Christophe Gatineau nous a lancé courant avril un ebook gratuit et préfacé par Xavier Mathias. Pour ce faire ils ont repris un thème déjà évoqué dans ce blog : les buttes et la permaculture.
Je ne présente plus Christophe qui a publié maintes fois sur ce blog et qui est l’auteur de nombreux ouvrage, en particulier les deux derniers sur deux groupes d’organismes essentiels au fonctionnement de nos écosystèmes : les vers de terre et les abeilles, cf. ci-dessous.
Je reproduis avec l’aimable autorisation de Christophe Gatineau, cet article qu’il vient de publier dans son blog le jardin vivant. Si je reproduis à l’identique cet article (je crois que c’est la première fois que je fais cela) c’est pour plusieurs raisons :
– Tout d’abord il m’a consulté et posé quelques questions avant de le poster (je suis d’ailleurs cité dans l’article) ;
– Ensuite parce qu’il pose ici des questions qui ne sont pas assez débattues, à mon sens dans le jardinage bio et la permaculture où la butte commence à s’ériger en dogme.
Là encore, je vous invite à partager en bas de cet article, votre expérience et votre point de vue par rapport à ce qu’écrit Christophe dont je partage le point de vue sur ce sujet.
Je la laisse la parole à Christophe :
La butte de culture ou la culture sur buttes est devenue une figure de la permaculture en France, comme un signe de reconnaissance et d’appartenance à une tribu ; un symbole si fort que beaucoup d’adeptes croient que la culture sans but, c’est cultiver contre la nature !
Et on peut lire sur le web : « La culture sur buttes est un principe fondamental en permaculture. »
Ou sous la plume du journaliste de Rue89, Thibaut Schepman : « La butte, une combine épatante du jardinier bio et paresseux. »
Vue en coupe d’une butte contenant du bois. Mark, Flickr, Creative Commons.
À ce sujet, Claude Bourguignon explique dans une vidéo :
Les buttes, c’est beaucoup de travail. Alors pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple en déposant la matière organique à la surface… C’est plus reposant !
Faire des buttes, c’est bien en zone sahélienne, mais chez nous, il faut vraiment avoir envie de se casser les reins pour rien…
Quant à Moilamain, un des phares de la permaculture en France, il soutient que les buttes ont été greffées par hasard à la permaculture par Emilia Hazelip dans le courant des années 80 !
En parallèle à ses activités de maraîchage, Émilia dispensait des stages d’introduction à la permaculture pendant lesquels son jardin en butte servait de support à l’illustration des principes de la permaculture (sol non travaillé, fertilité créée par les plantes…)
Et l’amalgame permaculture = culture sur butte est sûrement né dans ce contexte.
Et quand je lui pose la question : la butte élève-t-elle la permaculture ?
Clairement : non ! Très sincèrement, la culture sur butte est un détail de peu d’importance pour ceux qui ont une bonne connaissance du concept de permaculture « inventé » par Bill Mollison.
Beaucoup réalisent des buttes façon Forrer qu’ils appellent butte de permaculture… Mais ils ne connaissent pas grand-chose aux mécanismes du sol et de la fertilité. Ils réalisent des buttes bourrées de matières organiques sur des terrains déjà fertiles… Et l’amalgame perdure, renforcé par une vidéo présentant la méthode de Philip Forrer qui enterre du bois pourri dans ses buttes.
La grande bêtise de l’agriculture, c’est de labourer et mettre la matière organique sous les racines. Donc le temps que les racines arrivent, c’est minéralisé.
Première leçon : ne jamais enfouir de la matière organique dans un sol, la nature nous le dit.
Et que fait-on dans une butte de permaculture ?
On enfouit la matière organique.
La technique du labour consiste à mettre la matière organique dans le sous-sol et on ne peut pas avoir de décomposition de la matière végétale en profondeur parce qu’il faut de l’oxygène.
Traditionnellement, les buttes de culture étaient nourries par l’apport régulier de matière organique fraîche déposée à leur surface. À l’inverse, elle est enfouie profondément en permaculture comme dans un labour.
De plus, ces buttes modernes sont édifiées sur des bois de récupération type palettes, bois vert, bois pourri ou troncs d’arbres alors que traditionnellement, le bois était proscrit parce qu’une butte auto-fertile imite l’écosystème forestier.
Observons le fonctionnement d’une forêt.
La matière organique tombe sur le sol puis est transformée en humus par les organismes de surface avant d’être entraînée dans les profondeurs du sol par les eaux pluviales, où les éléments nutritifs seront aspirés au passage par les racines des arbres pour se nourrir. (À noter qu’ils se nourrissent de leurs propres déchets transformés !)
Mais quand les éléments nutritifs sont déjà dans les profondeurs du sol, ils sont entraînés par les eaux encore plus profondément dans le sol, hors d’atteinte des racines des plantes !
La butte de culture, cette technique agricole ancestrale et universelle pour cultiver les zones humides est un pur produit du bon sens paysan, détournée aujourd’hui par l’ignorance et ses croyances.
Ainsi, quand j’ai vu de mes yeux une enseignante internationale en permaculture me montrer sur photos qu’elle avait fait couper des arbres avant de faire recouvrir leurs troncs de terre avec un bulldozer au Moyen-Orient, pour faire en toute bonne foi, des buttes fertiles… c’est con, y’a pas d’autres mots, c’est une connerie sans nom.
Pour commencer, la butte est toujours une réponse esthétique ou mécanique au milieu. Et pour continuer, la construction de la butte dégrade toujours le sol en mélangeant tous les horizons. Après, il faut le temps d’aggrader ce qui est dégradé par l’apport de matière organique à sa surface.
Quant aux bois enterrés, Gilles Domenech, microbiologiste et spécialiste du Sol-vivant, prévient :
Si le bois se trouve dans une zone mal oxygénée de la butte, il va participer à précipiter la chute du taux d’oxygène du fait de l’activité des micro-organismes décomposeurs, il y a localement un risque accru d’acidification et d’hydromorphie, ce qui n’est favorable ni à l’activité biologique ni à la fertilité…
Et d’ajouter :
Il serait intéressant de mesurer quelques années après le potentiel redox et le pH de ces buttes. Car si le bois est enfoui à 40 cm et plus, je crains qu’on arrive très vite à l’anoxie car la structure du sol n’est jamais grumeleuse sur une telle épaisseur… »
Claude Bourguignon :
L’humus est fabriqué en surface grâce au travail des champignons et de la faune épigée, et les argiles sont fabriquées en profondeur par l’attaque des racines des arbres au contact du monde minéral.
Parce que le sol, cette partie de la Terre où prospèrent les racines du monde végétal et que j’appelle la racino-sphère, n’était pas au départ de la Terre contrairement à une idée reçue ! Ce sol nourricier est né conjointement avec le développement du monde vivant.
Pour conclure, existe-t-il un seul avantage à enfouir la matière organique dans une butte comme dans un labour ?
– Non : lire maj du 30 sept (en bas de page).
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ÉPILOGUE
Les modes passent et les dégâts restent.
La butte est à la mode comme le labour profond pour des sols propres. Souvenons-nous que si aujourd’hui on laboure jusqu’à 40 cm de profondeur, pendant des millénaires et jusqu’au siècle dernier, on ne retournait pas la terre et le labourage se limitait à sa couche très superficielle.
Le BRF est également à la mode mais « si on continue, nous allons avoir plus de problèmes que de bénéfices. Ce n’est pas un paillage et, utilisé régulièrement, il intoxique les sols parce qu’il faut plusieurs années pour qu’ils le digèrent » dixit Lydia Bourguignon.
Aujourd’hui, nous connaissons les limites du BRF dont le but premier n’est pas de nourrir le sol mais de stimuler son activité biologique et sa flore mycologique ; le BRF étant du bois vert déchiqueté et mélangé à la couche très superficielle du sol pour offrir le gîte et le couvert aux champignons. Mais enterré et faute d’une teneur en oxygène suffisante, le BRF va intoxiquer le sol parce que les champignons ont besoin d’air pour respirer. Et dans les buttes de permaculture, le bois est enterré.
