce que je pouvais récupérer de matières végétale et fumiers des fermes voisines. L’apport massif de compost a porté ses fruits et le sol s’est progressivement amélioré. En 1986 j’ai fait la connaissance d’agriculteurs biodynamiques, leur démarche m’a plu mais après cinq ans de pratique j’ai abandonné car trop complexe si l’on veut le faire correctement. Au fil des ans et d’ expériences mon jardinage actuel est basé sur le compost, la couverture permanente du sol avec de la paille, du foin, des tontes et divers engrais verts.

Il y a des buttes, des ados et des caisses. Légumes et fleurs sont mélangés et dispersés dans l’ensemble du jardin. Je prend grand soin de l’environnement et du bien-être des auxiliaires avec la présence de nichoirs pour les oiseaux et les insectes, en particulier pour les osmies ou abeilles maçonnes (cf. photo ci dessous : le nichoir à Osmies est au milieu et à gauche, un gros plan sur l’insecte) très utiles pour la pollinisation en période froide. Il est également important d’avoir une biodiversité végétale maximale.

Enfin une mare abrite grenouilles, tritons, salamandres et sert de lieu de pontes aux libellules.

Une serre-tunnel de 6 x 8m me permet certaines récoltes avec un mois d’avance , de faire les semis de printemps et de récolter tomates, piments et aubergines jusqu’en novembre .

En ce début avril, j’ai planté les pommes de terre, oignons ,salades, semé carottes, salade, persil… la serre est occupée par des pommes de terre a récolter fin mai, les tomates hâtives, les plants de tomates a mettre en place vers le 12 mai a l’extérieur et divers semis.

Depuis un an j’expérimente le BRF, les premiers essais n’ont pas été concluants

J’ai apporté le BRF fin février 2010, semé et planté en avril et mai, je n’ai quasiment pas eu de récolte sur ces essais. J’en ai déduit qu’il faut faire les apports beaucoup plus tôt (octobre ou novembre) pour laisser le temps au sol d’assimiler le BRF.

Voici quelques photos du jardin prises le 14 avril 2011:

« Jardin en caisses » : à Gauche ail + laitue feuille de chêne après des épinards d’hiver ( à noter deux batavias de semis spontané), et à droite fèveroles qui seront hachées et laissées sur place pour une plantation de tomates.

Culture sur ados. Échalotes plantées en novembre. Remarquez la différence entre les 4 pieds avec BRF mis en Mars 2010 et les suivants avec BRF mis a la plantation.
culture sur buttes. Bordure de consoude.

Je conclurai en remerciant Gilles pour son initiative, qui je l’espère fera se rencontrer un grand nombre de jardiniers soucieux d’un avenir plus sain pour l’Homme et la Nature

Jacques

http://lagranderecree.asso-web.com/

A Gauche ail + laitue feuille de chêne après des épinards d’hiver. ( à noter deux batavia de semis spontané)

A droite fèveroles qui seront hachées et laissées sur place pour une plantation de tomates.

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Un peu de théorie

A propos de l’utilisation du marc de café au jardin

Il y a quelques semaines, j’avais fait appel à vos contributions pour répondre à une question de mon ami et fidèle lecteur Carlos Maricato à propos des possibilités de valorisation du marc de café au jardin. S’en est suivit un nombre incalculable de réponses qui ont demandé un peu de temps à Carlos pour en faire la synthèse. Et la voici donc à votre disposition, je laisse la parole à Carlos à propos des divers usages que l’on peut faire de cet apport :

Effet répulsif

Les limaces ne semblent pas apprécier.

Le marc fait fuir ou empêche l’installation des pucerons. Il faut en mettre au pied des végétaux concernés.

Il favoriserait la floraison.

Eric Petiot (auteur du livre « les soins naturels aux arbres », 2010) signale l’infusion de café en pulvérisation comme un bon répulsif à limaces. Possibilité de pulvériser dans ce but du café au lait, le lait permettant une meilleure adhérence du café sur la végétation à protéger.

D’après Hollingsworth R. G. et Al. (Annals of applied Ecology 142: 91-97, 2005), la caféine agit à la fois comme répulsif et comme produit toxique contre les escargots et limaces. Remarque : l’extrait de piment de Cayenne est aussi un bon répulsif!

Semis

Bien sec, il se mélange aux graines fines pour bien répartir les semis

Paillage

Marc de café en paillage de protection du sol.

