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Compostage à froid : Le « mille-feuilles de BRF à la Bretonne » par Gilles Bernard

Voici un nouvel article invité écrit par un de mes correspondants bretons: Gilles Bernard qui avait déjà contribué à mon blog cet été. Le voici de retour avec un article expliquant sa production de compost à basse température pour pour réaliser ses semis en godets.

En jardinage naturel, les pratiques sont variées, et à côté des puristes (comme Gilles 😉 ) qui limitent leurs apports organiques aux seuls compostages de surfaces, il y a ceux qui, ponctuellement,  « aident » la nature par quelques apports de compost.

Je fais partie de cette deuxième catégorie, et cet apport s’opère via les godets de plantation. Je privilégie en effet, chaque fois que possible, un semis en godets de compost pur opéré en mini-serre.

Le jardinage est toujours affaire de compromis : entre  le « laisser faire la nature » et risquer de voir les légumes céder le pas aux adventices et au prédateurs, et le « tout contrôler à tout prix » et risquer de créer un milieu de culture purement artificiel, j’ai opéré cet arbitrage consistant à mener la phase de démarrage des plants sous parfait contrôle en serre pour ensuite livrer la plante à son développement naturel sans la moindre intervention dans la phase de plein air.

Je vois dans cette pratique plusieurs avantages :

  • plantations précoces,
  • meilleur contrôle des prédateurs, limaces en particulier,
  • contrôle des adventices,
  • travail à hauteur
  • raccourcissement du cycle végétatif de plein air et donc possibilité d’enchaîner jusque 3 récoltes par an dans les carrés.

Du coup se pose pour moi la question de l’approvisionnement en compost, car pour 100m² de carrés potagers, il me faut garnir dans les 2000 godets, soit un besoin de 300 litres de compost bien mûr tamisé.

Je pratique le compostage en tas, et recycle tout ce qui peut me tomber sous la main.

Pas un article sur le compostage qui ne parle d’une forte montée en température dès les premiers jours, gage indiscutable d’un compost réussi. Des températures de 50 à 70° apparaissent comme un passage obligé : un beau tas de compost est un compost qui fume.

Pourtant, dans la nature, rien de semblable : imaginez une forêt dont le sous-sol monterait pareillement en température ! Adieu cèpes et girolles, adieu scarabées et salamandres… Il y aurait bien le tas de foin mouillé», ou le tas d’algues vertes sur les côtes bretonnes qui chauffent eux aussi très fort, mais rien de bien naturel dans ces situations, en tout cas pas de celles qu’on voudrait reproduire au jardin.

Pourtant le dogme est là : il faut que ça chauffe !

Très attaché à suivre ces préconisations académiques, je me suis moi-même employé, pendant des années, à réunir les conditions pour faire de mon compost une véritable « centrale thermique » : matières vertes à l’excès, humidité, aération.

Pourtant, un jour, un tas a « foiré », les températures restant désespérément basses. Arrosage, retournement, rien n’y a fait ! Délaissant ce tas de compost facétieux et retors, j’ai fini par l’oublier au fond du jardin. Puis vint le jour où me décidant à recycler ces matériaux, ne serait-ce que pour faire de la place, surprise, j’ai découvert un compost bien noir, mûr à souhait, à l’odeur d’humus prononcé.

Puis au fil des années, le phénomène s’est reproduit de façon fortuite, une fois, deux fois et chaque fois ce même résultat : l’un des plus beaux composts jamais obtenus.

D’où cette interrogation : ce dogme ne serait-il pas tout simplement le reflet d’une société où on doit à tout prix gagner du temps, reproduisant au jardin des réflexes de productivité qui n’y ont pas leur place !

les matériaux ont été rassemblés sur l’aire de compostage : végétaux aquatiques (ici, du cresson issu de ma mare), BRF (branches de pommiers et de figuiers récupérées chez un voisin ), litière de volaille peu chargée, algues (en bord de mer, la récolte des algues en échouage est une véritable aubaine pour les jardiniers), vieux compost

Si comme moi, vous pensez que le jardinage naturel c’est aussi la réappropriation du temps long, et pour peu que vous soyez tentés de reproduire le phénomène d’humification naturel vous déciderez peut être un jour de conduire votre tas de compost en basse température.

Si l’expérience vous tente, voici quelques conseils issus de plusieurs années de pratique :

  • Varier les matériaux : un tas de compost composé d’un seul élément devient rapidement ingérable et un assemblage de 5 matériaux différents me semble un bon compromis.
  • Combiner intelligemment déchets carbonés et déchets azotés. On associera en strates successives les matières carbonées (brunes, dures, et sèches telles que feuilles, vieux foins, pailles, litières peu chargées, BRF) et les matières azotées (vertes, molles, déchets ménagers, tontes, mauvaises herbes, plantes aquatiques…)
les matériaux sont assemblés en tas par couche successives de quelques centimètres d’épaisseur
  • Ne pas trop arroser, voire ne pas arroser du tout. La fermentation basse ne s’accompagne que d’une très faible évaporation d’eau, à la différence des fermentations hautes. De plus, un excès d’eau diminue la quantité d’air contenu dans le compost, et peut conduire au développement de processus anaérobie s’accompagnant de composés volatils nauséabonds (méthane, hydrogène sulfuré, ammoniac)
  • Aménager des zones tampons : prévoir de façon régulière une strate d’un matériau présentant une bonne inertie thermique : une couche constituée de quelques fourchées de vieux compost constitueront un obstacle à la « propagation » des hautes températures. Un BRF sec (obtenu à partir de fagots fanés, ou BRF vert étalé au grand air pendant quelques jours) jouera un rôle équivalent.
  • Aérer le tas : les japonais placent verticalement dans leur tas, au moment de l’assemblage, quelques bambous qui seront retirés après 2 ou 3 jours, constituant autant de cheminées d’aération.
le tas terminé fait une belle hauteur, il se tassera d’un bon tiers en 1 mois

Voici quelques éléments d’explication un peu plus techniques :

Dans un compostage à chaud, la rapide montée en température correspond à une multiplication rapide des bactéries mésophiles (aptes à vivre dans des températures de 30 à 50°) puis thermophiles (aptes à vivre dans des températures de 50 à 90°), bactéries qui dans le processus de dégradation de la matière organique vont rapidement s’attaquer aux composés les plus dégradables (glucoses, amidons…).

