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Comment vont vos jardins avec ce froid glacial?

La vague de froid qui s’abat sur la France n’est pas sans conséquences pour nos jardins. En effet la végétation était déjà très avancée suite à l’extrême douceur de l’automne et du mois de janvier, ce qui la rend très vulnérable à ce froid particulièrement vif. Par exemple, dans le jardin de mes parents, dans le Gers, couvert végétaux et cultures d’hiver vont la grise mine.

Voici l’état des couvert et d’une culture de fèves vers la mi-janvier:

Soit un développement présentant environ 2 mois d’avance par rapport à ce que nous avions observés en 2011! Les fèves avaient déjà été désherbées une fois, alors que d’habitude cette opération attend début mars

Voilà à quoi ressemble une planche de fèves et pois grimpants à présent:

Les pois tiennent encore la route, mais pas pour longtemps, je crains, bon demain les température devraient remonter, espérons que ça soit bon pour eux.

Quant aux fèves j’ose espérer qu’elle repartirons du pied, mais je n’en suis pas si sûr… On verra bien.

Quant aux couverts, la moutarde a été totalement détruite, heureusement les autres plantes présentes semblent être encore là, espérons qu’elles prennent le relais.

Au pire, on ramène quand même pas de biomasse au sol, c’est toujours ça…

Et chez vous comment ça se passe? Ceux qui jardinent dans des régions plus froides ont-ils des conseils à donner aux méridionaux peu habitués à ce genre d’aléa climatiques?

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La loi sur les semences de ferme: une menace sur notre sécurité alimentaire!

Je n’ai pas l’habitude de tenir un discours de militant politique, mais l’actualité nous rattrape et une loi votée le 28 novembre dernier par le parlement français m’amène à écrire le texte qui suit.

Qui se doute que la loi sur les semences récemment voté aggravera le risque d’insécurité ? Cette loi est-elle en conformité avec les principes de durabilité que tout le monde est en droit de voir appliquer ? Il est fortement permis d’en douter !

Que s’est-il passé exactement le 28 novembre ?

Tout simplement le vote d’une loi qui oblige les agriculteurs français à se mettre en conformité d’un règlement européen datant de 1993. Celui-ci stipule que tout agriculteur qui réutilise une partie de sa récolte pour la ressemer, c’est-à-dire qui utilise de la « semence de ferme », devra payer une redevance, fixée pour le moment à 3€/ha et destinée à financer la recherche (comprendre : les multinationales de la semence). Plus précisément, cette redevance, dite « contribution volontaire obligatoire » (sic !) s’applique pour 21 espèces en plus du blé tendre (espèce pour laquelle elle était obligatoire depuis 2001), pour peu que la semence utilisée aie été sélectionnée depuis moins de 25 ans. Plus grave encore, en dehors de ces espèces, l’utilisation des semences de fermes est purement et simplement interdite (cas du soja et de la totalité des légumes), cette interdiction s’applique également pour les couverts végétaux, mettant ainsi en péril le développement de techniques extrêmement prometteuses mais encore mal maîtrisées. Cela risque de plus de retarder les objectifs de la directive nitrates qui demande une couverture des sols à 100% en période d’interculture. Le meilleur moyen de réussir cet objectif crucial pour la société ne consiste t-il pas à ce que l’agriculteur, dans sa phase d’apprentissage, ressème au moindre coût et en toute simplicité sa propre semence ?

Sur tout cela on ne peut rien, c’est voté et il faudra désormais s’y conformer ou être hors la loi ! Et inutile d’espérer quoi que ce soit d’une éventuelle alternance politique car l’opposition, pourtant forte de sa récente conquête du sénat n’a même pas été capable de faire contester un amendement du projet. Cela  aurait permit de renvoyer le texte dans cette dernière assemblée qui aurait alors pu le rejeter ! La seule solution est donc d’alerter au maximum l’opinion publique  dans toute sa diversité en expliquant au mieux le thème de la semence qui nous concerne tous, même ceux qui vivent toute l’année au milieu du béton des villes et ne mettent jamais les mains dans la terre ! Il s’agit là ni plus ni moins que de l’enjeu de notre sécurité alimentaire !

La sécurité alimentaire des peuples dépend des semences de fermes

Pour bien comprendre cela, je vous invite à vous pencher sur les différents types de semences qu’utilisent les agriculteurs :

–         Les semences de population sont des mélanges de plusieurs lignées. Elles sont la réserve de biodiversité des gènes. La culture des populations permet d’identifier des lignées performantes dans un milieu et un climat donné.

–         Les lignées sont des plantes d’une même espèce qui présentent un ensemble de caractères homogènes et stabilisés. Elles sont issues des populations, et sélectionnées pour répondre à une problématique précise. Il est possible d’améliorer la rusticité ou la sensibilité d’une plante aux maladies.  Une lignée se reproduit à l’infini par reproduction autogame. Une variété est une lignée sélectionnée à laquelle on a simplement donné un nom.Il est possible de facilement reproduire ces semences, elles peuvent être améliorées si l’on continue leur sélection.

–         Les hybrides F1 sont issus du croisement de deux lignées, ce sont en quelque sorte des « métis » végétaux, la grande différence entre eux et les lignées provient de l’homogénéité exceptionnelle de la 1ere génération hybride F1 qui bénéficie de surcroit de l’effet hétérosis qui améliore, selon les types de plantes, la production et la rusticité. Cependant, le semis des semences issues d’hybrides (2e génération  F2) exprime à nouveau l’hétérogénéité des lignées parentes, moins performantes (perte de l’effet d’hétérosis, lois de Mendel), supprimant l’intérêt de la  réutilisation des semences par l’agriculteur.