Lombricompostage

Le marc de café est très bon pour l’élevage des lombrics. Voir le livre « lombricompost pour tous » de Jean Paul Collaert, 2009, Editions de Terran. Pour cet usage, il faut mélanger le café avec de la cellulose (carton, papier) et ajouter du calcaire (coquilles d’oeuf…)

Engrais

Source :

http://www.sunset.com/garden/earth-friendly/starbucks-coffee-compost-test-00400000016986/

Composition:

Azote: 2.28 %

Phosphore: 0.06 %

Potassium: 0.6 %

Rapport C/N = 24 correct pour engager les processus de décomposition et d’incorporation au sol. Pour info, l’herbe est autour de 15 et le fumier entre 15 et 30.

PH: 6.2

220 kg de matière organique au m3 (442 lbs. organic matter per cubic yard)

L’intérêt du marc de café réside d’abord dans sa teneur importante en potassium et magnésium immédiatement assimilables, puis dans celle également importante de phosphore et de cuivre qui sont pour moitié immédiatement assimilable.

En revanche, il est trop pauvre en calcium, zinc, manganèse et fer pour compenser des carences de ces éléments.

Il contient pas mal d’azote, mais non immédiatement assimilable. Cet azote n’est libéré que progressivement, lors de la dégradation. A noter : seul 0.09% est directement disponible! Le reste est « lié ».

Il représente enfin une source importante de matière organique à court et long terme.

Il peut être utilisé comme d’autres amendements organiques en quantité comparables, soit des apports de 25 à 35 %.

Plantes carnivores

Les américains ont eu beaucoup de succès ces derniers temps en fertilisant des espèces du genre Nepenthes avec du café, peut être en raison de la richesse nutritive de cet amendement.

Conclusion

De nombreux atouts en jardinage en tant qu’ingrédient pour le compostage, ou pour le lombricompostage. Sa richesse en élément nutritifs est intéressante (azote 3%, potassium…)

Il peut servir pour réaliser les semis de petites graines, avec l’avantage d’avoir une densité (rapport poids/volume) sensiblement identique aux graines d’où un bon mélange des graines avec le marc.

Il peut avoir des propriétés répulsives face aux limaces et escargots.

Au final, une matière organique qu’il conviendrait de collecter….

Documents d’intérêt:

Le CTIFL et la station régionale de la SERAIL prés de Lyon ont réalisé une étude sur les amendements organiques.

La Chambre Régionale d’Agriculture Languedoc Roussillon va sortir un guide sur le même sujet cet été.

Carlos Maricato

www.overfield.fr

www.stagescourts.site-coop.org/spip6/spip.php?article4 (sous internet explorer)

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Jardinons

Vous avez dit gestion différenciée ?

La gestion de la pelouse, loin d’être un simple histoire d’heures à passer derrière la tondeuse, est en réalité une des manières les plus simple de gérer votre environnement de façon à produire simultanément de la biomasse et de la biodiversité, tout ayant un véritable jardin et non à un terrain vague à l’abandon!
Cette approche s’appelle la gestion différenciée dans le jargon des technique des paysagistes et je vais vous parler ici de la façon dont nous l’abordons dans notre jardin gascon.
Il y a quelques années, alors que je n’habitait pas dans le Gers, mes parents ont commencé à faire cela suite à une panne de tondeuse au mauvais moment et ensuite il leur a fallu gérer comme ils pouvaient en se contentant de dégager quelques allées à la débroussailleuse afin de pourvoir circuler dans le jardin!
Et puis finalement ça leur a plu et ils ont gardé les allées au milieu de zone peu entretenues. Parallèlement à cela j’ai découvert les travaux de Gilles Clément et en particulier son livre Où en est l’herbe ? : Réflexions sur le Jardin Planétaire et j’ai bien vu l’intérêt écologique de ce que faisaient mes parents.
Depuis nous nous attachons à perfectionner le système et le rendre le plus performant possible tant en terme de production de biomasse que de biodiversité.
Jusqu’à l’année dernière, nous différencions deux zones: une laissée en friche et partiellement fauchée de temps à autre et une autre tondue régulièrement, façon « pelouse classique », comme cela est visible sur les photos suivantes:

……

La partie tondue permet de circuler aisément dans le jardin et de le maintenir entretenu, notez toutefois que la tonte est réalisée en position haute, ce qui épargne les plus petites fleurs, comme les pâquerettes qui sont toujours bien là et disponibles pour les pollinisateurs, malgré le passage de la tondeuse le jour même.