Mise à jour du 30 septembre 2015
Au sujet de l’analogie faite entre le labour et les buttes de permaculture.
Faut-il l’enfouir ou pas ? C’est la seule question qui vaille pour profiter au maximum de tous les bénéfices de la matière organique.
1 – Pendant des millénaires, le labour n’a pas retourné la terre = matière organique sur le sol. Et pour nourrir les buttes de culture = matière organique déposée à sa surface.
2 – Aujourd’hui, le labour retourne la terre = matière organique enfouie profondément dans le sol. Et les buttes de permaculture = matière organique enfouie profondément.
3 – Pour des sols vivants et une agriculture soutenable et écologique, la Recherche scientifique a prouvé que la matière organique devait rester sur le sol ou dans sa couche superficielle. C‘est dans cette perspective que j’ai utilisé l’image du labour.
Bonjour à tous. Récemment, j’avais demandé à Gilles s’il ne pouvait pas concocter un article sur le jardinage en climat méditerranéen, ayant moi-même eu l’occasion de mettre en place avec mon copain un potager dans la région des Vans (limite entre le Gard, Lozère et l’Ardèche, région sèche dans les contreforts des Cévennes). Mais pour amorcer la discussion, j’ai eu envie de partager avec vous le déroulement et les résultats de cette saison de jardinage 2011, ayant dans l’espoir de susciter chez vous quelques commentaires. (Photos sous licence cc by-sa 2.0, présentées dans un ordre non chronologique).
Situation et conditions locales
Vue sur le Chassezac
Un ami nous a permis ce printemps-été de mettre en place un potager sur son terrain gardois : une ancienne châtaigneraie en terrasses schisteuses, larges et relativement pentues, surplombant la rivière du Chassezac.
Ce terrain avait été défriché (châtaigniers abattus), puis ratissé et nettoyé de ses résidus de branches et de feuilles pour favoriser la repousse d’un couvert d’herbes spontanées. Ces terres à nu ont par la suite pas mal été malmenées par le climat aride de l’été et les fameux épisodes cévenols automnaux. Malgré une érosion importante, des plantes pionnières ont pu s’implanter, progressivement. Mais généralement, au cœur de l’été, cette végétation sèche, brûlée par le soleil.
Cette vallée est par ailleurs très exposée aux vents violents.
Une partie de ce terrain avait déjà été mise en culture depuis quelques années, un potager y était réalisé (sans paillage du sol) et donnait je crois des résultats assez moyens. Il faut dire que si le paysage est magnifique, le sol, quant à lui, est loin de faire rêver. Hyper léger, hyper caillouteux, hyper drainant, peu de terre.
Pour donner une idée d’une partie encore jamais cultivée. On voit sur la photo ce qu’on a dénommé « la poubelle à graines » : toutes les graines jugées périmées, surnuméraires ou non sélectionnées pour la semence sont semées sur une zone à peine travaillée puis paillée, rarement arrosée. Poussera ce qui voudra.
A partir de là, mon copain et moi avons eu envie d’essayer la butte. Lui avait déjà une bonne expérience de « potagiste » dans ces terres, mais la culture en butte c’était du nouveau. Ça présentait déjà l’avantage évident d’augmenter la profondeur de terre, mais ça permettait aussi de cultiver sur un terrain pentu (plus de pente en aval de la butte), ça pouvait limiter les phénomènes d’érosion et favoriser l’infiltration des pluies grâce à la rétention d’eau entre chaque butte.
A notre arrivée sur le terrain, à partir de fin avril, on a donc commencé la mise en place du potager sur les zones travaillées les années précédentes, réparties sur deux terrasses. Le montage des buttes s’est fait en trois sessions : la première fin avril-début mai, la deuxième sur une terrasse en dessous en mai, et la dernière fin juillet, à la suite d’une culture de seigle parvenue à terme.
Pour commencer, nous avons « grelinetté » le sol et réservé les maigres plantes arrachées (sedums, linaires, résédas entre autres) pour un paillage ultérieur. Après ça, pour la constitution des buttes, nous avons été plus ou moins méthodiques, et n’avons pas scrupuleusement respecté les différentes strates du sol. D’ailleurs, la terre en profondeur semblait davantage argileuse, les argiles ayant probablement été lessivées au fil du temps, et ça semblait intéressant de les ramener en surface pour constituer une terre plus rétentrice. On a rempli quantité de seaux avec les cailloux qu’on trouvait… les pierres ça peut parfois être utile, mais trop c’est trop si ça fait du sol une passoire.
Au final, les buttes n’étaient pas très hautes et moyennement larges (mois d’1,20 m), et les allées étroites.
Paillage
Puis, on a paillé tout ça… avec les mottes et les quelques plantes arrachées, avec des herbes sèches issues des débroussaillages de terrasses dans le hameau voisin, avec de la paille pourrissante abandonnée, avec des fougères, et avec du buis pour couvrir les allées. L’objectif n°1 était d’amener le maximum de matière trouvée dans les parages. Par contre, on n’a pas osé utiliser les feuilles de châtaignier, ressource pourtant la plus abondante localement : trop longues à la décomposition, trop grandes, trop légères et soumises au vent… mais on a peut-être eu tort de ne pas profiter de cette manne ?
Les épluchures de légumes allaient dorénavant directement aux buttes.
Paillage de seigle sur les buttes les plus récemment mises en place (courant juillet), repiquages de salades sur les pentes et semis en carrés sur les plats de buttes. Les buttes végétalisées au fond sur la deuxième photo sont les premières a avoir été montées, fin avril.
Semis et repiquages
Comme pour le paillage, un des objectifs lors des semis était de favoriser la constitution d’une forte biomasse, pour apporter toujours plus de matière aux buttes.
Avant de pailler certaines buttes, on a semé à la volée des graines de panais dont on ne croyait plus trop en la faculté germinative, des tournesols, de la phacélie. Aux bas des buttes, on a semé des poquets de luzerne tous les 50 cm, dans les allées aussi, à la volée, avec de la roquette (dont les graines ne manquaient pas).
Comme on a démarré le potager assez tard, on a au départ beaucoup repiqué de plants achetés ou qu’on avait eu la chance de recevoir en cadeaux (tomates surtout, mais aussi choux, blettes, courges, poireaux, œillets, fenouils, et quelques plants de salades). Dans le même temps, on a semé de tout, soit en poquets, soit en aménageant des carrés sans paillage (micro-parcelles à la JM Lespinasse) dans lesquels on effectuait les semis de radis, navets, carottes, betteraves, etc.
Pour les repiquages et les semis, la difficulté première était de protéger les plants et plantules d’un rayonnement solaire très intense. Des cagettes, des claies, des feuilles, des herbes… tout y passait pour ombrager pendant les heures chaudes… sinon c’était grillé. Les plantes bénéficiant de l’ombre fournie par quelques arbres disséminés sur le terrain (chêne vert et châtaignier) étaient à ce titre plutôt favorisées. L’agroforesterie prend à mon avis tout son sens dans ces régions très ensoleillées.
Ombre de châtaignier vs ensoleillement maximal. Des cagettes sont utilisées pour protéger les repiquages de salades ou jeunes semis
Les semis en micro-parcelles étaient déjà un peu trop exposés au soleil et à la sécheresse, les germinations étant inégales, et peut-être que des semis en ligne auraient été plus appropriés, bien que moins faciles à réaliser ?
Semis et repiquages ont été effectués sans utilisation de compost ou terreau puisqu’il n’y en avait pas de disponible.
Arrosages
De manière surprenante, on n’a pas eu à s’inquiéter de l’eau : elle est restée disponible tout l’été malgré une sécheresse inquiétante. Le ruisseau où s’effectuait le captage ne s’est jamais arrêté de couler. L’eau était stockée dans une cuve de 1000 litres quatre terrasses au-dessus du jardin, qui pourvoyait largement à nos arrosages quotidiens… avec de la pression en plus !
