L’année dernière, j’ai rencontré Fabien Puzenat, de l’association Vigi-Nature en Ardèche méridionale. Après lecture de mon livre, jardiner sur sol vivant, il a été interpellé par ma préconisation d’utilisation les biodéchets (déchets de cuisine) directement en compostage de surface plutôt qu’après compostage en tas ou conteneur.
De là est née l’idée de monter un projet de collecte de ces biodéchets dans le charmant village de Lagorce et de les valoriser directement par épandage immédiat complété d’un léger mulch de BRF. Le but est de suivre les effet sur le sol et les cultures de ce type d’apport en conditions réelles de culture.
La semaine dernière, lundi 5 juin, France 3 est venu faire un reportage sur cette expérience, le voici :
Bien sûr, je vous tiendrai au courant des résultats de cette expérience qui, je le souhaite, fera des émules !
Toute technique culturale a ses avantages mais aussi ses inconvénients . Pour ce qui nous concerne, nous, pratiquants du jardinage sol vivant, sans retournement du sol et en couverture permanente par paillage et couverts végétaux, il y a deux problèmes majeurs, du moins en ce qui me concerne, moi qui suis pratiquant depuis de nombreuses années.
– La maîtrise des adventices vivaces : liserons, chiendent, potentilles, renoncules bouton d’or, orties, pissenlits….
– La prolifération des limaces et escargots.
J’ai en effet remarqué que la couverture permanente, si elle limite les annuelles, n’a aucun effet sur les vivaces, au contraire elle peut dans certains cas favoriser leur prolifération. J’ai souvent constaté que le liseron, par exemple, adore la couverture de cartons sous lequel il développe ses racines. La renoncule bouton d’or traverse allègrement 10 cm de paillage en quelques semaines !
La potentille envoie ses stolons s’implanter dans le BRF avec délice ! Quand aux pissenlits, l’avantage, ils blanchissent et finissent en salade !
La renoncule traverse allègrement le mulch de paille et de feuilles mortes !
Nous avons implanté une haie fruitière de 20m à l’école du village, en février le sol a été recouvert de 5cm de cartons puis 40cm de fumier frais. Quand nous avons planté en novembre nous avons dû enlever deux brouettes de racines de chiendent qui avaient trouvé la un terrain idéal pour proliférer. Je n’ai pas pensé à prendre des photos du chiendent, dommage ! http://lagranderecree.asso-web.com/106+jardin-de-lecole.html.
Je suis malgré tout convaincu des bienfaits du paillage et d’une couverture permanente, mais cela n’exempte pas d’un travail de désherbage manuel pour limiter les indésirables. Ce qui est possible dans un jardin familial est difficilement transposable en maraîchage car cela coûte en main d’œuvre.
En ce qui concerne les mollusques, ils trouvent là un abri idéal et le garde manger à portée de main si j’ose dire ! Dans le cas d’un petit jardin, il est possible de maîtriser par le ramassage ou des méthodes douces (piège à bière, cendre, dépôts de déchets verts…) mais pour une grande surface, en ce qui me concerne environs 1000m2, c’est plus difficile. Depuis un ans j’ai confié la lutte anti-mollusques à trois auxiliaires, des canards coureurs indiens ! Ils limitent la prolifération mais sur les semis fragiles je dois protéger par du grillage et avoir recours au ferramol. Les canes sont plus actives que le mâle qui lui, se contente de suivre sans vraiment chercher ! Autre problème, j’ai une mare vivante dans le jardin, ils l’ont très vite découverte, en ont fait leur terrain de jeux et transformée en véritable « mare aux canards » Nous avons dû la clôturer ! La vie revient lentement.
Canards coureurs indiens en chasse dans le jardin.
Rien n’est simple, les solutions idéales n’existent pas, il faut en permanence trouver des compromis, mais c’est aussi le rôle du jardinier d’être en perpétuelle recherche !
J’attends vos retour d’expériences et peut-être des solutions si vous aussi rencontrez ces problèmes.?
Comment gérer les allées du potager ? C’est une question qui m’est posé et qui revient régulièrement dans les discussions de jardiniers.
Tout d’abord quel est vraiment le problème : si on ne fait rien, l’herbe envahi les allées et de là le potager, posant des problèmes de désherbage, surtout dans un potager au sol non travaillé comme je le préconise et comme le pratique la plupart d’entre vous.
Alors que faire ?
Il y a deux types de réponses : soit couvrir, soit enherber.
La couverture du sol
Cette couverture du sol dans les allées peut être de deux sortes : soit de type mulch qui tout en limitant l’enherbement participe à nourrir et enrichir le sol, soit de type écran opaque et non biodégradable qui empêche durablement l’herbe de pousser sans agir directement sur le sol.
Le mulch peut être constitué de toutes sortes de MO à C/N élevé (cf. article précédent) qui ont pour effet de se dégrader lentement et concurrencer l’enherbement si l’épaisseur est suffisante. Cette méthode permet aussi de réduire l’effet du tassement du sol par les pieds des jardiniers en période humide. De plus, comme on enrichit aussi le sol, cette méthode permet de changer régulièrement, pour ne pas dire tous les ans le plan du jardin. C’est même très intéressant à faire, puisque le sol a été fortement enrichit à cet endroit là.
L’écran opaque et non biodégradable est une solution classique, par exemple la planche de coffrage qui a aussi l’avantage de permettre des changement très fréquent de plan du jardin et qui est encore plus efficace que le mulch pour éviter le tassement du sol en période humide. Il est également possible de disposer des pierres plattes sur les allées (il suffit alors de gérer l’enherbement des interstices). Ces pierres plattes peuvent aussi permettre de supprimer purement et simplement les allées en installant simplement des pas à intervalles réguliers afin de marcher un peu partout dans le potager sans rien abîmer, à l’image des pas japonais dans les jardins d’ornement. Pour ce faire, il faut quand même être vigilant au développement des plantes que l’on installe afin que les pas ne retrouvent pas noyés dans une jungle de verdure à la fin de l’été rendant le jardin totalement inaccessible.