–         Enfin les OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) sont des plantes auxquelles on « colle » un gène au génome afin d’apporter une réponse rapide face à une problématique donnée. Les plantes OGM de première génération intègrent, dans la majorité des cas, un gène de résistance à un herbicide ou un ravageur.

Les deux premiers types de semences (populations et lignées) existent depuis les débuts de l’agriculture et peuvent être reproduits sans difficultés par les agriculteurs. Ils doivent cependant maintenir la qualité des semences et les améliorer constamment. Ce travail de maintient et de développement de la diversité génétique se réalise aussi bien par l’industrie semencière que par les agriculteurs. Ces semences permettent, dans tous les cas, de répondre rapidement à un besoin alimentaire. Elles garantissent la compétitivité, la réactivité et la performance économique de l’agriculteur en même temps que la sécurité alimentaire pour la société. En effet, en cas de pénurie de semences, la mise en culture est immédiate et les résultats garantis.

Les deux autres types (hybrides F1 et OGM) sont issus du travail de développement de l’industrie semencière depuis 100 ans environ. Ces semences permettent d’améliorer la production globale. Elles améliorent aussi l’offre de diversité génétique. Leur obtention nécessite un long travail de sélection, difficile et parfois aléatoire, que rémunère le prix. Leur production doit être renouvelée tous les ans. Ce travail spécifique de production de semence peut être aléatoire car soumis au climat. Les semences de mauvaises qualités, non conformes, ne peuvent alors plus être commercialisées. Un risque de pénurie existe bel et bien. Même si ces semences s’avèrent très performantes, notamment les hybrides, elles sont soumises aux stratégies commerciales des firmes. Elles ne peuvent donc pas constituer l’essentiel de la stratégie de développement autour de la sécurité alimentaire.

Il y a là une problématique non évoquée et non résolue par la loi.

Comment avoir une stratégie d’agriculture durable qui garantisse l’approvisionnement et la sécurité alimentaire des peuples ?

Le regard porté sur les différentes semences montre qu’il serait suicidaire pour une société de s’en remettre aux seules ingénieries commerciales de brevetage du vivant. Les technologies sont actuellement déjà rémunérées par les règles commerciales. Une stratégie d’agriculture durable implique que l’agriculteur puisse avoir accès sans restriction à son patrimoine génétique traditionnel, c’est-à-dire aux semences de populations et de lignées. Cet accès au semis sans restriction doit être un véritable service public compte tenu du service rendu au public par les agriculteurs. La sécurité alimentaire impose un accès sans conditions à ces semences.  Ces semences hébergent le meilleur potentiel de réactivité !

Quelle est la réalité d’un système commercial en cas de problème majeur, une crise économique, une catastrophe ou un conflit ? Que se passerai-t-il si les multinationales détenant le monopole de la semence venaient à faire faillite ? Il est aisé de comprendre que la technologie n’est sans doute pas apte à répondre au souci élémentaire de réactivité et de sécurité.

Imposer le paiement de taxes sur ces semences semble être un bien mauvais choix. Ce système de mutualisation ne permet en aucune sorte de garantir la sélection de semences de qualité par les obtenteurs. Un simple regard sur les pratiques de sélection ayant entrainé une perte de rusticité des semences pour accroitre la dépendance des agriculteurs à la phytopharmacie durant les 20 dernières années montrerait aisément les dérives et les complicités passées.

Comment continuer ?

S’il semble acquit qu’une taxe ne résoudra pas le problème que pose le devoir de durabilité, il faut bien organiser la préservation et la sélection des semences de population et de lignées.

Il faudra inventer un nouveau modèle de sélection et de production. La régionalisation et l’adaptation des semences aux différentes situations, semble être la meilleure solution. La sélection locale permet l’adaptation locale et, en même temps, une très forte diversité compte tenu des nombreux territoires existants. Cette réserve et cette diversité génétique profiteront aussi bien aux agriculteurs qu’aux semenciers. Ceux-ci n’auront qu’à piocher dans le fond génétique développé afin de proposer de nouvelles solutions technologiques encore plus performantes aux clients visés. La durabilité est une question de responsabilité.  Ainsi, il semble logique que les semenciers, principaux bénéficiaires des lignées pour leur technologie, en financent aussi le développement. Mais cette proposition comporte en contre partie que les innovations puissent se développer en toute sérénité conformément aux règles sanitaires édictées.

La société doit mener ce débat. Il en va de sa sécurité alimentaire !

Vous pouvez reproduire ce texte à volonté pour faire connaître ce problème autour de vous, en espérant que l’opinion publique amène ce débat au devant de la scène politique

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Des fèves dans un couvert de sarrasin

Je viens d’arriver chez mes parents pour y passer quelques jours et je vous partage une observation assez étonnante qui a de quoi donner des idées pour l’avenir dans la pratique des couverts végétaux.

Cet été idée, sur une planche libérée seulement fin juin, nous avions implanté un couvert de sarrasin, qui s’était plutôt bien développé, le voici au premier plan sur cette photo prise le 14 août:

Ce sarrasin est ensuite monté à graine, n’a pas été récolté. Et les fèves ont été semés le 27 octobre après sarclage de la planche et le 12  novembre, voici à quoi cela ressemblait:

La planche est en grande partie envahie par des semis de sarrasin…

Et voici à quoi cela ressemble aujourd’hui, 17 novembre:

Les fèves sont en cours de levée, levée qui semble d’ailleurs assez bonne, voire meilleure dans les zones ou les semis de sarrasin sont les plus denses! Cela me surprends quelque peu car le sarrasin est réputé émettre dans le sol des sécrétion inhibitrices de la germination et du développement des plantes voisines. La fève semble-t-il n’est pas gênée par cela! Du coup, on se retrouve sur cette planche avec un sol presque entièrement couvert dès la mi novembre! A priori le gel devrait détruire les repousses de sarrasin et laisser le champ libre pour les fèves au début du printemps.