Tous les soirs on arrosait le jardin généreusement, au tuyau : on n’a pas trop fait à l’économie et on a préféré assurer le coup pour les plantes fragiles et les semis. Les tomates et cucurbitacées étaient arrosées au plus deux fois par semaine. On maintenait aussi le paillage humide pour éviter le dessèchement et accélérer sa décomposition. On utilisait aussi l’asperseur pour diminuer les temps d’arrosage sur les plantes qui ne craignaient pas d’avoir le feuillage mouillé.
Semis spontanés
Des cultures des années précédentes se sont ressemées : cosmos, shiso (basilic japonais) et aneth. Les adventices qui poussaient sur les buttes faisaient l’objet d’un désherbage sélectif : j’aimais bien laisser les pissenlits, chénopodes, et quelques plantes indéterminées que je laissais fleurir pour voir ce qu’elles avaient à offrir. Des matricaires ont d’ailleurs fait une intervention assez musclée sur une des buttes, mais ont été conservées (tant qu’elles n’empiétaient pas trop sur les cultures) pour leur belle floraison, le cortège d’insectes qui en bénéficiaient, et la prolificité du feuillage qui pouvait ultérieurement fournir un paillage des plus appréciables.
Invasion de matricaire
Résultats sur les cultures
Un des gros échecs, ça a été les salades, dont la reprise après repiquage était toujours très difficile : protection indispensable contre le soleil au repiquage, puis développement des plants très lent, pour une montaison à graines très rapide. Même avec un semis direct, le résultat n’était pas souvent fameux. En revanche, les plants en mottes achetés sur le marché prenaient beaucoup mieux. J’imagine qu’on avait tendance à repiquer trop tôt, et qu’il fallait surtout éviter les racines nues. Le sol étant particulièrement séchant, un apport de terreau ou compost aurait probablement facilité la reprise.
Du côté des salades un peu moins conventionnelles, les mizuna japonaises (différentes de la roquette) se sont parfaitement acclimatées et ont rapidement fourni quantité de feuilles tout au long de l’été. Vu qu’on les sentait très à leur aise, on en a repiqué beaucoup et on a profité de cette abondance de feuilles pour pailler d’autres légumes.
La mizuna, une brassicacée à déguster en salade composée, ou à cuire
Paillage de plants de salades en difficulté avec des feuilles de mizuna
Les haricots nains, mange-tout et à écosser, ont bien marché. Les Contender ont produit toute la saison, les Coco Blanc et surtout les Black Turtle ont été très prolifiques, fournissant de surcroît une masse verte abondante. De bons apports pour un sol bien appauvri.
Les haricots nains avaient tendance à empiéter sur les allées, ayant été semés un peu bas sur les buttes, et certains ont dû pâtir de déplacement trop brutaux.
Les haricots à rames, par contre, n’ont pas réussi à grimper sur les jolies installations qu’on leur avait préparées en bambous et longues branches de châtaigniers. On ne les a pas trop aidés en les semant en plein couloir venté, le vent décrochant sans cesse les tiges qui cherchaient à s’agripper aux supports. On les avait semés entre des lignes de maïs, en bordure de terrasse, sur une zone très caillouteuse et jamais travaillée, « grelinettée » et paillée avec de la fougère. Autant dire que ça n’a pas été un grand succès. Mais une fois de plus, ça aura eu le mérite d’apporter de la matière sur une zone nouvellement cultivée.
Lorsque les semis ont bien démarré, on a eu de jolis radis, navets, carottes et betteraves. Bon, ce n’était pas du gros calibre, mais des racines généralement bien saines. Ont particulièrement bien poussé le radis rond (énorme), un gros radis d’été dit fourrager mais qui se mange très bien (le Raifort d’Ardèche), et un radis japonais du type daïkon.
Les choux cabus repiqués dans les zones ombragées par les arbres (sur des buttes montées sur une ancienne zone de compost) ont très bien marché, et ont pommé. Ceux repiqués ailleurs se sont moins plus.
Pour les tomates, on les avait repiquées en sommet de buttes, sans tuteurage et sans taille. Pour les tomates cerise, ce n’était pas franchement une bonne idée puisqu’elles envahissaient littéralement l’espace et les allées. On a pensé qu’il valait mieux en fait les tuteurer (ou les planter en bas de bute et les faire monter), parce que les tiges avaient tendance à descendre vers le bas des buttes (mauvaise irrigation en sève des fruits?), ou à casser quand il y avait des vents forts. Au final, le nombre de pieds a pallié une productivité moyenne. Pas mal de tomates se gâtaient rapidement (zones de pourrissement), mais les récoltes sont restées plutôt bonnes, avec toutefois des tomates pas super « goûtues ».
Pour les cucurbitacées, constat très mitigé. Au démarrage, la végétation et la production ont explosé pour les courgettes. Et puis, au bout d’un mois, une courgette par ci une autre par là… plus grand-chose. On a pu observer un gros ralentissement de la fructification, les courgettes en formation coulaient rapidement. Peut-être avons-nous eu tendance à ramasser les courgettes trop grosses.
Pour les arrosages de cucurbitacées, on a opté pour le matin, avant le lever du soleil, deux fois par semaine.
Contre l’oïdium, début août, on a fait deux traitements au soufre : ça a bien un peu ralenti sa progression au début mais après c’était plus la peine. Petit à petit, à la mi-août, l’oïdium s’est un peu généralisé au jardin : les navets, radis, mizuna, consoude, ont tous pris le blanc. J’associe ça à un coup de mou généralisé au potager. Je me dis qu’après avoir été bien remué pour faire les buttes, le sol avait dû relarguer de l’azote, puis progressivement s’appauvrir au fil des mois, à défaut de nouveaux apports rapidement assimilables.
Mais le temps de cet été a probablement aussi bien joué : très sec, souvent un peu nuageux (ce qui a pu retarder certaines mises à fruits), de grosses cagnes en août, des vents parfois très violents avec quelques gros orages qui ont laissé derrière eux une atmosphère humide.
Avant d’être ravagée, voilà à quoi ressemblait une butte mixte courgettes-courges, ces dernières étant supposées aller se balader dans les maïs et haricots à rames.
Petite synthèse
Si je devais comparer les cultures à plat et celles en buttes, je dirais que ces dernières ont incontestablement été les mieux réussies. Il faut dire que les buttes ont été plus soigneusement épierrées, et que la terre y a davantage été remuée en profondeur (les surfaces plates ont simplement été « grelinettées »). Sur le plat, les rendements ont été quasi nuls.
Par ailleurs, il m’a semblé que le paillage avec les mottes d’herbes arrachées était beaucoup moins approprié que le paillage à la paille ou au foin. La butte essentiellement paillée avec des mottes a eu un rendement très faible comparé aux autres. Mon impression est que ce type de paillage était trop dense et ne permettait pas une bonne respiration du sol et une bonne infiltration de l’eau. Seuls les tournesols semés avant de pailler ont poussé normalement.
Après cette saison de jardinage, le paillage nous a donc paru vraiment indispensable : pour conserver un peu d’humidité au sol, pour réduire les phénomènes d’érosion et pour attirer et favoriser le développement d’une faune sous le sol et en surface.
Sur ce type de terrain, il semble important de travailler sur les espèces et variétés cultivées, au moins pendant le temps de la mise en place d’un système plus fertile (principalement dépendant de la structure du sol, je dirais). Miser sur ce qui marche, produire et apporter de la matière pour enrichir le sol en humus et l’aider à mieux retenir l’eau et les éléments fertilisants. Ce sol ne paraît pas encore tout à fait prêt à accueillir décemment de jeunes salades.
Par ailleurs, l’ombrage de certaines cultures (salades notamment) aux heures chaudes reste indispensable… et pour ça, rien ne vaut quelques arbres dispersés dans le potager.