Dans le potager sol vivant de mes parents, de simples planches de coffrage délimitent les allées
Il est également possible de mixer les deux solution en mulchant les allées avec des matérieux minéraux, comme de la tuile broyée ou des graviers, en revanche, cela rend plus compliqués les éventuels changement de plan du jardin et n’enrichit pas le sol, si cette solution peut être intéressante sur le plan esthétique, elle n’est sans doute pas la plus appropriée sur le plan agronomique.
L’enherbement
Bon, c’est justement ce contre quoi on se propose de lutter. Mais un enherbement approprié permet de concurrencer d’éventuelles plantes particulièrement gênantes comme le liseron, la pottentille, le chiendent, le chardon… Pour choisir les plantes à semer dans les allées, il faut qu’elles soit résitantes à la compaction : le trèfle blanc par exemple est assez bien adapté, en plus c’est une vivace qui reste donc en place pendant plusieurs années. Une autre idée serait les plantains, qui comme leur nom indiquent (ils poussent « sous » la plante du pied, donc là où nous marchons) apprécient les sols piétinés régulièrement.
Semer vos allées de trèfle blanc permettra en plus d’attirer les poillinisateurs !
Ces plantes peuvent ensuite être régulièrement fauchées et utilisées pour fertiliser le potager. En revanche, cette méthode prévient moins bien la compaction que les précédentes et rend donc plus difficile le changement de plan du jardin, elle est donc plus adaptée au jardin sur buttes, ados et autres lasagnes dont le plan est de toutes manières difficiles à faire évoluer.
Et vous quelle méthode utilisez vous pour gérer vos allées, partagez nous vos idées, vos expériences, dans les commentaires ci-dessous !
Suite à une question posée par un de nos lecteurs communs à propos de la gestion des vergers avec paillage et enherbement, Yann Labuche, du site Terre d Humus, a écrit une réponse fort complète. J’ai eu envie de vous partager ici sa réflexion approfondie de la question et de la soumettre à vos réactions ! Ses idées n’ont pour l’instant pas été mises en pratiques, il les tient de lecture d’essais du GRAB (Groupe de Recherche en Agriculture Biologique), d’échanges avec des arboriculteurs, et d’observations sur son mini verger (2 pommiers, 1 mini poirier, 1 abricotier, 1 pêcher, …..). Les points soulevés concernent la gestion de l’eau, l’enherbement et l’utilisation de BRF. Voici les réflexions de Yann :
La gestion de l’eau et les paillages
Le risque de manque d’eau est en partie lié à la nature du porte greffe : Porte greffe faible = enracinement superficiel = pas d’autonomie de l’arbre en eau = Paillage indispensable
Il convient de rechercher la nature des portes greffes pour chacun des arbres. Pour simplifier les arbres sont vendus soit comme basse tige (mise à fruit rapide, arbre de petit développement, enracinement superficiel), soit comme plein vent (mise à fruit lente, arbre vigoureux, 5 à 8 m de haut pour le pommier, enracinement puissant, arbre autonome en eau, pas besoin de paillage après les 2 premières années) soit comme demi-tige (porte greffe M106 pour le pommier par exemple), au comportement intermédiaire.
L’enherbement
Il faut distinguer d’une part l’enherbement au pied de l’arbre et dans un rayon correspondant à celui exploré par les racines, et d’autre part l’enherbement entre les rangs d’arbres.
– Celui entre les rangs d’arbres est à laisser selon moi pousser naturellement. Entretien par rolofaca ou rouleau à gazon (en béton bien lourd) quand il y a besoin d’accéder pour la récolte ou autre.
L’enherbement naturel est plus varié à terme que n’importe quel mélange artificiel et est parfaitement adapté au terrain. Il attire une faune auxiliaire précieuse (prédateurs des pucerons par exemple, et de l’ennemi public N°1 du pommier, le carpocapse)
Peut-être une seule fauche par an ou tous les deux ans pour éviter que des arbres semés par les oiseaux ne s’installent dans le verger (prunellier, ronces, aubépines, suivant la flore alentour)
– Celui au pied des arbres :
Porte greffe faible : ces arbres sont peu adaptés pour faire face à la concurrence de l’herbe et pour être autonome vis-à-vis de l’eau. Donc Pailler en permanence, varier les apports BRF paille gazon, feuilles. Attention à ne pas mettre trop épais, car les racines remonteraient et l’arbre risque de se déchausser. Je n’ai pas d’expérience sur la question pour donner un chiffre précis d’épaisseur. Je partirais sur 7 cm maxi de BRF ou la fauche de 5 à 10 fois la surface à pailler.
Il est primordial de faire des apports annuels pour maintenir constante l’épaisseur du paillage. Faute de quoi les racines qui malgré tout ont tendance à remonter se retrouveraient exposées au manque d’eau en période de sécheresse.
Porte greffe fort ou intermédiaire : je ne pense pas que l’enherbement concurrence les arbres, une fois ceux-ci installés, mais à la condition donc que le porte-greffe soit demi-tige ou plein vent.
Quant à la fauche, elle risque de créer une concurrence, en stimulant la repousse des graminées, gourmandes en eau et en azote.
Cela dit, les deux ou 3 premières années de l’installation de l’arbre, un paillage des arbres sur porte greffe fort ou intermédiaire est utile pour permettre à l’arbre de s’implanter et limiter la concurrence des herbes spontanées.