La friche quant à elle nous apporte de nombreux avantages, écologiques d’une part :

  • biodiversité faunistique (insectes, mammifères, reptiles…) incluant de nombreux auxiliaires de cultures (pollinisateurs, hérissons, carabes, araignées…);
  • biodiversité végétale avec l’apparition spontanée d’espèces ligneuses qui sont soit laissées en place, soit transplantées dans la haie;
  • économie évidente de carburant du fait de la diminution de la surface à tondre.

D’autre part, la friche nous fournit de grandes quantité de « foin » qui nous sert essentiellement comme paillage du potager, des arbres fruitiers et des jeunes plantations d’arbres. Ce « foin » peut être obtenu soit en fauchant quelques mètre carrés, soit en ratissant la végétation sèche de l’année passé, comme je le fais sur cette photo :

Toutefois l’évolution de la friche nous amené à observer qu’elle contenait de moins en moins de fleurs, et était par conséquent de moins en moins favorable aux pollinisateurs. Alors nous avons ajouté une zone intermédiaire qui n’est tondu que deux ou trois fois par an. Cette zone n’est pas visible sur les photos prises en mars, période à laquelle la première tonte vient à peine d’être effectuée, mais le sera dès le mois d’avril, une fois la seconde tonte réalisée. Je vous montrerai cela en temps voulu. En attendant, je tenais à vous parler de cela dès à présent pour donner des idées à ceux qui auraient envie de passer à ce type de gestion du jardin!
En plus, à l’instar de ce qui se fait dans les jardins en mouvement de Gilles Clément, vous pouvez modifier d’une année sur l’autre les surfaces occupées par chacune des zones et vous pouvez aussi enrichir la friche en espèce végétales de votre choix! Vous pouvez aussi faire non pas trois zones, mais quatre, cinq, six avec des régimes de tonte/fauches différents depuis la pelouse tondu toutes les 3 semaines jusqu’à des friches qui ne subissent aucune intervention pendant plusieurs années!
Alors, partant pour repenser le plan de votre pelouse?

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Jardinons

Des couverts végétaux à l’essai

Je pense que beaucoup d’entre vous en sont conscients, un des outils majeurs de l’agriculture du XXIème siècle sera et est déjà le couvert végétal, comme le montrent le travail des tenants de l’agriculture de conservation. Et au jardin, les couverts végétaux (souvent appelés aussi engrais verts) sont également très utile. Parmi leur nombreux rôles citons notamment :

  • Couvrir le sol en permanence avec des plantes vivantes ;
  • fixer l’azote ;
  • Produire in situ de matière organique ;
  • Implanter des plantes mellifères ;
  • Nourrir la vie du sol à longueur d’année ;
  • Favoriser la présence d’auxiliaires ;
  • Aider au contrôle de l’enherbement ;

a l’instar de beaucoup d’entre vous qui utilisent ces techniques depuis de nombreuses année, nous avons testé depuis l’année dernière plusieurs types de couvert hivernaux et je vous propose ici une petite synthèse de ces expériences.

Commençons par l’année dernière

Avant de vous parler des divers essais de cet hiver, voici d’abord une rétrospective de ce que nous avions fait en 2010.

Nous avions semé le couvert sur deux planches, cette photo prise le 23 avril, la floraison jaune de la moutarde indique la position de ces planches : une « petite » (à gauche, juste derrière le prunier) et une « grande » (à la droite de ce même arbre).

Le mélange semé était un « biomax » fournit par Yann Labuche de Terre d’Humus et contenant 8 espèces : avoine, vesce, fèverole, moutarde, radis fourrager, fénugrec, minette, lin,

Le semis avait été réalisé le 18 novembre 2009, donc très tard, mais la douceur de la fin novembre et du début décembre ont permit une bonne levée, voici quelques images du couvert sur la « grande » planche tout au long de son développement.

7 décembre 2009
23 mars 2010
18 avril 2010
25 avril 2010
25 avril 2010

Ce beau couvert a ensuite été détruit par sarclage le 25 avril. Je conseille pas cette façon de détruire le couvert qui est quand même éprouvante physiquement. Quand il n’y a que quelques mètres carré à faire, comme ici, ça va, mais s’il y en a ne serait-ce que quelques dizaines, ça commence à faire vraiment beaucoup ! Cette année, faute de rolo faca, j’essayerai sans doute le crimp-o-matic, facile à bricoler soi même.