Au mois d’avril Jacques nous avait offert un article richement illustré sur le jardin qu’il cultive depuis 30 ans dans les Hautes Pyrénées. Revoici une contribution de sa part concernant son expérience à propos des buttes au jardin. Étonnante coïncidence, car cela propose une excellente suite à mon dernier article! (Non, non, nous ne nous étions pas concertés avant, Jacques m’a proposé un article sur ce thème au moment même où je postais l’article précédent). Mais laissons la parole à Jacques:
Depuis quelques années, on assiste, et heureusement, a une généralisation du jardinage biologique surtout chez les jardiniers amateurs. Vous connaissez mon parcours, j’en ai parlé dans le premier article publié sur ce blog, je pense avoir assez de recul pour comparer les différentes méthodes de jardinage qui fleurissent (sans jeu de mots!) dans toutes les revues ou sous forme d’ouvrages divers et variés.
Le jardinier débutant est confronté a un choix si vaste qu’il ne sait quelle voie choisir. Pour parodier une célèbre émission de télé « j’ai pas tout essayé mais presque » aussi voici mon point de vue issu de mes expériences.
En préambule , je précise qu’en aucun cas je ne critique telle ou telle méthode. J’ai trop de respects pour tous ces chercheurs et expérimentateurs qui consacrent leur vie a l’amélioration des techniques culturales et je n’ai aucune légitimité pour les juger.
Issu d’une famille terrienne, paysans depuis plusieurs générations, la tradition s’est arrêté par la volonté d’un Père qui n’a pas souhaité que l’un de ses fils continue le travail de la terre. Dans les années cinquante il valait mieux
avoir un « métier » que de faire le Paysan!
Je suis resté un Paysan dans l’âme avec ce que cela comporte d’amour de la nature mais aussi une méfiance viscérale pour toutes techniques culturales nouvelles soi-disant miraculeuses! Aussi, en jardinage j’aime bien tester avant de juger. L’agriculture s’est construite au cours des siècles grâce a l’élevage et à la fumure des sols par les fumiers animaux et le compost. Les plantes et légumes « sauvages » ont été améliorés pour aboutir a ceux que nous connaissons de nos jours.
Il y a un peu plus de trente ans, j’ai débuté mon jardin sur un terrain vierge et très pauvre versant nord-ouest situé sur un plateau a 400m d’altitude entre Hautes-Pyrénées et Pyrénées-Atlantiques:
Motoculteur pour défoncer le sol, ( très caillouteux, heureusement le motoculteur était costaud, un japonais!!)
Culture a plat, légumes en lignes, que du classique! Quelques années passées a améliorer mon sol avec compostage intensif, puis j’ai découvert Heinz Erven, Gertrud Franck et d’autres et j’ai commencé la culture en légères buttes de un mètre vingt de large avec entre chaque buttes un passage de trente centimètres pour circuler et travailler sans tasser le
sol. J’ai ainsi amélioré nettement les cultures d’hiver ( ail, oignons, fèves , petits pois…) qui souvent pourrissaient par excès d’humidité.
C’était au début des années quatre-vingt. Tout ceci bien sur dans une recherche permanente d’amélioration de mon sol par cultures d’engrais vert, paillage, mûlchs divers et variés.
La rencontre avec des agriculteurs biodynamique et me voilà parti dans l’aventure de la méthode mise au point par Rudolph Steiner. Ont suivi six années a élaborer et appliquer les préparations, expérience très enrichissante avec de très belles rencontres de gens passionnés et très respectueux de la Nature et de la Vie . Trop de contraintes ( brassage
des préparations, jour et heures pour l’application, suivi du calendrier ) ont fait que j’ai abandonné malgré des résultats probants.
En 2006, paraît un article dans la revue du Conservatoire Végétal d’Aquitaine sur « Le Jardin Naturel » de Jean-Marie Lespinasse , j’achète le livre et quelques jours après quatre ados 4m x 1m20 sont mis en place, suivis quelques mois après d’un cinquième de 8mx 1m20.
Enfin en 2010, j’essaye les lasagnes de Patricia Lanza.
Voici mes conclusion sur les avantages et inconvénients de chacune des techniques que j’ai mise en œuvre:
LES LASAGNES
Avantages:
Permet de recycler toutes sorte de matières bio-dégradable (cartons, paille, foin, B R F, tontes, fumier, déchets divers et variés)
Peut se faire sur tout support ( sol très pauvre, cailloux, et même dalles en béton!) L’intérêt est d’avoir les matériaux disponibles a proximité sinon ça coute en transport et main d’œuvre .
Inconvénients:
Il vaut mieux être plusieurs pour la monter car il y a pas mal de travail de manutention.
Besoin de beaucoup d’eau pour imprégner la lasagne qui doit être détrempée.
La durée de vie est très courte, au bout d’un an une lasagne de trente centimètres d’épaisseur ne fait plus que dix, il faut donc rajouter de la matière.
Les résultats sont spectaculaires la première année, surtout avec les légumes feuilles( ceux qui sont friands d’azote) Les pommes de terre aussi ont l’air d’apprécier, au jardin de la Maternelle, on a récolté 18 tubercules sur un seul pied! Mais je suis quand-même sceptique quand a la valeur nutritive des légumes cultivés ainsi. Au vu de la rapidité de croissance et leurs volumes, ils doivent avoir une teneur en nitrates très élevée.
LES ADOS
Avantages:
Permet d’avoir une profondeur de terre importante immédiatement surtout quand comme chez moi l’épaisseur n’est que de quelques centimètres avec un sous-sol caillouteux ( et c’est peu dire!!!)
Facilité d’accès et pas de piétinement du sol.
Ressuyage rapide l’hiver et en période de pluie prolongée.
Réchauffement plus précoce au printemps.
Lutte efficace contre les parasites et les maladies, la diversité des légumes et fleurs, le mélange, le nombre restreint de plants par variété réduisent de façon importante le risque d’attaque parasitaire. Occupation permanente du sol, sitôt un légume récolté un autre prend sa place.
En été les allées conservent l’humidité et quand tout est bien composté je remet sur les ados.
Inconvénients:
Si le sol se ressuie plus vite il s’assèche aussi rapidement donc besoin d’arrosages fréquent et si on laisse trop dessécher
la réhydratation de l’ados est très longue et couteuse en eau.Les allées s’envahissent de plantes indésirables( chez moi: potentille, renoncules, liserons, malgré les semis de trèfle ) j’ai en partie résolu ce problème en mettant mes tontes de gazon divers déchets du BRF et même des copeaux de menuiserie dans les allées (J’ai la chance d’avoir sur place un menuisier d’Art qui ne travaille que le bois Français non traité).
Si l’on veut appliquer à la lettre la méthode JM L cela demande pas mal de travail, un suivi quasi journalier, avoir en permanence des plants prêts a repiquer et faire des semis en continu, car c’est toujours en très petite quantité et très dispersé.
Le cloisonnement entre les parcelles cultivées est a mon avis néfaste aux échanges, aux flux et a la symbiose qui font un sol vivant.
Les limaces et les escargots trouvent refuge dans le moindre interstice entre planches et terre.
Durée de vie limité des planches de soutènement.
LES CAISSES
Mêmes avantages et inconvénients que les ados avec dessèchement encore plus important. A réserver a des petits jardins pour cultiver les légumes de bases et les aromatiques.
JARDIN A PLAT ( ou comme chez moi en plates-bandes de 1m20 de large très légèrement bombées avec allée de 30cm)
Le basique, le plus simple en un mot le FONDAMENTAL. Sauf cas exceptionnel ( terrain inondable ou très en pente ) C’est la meilleure façon de jardiner Le jardin n’est pas « figé » au contraire des ados et peut évoluer en permanence
Les flux d’énergie et les « habitants » du sol peuvent circuler sans obstacle. Quant a la pénibilité comparée entre le sol a plat et les ados, je n’y trouve pas grande différence.