Cette expérience me donne des idées et il serait sans doute intéressant de semer systématiquement dès que possible à l’automne un couvert gélif comme l’est le sarrasin afin de maximiser la captation d’énergie et de nitrates par la végétation! Cette pratique rejoint celle des « engrais vert berceaux » pratiquée par certains agriculteurs.

A suivre, à observer et à expérimenter!

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Couverts végétaux et cultures d’hiver

Les journées raccourcissent, les températures fraîchissent, les érables virent au rouge et les plaqueminiers à l’orange, le potager donne ses dernières tomates, les courges sont récoltées… Oui, pas de doute, nous sommes en plein cœur de l’automne qui nous amène tout doucement à la période hivernale. Est-ce à dire que la saison du jardinier est terminée ? Pour ceux qui vivent dans des climats rigoureux, peut être, mais pour la plupart d’entre nous certainement pas ! Au contraire, c’est le moment de basculer du potager d’été vers le potager d’hiver !

Concrètement qu’est ce que cela veut dire ? Tout d’abord, c’est le moment de couper les légumes qui ont fini de donner (attention, j’ai bien dit couper et non arracher !) et de laisser leurs tiges et feuillage soit sur place, soit entassé en andain sur la pelouse pour préparer un agrandissement du potager en vue du printemps prochain. S’il reste des tomates vertes sur les pieds, récoltez les et laissez les mûrir dans des cagettes dans votre maison.

Mise en andains des résidus de tomates et cucurbitacées coupés pour laisser la place à des cultures et des couverts végétaux d’hiver. L’andain formé permet de préparer une nouvelle parcelle de potager pour l’année suivante.

Ensuite, il s’agit d’ensemencer les planches laissées libérées de leurs cultures d’été. Pour ce faire plusieurs solutions : soit on cultive, soit on sème un couvert.

Si on choisit de cultiver, ce sont des plantes résistantes au froid qui seront adaptées , comme de légumineuses (fèves, pois…), des épinards, de laitues d’hiver… Oui, je sais, en ce qui concerne les pois, c’est écrit sur les sachets de graines qu’il faut les semer en février-mars, mais, en tous cas dans le Gers, ça marche beaucoup mieux en semis d’automne ! Cette année, je vais essayer la même chose en Sud-Ardèche où j’ai aménagé en juin dernier. Si vous êtes dans d’autres régions de France, d’Europe ou du monde, faites nous part de votre expérience ! Toujours à propos des pois, notez que les pois fourragers, contrairement à ce que leur nom laisse penser, ils sont tout à fait savoureux et en plus très productifs. Pour tuteurer les variétés demi-rame (pois fourrager, pois mangetout…), il suffit de semer avec les pois une céréale (orge, avoine, seigle, triticale…). Pour les variétés à rames, ça peut aussi se faire, mais c’est quand même un peu petit comme tuteur !

Culture de pois grimpants tuteurés par un couvert de triticale.

Les planches qui n’ont pas de cultures d’hiver devront recevoir un couvert hivernal, pour cela un mélange de plantes résistantes au froid est adapté. J’avais écrit un article sur les couverts hivernaux en mars dernier, ce qui suit en est en quelque sorte la suite.

Dans le jardin gascon de mes parents, cette année, nous allons tester un mélange d’avoine, bourrache, moutarde, fèverole et vesce. Le choix des plantes est très vaste, outres les cinq espèces cités juste avant, on peut essayer : radis et navets fourragers, phacélie, graminées diverses (seigle, orge, triticale…), fénugrec, minette, lin, trèfle incarnat (lui il faut le semer dès septembre, c’est donc déjà trop tard)… Il est intéressant d’associer des plantes ayant des propriétés complémentaires. Par exemple dans le mélange que nous allons tester dans le jardin gascon :

–           l’avoine et la moutarde forment beaucoup de biomasse rapidement dès le mois de mars et leurs systèmes racinaires sont complémentaires : pivot puissant pour la moutarde (ainsi que pour l’ensemble des brassicacées) et réseau de racines fasciculées pour l’avoine (ainsi que l’ensemble des graminées), ce qui a un effet très positif sur la structure du sol ;

–          la bourrache couvre le sol, donc devrait (nous l’espérons) être précieuse pour contrôler la pousse de la potentille et autres adventices vivaces ;

–          enfin, la fèverole et la vesce, sont des légumineuses capables de fixer plusieurs dizaines, voire centaines de kilos d’azote qui seront un engrais d’excellente qualité pour les cultures qui vont suivre !

Pour le semis, un sarclage de la planche suivit d’un simple semis à la volée enfoui au râteau suffit dans la plupart des cas, sauf pour les plus grosses graines, notamment la fèverole qui apprécie d’être enfouie plus profondément (5 à 10cm), ce qui peut être fait à la main graine par graine sur de petites surfaces.

On me demande souvent où se procurer les graines, en ce qui me concerne, je me fourni chez Terre d’Humus, qui possède la plupart des plantes cités ci-dessus.

Voici une petite galerie photo de quelques plantes de couverture à implanter maintenant (fénugrec, vesce commune, avoine noire, moutarde blanche, phacélie + fèverole, radis fourrager :

Et vous, avez-vous ou allez-vous implanter des cultures et des couverts d’hiver ? Si c’est le cas, dites nous quelles espèces, quand et comment les semez-vous ?

Bon semis d’automne !

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Un peu de théorie

Les flux d’énergie au jardin : une nouvelle approche de la fertilisation

L’énergie au jardin… Quel est donc cet étrange concept ? Vous avez tous entendu parler de la fertilisation sous ses différentes formes, de la nécessité d’apporter au sol des éléments nutritifs, de la matière organique… Mais de l’énergie, c’est beaucoup moins évident !