Suit, après quelques semaines, une deuxième phase dite de « maturation » : tandis que les températures se stabilisent entre 30 et 50°, une nouvelle génération de bactéries associée à des champignons et des actinomycètes va engager  la dégradation des composés les plus résistants (celluloses lignines…), et progressivement mettre en œuvre la biosynthèse des composés humiques.

Dans notre compost « raté », nous avons sauté la première étape, et les micro-organismes de la phase maturation ont assuré seuls le processus d’humification.

Pour conclure, je vous propose de balayer quelques objections « faciles » :

  • Objection n° 1 : les graines de mauvaises herbes habituellement détruites dans la phase de chauffe ne seront pas détruites dans le compostage à froid. Mon expérience personnelle me fait dire que quelles que soient les méthodes de compostage, le jardinier n’échappe pas au sarclage, malheureusement, et je n’ai pas remarqué que les adventices soient plus ou moins présents avec ce compost.
  • Objection n°2 : les éléments pathogènes habituellement détruits dans la phase de chauffe ne seront pas détruits dans le compostage à basse température. Hormis le cas d’incorporation de résidus de toilettes sèches qui appellent la plus grande prudence, et ce quelle que soit la technique de compostage utilisée, je ne vois pas quels éléments pathogènes pourraient être préoccupants.
  • Objection n°3 : le temps de compostage est singulièrement rallongé. En fait, pas tant que ça, et 6 mois suffisent pour obtenir un compost acceptable, 1 an de maturation étant quand même l’idéal
toute la basse-cour est très intéressée par l’opération!
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Du BRF gratuit et en abondance

Pour ceux qui se plaignent d’avoir du mal à trouver du BRF, voici une petite idée que nous avons mis en application début novembre.
Le sud Ardèche dans lequel je vis depuis juin dernier a été le théâtre de précipitations diluviennes, il tombé sur les reliefs cévenols au dessus de chez moi environ 700mm en moins d’une semaine!!!
Bien évidement les rivières ont largement débordés et quelques jours après, une fois la décrue bien entamée, voici ce qu’on pouvait voir dans les forêts au bord du Chassezac, le principal affluent de l’Ardèche:

BReF, il n’y a qu’à se servir!
Bon c’est vrai, j’entends déjà les puristes me dire que c’est pas du « vrai » BRF: il y a du résineux là dedans, c’est que du bois sec… Bon OK, c’est vrai, mais c’est toujours de la lignine, c’est ce qui m’intéresse le plus à amener dans mon jardin en complément de tout ce qui est déjà apporté par les cultures et couverts hivernaux ! En plus ce « BRF » est déjà fortement colonisé par du mycélium qui n’aura plus qu’à ensemencer le sol jardin !
Alors nous nous sommes servis et nous avons ramené tout ça au jardin, l’occasion d’une petite sortie en famille au bord de la rivière!

Et puis nous avons mélangé au léger paillage de résidus de sarclage disposé entre les rang de pois gourmand/orge/triticale, pois nains et autres fèves:

Alors pour ceux qui ne savent pas où trouver du BRF et qui ont une rivière en crue près de chez eux, vous savez ce qu’il vous reste à faire!

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Près de l’Océan, toujours en Finistère, voici le jardin de Gilles !

Je suis l’heureux propriétaire d’un grand potager que je mène de façon assez classique en planches surélevées avec légumes en mélange et apport régulier de BRF. Seuls oignons et pommes de terre sont menés en culture à plat.

Le jardin, situé en bord de mer, bénéficie d’un climat doux océanique, qui nous permet de démarrer les cultures très tôt et de bénéficier en été d’une fraicheur bienveillante. En contrepartie, l’ensoleillement, parfois parcimonieux, pénalise certaines cultures et quelques pluies « salées » en tout début de printemps peuvent bruler les cultures. Je complète cette activité de jardinage d’une pratique de pêche en mer et je vise à assurer au maximum notre autonomie alimentaire.

Je voudrais vous faire découvrir les conditions de mise en culture d’une nouvelle parcelle,  tel que nous l’avons vécu ce printemps.

Cette parcelle, bien que pâturée, n’avait  pas été travaillée depuis 50 ans. En outre, quelques arbres, des peupliers tremble, encombraient la parcelle. Pour couronner le tout, une partie du terrain était gorgée d’eau !

La question dès lors était simple : comment mettre rapidement en culture, sans dessoucher, sans faire intervenir de gros engins et en respectant les principes du sol vivant chers à Gilles Domenech ?

L’objectif était rapidement  arrêté : réaliser dès cette année deux buttes, deux plates bandes surélevées et implanter une serre. Voici le déroulé des travaux

Janvier :

Les arbres sont  coupés et les souches laissées en place. Les branchages sont  assemblés en fagots pour une fabrication de BRF sec ultérieure.

Février :

Les platebandes surélevées prennent place vaille que vaille entre les souches. Des cadres, en solides  planches de sapin sont  posés au sol, et le couvert végétal, laissé en place, est recouvert de cartons. Les cadres sont alors remplis à raison de 1/3 de terre prélevées dans les allées et 2/3 de broyat vert composté récupéré gratuitement sur une plateforme de compostage de déchets verts intercommunale.

Sur le même principe, trois autres platebandes sont installées à l’emplacement prévu pour la serre tunnel (la serre ne sera montée que plus tard, laissant ainsi au substrat le temps de se stabiliser).

Les souches sont restées en place, de même que le couvert végétal laissé intact sous les buttes et les carrés.

Mars :

C’est alors aux buttes en lasagne de prendre place, là aussi entre les souches et sans aucun travail du sol, toujours avec cartons et broyat issu de plateforme de compostage de déchets verts.

Les buttes ont été implantées entre les souches et à même le couvert végétal. Cliquez sur l’image pour la rendre plus lisible.

Avril :

La serre est montée et vient recouvrir  3 plates bandes surélevées prévues à cet emplacement.

Dans les deux plates bandes extérieures, les cultures prennent place : fraises, framboises, cassis, groseilles, myrtilles, artichauts, asperges, ocas du Pérou, crambe maritime, rhubarbes, topinambours pour les cultures pérennes et quelques légumes à cycle court plantés en mélange.

Mai :

Dans la serre, le contenu des platebandes est retourné afin d’obtenir un amalgame correct entre terre des mottes et broyat composté. Le couvert végétal s’est déjà dégradé et les vers de terre se concentrent sur ces matériaux en décomposition.

Les légumes fruits sont mis en place dans la serre : melons, concombres, aubergines, poivrons, tomates. Les plants ont été démarrés en mini-serre dès le mois de mars.