Le jardin à plat présente l’avantage de pouvoir cultiver en lignes (pommes de terres, haricots verts, oignons de conserve, maïs avec haricots grimpants etc…) utile quand on veut des quantités importantes pour les conserves.
Le besoin en eau y est beaucoup moins important que les ados ou les caisses.
En conclusion je dirai que toutes ces techniques ont leurs avantages et leurs inconvénients. A chacun de choisir la plus a même de réussir en fonction du climat, du sol de l’exposition de son jardin et de sa sensibilité personnelle.
Personnellement je conserve les trois types de jardin pour continuer mes expériences, mais quand les planches de soutènement seront pourries, je ne les renouvellerai pas et reviendrai au jardin a plat.
Il y a un effet de mode certain, porté par la vague du bio, actuellement les ados sont a la mode, j’y ai moi-même succombé, mais le propre d’une mode est de passer….
Moralité: continuons nos expériences, adaptons-les a nos jardins, et ne croyons surtout pas avoir découvert la solution miracle, elle n’existe pas!
Ce nouvel article propose de nous intéresser à la mise en place de buttes permanentes pour jardiner. En effet, il est souvent question de buttes sur ce blog : j’en ai parlé dans l’article évoquant les travaux de Jacques Hébert et Jean Marie Lespinasse et tous les jardiniers de reporter qui ont à ce jour contribué (Jacques, Loïc, Claire et Gilles) cultivent sur buttes. Certes ces buttes sont de nature très diverse: ados, carrés, ou buttes « Jacques Hébert » et leur fonctionnement sont très différent (je mets ici volontairement de côté les buttes lasagnes qui sont plus une culture « hors sol » dans la matière organique et qui ne nécessitent pas de bouleverser le sol). A côté de cela, certains jardiniers sol vivant (dont moi même) restent attachés aux cultures à plat. Vous l’aurez donc d’ores et déjà compris, faire ou ne pas faire des buttes n’est pas une règle du jardinage sol vivant. En effet, des buttes permanentes, paillées et non travaillées permettent à la vie du sol de s’exprimer pleinement, de même qu’une culture à plat effectuée dans les mêmes conditions.
Toutefois, il me semble qu’une réflexion préalable à ce travail de terrassement est nécessaire: en effet, réaliser des buttes demande un travail assez lourd qui perturbe fortement les équilibres biologiques du sol et les reins du jardinier! En ce qui me concerne, je reconnais que, pour le moment, les nombreux avantages des buttes mis en avant dans la littérature et sur le net ne m’ont pas convaincu pour passer à l’action. Parmi ces avantages voici ce qui est souvent mis en avant : légère augmentation de la surface cultivé, meilleur drainage en période humide, meilleur confort de jardinage (on peut travailler assis), vision au raz du sol facilité, ce qui offre un nouveau point de vue sur le jardin, plates bande plus faciles à préserver du piétinement… A mon avis, le principal avantage d’une butte sur une culture à plat dans le cadre d’un jardinage basé sur le respect de la vie des sols vient du travail du sol initial qui libère dès la première année de grandes quantités de nitrates dans le sol et donc permet d’avoir de jolis rendements tout de suite, contrairement à ce qui s’est passé dans le jardin de mes parents.
Alors buttes ou pas buttes ? Cette question n’a bien entendu pas de réponse définitive, mais je vous propose ici quelques éléments de réflexion.
Une observation de votre sol avant mise en culture est indispensable : si celui-ci est déjà bien actif sur le plan biologique, type sol de prairie ou sol de sous bois, ou même de certaines pelouses gérées correctement (tonte en position haute, mulching depuis plusieurs années) mieux vaut partir sur l’existant et commencer directement par un jardin à plat, ce d’autant plus qu’avec la minéralisation d’automne, même si vous jardinez bio, vous risquez de libérer énormément de nitrates dont une partie sera lixiviée vers les nappes phréatiques. Si en revanche vous partez d’une terre travaillée lors des années précédentes, ou d’un sol de remblai, bref de quelque chose où la matière organique est rare, de même que l’activité biologique (comme cela a été le cas pour Jacques et Loïc), alors pourquoi pas se lancer dans l’aventure du jardin sur buttes ?
Une autre piste de réflexion concerne les utilisateurs du jardin, il est incontestable que pour des personnes âgées ou souffrant du dos, un jardin en butte sera bien plus confortable à entretenir mais encore faut-il que les buttes soient montées, ou qu’il y ait quelqu’un à disposition pour le faire, sinon ce n’est pas le chantier de mise en place qui va soulager les maux de dos !
L’humidité du terrain est également un facteur clé, il est clair que si votre sol est régulièrement engorgé en eau, le montage de buttes aidera à mettre les racines de vos légumes d’hiver en zone de sol aéré, ce qui favorisera certainement leur développement !
Et vous, qu’en pensez vous ? Donnez nous votre avis dans les commentaires, dites nous pourquoi vous avez choisit de cultiver avec ou sans butte ! Et bien sûr pensez à répondre au sondage !
Je suis l’heureux propriétaire d’un grand potager que je mène de façon assez classique en planches surélevées avec légumes en mélange et apport régulier de BRF. Seuls oignons et pommes de terre sont menés en culture à plat.
Le jardin, situé en bord de mer, bénéficie d’un climat doux océanique, qui nous permet de démarrer les cultures très tôt et de bénéficier en été d’une fraicheur bienveillante. En contrepartie, l’ensoleillement, parfois parcimonieux, pénalise certaines cultures et quelques pluies « salées » en tout début de printemps peuvent bruler les cultures. Je complète cette activité de jardinage d’une pratique de pêche en mer et je vise à assurer au maximum notre autonomie alimentaire.
Je voudrais vous faire découvrir les conditions de mise en culture d’une nouvelle parcelle, tel que nous l’avons vécu ce printemps.
Cette parcelle, bien que pâturée, n’avait pas été travaillée depuis 50 ans. En outre, quelques arbres, des peupliers tremble, encombraient la parcelle. Pour couronner le tout, une partie du terrain était gorgée d’eau !
La question dès lors était simple : comment mettre rapidement en culture, sans dessoucher, sans faire intervenir de gros engins et en respectant les principes du sol vivant chers à Gilles Domenech ?
L’objectif était rapidement arrêté : réaliser dès cette année deux buttes, deux plates bandes surélevées et implanter une serre. Voici le déroulé des travaux
Janvier :
Les arbres sont coupés et les souches laissées en place. Les branchages sont assemblés en fagots pour une fabrication de BRF sec ultérieure.
Février :
Les platebandes surélevées prennent place vaille que vaille entre les souches. Des cadres, en solides planches de sapin sont posés au sol, et le couvert végétal, laissé en place, est recouvert de cartons. Les cadres sont alors remplis à raison de 1/3 de terre prélevées dans les allées et 2/3 de broyat vert composté récupéré gratuitement sur une plateforme de compostage de déchets verts intercommunale.
Sur le même principe, trois autres platebandes sont installées à l’emplacement prévu pour la serre tunnel (la serre ne sera montée que plus tard, laissant ainsi au substrat le temps de se stabiliser).
Les souches sont restées en place, de même que le couvert végétal laissé intact sous les buttes et les carrés.
Mars :
C’est alors aux buttes en lasagne de prendre place, là aussi entre les souches et sans aucun travail du sol, toujours avec cartons et broyat issu de plateforme de compostage de déchets verts.
Les buttes ont été implantées entre les souches et à même le couvert végétal. Cliquez sur l’image pour la rendre plus lisible.
Avril :
La serre est montée et vient recouvrir 3 plates bandes surélevées prévues à cet emplacement.
Dans les deux plates bandes extérieures, les cultures prennent place : fraises, framboises, cassis, groseilles, myrtilles, artichauts, asperges, ocas du Pérou, crambe maritime, rhubarbes, topinambours pour les cultures pérennes et quelques légumes à cycle court plantés en mélange.