En fait une approche énergétique du jardinage ou de l’agriculture est tout bonnement une autre approche de la fertilisation. Dans cette approche, les plantes sont perçues comme un capteur solaire qui transforme l’énergie lumineuse du soleil en énergie chimique, c’est à dire l’énergie qui lie  entre eux les atomes de carbone, hydrogène, oxygène, azote et bien d’autre dans toutes les molécules qui les composent : sucres, protéines, cellulose, lignine, polyphénols…. Et les matières organiques du sol sont simplement le mode de stockage de cette énergie dans le sol. Qu’est ce que cela apporte au niveau pratique ? C’est ce que je vais vous expliquer un peu plus loin, détaillons d’abord un peu plus les flux d’énergie au jardin.

Cette énergie : d’où vient-elle, comment se transforme-t-elle ?

Votre jardin, comme toute surface de terre recouverte de végétation est un véritable capteur solaire ! Je vous disais juste au dessus que les végétaux, grâce à la photosynthèse, captent l’énergie solaire et la transforment en énergie chimique. Ensuite cette énergie est transmise à tous les organismes qui se nourrissent directement de tissus végétaux vivant ou en décomposition. Cette transmission suit des voies aussi différentes que la consommation d’exsudat racinaires par des champignons, bactéries et animaux du sol, la chute des feuilles, la mort des racines fines, le broutage par les herbivores, les symbioses racinaire (mycorhizes et bactériorhizes), le parasitisme des plantes par des champignons, insectes, nématodes…

Cette énergie est ensuite transmise aux prédateurs de ces organismes et ainsi de suite. Mais bien sûr à chaque étape une grande partie de l’énergie est perdue sous forme de chaleur du fait du métabolisme des êtres vivants par lesquels elle transite. C’est ainsi que les quelques microgrammes de la puce qui parasitent le lion ont nécessité beaucoup plus de photosynthèse que ceux du cloporte qui se nourrit directement de végétaux en décomposition !

Voici un schéma (très) simplifié des flux d’énergie dans un écosystème naturel (cliquer sur l’image pour l’agrandir) :

Cela amène à deux conclusions directement pratiques pour le jardinier : l’utilisation en préférence de matières organiques d’origine végétales et la couverture permanente des sols.

Les matières organiques d’origine végétales :

Lorsque vous apportez au sol du fumier de vache, le carbone qu’il contient a d’abord été fixé par une plante, puis été mangé par la vache et enfin seulement rejeté sous forme de bouse. Une grande partie du carbone, donc de l’énergie solaire fixée par la plante est partie sous forme de chaleur dans le métabolisme de la vache. Et je ne parle même pas de ce qui est éventuellement perdu par compostage, souvent nécessaire dans ce type de situation.

A l’inverse un couvert végétal détruit directement après avoir produit plusieurs kilogrammes de matière sèche au m², fait profiter directement de toute sa biomasse au sol. C’est ainsi qu’il aura fallu beaucoup plus de végétaux pour fertiliser votre sol avec du fumier qu’avec le couvert végétal ! Cela vient contredire le mythe de la complémentarité agriculture-élevage encore prépondérant en agriculture bio. En effet, une approche énergétique indique que la fertilisation la plus efficace passe directement par les végétaux et non par les tubes digestifs des animaux !

Cela ne signifie pas que vous ne devez pas utiliser d’excrément animaux pour fertiliser votre jardin, il est évident que si vous avez des animaux, il serait vraiment dommage de gaspiller la formidable ressource que constitue leurs excréments. Mais si vous n’en avez pas ou pas assez pour fertiliser votre parcelle, il est inutile de battre la campagne pour aller chercher du fumier, il y a beaucoup mieux à faire !

L’année dernière, j’avais vu dans le film de Coline Serreau « Solutions locales pour un désordre global » (film qui contient par ailleurs de très bonnes idées) un passage sur la fertilisation du riz dans le sud de l’Inde à partir d’un mélange de divers ingrédients, dont du lait de vache… Après ce qui précède, je pense que vous aurez compris que si utiliser des sous produit d’élevage est peu efficace d’un point de vue énergétique, utiliser un produit comme le lait est un véritable non sens ! Je regrette qu’une cette pratique soit proposée comme une solution, cela nuit à la crédibilité du film, c’est dommage.

A l’opposé si vous amenez au sol du BRF, vous injectez directement dans le sol l’énergie solaire fixée par l’arbre sous forme de cellulose, de lignine, de polyphénols… Un reproche souvent fait à ce type de pratique est la grande quantité de matière première nécessaire pour avoir un effet probant. L’approche énergétique que je propose ici nous donne un élément de solution : pour diminuer la nécessité d’apporter du BRF, il faut améliorer la fixation d’énergie au sein même du jardin, ce qui est très facile à réaliser en couvrant en permanence le sol avec des plantes vivantes !

La couverture permanente des sols :

L’air de rien, cette approche énergétique change complètement le regard porté aux matières organiques du sol. C’est du carbone, certes, mais c’est aussi et surtout de l’énergie solaire stocké dans le sol ! Et les plantes, quelles qu’elle soient, sont comme des panneaux solaire. Vu comme cela, que dire d’un sol nu au début du printemps ? Sinon que cela équivaut à des panneaux solaire recouverts d’une bâche opaque. Pendant des mois comme avril et mai au cours desquels les journées sont longues et souvent ensoleillées, comme cette année, quel gâchis ! Or en traversant nos riantes régions de France et de Navarre, que de sols encore à nu en cette fin avril 2011, tant dans les jardins que dans les champs… Qui dit sol nu, dit déficit d’énergie solaire fixée par les plantes, donc déficit de matière organique crée in situ et donc de matière organiques apportée au sol… Du coup, il faut en amener par un autre moyen (fumier, BRF, paille…).