Les buttes sont mises en culture : il nous fallait des plantes pionnières suffisamment puissantes pour exploiter le broyat peu décomposé et percer le carton, puis le couvert végétal en décomposition sous les buttes. Les cucurbitacées répondaient parfaitement à ces objectifs : potimarrons, courge musquée, pomme d’or, patisson, giraumon turban, bleu de Hongrie, butternut.

La couverture de BRF sec est mise en place et servira de paillis.

Quelques fagots posés sur des cartons préparent la terre pour de nouvelles cultures. Les courges coureuses échappées des lasagnes, s’accrochent aux fagots.

Juin :

On arrose, et on regarde pousser.

dans ces carrés en fin de cycle, la plupart des légumes ont été récoltés et les fleurs prennent leurs aises.
Les plants, démarrés en serre, ont pris place dans le carré il y a 15 jours seulement. Les navets sont déjà bons à récolter.
En 2 mois seulement, les tomates ont atteint le sommet de la serre. Ici tomates des Andes cornues

En conclusion :

Pari plutôt réussi.

Sans trop d’effort, et avec pour seuls engins motorisés une tronçonneuse et une tondeuse, nous avons mis en œuvre 120m² de cultures et déjà effectué les premières récoltes.

A part quelques déconvenues comme le carré d’artichauts gloutonné en une semaine par les campagnols, ou quelques attaques de limaces et de vers de la mouche sur les crucifères, les résultats sont très encourageants. Pas de maladies pour l’instant dans un milieu de culture pourtant très « artificiel ».

Sur cette esplanade, nous pratiquons une forme originale de compostage à plat : paille, fougères et joncs viennent régulièrement enrichir la plateforme tandis les poules grattent triturent et retournent sans cesse le substrat, à la recherche des grains et déchets ménagers distribués en place. Le compost, récolté une fois par an, vient garnir godets et terrines après passage au crible.
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Cap vers le Finistère pour découvrir le petit jardin de Claire et Nico dans les Monts d’Arrée

Notre Petit Potager…

Voici notre jardin! Nous sommes situés dans un petit village des Monts d’ Arrée, dans le Finistère. L’altitude est d’ environ 300 mètres, le quart de la superficie communale est constitué de crêtes schisteuses, landes et tourbières, nous vivons a 2km d’une carrière de kaolin.

Nous essayons de gagner en autonomie avec peu de temps, car nous avons des enfants en bas âge, peu de moyens et peu de connaissances de la terre et des végétaux….

Nous aimerions présenter ici la façon dont nous avons procédé pour préparer 2 petits bouts de terre à accueillir un potager modeste cette année, et apprendre « sur le tas » pour nous adapter l’an prochain et continuer nos expériences sur une plus grande surface, en l’occurrence une parcelle de bois prêtée gracieusement par une voisine curieuse de cette façon de faire…!

La terre n’avait pas été cultivée depuis 5 ans, elle est surtout argileuse… Il y a beaucoup de vers de terre et il y pousse surtout du rumex et de l’euphorbe. Elle a été bêchée l’an passé et passe cette année au jardinage sol vivant.

Vue générale du jardin cet hiver

Le petit bout de terrain a droite des noisetiers, ajouté ensuite, est a l’abandon depuis plus de 30 ans…

La culture sur butte a été choisie car nous espérions pouvoir récolter un peu cette année. Elle a été montée en janvier, pas très haute, composée d’une couche d’humus, de feuille morte et tonte de pelouse. Dès février, des oignons ont été plantés sur la butte et des fraises sur les pentes pour structurer et éviter l’érosion et apporter un couvert permanent, conserver l’humidité et de ce fait, nous dispenser d’un arrosage trop important.

Un apport de 5cm de brf a été fait début mars, puis un paillage quelques jours plus tard. Puis, toujours dans notre démarche « récup », nous avons nettoyé un bout de terrain derrière chez nous, récupéré beaucoup d’ardoises que nous avons disposé sur les côtés des buttes pour apporter de la chaleur.

En procédant ainsi, nous voulions essayer de palier le manque d’azote du brf la 1ere année par l’apport d’humus. Nous avons pensé que la plante pourrait se développer dans les couches inférieures au brf.

la serre bricolée en noisetier

Tous les semis ont été faits en godets, en serre bricolée en noisetier. Les salades, haricots, betteraves, navets, épinards, céleri, chicorée ont été semés en place sur la butte disposée en carré ou au centre de ce carré, dans lequel ont été ajouté selon les cultures quelques bâches noires, ou un paillage de tonte de pelouses ou un paillage en carton pour nos « expériences »…

Nous avons monté des tours à pomme de terre, solution trouvée pour pallier au manque de place… puis comme nous avons récupéré un petit bout de roncier que nous souhaitions cultiver, nous avons essayé de planter des pommes de terre sur cartons.

Au fond de la serre ont été semés en février des carottes purple dragon, des laitues de printemps, des poireaux d‘été et de l’arroche, des betteraves, tomates, céleri.

Vue générale du jardin le 22 juin dernier

Ensuite, au fond du jardin on a le compost, la cabane à oiseaux et les bacs.. La terre est très meuble, elle a été amenée de la butte derrière. Dans ces bacs on a pour l’instant des radis, de la salade, les aromatiques.
A ce jour, en ce qui concerne la butte:

Positif:

Les radis semés dans le brf directement et dont les racines sont allées en dessous, super rendement, les choux aussi sont énormes… Les oignons, les fraises, les blettes, les choux de Bruxelles, malmenés par le climat se développent bien aussi. Les courges se plaisent même si leur croissance est lente mais nous avons décidé de ne pas arroser quotidiennement, et le climat n’a pas été à leur avantage, un mois et demi sans pluie ce printemps!

Moyen:

La salade sur butte a une croissance très lente, adaptation difficile… alors que celles plantées en même temps sur bâche noire ont été récoltées beaucoup plus tôt..

Négatif:

Les carottes sur butte n’ont même pas levé, avons essayé 2 variétés différentes. Les mulots ont aimé les carottes purple, au point de construire leur nid juste en dessous..

Quant aux adventices, rien n’arrête le rumex et l‘euphorbe (qui ceci dit a la réputation d‘éloigner les taupes et nous n‘en avons pas cette année).

Nous avons récolté il y a 15 jours les premières pommes de terre au sol, pas encore les tours a pomme de terre.

A la serre, un beau pied de tanaisie a l’entrée nous a évité des invasions de nuisibles!! Coté structure, malgré un hiver un peu rude ici, elle a tenu bon!