J’ai choisi cette date pour la destruction car les quinze jours qui ont précédé ont été très sec et le sol commençait à devenir vraiment dur et sec sous le couvert, après ça il a plu 3 semaines… pfff ! J’aurais mieux fait d’attendre la mi mai et planter les cultures d’été au même moment. D’ailleurs voici l’état du sol le 21 mai, jour de plantation des tomates, courgettes et autres courges et aubergines :

Ce sol, non seulement était sombre et grumeleux, mais aussi très riche en vie, avec une surprise de taille, le présence en grand nombre de testacelles blanches, une limace carnivore prédatrice, entre autres, des limaces phytophages ! J’en reparlerai dans un prochain article !

Le couvert de la « petite » planche quand à lui a été maintenu jusqu’en juin, date à laquelle, ayant commencé à sécher, il a été très facile à détruire par simple fauchage. Il est à noter que la potentille, vivace très envahissante sur notre terrain a été complètement contrôlée par ce couvert très dense et détruit tardivement pour préparer une plantation de vivace à l’automne (artichauts, tanaisie, lavande).

Le « petit » couvert au mois de mai avec la magnifique floraison violette de la vesce

Au niveaux des espèces voici le bilan de ce premier essai :

moutarde, radis, vesce, fèverole et avoine : très bon développement, mais avoine un peu difficile à détruire.

fenugrec, lin et minette : très faible développement, ces plantes ont soit mal levé, soit été plus ou moins étouffés par leurs voisines.

Et cette année donc

fort de cette expérience très encourageante, j’ai imaginé cet automne plusieurs essais pour nos couverts hivernaux.

Tout d’abord au niveau des biomax : j’ai sélectionné les plantes qui avait bien fonctionné l’année passée en enlevant l’avoine et en ajoutant la phacélie, que l’avais envie d’essayer et, sur les conseils de Yann Labuche, le pois fourrager.

Ensuite, j’ai eu envie de tenter des essais de couvert associés à des cultures d’hiver : moutarde+ pois grimpant, triticale + pois grimpant (là encore sur les conseils de Yann) et chou branchu du Poitou + trèfle incarnat.

De gauche à droite : graines de radis fourrager, moutarde, phacélie et vesce

Les biomax

3 compositions différentes ont été testées avec les 6 plantes sélectionnées : moutarde+radis+phacélie+fèverole+pois (1), moutarde+radis+phacélie+fèverole+vesce (2) et moutarde+radis+phacélie+fèverole+pois+vesce (3) (en gras les espèces qui changent d’un mélange à l’autre, en l’occurrence la légumineuse grimpante)

Les semis ont eu lieu les 4 et 6 novembre 2010, la levée de toutes ces plantes a été très bonne, mais ensuite, des surprises :

  • les crucifères (moutarde et radis) et la vesce ont disparu de presque toutes les planches ;
  • la planche contenant le mélange 2 et une grande partie de celle qui porte le mélange 3 semblent avoir été grattés par un animal (nous soupçonnons les merles) de sorte que seule la fèverole est encore bien en place au milieu d’adventices diverse et variées et d’un peu de vesce qui a attendu le début mars pour vraiment commencer à se développer.
le 8 décembre, belle levée des crucifères (moutarde et radis) dans le mélange 1
Le même jour, un semis de vesce sort timidement entre trois turricules de vers de terre
Du mélange 2, début mars, il ne subsiste quasiment que la fèverole, et les adventices s’invitent en grand nombre!
Sur une extrémité du mélange 3 les crucifères sont bien là, mais dans tous les autres biomax, il n’en reste presque plus rien…

Des observations plus encourageantes tout de même :

  • la planche ensemencée avec le mélange 1 est vraiment très belle, malgré la disparition des crucifères, et promet un magnifique couvert bien dense pour le mois d’avril ;
  • Un couvert de vesce avoine que nous avons pas semé et qui est magnifique… Mais d’où sort-il ???? La seule explication que je vois est un re-semis des graines du « petit » couvert de l’an dernier qui était tout près mais il ne me semblait pas que la vesce et l’avoine étaient mûres lors de la destruction…
Le mélange 1 le 5 mars dernier
Un magnifique couvert de vesce avoine que nous n’avons même pas semé…

Les couverts associés

Parmi les couverts associés à des cultures là aussi les fortunes sont diverses :

Le chou et le trèfle incarnat (implantés début octobre, donc beaucoup trop tardivement) avaient bien levé, mais ils n’ont pas survécu longtemps, il n’y a rien eu sur cette planche de tout l’hiver.