Vous l’aurez compris, je trouve primordial de laisser le potager toujours couvert et de préférence avec des plantes vivantes ! C’est pourquoi je conserve mes couverts végétaux au moins jusque fin avril, voire début mai et pourquoi je trouve indispensable de consacrer une bonne partie du potager aux cultures d’hiver et si possible d’enchaîner tout de suite derrière avec une culture d’été !

Voici pour cette brève approche énergétique du jardinage qui a pour but de proposer une compréhension de la fertilisation qui au lieu d’être basée sur la mise à disposition de nutriments (par des apports chimique ou organique) est basé sur la quantité de carbone atmosphérique et donc d’énergie solaire fixée par la végétation et ramenée directement au sol ! Que vous soyez ou non déjà familier de type d’approche, je vous invite à laisser ci-dessous votre commentaire ou vos questions.

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Le jardin bio de Jacques dans les Hautes Pyrénées

Bonjour, je m’appelle Jacques Subra, j’ai 67 ans et je suis retraité, après une formation de mécanicien, mon parcours professionnel a été assez diversifié.

Mécanicien, conducteur d’engins TP, artisan, quelques séjours a l’étranger, chef d’atelier en construction mécanique et pour finir, serrurier soudeur. Tout ceci m’a permis d’acquérir connaissances et ouverture d’esprit.

Gilles nous a proposé, a moi et d’autres jardiniers amateurs passionnés de participer a sa démarche de vulgarisation du jardinage « SOL VIVANT », ce que j’ai accepté avec plaisir car je pratique moi-même depuis une trentaine d’année en harmonie avec la nature et le respect du vivant.

En 1976 j’ai acquis un terrain de 5000m2 a Séron, commune rurale de 250 habitants dans les Hautes-Pyrénées, pour construire ma maison.

Situé sur un plateau , entre Tarbes et Pau a 380 mètres d’altitude le terrain est sur un versant exposé nord-ouest, le sol argileux-caillouteux n’avait jamais été cultivé. Couvert de fougères, genêts et ronces, la couche de terre végétale n’excédait pas quelques centimètres. Dès le début mon souhait a été de créer un espace de biodiversité avec un jardin cultivé en bio. En 1980 j’ai donc commencé à planter des arbres et arbustes divers, des haies et des fruitiers. Le jardin a commencé à prendre forme avec au début de piètres résultats vu la pauvreté du sol. Je me suis documenté et cherché une méthode de jardinage bio (je suis fils de paysan, ça aide !) Celle qui m’a paru la plus intéressante était la méthode Lemaire-Boucher a base d’algues (lithothamne) et d’extraits végétaux.

De bons résultats, mais obligation d’achat de produits extérieurs, alors que ma démarche était le moins d’intrants possible. Parallèlement j’ai commencé a composter avec tout ce que je pouvais récupérer de matières végétale et fumiers des fermes voisines. L’apport massif de compost a porté ses fruits et le sol s’est progressivement amélioré. En 1986 j’ai fait la connaissance d’agriculteurs biodynamiques, leur démarche m’a plu mais après cinq ans de pratique j’ai abandonné car trop complexe si l’on veut le faire correctement. Au fil des ans et d’ expériences mon jardinage actuel est basé sur le compost, la couverture permanente du sol avec de la paille, du foin, des tontes et divers engrais verts.

Il y a des buttes, des ados et des caisses. Légumes et fleurs sont mélangés et dispersés dans l’ensemble du jardin. Je prend grand soin de l’environnement et du bien-être des auxiliaires avec la présence de nichoirs pour les oiseaux et les insectes, en particulier pour les osmies ou abeilles maçonnes (cf. photo ci dessous : le nichoir à Osmies est au milieu et à gauche, un gros plan sur l’insecte) très utiles pour la pollinisation en période froide. Il est également important d’avoir une biodiversité végétale maximale.

Enfin une mare abrite grenouilles, tritons, salamandres et sert de lieu de pontes aux libellules.

Une serre-tunnel de 6 x 8m me permet certaines récoltes avec un mois d’avance , de faire les semis de printemps et de récolter tomates, piments et aubergines jusqu’en novembre .

En ce début avril, j’ai planté les pommes de terre, oignons ,salades, semé carottes, salade, persil… la serre est occupée par des pommes de terre a récolter fin mai, les tomates hâtives, les plants de tomates a mettre en place vers le 12 mai a l’extérieur et divers semis.

Depuis un an j’expérimente le BRF, les premiers essais n’ont pas été concluants

J’ai apporté le BRF fin février 2010, semé et planté en avril et mai, je n’ai quasiment pas eu de récolte sur ces essais. J’en ai déduit qu’il faut faire les apports beaucoup plus tôt (octobre ou novembre) pour laisser le temps au sol d’assimiler le BRF.

Voici quelques photos du jardin prises le 14 avril 2011:

« Jardin en caisses » : à Gauche ail + laitue feuille de chêne après des épinards d’hiver ( à noter deux batavias de semis spontané), et à droite fèveroles qui seront hachées et laissées sur place pour une plantation de tomates.

Culture sur ados. Échalotes plantées en novembre. Remarquez la différence entre les 4 pieds avec BRF mis en Mars 2010 et les suivants avec BRF mis a la plantation.
culture sur buttes. Bordure de consoude.

Je conclurai en remerciant Gilles pour son initiative, qui je l’espère fera se rencontrer un grand nombre de jardiniers soucieux d’un avenir plus sain pour l’Homme et la Nature

Jacques

http://lagranderecree.asso-web.com/

A Gauche ail + laitue feuille de chêne après des épinards d’hiver. ( à noter deux batavia de semis spontané)

A droite fèveroles qui seront hachées et laissées sur place pour une plantation de tomates.