Il me semble utile au pied des arbres de favoriser la présence de légumineuses, qui limitent l’alternance : luzerne, trèfle blanc…
Mais je pense que des plantes avec des enracinements profonds comme la luzerne peuvent augmenter la pénétration de l’eau dans le sol. Je mettrais luzerne avec plein d’autres plantes car la luzerne seule risque d’amener trop d’azote et de maladies.
Attention : la zone explorée par les racines va souvent au delà de ce que l’on imagine et peut dépasser cinq mètres pour les arbres adultes demi-tiges, soit au minimum l’aplomb de la couronne, là où l’eau ruisselle pendant la pluie, tandis que le dessous de l’arbre est sec…..
Les BRF
Ils peuvent être utilisés pour enrichir la terre en humus. Les mettre en couche fine (1cm max en concentrant sur une couronne de deux mètres de large, là où sont les racines.). Faire un apport annuel ou tous les deux ans, pour augmenter en douceur le taux d’humus du sol.
…… et il est possible d’expérimenter s’il y a hésitation entre plusieurs approches. Faites un arbre d’une manière, un arbre de l’autre et observer. C’est ainsi par l’essai et l’observation que l’on apprend.
La vérité est dans les feuilles des arbres, pas dans celles des livres, dit un proverbe zen…
Bonjour à tous. Récemment, j’avais demandé à Gilles s’il ne pouvait pas concocter un article sur le jardinage en climat méditerranéen, ayant moi-même eu l’occasion de mettre en place avec mon copain un potager dans la région des Vans (limite entre le Gard, Lozère et l’Ardèche, région sèche dans les contreforts des Cévennes). Mais pour amorcer la discussion, j’ai eu envie de partager avec vous le déroulement et les résultats de cette saison de jardinage 2011, ayant dans l’espoir de susciter chez vous quelques commentaires. (Photos sous licence cc by-sa 2.0, présentées dans un ordre non chronologique).
Situation et conditions locales
Vue sur le Chassezac
Un ami nous a permis ce printemps-été de mettre en place un potager sur son terrain gardois : une ancienne châtaigneraie en terrasses schisteuses, larges et relativement pentues, surplombant la rivière du Chassezac.
Ce terrain avait été défriché (châtaigniers abattus), puis ratissé et nettoyé de ses résidus de branches et de feuilles pour favoriser la repousse d’un couvert d’herbes spontanées. Ces terres à nu ont par la suite pas mal été malmenées par le climat aride de l’été et les fameux épisodes cévenols automnaux. Malgré une érosion importante, des plantes pionnières ont pu s’implanter, progressivement. Mais généralement, au cœur de l’été, cette végétation sèche, brûlée par le soleil.
Cette vallée est par ailleurs très exposée aux vents violents.
Une partie de ce terrain avait déjà été mise en culture depuis quelques années, un potager y était réalisé (sans paillage du sol) et donnait je crois des résultats assez moyens. Il faut dire que si le paysage est magnifique, le sol, quant à lui, est loin de faire rêver. Hyper léger, hyper caillouteux, hyper drainant, peu de terre.
Pour donner une idée d’une partie encore jamais cultivée. On voit sur la photo ce qu’on a dénommé « la poubelle à graines » : toutes les graines jugées périmées, surnuméraires ou non sélectionnées pour la semence sont semées sur une zone à peine travaillée puis paillée, rarement arrosée. Poussera ce qui voudra.
A partir de là, mon copain et moi avons eu envie d’essayer la butte. Lui avait déjà une bonne expérience de « potagiste » dans ces terres, mais la culture en butte c’était du nouveau. Ça présentait déjà l’avantage évident d’augmenter la profondeur de terre, mais ça permettait aussi de cultiver sur un terrain pentu (plus de pente en aval de la butte), ça pouvait limiter les phénomènes d’érosion et favoriser l’infiltration des pluies grâce à la rétention d’eau entre chaque butte.
A notre arrivée sur le terrain, à partir de fin avril, on a donc commencé la mise en place du potager sur les zones travaillées les années précédentes, réparties sur deux terrasses. Le montage des buttes s’est fait en trois sessions : la première fin avril-début mai, la deuxième sur une terrasse en dessous en mai, et la dernière fin juillet, à la suite d’une culture de seigle parvenue à terme.
Pour commencer, nous avons « grelinetté » le sol et réservé les maigres plantes arrachées (sedums, linaires, résédas entre autres) pour un paillage ultérieur. Après ça, pour la constitution des buttes, nous avons été plus ou moins méthodiques, et n’avons pas scrupuleusement respecté les différentes strates du sol. D’ailleurs, la terre en profondeur semblait davantage argileuse, les argiles ayant probablement été lessivées au fil du temps, et ça semblait intéressant de les ramener en surface pour constituer une terre plus rétentrice. On a rempli quantité de seaux avec les cailloux qu’on trouvait… les pierres ça peut parfois être utile, mais trop c’est trop si ça fait du sol une passoire.
Au final, les buttes n’étaient pas très hautes et moyennement larges (mois d’1,20 m), et les allées étroites.
Paillage
Puis, on a paillé tout ça… avec les mottes et les quelques plantes arrachées, avec des herbes sèches issues des débroussaillages de terrasses dans le hameau voisin, avec de la paille pourrissante abandonnée, avec des fougères, et avec du buis pour couvrir les allées. L’objectif n°1 était d’amener le maximum de matière trouvée dans les parages. Par contre, on n’a pas osé utiliser les feuilles de châtaignier, ressource pourtant la plus abondante localement : trop longues à la décomposition, trop grandes, trop légères et soumises au vent… mais on a peut-être eu tort de ne pas profiter de cette manne ?
Les épluchures de légumes allaient dorénavant directement aux buttes.