Mai :
Dans la serre, le contenu des platebandes est retourné afin d’obtenir un amalgame correct entre terre des mottes et broyat composté. Le couvert végétal s’est déjà dégradé et les vers de terre se concentrent sur ces matériaux en décomposition.
Les légumes fruits sont mis en place dans la serre : melons, concombres, aubergines, poivrons, tomates. Les plants ont été démarrés en mini-serre dès le mois de mars.
Les buttes sont mises en culture : il nous fallait des plantes pionnières suffisamment puissantes pour exploiter le broyat peu décomposé et percer le carton, puis le couvert végétal en décomposition sous les buttes. Les cucurbitacées répondaient parfaitement à ces objectifs : potimarrons, courge musquée, pomme d’or, patisson, giraumon turban, bleu de Hongrie, butternut.
La couverture de BRF sec est mise en place et servira de paillis.
Quelques fagots posés sur des cartons préparent la terre pour de nouvelles cultures. Les courges coureuses échappées des lasagnes, s’accrochent aux fagots.
Juin :
On arrose, et on regarde pousser.
dans ces carrés en fin de cycle, la plupart des légumes ont été récoltés et les fleurs prennent leurs aises.
Les plants, démarrés en serre, ont pris place dans le carré il y a 15 jours seulement. Les navets sont déjà bons à récolter.
En 2 mois seulement, les tomates ont atteint le sommet de la serre. Ici tomates des Andes cornues
En conclusion :
Pari plutôt réussi.
Sans trop d’effort, et avec pour seuls engins motorisés une tronçonneuse et une tondeuse, nous avons mis en œuvre 120m² de cultures et déjà effectué les premières récoltes.
A part quelques déconvenues comme le carré d’artichauts gloutonné en une semaine par les campagnols, ou quelques attaques de limaces et de vers de la mouche sur les crucifères, les résultats sont très encourageants. Pas de maladies pour l’instant dans un milieu de culture pourtant très « artificiel ».
Sur cette esplanade, nous pratiquons une forme originale de compostage à plat : paille, fougères et joncs viennent régulièrement enrichir la plateforme tandis les poules grattent triturent et retournent sans cesse le substrat, à la recherche des grains et déchets ménagers distribués en place. Le compost, récolté une fois par an, vient garnir godets et terrines après passage au crible.
Voici notre jardin! Nous sommes situés dans un petit village des Monts d’ Arrée, dans le Finistère. L’altitude est d’ environ 300 mètres, le quart de la superficie communale est constitué de crêtes schisteuses, landes et tourbières, nous vivons a 2km d’une carrière de kaolin.
Nous essayons de gagner en autonomie avec peu de temps, car nous avons des enfants en bas âge, peu de moyens et peu de connaissances de la terre et des végétaux….
Nous aimerions présenter ici la façon dont nous avons procédé pour préparer 2 petits bouts de terre à accueillir un potager modeste cette année, et apprendre « sur le tas » pour nous adapter l’an prochain et continuer nos expériences sur une plus grande surface, en l’occurrence une parcelle de bois prêtée gracieusement par une voisine curieuse de cette façon de faire…!
La terre n’avait pas été cultivée depuis 5 ans, elle est surtout argileuse… Il y a beaucoup de vers de terre et il y pousse surtout du rumex et de l’euphorbe. Elle a été bêchée l’an passé et passe cette année au jardinage sol vivant.
Vue générale du jardin cet hiver
Le petit bout de terrain a droite des noisetiers, ajouté ensuite, est a l’abandon depuis plus de 30 ans…
La culture sur butte a été choisie car nous espérions pouvoir récolter un peu cette année. Elle a été montée en janvier, pas très haute, composée d’une couche d’humus, de feuille morte et tonte de pelouse. Dès février, des oignons ont été plantés sur la butte et des fraises sur les pentes pour structurer et éviter l’érosion et apporter un couvert permanent, conserver l’humidité et de ce fait, nous dispenser d’un arrosage trop important.
Un apport de 5cm de brf a été fait début mars, puis un paillage quelques jours plus tard. Puis, toujours dans notre démarche « récup », nous avons nettoyé un bout de terrain derrière chez nous, récupéré beaucoup d’ardoises que nous avons disposé sur les côtés des buttes pour apporter de la chaleur.
En procédant ainsi, nous voulions essayer de palier le manque d’azote du brf la 1ere année par l’apport d’humus. Nous avons pensé que la plante pourrait se développer dans les couches inférieures au brf.
la serre bricolée en noisetier
Tous les semis ont été faits en godets, en serre bricolée en noisetier. Les salades, haricots, betteraves, navets, épinards, céleri, chicorée ont été semés en place sur la butte disposée en carré ou au centre de ce carré, dans lequel ont été ajouté selon les cultures quelques bâches noires, ou un paillage de tonte de pelouses ou un paillage en carton pour nos « expériences »…
Nous avons monté des tours à pomme de terre, solution trouvée pour pallier au manque de place… puis comme nous avons récupéré un petit bout de roncier que nous souhaitions cultiver, nous avons essayé de planter des pommes de terre sur cartons.
Au fond de la serre ont été semés en février des carottes purple dragon, des laitues de printemps, des poireaux d‘été et de l’arroche, des betteraves, tomates, céleri.
Vue générale du jardin le 22 juin dernier
Ensuite, au fond du jardin on a le compost, la cabane à oiseaux et les bacs.. La terre est très meuble, elle a été amenée de la butte derrière. Dans ces bacs on a pour l’instant des radis, de la salade, les aromatiques.
A ce jour, en ce qui concerne la butte:
Positif:
Les radis semés dans le brf directement et dont les racines sont allées en dessous, super rendement, les choux aussi sont énormes… Les oignons, les fraises, les blettes, les choux de Bruxelles, malmenés par le climat se développent bien aussi. Les courges se plaisent même si leur croissance est lente mais nous avons décidé de ne pas arroser quotidiennement, et le climat n’a pas été à leur avantage, un mois et demi sans pluie ce printemps!
Moyen:
La salade sur butte a une croissance très lente, adaptation difficile… alors que celles plantées en même temps sur bâche noire ont été récoltées beaucoup plus tôt..
Négatif:
Les carottes sur butte n’ont même pas levé, avons essayé 2 variétés différentes. Les mulots ont aimé les carottes purple, au point de construire leur nid juste en dessous..
Quant aux adventices, rien n’arrête le rumex et l‘euphorbe (qui ceci dit a la réputation d‘éloigner les taupes et nous n‘en avons pas cette année).
Nous avons récolté il y a 15 jours les premières pommes de terre au sol, pas encore les tours a pomme de terre.
A la serre, un beau pied de tanaisie a l’entrée nous a évité des invasions de nuisibles!! Coté structure, malgré un hiver un peu rude ici, elle a tenu bon!
Les seuls semis qui ne sont pas partis sont les tagetes nématocides. Nous avons souvent eu recours au purin d’ortie (les tomates ont apprécié) et avons planté de la consoude et plusieurs variétés de fleurs à divers endroits du jardin, toujours dans une recherche de biodiversité.
Nous nous apprêtons a récolter nos graines de l’an passé.
Le jardin a été agrandi en avril d’un petit bout de roncier. Tout a été coupé et laissé sur place pour séchage et enlèvement d’un maximum de racines puis tassage au pied. Nous avons creusé pour créer une petite mare entre les 2 bouts de jardin et avons apporté la terre sur le tapis de ronces sèches, et enfin paillé.
En mai, nous y avons planté salades, carottes, céleri, pommes de terre sur carton, tomates, maïs, amarante et courges. Ces dernières ont eu du mal a partir mais tout pousse!
Dans la serre les tomates poussent vigoureusement
Bilan:
A ce jour, on est contents car le jardin prend forme et nous offre une petite récolte pour cette année.