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Des couverts végétaux à l’essai

Je pense que beaucoup d’entre vous en sont conscients, un des outils majeurs de l’agriculture du XXIème siècle sera et est déjà le couvert végétal, comme le montrent le travail des tenants de l’agriculture de conservation. Et au jardin, les couverts végétaux (souvent appelés aussi engrais verts) sont également très utile. Parmi leur nombreux rôles citons notamment :

  • Couvrir le sol en permanence avec des plantes vivantes ;
  • fixer l’azote ;
  • Produire in situ de matière organique ;
  • Implanter des plantes mellifères ;
  • Nourrir la vie du sol à longueur d’année ;
  • Favoriser la présence d’auxiliaires ;
  • Aider au contrôle de l’enherbement ;

a l’instar de beaucoup d’entre vous qui utilisent ces techniques depuis de nombreuses année, nous avons testé depuis l’année dernière plusieurs types de couvert hivernaux et je vous propose ici une petite synthèse de ces expériences.

Commençons par l’année dernière

Avant de vous parler des divers essais de cet hiver, voici d’abord une rétrospective de ce que nous avions fait en 2010.

Nous avions semé le couvert sur deux planches, cette photo prise le 23 avril, la floraison jaune de la moutarde indique la position de ces planches : une « petite » (à gauche, juste derrière le prunier) et une « grande » (à la droite de ce même arbre).

Le mélange semé était un « biomax » fournit par Yann Labuche de Terre d’Humus et contenant 8 espèces : avoine, vesce, fèverole, moutarde, radis fourrager, fénugrec, minette, lin,

Le semis avait été réalisé le 18 novembre 2009, donc très tard, mais la douceur de la fin novembre et du début décembre ont permit une bonne levée, voici quelques images du couvert sur la « grande » planche tout au long de son développement.

7 décembre 2009
23 mars 2010
18 avril 2010
25 avril 2010
25 avril 2010

Ce beau couvert a ensuite été détruit par sarclage le 25 avril. Je conseille pas cette façon de détruire le couvert qui est quand même éprouvante physiquement. Quand il n’y a que quelques mètres carré à faire, comme ici, ça va, mais s’il y en a ne serait-ce que quelques dizaines, ça commence à faire vraiment beaucoup ! Cette année, faute de rolo faca, j’essayerai sans doute le crimp-o-matic, facile à bricoler soi même.

J’ai choisi cette date pour la destruction car les quinze jours qui ont précédé ont été très sec et le sol commençait à devenir vraiment dur et sec sous le couvert, après ça il a plu 3 semaines… pfff ! J’aurais mieux fait d’attendre la mi mai et planter les cultures d’été au même moment. D’ailleurs voici l’état du sol le 21 mai, jour de plantation des tomates, courgettes et autres courges et aubergines :

Ce sol, non seulement était sombre et grumeleux, mais aussi très riche en vie, avec une surprise de taille, le présence en grand nombre de testacelles blanches, une limace carnivore prédatrice, entre autres, des limaces phytophages ! J’en reparlerai dans un prochain article !

Le couvert de la « petite » planche quand à lui a été maintenu jusqu’en juin, date à laquelle, ayant commencé à sécher, il a été très facile à détruire par simple fauchage. Il est à noter que la potentille, vivace très envahissante sur notre terrain a été complètement contrôlée par ce couvert très dense et détruit tardivement pour préparer une plantation de vivace à l’automne (artichauts, tanaisie, lavande).

Le « petit » couvert au mois de mai avec la magnifique floraison violette de la vesce

Au niveaux des espèces voici le bilan de ce premier essai :

moutarde, radis, vesce, fèverole et avoine : très bon développement, mais avoine un peu difficile à détruire.

fenugrec, lin et minette : très faible développement, ces plantes ont soit mal levé, soit été plus ou moins étouffés par leurs voisines.

Et cette année donc

fort de cette expérience très encourageante, j’ai imaginé cet automne plusieurs essais pour nos couverts hivernaux.

Tout d’abord au niveau des biomax : j’ai sélectionné les plantes qui avait bien fonctionné l’année passée en enlevant l’avoine et en ajoutant la phacélie, que l’avais envie d’essayer et, sur les conseils de Yann Labuche, le pois fourrager.

Ensuite, j’ai eu envie de tenter des essais de couvert associés à des cultures d’hiver : moutarde+ pois grimpant, triticale + pois grimpant (là encore sur les conseils de Yann) et chou branchu du Poitou + trèfle incarnat.

De gauche à droite : graines de radis fourrager, moutarde, phacélie et vesce

Les biomax

3 compositions différentes ont été testées avec les 6 plantes sélectionnées : moutarde+radis+phacélie+fèverole+pois (1), moutarde+radis+phacélie+fèverole+vesce (2) et moutarde+radis+phacélie+fèverole+pois+vesce (3) (en gras les espèces qui changent d’un mélange à l’autre, en l’occurrence la légumineuse grimpante)

Les semis ont eu lieu les 4 et 6 novembre 2010, la levée de toutes ces plantes a été très bonne, mais ensuite, des surprises :

  • les crucifères (moutarde et radis) et la vesce ont disparu de presque toutes les planches ;
  • la planche contenant le mélange 2 et une grande partie de celle qui porte le mélange 3 semblent avoir été grattés par un animal (nous soupçonnons les merles) de sorte que seule la fèverole est encore bien en place au milieu d’adventices diverse et variées et d’un peu de vesce qui a attendu le début mars pour vraiment commencer à se développer.
le 8 décembre, belle levée des crucifères (moutarde et radis) dans le mélange 1
Le même jour, un semis de vesce sort timidement entre trois turricules de vers de terre
Du mélange 2, début mars, il ne subsiste quasiment que la fèverole, et les adventices s’invitent en grand nombre!
Sur une extrémité du mélange 3 les crucifères sont bien là, mais dans tous les autres biomax, il n’en reste presque plus rien…