Paillage de seigle sur les buttes les plus récemment mises en place (courant juillet), repiquages de salades sur les pentes et semis en carrés sur les plats de buttes. Les buttes végétalisées au fond sur la deuxième photo sont les premières a avoir été montées, fin avril.
Semis et repiquages
Comme pour le paillage, un des objectifs lors des semis était de favoriser la constitution d’une forte biomasse, pour apporter toujours plus de matière aux buttes.
Avant de pailler certaines buttes, on a semé à la volée des graines de panais dont on ne croyait plus trop en la faculté germinative, des tournesols, de la phacélie. Aux bas des buttes, on a semé des poquets de luzerne tous les 50 cm, dans les allées aussi, à la volée, avec de la roquette (dont les graines ne manquaient pas).
Comme on a démarré le potager assez tard, on a au départ beaucoup repiqué de plants achetés ou qu’on avait eu la chance de recevoir en cadeaux (tomates surtout, mais aussi choux, blettes, courges, poireaux, œillets, fenouils, et quelques plants de salades). Dans le même temps, on a semé de tout, soit en poquets, soit en aménageant des carrés sans paillage (micro-parcelles à la JM Lespinasse) dans lesquels on effectuait les semis de radis, navets, carottes, betteraves, etc.
Pour les repiquages et les semis, la difficulté première était de protéger les plants et plantules d’un rayonnement solaire très intense. Des cagettes, des claies, des feuilles, des herbes… tout y passait pour ombrager pendant les heures chaudes… sinon c’était grillé. Les plantes bénéficiant de l’ombre fournie par quelques arbres disséminés sur le terrain (chêne vert et châtaignier) étaient à ce titre plutôt favorisées. L’agroforesterie prend à mon avis tout son sens dans ces régions très ensoleillées.
Ombre de châtaignier vs ensoleillement maximal. Des cagettes sont utilisées pour protéger les repiquages de salades ou jeunes semis
Les semis en micro-parcelles étaient déjà un peu trop exposés au soleil et à la sécheresse, les germinations étant inégales, et peut-être que des semis en ligne auraient été plus appropriés, bien que moins faciles à réaliser ?
Semis et repiquages ont été effectués sans utilisation de compost ou terreau puisqu’il n’y en avait pas de disponible.
Arrosages
De manière surprenante, on n’a pas eu à s’inquiéter de l’eau : elle est restée disponible tout l’été malgré une sécheresse inquiétante. Le ruisseau où s’effectuait le captage ne s’est jamais arrêté de couler. L’eau était stockée dans une cuve de 1000 litres quatre terrasses au-dessus du jardin, qui pourvoyait largement à nos arrosages quotidiens… avec de la pression en plus !
Tous les soirs on arrosait le jardin généreusement, au tuyau : on n’a pas trop fait à l’économie et on a préféré assurer le coup pour les plantes fragiles et les semis. Les tomates et cucurbitacées étaient arrosées au plus deux fois par semaine. On maintenait aussi le paillage humide pour éviter le dessèchement et accélérer sa décomposition. On utilisait aussi l’asperseur pour diminuer les temps d’arrosage sur les plantes qui ne craignaient pas d’avoir le feuillage mouillé.
Semis spontanés
Des cultures des années précédentes se sont ressemées : cosmos, shiso (basilic japonais) et aneth. Les adventices qui poussaient sur les buttes faisaient l’objet d’un désherbage sélectif : j’aimais bien laisser les pissenlits, chénopodes, et quelques plantes indéterminées que je laissais fleurir pour voir ce qu’elles avaient à offrir. Des matricaires ont d’ailleurs fait une intervention assez musclée sur une des buttes, mais ont été conservées (tant qu’elles n’empiétaient pas trop sur les cultures) pour leur belle floraison, le cortège d’insectes qui en bénéficiaient, et la prolificité du feuillage qui pouvait ultérieurement fournir un paillage des plus appréciables.
Invasion de matricaire
Résultats sur les cultures
Un des gros échecs, ça a été les salades, dont la reprise après repiquage était toujours très difficile : protection indispensable contre le soleil au repiquage, puis développement des plants très lent, pour une montaison à graines très rapide. Même avec un semis direct, le résultat n’était pas souvent fameux. En revanche, les plants en mottes achetés sur le marché prenaient beaucoup mieux. J’imagine qu’on avait tendance à repiquer trop tôt, et qu’il fallait surtout éviter les racines nues. Le sol étant particulièrement séchant, un apport de terreau ou compost aurait probablement facilité la reprise.
Du côté des salades un peu moins conventionnelles, les mizuna japonaises (différentes de la roquette) se sont parfaitement acclimatées et ont rapidement fourni quantité de feuilles tout au long de l’été. Vu qu’on les sentait très à leur aise, on en a repiqué beaucoup et on a profité de cette abondance de feuilles pour pailler d’autres légumes.
La mizuna, une brassicacée à déguster en salade composée, ou à cuire
Paillage de plants de salades en difficulté avec des feuilles de mizuna
Les haricots nains, mange-tout et à écosser, ont bien marché. Les Contender ont produit toute la saison, les Coco Blanc et surtout les Black Turtle ont été très prolifiques, fournissant de surcroît une masse verte abondante. De bons apports pour un sol bien appauvri.
Les haricots nains avaient tendance à empiéter sur les allées, ayant été semés un peu bas sur les buttes, et certains ont dû pâtir de déplacement trop brutaux.
Les haricots à rames, par contre, n’ont pas réussi à grimper sur les jolies installations qu’on leur avait préparées en bambous et longues branches de châtaigniers. On ne les a pas trop aidés en les semant en plein couloir venté, le vent décrochant sans cesse les tiges qui cherchaient à s’agripper aux supports. On les avait semés entre des lignes de maïs, en bordure de terrasse, sur une zone très caillouteuse et jamais travaillée, « grelinettée » et paillée avec de la fougère. Autant dire que ça n’a pas été un grand succès. Mais une fois de plus, ça aura eu le mérite d’apporter de la matière sur une zone nouvellement cultivée.