Tous les plants, bâche, terre et brf sont issus de trocs avec des voisins jardiniers et a permis la naissance d’une idée, « jardiner ensemble » et que chacun fasse pousser ce qui se plait bien sur son terrain et puisse échanger avec son voisin ce qui s’y plait moins… cela a aussi donné lieu a des chantiers brf chez chacun avec les essences de son propre terrain pour ne pas avoir a déplacer la matière trop loin de son endroit d’origine.
Même réflexion pour l’humus que nous avons pu nous permettre de ramener car une voisine ayant une parcelle boisée non entretenue nous a permis d’y établir un projet de verger et l’implantation de serres plus résistantes et de buttes plus hautes et structurées; pour l’instant, les chèvres débroussaillent…
Pour conclure, nous dirions qu’il est possible de faire un potager varié et vivant avec très peu de place, de moyens financiers, de temps, si l’on pratique le jardinage sol vivant, si l’on s ‘adapte aux besoins des plantes et si l’on oriente nos efforts la première année non vers la rentabilité mais vers la mise en place d’un espace où la biodiversité est primordiale.
L’échange et le partage avec nos voisins est la plus belle récolte que nous puissions espérer..!
Je jardine depuis quelques années sur le modelé de mon père et de mon grand-père. C’est-à-dire le potager traditionnel avec une terre a nue et un désherbage régulier. Je vis dans une petite maison de ville juste à côté de Rouen.
Mon prénom c’est Loïc, j’ai 40 ans et je suis informaticien dans le domaine des réseaux et serveurs. J’ai déménagé dans cette maison de ville, il y a 3 ans et je suis passé de 2000m2 en campagne à 200m2 en ville. J’ai tenté de déménager mes méthodes de jardinage aussi, mais sans succès. La différence la plus frappante est au niveau de la terre, j’ai considérablement perdu en qualité, je suis passé d’une terre riche et fertile a une sorte de remblai sablonneux et complètement stérile. A l’œil on devine déjà que pas grand-chose ne poussera dessus. Vous pouvez creuser vous ne trouverai pas un ver.
Mes 2 premières années de culture ont été des échecs, il suffit d’oublier d’arroser un jour, pour que les graines semées crèvent le jour suivant. Et quand bien même vous arriviez à faire lever quelques choses, les légumes devenaient vite malades et chétifs.
L’année dernière j’avais installé 4 carrés de potager pour expérimenter un peu la technique et j’ai remarqué une légère amélioration. Il faut dire que j’avais au préalable apporté un peu de compost.
Seulement mon problème de sécheresse restait entier. C’est depuis cette année, après avoir fait des recherches sur internet, que j’ai découvert la méthode de Soltner. J’ai appliqué ses méthodes en les adaptant un peu à ma sauce et depuis mes planches et carrés de culture sont largement couverts de diffèrent paillage.
Mon potager en carré est couvert d’un paillage fait maison en récupérant un peu tous ce qui me tombe sous la main.
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J’ai un jardin en lasagne couvert de paille et un autre couvert de feuille.
Le paillage a parfaitement réglé mon problème de sécheresse, la terre reste constamment humide et légère. Même en ce moment où le manque d’eau est important, je parviens à maintenir la terre fraiche.
Seulement le paillage a soulevé un problème au niveau des semis. J’ai donc mené quelques expériences de levée de radis sur différents paillages.
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Expérience de semis sur différents paillage.
Pour ma première tentative de semis, j’ai simplement dégagé le paillage pour semer, et replacer une couche plus mince de cette couverture faite maison. Après quelques jours, la levée était plutôt bonne, malheureusement j’ai rencontré un autre problème dû au paillage : l’invasion des limaces, du coup j’ai quasiment tout perdu..
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Ensuite j’ai essayé de semer directement sur le paillage. Je précise que sur mon potager en carré, le paillage fait au moins 7 cm. Pour résumer cette tentative, je dirais que le résultat est quasi nul si vous semer juste sur le paillage. Par contre, le simple fait de tapoter le paillage pour faire descendre les graines a amélioré le résultat. Mais il reste moins bon que dans la première méthode.
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Pour ma 3eme tentative, j’ai semé sur un paillage constitué uniquement de feuille morte. En ramassant le tas de feuille morte qui était reste tout l’hiver en place, j’ai remarqué que sous les premières feuilles de surface, qui entaient très sèches, l’intérieur du tas était bien humide. D’ailleurs les noyaux des prunes tombés dedans commençaient à germer. Je me suis dit que mes radis pourraient germer aussi, et je trouve que le résultat était plutôt bon. J’ai l’impression que les feuilles gardent mieux l’humidité et même si la graine n’atteint pas la terre, elle germe dans les feuilles et sa racine fini par descendre jusqu’à la terre.
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Les 3 expériences de semis sur paillage restent peu concluantes dans l’ensemble face à la levée de graine de radis sous mini serre. Les mini serres offrent tous les avantages, elles augmentent la température, elles gardent mieux l’humidité et elles protègent les jeunes plans des limaces gloutonnes.
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Mon objectif sur le long terme.
J’envisage de transformer mon terrain de 200m2 en une arche de Noé pour le vivant. Étant situé en pleine ville, j’aimerais pouvoir offrir un refuge a toutes les bestioles du coin. J’ai commencé par soigner mon sol, en lui apportant du fumier et du compost. J’ai pris soin de couvrir mon sol avec les déchets verts ramassés sur les trottoirs.
Aujourd’hui je regarde ma ville d’un autre œil : il y a quelques jours le service espace vert élagué les arbres d’une avenue, j’ai de suite saisi l’occasion de ramasser 2 remorques des jeunes branchages pour faire du BRF maison.
Depuis que chaque cm2 de mon sol est couvert, j’ai remarqué une améliorations de la fréquentation de mon terrains par les oiseaux. Je suis encore loin de la richesse du terrain de Jacques, mais j’y travaille et c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai pu prendre cette photo il y a quelques jours ! 🙂
Bonjour, je m’appelle Jacques Subra, j’ai 67 ans et je suis retraité, après une formation de mécanicien, mon parcours professionnel a été assez diversifié.
Mécanicien, conducteur d’engins TP, artisan, quelques séjours a l’étranger, chef d’atelier en construction mécanique et pour finir, serrurier soudeur. Tout ceci m’a permis d’acquérir connaissances et ouverture d’esprit.
Gilles nous a proposé, a moi et d’autres jardiniers amateurs passionnés de participer a sa démarche de vulgarisation du jardinage « SOL VIVANT », ce que j’ai accepté avec plaisir car je pratique moi-même depuis une trentaine d’année en harmonie avec la nature et le respect du vivant.
En 1976 j’ai acquis un terrain de 5000m2 a Séron, commune rurale de 250 habitants dans les Hautes-Pyrénées, pour construire ma maison.
Situé sur un plateau , entre Tarbes et Pau a 380 mètres d’altitude le terrain est sur un versant exposé nord-ouest, le sol argileux-caillouteux n’avait jamais été cultivé. Couvert de fougères, genêts et ronces, la couche de terre végétale n’excédait pas quelques centimètres. Dès le début mon souhait a été de créer un espace de biodiversité avec un jardin cultivé en bio. En 1980 j’ai donc commencé à planter des arbres et arbustes divers, des haies et des fruitiers. Le jardin a commencé à prendre forme avec au début de piètres résultats vu la pauvreté du sol. Je me suis documenté et cherché une méthode de jardinage bio (je suis fils de paysan, ça aide !) Celle qui m’a paru la plus intéressante était la méthode Lemaire-Boucher a base d’algues (lithothamne) et d’extraits végétaux.
De bons résultats, mais obligation d’achat de produits extérieurs, alors que ma démarche était le moins d’intrants possible. Parallèlement j’ai commencé a composter avec tout ce que je pouvais récupérer de matières végétale et fumiers des fermes voisines. L’apport massif de compost a porté ses fruits et le sol s’est progressivement amélioré. En 1986 j’ai fait la connaissance d’agriculteurs biodynamiques, leur démarche m’a plu mais après cinq ans de pratique j’ai abandonné car trop complexe si l’on veut le faire correctement. Au fil des ans et d’ expériences mon jardinage actuel est basé sur le compost, la couverture permanente du sol avec de la paille, du foin, des tontes et divers engrais verts.