Les seuls semis qui ne sont pas partis sont les tagetes nématocides. Nous avons souvent eu recours au purin d’ortie (les tomates ont apprécié) et avons planté de la consoude et plusieurs variétés de fleurs à divers endroits du jardin, toujours dans une recherche de biodiversité.

Nous nous apprêtons a récolter nos graines de l’an passé.

Le jardin a été agrandi en avril d’un petit bout de roncier. Tout a été coupé et laissé sur place pour séchage et enlèvement d’un maximum de racines puis tassage au pied. Nous avons creusé pour créer une petite mare entre les 2 bouts de jardin et avons apporté la terre sur le tapis de ronces sèches, et enfin paillé.

En mai, nous y avons planté salades, carottes, céleri, pommes de terre sur carton, tomates, maïs, amarante et courges. Ces dernières ont eu du mal a partir mais tout pousse!

Dans la serre les tomates poussent vigoureusement

Bilan:

A ce jour, on est contents car le jardin prend forme et nous offre une petite récolte pour cette année.

Tous les plants, bâche, terre et brf sont issus de trocs avec des voisins jardiniers et a permis la naissance d’une idée, « jardiner ensemble » et que chacun fasse pousser ce qui se plait bien sur son terrain et puisse échanger avec son voisin ce qui s’y plait moins… cela a aussi donné lieu a des chantiers brf chez chacun avec les essences de son propre terrain pour ne pas avoir a déplacer la matière trop loin de son endroit d’origine.

Même réflexion pour l’humus que nous avons pu nous permettre de ramener car une voisine ayant une parcelle boisée non entretenue nous a permis d’y établir un projet de verger et l’implantation de serres plus résistantes et de buttes plus hautes et structurées; pour l’instant, les chèvres débroussaillent…

Pour conclure, nous dirions qu’il est possible de faire un potager varié et vivant avec très peu de place, de moyens financiers, de temps, si l’on pratique le jardinage sol vivant, si l’on s ‘adapte aux besoins des plantes et si l’on oriente nos efforts la première année non vers la rentabilité mais vers la mise en place d’un espace où la biodiversité est primordiale.

L’échange et le partage avec nos voisins est la plus belle récolte que nous puissions espérer..!

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Découvrons le jardin de Loïc à Rouen

Je jardine depuis quelques années sur le modelé de mon père et de mon grand-père. C’est-à-dire le potager traditionnel avec une terre a nue et un désherbage régulier. Je vis dans une petite maison de ville juste à côté de Rouen.

Mon prénom c’est Loïc, j’ai 40 ans et je suis informaticien dans le domaine des réseaux et serveurs. J’ai déménagé dans cette maison de ville, il y a 3 ans et je suis passé de 2000m2 en campagne à 200m2 en ville. J’ai tenté de déménager mes méthodes de jardinage aussi, mais sans succès. La différence la plus frappante est au niveau de la terre, j’ai considérablement perdu en qualité, je suis passé d’une terre riche et fertile a une sorte de remblai sablonneux et complètement stérile. A l’œil on devine déjà que pas grand-chose ne poussera dessus. Vous pouvez creuser vous ne trouverai pas un ver.

Mes 2 premières années de culture ont été des échecs, il suffit d’oublier d’arroser un jour, pour que les graines semées crèvent le jour suivant. Et quand bien même vous arriviez à faire lever quelques choses, les légumes devenaient vite malades et chétifs.

L’année dernière j’avais installé 4 carrés de potager pour expérimenter un peu la technique et j’ai remarqué une légère amélioration. Il faut dire que j’avais au préalable apporté un peu de compost.

Seulement mon problème de sécheresse restait entier. C’est depuis cette année, après avoir fait des recherches sur internet, que j’ai découvert la méthode de Soltner. J’ai appliqué ses méthodes en les adaptant un peu à ma sauce et depuis mes planches et carrés de culture sont largement couverts de diffèrent paillage.

Mon potager en carré est couvert d’un paillage fait maison en récupérant un peu tous ce qui me tombe sous la main.

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J’ai un jardin en lasagne couvert de paille et un autre couvert de feuille.

Le paillage a parfaitement réglé mon problème de sécheresse, la terre reste constamment humide et légère. Même en ce moment où le manque d’eau est important, je parviens à maintenir la terre fraiche.

Seulement le paillage a soulevé un problème au niveau des semis. J’ai donc mené quelques expériences de levée de radis sur différents paillages.

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Expérience de semis sur différents paillage.

Pour ma première tentative de semis, j’ai simplement dégagé le paillage pour semer, et replacer une couche plus mince de cette couverture faite maison. Après quelques jours, la levée était plutôt bonne, malheureusement j’ai rencontré un autre problème dû au paillage : l’invasion des limaces, du coup j’ai quasiment tout perdu..

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Ensuite j’ai essayé de semer directement sur le paillage. Je précise que sur mon potager en carré, le paillage fait au moins 7 cm. Pour résumer cette tentative, je dirais que le résultat est quasi nul si vous semer juste sur le paillage. Par contre, le simple fait de tapoter le paillage pour faire descendre les graines a amélioré le résultat. Mais il reste moins bon que dans la première méthode.

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Pour ma 3eme tentative, j’ai semé sur un paillage constitué uniquement de feuille morte. En ramassant le tas de feuille morte qui était reste tout l’hiver en place, j’ai remarqué que sous les premières feuilles de surface, qui entaient très sèches, l’intérieur du tas était bien humide. D’ailleurs les noyaux des prunes tombés dedans commençaient à germer. Je me suis dit que mes radis pourraient germer aussi, et je trouve que le résultat était plutôt bon. J’ai l’impression que les feuilles gardent mieux l’humidité et même si la graine n’atteint pas la terre, elle germe dans les feuilles et sa racine fini par descendre jusqu’à la terre.

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Les 3 expériences de semis sur paillage restent peu concluantes dans l’ensemble face à la levée de graine de radis sous mini serre. Les mini serres offrent tous les avantages, elles augmentent la température, elles gardent mieux l’humidité et elles protègent les jeunes plans des limaces gloutonnes.

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Mon objectif sur le long terme.

J’envisage de transformer mon terrain de 200m2 en une arche de Noé pour le vivant. Étant situé en pleine ville, j’aimerais pouvoir offrir un refuge a toutes les bestioles du coin. J’ai commencé par soigner mon sol, en lui apportant du fumier et du compost. J’ai pris soin de couvrir mon sol avec les déchets verts ramassés sur les trottoirs.