14 octobre, belle levée des choux et des trèfles, mais ils n’iront pas plus loin dans leur développement

Dans L’association avec pois grimpant, mises en place comme les biomax le 4 novembre, là aussi tout est bien sorti, mais à présent, curieusement les pois ont totalement disparu de la planche avec moutarde, alors qu’ils sont encore bien là dans celle avec triticale : y aurait-il une incompatibilité entre pois et moutarde ?

La culture de pois grimpant associés à de la moutarde est devenue un couvert de moutarde pure
Par contre l’association avec le triticale semble bien fonctionner pour le moment

Et pour les cultures d’été nous avons déjà semé quelques mètres carrés de lentilles pour servir de couvert associé à des cultures d’été (tomates et courges), je vous raconterai !

Voilà donc pour ce petit point de fin d’hiver sur nos expériences de couverts. Et comme j’ai remarqué que beaucoup d’entre vous aiment participer à ce blog, je vous propose de m’envoyer un mail à gilles(AT)jardinonssolvivant.fr (remplacer le (AT) par @) pour me faire part de vos essais de couverts hivernaux ou d’une synthèse de ce que vous avez testé et observé depuis que vous en faites en me précisant votre situation géographique, votre sols et votre climat. Je ferai vers le mois de mai une synthèse de tout ce qui m’a été communiqué d’ici la mi avril !

Et pour toute remarque ou question concernant cette pratique ou notre expérience, les commentaires sont ouverts !

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Une séance de jardinage sous le soleil de mars

Que le jardinage sol vivant soit quelque chose de simple et pas fatigant, vous le savez déjà, j’illustre ici simplement ce propos en montrant ce qui peut se faire en une heure ou deux de jardinage tranquillou en profitant des premiers jours ensoleillés du mois de mars.

  • Le sarclage des cultures d’hiver : ce premier sarclage est très important, même si les herbes ne sont pas encore très développées en ce début mars, les perturber maintenant permet à la culture (ici des fèves) de prendre un avantage décisif pour la suite de la saison. Dans les semaines qui viennent, les fèves qui ont déjà bien démarré leur croissance vont se développer et il sera plus difficile d’intervenir, alors autant le faire tout de suite !

  • Je vous ai déjà parlé de la préparation du sol avec des cartons, voici l’illustration en image. Ici, ce sont en fait des allées dont l’herbe grignotait les planches de cultures, alors nous avons matérialisé l’allée avec des planches de coffrages et le reste est préparé avec du carton. Notez que d’habitude, j’invite à épandre du BRF avant de poser les cartons, mais ici, le sol en a déjà reçu en 2009, donc pas la peine d’en remettre. Ensuite, il suffit de pailler copieusement avec du foin.

  • Et le foin, me direz vous, comment en trouver à cette saison, comme le soulignait Olivier Barbié dans un commentaire de l’article sur les BREF ? Et bien voici un élément de réponse, ici, je ratisse avec un croc une partie du jardin laissée en friche et qui nous sert de réserve de biodiversité et de biomasse. En l’occurrence, je prélève juste les herbes sèches de l’année écoulée. Cette pratique consistant à réaliser des fréquences de coupe différentes suivant les zones du jardin est une forme de gestion différenciée, je n’en ai pas encore parlé sur ce blog, mais j’y consacrerai certainement un article dans le courant du printemps.

  • La mise en place d’une planche de pois chiches, sur une idée de ma belle compagne, nous avons choisi de consacrer une planche préparée depuis l’automne avec des BREF et du foin à cette culture. Ci-dessous, pendant que je sarcle un rang de fèves, au fond mon père enlève les BREF en question. Ensuite, un petit coup de sarcloir pour enlever les quelques herbes qui commençaient à passer  au travers et puis semis des pois chiches incorporé au croc à fumier (ouh là là, c’est un travail du sol super intensif que nous avons fait là !). Le développement de la culture au mois de mai nous dira si nous la gardons en culture pure ou si nous l’associons à des cultures d’été.

  • En novembre dernier nous avions mis en place une planche de fénugrec (celle au premier plan sur la photo où mon père enlève les BREF). La levée avait été très bonne (voir photo ci-dessous prise le 20 décembre), mais ensuite la culture n’a pas passé l’hiver et seuls quelques semis commençaient à se développer au milieu de toutes sortes d’adventices (graminées, potentilles, gaillets…) alors nous avons sarclé tout ça et recommencé le semis, on verra bien… C’est a mère qui souhaitait faire cette culture pour faire du « purin » de fenugrec qui serait un traitement contre le mildiou de la vigne. Si début mai, la culture est suffisamment développée pour être fauchée, une fois cette opération réalisée, nous envisageons de laisser ce qui reste en place pour faire un couvert associé aux cultures d’été.