Des observations plus encourageantes tout de même :

  • la planche ensemencée avec le mélange 1 est vraiment très belle, malgré la disparition des crucifères, et promet un magnifique couvert bien dense pour le mois d’avril ;
  • Un couvert de vesce avoine que nous avons pas semé et qui est magnifique… Mais d’où sort-il ???? La seule explication que je vois est un re-semis des graines du « petit » couvert de l’an dernier qui était tout près mais il ne me semblait pas que la vesce et l’avoine étaient mûres lors de la destruction…
Le mélange 1 le 5 mars dernier
Un magnifique couvert de vesce avoine que nous n’avons même pas semé…

Les couverts associés

Parmi les couverts associés à des cultures là aussi les fortunes sont diverses :

Le chou et le trèfle incarnat (implantés début octobre, donc beaucoup trop tardivement) avaient bien levé, mais ils n’ont pas survécu longtemps, il n’y a rien eu sur cette planche de tout l’hiver.

14 octobre, belle levée des choux et des trèfles, mais ils n’iront pas plus loin dans leur développement

Dans L’association avec pois grimpant, mises en place comme les biomax le 4 novembre, là aussi tout est bien sorti, mais à présent, curieusement les pois ont totalement disparu de la planche avec moutarde, alors qu’ils sont encore bien là dans celle avec triticale : y aurait-il une incompatibilité entre pois et moutarde ?

La culture de pois grimpant associés à de la moutarde est devenue un couvert de moutarde pure
Par contre l’association avec le triticale semble bien fonctionner pour le moment

Et pour les cultures d’été nous avons déjà semé quelques mètres carrés de lentilles pour servir de couvert associé à des cultures d’été (tomates et courges), je vous raconterai !

Voilà donc pour ce petit point de fin d’hiver sur nos expériences de couverts. Et comme j’ai remarqué que beaucoup d’entre vous aiment participer à ce blog, je vous propose de m’envoyer un mail à gilles(AT)jardinonssolvivant.fr (remplacer le (AT) par @) pour me faire part de vos essais de couverts hivernaux ou d’une synthèse de ce que vous avez testé et observé depuis que vous en faites en me précisant votre situation géographique, votre sols et votre climat. Je ferai vers le mois de mai une synthèse de tout ce qui m’a été communiqué d’ici la mi avril !

Et pour toute remarque ou question concernant cette pratique ou notre expérience, les commentaires sont ouverts !

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Un jardin sol vivant au cœur de la Gascogne

Histoire que vous me connaissiez un peu mieux, voici un petit historique du jardin de mes parents que nous cultivons depuis 2007 sur un coteau argileux du Gers. Et quand je dis argileux, c’est très très argileux,

septembre 2007 : Récolte symbolique de tomate sur l'embryon du potager actue

bien lourd, quoi ! Pendant des années ma mère s’est cassé le dos à bêcher cette terre pour préparer de quoi faire deux rangées de fèves, elle avait fini par laisser tomber. Puis j’ai découvert les BRF en 2004 et l’idée à fait son chemin et en janvier 2007 elle a épandu du BRF sur une petite parcelle de pelouse préalablement sarclée à la houe, c’est là que commence notre histoire :

En 2007, c’était vraiment pas ça, les tomates sont restées rachitiques et ont peu donné, le sol est resté compact, les carottes n’ont jamais levé et les radis sont restés minuscules, bref pas de quoi pavoiser… Quoique, certaines tomates apéritives étaient vraiment délicieuses, peu abondantes, certes, mais vraiment délicieuses ! Allez c’est déjà ça ! Bon, je vous l’accorde, il y a eu un soucis dès le départ, j’étais en voyage lorsque ma mère est allé chercher le BRF, du coup elle en a beaucoup trop mis (10cm !), sur un sol lourd comme le notre cela ne pardonne pas, surtout avec un printemps pluvieux comme celui de 2007. Et pourtant, malgré cette erreur, nous n’avons presque pas eu de mildiou même dans l’arrière saison alors que tous les voisins en étaient envahis… Tiens donc, il s’est quand même passé des choses intéressantes…


2008 : pendant l’hiver, sous les conseils d’Éléa, co-auteure du « Livre BRF », nous avons agrandit le potager en couvrant l’herbe de cartons et de foin. Et comme je n’avais pas assez de place pour mettre les tomates sur le potager de 2007, j’en ai planté quatre directement à travers ces cartons. Et là surprise, sans aucune fertilisation complémentaires, ces tomates buissonnantes se sont développées très rapidement et ont donné des récoltes tout à fait correctes. Alors on retient la leçon et on refait la même chose pour agrandir le potager en 2009.

mai 2008 : Les plants de tomates viennent d'être mis en place à travers cartons (non visibles) et paillage de foin. Cette parcelle révèlera d'agréables surprises...

2009 : Trois nouvelles planches de culture sont inaugurées avec BRF (1 à 2 cm directement sur l’herbe) des cartons et du foin (produit dans les zones « en friche » du jardin). Là encore, des résultats intéressants, mais l’hiver humide avait décomposé les cartons et il a fallu tout enlever et sarcler la potentille avant de mettre les tomates, les courgettes et les courges. Là encore, on retient la leçon, il n’est pas forcément pertinent de mettre les cartons trop tôt, février est largement suffisant !


Été 2009 : Le jardin commence à ressembler à un vrai potager, et cela, quasiment sans travail du sol !