Lorsque les semis ont bien démarré, on a eu de jolis radis, navets, carottes et betteraves. Bon, ce n’était pas du gros calibre, mais des racines généralement bien saines. Ont particulièrement bien poussé le radis rond (énorme), un gros radis d’été dit fourrager mais qui se mange très bien (le Raifort d’Ardèche), et un radis japonais du type daïkon.
Les choux cabus repiqués dans les zones ombragées par les arbres (sur des buttes montées sur une ancienne zone de compost) ont très bien marché, et ont pommé. Ceux repiqués ailleurs se sont moins plus.
Pour les tomates, on les avait repiquées en sommet de buttes, sans tuteurage et sans taille. Pour les tomates cerise, ce n’était pas franchement une bonne idée puisqu’elles envahissaient littéralement l’espace et les allées. On a pensé qu’il valait mieux en fait les tuteurer (ou les planter en bas de bute et les faire monter), parce que les tiges avaient tendance à descendre vers le bas des buttes (mauvaise irrigation en sève des fruits?), ou à casser quand il y avait des vents forts. Au final, le nombre de pieds a pallié une productivité moyenne. Pas mal de tomates se gâtaient rapidement (zones de pourrissement), mais les récoltes sont restées plutôt bonnes, avec toutefois des tomates pas super « goûtues ».
Pour les cucurbitacées, constat très mitigé. Au démarrage, la végétation et la production ont explosé pour les courgettes. Et puis, au bout d’un mois, une courgette par ci une autre par là… plus grand-chose. On a pu observer un gros ralentissement de la fructification, les courgettes en formation coulaient rapidement. Peut-être avons-nous eu tendance à ramasser les courgettes trop grosses.
Pour les arrosages de cucurbitacées, on a opté pour le matin, avant le lever du soleil, deux fois par semaine.
Contre l’oïdium, début août, on a fait deux traitements au soufre : ça a bien un peu ralenti sa progression au début mais après c’était plus la peine. Petit à petit, à la mi-août, l’oïdium s’est un peu généralisé au jardin : les navets, radis, mizuna, consoude, ont tous pris le blanc. J’associe ça à un coup de mou généralisé au potager. Je me dis qu’après avoir été bien remué pour faire les buttes, le sol avait dû relarguer de l’azote, puis progressivement s’appauvrir au fil des mois, à défaut de nouveaux apports rapidement assimilables.
Mais le temps de cet été a probablement aussi bien joué : très sec, souvent un peu nuageux (ce qui a pu retarder certaines mises à fruits), de grosses cagnes en août, des vents parfois très violents avec quelques gros orages qui ont laissé derrière eux une atmosphère humide.
Avant d’être ravagée, voilà à quoi ressemblait une butte mixte courgettes-courges, ces dernières étant supposées aller se balader dans les maïs et haricots à rames.
Petite synthèse
Si je devais comparer les cultures à plat et celles en buttes, je dirais que ces dernières ont incontestablement été les mieux réussies. Il faut dire que les buttes ont été plus soigneusement épierrées, et que la terre y a davantage été remuée en profondeur (les surfaces plates ont simplement été « grelinettées »). Sur le plat, les rendements ont été quasi nuls.
Par ailleurs, il m’a semblé que le paillage avec les mottes d’herbes arrachées était beaucoup moins approprié que le paillage à la paille ou au foin. La butte essentiellement paillée avec des mottes a eu un rendement très faible comparé aux autres. Mon impression est que ce type de paillage était trop dense et ne permettait pas une bonne respiration du sol et une bonne infiltration de l’eau. Seuls les tournesols semés avant de pailler ont poussé normalement.
Après cette saison de jardinage, le paillage nous a donc paru vraiment indispensable : pour conserver un peu d’humidité au sol, pour réduire les phénomènes d’érosion et pour attirer et favoriser le développement d’une faune sous le sol et en surface.
Sur ce type de terrain, il semble important de travailler sur les espèces et variétés cultivées, au moins pendant le temps de la mise en place d’un système plus fertile (principalement dépendant de la structure du sol, je dirais). Miser sur ce qui marche, produire et apporter de la matière pour enrichir le sol en humus et l’aider à mieux retenir l’eau et les éléments fertilisants. Ce sol ne paraît pas encore tout à fait prêt à accueillir décemment de jeunes salades.
Par ailleurs, l’ombrage de certaines cultures (salades notamment) aux heures chaudes reste indispensable… et pour ça, rien ne vaut quelques arbres dispersés dans le potager.
Je vous propose aujourd’hui de vous partager une observation faite dans mon jardin sud-ardéchois sur une planche semée de pois gourmand et céréales (orge et triticale, comme tuteurs).
Vue générale de la planches de pois gourmands tells qu’elle se présentait le 13 janvier
Et en regardant de près le sol, voilà ce qu’il apparaît (cliquer sur l’image pour l’agrandir) :
La partie gauche est l’inter-rang dont j’ai dégagé le paillage pour la photo et la partie gauche est un rang de pois, à un endroit où ceux-ci ne sont pas sortis (Endroit choisi pour la clarté de la photo, mais c’est pareil partout ailleurs).
Il est flagrant que l’état de surface de l’inter-rang est de bien meilleure qualité que celui du rang. Quelles sont les différences de traitement entre les deux zones?
– L’inter-rang a été juste sarclé à la binette (travail du sol sur 1 ou 2 cm à peine) puis légèrement paillé avec les résidus du sarclage ;
– Le rang a été sarclé, puis j’y ai ouvert un sillon au transplantoir, réalisé le semis et enfin refermé le sillon et tassé avec le pied.