Aujourd’hui je regarde ma ville d’un autre œil : il y a quelques jours le service espace vert élagué les arbres d’une avenue, j’ai de suite saisi l’occasion de ramasser 2 remorques des jeunes branchages pour faire du BRF maison.

Depuis que chaque cm2 de mon sol est couvert, j’ai remarqué une améliorations de la fréquentation de mon terrains par les oiseaux. Je suis encore loin de la richesse du terrain de Jacques, mais j’y travaille et c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai pu prendre cette photo il y a quelques jours ! 🙂

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Un peu de théorie

Les flux d’énergie au jardin : une nouvelle approche de la fertilisation

L’énergie au jardin… Quel est donc cet étrange concept ? Vous avez tous entendu parler de la fertilisation sous ses différentes formes, de la nécessité d’apporter au sol des éléments nutritifs, de la matière organique… Mais de l’énergie, c’est beaucoup moins évident !

En fait une approche énergétique du jardinage ou de l’agriculture est tout bonnement une autre approche de la fertilisation. Dans cette approche, les plantes sont perçues comme un capteur solaire qui transforme l’énergie lumineuse du soleil en énergie chimique, c’est à dire l’énergie qui lie  entre eux les atomes de carbone, hydrogène, oxygène, azote et bien d’autre dans toutes les molécules qui les composent : sucres, protéines, cellulose, lignine, polyphénols…. Et les matières organiques du sol sont simplement le mode de stockage de cette énergie dans le sol. Qu’est ce que cela apporte au niveau pratique ? C’est ce que je vais vous expliquer un peu plus loin, détaillons d’abord un peu plus les flux d’énergie au jardin.

Cette énergie : d’où vient-elle, comment se transforme-t-elle ?

Votre jardin, comme toute surface de terre recouverte de végétation est un véritable capteur solaire ! Je vous disais juste au dessus que les végétaux, grâce à la photosynthèse, captent l’énergie solaire et la transforment en énergie chimique. Ensuite cette énergie est transmise à tous les organismes qui se nourrissent directement de tissus végétaux vivant ou en décomposition. Cette transmission suit des voies aussi différentes que la consommation d’exsudat racinaires par des champignons, bactéries et animaux du sol, la chute des feuilles, la mort des racines fines, le broutage par les herbivores, les symbioses racinaire (mycorhizes et bactériorhizes), le parasitisme des plantes par des champignons, insectes, nématodes…

Cette énergie est ensuite transmise aux prédateurs de ces organismes et ainsi de suite. Mais bien sûr à chaque étape une grande partie de l’énergie est perdue sous forme de chaleur du fait du métabolisme des êtres vivants par lesquels elle transite. C’est ainsi que les quelques microgrammes de la puce qui parasitent le lion ont nécessité beaucoup plus de photosynthèse que ceux du cloporte qui se nourrit directement de végétaux en décomposition !

Voici un schéma (très) simplifié des flux d’énergie dans un écosystème naturel (cliquer sur l’image pour l’agrandir) :

Cela amène à deux conclusions directement pratiques pour le jardinier : l’utilisation en préférence de matières organiques d’origine végétales et la couverture permanente des sols.

Les matières organiques d’origine végétales :

Lorsque vous apportez au sol du fumier de vache, le carbone qu’il contient a d’abord été fixé par une plante, puis été mangé par la vache et enfin seulement rejeté sous forme de bouse. Une grande partie du carbone, donc de l’énergie solaire fixée par la plante est partie sous forme de chaleur dans le métabolisme de la vache. Et je ne parle même pas de ce qui est éventuellement perdu par compostage, souvent nécessaire dans ce type de situation.

A l’inverse un couvert végétal détruit directement après avoir produit plusieurs kilogrammes de matière sèche au m², fait profiter directement de toute sa biomasse au sol. C’est ainsi qu’il aura fallu beaucoup plus de végétaux pour fertiliser votre sol avec du fumier qu’avec le couvert végétal ! Cela vient contredire le mythe de la complémentarité agriculture-élevage encore prépondérant en agriculture bio. En effet, une approche énergétique indique que la fertilisation la plus efficace passe directement par les végétaux et non par les tubes digestifs des animaux !

Cela ne signifie pas que vous ne devez pas utiliser d’excrément animaux pour fertiliser votre jardin, il est évident que si vous avez des animaux, il serait vraiment dommage de gaspiller la formidable ressource que constitue leurs excréments. Mais si vous n’en avez pas ou pas assez pour fertiliser votre parcelle, il est inutile de battre la campagne pour aller chercher du fumier, il y a beaucoup mieux à faire !

L’année dernière, j’avais vu dans le film de Coline Serreau « Solutions locales pour un désordre global » (film qui contient par ailleurs de très bonnes idées) un passage sur la fertilisation du riz dans le sud de l’Inde à partir d’un mélange de divers ingrédients, dont du lait de vache… Après ce qui précède, je pense que vous aurez compris que si utiliser des sous produit d’élevage est peu efficace d’un point de vue énergétique, utiliser un produit comme le lait est un véritable non sens ! Je regrette qu’une cette pratique soit proposée comme une solution, cela nuit à la crédibilité du film, c’est dommage.

A l’opposé si vous amenez au sol du BRF, vous injectez directement dans le sol l’énergie solaire fixée par l’arbre sous forme de cellulose, de lignine, de polyphénols… Un reproche souvent fait à ce type de pratique est la grande quantité de matière première nécessaire pour avoir un effet probant. L’approche énergétique que je propose ici nous donne un élément de solution : pour diminuer la nécessité d’apporter du BRF, il faut améliorer la fixation d’énergie au sein même du jardin, ce qui est très facile à réaliser en couvrant en permanence le sol avec des plantes vivantes !

La couverture permanente des sols :

L’air de rien, cette approche énergétique change complètement le regard porté aux matières organiques du sol. C’est du carbone, certes, mais c’est aussi et surtout de l’énergie solaire stocké dans le sol ! Et les plantes, quelles qu’elle soient, sont comme des panneaux solaire. Vu comme cela, que dire d’un sol nu au début du printemps ? Sinon que cela équivaut à des panneaux solaire recouverts d’une bâche opaque. Pendant des mois comme avril et mai au cours desquels les journées sont longues et souvent ensoleillées, comme cette année, quel gâchis ! Or en traversant nos riantes régions de France et de Navarre, que de sols encore à nu en cette fin avril 2011, tant dans les jardins que dans les champs… Qui dit sol nu, dit déficit d’énergie solaire fixée par les plantes, donc déficit de matière organique crée in situ et donc de matière organiques apportée au sol… Du coup, il faut en amener par un autre moyen (fumier, BRF, paille…).