Été 2009 : La planche de tomates et courgettes, à gauche, a été implanté sur un sol préparé dès le mois de janvier avec un paillage de BRF, cartons et foin posé directement sur l'herbe

2010 : Cette fois, ça y est, le potager est vraiment productif et nous permet même de faire des conserves de fèves d’abord, puis de tomates, nous sommes sur la bonne voie et les pratiques se sont diversifiées : mise en place couvert de type « biomax » en novembre sur une des planches : l’essai est plus que concluant, en 2011, c’est toutes les planches sans culture d’hiver qui auront droit à ce traitement. Une autre expérience est tout à fait remarquable : ma mère avait entassé en février des branches de laurière sur la pelouse pour que je les broie, je ne l’ai jamais fait… Du coup en avril elle a tout récupéré pour en faire des fagots d’allumage et des bûchettes et là surprise : le sol là dessous était souple et sombre. Pas d’hésitation, on y fait un nouveau potager, léger sarclage et paillage de foin ont suffit à produire les plus beaux plant de tomate et courgettes du jardin, bon là encore on retient la leçon, l’année prochaine, plus de cartons, mais des rameaux feuillés d’arbustes à feuilles persistantes : arbousiers, laurier noble, voire résineux (soyons fous, la nature nous réserve tellement de surprises !).

Avril 2010 : Implanté en novembre 2009 pour préparer les culture de l'été 2010, notre premier couvert est un franc succès tant du fait de son beaux développement que son action sur le sol !
Septembre 2010 : Voici la petite parcelle préparée involontairement avec des branches de laurière entassées entre février et avril... Joli pousse pour une terre ni travaillée ni fertilisée !

Et pour 2011, je me ferai un plaisir de partager avec vous nos expériences, et de découvrir ensemble comment améliorer encore et encore ces systèmes !

A bientôt

Gilles

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Le Jardinage Sol Vivant : Quelles Techniques ?

J’ai définit dans mon article précédent ce qui me paraît incompatible avec le jardinage « sol vivant », il est donc grand temps de vous parler des pratiques qui vont dans le sens de la formation d’un sol roche en humus, en bactéries, champignons et animaux divers et variés qui s’occupent de fertiliser, aérer, brasser, structurer… votre sol tant chéri ! La liste que je propose ici est certainement incomplète, mais ce sont les pratiques qui me semblent à ce jour les plus pertinentes : Les couverts végétaux, les paillages, les Bois Raméaux Fragmenté, les extraits végétaux, la création d’un environnement favorable.

Les couverts végétaux

Ne jamais laisser un sol nu, voici un mot d’ordre capital dans le jardinage « sol vivant » ! Alors le meilleur moyen c’est d’intercaler entre deux cultures un bon couvert végétal (alias engrais vert dans certains cas ou CIPAN pour Culture Intermédiaire Piège à Nitrates dans d’autres). En effet, aucun paillage n’est aussi efficace la présence d’une couverture végétale vivante ! La biomasse produite in situ, l’azote fixé par les Rhizobium des légumineuses, la structuration du sol, la libération de sucres et autres composés carbonés par les racines sont des alliés indispensables des organismes du sol !

Floraison de la vesce dans un couvert de type « biomax » composé de multiples espèces (avoine, fèverole, fénugrec, moutarde, radis fourrager…)

Les paillages

 

Là encore indispensables pour économiser les arrosages, mais aussi pour apporter de la matière organique au sol et de la nourriture à nos chères bactéries, champignons et animaux souterrains, les paillages sont très nombreux. Je ne cite ici que ceux qui peuvent être produit dans le jardin ou fabriqués à partir de déchets faciles d’accès : foin, feuilles mortes, cartons d’emballage, tontes de gazon, déchets de cuisines… Bien entendu les rayons des jardineries allongent largement cette liste !

Les Bois Raméaux fragmentés

Ben oui, quand même, à la base c’est là ma spécialité, fallait bien que j’en parle tôt ou tard ! Il s’agit tout simplement de branches broyés à utiliser comme paillage, mais aussi comme amendement pour améliorer le sol et nourrir des chaînes alimentaires très spécifiques (champignon spécialisés et leurs prédateurs). On enrichit ainsi la biodiversité du sol et complète les apports des couverts végétaux vivants et des paillages.

Jeunes fèves sous paillage de BRF
Le « purin » d’orties… Un jeu d’enfant !

Les extraits végétaux

Bien sûr les insectes et les maladies sont quand même là, il faut bien faire quelque chose, les extraits végétaux qui agissent plus sur la physiologie de la plante que sur les parasites et ravageurs me semblent être le meilleur

moyen, alors vive les« purins d’Orties et Compagnies » ! Et un pied de nez au passage à l’industrie agro-pharmaceutique qui décidément ne sert… à rien !

L’environnement

S’il est incontournable de chérir votre sol, vos efforts seront encore mieux récompensés si l’environnement est favorable aux auxiliaires de culture et à la mise en place d’un micro-climat favorable, cela passe par la présence d’arbres et arbustes champêtres (isolés ou sous formes de haies ou de bosquets), de mares, de rocailles…

Chez Jacques Hébert, pépiniériste et pionnier des BRF au Québec, l’amélioration de l’environnement avec mares et haies a autant d’importance que la gestion du sol !

Si vous restez sur votre faim, je vous rassure tout de suite, tous ces thèmes feront l’objet d’articles à venir, il y a tant et tant à écrire sur eux ! Par contre certains se disent déjà (si, si je vous entends penser très fort) : « Mais quel étourdit, il a oublié les composts ! ». Et bien non, je les ai pas oublié, je n’ai rien contre leur usage, mais si je n’en ai pas parlé ici c’est qu’il n’y aucune raison d’en faire une clé de voûte de notre système… A suivre !