  • En enfin, pour finir, la mise en place de placettes expérimentales de lentilles qui serviront de couvert associé aux cultures d’été. Ici, c’est une toute petite placette où le couvert végétal s’est très peu développée que j’ai sarclé et semée de lentilles vertes. L’expérience a été répliquée à un autre endroit du jardin, là encore, nous verrons bien !

Voilà pour ce beau dimanche de jardinage ! La semaine prochaine, je continue à vous parler de notre jardin, avec cette fois-ci un topo sur les diverses expériences de couvert végétaux et cultures d’hiver mises en place début novembre.

Et en attendant, je vous lance une petite annonce : je recherche 2 ou 3 jardiniers ou maraîchers « sols vivants » qui seraient partant pour me faire un article de ce type tout les 2 ou 3 mois environ, ceci afin de vous proposer des suivis de jardins dans des contextes variés, eh oui, tout le monde n’est pas sur un coteaux argilo-calcaire du Gers. Alors si vous vous sentez la fibre jardinier-reporter, envoyez moi un message à gilles(AT)jardinonssolvivant.fr (remplacer le (AT) par @), décrivant votre situation géographique, votre sol, votre climat et expliquant ce que vous faites niveau jardinage, éventuellement en y joignant quelques photos. tout cela afin que je puisse sélectionner les contributeurs! Alors à vous !

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Est-il trop tard pour mettre des BRF sur le potager ?

Voilà une question qui me revient régulièrement à l’approche du printemps ! En plus, je viens de me rendre compte que je n’ai encore consacré aucun article aux BRF, alors en voici un !

En réponse à cette question : oui et non ! En voilà une réponse de normand me direz-vous ! Nous voilà bien avancés…

Dressons donc le décor, vous voilà avec d’un côté votre potager avec quelques planches de cultures d’hiver : poireaux, choux qui ne vont pas tarder à être récoltés ou fèves, pois qui sont encore au début de leur croissance et d’un autre un tas de BRF que vous auriez préférer voir arriver cet automne, mais qui n’est arrivé que maintenant. Alors quelques questions arrivent :

 « Puis-je épandre tout ça maintenant alors que le printemps commencer sérieusement à montrer le bout de son nez ? »

«  N’est-il pas mieux de le laisser composter jusqu’à l’automne prochain ? »

«  Ne devrais-je pas plutôt me contenter de l’utiliser sur des arbres ou vivaces et tant pis pour le potager, il attendra l’automne prochain ? »

Il n’y a pas une réponse à ces questions et vous avez en fait le choix entre ces différentes possibilités, suivant vos priorités du moment. La facilité étant bien entendu le dernier choix, celui d’épandre ces BRF sur des arbres ou des vivaces.

Il est vrai que si vous souhaitez mettre en place un système basé intégralement sur les BRF façon Jacky Dupéty avec incorporation aux premiers centimètres du sol, c’est en effet un peu tard et vous risquez notamment une faim d’azote très prononcée et d’une façon générale un résultat pour le moins incertain quand à la productivité du potager cette année. Il est préférable pour un tel projet, d’apporter les BRF à l’automne et de laisser les champignons s’installer tranquillement pendant l’hiver.

En revanche, si vous êtes sur un système associant les BRF à d’autres pratiques de gestion de la fertilité, vous pouvez les utiliser maintenant. C’est ainsi que vous pouvez par exemple amender légèrement des planches avec des cultures d’hiver, comme des fèves ou des pois ou encore pratiquer cet amendement sur un couvert végétal d’hiver. Ou encore, si vous utilisez une technique avec paillage permanent de BRF façon jacques Hébert ou Jean Marie Lespinasse, compléter le paillage aux endroits où il a disparu, mais cela peut être fait à n’importe quel moment de l’année.

Donc en conclusion, voici ma réponse à la question posée :

Non, il n’est pas trop tard si vous souhaitez amener du BRF dans votre potager cette année, à condition que vous le mettiez en simple paillage et que vous ayez mis en œuvre des pratiques complémentaires : culture de légumineuses, couverts végétaux, buttes autofertiles…

E si vous avez déjà eu l’occasion d’épandre des BRF si tard dans l’hiver, je vous invite à laisser ci-dessous votre témoignage sur ce qui s’est passé au potager l’année qui a suivit !

A la semaine prochaine

Gilles