C’est pas bien violent comme travail et pourtant la surface apparaît aujourd’hui fermée, sans porosité et se voit coloniser par les algues vertes (pas les mêmes que celles des plages bretonnes, bien entendu 😉 !)…*
J’avais l’habitude des terres gasconnes bien argileuses et abritant des myriades de vers de terre et là ces derniers avaient de toute façon tôt fait de restructurer les légères perturbations dues au semis, mais ici, sur les sols sableux des gréseux du Sud-Ardèche, ça ne marche pas pareil… J’ai l’impression que le sol n’a pas aimé être tassé puis laissé tel quel. Alors, je retiens la leçons, sur un tel terrain, il est indispensable de pailler le moindre centimètre carré, fût-ce avec un paillage très léger ! Bon ça n’empêche pas les pois de pousser, mais quand même ça ne me plaît pas !
Avez vous des observation similaire ou contradictoires à nous partager? Alors rendez vous dans les commentaires ci-dessous!
Pour ceux qui se plaignent d’avoir du mal à trouver du BRF, voici une petite idée que nous avons mis en application début novembre.
Le sud Ardèche dans lequel je vis depuis juin dernier a été le théâtre de précipitations diluviennes, il tombé sur les reliefs cévenols au dessus de chez moi environ 700mm en moins d’une semaine!!!
Bien évidement les rivières ont largement débordés et quelques jours après, une fois la décrue bien entamée, voici ce qu’on pouvait voir dans les forêts au bord du Chassezac, le principal affluent de l’Ardèche:
BReF, il n’y a qu’à se servir!
Bon c’est vrai, j’entends déjà les puristes me dire que c’est pas du « vrai » BRF: il y a du résineux là dedans, c’est que du bois sec… Bon OK, c’est vrai, mais c’est toujours de la lignine, c’est ce qui m’intéresse le plus à amener dans mon jardin en complément de tout ce qui est déjà apporté par les cultures et couverts hivernaux ! En plus ce « BRF » est déjà fortement colonisé par du mycélium qui n’aura plus qu’à ensemencer le sol jardin !
Alors nous nous sommes servis et nous avons ramené tout ça au jardin, l’occasion d’une petite sortie en famille au bord de la rivière!
Et puis nous avons mélangé au léger paillage de résidus de sarclage disposé entre les rang de pois gourmand/orge/triticale, pois nains et autres fèves:
Alors pour ceux qui ne savent pas où trouver du BRF et qui ont une rivière en crue près de chez eux, vous savez ce qu’il vous reste à faire!
Voici notre jardin! Nous sommes situés dans un petit village des Monts d’ Arrée, dans le Finistère. L’altitude est d’ environ 300 mètres, le quart de la superficie communale est constitué de crêtes schisteuses, landes et tourbières, nous vivons a 2km d’une carrière de kaolin.
Nous essayons de gagner en autonomie avec peu de temps, car nous avons des enfants en bas âge, peu de moyens et peu de connaissances de la terre et des végétaux….
Nous aimerions présenter ici la façon dont nous avons procédé pour préparer 2 petits bouts de terre à accueillir un potager modeste cette année, et apprendre « sur le tas » pour nous adapter l’an prochain et continuer nos expériences sur une plus grande surface, en l’occurrence une parcelle de bois prêtée gracieusement par une voisine curieuse de cette façon de faire…!
La terre n’avait pas été cultivée depuis 5 ans, elle est surtout argileuse… Il y a beaucoup de vers de terre et il y pousse surtout du rumex et de l’euphorbe. Elle a été bêchée l’an passé et passe cette année au jardinage sol vivant.
Vue générale du jardin cet hiver
Le petit bout de terrain a droite des noisetiers, ajouté ensuite, est a l’abandon depuis plus de 30 ans…
La culture sur butte a été choisie car nous espérions pouvoir récolter un peu cette année. Elle a été montée en janvier, pas très haute, composée d’une couche d’humus, de feuille morte et tonte de pelouse. Dès février, des oignons ont été plantés sur la butte et des fraises sur les pentes pour structurer et éviter l’érosion et apporter un couvert permanent, conserver l’humidité et de ce fait, nous dispenser d’un arrosage trop important.
Un apport de 5cm de brf a été fait début mars, puis un paillage quelques jours plus tard. Puis, toujours dans notre démarche « récup », nous avons nettoyé un bout de terrain derrière chez nous, récupéré beaucoup d’ardoises que nous avons disposé sur les côtés des buttes pour apporter de la chaleur.
En procédant ainsi, nous voulions essayer de palier le manque d’azote du brf la 1ere année par l’apport d’humus. Nous avons pensé que la plante pourrait se développer dans les couches inférieures au brf.
la serre bricolée en noisetier
Tous les semis ont été faits en godets, en serre bricolée en noisetier. Les salades, haricots, betteraves, navets, épinards, céleri, chicorée ont été semés en place sur la butte disposée en carré ou au centre de ce carré, dans lequel ont été ajouté selon les cultures quelques bâches noires, ou un paillage de tonte de pelouses ou un paillage en carton pour nos « expériences »…
Nous avons monté des tours à pomme de terre, solution trouvée pour pallier au manque de place… puis comme nous avons récupéré un petit bout de roncier que nous souhaitions cultiver, nous avons essayé de planter des pommes de terre sur cartons.
Au fond de la serre ont été semés en février des carottes purple dragon, des laitues de printemps, des poireaux d‘été et de l’arroche, des betteraves, tomates, céleri.