Vous l’aurez compris, je trouve primordial de laisser le potager toujours couvert et de préférence avec des plantes vivantes ! C’est pourquoi je conserve mes couverts végétaux au moins jusque fin avril, voire début mai et pourquoi je trouve indispensable de consacrer une bonne partie du potager aux cultures d’hiver et si possible d’enchaîner tout de suite derrière avec une culture d’été !

Voici pour cette brève approche énergétique du jardinage qui a pour but de proposer une compréhension de la fertilisation qui au lieu d’être basée sur la mise à disposition de nutriments (par des apports chimique ou organique) est basé sur la quantité de carbone atmosphérique et donc d’énergie solaire fixée par la végétation et ramenée directement au sol ! Que vous soyez ou non déjà familier de type d’approche, je vous invite à laisser ci-dessous votre commentaire ou vos questions.

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Le jardin bio de Jacques dans les Hautes Pyrénées

Bonjour, je m’appelle Jacques Subra, j’ai 67 ans et je suis retraité, après une formation de mécanicien, mon parcours professionnel a été assez diversifié.

Mécanicien, conducteur d’engins TP, artisan, quelques séjours a l’étranger, chef d’atelier en construction mécanique et pour finir, serrurier soudeur. Tout ceci m’a permis d’acquérir connaissances et ouverture d’esprit.

Gilles nous a proposé, a moi et d’autres jardiniers amateurs passionnés de participer a sa démarche de vulgarisation du jardinage « SOL VIVANT », ce que j’ai accepté avec plaisir car je pratique moi-même depuis une trentaine d’année en harmonie avec la nature et le respect du vivant.

En 1976 j’ai acquis un terrain de 5000m2 a Séron, commune rurale de 250 habitants dans les Hautes-Pyrénées, pour construire ma maison.

Situé sur un plateau , entre Tarbes et Pau a 380 mètres d’altitude le terrain est sur un versant exposé nord-ouest, le sol argileux-caillouteux n’avait jamais été cultivé. Couvert de fougères, genêts et ronces, la couche de terre végétale n’excédait pas quelques centimètres. Dès le début mon souhait a été de créer un espace de biodiversité avec un jardin cultivé en bio. En 1980 j’ai donc commencé à planter des arbres et arbustes divers, des haies et des fruitiers. Le jardin a commencé à prendre forme avec au début de piètres résultats vu la pauvreté du sol. Je me suis documenté et cherché une méthode de jardinage bio (je suis fils de paysan, ça aide !) Celle qui m’a paru la plus intéressante était la méthode Lemaire-Boucher a base d’algues (lithothamne) et d’extraits végétaux.

De bons résultats, mais obligation d’achat de produits extérieurs, alors que ma démarche était le moins d’intrants possible. Parallèlement j’ai commencé a composter avec tout ce que je pouvais récupérer de matières végétale et fumiers des fermes voisines. L’apport massif de compost a porté ses fruits et le sol s’est progressivement amélioré. En 1986 j’ai fait la connaissance d’agriculteurs biodynamiques, leur démarche m’a plu mais après cinq ans de pratique j’ai abandonné car trop complexe si l’on veut le faire correctement. Au fil des ans et d’ expériences mon jardinage actuel est basé sur le compost, la couverture permanente du sol avec de la paille, du foin, des tontes et divers engrais verts.

Il y a des buttes, des ados et des caisses. Légumes et fleurs sont mélangés et dispersés dans l’ensemble du jardin. Je prend grand soin de l’environnement et du bien-être des auxiliaires avec la présence de nichoirs pour les oiseaux et les insectes, en particulier pour les osmies ou abeilles maçonnes (cf. photo ci dessous : le nichoir à Osmies est au milieu et à gauche, un gros plan sur l’insecte) très utiles pour la pollinisation en période froide. Il est également important d’avoir une biodiversité végétale maximale.

Enfin une mare abrite grenouilles, tritons, salamandres et sert de lieu de pontes aux libellules.

Une serre-tunnel de 6 x 8m me permet certaines récoltes avec un mois d’avance , de faire les semis de printemps et de récolter tomates, piments et aubergines jusqu’en novembre .

En ce début avril, j’ai planté les pommes de terre, oignons ,salades, semé carottes, salade, persil… la serre est occupée par des pommes de terre a récolter fin mai, les tomates hâtives, les plants de tomates a mettre en place vers le 12 mai a l’extérieur et divers semis.

Depuis un an j’expérimente le BRF, les premiers essais n’ont pas été concluants

J’ai apporté le BRF fin février 2010, semé et planté en avril et mai, je n’ai quasiment pas eu de récolte sur ces essais. J’en ai déduit qu’il faut faire les apports beaucoup plus tôt (octobre ou novembre) pour laisser le temps au sol d’assimiler le BRF.

Voici quelques photos du jardin prises le 14 avril 2011:

« Jardin en caisses » : à Gauche ail + laitue feuille de chêne après des épinards d’hiver ( à noter deux batavias de semis spontané), et à droite fèveroles qui seront hachées et laissées sur place pour une plantation de tomates.

Culture sur ados. Échalotes plantées en novembre. Remarquez la différence entre les 4 pieds avec BRF mis en Mars 2010 et les suivants avec BRF mis a la plantation.
culture sur buttes. Bordure de consoude.

Je conclurai en remerciant Gilles pour son initiative, qui je l’espère fera se rencontrer un grand nombre de jardiniers soucieux d’un avenir plus sain pour l’Homme et la Nature

Jacques

http://lagranderecree.asso-web.com/

A Gauche ail + laitue feuille de chêne après des épinards d’hiver. ( à noter deux batavia de semis spontané)

A droite fèveroles qui seront hachées et laissées sur place pour une plantation de tomates.

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Est-il trop tard pour mettre des BRF sur le potager ?

Voilà une question qui me revient régulièrement à l’approche du printemps ! En plus, je viens de me rendre compte que je n’ai encore consacré aucun article aux BRF, alors en voici un !