Il y a des buttes, des ados et des caisses. Légumes et fleurs sont mélangés et dispersés dans l’ensemble du jardin. Je prend grand soin de l’environnement et du bien-être des auxiliaires avec la présence de nichoirs pour les oiseaux et les insectes, en particulier pour les osmies ou abeilles maçonnes (cf. photo ci dessous : le nichoir à Osmies est au milieu et à gauche, un gros plan sur l’insecte) très utiles pour la pollinisation en période froide. Il est également important d’avoir une biodiversité végétale maximale.
Enfin une mare abrite grenouilles, tritons, salamandres et sert de lieu de pontes aux libellules.
Une serre-tunnel de 6 x 8m me permet certaines récoltes avec un mois d’avance , de faire les semis de printemps et de récolter tomates, piments et aubergines jusqu’en novembre .
En ce début avril, j’ai planté les pommes de terre, oignons ,salades, semé carottes, salade, persil… la serre est occupée par des pommes de terre a récolter fin mai, les tomates hâtives, les plants de tomates a mettre en place vers le 12 mai a l’extérieur et divers semis.
Depuis un an j’expérimente le BRF, les premiers essais n’ont pas été concluants
J’ai apporté le BRF fin février 2010, semé et planté en avril et mai, je n’ai quasiment pas eu de récolte sur ces essais. J’en ai déduit qu’il faut faire les apports beaucoup plus tôt (octobre ou novembre) pour laisser le temps au sol d’assimiler le BRF.
Voici quelques photos du jardin prises le 14 avril 2011:
« Jardin en caisses » : à Gauche ail + laitue feuille de chêne après des épinards d’hiver ( à noter deux batavias de semis spontané), et à droite fèveroles qui seront hachées et laissées sur place pour une plantation de tomates.
Culture sur ados. Échalotes plantées en novembre. Remarquez la différence entre les 4 pieds avec BRF mis en Mars 2010 et les suivants avec BRF mis a la plantation.
culture sur buttes. Bordure de consoude.
Je conclurai en remerciant Gilles pour son initiative, qui je l’espère fera se rencontrer un grand nombre de jardiniers soucieux d’un avenir plus sain pour l’Homme et la Nature
Dans mon article précédent je vous ai décrit l’évolution d’un jardin sol vivant dans un contexte bien spécifique, en l’occurrence sur un coteau argileux du Gers. Mais soyons clair, je ne suis pas entrain de vous donner une méthode qui marchera partout, méfiez vous toujours des recettes toutes faites et inadaptées à la majorités des situations…
Pour illustrer cela, voyons un peu d’autres jardins qui fonctionnent sur les principes expliqués dans le deuxième article de blog mais qui sont très différents de ce que je fais.
Je vous en propose ici trois, deux en France et un au Québec avec des liens vers des sites internet ou des ouvrages pour approfondir votre connaissance des ces endroit et de ceux qui les cultivent.
Le Jardin Naturel de Jean Marie Lespinasse en Gironde
Cela fait 14 ans déjà que Jean Marie Lespinasse, retraité de l’INRA de Bordeaux et grand spécialiste des pommiers, cultive son jardin dans une orientation qui rejoint totalement le jardinage sol vivant que je propose. Ici, nous sommes en sol très sableux et acide (du moins à l’origine), tout le contraire de chez moi ! Il a choisi de travailler sur des buttes, qu’il appelle ados, suivant une terminologie locale, soutenues avec des planches, aplanies sur le dessus et semées de trèfle nain dans les allées. Ces ados sont maintenus en permanence couvert d’un mulch de quelques centimètres de BRF, plantés de poquets de luzernes permanents réparties sur toute la surface cultivée. Les cultures potagères sont mélangées de sorte que tout y côtoie tout (j’exagère un peu, il respecte quand même quelques règles). Le seul travail du sol reçu par ces buttes est effectué à la fourchette pour la mise en place des plants ! Il fait aussi grand usage de lombricompost et de jus de composts pour ensemencer le jardins en microorganismes utiles.
Pour en savoir plus, voir son excellent ouvrage : « Le jardin naturel » aux éditions du Rouergue.
Le maraîchage expérimental de Pierre Besse en Haute Garonne
Pierre Besse est ingénieur agronome et maraîcher, expérimentateur dans l’âme, cela fait plus de 10 ans qu’il cultive ses parcelles dans la plaine alluviale de l’Ariège. Chaque année voit son lot d’expérimentations nouvelles. Il utilise entre autres des paillages divers et variés (résidus de culture, paille, BRF, cartons, plastique…), un travail du sol qui, s’il a lieu, est toujours très superficiel, et l’amendement régulier de certaines parcelles avec du BRF composté. Et depuis 2 ans il met en culture des andains de BRF entreposés là depuis une dizaine d’année et colonisés par les ronces. Il a fallu défricher avant la mise en place de pommes de terre dans un premier temps puis de diverses cultures maraîchères.
Il n’existe pas à ma connaissance d’ouvrages ou de site internet qui décrive le travail de Pierre. Vous pouvez toutefois visionner quelques photos de ses parcelles à cette adresse qui amène sur le diaporama qu’il a proposé aux participants du colloque BRF de Toulouse en juin 2010 :
Rangée de tomates plantée directement à travers un andain de résidus de cultures
Cultures maraîchères diverses récemment mises en place directement dans un andain de BRF qui évolue là depuis une dizaine d’années
Le jardin de Vivaces de Jacques Hébert, pionnier des BRF au Québec
S’il est un pionnier de l’utilisation de BRF, c’est bien Jacques Hébert. Depuis les années 80, il cultive une parcelle d’un peu plus d’un hectare consacrée à la culture de plant de vivaces d’ornement. Il a mis au point une façon bien à lui de cultiver sur butte. Tout d’abord, il prépare un « pré-compost », ou plutôt un terreau de BRF fabriqué par mise en tas de BRF mélangé à une proportion significative d’argile (25% en fin de processus). Le compostage dure un mois et la température est contrôlée de façon à rester en dessous des 40°C. Ensuite ce terreau est incorporé à des buttes et paillé avec du BRF frais. Les années qui suivent, la seule intervention sur le sol consiste à ramener du BRF frais là le paillage a disparu, c’est tout ! Il arrive ainsi à cultiver des buttes sans aucun autre apport pendant au moins 12 ans (âge des plus anciennes buttes) ! Et les résultats sont tout à fait spectaculaires puisqu’il arrive même à allonger la durée végétative de ses plantes, dont la vigueur est tout à fait remarquable, ce qui est appréciable dans une contrée froide comme le Québec.
Aperçu des buttes de Jacques avec un paillage de BRF jusque dans les allées.
coupe schématique d’une buttes façon Jacques Hébert. La partie grisée est celle où se trouve le « précompost ».
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Bien sûr, cet aperçu des jardins sol vivants, n’est qu’un échantillon de ce qui peut se faire. D’ailleurs, je vous invite à laisser un commentaire ci dessous pour faire part de vos expériences.
En attendant, pour nourrir l’imagination et découvrir d’autres façon de jardiner avec la vie du sol, voici quelques ouvrages :
« le guide du nouveau jardinage » de Dominique Soltner (Ed. Sciences et Techniques Agricoles) dans lequel il dévoile tout une myriade d’itinéraires cultures, techniques divers et astuces de jardinier qui permettent de cultiver « sans bêchage, ni fraisage, ni sarclage, ni binage », comme le dit le sous titre de l’ouvrage.
« Le génie du sol vivant » de Bernard Bertrand et Victor Renaud (Ed. Terran) où une partie des pratiques utilisées dans le jardin de la ferme de Terran est décrite en fin d’ouvrage (livreVI).
Et bien entendu « Le jardin naturel » de Jean Marie Lespinasse (Ed. du Rouergue) déjà évoqué précédemment !