Vue générale du jardin le 22 juin dernier
Ensuite, au fond du jardin on a le compost, la cabane à oiseaux et les bacs.. La terre est très meuble, elle a été amenée de la butte derrière. Dans ces bacs on a pour l’instant des radis, de la salade, les aromatiques.
A ce jour, en ce qui concerne la butte:
Positif:
Les radis semés dans le brf directement et dont les racines sont allées en dessous, super rendement, les choux aussi sont énormes… Les oignons, les fraises, les blettes, les choux de Bruxelles, malmenés par le climat se développent bien aussi. Les courges se plaisent même si leur croissance est lente mais nous avons décidé de ne pas arroser quotidiennement, et le climat n’a pas été à leur avantage, un mois et demi sans pluie ce printemps!
Moyen:
La salade sur butte a une croissance très lente, adaptation difficile… alors que celles plantées en même temps sur bâche noire ont été récoltées beaucoup plus tôt..
Négatif:
Les carottes sur butte n’ont même pas levé, avons essayé 2 variétés différentes. Les mulots ont aimé les carottes purple, au point de construire leur nid juste en dessous..
Quant aux adventices, rien n’arrête le rumex et l‘euphorbe (qui ceci dit a la réputation d‘éloigner les taupes et nous n‘en avons pas cette année).
Nous avons récolté il y a 15 jours les premières pommes de terre au sol, pas encore les tours a pomme de terre.
A la serre, un beau pied de tanaisie a l’entrée nous a évité des invasions de nuisibles!! Coté structure, malgré un hiver un peu rude ici, elle a tenu bon!
Les seuls semis qui ne sont pas partis sont les tagetes nématocides. Nous avons souvent eu recours au purin d’ortie (les tomates ont apprécié) et avons planté de la consoude et plusieurs variétés de fleurs à divers endroits du jardin, toujours dans une recherche de biodiversité.
Nous nous apprêtons a récolter nos graines de l’an passé.
Le jardin a été agrandi en avril d’un petit bout de roncier. Tout a été coupé et laissé sur place pour séchage et enlèvement d’un maximum de racines puis tassage au pied. Nous avons creusé pour créer une petite mare entre les 2 bouts de jardin et avons apporté la terre sur le tapis de ronces sèches, et enfin paillé.
En mai, nous y avons planté salades, carottes, céleri, pommes de terre sur carton, tomates, maïs, amarante et courges. Ces dernières ont eu du mal a partir mais tout pousse!
Dans la serre les tomates poussent vigoureusement
Bilan:
A ce jour, on est contents car le jardin prend forme et nous offre une petite récolte pour cette année.
Tous les plants, bâche, terre et brf sont issus de trocs avec des voisins jardiniers et a permis la naissance d’une idée, « jardiner ensemble » et que chacun fasse pousser ce qui se plait bien sur son terrain et puisse échanger avec son voisin ce qui s’y plait moins… cela a aussi donné lieu a des chantiers brf chez chacun avec les essences de son propre terrain pour ne pas avoir a déplacer la matière trop loin de son endroit d’origine.
Même réflexion pour l’humus que nous avons pu nous permettre de ramener car une voisine ayant une parcelle boisée non entretenue nous a permis d’y établir un projet de verger et l’implantation de serres plus résistantes et de buttes plus hautes et structurées; pour l’instant, les chèvres débroussaillent…
Pour conclure, nous dirions qu’il est possible de faire un potager varié et vivant avec très peu de place, de moyens financiers, de temps, si l’on pratique le jardinage sol vivant, si l’on s ‘adapte aux besoins des plantes et si l’on oriente nos efforts la première année non vers la rentabilité mais vers la mise en place d’un espace où la biodiversité est primordiale.
L’échange et le partage avec nos voisins est la plus belle récolte que nous puissions espérer..!
Bonjour, je m’appelle Jacques Subra, j’ai 67 ans et je suis retraité, après une formation de mécanicien, mon parcours professionnel a été assez diversifié.
Mécanicien, conducteur d’engins TP, artisan, quelques séjours a l’étranger, chef d’atelier en construction mécanique et pour finir, serrurier soudeur. Tout ceci m’a permis d’acquérir connaissances et ouverture d’esprit.
Gilles nous a proposé, a moi et d’autres jardiniers amateurs passionnés de participer a sa démarche de vulgarisation du jardinage « SOL VIVANT », ce que j’ai accepté avec plaisir car je pratique moi-même depuis une trentaine d’année en harmonie avec la nature et le respect du vivant.
En 1976 j’ai acquis un terrain de 5000m2 a Séron, commune rurale de 250 habitants dans les Hautes-Pyrénées, pour construire ma maison.
Situé sur un plateau , entre Tarbes et Pau a 380 mètres d’altitude le terrain est sur un versant exposé nord-ouest, le sol argileux-caillouteux n’avait jamais été cultivé. Couvert de fougères, genêts et ronces, la couche de terre végétale n’excédait pas quelques centimètres. Dès le début mon souhait a été de créer un espace de biodiversité avec un jardin cultivé en bio. En 1980 j’ai donc commencé à planter des arbres et arbustes divers, des haies et des fruitiers. Le jardin a commencé à prendre forme avec au début de piètres résultats vu la pauvreté du sol. Je me suis documenté et cherché une méthode de jardinage bio (je suis fils de paysan, ça aide !) Celle qui m’a paru la plus intéressante était la méthode Lemaire-Boucher a base d’algues (lithothamne) et d’extraits végétaux.
De bons résultats, mais obligation d’achat de produits extérieurs, alors que ma démarche était le moins d’intrants possible. Parallèlement j’ai commencé a composter avec tout ce que je pouvais récupérer de matières végétale et fumiers des fermes voisines. L’apport massif de compost a porté ses fruits et le sol s’est progressivement amélioré. En 1986 j’ai fait la connaissance d’agriculteurs biodynamiques, leur démarche m’a plu mais après cinq ans de pratique j’ai abandonné car trop complexe si l’on veut le faire correctement. Au fil des ans et d’ expériences mon jardinage actuel est basé sur le compost, la couverture permanente du sol avec de la paille, du foin, des tontes et divers engrais verts.