En réponse à cette question : oui et non ! En voilà une réponse de normand me direz-vous ! Nous voilà bien avancés…

Dressons donc le décor, vous voilà avec d’un côté votre potager avec quelques planches de cultures d’hiver : poireaux, choux qui ne vont pas tarder à être récoltés ou fèves, pois qui sont encore au début de leur croissance et d’un autre un tas de BRF que vous auriez préférer voir arriver cet automne, mais qui n’est arrivé que maintenant. Alors quelques questions arrivent :

 « Puis-je épandre tout ça maintenant alors que le printemps commencer sérieusement à montrer le bout de son nez ? »

«  N’est-il pas mieux de le laisser composter jusqu’à l’automne prochain ? »

«  Ne devrais-je pas plutôt me contenter de l’utiliser sur des arbres ou vivaces et tant pis pour le potager, il attendra l’automne prochain ? »

Il n’y a pas une réponse à ces questions et vous avez en fait le choix entre ces différentes possibilités, suivant vos priorités du moment. La facilité étant bien entendu le dernier choix, celui d’épandre ces BRF sur des arbres ou des vivaces.

Il est vrai que si vous souhaitez mettre en place un système basé intégralement sur les BRF façon Jacky Dupéty avec incorporation aux premiers centimètres du sol, c’est en effet un peu tard et vous risquez notamment une faim d’azote très prononcée et d’une façon générale un résultat pour le moins incertain quand à la productivité du potager cette année. Il est préférable pour un tel projet, d’apporter les BRF à l’automne et de laisser les champignons s’installer tranquillement pendant l’hiver.

En revanche, si vous êtes sur un système associant les BRF à d’autres pratiques de gestion de la fertilité, vous pouvez les utiliser maintenant. C’est ainsi que vous pouvez par exemple amender légèrement des planches avec des cultures d’hiver, comme des fèves ou des pois ou encore pratiquer cet amendement sur un couvert végétal d’hiver. Ou encore, si vous utilisez une technique avec paillage permanent de BRF façon jacques Hébert ou Jean Marie Lespinasse, compléter le paillage aux endroits où il a disparu, mais cela peut être fait à n’importe quel moment de l’année.

Donc en conclusion, voici ma réponse à la question posée :

Non, il n’est pas trop tard si vous souhaitez amener du BRF dans votre potager cette année, à condition que vous le mettiez en simple paillage et que vous ayez mis en œuvre des pratiques complémentaires : culture de légumineuses, couverts végétaux, buttes autofertiles…

E si vous avez déjà eu l’occasion d’épandre des BRF si tard dans l’hiver, je vous invite à laisser ci-dessous votre témoignage sur ce qui s’est passé au potager l’année qui a suivit !

A la semaine prochaine

Gilles

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D’autres Jardins Sol Vivant en France et au Québec

Dans mon article précédent je vous ai décrit l’évolution d’un jardin sol vivant dans un contexte bien spécifique, en l’occurrence sur un coteau argileux du Gers. Mais soyons clair, je ne suis pas entrain de vous donner une méthode qui marchera partout, méfiez vous toujours des recettes toutes faites et inadaptées à la majorités des situations…

Pour illustrer cela, voyons un peu d’autres jardins qui fonctionnent sur les principes expliqués dans le deuxième article de blog mais qui sont très différents de ce que je fais.

Je vous en propose ici trois, deux en France et un au Québec avec des liens vers des sites internet ou des ouvrages pour approfondir votre connaissance des ces endroit et de ceux qui les cultivent.

Le Jardin Naturel de Jean Marie Lespinasse en Gironde

Cela fait 14 ans déjà que Jean Marie Lespinasse, retraité de l’INRA de Bordeaux et grand spécialiste des pommiers, cultive son jardin dans une orientation qui rejoint totalement le jardinage sol vivant que je propose. Ici, nous sommes en sol très sableux et acide (du moins à l’origine), tout le contraire de chez moi ! Il a choisi de travailler sur des buttes, qu’il appelle ados, suivant une terminologie locale, soutenues avec des planches, aplanies sur le dessus et semées de trèfle nain dans les allées. Ces ados sont maintenus en permanence couvert d’un mulch de quelques centimètres de BRF, plantés de poquets de luzernes permanents réparties sur toute la surface cultivée. Les cultures potagères sont mélangées de sorte que tout y côtoie tout (j’exagère un peu, il respecte quand même quelques règles). Le seul travail du sol reçu par ces buttes est effectué à la fourchette pour la mise en place des plants ! Il fait aussi grand usage de lombricompost et de jus de composts pour ensemencer le jardins en microorganismes utiles.

Pour en savoir plus, voir son excellent ouvrage : « Le jardin naturel » aux éditions du Rouergue.

Le maraîchage expérimental de Pierre Besse en Haute Garonne

Pierre Besse est ingénieur agronome et maraîcher, expérimentateur dans l’âme, cela fait plus de 10 ans qu’il cultive ses parcelles dans la plaine alluviale de l’Ariège. Chaque année voit son lot d’expérimentations nouvelles. Il utilise entre autres des paillages divers et variés (résidus de culture, paille, BRF, cartons, plastique…), un travail du sol qui, s’il a lieu, est toujours très superficiel, et l’amendement régulier de certaines parcelles avec du BRF composté. Et depuis 2 ans il met en culture des andains de BRF entreposés là depuis une dizaine d’année et colonisés par les ronces. Il a fallu défricher avant la mise en place de pommes de terre dans un premier temps puis de diverses cultures maraîchères.

Il n’existe pas à ma connaissance d’ouvrages ou de site internet qui décrive le travail de Pierre. Vous pouvez toutefois visionner quelques photos de ses parcelles à cette adresse qui amène sur le diaporama qu’il a proposé aux participants du colloque BRF de Toulouse en juin 2010 :

http://colloquebrf.enfa.fr/diaporamas-brf/maraichage/Besse.pdf

Rangée de tomates plantée directement à travers un andain de résidus de cultures
Cultures maraîchères diverses récemment mises en place directement dans un andain de BRF qui évolue là depuis une dizaine d’années

 

Le jardin de Vivaces de Jacques Hébert, pionnier des BRF au Québec

S’il est un pionnier de l’utilisation de BRF, c’est bien Jacques Hébert. Depuis les années 80, il cultive une parcelle d’un peu plus d’un hectare consacrée à la culture de plant de vivaces d’ornement. Il a mis au point une façon bien à lui de cultiver sur butte. Tout d’abord, il prépare un « pré-compost », ou plutôt un terreau de BRF fabriqué par mise en tas de BRF mélangé à une proportion significative d’argile (25% en fin de processus). Le compostage dure un mois et la température est contrôlée de façon à rester en dessous des 40°C. Ensuite ce terreau est incorporé à des buttes et paillé avec du BRF frais. Les années qui suivent, la seule intervention sur le sol consiste à ramener du BRF frais là le paillage a disparu, c’est tout ! Il arrive ainsi à cultiver des buttes sans aucun autre apport pendant au moins 12 ans (âge des plus anciennes buttes) ! Et les résultats sont tout à fait spectaculaires puisqu’il arrive même à allonger la durée végétative de ses plantes, dont la vigueur est tout à fait remarquable, ce qui est appréciable dans une contrée froide comme le Québec.