Il y a des buttes, des ados et des caisses. Légumes et fleurs sont mélangés et dispersés dans l’ensemble du jardin. Je prend grand soin de l’environnement et du bien-être des auxiliaires avec la présence de nichoirs pour les oiseaux et les insectes, en particulier pour les osmies ou abeilles maçonnes (cf. photo ci dessous : le nichoir à Osmies est au milieu et à gauche, un gros plan sur l’insecte) très utiles pour la pollinisation en période froide. Il est également important d’avoir une biodiversité végétale maximale.
Enfin une mare abrite grenouilles, tritons, salamandres et sert de lieu de pontes aux libellules.
Une serre-tunnel de 6 x 8m me permet certaines récoltes avec un mois d’avance , de faire les semis de printemps et de récolter tomates, piments et aubergines jusqu’en novembre .
En ce début avril, j’ai planté les pommes de terre, oignons ,salades, semé carottes, salade, persil… la serre est occupée par des pommes de terre a récolter fin mai, les tomates hâtives, les plants de tomates a mettre en place vers le 12 mai a l’extérieur et divers semis.
Depuis un an j’expérimente le BRF, les premiers essais n’ont pas été concluants
J’ai apporté le BRF fin février 2010, semé et planté en avril et mai, je n’ai quasiment pas eu de récolte sur ces essais. J’en ai déduit qu’il faut faire les apports beaucoup plus tôt (octobre ou novembre) pour laisser le temps au sol d’assimiler le BRF.
Voici quelques photos du jardin prises le 14 avril 2011:
« Jardin en caisses » : à Gauche ail + laitue feuille de chêne après des épinards d’hiver ( à noter deux batavias de semis spontané), et à droite fèveroles qui seront hachées et laissées sur place pour une plantation de tomates.
Culture sur ados. Échalotes plantées en novembre. Remarquez la différence entre les 4 pieds avec BRF mis en Mars 2010 et les suivants avec BRF mis a la plantation.culture sur buttes. Bordure de consoude.
Je conclurai en remerciant Gilles pour son initiative, qui je l’espère fera se rencontrer un grand nombre de jardiniers soucieux d’un avenir plus sain pour l’Homme et la Nature
Il y a quelques semaines, j’avais fait appel à vos contributions pour répondre à une question de mon ami et fidèle lecteur Carlos Maricato à propos des possibilités de valorisation du marc de café au jardin. S’en est suivit un nombre incalculable de réponses qui ont demandé un peu de temps à Carlos pour en faire la synthèse. Et la voici donc à votre disposition, je laisse la parole à Carlos à propos des divers usages que l’on peut faire de cet apport :
Effet répulsif
Les limaces ne semblent pas apprécier.
Le marc fait fuir ou empêche l’installation des pucerons. Il faut en mettre au pied des végétaux concernés.
Il favoriserait la floraison.
Eric Petiot (auteur du livre « les soins naturels aux arbres », 2010) signale l’infusion de café en pulvérisation comme un bon répulsif à limaces. Possibilité de pulvériser dans ce but du café au lait, le lait permettant une meilleure adhérence du café sur la végétation à protéger.
D’après Hollingsworth R. G. et Al. (Annals of applied Ecology 142: 91-97, 2005), la caféine agit à la fois comme répulsif et comme produit toxique contre les escargots et limaces. Remarque : l’extrait de piment de Cayenne est aussi un bon répulsif!
Semis
Bien sec, il se mélange aux graines fines pour bien répartir les semis
Rapport C/N = 24 correct pour engager les processus de décomposition et d’incorporation au sol. Pour info, l’herbe est autour de 15 et le fumier entre 15 et 30.
PH: 6.2
220 kg de matière organique au m3 (442 lbs. organic matter per cubic yard)
L’intérêt du marc de café réside d’abord dans sa teneur importante en potassium et magnésium immédiatement assimilables, puis dans celle également importante de phosphore et de cuivre qui sont pour moitié immédiatement assimilable.
En revanche, il est trop pauvre en calcium, zinc, manganèse et fer pour compenser des carences de ces éléments.
Il contient pas mal d’azote, mais non immédiatement assimilable. Cet azote n’est libéré que progressivement, lors de la dégradation. A noter : seul 0.09% est directement disponible! Le reste est « lié ».
Il représente enfin une source importante de matière organique à court et long terme.
Il peut être utilisé comme d’autres amendements organiques en quantité comparables, soit des apports de 25 à 35 %.
Plantes carnivores
Les américains ont eu beaucoup de succès ces derniers temps en fertilisant des espèces du genre Nepenthes avec du café, peut être en raison de la richesse nutritive de cet amendement.
Conclusion
De nombreux atouts en jardinage en tant qu’ingrédient pour le compostage, ou pour le lombricompostage. Sa richesse en élément nutritifs est intéressante (azote 3%, potassium…)
Il peut servir pour réaliser les semis de petites graines, avec l’avantage d’avoir une densité (rapport poids/volume) sensiblement identique aux graines d’où un bon mélange des graines avec le marc.
Il peut avoir des propriétés répulsives face aux limaces et escargots.
Au final, une matière organique qu’il conviendrait de collecter….
Documents d’intérêt:
Le CTIFL et la station régionale de la SERAIL prés de Lyon ont réalisé une étude sur les amendements organiques.
La Chambre Régionale d’Agriculture Languedoc Roussillon va sortir un guide sur le même sujet cet été.