Pour plus d’informations sur son travail, je vous invite à visiter son site internet : http://www.jardinsvivaces-livegardens.com/

Aperçu des buttes de Jacques avec un paillage de BRF jusque dans les allées.
coupe schématique d’une buttes façon Jacques Hébert. La partie grisée est celle où se trouve le « précompost ».

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Bien sûr, cet aperçu des jardins sol vivants, n’est qu’un échantillon de ce qui peut se faire. D’ailleurs, je vous invite à laisser un commentaire ci dessous pour faire part de vos expériences.

En attendant, pour nourrir l’imagination et découvrir d’autres façon de jardiner avec la vie du sol, voici quelques ouvrages :

« le guide du nouveau jardinage » de Dominique Soltner (Ed. Sciences et Techniques Agricoles) dans lequel il dévoile tout une myriade d’itinéraires cultures, techniques divers et astuces de jardinier qui permettent de cultiver « sans bêchage, ni fraisage, ni sarclage, ni binage », comme le dit le sous titre de l’ouvrage.

« Le génie du sol vivant » de Bernard Bertrand et Victor Renaud (Ed. Terran) où une partie des pratiques utilisées dans le jardin de la ferme de Terran est décrite en fin d’ouvrage (livreVI).

Et bien entendu « Le jardin naturel » de Jean Marie Lespinasse (Ed. du Rouergue) déjà évoqué précédemment !

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Un jardin sol vivant au cœur de la Gascogne

Histoire que vous me connaissiez un peu mieux, voici un petit historique du jardin de mes parents que nous cultivons depuis 2007 sur un coteau argileux du Gers. Et quand je dis argileux, c’est très très argileux,

septembre 2007 : Récolte symbolique de tomate sur l'embryon du potager actue

bien lourd, quoi ! Pendant des années ma mère s’est cassé le dos à bêcher cette terre pour préparer de quoi faire deux rangées de fèves, elle avait fini par laisser tomber. Puis j’ai découvert les BRF en 2004 et l’idée à fait son chemin et en janvier 2007 elle a épandu du BRF sur une petite parcelle de pelouse préalablement sarclée à la houe, c’est là que commence notre histoire :

En 2007, c’était vraiment pas ça, les tomates sont restées rachitiques et ont peu donné, le sol est resté compact, les carottes n’ont jamais levé et les radis sont restés minuscules, bref pas de quoi pavoiser… Quoique, certaines tomates apéritives étaient vraiment délicieuses, peu abondantes, certes, mais vraiment délicieuses ! Allez c’est déjà ça ! Bon, je vous l’accorde, il y a eu un soucis dès le départ, j’étais en voyage lorsque ma mère est allé chercher le BRF, du coup elle en a beaucoup trop mis (10cm !), sur un sol lourd comme le notre cela ne pardonne pas, surtout avec un printemps pluvieux comme celui de 2007. Et pourtant, malgré cette erreur, nous n’avons presque pas eu de mildiou même dans l’arrière saison alors que tous les voisins en étaient envahis… Tiens donc, il s’est quand même passé des choses intéressantes…


2008 : pendant l’hiver, sous les conseils d’Éléa, co-auteure du « Livre BRF », nous avons agrandit le potager en couvrant l’herbe de cartons et de foin. Et comme je n’avais pas assez de place pour mettre les tomates sur le potager de 2007, j’en ai planté quatre directement à travers ces cartons. Et là surprise, sans aucune fertilisation complémentaires, ces tomates buissonnantes se sont développées très rapidement et ont donné des récoltes tout à fait correctes. Alors on retient la leçon et on refait la même chose pour agrandir le potager en 2009.

mai 2008 : Les plants de tomates viennent d'être mis en place à travers cartons (non visibles) et paillage de foin. Cette parcelle révèlera d'agréables surprises...

2009 : Trois nouvelles planches de culture sont inaugurées avec BRF (1 à 2 cm directement sur l’herbe) des cartons et du foin (produit dans les zones « en friche » du jardin). Là encore, des résultats intéressants, mais l’hiver humide avait décomposé les cartons et il a fallu tout enlever et sarcler la potentille avant de mettre les tomates, les courgettes et les courges. Là encore, on retient la leçon, il n’est pas forcément pertinent de mettre les cartons trop tôt, février est largement suffisant !


Été 2009 : Le jardin commence à ressembler à un vrai potager, et cela, quasiment sans travail du sol !

Été 2009 : La planche de tomates et courgettes, à gauche, a été implanté sur un sol préparé dès le mois de janvier avec un paillage de BRF, cartons et foin posé directement sur l'herbe

2010 : Cette fois, ça y est, le potager est vraiment productif et nous permet même de faire des conserves de fèves d’abord, puis de tomates, nous sommes sur la bonne voie et les pratiques se sont diversifiées : mise en place couvert de type « biomax » en novembre sur une des planches : l’essai est plus que concluant, en 2011, c’est toutes les planches sans culture d’hiver qui auront droit à ce traitement. Une autre expérience est tout à fait remarquable : ma mère avait entassé en février des branches de laurière sur la pelouse pour que je les broie, je ne l’ai jamais fait… Du coup en avril elle a tout récupéré pour en faire des fagots d’allumage et des bûchettes et là surprise : le sol là dessous était souple et sombre. Pas d’hésitation, on y fait un nouveau potager, léger sarclage et paillage de foin ont suffit à produire les plus beaux plant de tomate et courgettes du jardin, bon là encore on retient la leçon, l’année prochaine, plus de cartons, mais des rameaux feuillés d’arbustes à feuilles persistantes : arbousiers, laurier noble, voire résineux (soyons fous, la nature nous réserve tellement de surprises !).

Avril 2010 : Implanté en novembre 2009 pour préparer les culture de l'été 2010, notre premier couvert est un franc succès tant du fait de son beaux développement que son action sur le sol !
Septembre 2010 : Voici la petite parcelle préparée involontairement avec des branches de laurière entassées entre février et avril... Joli pousse pour une terre ni travaillée ni fertilisée !

Et pour 2011, je me ferai un plaisir de partager avec vous nos expériences, et de découvrir ensemble comment améliorer encore et encore ces systèmes !

A bientôt

Gilles